Je ne peux pas vraiment qualifier le texte qui suit d'épilogue, même s'il en a des allures, pour la simple et bonne raison que cette histoire n'a pas de prologue. C'est donc un petit chapitre bonus parce que Cass, Dean, Sam et tous les autres le méritent. Ensuite parce que j'avais la sensation qu'il manquait quelque chose pour clore ce texte. Et enfin parce que je voulais vous laisser un dernier petit cadeau à vous qui m'avez suivie depuis le début de ce texte, vous qui l'avez pris en cours de publication ou vous qui vous aventurerez sur cette route après le point final. Ce bonus, c'est pour vous dire merci.

J'espère qu'il vous plaira !


Dean fut réveillé par le bruit sourd qu'émettait son téléphone en vibrant. Il grogna et chercha l'objet d'une main lasse. Finalement, quand ses doigts se refermèrent sur l'importun, il appuya sur le bouton ON. La sonnerie se tut et avec un soupir de contentement, Dean se retourna dans le lit. Sa main rencontra la fermeté d'une épaule et il sourit, les yeux toujours clos avant de se serrer contre le corps face à lui. Alors que son torse rencontrait un dos délicieusement brûlant, son nez vint s'échouer dans une nuque à l'odeur musquée. Des cheveux doux chatouillaient délicatement son appendice. Dean enroula un bras autour des hanches qui s'offraient à lui et soupira d'aise une nouvelle fois. Il sentit qu'on se retournait entre ses bras et il sourit de plus belle.

Finalement, il papillonna des paupières et ses yeux tombèrent sur le visage bien éveillé de Castiel qui lui souriait, ses cheveux noirs encore plus en bataille qu'à leur habitude.

« Hey Cass, fit-il d'un ton bas et il sentit la chair de poule qui se répandait sur le corps de son compagnon.

– Bonjour Dean.

C'était un de leurs rituels depuis maintenant près de neuf mois. C'était sans doute stupide et niais mais Dean aimait cet instant au réveil, quand Castiel le saluait, ses yeux rivés sur lui et l'observant comme s'il était la huitième merveille du monde.

L'ex-Chasseur avait parfois encore du mal à croire qu'il n'était pas coincé au beau milieu d'un rêve, ensorcelé par un Djinn qui l'aurait plongé dans un sommeil éternel. Que la Grande Guerre, l'Apocalypse – la première comme la seconde – n'avaient été que des créations de son esprit pour le mener à sa rencontre avec Castiel et tout ce qui en avait suivi. Quand les doutes le prenaient, Cass faisait en sorte de lui prouver qu'il se faisait des idées et Sam lui rappelait qu'il n'avait pas assez d'imagination pour pondre un truc pareil. Alors Dean s'autorisait à croire qu'il avait gagné son bonheur et qu'il y avait droit.

Il approcha ses doigts du visage de Castiel qui l'observait faire, aperçut du coin de l'œil que les ailes de l'anges frémissaient d'excitation. Finalement, sa main entra en contact avec la joue de Cass à l'instant même où leurs essences se mêlaient comme elles en avaient l'habitude. Castiel se lova dans le creux de sa paume comme un chat et Dean ne put retenir le sourire stupide qui fleurit sur ses lèvres.

Finalement, il réduisit la distance qui les séparait de celles de son compagnon. Castiel se laissa emporter dans le baiser, se rapprochant pour se coller mieux à Dean sans même s'en rendre compte. Les doigts de l'ex-Chasseur vinrent fourrager dans les cheveux déjà bien assez désordonnés de son amant qui roula légèrement. Dean se retrouva au-dessus de lui et quand enfin, leurs bouches se séparèrent, il le surplombait, pouvant admirer à loisir la fermeté de ses abdominaux, le bleu infini de ses yeux, ce bleu qui était ce qu'il préférait chez Castiel. Surtout quand il en émanait tant d'affection.

Lentement, Dean laissa glisser sa main le long de la mâchoire de Castiel. Elle vint ensuite visiter sa gorge et l'ange tendit le cou presque instinctivement. Dean le vit se mordre la lèvre et il émit un son entre le grognement et le rire – parce que voir Castiel réagir à ses caresses faisaient toujours partie de ses activités préférées – et il continua son exploration, balayant le torse dessiné à la perfection avec tendresse tandis que la peau se couvrait de chair de poule.

Cass finit par laisser échapper un gémissement et Dean sentit ses entrailles se réchauffer. Il se pencha vers l'oreille de l'ange avec un sourire victorieux et murmura en prenant garde d'effleurer le lobe avec ses lèvres :

– Je crois que j'ai gagné.

Et il ne laissa pas le temps à Castiel de lui répondre, laissant sa bouche dessiner la mâchoire de son compagnon jusqu'à rejoindre les lèvres de l'ange qui s'empressa de l'attirer dans un baiser passionné. Dean ne l'avouerait jamais mais il adorait quand Cass prenait les rênes. Il sentit que les mains de l'ange s'emparaient de ses hanches et qu'il inversait leurs positions dans une attitude autoritaire qui le fit sourire tout contre ses lèvres. Quand il ouvrit de nouveau les yeux, Castiel l'observait. Ce regard l'incendiait encore et il l'incendierait toujours. Dean pinça les lèvres à son tour ce qui arracha un petit sourire à Castiel.

