Salut à tous !
Nous n'en avons pas encore fini avec les introspections, il nous reste encore une autruche – et quelle autruche ! – à déterrer du sable. Comme vous l'avez sans doute deviné, ce chapitre sera très centré sur Dean.
Une dernière petite chose, dans ce chapitre, vous pourrez lire quelques propos homophobes qu'évidemment je ne cautionne pas (je n'écrirai pas cette fic sinon ;-) ). Cependant, par souci de réalisme, ils sont bel et bien là et j'ose espérer qu'un jour, plus personne n'en tiendra.
Bref, je ne vous fais pas languir plus longtemps et je vous laisse avec le chapitre du jour ! J'espère qu'il vous plaira.
CHAPITRE QUINZE
… ET CE QUI DEVAIT TOUJOURS ÊTRE
Les jours se transformèrent en semaines. Et chaque journée qui passait, Dean se demandait quand Castiel partirait. Quand il voudrait retrouver cette cabane au cœur du Colorado et le laisserait ici, sans qu'il n'ait jamais fait face à ses sentiments qui le terrifiaient. Dean repoussait toujours cette introspection qu'il savait devoir un jour entamer. Il ne pourrait pas nier jusqu'à la fin des temps. Et puis quelqu'un – au hasard Charlie ou Sam qui passaient leur temps à faire des allusions innocentes quand il était dans les parages mais que personne ne relevait – finirait par le confronter.
Alors autant que Dean soit cette personne. Il verrouilla la porte de sa chambre et s'allongea sur le lit. S'il était dérangé, il savait qu'il n'irait jamais au bout. Et il le regretterait. Dean prit une longue inspiration, ferma les yeux et cette fois, il ouvrit les vannes à ses ressentis.
Justement que ressentait-il ? Les yeux toujours clos, Dean laissa sa mémoire se souvenir des bonds de son cœur lorsque Cass apparaissait devant lui, de sa panique à l'idée de l'avoir perdu au Purgatoire ou encore à la trahison puissante qui l'avait envahi quand il s'était cru manipulé. Par lui. Il pensa à ces drôles de pulsion – lui prendre la main, plus récemment cette fascination pour les ailes de l'ange – qui se saisissaient de lui. Il pensa à ce regard qui le déstabilisait tout autant qu'il déclenchait un incendie ravageur dans son bas-ventre. Il songea à ces yeux bleus qui lui avaient permis de tenir face à la torture.
Justement. C'était à Cass qu'il avait pensé lorsque la douleur devenait insurmontable. Pas à Sam comme cela aurait dû être le cas. C'était le visage de l'ange qui était apparu comme un phare dans les ténèbres. Pas celui de son frère. Quand était-ce arrivé, ce brusque changement de moteur ?
Et puis il se remémora les soirées qu'il passait désormais en compagnie de l'ange. Castiel qui le rejoignait tous les soirs dans cette pièce pour parler de tout et de rien. Pour rire à des anecdotes de leurs vies respectives, toutes plus stupides les unes que les autres. Pour parler de cet avenir que Dean n'arrivait pas encore à visualiser.
Quand donc les soirées à refaire le monde avec Sam étaient-elles devenues des soirées à refaire le monde avec Castiel ? Quand donc l'ange s'était-il imposé, avec un naturel déconcertant, dans la vie de Dean ?
Le Chasseur avait décidé d'être honnête avec lui-même. Il se le devait et surtout, il le devait à Cass. Alors il admit sans aucun mal que cela lui rappelait étrangement les prémices de la relation de Sam et Eileen. Quand doucement, son frère s'éloignait pour rejoindre la jeune femme et quand enfin, il se livrait à lui. Quand Dean le laissait partir quand bien même cela lui laissait un goût d'amertume dans la bouche.
Était-ce réellement la même chose qui lui arrivait aujourd'hui ? Derrière ses paupières closes, l'image de Castiel se dessina et Dean ne put réprimer le délicat frémissement dans ses entrailles. Il ne pouvait plus vraiment nier à présent. Il lui arrivait sans aucun doute possible la même chose.
Il était en train de tomber amoureux. Si ce n'était pas déjà fait, et depuis longtemps.
N'avait-il pas contraint Castiel à l'embrasser dans son esprit? Michael les avait certes interrompus mais Dean se souvenait encore de la sensation quasi-rêvée tant elle fut éphémère et à peine perceptible sur ses lèvres. Il se souvenait de son cœur battant la chamade. Et il le sentait repartir de plus belle au simple souvenir.
Mais voilà. C'était bien le problème. Tout ça était advenu dans sa tête. À ce moment-là, Dean se pensait condamné, il s'était condamné. Il n'avait aucune raison de retenir ses désirs, de ne pas s'accorder ce moment. Il n'avait aucune raison de restreindre son affection, ses sentiments pour Castiel. L'ange ne le saurait jamais et personne ne le saurait jamais. Dean serait le seul garant de son secret.
