Bonjour à tous !
Le troisième chapitre est arrivé, et avec lui le début du Angst...
Bonne lecture !
La semaine lui semblait interminable.
Peter avait si hâte de retrouver M. Stark que MJ dut le menacer de lui enfoncer une pipette graduée dans la bouche pour qu'il cesse d'en parler.
— Je sais qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche, mais je préfère jouer la prudence, affirma Peter à un Ned sceptique, après s'être résolu à ne plus prononcer le mot "Stark" en sa présence.
— Je t'entends, Parker, dit-elle de l'autre côté de la table du réfectoire, le gratifiant d'un regard perçant par-dessus son assiette de purée.
— Ahem, au fait, tu vas à la soirée de Brad pour Halloween ? demanda précipitamment Peter à Ned pour changer de sujet, tout en mâchonnant son steak — qui lui évoquait davantage la semelle d'une chaussure qu'un morceau de viande.
— Je sais pas, mec… notre dernière soirée chez Liz s'est pas super bien passée, non ?
Peter haussa les épaules.
— Quelles sont les probabilités pour que des super-vilains décident de tester des armes extra-terrestres deux soirées de suite ?
— Euh… avec toi, je dirais quatre-vingt-dix pour cent ?
Il ne sut que répondre, alors il croqua à pleines dents dans son quignon de pain particulièrement caoutchouteux. Il crut entendre MJ émettre un reniflement amusé, mais peut-être était-ce son oreille gauche qui lui jouait des tours.
OOO
Le reste de la semaine s'écoula sans incident notable.
James venait à l'appartement un soir sur deux, désormais. Il avait toujours des fleurs pour May et des astuces à apprendre à Peter. Il lui avait expliqué comment nouer une cravate correctement, lui avait montré toutes les fonctionnalités de son rasoir électrique et l'avait emmené plusieurs fois au parc pour lui apprendre à jouer au base-ball — grâce à ses réflexes de Spider-Man, l'adolescent l'avait battu à plates coutures et leurs entraînement s'étaient achevés dans les rires et la boue.
Pourtant, Peter ne savait toujours pas ce qu'il devait ressentir face à lui. Il lui était reconnaissant d'être présent pour May et lui, mais il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une pointe de culpabilité en songeant qu'il lui laissait prendre la place normalement échue à Ben. Une place dans laquelle seul M. Stark avait réussi à se frayer un passage...
Et ce samedi-là, il serait de retour à New-York !
Lorsque le jour J arriva, Peter ne put maîtriser l'impatience qui bouillonnait dans ses veines et se mit à trépigner en faisant son sac.
— Tu es si pressé de retourner travailler pour Tony Stark ? s'amusa James en le voyant regarder fébrilement sa montre.
M. Stark lui avait envoyé un message le matin même, annonçant sobrement : « On devrait être à la Tour dans la matinée. Si tu veux déjeuner avec nous, je te promets que mes lasagnes ne sont pas empoisonnées — quoi qu'en dise Pep. » Il était maintenant onze heures moins le quart, et Peter se demandait s'il était raisonnable de se mettre en route, ou s'il devait encore attendre quelques minutes.
May était déjà partie travailler mais James était là. Il sirotait son café en observant Peter faire les cent pas dans le salon.
— M. Stark m'a promis des lasagnes, expliqua l'adolescent, radieux. Il fait les meilleures lasagnes du monde !
James haussa les sourcils.
— Il offre le déjeuner à tous ses stagiaires ?
— Oh, euh, eh bien… oui ?
— Tu ne trouves pas ça un peu étrange ?
— Étrange ? répéta Peter sans comprendre. Pourquoi ce serait étrange ? Il est très gentil, tu sais, même s'il fait semblant du contraire.
— Je n'en doute pas, champion, mais tu as conscience qu'il a des tonnes de stagiaires... Ça doit l'épuiser, s'il déjeune avec chacun d'entre eux — surtout s'ils ont tous un aussi grand appétit que toi. D'ailleurs, je me demande bien comment il fait pour ne pas s'emmêler avec tous vos prénoms.
— Euh…
Peter était pris de court. James ajouta, non sans un clin d'œil :
— Peut-être pourrais-tu passer ton tour, pour ce midi ? Il se débrouillera très bien sans toi ; je suis même sûr qu'il sera soulagé de t'éviter ce déjeuner. Et nous pourrions profiter d'avoir la journée entre nous pour que je puisse prendre ma revanche au base-ball ?
Peter resta immobile, désarçonné.
Bien sûr, James ne connaissait pas toute la vérité. Peter n'était pas véritablement le stagiaire de Tony — mais peut-être avait-il raison ? Peut-être que l'idée d'un déjeuner avec lui l'épuisait, et qu'il espérait qu'il décline son invitation…
Il jeta un regard à son téléphone, comme si son fond d'écran pouvait lui apporter la réponse à cette interrogation.