– Tu disais ? lui lança-t-il d'un ton taquin tandis que ses doigts traçaient un chemin sur sa peau, le faisant se cambrer instinctivement comme pour intensifier le contact.

– Tricheur, bougonna-t-il même s'il n'en pensait pas un mot.

Castiel vint cueillir ses lèvres et Dean s'abandonna au baiser, enlaçant son compagnon avec fermeté alors qu'il se laissait retomber contre lui et que ses ailes – qu'il ne maîtrisait toujours pas, surtout dans ces moments-là – venaient les envelopper dans un cocon protecteur. Dean ne se lasserait jamais de la sensation des plumes dans son dos. Elle le transcendait. Castiel disait parfois qu'il allait finir par devenir jaloux de ses ailes parce qu'elles fascinaient parfois plus Dean qu'il ne le faisait lui-même.

Ils exhalèrent quelques secondes plus tard mais Dean n'éloigna pas son visage. La sensation de celui de Castiel tout contre le sien était divine. Pour rien au monde, il ne…

Son of a bitch ! jura-t-il quand son téléphone se mit à vibrer de nouveau.

À regret, il se détacha de Castiel et tendit de nouveau le bras pour se saisir de l'objet qu'il aurait volontiers réduit en cendres pour le déranger deux fois de si bon matin. Ses velléités disparurent aussitôt qu'il vit le numéro qu'affichait l'appareil. Il décrocha.

– Sammy ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je pars à l'hôpital. Ça vient de commencer…

Dans la voix de son frère se disputaient l'excitation et l'anxiété.

– Ok Sammy. On te rejoint au plus vite. Tout va bien se passer, d'accord ? répondit-il d'une voix qu'il voulait apaisante.

Il entendit son frère baragouiner un truc incompréhensible à l'autre bout du fil qu'il espéra signifier son accord et après avoir répété à Sam qu'ils partaient dans deux heures maximum, il raccrocha. Castiel l'observait toujours. Il avait compris. Dean lui sourit mais ses entrailles se serrèrent malgré ce qu'il avait assuré à Sam.

– Je vais réveiller Jack et Claire, annonça l'ange.

Dean acquiesça et regarda son compagnon s'extraire des draps et sortir sans un mot de plus. Après quelques secondes à avoir contemplé l'encadrement de la porte d'où il avait disparu, Dean quitta lui aussi le lit et la chambre avant de descendre quatre à quatre les escaliers pour rejoindre la cuisine. Aussitôt, il s'attela à la préparation du petit déjeuner.

Il achevait d'extraire le dernier pancake de la crêpière quand le reste de la maisonnée apparut dans la cuisine. Jack, comme à son habitude, souriait, visiblement excité comme un gosse le jour de Noël à la nouvelle du jour. Claire bâillait à s'en décrocher la mâchoire et se laissa tomber nonchalamment dans une chaise avant d'enfoncer son visage au creux de sa paume. Castiel, lui, s'arrêta dans l'encadrement de la porte auquel il s'appuya et s'accorda quelques secondes pour observer Dean.

Son compagnon était concentré sur sa tâche et lui tournait le dos, ce qui n'empêchait pas de distinguer les muscles qui roulaient sous le tee-shirt fin qu'il avait enfilé. Ses cheveux étaient encore en désordre bien qu'ils n'atteignent jamais l'état des siens. Ce qui était bien plus discret en revanche, c'était la légère tension dans ses épaules liée à l'appel qu'il venait de recevoir et qui expliquait le réveil matinal en ce samedi du mois de juillet.

Sans un mot, Castiel poussa avec délicatesse sa grâce vers l'âme de Dean et la laissa s'enrouler autour de celle-ci dans une étreinte rassurante. L'ex-Chasseur posa l'assiette de pancakes sur la table avant de le remercier de sa sollicitude sans un mot. L'ange se détacha de l'encadrement de la porte pour le rejoindre. Dean se laissa enlacer, toujours silencieux, avant de déposer un baiser contre la tempe de l'ange qui ne put s'empêcher de sourire. Dean avait cet effet-là sur lui. Il ignorait si cela cesserait un jour.

– Oh, pour l'amour du ciel, vous pouvez pas vous en empêcher ? lâcha Claire en roulant des yeux et répandant par la même occasion un peu de sirop d'érable sur la table.

– Parce que tu te gênes, peut-être, quand tu es avec Kaia ? lui répliqua Dean sur le même ton.

Pendant un instant, ils s'affrontèrent du regard – et ce serait à celui qui céderait en premier – mais Castiel savait parfaitement que cette « rivalité » était feinte. Claire adorait Dean et c'était réciproque. C'était même elle qui l'avait convaincu de proposer à Dean de vivre tous les quatre.

Après l'Apocalypse et après que, selon les mots de la jeune fille, « Dean et lui aient enfin résolu cette tension sexuelle insupportable qui polluait l'air dès qu'ils étaient dans la même pièce », tous les Chasseurs avaient commencé à s'interroger sur leurs plans pour le futur. Le monde était libéré de ses monstres, des anges et des démons. Leur travail n'avait plus vraiment de sens et vivre indéfiniment dans le bunker non plus.