Mais aujourd'hui, alors qu'ils avaient la vie devant eux, tout était différent. D'une part parce que Dean devait faire face à quelque chose qu'il avait toujours cru gravé dans le marbre : son orientation sexuelle. Il s'était toujours vu comme hétéro. Il n'avait jamais ressenti d'attirance que pour des femmes et même si ces dernières années, il avait remisé cet aspect de sa vie au fond des placards, se contentant de quelques coups sans lendemain auprès de partenaires qu'il avait tiré des griffes d'anges ou de démons, jamais aucun homme ne lui avait fait l'effet de Castiel. Et puis Dean avait toujours affiché cette image de dur à cuire – parfois un peu trop saturé de testostérone – et ce masque lui convenait parfaitement. Parce que cela lui permettait de ne pas s'attacher, parce qu'au moins, il avait une raison de fuir les sentiments.
Alors cette attirance pour un autre homme ? Pire, ces sentiments ? Dean se demanda ce que son père aurait pensé de ça, lui qui détestait tant penser à tous « ces trucs de gonzesse » qui rendaient faibles, qui étaient inutiles. « Les sentiments, les émotions, elles ne te serviront à rien devant un monstre, fils, lui avait-il dit. Elles feront que te distraire. Si tu veux Chasser comme il se doit, tu les oublies. Crois-moi, ça vaut mieux ». Alors il avait obéi. Il n'ignorait pas que John, sans être sexiste, avait toujours prôné les vertus d'un homme, "un vrai". Dean avait toujours voulu le rendre fier. C'était sans doute l'origine première de cette image qu'il voulait se donner et qu'il entretenait depuis si longtemps qu'elle lui collait à la peau. Dean se demandait s'il savait encore qui il était. Alors que penserait John s'il apprenait que son fils était tombé amoureux d'un homme et d'un ange qui plus est ?
Et puis que penserait Sam, celui que, plus que quiconque, Dean avait voulu convaincre qu'il était ce grand frère fort, inébranlable, puissant, comme un lion dominant et protecteur, au cœur en béton armé ? Que dirait-il en apprenant que son frère, ce héros que Dean avait voulu être pour lui, était ce que leur père aurait appelé une « putain de tapette » ? Est-ce que Sam voudrait qu'il disparaisse de sa vie ? La simple pensée arracha un frisson d'effroi à Dean. Il ne pouvait pas vivre sans Sam, sans voir son frère. C'était inenvisageable.
Mais il ne pouvait pas non plus inhiber ses sentiments.
Dean se prit la tête entre les mains, son estomac se tordant d'angoisse. Il ne savait pas quoi faire. Avouer, c'était risquer de perdre Sam et se taire, c'était laisser cet amour le consumer. Oh bordel de merde. Ses doigts s'accrochèrent dans ses cheveux tandis que les pensées continuaient de se succéder, indifférentes à ses états d'âme.
Parce que la réaction de Sam n'était pas le seul problème. Cass en était un autre. L'ange allait partir d'un jour à l'autre. Il allait rentrer dans le Colorado et il le laisserait seul, seul avec ses sentiments qui le bouffaient. Oh, Dean aurait mieux fait de faire l'autruche encore et toujours, comme dirait Charlie. Cela lui éviterait des souffrances inutiles.
Comme il l'avait si bien fait remarquer à son amie, Castiel était un ange. Et une telle relation – si tant est que Dean soit prêt à en entamer une et la simple pensée déversa une chaleur intense sur ses joues – était de fait complètement idéaliste, quand bien même l'ange en question expérimentait les sentiments humains. Putain, quelle connerie les peines de cœur.
Ses propres pensées le firent rire. Un rire hystérique et sans joie, à l'image de la détresse dans laquelle il était plongé.
Avoir admis ce qu'il ressentait ne l'avait pas aidé, loin de là. Il avait l'impression que les choses étaient devenues pires.
Dean était morose. Assis dans un coin de la bibliothèque du bunker il regardait la table où Jack, Claire, Cass, Sam, Eileen et Kaia se livraient une partie endiablée de Cluedo. Enfin, c'était surtout Cass qu'il regardait. Cass et son expression concentrée quand il essayait de déterminer si son interlocuteur bluffait, ses petites mimiques quand il déplaçait son pion avec une précision frôlant le ridicule, son regard fixe quand un adversaire énonçait une hypothèse.
L'ange ne quittait plus ses pensées, jamais. Et alors qu'il essayait vainement de se concentrer sur le livre qu'il faisait semblant de lire – histoire de ne pas avoir à se tenir dans la même pièce que l'objet de ses pensées – il se retrouvait à l'observer à la dérobée. Il ignorait si Castiel avait conscience de son regard sur lui, de ses troubles, bien que Dean ait fait en sorte que l'ange ne puisse pas lire ses états d'âme en fouillant dans celle-ci.
Et cela faisait trois jours que ça durait. Trois jours que même ses nuits n'étaient pas tranquilles, habitée par un bleu océan, fascinant, impétueux. Et quand Dean ne se réveillait pas en sueur, le souffle coupé par les images que lui renvoyait son cerveau, ses pensées étaient toutes occupées à l'ange. À croire qu'il était devenue une idée fixe, une obsession. Au grand jamais Dean n'aurait pensé qu'une telle chose puisse lui arriver. Il soupira avant d'avaler une gorgée de bière.
Quelqu'un se laissa tomber dans le fauteuil voisin, ce qui fit sursauter le Chasseur dont le regard n'avait pas quitté un seul instant Castiel.
« Tu comptes lui dire un jour ?
Dean tourna la tête vers Charlie qui venait de poser la question et, malgré lui, il vérifia qu'il n'y avait personne autour d'eux.
– De quoi tu parles ?
