Bonjour à toutes et à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le quatre-vingt-et-unième chapitre de SAMLP !
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ccassandre24 : Ravie que les flash-back t'ait plu ! C'était l'une de mes craintes, que ça ne plaise pas, qu'il y en ait trop, alors je suis soulagée XD Bon courage pour ton master MEEF ! À vrai dire, j'avais quelques chapitres d'avance que j'ai écrits pendant l'été, et plus ça va, plus l'avance se réduit, vu que j'ai beaucoup moins de temps pour écrire XD J'avais une assez bonne organisation pendant les vacances, mais ce n'est plus du tout le cas depuis la rentrée XD Mais je fais de mon mieux pour garder le même rythme de parution et conserver au moins deux chapitres d'avance :) Pour ce qui est du choix de POV par perso, j'avais dès le début des intrigues pour chacun d'entre eux, et je savais qu'il y aurait des passages où j'allais devoir me focaliser entièrement sur un seul perso, alors j'ai estimé préférable de ne faire que des POV par perso :) Ça me permet de me mettre dans la tête des persos, et c'est aussi plus facile pour manier certaines phrases :) Mais il y a trop de persos dans la saga pour n'en choisir qu'un, c'est normal que tu n'arrives pas à savoir lequel est ton préféré XD Aaaah, donc tu t'entendrais bien avec des personnages relativement studieux… C'est assez logique pour quelqu'un qui veut devenir prof XD Si tous les élèves pouvaient être aussi sérieux que Théo et Hermione, ce serait le rêve… Enfin non, pas trop, il n'y aurait plus aucune singularité dans les personnalités et ce serait triste XD Merci pour ta review et à dans deux semaines pour le prochain chapitre =D
Mel : Heureuse que tu aies autant aimé ce chapitre ! Il y avait un certain stress, en fait XD C'est adorable, ce que tu me dis, merci ! *-* Oui, Théo ne pouvait pas rester en froid avec Justin, il fallait que les choses s'arrangent entre eux *-* Et pas que pour eux, mais aussi pour les lecteurs, vu qu'apparemment, c'était un sacrilège de les avoir fait se disputer XD Mais je vous comprends, et je suis encore désolée XD En vrai, je crois que c'est normal de ne pas se souvenir de tous les flash-back, il s'en est passé, des choses, depuis le début de la fic XD Mais oui, un 17 en pire note, ce serait le pied XD Ouh là, 1,5 en maths, ça fait mal XD Je ne suis pas sûre mais je crois que j'ai eu un 0/10 au collège, ou alors un 1, je ne sais plus du tout XD Bon, les maths, c'est clairement pas notre truc XD «1 point pour la propreté de la feuille (pas difficile en même temps quand on écrit rien)» = j'ai éclaté de rire XD Le «1 point pour la propreté de la feuille» c'est limite du sarcasme de la part du/de la prof XD Le Magicobus, ce n'était absolument pas prévu, mai vu qu'ils n'étaient tous plus très sobres, ça leur allait bien de partir dans ce genre de délire XD Ravie que ça t'ait plu =D Le «pas avec toi, patate», ça a aussi fait rire ma sœur, je ne sais pas pourquoi XD Mais ça vient sûrement du côté spontané, comme tu l'as évoqué XD Draco et Harry sont toujours mignons *-* Bon, sauf quand ils se disputent XD Oui, ça ne s'est pas passé comme prévu avec Forester :/ Heureusement que c'était au début du chapitre, sinon elle aurait tout gâché XD
Aaaah je suis contente pour toi ! Tu ne restes pas trop longtemps sans rien ! J'espère que ton entretien s'est bien passé et que tu as eu un retour favorable *-* Bon bah le hasard a bien fait les choses, même si c'est embêtant de se retrouver sans rien d'une seconde à l'autre :/ Je croise les doigts pour que ça se passe mieux pour la suite *-* Non, ce n'est pas du tout indiscret, je suis moi-même très curieuse XD J'ai fait une licence LLCER et comme je me suis rendue compte que ça n'aboutissait à rien qui m'intéressait, je me suis réorientée vers une licence de lettres :)
Ah ouais, tu risquerais d'effrayer Théo XD Non, je plaisante, comme tu le dis, il s'adapte facilement à tout type de caractère, et tu me fais un peu penser à Pansy vu la façon dont tu te décris, et il se trouve que Théo est très ami avec Pansy XD Ginny, c'est vraiment l'amie idéale XD Enfin, sauf dans les fics où elle apparaît comme la fille vénale qui veut juste avoir la richesse du héros et qui monte tout un stratagème pour s'en emparer XD Et Luna est hyper intéressante, en vrai ! Ce que j'ai toujours détesté dans le comportement de Hermione, c'est la façon dont elle se comporte envers Luna, je trouve en plus que ça ne lui ressemble pas… Ah, Draco… Il est clairement plus humain dans cette fic que dans la saga XD Et c'est vrai qu'il a un humour très… mordant XD Merci pour ta réponse concernant la deuxième question ! Ça va effectivement chambouler un peu Harry, mais rien de bien méchant :)
