A.S ; Merci aux personnes qui sont passées sur la fiction pour laisser quelques reviews, c'est absolument adorable ! Les premiers chapitres que vous lisez actuellement ont été écrits il y a bien longtemps -2019- contrairement aux derniers, alors ils me paraissent parfois un peu "simplets" malgré mes relectures et mes corrections. Toutefois si ça ne vous titille pas trop, c'est parfait !

Le loup et les étoiles

Le réveil fut plus que désagréable. Après un frémissement et cette impression dérangeante que mon estomac se tordait, se fut la lumière du jour qui me frappa de plein fouet. J'avais oublié de fermer les volets la veille en me couchant et si les étoiles et la lune n'étaient pas parvenues à perturber mon sommeil, le soleil pour sa part me faisait payer cher cet oubli. Un froncement de sourcils et des paupières qui s'agitent, puis mes yeux s'ouvrirent et je me redressais lentement. Il me fallut un instant pour me souvenir des événements de la veille et lorsqu'ils me revinrent en mémoire, je ne pu m'empêcher de grimacer. J'étais bien loin d'être dans le paradis que j'avais idéalisé avant d'aller me coucher. Autour de moi, tout était silencieux, mais dehors, je parvenais à entendre le piaillement de quelques oiseaux et le bruissement de l'eau. La rivière coulait probablement juste sous ma fenêtre. La bouche pâteuse et une brève nausée plus tard, je décidais qu'il était temps pour moi de me lever. Lentement, je quittais le confort du lit pour partir à la découverte de la salle de bain.

Elle était petite, mais à mon grand étonnement, elle contenait absolument tout ce dont je pouvais avoir besoin. Une baignoire plutôt grande dans laquelle je pourrais très probablement me détendre lors d'un long bain, a l'avenir, un petit rangement qui contenait toutes sortes de produits de beautés, allant du shampoing au gel douche, en passant par des laits pour le corps et des baumes pour les mains. Sur le lavabo, d'un blanc immaculé, une brosse a dent et son fidèle dentifrice. Juste à côté, une bougie qui sentait bon la vanille. Sur les toilettes dont l'abattant était baissé, une pile de serviettes blanches. Et juste à côté, une cabine de douche, blanche elle aussi, qui aurait probablement pu contenir une dizaine de personnes tant elle semblait grande tout compte fait.

J'inspirais lentement. Ça faisait beaucoup trop d'un coup. A mes yeux, c'était bien trop pour moi et je ne méritais pas tant. J'avais déçu ma mère au plus profond quelques jours plus tôt et ne méritait pas le moins du monde toutes ces choses que m'offrait ma grand-mère. Il était hors de question que je vive la vie de château alors qu'au départ, ici, j'étais censée être punie. Prise de vertiges, je m'adossais au mur en respirant un peu plus fort que nécessaire. Il me fallut bien quelques secondes pour reprendre mes esprits, puis, quasiment avec automatisme, je me déshabillais et entrait dans la cabine. Je pris une douche rapide, me forçant à ne prendre aucun plaisir, puisqu'après tout j'étais punie, puis je m'enveloppais dans une douce serviette blanche avant de revenir dans la chambre. Je décidais d'ouvrir une de mes valises pour y prendre des sous-vêtements, un jeans et un vieux sweat noir. J'enfilai le tout sans un mot et me séchais brièvement le cheveux. Une fois habillée et prête, j'entrepris de nettoyer la chambre, en faisant mon lit et en ouvrant les fenêtres pour laisser l'air de la forêt entrer. Une fois que j'eu le sentiment que tout était à sa place, je décidais qu'il était temps pour moi d'aller manger quelque chose.

En bas, ma grand-mère buvait lentement une tasse de café. Sous ses yeux, un magazine de mode qui semblait la passionner au plus haut point. Lorsque j'arrivais dans la cuisine, elle me gratifia d'un doux sourire et se leva. Sur l'instant, j'eu envie de me débrouiller seule pour préparer mon petit-déjeuner, mais j'étais tout bonnement incapable de faire quoi que ce soit.

« Assieds-toi. Tu as bien dormi ? J'ai préparé des pancakes, ça fait longtemps que tu n'en as pas mangé pas vrai ? »

Je m'installais sans un mot, hochant simplement la tête lorsqu'elle me lança un coup d'œil. Effectivement, voilà bien longtemps que je n'avais pas pris un petit-déjeuner consistant. La plupart du temps, je sautais même carrément ce repas, dans l'espoir de perdre davantage de poids et de plaire à ma mère. Je laissais donc ma grand-mère faire, l'observant installer le tout devant moi et me servant même un chocolat chaud dans la foulée. Après tant de temps, elle n'avait pas oublié que je détestais le café, visiblement. A nouveau je hochais la tête pour la remercier et hésitais quelques secondes à me servir. En avais-je simplement le droit ? Peu confiante, je commençais donc à manger sous l'œil protecteur de ma grand-mère.

« C'est ta mère qui m'a réveillé ce matin. Elle m'appelait pour s'assurer que tu étais réveillée et que tu cherchais un travail. Je l'ai envoyé se faire foutre en lui expliquant qu'à six-heure du matin, les gens dormaient. D'ailleurs, tu es bien trop matinale… Si tu veux aller te recoucher ensuite, tu peux, tu sais ? »

Sans surprise, ce genre de réveil avait dû agacer ma grand-mère, car elle n'avait un langage aussi familier que lorsqu'elle était énervée. Et j'avais déjà pu constater que ce langage, elle l'employait souvent à l'égard de ma mère. Je hochais doucement la tête avant de me racler la gorge

« Elle n'a pas tord tu sais… Je dois trouver un travail, je ne vais pas rester ici sans rien faire… »

Ma grand-mère m'observa quelques secondes, le visage fermé avant de hausser les épaules

« Enfin tu pourrais aussi rester ici sans rien faire, tu sais… Ou alors prendre quelques jours pour te reposer avant de chercher. » Mais voyant que je n'en démordais pas, elle ajouta : « La ville la plus proche d'ici c'est Forks. Mais ça fait un sacré chemin à pied, et même à vélo, alors je n'aimerai pas trop que tu travailles là-bas. Bien sûr, il y a la réserve plus près, mais tu sais, les gens ne sont pas très tolérants avec les étrangers, et je doute que tu trouves quoi que ce soit là-bas, même s'ils ont besoin de monde pour travailler… »

Sa voix s'évapora lentement alors qu'elle terminait son thé. Une réserve. En soit, l'idée était un peu comme un fantasme dans mon esprit. En France, il n'y avait pas de natifs américains et lorsque j'avais déménagé pour New-York, je n'avais pas non plus croisé le moindre natif du continent. Alors certes, je n'étais pas idiote et je savais qu'il existait encore quelques réserves, mais j'ignorais tout bonnement que ma grand-mère habitait non loin de l'une d'entre elle. Mais pas franchement abattue par l'idée, je décidais d'y faire un tour, après avoir visité cette fameuse ville de Forks. Pour l'heure, et alors que je terminais lentement mon petit-déjeuner, mon programme de la journée semblait peu à peu s'établir. Cet après-midi je me concentrerai sur la recherche d'un emploi dans l'espoir de trouver quelque chose pour m'occuper pendant mon exil chez ma grand-mère. Mais avant cela, j'avais des valises à défaire et quelques lettres de motivation à rédiger. Juste au cas où.