Charlie roula des yeux. Dean détourna les siens et il dut se faire violence pour ne pas reprendre ses observations là où il les avait arrêtées.
– Tu veux vraiment jouer cette carte avec moi, Dean ?
L'intéressé rejeta la tête vers l'arrière, celle-ci s'échouant contre le dossier de son fauteuil et il laissa échapper un second soupir en fermant les yeux. Était-ce possible de se sentir aussi las quand ses seules préoccupations étaient les mêmes que celles d'une collégienne ?
– Tu sais, il attend que ça. Que tu viennes lui parler.
Dean jeta un coup d'œil en coin vers son amie, se demandant s'il devait lui dire ou non ce qu'il pensait. Charlie ne se formalisa pas de son silence et continua sur sa lancée.
– Je crois pas qu'il sache lui-même ce qu'il attend de toi.
– Raison de plus, marmonna le Chasseur en se sachant pertinemment de mauvaise foi.
– Dean. C'est quoi le problème ? Qu'il soit un mec ?
Le silence qui lui répondit fut éloquent. Dean n'osa pas vraiment la regarder.
– Est-ce que Monsieur le meilleur Chasseur des Etats-Unis auto proclamé se souvient de la fois où il m'avait expliqué que les anges étaient asexués ?
Dean resta interdit quelques secondes. Il avait oublié ce détail. Seul le Vaisseau de Castiel était masculin. Son essence n'avait pas de genre. Mais cela ne résolvait pas le problème parce que Dean ressentait une attirance physique pour le corps que s'était choisi l'ange. Ce qui signifiait qu'il devait à nouveau gérer ses questionnements existentiels à propos de son orientation sexuelle. Il poussa un nouveau soupir, vaincu.
– Je suis juste paumé, Charlie. Je sais pas où j'en suis. Je suis même pas sûr de savoir ce que je veux.
Charlie se redressa et appuya ses coudes sur ses genoux avant de poser sa tête sur ses poings serrés. Elle darda ensuite un regard pénétrant sur Dean qui eut soudainement l'étrange impression de se retrouver à une séance de psychothérapie. Sans doute là où son père l'aurait envoyé s'il s'était découvert de telles « déviances » à l'époque où John était encore en vie.
– Qu'est-ce que tu ressens pour lui ?
Dean adressa un regard de détresse à son amie mais celle-ci ne semblait pas prête à lâcher le morceau.
– Pitié, Charl's, c'était déjà bien assez compliqué de me l'avouer, me force pas à te le dire…
Il y'eut un instant de silence mais Charlie finit par capituler, sans doute avait-elle compris toute seule ce que Dean taisait. Ça n'était sans doute pas bien compliqué si elle avait surpris tous les regards que le Chasseur avait adressés à l'ange quand il savait qu'il ne le voyait pas. Dean espérait seulement qu'elle ait été la seule à les remarquer.
– Ok. De toutes façons, je ne suis pas celle qui doit l'entendre.
Elle marqua une petite pause, semblant chercher sa prochaine question.
– On va faire un truc, Dean. Tu me réponds juste par oui ou par non. On avisera ensuite.
Dean la jaugea une demi-seconde mais il savait d'ores et déjà qu'elle avait gagné. Il allait capituler. Il ne l'avouerait jamais mais cette confession lui faisait du bien. Il aurait fini par exploser s'il gardait constamment ce secret barricadé au fond de lui-même.
– Pourquoi j'ai l'impression que je vais regretter d'avoir dit oui ?
Charlie esquissa un petit sourire avant d'attaquer son interrogatoire. Dean songea qu'elle aurait été redoutable comme flic.
– Est-ce que t'as déjà ressenti ça ?
Dean secoua la tête avant de baisser les yeux, sentant le rouge lui monter aux joues. Il regrettait déjà de s'être laissé embarqué dans les délires de Charlie. Ça ne finissait jamais bien. Pour lui en tout cas. Charlie posa d'autres questions auxquelles Dean ne fit que répondre par de hochements de tête, sans la regarder.
– Est-ce que tu ressens une attirance physique pour lui ?
Dean acquiesça avec un temps de retard. Il ne servait à rien de lui mentir. Elle le saurait. Elle le connaissait trop bien. Finalement, Charlie se redressa, ramenant ses jambes contre sa poitrine, semblant réfléchir à une façon de dire ce qu'elle pensait.
– Dean, fit-elle du ton très sérieux d'un médecin à son patient. T'es bisexuel. Et t'es raide dingue de Castiel.
Il se tendit aussitôt en entendant son diagnostic et lança un regard affolé en direction de l'ange. Mais celui-ci était toujours aussi absorbé par sa partie de Cluedo. Ses épaules se relâchèrent un peu et il reporta son attention sur Charlie qui attendait calmement qu'il réagisse à ses paroles. Sous son crâne, c'était une véritable tempête qui se déchaînait.
– Tu l'as toujours été, tu sais, même si t'as tout fait pour pas t'en rendre compte. Ça fait un moment que je le sais. Mais tu m'aurais envoyée chier si je te l'avais dit alors je préférai attendre que tu t'en rendes compte par toi-même.
– Non, mais qu'est-ce que tu me chantes, là ?
