CHAPITRE 6 : Débarrasse-toi d'elle

- Je ne comprends pas pourquoi elle a réagi de la sorte, marmonna Zoro en essorant son t-shirt.

Quelques instants plus tôt, Luffy les avait extirpés de l'eau à l'aide de ses bras extensibles, non sans s'être assuré, à la demande générale, qu'ils s'étaient calmés. A l'instant où ils avaient foulé l'herbe du Thousand Sunny, le cuisinier avait filé en direction de la cuisine, afin de préparer l'encas quémandé par le capitaine. Ce dernier était redevenu le joyeux luron, un brin casse-pieds, de d'habitude et s'était empressé de suivre le blond sautillant sur place, puis s'était arrêté brusquement :

- Zoro. Règle ça, et fais que Nami sourit à nouveau, lança-t-il par-dessus son épaule avec un sourire confiant.

Une partie de lui voulu s'indigner, du fait que ce n'était pas de sa faute si cette photo avait été prise au mauvais moment pour être publiée dans un article mensonger, mais il s'abstint. Après tout, il s'agissait d'un ordre, et Nami avait beau être une emmerdeuse finie, il n'appréciait pas pour autant de la savoir malheureuse à cause de lui.

Pendant ce temps, Franky s'était déjà attelé à la tâche de réparer les dégâts. Ussop lui avait adressé un regard désolé avant de le rejoindre pour lui apporter son aide, puis les autres s'étaient également dissipés. Avant cela, Chopper avait tenu à s'assurer qu'il ne souffrait d'aucune lésion interne ni commotion cérébrale, malgré les objections du bretteur, et une fois fais, le petit renne rejoignit Luffy et Sanji à la cuisine.

Il ne restait plus que Robin qui l'observait d'un regard en coin, un petit sourire qui flottait sur ses lèvres, et les bras croisés sous sa poitrine.

- Ce n'est jamais très plaisant de voir une autre femme, embrasser publiquement son conjoint. Encore moins lorsque ça se retrouve étalé dans la presse…

- Mais elle sait comment ça s'est passé ! Et elle m'a même dit qu'elle comprenait ! Alors pourquoi elle pète un câble maintenant ?!

- Parfois « comprendre » ne signifie pas « accepter », fit-elle un peu énigmatique.

Zoro releva la tête et la fixa sombrement.

- Alors elle m'aurait menti ?

Le sourire de Robin s'accentua, comme s'il elle s'amusait de son ignorance, et cela l'énerva.

- Nami et moi, discutons de beaucoup de choses…

- Donc elle savait depuis tout ce temps ! La sorcière aurait pu lui dire clairement au lieu de le faire passer pour un idiot !

- Mais elle reste très secrète concernant sa vie sentimentale. Nami ne se confie que très peu sur ce qu'elle ressent à ton sujet et sur votre histoire. Il m'est donc difficile de dire si oui ou non, elle t'a menti. Je ne fais qu'émettre des suppositions.

Vraiment ? Elle ne lui racontait rien sur eux ? Il avait un peu de mal à croire à cela, quoique questions sentiments, il était vrai que Nami était du genre réservé. Mais comme ces deux-là était très proches, Zoro avait présumé qu'elles se disaient tout.

- Elle voulait surement penser ce qu'elle disait, mais il arrive que ce que l'on souhaite et ce que l'on ressente réellement, soient deux choses totalement différentes.

Alors là, il était largué, et Robin lui offrit un petit sourire compatissant.

- Encore une fois, ce n'est qu'une hypothèse.

Comment était-il censé se faire pardonner d'un truc qui n'était même pas de sa faute ?! Pour quel motif devait-il s'excuser ?! Et que pouvait-il dire de plus que ce qu'il n'avait déjà dit ?! Et si Robin avait tort, si au final, il s'agissait de tout autre chose ? Ahhh ! tout ça lui prenait la tête !

Zoro fit claquer son t-shirt tremper sur son épaule, et se dirigea d'un pas décidé vers leur chambre. Il allait savoir le fin mot de toute cette histoire, d'une façon ou d'une autre !

La porte se profilait devant, ultime rempart physique entre Nami et lui, et en avançant avec détermination, à aucun moment, Zoro ne doutât qu'une simple planche de bois allait lui résister. Et pourtant. Une fois devant, la poignée refusa de tourner sous sa poigne d'acier et il eut beau secouer et s'acharner dessus, rien n'y fit. Maudit soient Franky et son talent pour la menuiserie !