— Pete ?
Il cligna lentement des yeux, se mordit l'intérieur des joues et finit par dire, incertain :
— J-je ne peux pas lui faire faux bond. Je lui ai dit que je viendrai…
— Dommage pour le base-ball, ça m'aurait fait plaisir de passer du temps avec toi, mais tu fais ce que tu veux, champion. Tu veux que je t'emmène ?
— Oh, non, ne t'embête pas, je prendrai le métro ! mentit Peter — qui pensait plutôt se rendre à la Tour en passant par la voie des airs, dans son costume de Spider-Man.
James afficha une curieuse expression, qui fit danser un frisson contre la nuque de Peter — comme si la température ambiante avait brusquement perdu quelques degrés. Il finit par détourner les yeux, attrapa son sac à dos et claqua la porte d'entrée derrière lui.
OOO
Lorsqu'il arriva à la Tour des Avengers, Peter était à bout de souffle. Il s'engouffra par la fenêtre du dernier étage et retira son masque, aspirant avidement une grande bouffée d'air frais, avant de se laisser tomber sur un canapé. Son coeur battait comme un tambour et un point de côté sciait son flanc. Il avait l'impression d'avoir couru un marathon.
— Bienvenue, Peter, lança la voix de Friday au-dessus de sa tête. M. Stark est informé de ton arrivée, il devrait être ici dans sept minutes exactement.
— Parfait, souffla Peter.
Sept minutes, c'était largement suffisant pour recouvrer son souffle.
Passant la main dans ses boucles trempées de sueur, il inspira et expira jusqu'à ce que son rythme cardiaque redevienne normal.
Lorsque M. Stark arriva, il se sentait de nouveau frais comme un gardon.
— Hey, petit, lança l'homme en s'approchant de lui, un sourire chaleureux illuminant son visage. Je pensais que tu viendrais par la porte d'entrée, pas par la fenêtre.
— Désolé, M. Stark. C'était plus rapide, expliqua Peter en appuyant sur l'araignée qui ornait sa poitrine, se retrouvant aussitôt en t-shirt et jean face à son mentor.
— Okay, on va mettre les choses au point tout de suite : je ne me suis pas amusé à retourner dans le passé et à collecter ces foutus cailloux de l'enfer pour que, une fois revenu d'entre les morts, tu m'appelles « M. Stark ». C'est Tony, ou rien d'autre.
L'adolescent ne put s'empêcher de rire.
M. Stark lui avait terriblement manqué. Sa voix, sa présence, son parfum d'acier mêlé de café noir… Et ses yeux, ses grands yeux sombres qui l'enveloppaient de leur tendresse et de leur intelligence affûtée, semblant lire en lui comme dans un livre ouvert, comme si les tréfonds de son âme étaient écrits en majuscules clignotantes sur son front.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Je vais vous faire un câlin, annonça Peter en se relevant prestement. Si cela ne vous dérange pas.
— Oh, euh, si tu veux, Pe—
Il s'interrompit lorsque l'adolescent l'enlaça et nicha son visage contre son torse.
Après un instant de flottement, ses bras se refermèrent autour de ses épaules, lui rendant maladroitement son étreinte. Son bras droit était en métal, dur et froid à travers la barrière de son t-shirt, mais Peter y puisa un curieux réconfort. Ce bras lui rappelait que malgré les blessures qu'il avait subies, Tony était toujours là. Tony était vivant.
Puis les mots de James lui revinrent brusquement en mémoire et un frisson dégringola le long de son échine.
— Hey, ça va ? Tu as froid ? s'inquiéta M. Stark — Tony — en le relâchant.
— N-non. Je me demandais juste… vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas que je vienne ? Vous devez avoir beaucoup de, euh, d'autres personnes à voir, p-plus importantes que m-moi…
L'incompréhension s'épanouit dans les prunelles de Tony.
— Qu'est-ce que tu marmonnes ? Bien sûr que tu es important !
Ces mots firent bondir son coeur dans sa poitrine et il étouffa un soupir de soulagement.
Tony ajouta, avec un rictus amusé :
— Et depuis quand tu t'inquiètes pour ça ? Si je ne voulais pas que tu viennes, Pete, tu l'aurais su, crois-moi. J'aurais demandé à Friday de jouer de la cornemuse avec le volume au maximum dès que tu aurais mis un pied dans la Tour.
— C'est comme ça que vous traitez vos visiteurs, Mons— euh, Tony ? fit mine de s'offusquer Peter.
— Seulement ceux qui portent des cravates, des mallettes et qui espèrent me faire signer des papiers incompréhensibles. Par chance, tu ne remplis aucun de ses critères.