Charlie lui lança un regard désabusé dans lequel il put lire quelque chose à mi-chemin entre le « Oh, il parle ! » et « Sérieusement, tu me facilites pas la tâche, là. », deux phrases qui auraient très bien pu sortir de la bouche de son amie. Mais elle savait se montrer patiente avec lui et Dean l'admirait parfois. Il avait conscience de ne pas être toujours facile à supporter. En particulier quand il s'emmurait dans ses dénis – et qu'il en avait parfaitement conscience.
– D'après toi, ta fascination pour Dr Sexy, c'est juste une phase qui dure depuis dix ans ?
Il ne répondit pas, préférant de nouveau baisser la tête pour masquer sa gêne. Il sentait son regard sur elle et pouvait presque deviner ce qu'elle pensait mais qu'elle ne dirait pas. Quelque chose du genre « Je sais pourquoi tu agis comme le macho débile que tu n'es pas. Et j'en suis désolée. »
– Ok. T'as sans doute raison.
– Tu peux enlever le « sans doute ».
Dean roula des yeux, mais c'était pour la forme. Il savait qu'elle avait raison. L'admettre, c'était encore autre chose. Il se passa une main lasse sur le visage.
– De quoi as-tu peur, Dean ?
Son regard dériva vers Sam qui lançait les dés sur le plateau de jeu avec énergie. Charlie suivit le mouvement et sa bouche s'arrondit dans un « oh » de compréhension. Finalement, elle sourit, se leva et tapota l'épaule de Dean.
– Tu devrais parler avec Sam. Tu pourrais être agréablement surpris.
Et sans un mot de plus, elle le laissa seul dans la bibliothèque, non sans emporter le fond de bière qui restait dansla bouteille de Dean qui ne la rappela même pas à l'ordre.
Parce que Castiel avait posé les yeux sur lui. Qu'il lui souriait. Et que dans l'estomac de Dean, des centaines de papillons venaient de prendre leur envol.
Dean ne parla à Sam que le lendemain. Il l'attendit avec deux bières près de son Impala adorée, le dos appuyée contre la portière conducteur. Ses yeux étaient tournés vers le ciel. La lune brillait haute et pleine ce soir. Les étoiles régnaient sur cette étendue noire sans nuage. L'endroit était magnifique.
La porte du bunker qui s'ouvrit tira Dean de sa contemplation. Sam approchait tranquillement. Il se saisit de la bière que lui tendit son frère, la décapsula avant de la porter à ses lèvres.
– De quoi tu voulais me parler ? demanda-t-il au bout d'un moment, attirant l'attention de son frère sur lui.
Dean inspira une grande goulée d'air avant de se lancer. Son cœur battait à une vitesse folle dans sa poitrine, la peur lui tiraillait le ventre mais il ne pouvait plus reculer. Plus maintenant.
– Je…
Pourquoi affronter toute une horde de démons en furie lui semblait soudain bien plus attrayant que devoir confesser ses sentiments pour Castiel à son frère ? Allez, du nerf, Dean. Il inspira à nouveau et en regardant les cailloux à ses pieds, il déclara à toute vitesse, de peur de ne plus pouvoir rien dire ensuite.
– C'est à propos de Castiel.
Il jeta un œil par-dessus ses cils à Sam dont le visage s'était fendu d'un grand sourire.
– Ah, ça y'est, tu t'es décidé à admettre qu'il te laissait pas indifférent ?
Dean sentit son souffle se bloquer dans sa poitrine et il darda un regard affolé sur son frère qui ricana, visiblement amusé par la situation.
– Avec Claire, on se demandait quand est-ce que vous alliez vous sortir le balai du cul – ses mots, pas les miens – et on a fait un pari. On a aussi parié sur lequel de vous deux s'élancerait en premier.
Cette fois, Dean écarquilla les yeux, proprement abasourdi. Son cœur dansait déjà la java dans sa poitrine mais là, ça devenait carrément désordonné à tel point qu'il se demandait s'il n'allait pas faire une attaque.
– Vous avez quoi ?!
– Tu m'as très bien entendu.
Dean le foudroya du regard mais le rire de son frère le rassura un peu.
– Espèce de traître, répliqua-t-il en s'enfermant dans un silence bougon.
Mais sa bonne humeur fut de courte durée. Son appréhension avait fait son grand retour, supplantant tout le reste. Ce fut mal assuré qu'il redressa la tête et contempla son frère. Ce dernier l'observait, l'air aussi sérieux que lui soudainement.
– Tu sais que je m'en contrefous au moins ? lui dit-il au bout d'un moment et Dean haussa un sourcil.
Sam soupira mais reprit son explication.
– Dean… t'es mon frère. Tu es une constante dans ma vie. Tu es… un appui et un soutien inébranlables, depuis que je suis petit. Des fois, je me demande même si tu t'en rends compte. Je me demande si tu te rends comptes d'à quel point tu comptes pour moi.
Sam plongea son regard dans le sien.
– Je t'aime, Dean. Peu importe les circonstances ou ce que tu ressens et pour qui. Ça changera jamais. Tu sais, j'ai vu comment tu le regardes. Tu le bouffes des yeux. Je crois que tu n'en as même pas conscience. Et j'ai vu aussi comment il te regarde. Je vous ai vus interagir. Bordel, Dean, le laisse pas partir. Tu vas le regretter toute ta vie.
Le regard de Sam se fit plus dur, plus assuré.