Alors Jody, Donna et Kaia étaient reparties à Sioux Falls où les deux anciennes sheriffs avaient entamé un long travail pour redonner vie à la ville. Dans tous les Etats-Unis, des entreprises similaires avaient vu le jour et en moins de six mois, le pays repartait, lentement mais sûrement.

Kaia et Claire avaient toutes deux décroché une place à une université dans la Dakota du Sud et la seconde logerait chez Jody en septembre prochain la majorité de l'année ce qui l'arrangeait bien car ainsi, elle pourrait voir Kaia tous les jours. La distance qui la séparait de sa petite amie la minait et parfois, elle ne se gênait pas pour le faire savoir à Castiel ou à Dean.

Charlie et Garth avaient décidé de faire le tour des Etats-Unis pour aider à sa reconstruction. Aux dernières nouvelles – qu'ils communiquaient régulièrement dans des appels vidéo qui réunissaient toute leur étrange famille élargie – ils se trouvaient quelque part au beau milieu du Nevada.

Sam et Eileen s'étaient installés en Californie dans une petite maison de banlieue comme Dean l'avait imaginée et son frère suivait de brillantes études de droit à l'université de Stanford. Ce qui faisait la fierté de l'aîné même s'il ne l'avouerait jamais. Quant à la jeune femme, elle s'occupait de jeunes enfants malentendants dans une école spécialisée qu'elle avait tenu à faire rouvrir.

Bobby avait retrouvé sa maison et entrepris de longs travaux pour rouvrir son garage automobile. Dean l'y avait aidé et avait même pendant un temps travaillé à ses côtés avant qu'ils ne déménagent au Texas.

L'ex-Chasseur avait toujours eu une passion qu'il ne cachait pas vraiment pour les cow-boys et se rendre dans l'État-roi des Western qu'il affectionnait tant avait toujours été un rêve de gosse. Alors quand Cass lui avait timidement suggéré que peut-être « – s'il voulait bien – et ce n'était pas grave s'il ne voulait pas – et puis de toutes façons ils avaient le temps – et il ne voulait certainement pas lui forcer la main – » ils pouvaient s'installer ensemble, lui, Jack et Claire, Dean l'avait simplement enlacé comme si sa vie en dépendait avant de lui donner le baiser le plus passionné de sa vie – et ce qui avait suivi après l'avait été aussi sans aucun doute – ; Dean lui avait alors suggéré le Texas. Là-bas, l'ex-Chasseur enchaînait les petits boulots le temps de réaliser un autre de ses rêves de gosse. Ouvrir un ranch. C'était une idée folle qu'il avait quand il avait huit ans – et encore un peu de l'innocence de son enfance – et aujourd'hui, rien ne l'empêchait plus de réaliser ce souhait. Alors Dean retapait dès qu'il en avait le temps un vieux corps de ferme et s'occupait – avec l'aide d'un Jack qui avait développé une véritable fascination pour les chevaux au plus grand bonheur de l'ex-Chasseur – d'équidés qu'il avait récupérés, livrés à eux-mêmes dans la nature.

Castiel, lui, s'était un jour présenté dans une université – sur les paroles rassurantes d'un Dean qui lui assurait que mentir, dans ces cas-là, n'était pas une mauvaise chose et qu'après tout, « c'était comme ça qu'on devenait Président » – à propos d'une offre d'emploi en tant que professeur d'Histoire. C'était encore Dean qui lui avait dit qu'avec ses dix mille ans, il pouvait bien raconter toute l'Histoire du monde à une bande de joyeux morveux qui de toutes façons dormiraient sur les bancs des amphithéâtres. Sans diplôme, Castiel avait failli être recalé mais, jouant le tout pour le tout, il avait déblatéré avec une précision effrayante toute la genèse du christianisme, sous l'œil impressionné de son recruteur. Il avait ensuite inventé une histoire de thèse sur la place de la religion dans les sociétés selon les âges pour justifier ses connaissances et avait été engagé comme enseignant-chercheur en Sciences Humaines et Sociales. Dean lui disait qu'il devait avoir un don pour raconter les anecdotes historiques car il ne voyait pas comment les élèves pourraient être tant attentifs à ses monologues et être tous présents à chaque cours magistral. Il avait aussi glissé que cela avait peut-être un lien avec son postérieur, allusion que l'ange n'avait toujours pas bien intégrée.

Chacun avait trouvé une nouvelle raison d'avancer et la vie était presque redevenue normale. Bien entendu, les gens s'interrogeaient encore sur l'arrêt soudain des attaques et des meurtres, la disparition des anges comme des démons qui, étrangement, avaient obéi aux dernières imprécations de Dean, et les journalistes se donnaient à cœur joie sur les hypothèses. Aliens aux technologies surpuissantes, robots humanoïdes échappés d'un laboratoire secret et un groupe de mystérieux sauveurs les débarrassant de l'un ou de l'autre, tout y était passé, ce qui amusait grandement les Chasseurs.

Ils s'installèrent finalement autour de la table et dégustèrent leur plat de pancakes en silence. Dean appréciait simplement la présence de Castiel sur sa droite qui n'avait pas besoin de manger et qui, même si on l'emmenait dans le plus grand restaurant gastronomique du monde, ne sentirait sur ses papilles que les molécules composant son repas. Alors l'ange se contentait de tenir compagnie à sa famille.