Je retiens pour cette idée de question à poser ! XD Surtout que c'est bientôt la fin du premier tome XD Et merci pour ta review, c'est toujours un régal aussi de lire tes retours ! Mille pardons pour le retour à la réalité, mais il faut bien refermer cette douce parenthèse d'insouciance et de liberté *-*
Sarah MAES : Oui, ce chapitre est un peu hors du temps, en fait… Et il a fait du bien à tout le monde ! Bon bah c'est une bonne chose pour toi qu'il y ait eu tous ces flash-back XD Ça se comprend, pour ton envie d'être amie avec les Serpentard de la fic ! Ils sont plus gentils que dans la saga, donc plus abordables, tout en étant différents les uns des autres… Promis, Forester va être radiée ! Il faut juste attendre encore un peu, car Tonks vient tout juste de reprendre le dossier :) Mais elle va n'en faire qu'une bouchée, de cette pourriture de Forester XD Merci pour ton retour, et voilà le nouveau chapitre =)
mimibou : Tu n'es pas en retard, ne t'en fais pas XD Ooooh, relire PAF, la belle idée ! PAF est un tel régal, nous sommes nombreux à attendre la suite ! Ma sœur et moi avons eu des nouvelles de luxcie assez récemment, ça allait plutôt bien, elle avait avancé sur les prochains chapitres de PAF mais elle est très occupée, ce qui la tient éloignée de ses fics pour le moment :) Donc pas d'inquiétude, mais il va sûrement falloir encore attendre pour avoir la suite de PAF :)
Alors je ne saurais dire le nombre de patients qu'elle a traumatisés, mais c'est assez limité dans le sens où ce sont plus des adolescents que des enfants :) Il y a une raison pour cela qui sera expliquée quand toute la lumière sera faite sur cette histoire XD Ah ah, en effet, elle n'est plus toute jeune, la vieille bique XD Elle doit avoir pas loin de soixante ans, ce qui serait assez proche de la retraite dans le monde moldu XD
Oui, dans les fics, c'est assez rare qu'il y ait des POV par perso, mais tant mieux si ça ne dérange personne, à priori :)
C'est tout à fait normal que tu aies oublié des scènes, même moi, quand je cherche un passage, j'en vois que j'avais totalement oubliés XD Alors il se peut que Ron et Pansy soient un couple qui ne va pas durer par la suite, mais pas pour les raisons que l'on peut croire à la lecture du chapitre avec la fête :) Pansy n'est pas du tout la même dans cette fic que dans la saga, mais ça se comprend que tu sois moins attachée à ce couple qu'aux autres, car il y a assez peu de POV Pansy, et encore moins de POV Ron :) C'est peut-être pour ça aussi XD
Oui, je voulais que la fête dure assez longtemps, car il y avait plein de choses de prévues durant cette fête XD Et vu toutes les questions et tous les défis qu'il y avait dans l'action vérité, il fallait garder une place importante pour ce jeu XD Oh oui, ça leur a fait le plus grand bien ! Tu ne crois pas si bien dire pour le contre-coup XD
Oui, la Ginny de cette période est hyper intéressante ! Dans la saga, elle s'est résignée au sujet de son amour pour Harry, signe qu'elle a grandi et mûri, elle s'investit davantage dans le groupe, elle est pleine de ressources… Et elle est l'un des leaders de l'AD lors de sa sixième année à Poudlard, pendant que Harry, Ron et Hermione sont à la recherche des Horcruxes ! C'est vraiment un perso où il y a beaucoup à explorer…
D'accord, merci pour ta réponse à la deuxième question que j'avais posée ! Ça m'arrange, en vrai, car c'est plus pratique d'incorporer ces passages directement dans la fic, mais s'il avait fallu en faire une fic séparée, je l'aurais fait, j'avais déjà commencé à y réfléchir au cas où, mais ce ne sera pas la peine, tout compte fait XD
Merci pour ta review et j'espère que ce chapitre va te plaire ! =D
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Merci à vous tous pour vos retours, c'est une vraie source de motivation, et c'est vous qui me donnez le courage de me remettre à l'écriture quand ça fait un ou deux jours que je n'y ai pas remis le nez ! Et encore une fois, merci à tous ceux qui continuent à suivre cette fic =)
Je vous laisse avec le nouveau chapitre et je vous souhaite à toutes et à tous une agréable lecture !
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Warning : présence d'une légère scène à caractère sexuel dans ce chapitre.