– Arrête de tout sacrifier pour moi, Dean. Vis un peu. Personne ne le peut pour toi. Alors si c'est ce que tu veux, arrête de te poser des questions et fonce.
Dean observa son frère, méditant ses paroles, interdit. Son cœur bondissait dans sa poitrine, se gonflait d'un espoir fou et il sentait ses yeux se remplir de larmes de joie, des larmes stupides qu'il aurait réprimées en temps normal mais il n'y arrivait pas face au plaidoyer poignant que venait de lui livrer Sam.
– Putain, Sammy, tu seras un avocat redoutable…
L'intéressé éclata de rire et bientôt, Dean le rejoignit, sentant un poids monstre quitter son estomac. Il essuya les larmes qui venaient de poindre au coin de ses yeux et posa une main sur l'épaule de son frère. Il lui sourit.
– Merci.
Sam lui rendit son sourire.
– Merci à toi.
Ils s'observèrent un instant.
– Oh et puis merde ! lâcha soudainement Dean avant d'entraîner Sam dans une étreinte puissante qu'il lui rendit sans hésitation.
– Qu'est-ce qui est arrivé aux « no chick flick moments » ? fit Sam d'une voix amusée.
– Oh, ta gueule, hein !
Qu'ils aillent se faire voir. Ça n'avait plus d'importance.
– Jerk, lui balança Sam.
– Bitch, répondit Dean.
Et il n'avait jamais été si heureux de cette étrange manifestation de leur affection mutuelle.
Dean était enfin en paix. Sa discussion avec Sam l'avait définitivement libéré de ses réserves. C'était peut-être, finalement, la seule chose qui l'empêchait de s'abandonner au bonheur. Ça et le fait que malgré tout ce qu'on lui disait, il avait du mal à envisager que Cass puisse ressentir la même chose que lui. Il ne lui avait pas encore parlé. D'ailleurs, depuis que Dean avait admis ce qu'il ressentait pour lui, il s'évertuait à ne pas se trouver dans la même pièce que Castiel. Le Chasseur sentait bien que l'ange ne comprenait pas cette soudaine fuite. Il percevait les questionnements de Castiel au travers de leur lien. Et il s'en voulait de ne pas trouver le courage de lui répondre.
Il n'avait aucune idée de comment faire comprendre à son ange qu'il en était amoureux. Il se demandait même si Castiel comprendrait vraiment. Dean eut un rire amusé. Il avait fallu que de toutes les personnes qui peuplaient la Terre, il jette son dévolu sur quelqu'un d'aussi handicapé de lui quand on parlait sentiments…
– Dean ?
Il sursauta, renversant un peu de son café sur la table.
– Désolé, s'excusa Castiel. Je pensais que tu…
Dean balaya son explication d'un geste de la main.
– J'étais perdu dans mes pensées.
Il reposa la tasse sur la table et reporta son attention sur l'ange. Une nouvelle fois, la vision l'empêcha de se concentrer sur autre chose pendant quelques secondes. Dean se força à reprendre contenance. Cass et lui étaient seuls. Il était encore tôt.
– Qu'est-ce que tu voulais ?
– Je me demandais si tu accepterais d'apprendre à conduire à Jack et Claire. Depuis que tout est terminé, ils n'arrêtent pas de me harceler avec ça…
Dean haussa un sourcil et se mit à sonder la grâce de Castiel. Parce que l'ange savait parfaitement se servir d'un volant et qu'il ne comprenait pas pourquoi il lui demandait de se charger d'enseigner comment faire à Jack et Claire. Castiel évitait son regard, grattant négligemment une tache sur la table et Dean finit par comprendre. Est-ce que Castiel essayait maladroitement de lui dire qu'il voulait passer du temps avec lui ? Malgré lui, il sourit.
– Ouais, bien sûr. Quand tu veux. Aujourd'hui, même, si ça te dit.
Castiel sourit.
– Ils seront ravis.
– Alors road trip au programme !
Dean reprit sa tasse et avala une bonne gorgée de café en essayant tant bien que mal de cacher son véritable état d'esprit. En fait, il était littéralement sur des ressorts. À croire qu'il était redevenu un ado qui allait à son premier rencard !
Ils partirent aux alentours de neuf heures et demi. Dean prit le volant, Castiel s'assit à sa droite et Jack et Claire contenaient mal leur excitation à l'arrière. Dean comptait les emmener sur une route qu'il considérait comme parfaite pour apprendre à conduire. D'autant qu'elle serait déserte. On n'avait pas encore commencé à repeupler les villes même si la Grande Guerre s'était terminée il y'a quelques semaines.
Claire fut la première à prendre le volant. Même si elle leva plus d'une fois les yeux au ciel face aux recommandations de Dean – qui restait tout de même inquiet à l'idée que l'on abîme son Bébé – elle apprit rapidement à maîtriser le véhicule. Elle prit même assez d'assurance pour appuyer un peu trop sur l'accélérateur et dépasser les limitations de vitesse. Mais le rire qui s'échappa de ses lèvres valait tous les risques. Dean cacha son sourire en regardant par la fenêtre. Aujourd'hui, cette vie-là, une famille, en quelques sortes, Castiel à ses côtés, tout semblait possible. Et cela le remplissait d'une joie immense. Il sentit que la grâce de Cass venait se mêler à son âme. Le même bonheur semblait en émaner.