Après le petit déjeuner, ils filèrent sous la douche. Deux heures plus tard, ils étaient tous fin prêts, un sac de voyage sur l'épaule, réunis au bas de l'escalier. Dean fut le premier à sortir de la maison et attendit que Claire, Jack et Cass le suivent pour refermer la porte à clef. Puis il se tourna vers les trois autres avant de jeter un œil sur les environs. Ils étaient déserts. Tant mieux. Il rangea les clefs dans son sac et rejoignit son compagnon d'une enjambée. Il tendit sa main et Castiel la saisit sans un mot tandis que Jack se saisissait de l'autre et que Claire prenait celle de Castiel.

Dean envoya son âme à la rencontre de la grâce de Castiel qui fît de même. La détonation résonna au plus profond de lui-même et il sentit ses entrailles qui s'embrasaient dans une explosion de lumière. Dean serra plus fort la main de Castiel et entendit brièvement ses ailes qui se déployaient. L'instant d'après, ils avaient disparu.

Ils se matérialisèrent au coin d'une rue déserte et Dean prit aussitôt la tête de leur petit groupe. En moins de cinq minutes, ils avaient rejoint l'hôpital de la localité de Stanford où Sam devait déjà les attendre. Après avoir échangé un regard avec Castiel, Dean s'engouffra derrière les portes vitrées qui venaient de s'ouvrir avant de se présenter à l'accueil.

– Nous venons voir Eileen Leahy. Elle a été admise il y'a environ deux heures.

La secrétaire lui indiqua rapidement l'étage et la chambre où se trouvaient son frère et sa compagne et après l'avoir remerciée, ils se dirigèrent tous les quatre vers l'ascenseur. Autour d'eux, le ballet incessant des médecins, infirmiers et malades continuait de se jouer, indifférent à leur présence.

Dean regardait les chiffres défiler sur l'écran digital de l'ascenseur en tapant nerveusement du pied. Il sentit une main se glisser dans la sienne et il tourna la tête vers Castiel qui lui sourit d'un air encourageant.

– Tu devrais te calmer. Ton frère est déjà bien assez stressé, tu ne vas pas l'aider dans cet état.

Dean ne répondit pas mais entrelaça mieux leurs doigts pour faire comprendre à l'ange qu'il avait bien entendu ce qu'il venait de lui dire. Finalement, l'ascenseur s'arrêta dans un ding retentissant et ils sortirent dans le couloir, embaumé par l'odeur caractéristique de désinfectant. Dean repéra la haute stature de Sam quelques secondes plus tard et se recomposant un visage neutre, il le rejoignit en quelques enjambées. Sam releva la tête en le voyant arriver et son visage s'illumina. L'instant d'après, les deux frères s'étreignaient avec force.

– Vous avez fait vite.

– Tu sais bien que j'ai mon avion personnel, répondit Dean avec un signe de tête en direction de Castiel.

– Ils sont en train de l'examiner, lâcha le cadet quand ils se furent éloignés l'un de l'autre.

Dean posa une main sur l'épaule de son frère et la serra en guise de soutien. Il imaginait sans mal l'angoisse de Sam. Ce dernier venait d'ailleurs de saluer Castiel, Claire et Jack et à présent, ils attendaient tous les cinq au milieu du couloir.

– Alors, est-ce que vous allez enfin nous le dire ? Fille ou garçon ?

C'était une tentative comme une autre de détendre l'atmosphère et puis Dean était réellement curieux. Avec un sourire, Sam secoua la tête.

– Non. Tu verras.

C'était la même réponse depuis six mois qu'ils savaient. Et ni Eileen, ni Sam ne cédait. Castiel et Dean n'avaient aucune idée de ce qu'ils offriraient en guise de cadeau de naissance alors ils avaient opté pour toute une ribambelle de peluches.

– Vous allez pas nous faire tout le truc avec les ballons, non plus ?

Cette fois, Sam rit de bon cœur, amusé du ton faussement scandalisé de son frère.

– Non, aucune crainte là-dessus.

Derrière eux, quelqu'un s'éclaircit la gorge. Sam se retourna pour faire face à un médecin en blouse blanche, une plaquette serrée contre sa poitrine, son regard brun vissé sur eux. Il sourit d'un air pincé.

– Monsieur Winchester ? Les examens se sont révélés très positifs. Le travail va bientôt commencer. Souhaitez-vous assister à l'accouchement ?

Sam acquiesça et salua son frère, son compagnon et les deux adolescents avant de suivre le médecin. Dean s'installa sur un des sièges dans le couloir, vite imité de Castiel, Jack et Claire. Il laissa sa tête retomber contre le mur et ferma les yeux un bref instant. À nouveau, la main de Cass vint trouver la sienne et il serra les doigts de l'ange entre les siens. Il ouvrit les yeux et tourna la tête pour observer son compagnon. Ce dernier semblait plongé dans ses pensées, son beau regard bleu fixant le lointain et dans lequel se reflétait la lumière des néons accrochés au plafond. Elle leur conférait une couleur plus claire encore. Ses cheveux noirs éternellement en bataille donnaient une envie folle à Dean de passer ses doigts dedans – un peu comme à chaque fois qu'il le voyait – et il désespérait de pouvoir embrasser sa mâchoire aux traits ciselés. Mais il n'en ferait rien. Il avait parfaitement conscience des regards qui glissaient sur eux de temps à autre – ici comme au Texas – et il savait très bien que se tenir la main était déjà en soi un geste qui les exposait. Mais personne ne risquerait de déclencher un esclandre dans un hôpital alors Dean s'en foutait.