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81 – Retrouver la raison
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(dimanche 09/06) POV Severus
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Severus était désespéré. Il venait de recevoir un Patronus de Sainte-Mangouste lui indiquant qu'il y avait un important afflux de patients généré par l'effondrement d'un bâtiment et qu'il fallait de toute urgence plusieurs sortes de potions en assez grandes quantités. Cela allait l'occuper toute la matinée ainsi qu'une partie de l'après-midi, ce qui tombait très mal puisqu'il était censé déjeuner le midi-même avec Tonks et Draco. Et il n'avait pas envie d'annuler. Mais peut-être qu'en s'y mettant vite et en ne faisant aucune pause, il n'en aurait que jusqu'à treize ou quatorze heures… Sans bâcler pour autant ses potions, bien entendu. Ils mangeraient un peu plus tard et voilà, cela ne devrait pas déranger sa compagne et son filleul… Il décida d'envoyer un Patronus à Tonks afin de lui expliquer la situation. Tout en attendant sa réponse, il se lança dans la fabrication de ses potions. Il en était à la moitié de la préparation d'un chaudron de potions anti-infections lorsqu'un lièvre argenté apparut devant lui. Il délivra son message, dicté par la voix de Tonks :
- Coucou, je me doutais qu'il y aurait un problème, c'était trop beau qu'on puisse se voir trois jours de suite… Mais je ne t'en veux pas, évidemment, Sainte-Mangouste a besoin de toi, tu ne peux pas les laisser tomber… Tu faillirais à ton devoir de potionniste. Mais au lieu de repousser le déjeuner à quatorze heures, on ferait mieux de le remettre à une date ultérieure, car tu risques d'être fatigué et stressé, tu n'apprécieras donc pas à leur juste valeur ces quelques heures qu'on passerait ensemble. Et ce serait dommage, surtout que ce déjeuner est quand-même important, vu qu'il s'agit en quelque sorte de présentations officielles… On peut le décaler à samedi ou à dimanche prochain, si ça te va. Normalement, je suis libre. Et cela permettra à Draco de se détendre après ses trois premiers jours d'examens. Mais il faut que ça lui aille à lui aussi. Tiens-moi au courant. Je t'aime.
Le Patronus se tut sur ces mots et se volatilisa. Severus sentit son coeur fondre d'amour en se disant qu'il avait la meilleure compagne qui soit. Il se demandait souvent s'il la méritait. Il avait tellement de chance de l'avoir… Il l'aimait si fort… Il regretta encore plus de devoir annuler ce déjeuner. Elle lui manquait déjà, alors qu'ils avaient dîné et dormi ensemble deux nuits plus tôt, et qu'ils s'étaient vus la veille au soir, Severus étant allé confier à Tonks le soin de continuer le dossier sur Forester… Mais il n'avait pas le choix. Et cela, Tonks le concevait très bien. Il était déçu, mais dans un même temps, il était également soulagé, car il n'allait pas avoir à se presser pour concocter les potions que Sainte-Mangouste lui réclamait. Il aurait pu se rendre à la Grande Salle pour le petit-déjeuner, mais il préféra rester dans son laboratoire afin d'avancer dans le brassage de ses potions, au détriment du premier repas de la journée et de son rôle de directeur de maison. Il savait que cela ne gênerait pas Horace de surveiller les élèves de Serpentard. Il évitait le plus possible de le mettre à contribution, ne voulant pas profiter à outrance de sa générosité, mais son collègue lui avait maintes fois dit qu'il était heureux de le remplacer lorsque c'était nécessaire. Severus n'avait qu'à le prévenir, ce qu'il fit en lui envoyant un Patronus. Une fois ceci fait, il reporta son attention sur son chaudron de potions anti-infections. Celles-ci furent prêtes une demie-heure plus tard. Severus était en train d'en remplir une dixième fiole quand plusieurs coups furent frappés à la porte. N'ayant pas insonorisé son espace de travail, comme il le faisait rarement, il pouvait largement entendre ce bruit provenant de la porte d'entrée. Il sortit de son laboratoire, alla ouvrir et tomba sur Poppy. «Oh non» songea-t-il aussitôt.
- Bonjour, Severus, j'espère que vous n'étiez pas occupé…
- Si, mais je peux bien vous accorder quelques minutes.
- Ce serait plus que ça, en réalité… Depuis une heure, j'ai reçu pas moins de sept élèves qui avaient visiblement fait la fête hier soir et qui en subissaient les désagréments ce matin, j'ai dû leur donner les potions qui s'imposaient, mais je n'en ai presque plus en stock…
- Oh bon sang… Ce n'est vraiment pas le moment, j'ai différentes sortes de potions à préparer pour Sainte-Mangouste, mais je vais m'arranger, vous ne serez pas en pénurie. Quelles potions vous faut-il en priorité ?