À midi, ils s'arrêtèrent aux abords d'un centre commercial et Dean entreprit de monter un barbecue qui traînait dans les étalages avant de faire cuire de quoi fabriquer des burgers. Ils s'adossèrent tous les quatre au capot de l'Impala pour les déguster.
– C'est une tuerie ! s'exclama Claire. Qu'est-ce que tu leur fais à tes burgers ?
– Secret du chef ! répondit Dean et il croisa le regard de Castiel qui souriait. Il lui rendit son sourire et pendant un instant, ils se perdirent dans les yeux de l'autre.
Castiel n'avait pas revu de si grands sourires sur les lèvres de Jack et Claire depuis la mort de Gabriel. Et cela faisait un bien fou de constater que leur bonne humeur n'avait pas entièrement disparu. Tout ça grâce à Dean. Il observa la silhouette du Chasseur qui se détachait à contre-jour. Il se demandait encore pourquoi il l'avait évité ces derniers temps. Et pourquoi il avait accepté cette virée hors du bunker sans hésitation. Ça ne faisait pas vraiment sens s'il craignait vraiment de se trouver seul avec lui. Mais pourquoi ?
L'ange secoua la tête pour chasser ces pensées. Il devait profiter de ce temps précieux qu'ils avaient. Ses interrogations pouvaient bien attendre. Pour l'heure, il ne voulait qu'apprécier la présence de Dean et le bonheur contagieux de Claire et Jack.
Après le repas, Jack grimpa sur le siège conducteur. Il eut plus de mal au démarrage que sa sœur, sans doute à cause de la pression qu'il se mettait, mais le ton calme et encourageant qu'avait Dean le détendit rapidement et il finit par conduire de manière plus fluide. Castiel admirait le don qu'avait le Chasseur avec les enfants. Jack était certes un adolescent mais l'ange se doutait que Dean savait y faire avec d'autres bien plus jeunes que le Nephilim. Sans doute que son expérience auprès de Sam l'y avait entraîné.
Bientôt, la route défilait sous les roues de Baby au rythme des classiques de rock que Dean chantait à tue-tête. Parfois, quand Castiel mémorisait les paroles, il se joignait au Chasseur, poussé par Claire qui brayait un charabia incompréhensible. Castiel ne s'était jamais senti aussi bien. Autant à sa place. Il se surprit à rêver que cette journée ne se termine jamais.
– Sors à droite, indiqua soudain Dean et alors que Jack obéissait, Castiel l'interrogea du regard. Mais Dean se contenta de se tourner vers lui en souriant.
– Tu verras quand on y sera, Cass.
Et sans un mot de plus, il se retourna pour guider Jack à qui il fournissait des indications par intermittence. Un quart d'heure plus tard, ils suivaient un petit chemin de terre au beau milieu des bois.
– Gare-toi ici, on va continuer à pied.
Jack arrêta le moteur et imita Dean qui était déjà sorti de la voiture. Avec un temps de retard, Claire et Castiel descendirent à leur tour. Finalement, Dean s'engagea sur un autre chemin. Les trois autres suivirent. Ils débouchèrent rapidement sur une immense clairière percée en son centre d'un immense lac à l'eau d'un bleu turquoise étrange, presque surnaturel. L'herbe y était d'un vert profond et le soleil, perçant au travers d'un ciel sans nuage, déversait une lumière brumeuse presque mystique sur la petite clairière.
Dean jeta un œil sur ses camarades qui observaient l'endroit d'un air ébahi.
– C'est magnifique, pas vrai ? dit-il et les trois autres hochèrent la tête.
– Dean, pourquoi tu nous as amenés là ? demanda Claire au bout d'un moment.
Le Chasseur haussa les épaules. Il n'en avait aucune idée. Il avait découvert cet endroit un jour qu'il était parti avec Baby pour s'éloigner un peu du bunker – et surtout de Castiel – et qu'il errait sans but. L'endroit lui avait paru être un véritable petit paradis. Et il avait envie de leur partager.
Jack et Claire, voyant qu'il ne répondrait pas, s'approchèrent doucement de l'eau turquoise. Castiel se tenait toujours sur sa gauche.
– Merci, murmura-t-il finalement.
– Pourquoi ?
– Il y'a longtemps que je ne les ai pas vus aussi heureux.
Castiel désigna Jack et Claire qui s'arrosaient un peu plus loin. L'ange se mordit la lèvre, hésitant, de peur de braquer son ami. Mais il se lança.
– Il y'a longtemps que je ne l'avais pas tant été.
Dean sentit son cœur faire une embardée et il se retint de saisir la main de Castiel qu'il sentait proche, trop proche de la sienne. Il aurait pu le lui dire là, maintenant. Ce qu'il ressentait. Il aurait pu lui déclamer cet amour qui grandissait de jour en jour. Mais son courage semblait l'avoir quitté, malgré les mots de Sam qui tournaient en boucle dans son esprit. Le laisse pas partir. Tu vas le regretter toute ta vie. Foutue lâcheté, songea-t-il. Avant, il n'avait pas si peur de se prendre un râteau. Mais avant, ça n'était pas aussi important. Avant son cœur ne battait pas si fort pour qui que ce soit.
– Moi non plus, admit-il au bout d'un long moment. Pour l'instant, c'était tout ce qu'il s'autorisait.