– À quoi tu penses, Cass ? souffla-t-il et l'ange reporta son attention sur lui.

Il ne répondit pas immédiatement et Dean se douta, à la crispation de sa grâce, de la sensibilité du sujet. Il encouragea son compagnon d'une caresse de son âme.

– À Kelly. Je me disais que peut-être… si elle avait eu droit à de tels soins… elle serait encore en vie. Et Jack connaîtrait sa mère.

Son regard dériva sur les silhouettes du Nephilim et de Claire qui encourageait sans doute son frère à user de ses dons pour faire tomber quelques friandises des machines. En temps normal, Dean ou Castiel les aurait réprimandés mais ni l'un ni l'autre n'en avait envie.

– On ne le saura jamais, Cass. Mais Jack t'a eu toi et même si ça ne la remplace pas, tu as été exemplaire comme père. Je suis sûr qu'elle est très heureuse de ce qu'est devenu son fils.

Castiel esquissa un léger sourire.

– Maintenant il t'a toi aussi, fit-il remarquer.

Dean détourna aussitôt les yeux. Il avait encore du mal avec l'idée que Jack ou Claire – dans une moindre mesure mais c'était, après tout, dans le caractère de la jeune fille – le voient comme un autre père. Ils ne le connaissaient que depuis six mois après tout et pourtant, ils semblaient l'avoir adopté avec autant de facilité que Castiel. Et Dean s'était attaché aux deux adolescents. Il avait du mal à l'admettre mais tous les quatre, ils formaient cette famille dont il avait rêvé. L'ex-Chasseur n'était pas tout à fait prêt à reconnaître qu'il avait son bonheur. Il craignait toujours qu'on le lui arrache à la seconde où il se l'avouerait.

– Eh Dean. Ça n'est pas une mauvaise chose.

L'intéressé tourna de nouveau la tête vers son compagnon.

– Je sais.

Et Castiel comprenait, comme toujours. Il comprenait ses craintes et les acceptait avec l'espoir qu'un jour, elles ne seraient qu'un lointain souvenir.

Pendant près de dix heures, ils attendirent dans ce couloir. Un moment, Castiel se volatilisa pour acheter un hamburger à Dean qui se rongeait les sangs, imaginant l'état de stress de Sam qui regardait Eileen souffrir sans pouvoir rien faire. Et puis, enfin, aux alentours de vingt-deux heures ce quatre juillet 2014, alors que le reste du pays célébrait l'Indépendance sous les feux d'artifice, ce fut le sourire rayonnant de Sam qui illumina l'âme de Dean. Son frère s'approchait d'eux et se retenait visiblement de courir. Castiel et lui se levèrent d'un même mouvement tandis que Claire secouait discrètement l'épaule de Jack.

– Alors ? demanda Dean après quelques secondes de silence.

– C'est une fille, fit fièrement Sam. Elle est magnifique et elle s'appelle Gabrielle.

Dean éclata d'un rire franc qui résonna dans tout le couloir, attirant sur eux l'attention de tous ses occupants avant d'attirer son frère dans une longue étreinte. Et s'il versa une petite larme, personne n'en dit rien. Finalement, après les effusions, Sam proposa à son frère, l'ange et aux deux adolescents de venir saluer la nouvelle venue sur Terre. Sur le chemin, Castiel saisit la manche du cadet des Winchester pour lui glisser un « merci » embué de larmes face à l'hommage qu'avaient décidé de rendre le couple. Sam lui avait simplement souri et Dean, indifférent aux regards qui allaient irrémédiablement se poser sur eux, saisit la taille de son ange pour l'enlacer.

Quand ils entrèrent dans la petite chambre de la maternité, Eileen tourna la tête vers eux, le bébé somnolant contre sa poitrine. Dean s'approcha timide de sa nièce – sa nièce, bon sang, il réalisait tout juste ! – et observa son minuscule visage, son petit nez en trompette et ses poings serrés contre la robe d'hôpital de sa mère. Il croisa le regard d'Eileen.

– T'as fait du beau travail, dit-il en signant, sans pouvoir retenir son sourire. Un vrai petit ange.

Une inexplicable émotion le saisit soudain alors que son attention se reportait sur la petite Gabrielle. Dean avait l'impression que son cœur allait exploser d'un trop-plein d'affection pour cette famille qui s'agrandissait aujourd'hui, en ce jour symbolique pour leur pays mais aussi – et surtout – pour eux.

Eux qui avaient réclamé leur Indépendance, leur liberté à corps et à cris et eux qui l'avaient enfin gagnée. Ce soir-là, Dean réalisa que oui, il avait le droit de goûter au bonheur et qu'il comptait bien boire la coupe jusqu'à la lie.


Le lendemain, Dean s'était éclipsé pendant quelques heures tandis que les autres attendaient le reste de leur famille venue rendre visite à la petite Gabrielle – et qui eux, n'avaient pas « d'avion personnel » comme se plaisait à le dire Dean – et il était revenu, quelque peu anxieux. Castiel n'arrivait pas trop à savoir pourquoi et il se posait encore la question tandis que son compagnon s'était isolé avec Sam pour discuter.