- Les potions anti-douleurs et les potions de réhydratation. J'ai encore suffisamment de potions anti-nausées et de potions vitaminées, mais la réserve sera bientôt vide si les élèves continuent à défiler pour les mêmes raisons…
- Bien, je vous amènerai tout cela. Par chance, je devais déjà fournir des potions anti-douleurs et des potions de réhydratation à Sainte-Mangouste. Je n'aurai qu'à en faire un ou deux chaudrons de plus, et je vous apporterai les deux autres types de potions en début d'après-midi, déclara Severus. Est-ce que cela vous ira ?
- Oui, c'est parfait. Il y a juste à prier Merlin pour que, jusque-là, il n'y ait pas une dizaine d'autres élèves avec une gueule de bois…
- Qui sont ceux qui sont venus vous voir ? Histoire que je sache s'il y a des Serpentard…
- De mémoire, il y a eu M. Weasley, Miss Parkinson, M. Corner, M. Zabini, Miss Greengrass, Miss Abbot et Miss Roper.
Severus haussa les sourcils.
- Miss Greengrass ? Étrange.
- Elle avait sûrement besoin de décompresser. Ce n'est pas pour rien, à mon avis, si cette fête s'est tenue quelques jours avant les BUSE…
- Miss Greengrass n'a jamais été particulièrement stressée par les examens. Et cela m'étonne aussi de Miss Roper. Elle n'est pas à Serpentard, mais pour l'avoir eue cinq ans en cours, je ne la pensais pas du genre à boire autant, elle qui est très sage et assez discrète…
- Ce sont peut-être des élèves qui ont des problèmes et qui avaient envie de les oublier. Miss Roper fait partie d'une maison qui a perdu ses deux préfets initiaux, et en plus de cela, elle doit remplacer l'ancienne préfète… Quant à Miss Greengrass, il me semble qu'elle n'est pas en de très bons termes avec son fiancé. Elle a déjà vu le contrat qui la liait avec M. Malfoy être rompu l'été dernier, contrat qu'elle n'avait pas souhaité, elle se retrouve avec un nouveau fiancé et de toute évidence, cela ne se passe pas très bien entre eux… Je l'ai eue à plusieurs reprises à l'infirmerie, elle ne s'est pas confiée énormément mais j'ai compris la situation sans qu'elle n'ait eu à dire quoi que ce soit.
- Comment cela ?
- Elle est allée à l'infirmerie deux ou trois fois pour divers motifs, et j'ai bien vu qu'elle n'avait pas du tout le moral. J'ai tenté de la faire parler, et elle a avoué à demi-mot que la situation était tendue avec son fiancé qu'elle refusait d'épouser, bien qu'elle y serait obligée. Il n'est pas étonnant qu'à un moment donné, elle ait souhaité se changer les idées, même si elle ne l'a pas fait de la meilleure des manières… Et elle n'était pas la plus atteinte, bien au contraire. Elle avait légèrement mal à la tête et elle était fatiguée, s'étant couchée très tard. Alors que les autres vomissaient tout ce qu'ils avaient pu manger et ne supportaient pas le bruit.
- Je vois. Il est vrai que cette année a été très difficile pour certains élèves… Sans compter qu'ils ont dû se faire au travail en binôme qui était un tout nouveau concept qui les forçait à étudier avec une personne qu'ils connaissaient très peu, et qu'ils détestaient même pour quelques-uns d'entre eux, et avec qui ils ont dû passer le plus clair de leur temps, ce qui n'était guère facile pour eux… Et il y a désormais les BUSE qui approchent, avec tout le trac que cela engendre… Je n'approuve pas l'idée de cette soirée qui, apparemment, a été un peu trop arrosée, mais je peux la comprendre. Il faudrait cependant leur rappeler qu'il n'est pas indispensable de se mettre la tête à l'envers pour s'amuser…
- C'est l'une des préventions qu'il serait intéressant de faire. Mais pas aux élèves de première ou de deuxième année qui, je crois, vont avoir des heures de préventions dans leur emploi du temps dès la rentrée…
- C'est exact. Cela a été évoqué lors d'une précédente réunion. Et ce serait effectivement plus utile de sensibiliser les troisième et les quatrième année qui sont plus âgés, et donc plus concernés, mais qui, généralement, n'ont pas encore expérimenté les fêtes alcoolisées, même si les adolescents s'y mettent de plus en plus tôt, aussi bien dans le monde sorcier que dans le monde moldu.
- Oui, je le constate chez des élèves de quatrième année, confirma Poppy. Ils ignoraient quasiment tous ce que cela faisait de boire, ce qui n'arriverait pas avec un minimum de prévention.
- Je verrai cela avec le directeur.
Poppy acquiesça.
- Je vous laisse retourner à vos chaudrons, tout comme je vais retourner m'occuper de mes patients. Merci pour votre aide, Severus.