Passablement agacé par ce déchainement d'évènements malencontreux, le bretteur leva le poing et l'abattit sur le centre de la porte, la faisant trembler dans ses gonds.

- Nami ! Ouvre cette putain de porte ! rugit-il.

Bon, il devait bien l'avouer, ce n'était pas la meilleure approche pour faire ses excuses, mais pour sa défense, depuis qu'il s'était couché la veille, le sort semblait s'acharner contre lui. Et ça continuait !

- Nami ! C'est peut-être insonorisé mais je sais que tu m'entends ! Alors ouvre !

Une seconde, puis deux, et le silence se prolongea dans la chambre. Sa colère monta d'un cran et il cogna de plus belle contre la pauvre porte qui ne faisait que ce pour quoi elle avait été conçue.

- Oi ! oi ! oi ! Arrête de martyriser mon navire ! S'écria Franky depuis le pont en-dessous. Vous m'avez fracassé une porte, c'est déjà bien suffisant !

- Tss ! Zoro laissa retomber son bras à ses côtés et fusilla la planche de bois devant lui.

- Et un petit conseil, si tu veux t'excuser auprès d'une femme, évite d'agir comme si tu voulais la tuer. Je sais que c'est comme ça que vous fonctionnez les tourtereaux, mais là c'est peut-être pas la bonne solution, ajouta-t-il entre deux coups de marteau.

La veine sur sa tempe menaça d'exploser alors qu'il serrait les poings étroitement à s'en faire blanchir les jointures. Comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu'il passe un peu plus pour un imbécile aux yeux de ses nakamas. Comment ne pas être en colère envers sa compagne après tout ça ?! parce que c'est à cause de toi qu'elle s'est enfermée, susurra la petite voix de la raison dans sa tête. Contre sa volonté, Zoro se força à prendre une grande inspiration pour calmer ses nerfs pour tenter une approche plus diplomate, bien que dans ce domaine, il soit complètement perdu.

- Ecoute, ce que tu as lu dans ce journal, c'est que des conneries !

Il soupira et laissa le poids de la culpabilité retomber lourdement sur ses épaules. Les faits étaient les faits, et quoiqu'il puisse hurler ou argumenter, les lèvres d'Hiyori avaient effectivement touché les siennes.

- Je n'ai jamais voulu embrasser la sœur de Momo, mais c'est arrivé, et même si j'aimerais revenir en arrière pour me coller une trempe afin d'empêcher ça, ce n'est pas possible. Je t'ai blessé, j'en ai conscience, mais je veux que tu saches que je ne t'ai jamais menti. Hiyori n'a jamais représenté plus qu'une amie.

Pendant quelques instants, il ne perçut pas de mouvement de l'autre côté, et Zoro se posa la question de savoir si Nami l'entendait effectivement. Manquait plus qu'il parle dans le vide depuis tout à l'heure !

- Vraiment ? fit une petite voix un soupçon dubitative derrière la porte. Après tout, vous avez passé pas mal de temps ensemble en mon absence… elle a partagé ton lit, et elle t'a donné ce sabre qu'elle a hérité de son père, bon sang ! Comment tu veux que crois que tu ne ressentes rien pour elle ?!

Présenté comme cela, c'est vrai que ça pouvait porter à confusion. Mais bordel, il connaissait la vérité ! Et elle aussi ! Pourquoi est-ce qu'elle doutait de lui soudainement ?!

- Elle n'était pas la seule, il y avait une gamine aussi, j'te signale ! Et elle pour rappel, elle m'a donné Enma en l'échange de Shusuii ! ça n'avait rien d'une faveur particulière ! s'énerva Zoro avant de se rappeler qu'il devait se modérer afin de faire amande honorable. Comment est-ce que je pourrais te convaincre de ma sincérité ? demanda-t-il plus calmement mais surtout désireux que tout rentre rapidement dans l'ordre.