Un peu plus loin, Jody, Donna et Bobby se disputaient gentiment pour savoir si Gabrielle ressemblait plus à Sam ou à Eileen tandis que le vieux mécanicien arguait qu'elle était le portrait craché de Mary Winchester.

Là-bas, Claire et Kaia échangeaient des regards énamourés sans pour autant trop s'exposer, elles qui étaient tout aussi contraintes que Dean et lui l'étaient. Charlie expliquait quelque chose à Jack en lui montrant son téléphone tandis que Garth la complétait par intermittence. Sans doute partageaient-ils des détails de leur voyage.

Castiel eut un sourire et pensa à Gabriel à qui Sam et Eileen avaient fait un cadeau magnifique. Il se demanda si la petite fille aurait le même goût prononcé que son frère pour le sucre ou si elle serait aussi douée que lui pour les farces. Il savait aussi que ses questionnements n'avaient aucune importance parce que Gabrielle n'était pas une réincarnation de l'archange mais y songer lui faisait du bien. Régulièrement, il se rendait d'un bruissement d'ailes à Lebanon et parlait à son frère dont il ignorait où les cendres s'étaient dispersées mais c'était comme si l'esprit de Gabriel était toujours ici. Parfois Dean l'accompagnait et quelques fois, Jack et Claire se joignaient aussi à eux. Ils se remémoraient de bons souvenirs et buvaient en l'honneur de l'archange disparu. La douleur était encore là, mais moins vive et Castiel se savait entouré pour y faire face.

Il n'avait plus peur de rien.

En entendant les pas qui se rapprochaient de lui, l'ange s'extirpa de ses pensées et reporta son attention sur Dean qui venait de s'arrêter à quelques centimètres de lui, les mains dans les poches de sa veste en cuir élimé. Il semblait mal à l'aise, incertain et évitait son regard et Castiel pouvait sentir sa nervosité à travers leur lien. Il fronça les sourcils.

– Il y'a un problème, Dean ?

L'ex-Chasseur secoua la tête. Mais pourquoi était-il si agité dans ce cas ? Finalement, Dean osa croiser son regard et l'ange fut surpris de le voir aussi déterminé. Dean avait ce don d'envoyer des signaux totalement contradictoires et cela perturbait toujours autant Castiel.

– Cass… hier soir, je… j'ai réalisé quelque chose.

Dean serra quelque chose qu'il dissimulait dans sa poche. Peut-être ce qui avait causé son absence dans la matinée. Castiel acquiesça pour l'encourager à continuer.

– J'ai réalisé que… si je n'arrivais pas à me laisser aller, c'est parce que j'avais peur. De tout perdre et surtout toi. Hier, j'ai compris que cette peur était irrationnelle et que plus rien ne nous empêchait d'être heureux. Plus d'anges, plus de démons et plus de Dieu. J'ai compris qu'il n'y avait que nous, notre famille un peu étrange, je te l'accorde, et l'avenir devant nous.

Dean marqua une nouvelle pause et déglutit. Castiel n'avait aucune idée de s'il fallait qu'il réagisse, qu'il dise quelque chose, au moins pour apaiser le tsunami qui se déversait dans leur lien. Mais Dean ne lui en laissa pas le temps.

– J'ai réalisé que dans cet avenir, il n'y a qu'une seule chose dont je suis sûr. Le ranch, Claire, Jack et leurs études, tout ça, j'ai aucune idée de si ça tiendra, si ça durera et c'est pas grave. Mais y'a une chose dont je suis certain, une chose que je sais immuable. C'est nous.

Dean se mordit la lèvre et un instant, son regard quitta le sien. Castiel allait rétablir le contact mais Dean lui coupa de nouveau l'herbe sous le pied.

– La seule chose dont je suis sûr, Cass, c'est que cet avenir, je le vois avec toi. À mes côtés.

Castiel sentit sa gorge s'assécher, ses entrailles prendre feu quand il vit le regard que dardait Dean sur lui. Ses yeux verts étincelaient d'une flamme contagieuse qui ravageait sa grâce toute entière. Ses paroles l'alimentaient et le brasier devenait peu à peu incendie. Il n'était pas certain de voir où l'ex-Chasseur voulait en venir mais cela n'empêchait pas ce cœur qu'il n'avait pas de battre plus vite et plus fort. Il ignorait que celui de Dean s'était engagé dans une cavalcade infernale depuis qu'il l'avait approché.

– Alors Cass… je… je sais que c'est tôt, je sais que c'est pas conventionnel pour toi et je sais qu'on a pas le droit [1], mais j'ai espoir qu'un jour les choses changent. Alors… est-ce que tu… est-ce que tu voudrais…

Dean s'interrompit, incapable de le regarder, incapable d'aller au bout de ce discours laborieux. Il se sentait stupide soudain. Et si Cass pensait vraiment qu'il allait trop vite ? S'il ne voulait pas de ça ? Si c'était en effet impossible à cause de son statut d'ange et si…

– Dean…

Il leva les yeux et croisa timidement le regard de son compagnon. Castiel ne semblait pas comprendre ce qui était en train de se passer.