Poppy joignit le geste à la parole et s'en alla. Severus referma la porte et se rendit à son laboratoire. Il avait du pain sur la planche, alors il était hors de question de traîner ! Mais avant cela, il adressa un mot à Draco afin de le prévenir que le déjeuner était annulé. Il en profita pour lui dire de venir à dix-sept heures à ses appartements, désirant avoir une conversation avec lui à propos d'un choix que Draco avait à faire. Severus soupira lorsqu'il eut envoyé la missive. Que c'était dur d'être à la fois parrain, potionniste, professeur et directeur de maison… Oui, car en plus des potions et de sa future entrevue avec Draco, il avait aussi ses sujets d'examens à relire et à dupliquer, ainsi que des feuilles de présence et des grilles de notes à écrire… Heureusement qu'il n'avait pas de séance de thérapie ce jour-là, sinon il aurait également eu à assumer ses fonctions de psychomage ! Là, il n'aurait pas pu tout faire, c'était indéniable. Il serait devenu fou. Il allait vraiment devoir songer à lever le pied l'année suivante, mais pour cela, il fallait qu'il aie un rendez-vous avec Mrs Powell. Elle ne pourrait le seconder qu'à partir de la rentrée, si elle acceptait son offre, mais ce serait déjà bien pour Severus qui serait soulagé de ne plus être le seul psychomage pour tous les élèves de Poudlard… Il allait la contacter, quand il aurait une seconde à lui. Pour l'heure, il avait bien d'autres choses à faire…
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À midi, Severus avait fait la moitié de son travail. Il estimait qu'à seize heures, il aurait tout fait. Étant en avance sur ses prévisions, et ayant expédié les potions les plus urgentes à l'infirmerie et à Sainte-Mangouste, il s'autorisa à aller déjeuner dans la Grande Salle. Il n'était pas emballé par l'idée d'un repas en solitaire chez lui. Habitué à s'attendre à être confronté d'une minute à l'autre à tout ce qui était tout sauf normal à Poudlard, il était difficilement surprenable. Mais là, il demeura bloqué un bref instant lorsqu'il fut dans l'entrée de la Grande Salle. Et pour cause. Pas moins de six élèves arboraient une couleur de cheveux qui n'était pas la leur en temps normal, et qui se voyait à des kilomètres. Miss Weasley était dorénavant blonde, Miss Bones brune, Miss Lovegood rousse, et M. Boot, M. Goldstein et M. Corner s'étaient teints en vert. Tout le monde les dévisageait, l'air de ne pas comprendre ce qui avait bien pu les pousser à faire une chose pareille. Ce qui déboussolait le plus Severus, c'était qu'il s'agissait d'élèves qui n'étaient pas connus pour attirer l'attention avec ce genre de fantaisies… Mais ils n'avaient rien fait de mal, en soi. Ils étaient capillairement tout à fait libres de faire ce qu'ils voulaient. Il n'y avait aucune restriction là-dessus dans le règlement. C'était juste… déroutant. Severus se remit toutefois bien vite du choc et alla s'installer à sa place, à côté de Remus. Il le salua, ainsi que Sirius, et promena son regard sur la table des Serpentard. Il fut ravi de constater que Miss Greengrass paraissait aller bien mieux, sans doute grâce aux potions que Poppy lui avait données, tandis que M. Zabini et Miss Parkinson somnolaient, tant ils étaient fatigués. Ce qui lui plut moins, en revanche, ce fut de remarquer que Draco était dans le même état que ses amis. Severus l'avait pourtant mis en garde ! Mais cela entrait dans une oreille et ressortait de l'autre… Il vit aussi les petits yeux de Théo qui avait dû suivre ses compères dans leur beuverie, à moins qu'il s'y soit mis tout seul… Severus était prêt à tout croire, maintenant. Il ne réagirait même pas si Filius lui disait qu'il était en couple avec quelqu'un, lui qui s'était toujours promis de ne pas se caser tant qu'il enseignerait à Poudlard… Cette journée était tellement bizarre que Severus se préparait à tout entendre.
- Hé, Severus, ça va ?
La question de Sirius tira brusquement Severus de ses pensées. Il tourna d'un coup la tête vers son ami qui, à côté de lui, l'observait avec inquiétude.
- Oui, pourquoi ?
- Tu semblais complètement déprimé.
- J'ai eu une matinée agitée, et l'après-midi ne va guère être plus reposante… Ça irait bien mieux si une fête n'avait pas eu lieu hier soir quelque part dans le château…
- Ah, Remus et moi ne sommes pas les seuls à l'avoir deviné…
- C'est assez difficile de ne pas s'en apercevoir…
- C'est clair, grimaça Sirius. Chez les Serdaigle, Terry Boot, Anthony Goldstein et Michaël Corner ont beaucoup de mal à émerger…
- Pareil chez les Gryffondor, avec Ron Weasley et dans une moindre mesure, Hermione Granger et Parvati Patil, intervint Remus. Tu as vu la même chose chez certains de tes élèves, Severus ?