Et il sentit la grâce de Castiel qui s'enroulait autour de son âme dans cette étreinte intime qu'il aimait plus que tout. Un instant, il eut l'impression que quelque chose l'avait effleuré dans le dos mais ce fut si bref qu'il en conclut avoir rêvé.
Castiel, lui, se mordait la lèvre. Un instant, son aile avait échappé à son contrôle et avait voulu enlacer Dean. Il s'était repris à temps. Il n'était pas certain que le Chasseur accepte d'être ainsi inclus dans son espace personnel.
Ils repartirent deux heures plus tard. Cette fois, Dean reprit le volant en promettant à Jack et Claire qu'ils auraient d'autres leçons.
Ils étaient rentrés alors que la nuit tombait tout juste. Le reste de leur étrange famille les attendaient pour dîner. Ce fut dans des éclats de rire et de grandes conversations qu'ils entamèrent le repas. Après celui-ci et avoir accompli sa corvée vaisselle avec Sam – qui s'était transformée en bataille de mousse jusqu'à ce que Bobby ne les réprimande – Dean était sorti pour observer le ciel. C'était devenu une autre habitude depuis sa discussion avec Sam. Regarder les étoiles lui donnaient l'impression de se ressourcer. Et ici, le ciel était magnifique.
Il entendit la porte grincer dans son dos et Dean se retourna. Castiel était là, dans son éternel trench coat, la main serrée autour d'un objet que Dean ne parvint pas à identifier. Il s'autorisa un instant pour détailler ses traits qu'il connaissait par cœur et sourit à l'ange. Ce dernier l'imita et le rejoignit. Puis il tendit la main et l'ouvrit, révélant l'amulette offerte par Sam.
– Je pensais que tu aurais voulu la récupérer.
Dean fit le va-et-vient entre le visage de l'ange et le pendentif plusieurs fois avant de finalement récupérer son bien, un nœud au ventre. Pourquoi avait-il la soudaine impression que le moment était venu ? Que Cass allait lui annoncer leur départ, son départ ? Et pourquoi après cette journée qu'ils avaient passée ensemble ? L'ange tenait-il tant à ternir ce souvenir ? Ou bien avait-il demandé à Dean cette faveur en sachant pertinemment qu'il les quitterait le lendemain ? Comme pour lui offrir une dernière chance de se confier. Et Dean n'avait pas saisi cette chance. Son estomac se serra plus encore si possible.
– Alors ça y'est… murmura-t-il en essayant de masquer la peine dans sa voix. Tu t'en vas.
C'était trop tard à présent. Trop tard pour se livrer. Il ne pouvait pas faire ça alors que Castiel semblait avoir abandonné tout espoir. S'il en avait réellement eu. Après tout, Charlie et Sam pouvaient se tromper. Dean n'avait pas le droit de faire ça, pas maintenant. Et peut-être était-ce sa fierté, sa lâcheté qui parlaient. Mais il ne s'y autorisait pas.
Castiel, quant à lui, s'efforçait de rester impassible. Les paroles de Dean faisaient mal. Pourquoi lui avoir dit qu'il ressentait le même bonheur face à ce lac si c'était pour le chasser le soir-même ? Pourquoi avoir donné l'impression que cette journée se reproduirait alors qu'il ne le voulait pas ? Castiel serra le poing. Il devait en avoir le cœur net. Même si celui-ci serait brisé une fois qu'il saurait.
– Tu veux que je m'en aille ? demanda-t-il d'une voix qu'il ne put empêcher d'être flageolante.
Dean tourna vivement la tête vers lui et l'étrange coup de poing que Castiel ressentit dans sa grâce le poussa à tourner la sienne vers le Chasseur. Leurs regards s'accrochèrent. Était-ce de l'espoir qu'il lisait dans les prunelles brillantes de Dean ?
– Non. Bien sûr que non. C'est juste que je croyais... Enfin... Ça n'a pas d'importance.
Le poids qui se retira de ses épaules donna l'impression à Castiel qu'il allait s'envoler tant il se sentit léger. Pendant un instant, il avait cru que Dean… Il avait envie de rire, aussi étrange la sensation lui parut-elle. Il ne savait même pas pourquoi parce qu'il n'y avait rien de drôle.
Il se rendit soudain compte que Dean ne l'avait pas quitté des yeux. Le cœur du Chasseur battait à se rompre et il avait les lèvres sèches. Sam avait raison, il ne devait pas le laisser partir. Jamais. Il le regretterait assurément. Il ne se voyait pas vivre sans Cass. C'était comme si soudain, il avait besoin de l'ange comme il avait besoin de respirer.
– Cass, je…
Pourquoi était-ce si dur ? Et la tension entre eux qui était aussi palpable que lors de ce moment volé au fond de son esprit… Et Cass qui l'observait comme cette fois dans la grange et qui semblait attendre désespérément qu'il termine sa phrase.
Castiel ne savait même pas ce qu'il attendait. Il avait l'intuition que cette fois, Dean avait décidé de lui donner les clefs. Que ce qu'il dirait lui permettrait d'enfin comprendre cette affection qu'il avait pour le Chasseur et qui dépassait son entendement, qui dépassait celle qu'il avait pour les autres. Est-ce qu'il venait de se rapprocher de lui ?