Peter ne put retenir un rire, qui trouva un écho sur le visage de Tony.
— Allez, viens. Pep et Morgan nous attendent pour le déjeuner. Mais je dois t'avertir d'une chose…
OOO
— Spidey, Spidey, c'est Spidey ! clama Morgan dès que Peter et Tony posèrent un pied dans la cuisine.
Elle se précipita vers eux mais s'arrêta à un bon mètre de Peter, les yeux écarquillés d'un mélange de stupeur et de surexcitation.
— Je t'avais prévenu, dit Tony. Elle est folle de Spider-Man — et par extension, de toi.
— Bonjour, princesse, s'amusa Peter en se baissant pour se mettre à hauteur de la fillette. Comment vas-tu ? Tu as fait un bon voyage ?
Lorsqu'elle réalisa que Peter s'adressait à elle, elle rougit jusqu'aux oreilles et fila se cacher derrière une Pepper amusée, qui le salua d'une brève étreinte au parfum de violettes. Il se dégageait d'elle un sentiment de bonheur tranquille, accordé à celui de Tony. En les voyant côte à côte, Peter réalisa qu'ils matérialisaient à cet instant la famille parfaite, celle dont il avait toujours rêvé… mais c'était une pensée idiote, bien sûr.
May était sa famille parfaite.
May. Et peut-être, James.
James.
— Encore un peu de lasagnes, Peter ? lui proposa Pepper en avisant son assiette vide.
A peine s'étaient-ils installés qu'il avait dévoré sa part en quelques minutes, affamé. Il ouvrit la bouche, prêt à accepter, lorsque la voix de James s'insinua de nouveau dans son esprit, tel un lutin invisible perché sur son épaule — « Ça doit l'épuiser, s'il déjeune avec chacun d'entre eux — surtout s'ils ont tous un aussi grand appétit que toi. »
Toute sensation de faim disparut, comme si son estomac était soudainement réduit à la taille d'une noix.
Il secoua la tête.
— Sûr et certain ? s'étonna Tony.
— Ouais, j'ai pris un bon petit-déjeuner.
— Si tu n'aimes pas ma cuisine, tu peux me le dire, je ne me vexerai pas. Presque pas.
— Si, si, c'est très bon, mais je n'ai vraiment plus faim, insista l'adolescent.
— Si tu le dis…
— Moi j'en reveux !
— Ah, enfin quelqu'un qui reconnaît ma cuisine à sa juste valeur ! Et une part pour ma Morguna, une !
OOO
Après le déjeuner, Peter et Tony passèrent l'après-midi au laboratoire de la Tour, et ce fut comme si les mois de séparation n'avaient jamais existé. Ils travaillèrent brièvement sur son costume, mais s'attelèrent rapidement à la construction d'un petit robot ménager pour May. Ce fut Peter qui émit l'idée, songeant qu'un peu d'aide soulagerait sa tante après ses journées de travail à l'hôpital.
— Avec ça, elle n'aura plus besoin de s'inquiéter pour la poussière sur les étagères ! affirma Tony lorsqu'ils eurent terminé, admirant leur oeuvre avec la fierté d'une poule qui venait de pondre un œuf particulièrement volumineux.
— C'est génial ! Elle va adorer, dit Peter en rangeant précautionneusement le robot dans son sac à dos. Merci, Tony !
— C'est normal, petit. Ta tante mérite un peu d'aide.
— La prochaine fois, il faudra lui fabriquer un robot qui trie le linge ! Depuis que James est là, rassembler les chaussettes est devenue une épreuve olympique.
Tony esquissa un sourire tout en tapotant le bras de Peter.
— C'est noté, Spidey. Toi et moi allons devenir experts en robotique ménagère !
— Je pourrai revenir bientôt ? S-si ça ne vous embête pas, bien sûr, ne put s'empêcher de demander Peter, l'espoir faisant vaciller sa voix.
Les traits de Tony semblèrent s'adoucir et ses prunelles s'ourler d'une tendresse amusée.
— Tu reviens quand tu veux, Pete. On a prévu de passer quelques temps dans le coin, Pep et moi. Pour Mo. Elle a besoin de voir des enfants de son âge, et chez nous, à part un alpaga, il n'y a pas grand-monde...
L'adolescent ne put s'empêcher de sourire.
— Ouais, je comprends. Alors… J-je pourrai revenir demain après-midi ? Je dois patrouiller le matin, mais…
— Viens quand tu veux, Pete, répéta Tony. Avant ou après ta patrouille, toutes les fenêtres de la Tour te seront grandes ouvertes.
— Merci !
OOO
Tony Stark : Merci d'être passé, Spider-Kid.