– Est-ce que je voudrais quoi ? l'encouragea-t-il à voix si basse que Dean fut sans doute le seul à l'entendre.

Dean prit une grande inspiration et planta ses yeux verts dans ceux bleus de Castiel. Instantanément et comme à chaque fois, le monde disparut autour d'eux.

– Est-ce que tu voudrais qu'on construise cet avenir ensemble, définitivement ? acheva Dean en ayant conscience que ses paroles n'étaient peut-être pas très conventionnelles mais rien ne l'avait jamais été entre eux. Il tira une petite boîte cubique de sa poche et l'ouvrit sur un sobre anneau en or blanc sans pour autant se mettre à genoux.

Pendant un instant, Castiel resta sans réaction, enregistrant les paroles de Dean qui se contentait d'observer son compagnon toujours muet avec appréhension, tandis que le regard céruléen était vissé sur la bague dans son écrin. L'ange ne comprenait pas. Il ne comprenait pas cette demande étrange. Au bout d'un moment, ses yeux remontèrent vers le visage de Dean qui eut l'impression qu'une éternité venait de s'écouler. L'océan rencontra l'émeraude.

– Mais Dean… on fait déjà ça… murmura-t-il finalement.

Et Dean éclata de rire à la grande surprise de Castiel qui sentit l'âme de l'ex-Chasseur s'emballer tandis qu'il l'attirait dans une étreinte puissante. L'écrin tomba de ses mains dans la totale indifférence des deux amants.

– Mon Dieu, Cass, ce que je t'aime…

Castiel sentit sa grâce faire une embardée à son tour tandis que ses joues se coloraient d'une délicate teinte rosée. Dean s'était déjà jeté à l'assaut de ses lèvres. Le cœur de Dean, une fois n'est pas de coutume, dansait encore la java, tandis que leurs essences se mêlaient de nouveau dans cette explosion des sens qui les caractérisait. Et si les lumières clignotèrent pendant le baiser, ce fut dans l'indifférence générale car tous avaient les yeux rivés sur ce couple qui s'embrassait à perdre haleine, un écrin échoué à leurs pieds. Et si certains marmonnèrent des insultes, que d'autres détournèrent les yeux ou sourirent, tout simplement attendris, ni Dean, ni Castiel n'en eurent cure. Rien n'avait d'importance si ce n'était eux.

Quand Dean dut reprendre son souffle, ce fut en posant son front contre celui de Castiel, ses mains portant le visage de l'ange en coupe, un immense sourire aux lèvres. Cass ne le quittait pas des yeux, son regard rivé dans le sien. Ils n'entendirent même pas les applaudissements timides autour d'eux, sourds, aveugles à leur environnement. Et si cela avait été le cas, Castiel n'aurait sans doute pas compris non plus.

Ce fut Bobby qui les tira de leur transe en approchant, son pas lourd les forçant, à regret, à se tourner vers lui. Il cachait mal son sourire attendri et s'il croyait tromper Dean avec son air bourru, l'ex-Chasseur savait qu'il ne trompait en fait personne.

– Évitez de faire profiter tout le monde comme la dernière fois, leur dit-il d'un ton amusé.

Dean sourit à l'évocation du souvenir. C'était le jour où les habitants du bunker avaient découvert leur relation. Presque une semaine après que Dean se soit déclaré à son ange. Ils n'avaient pas voulu les tenir informés immédiatement, préférant avoir un peu d'intimité avant. Un soir, Dean avait entraîné Castiel pour une soirée à la belle étoile. Ils étaient rentrés le lendemain, tôt dans la matinée, et Dean n'avait pas pu résister à l'envie d'embrasser Castiel, de le découvrir dans le salon du bunker et non à l'abri des regards dans sa chambre. Ils en étaient à tester la solidité du mur de la bibliothèque et Dean goûtait avec délice à la gorge de Cass qui gémissait sous ses caresses quand ils avaient été interrompus par un Bobby plus que matinal. L'ange et l'humain s'étaient séparés, débraillés, les joues rougies par le désir qui ne manquait pas de se manifester dans une autre partie de leur anatomie. Dean avait bredouillé, horriblement gêné mais Bobby, alors que tous les autres s'étaient levés, sans doute alertés par l'exclamation de surprise du vétéran, leur avait certifié qu'il s'en fichait comme de son premier caleçon. Charlie et Sam n'avaient pas tardé pour glisser de nombreux sous-entendus à Dean dès qu'ils en avaient l'occasion et cela avait duré jusqu'à son départ pour le Texas.

– Félicitations, mon garçon, lui lança finalement Bobby avant de le gratifier d'une bourrade affectueuse.

Charlie fut la suivante, venant serrer Dean et Castiel dans ses bras, vite imitée par Garth. Jody et Donna suivirent, toutes deux sourire aux lèvres. Castiel les observait avec une expression de chouette éblouie par le Soleil. Claire et Jack choisirent ce moment pour arriver à leur tour, un grand sourire aux lèvres.

– J'ai cru que tu ne le ferais jamais, lança la jeune fille à un Dean rayonnant.

– Dis, ça veut dire que tu deviens officiellement notre père ? demanda Jack, surexcité.