S'embrouiller avec Nami était une chose, mais qu'elle le soupçonne de trahison et qu'il perdre sa confiance, s'en était une autre. Malgré son tempérament un peu soupe-au-lait, et le fait que ce soit une chieuse de première, Zoro tenait profondément à elle. La blesser à cause d'une broutille pareille, de façon totalement involontaire, lui pesait bien plus qu'il ne voulait le montrer. Il serait prêt à n'importe quoi pour qu'elle lui pardonne et que cette histoire reste derrière eux bien sagement. S'il devait lui servir de larbin pendant un mois, il était prêt à le faire ! Merde ! Il était même prêt à se montrer « gentil » (dans une moindre mesure, hein) avec l'autre Sourcil-en-vrille ! Qu'elle lui augmente sa dette jusqu'à la fin de ses jours, si cela pouvait l'apaiser, c'était un prix qu'il était volontiers prêt à payer. Oui, Zoro était prêt à tout, même à mettre son orgueil de côté pour elle ! Si ce n'était pas de l'amour, il ne savait pas ce que c'était. Il patienta, bien résolu à accomplir ce que Nami jugerait bon comme châtiment.

- D'accord. Alors, débarrasse-toi d'elle, demanda fermement la rouquine.

Zoro cligna de l'œil plusieurs fois tandis que son cerveau analysait l'information sans la comprendre. Se débarrasser de qui ? Puis son expression se raffermit.

- Tu veux que j'élimine Hiyori ? Interpréta le bretteur avec incrédulité.

Depuis quand Nami était-elle jalouse à ce point-là ? ça ne lui ressemblait pas de vouloir la mort de quelqu'un, à moins que la personne lui ait vraiment fait du mal (petite pensée pour Arlong), mais ce n'était vraiment pas son genre. Alors, il était un peu largué, et il espéra sincèrement que ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire.

- Non. Je veux que tu te débarrasses de la lame qu'elle t'a donné.

L'ultimatum venait de tomber, et l'assomma avec autant de force que le coup de poing qu'elle lui avait donné quelques minutes plus tôt. L'ex chasseur de pirates fixa la porte en bois d'Adam avec incrédulité, doutant d'avoir bien entendu. Était-ce un effet de l'insonorisation qui avait déformé ses propos ? Nami ne lui demanderait jamais une chose pareille, si ?

- Je te demande pardon ? insista-t-il déconcerté.

- Si Hiyori ne signifie rien pour toi comme tu le prétends, alors tu accepteras de ne plus porter Enma à ta ceinture.

Son visage se rembrunit progressivement au fur et à mesure que l'implication de sa requête imprégnait son esprit. Sa main vint s'enrouler d'elle-même autour de la garde de sa nouvelle lame, comme un geste protecteur. De tout ce qu'elle aurait pu exiger de lui, Nami avait choisi, cela. Ses doigts se contractèrent et étreignirent la soie d'Enma.

- C'est vraiment la seule chose que tu désires ? Il n'y a rien d'autre que je pourrais faire ? l'interrogea-t-il sombrement.

- C'est la seule chose qui me rappel qu'elle s'est pressée contre toi toute une nuit, de vos moments passés ensemble, et de ce baiser que vous avez échangé sur cette fichue plage. Alors oui, c'est vraiment la seule chose que je te demande de faire pour me prouver que tu tiens à moi.

Une bourrasque de vent lui fouetta le visage comme une gifle, et lui qui n'était pas de nature sensible d'habitude, frissonna.

- Alors ? s'impatienta Nami.

En soit, ce n'était pas la fin du monde, après tout, il y existait des lames toutes aussi exceptionnelles qu'Enma. A la prochaine halte, il pourrait troquer son sabre contre un autre (bien que les épées de ce genre ne courent pas les rues) mais ce n'était pas irréalisable. De cette manière il prouverait sa fidélité à Nami et tout rentrerait dans l'ordre.

- Malgré nos divergences, j'ai toujours cru que tu me comprenais… que tu savais l'importance de mon rêve. Mais apparemment je me suis trompé.

- T'es sérieux ?! t'as vraiment l'intention de choisir cette lame au lieu de moi ?! Je ne compte vraiment que si peu à tes yeux ?!

Désolé Luffy, j'ai essayé, pensa-t-il. Les trémolos dans sa voix indiquèrent que la jeune femme était en proie aux larmes, et l'expression du bretteur se ternie un peu plus.

- Si tu penses ça, c'est que tu ne me connais pas. Et peut-être que nous deux, c'était une erreur.

- Quoi ?! espèce de salaud ! effectivement ! c'était bien une erreur de croire que tu serais capable d'aimer autre chose que tes stupides épées !

A présent, il pouvait entendre parfaitement les sanglots qui déchiraient la voix de sa partenaire et cela lui brisa le cœur, tout autant que la signification de ses mots.

Contrairement à ce qu'il avait pu penser, Zoro n'était, en fin de compte, pas prêt à tout. Le pire, c'était que dans sa tête, il n'avait pas hésité une seconde, et si la question lui était posée à nouveau, sa réponse resterait inchangée.