- Oui, j'en ai cinq qui sont concernés, dont une qui est moins touchée que les autres. Et je crains que mon cher filleul ne soit à l'origine de cette fête…
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? s'intrigua Remus.
- Je ne sais pas, une intuition. Il n'est jamais le dernier pour s'amuser, et il est un peu le leader dans son groupe d'amis.
- Si ton filleul y est pour quelque chose, alors le mien aussi, affirma Sirius. Il était à cette fête, j'en suis sûr. Même en étant discret, Draco n'a pas pu organiser cette soirée dans le dos de Harry.
- Je ne le vois pas dans la Grande Salle. Il était dans les vapes, pour que tu sois sûr qu'il ait participé à la fête ?
- Légèrement, oui. Mais il n'était pas fatigué pour la même raison que les autres. Lui, c'est à cause du manque de sommeil, je pense. Il n'avait pas l'air de celui qui a trop bu, mais plutôt de celui qui s'est endormi tard. Il doit être parti se recoucher, d'ailleurs.
- C'est ce qu'il a de mieux à faire. Il est à jour dans ses révisions, il me l'a dit hier, lors de la séance de thérapie.
- Et il n'avait rien d'un élève qui s'apprêtait à faire la fiesta jusqu'au petit matin ?
- Non, pas du tout. Il n'était ni stressé, ni excité, ni distrait. Mais je n'ai peut-être pas su déceler des signes que j'aurais vus en temps normal. J'étais assez préoccupé par un truc qui était prévu l'après-midi.
- Ah oui, ce fameux truc qui nous a obligés à avoir une réunion en pleine semaine car le samedi, tu n'étais pas libre ? se souvint Sirius.
- C'est ça, avoua Severus, gêné.
- Et c'est pour ça aussi que tu as décalé la séance de Harry au matin alors que d'habitude, elle a lieu de treize heures à quinze heures ? ajouta Remus.
- C'est ça. Et j'ai dû faire de même avec Miss Granger que je dois avoir de quinze heures à dix-sept heures et que j'ai vue de dix-sept heures à dix-neuf heures. Mais c'était vraiment important.
- Je n'en doute pas, dit Sirius en souriant. Bon, il faut que j'y aille, mes sujets d'examens sont prêts mais j'ai encore plein de choses à…
Sirius ne put terminer sa phrase, étant soudain interrompu par des exclamations venant de plusieurs élèves de Serdaigle. Il était inutile pour Severus de s'interroger sur ce qui les avait fait réagir ainsi, ayant assisté à ce qui s'était passé, tout comme Sirius et Remus qui avaient les yeux rivés au même endroit que lui, au même moment. Ils avaient donc vu Miss Turpin se lever et s'effondrer par terre. Severus et Sirius bondirent aussitôt de leur chaise et se précipitèrent vers la table des Serdaigle. Un troupeau d'élèves s'étaient agglutinés près de la jeune fille, l'encerclant.
- Éloignez-vous, votre camarade a besoin d'air ! ordonna Severus.
Le groupe se dispersa, permettant à Severus et à Sirius de s'agenouiller auprès de leur élève. Celle-ci était consciente et tentait de se redresser, ce dont l'en empêcha Severus.
- Ne bougez pas, je vais d'abord vous poser quelques questions. Comment vous sentez-vous ?
- Ça… ça tourne. Ma tête, et… autour de moi.
Les propos de Miss Turpin étaient un peu décousus, mais c'était assez logique pour quelqu'un qui venait de faire un malaise et qui était visiblement étourdi.
- C'est pour ça que vous êtes tombée ?
- Oui, j'ai eu une drôle de sensation et mes jambes m'ont lâchée.
- Est-ce la première fois que cela vous arrive ?
- Oui.
- Est-ce que vous avez eu des vertiges, récemment ?
- Non, juste de la fatigue. Je révise beaucoup pour les examens…
- À quelle heure vous couchez-vous ?
- Ça dépend, entre une heure et trois heures du matin. Mais ça, c'était avant. Depuis quelques jours, je m'endors vers vingt-deux heures alors que je suis en train de relire mes cours…
- La fatigue vous rattrape. Est-ce que, par hasard, vous auriez participé à une fête, hier soir ?
Avant que Miss Turpin n'ait pu dire quoi que ce soit, Severus sut à son air perplexe qu'elle n'avait pas assisté à la soirée. Mais ce ne fut pas elle qui répondit :
- Non, professeur, elle n'était pas là, attesta Miss Patil de Serdaigle.
Severus haussa les sourcils. Combien de préfets étaient donc allés à cette fête ?! Ceux de Serdaigle, de Gryffondor et de Serpentard étaient apparemment concernés, et il y avait fort à parier que c'était le cas aussi pour ceux de Poufsouffle… Il mit de côté ses interrogations et se concentra de nouveau sur Miss Turpin.