– Si tu partais… reprit Dean et ses yeux ne quittaient plus ceux de Castiel dont il distinguait toutes les nuances, même dans le noir de la nuit. Si tu partais, Cass, je crois que je ne le supporterai pas. Parce que je…
Dean se mordit la lèvre, se faisant violence pour ne pas se détourner, pour ne pas fuir avant d'avoir osé dire ce qui le consumait de l'intérieur.
– Parce que tu ? l'encouragea Castiel à voix si basse qu'il l'entendit à peine.
Son souffle était-il court ou était-ce l'imagination de Dean ? Il fit un autre pas en avant. Ils n'étaient séparés que par quelques centimètres et Dean savait que son souffle s'échouerait sur le visage de l'ange quand il parlerait.
– Parce que je t'aime.
Et il n'attendit pas que Castiel lui réponde. Il réduisit la distance qui séparait leurs visages à néant et posa des lèvres impérieuses sur les siennes. Sa main vint trouver sa place sur la joue de Castiel avec un naturel alarmant tandis qu'il se pressait contre l'ange qui recula, trop sonné pour réagir. Quand Dean mit fin au baiser, il était complètement contre le mur.
Castiel l'observait, essayant de faire le tri entre toutes les sensations qui l'avaient assailli quand Dean l'avait embrassé. Dean, lui, l'observait, stoïque, l'air complètement affolé et il sentait son cœur se briser. Castiel n'avait pas répondu. À rien. Il se contentait de l'observer comme s'il était soudain terrifié par lui et cela donnait l'impression au Chasseur qu'un millier de lames chauffées à blanc s'enfonçaient allégrement dans son cœur. Il ne ressentait même pas le tourment de Castiel qui s'était infiltré à travers leur lien, sa grâce qui ne savait plus où donner de la tête. Dean baissa la sienne et s'écarta.
– Pardon. J'ai cru que…
Et il s'apprêtait à s'enfuir vers la porte en maudissant Charlie et Sam qui lui avaient donné de faux espoirs quand la main de Castiel rattrapa son poignet.
– Attends, murmura l'ange.
Dean ne se retourna pas. Il ne voulait pas voir l'excuse, pire le dégoût dans son regard. Mais sans le lâcher, Castiel le contourna pour lui faire face. Il souriait. Et Dean ne put s'empêcher de le trouver magnifique, même si son cœur était en morceaux.
Il crut qu'il s'arrêtait définitivement de battre quand il sentit la main de Castiel se poser sur sa joue comme il l'avait fait un peu plus tôt. Il détourna les yeux et essaya de nouveau de s'enfuir mais l'ange le retint.
– Pitié Cass, me fais pas espérer. On peut rester amis, c'est pas un p…
Il fut interrompu par des lèvres douces qui se posaient sur les siennes. Le cerveau de Dean court-circuita et il oublia ses velléités à la fuite pour poser ses mains sur les hanches de Cass. Instinctivement, l'ange avait posé son autre main sur le visage du Chasseur. Dean approfondit leur baiser tout en se disant que Cass apprenait drôlement vite. Il donna un coup de langue contre les lèvres de l'ange qui ouvrit aussitôt la bouche. Ils ne surent jamais qui alla à l'assaut de qui mais l'instant d'après leurs langues s'étaient engagées dans un ballet dont eux seuls connaissaient les pas de danse. Castiel se pressa plus encore contre Dean qui recula d'instinct. Quand il rompit le baiser pour reprendre son souffle, il était acculé au mur.
– Oh Cass, tu me donnes de ces idées…
L'ange inclina la tête sur le côté, sans comprendre le sous-entendu. Dean rit doucement. Il allait s'amuser à lui apprendre… Il scella leurs lèvres d'un nouveau baiser plus tendre, plus doux et les doigts de Castiel vinrent se glisser dans ses cheveux.
Dean sentit soudain une douce caresse dans son dos. Et il sourit contre la bouche de Cass en reconnaissant ses ailes qui battaient légèrement. Est-ce que l'ange était incapable de les contrôler ? Était-ce de sa faute ? Soudain, elles le poussèrent sans douceur contre Castiel, le décollant du mur. Il se retrouva pressé contre lui.
– Désolé, murmura Cass.
Dean rit et traça un motif invisible sur la joue de l'ange.
– Le sois pas, c'est très bien comme ça.
Castiel plongea son regard dans le sien. Dean sourit. Il n'aurait voulu quitter pour rien au monde l'étreinte de l'ange, le cocon que leur offraient ses ailes. Pressé contre lui, ses mains autour des hanches de Cass, là était sa place. Là elle le serait toujours, il voulait le croire. Il en avait l'intime conviction. Toute son existence avait toujours mené à ce moment.
– Je t'aime, répéta-t-il parce que c'était tout ce à quoi il était capable de penser en cet instant.
Castiel lui sourit, sentant sa grâce faire une embardée alors que Dean lui redisait encore ces mots qui lui manquaient pour comprendre ce qu'il ressentait. L'amour. Pur et vrai, comme leur Père leur avait enseigné. Le seul qu'il n'avait pas encore expérimenté.
Le seul qui lui manquait.
– Je t'aime, » dit-il à son tour.
Ce fut d'un même mouvement qu'ils scellèrent cet échange d'un autre baiser, promesse d'un nouveau départ, d'une nouvelle histoire.
FIN
Mais attendez, ne partez pas tout de suite parce qu'on se retrouve dans une dernière partie bonus avec encore plus de Destiel !