- Va-t'en ! Dégage de là ! hurla-t-elle pleine de rage et de tristesse.

Une vive douleur lui lacéra la poitrine. Il eut l'impression que la blessure que lui avait infligé Mihawk venait de se rouvrir et qu'elle s'étirait jusqu'à son cœur pour le déchirer en deux, dans une lente agonie. Cependant, son visage ne trahit aucune souffrance, seul un air sinistre peignait ses traits, tel un masque funeste. Zoro fit un pas en arrière, puis un autre et lança un dernier regard à la porte, ou plutôt à celle qui se trouvait derrière, le visage ravagé par les larmes et la douleur. Son haki récemment amélioré lui permit de ne pas louper une miette de ce que sa phrase venait d'engendrer et de contempler l'effondrement de celle qu'il aimait. Nami se laissa tomber au sol, les jambes repliées de chaque côté de son corps agité de soubresauts tandis qu'elle portait une main devant sa bouche pour étouffer ses pleurs.

En cet instant, il se dégouta de la faire souffrir ainsi, mais il resterait inflexible sur sa décision. Nami pouvait le haïr, l'insulter, le maudire sur dix générations, rien ne changerait le fait qu'il n'abandonnerait une de ses lames.

La mort dans l'âme et le pas lourd du poids de la désolation, Zoro descendit les marches, inconscient que la plupart de ses nakamas avaient suivi l'échange de loin. Il ignora les regards graves et les expressions atterrées. Ses pieds le guidèrent comme un automatisme vers une seule et même direction : la proue du navire.

Une silhouette familière se tenait assise, à sa place habituelle, sur la tête solaire du Sunny. Son chapeau était fermement ancré sur sa tête et il lui tournait le dos, mais il savait qu'il venait pour lui. Zoro s'arrêta aux pieds de la figure de proue et baissa les yeux, honteux d'avoir échoué. Il ignorait le sort que lui réservait son capitaine pour avoir failli à sa mission, mais il ne s'excuserait pas. Il en allait de sa condition d'épéiste. Dans son dos, il sentait les regards inquiets de ses amis, tout aussi soucieux de ce que Luffy allait décider. Si on lui avait dit, en se levant de son lit ce matin, que la situation tournerait de façon aussi dramatique, Zoro serait resté couché. Ou bien il aurait tranché le cou de ce maudit piaf porteur de journaux, sans même qu'il n'ait à poser une plume sur le Thousand Sunny.

- Fais ce que tu as à faire, capitaine, déclara sombrement Zoro d'une voix de condamné.

En acceptant d'entretenir une relation intime avec Nami, puis de l'assumé au grand jour, le bretteur avait eu conscience qu'un jour, un scénario de ce genre pouvait se produire, mais il avait choisi de suivre son instinct et de se laisser porter par la chance. Luffy et les autres avaient accepté leur relation en connaissance de cause. Arriverait ce qui devrait arriver, mais maintenant, quelque part au fond de lui, il regrettait cela. Il ne souhaitait pas mettre en péril, l'équilibre instauré au sein de l'équipage, toutefois, cela semblait inévitable. Si son capitaine estimait que sa présence engendrait une trop grosse perturbation pour le bien de l'équipage, alors le bretteur n'aurait d'autre choix que d'accepter de quitter le navire pour mener sa vie de son côté.

Zoro attendit. Il attendit de longues minutes que Luffy tranche sur son sort sans que celui-ci ne bouge d'un poil. Par chance, l'épéiste avait de la patience revendre. Il détacha ses katanas de sa ceinture et les posa en travers de ses genoux une fois assis en tailleur. Les minutes s'écoulèrent de façon monotone, lui offrant tout le loisir de méditer sur les conséquences de son échange avec Nami.

Les minutes se transformèrent en heures, et les heures s'allongèrent pour le mener vers le milieu de journée, ce qui amena le Coq à chanter sa litanie habituelle.

- Robin-d'amour ! Nami-Chérie ! J'ai préparé de délicieux petits plats pour vous !

Puis sa voix perdit son intonation mielleuse au profit d'une fermeté plus dédaigneuse :

- Le dîner est prêt bande de crétin !