- Est-ce que vous vous nourrissez correctement ?
- Je n'ai pas beaucoup faim, éluda Miss Turpin.
- Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Est-ce que vous sautez des repas ?
- Parfois, oui. Mais je traverse une période difficile, mon appétit s'en ressent…
- À quand remonte le dernier repas que vous avez pris ?
- À hier midi. Je n'avais pas envie de manger, j'ai voulu faire un effort ce midi car cela faisait vingt-quatre heures que je n'avais rien dans le ventre, mais je n'ai pas pu toucher à mon assiette.
- D'accord, ce n'est pas étonnant que vous ayez fait un malaise. Il va falloir que vous vous forciez, vous ne pouvez pas continuer ainsi. Vous évoquiez une période difficile, peut-être avez-vous besoin d'en parler ?
Miss Turpin secoua la tête.
- Non, c'est juste une rupture que j'ai du mal à digérer. Ça va passer.
- Bien, comme vous voulez, mais vous devez aller à l'infirmerie et je ne vous laisse pas le choix. Il faut prendre vos constantes, vérifier que tout va bien et Mrs Pomfrey vous donnera des potions qui vous aideront à retrouver l'appétit. Elle va également traiter les potentielles carences que vous avez. Relevez-vous doucement et on y va.
Miss Turpin fit ce que Severus lui disait et se remit debout avec le soutien de ses deux professeurs. Sirius retourna s'asseoir après s'être assuré que son élève se portait bien, puis Severus accompagna celle-ci à l'infirmerie. Il expliqua la situation à Poppy qui s'occupa immédiatement de la Serdaigle. Severus put ainsi rejoindre ses appartements, et plus précisément son laboratoire où il poursuivit la fabrication de ses potions.
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À un peu plus de seize heures, Severus avait acheminé toutes les potions qu'il avait dû faire pour Poppy et pour Sainte-Mangouste. Il avait trois quarts d'heure pour souffler, ayant un entretien avec Draco à dix-sept heures. Il fut tenté de faire du rangement, de vérifier ses sujets d'examens, de commencer à préparer les parchemins nécessaires pour la semaine suivante, mais il était tellement sur les rotules que pour la première fois depuis des années, il resta assis sur sa chaise sans rien faire, profitant juste d'un instant de pur repos. Il ne réalisa qu'à ce moment-là à quel point il était épuisé. Mais cette pause lui fit du bien et ce fut avec énergie qu'il accueillit Draco lorsque celui-ci frappa à la porte. Severus le fit entrer et le précéda jusqu'au salon. Si Severus avait repris du poil de la bête, Draco, lui, avait de tout petits yeux.
- C'est une chance pour toi que le déjeuner ait été annulé, se moqua Severus. Ce n'était franchement pas malin de faire la fête hier soir alors que le lendemain midi, tu avais un déjeuner à l'extérieur… Et je croyais t'avoir dit d'être plus raisonnable lors de ces soirées…
- Je ne me suis pas mis la tête à l'envers non plus, rétorqua Draco. Je ne serais pas autant fatigué si je ne m'étais pas couché à cinq heures du matin…
- Et tu t'es levé à quelle heure ?
- Onze heures, pour être prêt à midi pour un déjeuner qui n'a finalement pas eu lieu…
- Mmmh, six heures de sommeil, ce n'est clairement pas suffisant, surtout si tu n'étais pas très sobre en te couchant… Heureusement que tu as trois jours de libres avant les examens. Demain matin, tu pourras te lever à l'heure que tu voudras, même si je te conseille de ne pas trop traîner au lit, afin de ne pas t'y habituer.
- Je n'en avais pas l'intention. Bon, pourquoi m'as-tu convoqué ?
- Pour traiter avec toi de ton futur suppléant. Tu ne l'avais pas encore élu lorsque la réunion portant sur la nomination des préfets-en-chef, préfets, suppléants, capitaines et co-capitaines s'est tenue. Je n'ai donc pas pu fournir de réponse à Dumbledore. Et, tant qu'à faire, je souhaitais savoir si tu avais désigné la personne qui sera ton futur co-capitaine. Lorsque nous en avions discuté, il y a un mois, tu avais une petite idée, en l'occurrence Théo, mais c'était assez flou. Ce n'est pas urgent pour ton futur co-capitaine, mais comme pour ton futur suppléant, selon le nom que tu me donneras, il faudra que je voie si son rôle sera compatible avec son emploi du temps.
- Ah… Je n'ai pas réabordé le sujet avec Théo pour le co-capitanat, je le ferai quand je le verrai. Et pour mon suppléant, je comprends cette histoire de compatibilité, mais s'il s'agit de quelqu'un qui va avoir plein de cours, mais qui sait super bien s'organiser, est-ce que ça le fait quand-même ?