Dean rit de nouveau, serrant un peu plus fort la taille de Castiel qui commençait à se sentir vexé d'être le seul à n'avoir rien compris. L'ex-Chasseur finit par le lâcher quelques secondes pour ramasser l'écrin qu'ils avaient fait tomber quelques minutes plus tôt. Il embrassa ensuite la tempe de Castiel qui se détendit quelque peu.

– Merci, Cass.

– Pourquoi ?

Son regard bleu l'interrogeait et Dean ne put s'empêcher de sourire. Castiel et son innocence teintée de sérieux… C'était l'une des choses qui le rendaient un peu plus amoureux chaque jour. Il se saisit de la main de son compagnon et passa avec tendresse l'anneau à son doigt.

– Pour ça, murmura-t-il alors que Sam, que Dean avait quitté quelques minutes plus tôt pour lui faire part de ses intentions, les rejoignait. Et soudain, Castiel comprit. Il comprit ce que Dean lui avait demandé – combien cela avait dû lui coûter de lui faire ce discours-là – et il comprit ce qu'il avait – sans le savoir – accepté. Et sa grâce fut victime d'une autre ruade. L'ange se jeta à son tour à l'assaut des lèvres de Dean qui répondit aussitôt à son baiser. Quand ils se séparèrent, Sam attendait toujours sans pouvoir empêcher un tendre rictus de fleurir sur ses lèvres.

– Je suis un peu vexé que tu voles la vedette à ma fille, dit-il à son frère alors que son sourire disait tout le contraire.

– T'inquiète, tout le monde va être complètement mordu de ta morveuse pendant bien assez de temps. Ils vont la couvrir de cadeaux et ça sera une enfant pourrie gâtée et tu regretteras que je ne lui aie pas volé la vedette plus longtemps.

Sam émit un reniflement amusé alors que Dean déblatérait tout ceci avec un sourire qui dénotait totalement de ses propos. Il serait sans doute le premier à faire de Gabrielle une enfant « pourrie gâtée » selon ses dires.

– Félicitations, grand frère. Je suis content pour toi.

– Moi aussi, Sammy.

Dean esquissa un sourire narquois.

– T'auras largement le temps de préparer un discours, parce que tu seras mon témoin.

Cette fois, Sam rit franchement sous l'œil quelque peu perdu de Castiel, dont les hanches étaient toujours prisonnières du bras possessif de Dean.

– Oh, t'en fais pas, Dean. Je manquerai pas une occasion de répéter tout ce que Claire me raconte.

Dean ouvrit des yeux surpris tandis que son frère se détournait, ses épaules secouées par son hilarité silencieuse.

– Quoi ?! Qu'est-ce qu'elle te raconte ?

– Tu verras au mariage. Le devoir m'appelle !

Et Sam s'enfuit dans deux grandes enjambées rejoindre Eileen et sa fille sous le roulement d'yeux désabusé de son frère. Castiel observait toujours son compagnon, de nouveau perdu. Ce dernier reporta un regard tendre sur son visage interrogatif.

– Je t'expliquerai plus tard, murmura-t-il, ses doigts caressant les pommettes de l'ange qui frissonna au contact.

Castiel décida que c'était sans importance pour le moment et préféra attirer Dean dans un nouveau baiser. Il avait tout le temps pour comprendre.

Et ils avaient tout le temps pour s'aimer.


Et voilà pour ce petit bonus tout fluffy qui, j'espère, vous aura voulu.


[1] Le mariage gay aux Etats-Unis a été voté et adopté dans l'ensemble des 50 États le 26 juin 2015. Du coup, au moment de cette histoire, ça n'est pas encore possible. D'autant que dans cet univers alternatif, j'imagine qu'il faudra un peu plus de temps pour faire changer les mentalités puisque, rappelez-vous, le monde s'est arrêté de tourner en 1997.

Petit édit suite à ma relecture et au regard de l'actualité qui l'accompagne… maintenant que la Cour Suprême autorise chaque État à décider de l'avenir de l'avortement et qu'elle discute également d'une remise en cause du mariage homosexuel, eh bien… cette note d'autrice se teinte d'une toute autre couleur… dommage que l'on soit obligé de reculer de trois pas en arrière quand on en fait un en avant… Bref désolée d'avoir cassé l'ambiance mais je trouve ça tellement révoltant que je me sentais forcée d'en parler quelque part.


Cette fois, c'est la fin, la vraie de vraie. J'avoue que ça fait toujours bizarre de terminer une histoire. J'ai commencé à écrire ce texte en février, au moment où j'entamais quelque chose comme la saison 13 et jamais je n'aurais cru que The Great War (qui n'avait pas de titre à l'époque) m'emmènerait si loin, qu'elle prendrait cette ampleur et que je m'amuserai autant à l'écrire. Je crois qu'elle m'a redonné l'envie de reprendre la plume plus régulièrement et m'a fait comprendre que je devrais moins me prendre la tête, que parfois, ce qui marche le mieux, c'est juste ce truc brut qui nous sort de l'esprit et qu'on peut toujours retravailler ensuite.

Je vous remercie de m'avoir suivie dans cette aventure un peu particulière. On se retrouve très probablement bientôt et sur ce fandom parce que j'ai d'autres idées à exploiter et en attendant, portez-vous bien !

Luna Alice Pendragon