Le capitaine tendit ses bras en l'air pour étirer ses muscles engourdis et se redressa, sous l'œil scrutateur de Zoro. Une main sur son célèbre chapeau qui lui avait valu son surnom, Luffy fléchit les jambes avant de sauter en l'air pour atterrir à sa droite. Le bretteur, qui n'avait pas bouger, l'observa du coin de l'œil, faire un pas en avant pour finalement s'arrêter.

- Tu ne comptes pas venir manger ?

Ce n'était pas franchement la question à laquelle il s'attendait, mais en même temps, de la part de Luffy, ça n'avait rien d'étonnant. Par cette requête, ce dernier voulait lui faire comprendre que ce n'était pas encore l'heure de son jugement, et pendant une seconde, le vice-capitaine hésita. Finalement, voyant que le bougre l'attendait toujours, Zoro fit claquer sa langue contre son palet et se releva à son tour.

Ils entrèrent dans la cuisine, où presque tout le monde était déjà installé. La première chose que nota le bretteur, ce fut l'absence de Nami, mais étonnamment, Sanji avait commencé à les servir. Luffy s'empressa de prendre place pour se jeter immédiatement sur la nourriture comme un affamé. Zoro s'assit à sa place tandis que les autres se baffraient comme si de rien n'était. L'ambiance n'était pas aussi joyeuse que d'habitude mais tous faisaient l'effort de se comporter normalement, et même si cela le gêna un peu, l'épéiste y trouva un certain soulagement. Enfin, quand il disait « tous », c'était sans compter sur l'autre pénible de cuistot. Ce dernier vint se poster derrière lui, avec une assiette pleine dans les mains :

- J'peux savoir ce que tu fous dans ma cuisine ?

Le tintement des couverts se stoppa, tout comme le bruit de mastication, hormis du côté de Luffy, qui continuait de remplir sa bouche de toute la nourriture qui passait sous son nez.

- T'as beuglé pour qu'on vienne manger, non ? répliqua Zoro en montrant les dents.

La tension dans la pièce s'accentua alors que les deux compères se fusillaient du regard.

- Pourquoi je devrais te servir après ce que tu as dit à Nami-Chérie ? Après tout, c'est de ta faute si elle ne veut pas se joindre à nous.

- Et si tu te contentais juste de faire ton boulot, cuistot de merde, siffla le bretteur passablement énervé. J'en ai marre que tu t'incrustes dans notre couple pour un oui ou pour un non ! Alors je vais te le dire une dernière fois, MELE-TOI DE CE QUI T'REGARDE !

- J'aurais pas le faire si tu ne te conduisais pas comme un gros con ! Nami mérite cent fois mieux que toi et ce qui viens de se passer aujourd'hui ne fait que le confirmer !

S'en était trop. Zoro poussa sa chaise en arrière, la faisant crisser sur le parquet, et se leva brusquement pour faire face à son rival.

- Quoi ? tu penses que tu ferais mieux que moi ? Toi qui coures après tout ce qui porte une jupe ?! Me fais pas rire !

- Absolument ! Pour Nami-Chérie, je serais prêt à tous les sacrifices, moi.

Le message, pas du tout subtil, fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Autour de la table, des hoquets de surprise lui provenant d'Ussop, Chopper et Robin, troublèrent l'atmosphère électrique. D'un mouvement vif, Zoro attrapa le cuisinier par le col et leva son autre main, refermée en un poing prêt à frapper. Etrangement, Sanji ne se mit pas en position de défense, peut-être était-ce à cause de l'assiette qu'il tenait encore dans les mains. Dans son œil, non masqué par sa fichue mèche blonde, le bretteur vit la même colère qui l'animait, mais également une résilience à recevoir son coup. La main qui le tenait par le devant de sa chemise, se resserra, l'étranglant presque et Sanji serra les dents sans pour autant le lâcher du regard avec cette lueur de défi.

Ce crétin arrogant pensait qu'il était mieux que lieu ! Qu'il aille se faire voir !

Aussi brusquement qu'il l'avait attrapé, Zoro relâcha le cuisinier et profita de son déséquilibre pour le délester de son assiette, avant de partir à grande enjambée vers la sortie.

- Tss ! Pauvre con, cracha la jambe noire dans son dos en réajustant sa cravate et son col de chemise.

Le bretteur claqua la porte derrière lui et partit se réfugier, dans son antre, tout en haut, dans la vigie.

A suivre...


Est-ce vraiment la fin pour Zoro et Nami ? Comme d'hab, je suis curieuse de savoir ce que vous en avez pensé :)

Donc je vous dis à la semaine prochaine !