Tony Stark : J'espère que tu as conscience que Morgan va nous parler de toi pendant les vingt-quatre prochains heures.
Tony Stark : A bientôt.
Tony Stark : Et la prochaine fois, tutoie-moi.
Peter sourit en rangeant son téléphone dans sa poche, puis poussa la porte de son appartement. May n'était pas encore rentrée ; seul le parfum de James flottait dans le couloir, déposant un goût de lavande sur ses lèvres. Peter le trouva dans le salon, enfoncé dans le canapé, une bouteille de bière presque vide à la main.
— James, regarde, regarde ! dit joyeusement l'adolescent en extirpant le robot ménager de son sac à dos. M. Stark et moi — je veux dire Tony et moi — on a fabriqué ça pour May ! C'est un robot qui passe l'aspirateur en hauteur. Pour les toiles d'araignée, les étagères et les murs ! Tu le trouves pas trop cool ?!
Il agita le robot sous le nez de James — mais lorsque l'homme posa les yeux sur l'appareil, son expression demeura impavide. Peter aurait tout aussi bien pu lui montrer une motte de terre.
— … James ?
— Ouais, ouais, laissa-t-il finalement échapper en détachant son regard du robot. Fascinant, vraiment.
Il termina sa bouteille d'une lampée bruyante avant d'ajouter, ses yeux verts rencontrant enfin ceux de Peter :
— Fascinant que le célèbre Tony Stark n'ait rien de mieux à faire que de t'apprendre à fabriquer des aspirateurs.
Peter cessa aussitôt de trépigner, surpris par l'absence flagrante d'enthousiasme de James.
— Que... quoi ?!
— Qu'est-ce qu'il veut, que tu ouvres une boutique d'électroménager ? ajouta James en esquissant quelque chose qui ressemblait à un rictus moqueur. Te transformer en télévendeur du dimanche matin, pour les bonnes vieilles ménagères de cinquante ans ?
— Mais... pas du tout ! Ce… c'est pour May, pas pour un magasin ! répondit Peter, déstabilisé par l'ironie sous-jacente de James. Je pensais que ça lui ferait plaisir !
— Ce qui ferait plaisir à ta tante, ce ne sont pas des machins sans queue ni tête qu'un millionnaire s'amuse à te faire fabriquer pour se distraire. C'est que son neveu soit à la maison et qu'il participe à la vie de cette famille, au lieu d'être tout le temps en vadrouille on-ne-sait-où ou occupé à jouer les singes savants pour Tony Stark.
— M-mais… je... elle...
Il ne savait plus quoi dire, trop stupéfait pour que sa langue coopère avec l'indignation qui battait dans ses veines. Semblant voir le désarroi se refléter sur le visage de Peter, James s'adoucit et posa une main rugueuse sur sa joue.
— Je ne dis ça contre toi. Je sais que tu as de bonnes intentions, mais M. Stark se moque de tout ça. Notre famille lui est bien égale ; tout le monde sait qu'il n'accorde d'importance qu'à lui-même et à son propre plaisir. Je ne voudrais pas qu'il t'attire sur une mauvaise pente.
Peter voulut lui dire que c'était faux ; Tony n'avait jamais cherché à l'influencer, au contraire ! Certes, il avait fait de lui son protégé — en quelque sorte — mais son objectif n'avait jamais été de le détourner de sa famille... Cependant James ne lui laissa pas l'occasion de le défendre ; il passa le pouce sur sa joue, d'un geste affectueux, et lui accorda l'ébauche d'un sourire.
— Tu es un bon garçon, Peter, mais tu ne devrais pas perdre ton temps à bricoler des choses inutiles avec des gens qui n'ont pas besoin de toi. Maintenant, range-moi ce robot et aide-moi à préparer le dîner. On pourrait faire une surprise à May et lui préparer sa pizza préférée ?
Son ton restait aimable, mais n'appelait aucune contradiction.
Animé de sentiments paradoxaux, ne sachant s'il devait protester ou s'incliner, Peter tenta d'argumenter :
— Tony n'est pas comme ça, tu sais… tu ne le connais pas, il est très généreux... il a quand même sauvé le monde !
Mais James trancha fermement :
— Ne parlons plus de Stark. Raconte-moi plutôt tes plans pour demain. Tu as bien une heure ou deux pour qu'on se fasse ce base-ball ? Je me suis entraîné, depuis la dernière fois, tu ne me battras plus aussi facilement !
Et voilà, les choses sérieuses commencent ! J'espère que ça vous aura plu, j'aime beaucoup imaginer des instants entre Peter et Tony (entre deux malheurs) ! Et je me suis bien amusée à imaginer une Morgan qui craque sur Peter comme on craque sur son héros préféré quand on a cinq ans !
N'hésitez pas à commenter ! :)