Severus fixa Draco avec accablement. Est-ce qu'il s'imaginait ne serait-ce qu'une seconde qu'il ne devinerait pas de qui il parlait ? Et n'aurait-il pas pu trouver un autre élève pour le seconder ? Cela allait faire trop pour une seule et même personne !
- Draco, si Théo accepte d'être ton co-capitaine, il ne pourra pas être ton suppléant… Il n'aura pas une minute à lui et il va vite faire un burn-out ! Je n'ai déjà pas réussi à le convaincre d'abandonner une matière de plus que ce qu'il avait prévu pour qu'il puisse suivre l'option de duel, alors si tu lui rajoutes un titre de suppléant et un titre de co-capitaine en plus de tout ça, ça ne va jamais le faire !
- Mais je n'ai que lui, plaida Draco. Blaise n'est intéressé par aucun des deux postes et ça va être la guerre avec Pansy si on doit diriger l'équipe ensemble… Et il me manquera toujours un suppléant. Et je refuse catégoriquement de prendre Crabbe ou Goyle ! Je suis dans une impasse, Severus. Théo est mon seul choix. Et puis ce n'est pas comme s'il allait faire les trois quarts des rondes… Il n'en fera même pas le quart, il ne me remplacera que lorsqu'il me sera impossible d'assumer mon rôle de préfet…
- Oui, mais il devra assister à toutes les réunions, et elles seront plus nombreuses que cette année et les années précédentes, puisqu'il y aura au moins une réunion par mois pour faire le point sur ce qui se passe dans chaque maison.
- Théo saura tout gérer, Severus. Fais-lui confiance. Et ça restera moins imprudent que de confier un retourneur de temps à une gamine de quatorze ans pour qu'elle puisse suivre tous ses cours…
Severus écarquilla les yeux.
- D'où tu tiens ça, toi ?!
- L'élève en question ne m'a rien dit, si c'est ce qui t'inquiète. C'est juste qu'à l'époque, mon père avait des contacts au Ministère, qu'il a su qu'un retourneur de temps avait été attribué à quelqu'un, j'ai fait le rapprochement avec le fait que Hermione apparaissait soudain en cours alors qu'elle était censée avoir un autre cours, et c'est comme ça que j'ai compris que c'était elle qui avait l'objet.
- Oh bon sang… Merlin soit loué que tu n'aies rien divulgué…
- Je n'avais pas de preuves concrètes, et je comptais garder cela pour moi et m'en servir contre elle au moment opportun en lui faisant du chantage avec. Je te rassure, ce n'est plus d'actualité, et ça ne le sera jamais, vu qu'entre-temps, je suis devenu ami avec elle…
- Et je bénis cette amitié, je n'aurais pas aimé apprendre que tu faisais chanter une de tes camarades avec une information qui devait demeurer secrète… Il n'y avait que le corps enseignant qui était au courant. Mais ce n'était pas le sujet. Pour en revenir à Théo, il peut, à la rigueur, être ton suppléant ou ton co-capitaine, mais pas les deux à la fois. Ça va être trop pour lui.
- Dans ce cas, il y a un truc que je ne saisis pas. Ginny a été élue préfète et à ce que je sache, elle a bien été autorisée à devenir la co-capitaine de Harry. L'année prochaine, elle n'aura qu'un cours de moins que Théo, et ce sera largement compensé par ses responsabilités de préfète qu'elle aura à part entière, contrairement à Théo qui ne sera que suppléant et qui fera donc beaucoup moins de rondes que Ginny. Ils auront le même poste, c'est-à-dire celui de co-capitaine. D'accord, la préparation des ASPIC est plus intensive que la préparation des BUSE, mais avec son rôle de préfète qui l'occupera bien plus que deux heures dans la semaine, Ginny aura autant de travail que Théo. Et personne n'en fait tout un foin, à part Blaise qui lui a fait une scène parce qu'il avait peur pour leur couple. Alors pourquoi es-tu autant inquiet pour Théo ? La vérité, c'est que Théo est ton patient et tu le considères comme une petite chose fragile qu'il faut protéger à tout prix. Mais Théo a bien plus de ressources que tu ne le croies. Ce n'est plus l'adolescent que tu as soigné l'été dernier chez Blaise. Il n'a peut-être pas repris de poids, mais il s'est musclé grâce à la pratique du Quidditch, et il a beaucoup plus de forces grâce aux potions qu'il prend. Et sa magie s'est relativement calmée. Et pour rebondir là-dessus, être sans cesse occupé, ça va être très bénéfique pour sa magie qui n'aura pas l'occasion de faire des siennes tellement les journées de Théo seront remplies. Et cela va aussi l'entraîner pour sa future double formation. Il saura ce que c'est de devoir courir partout et de ne pas avoir une minute à lui. C'est bien toi qui disais que les élèves abandonnaient leurs formations au bout de la première année seulement car c'était bien trop épuisant pour eux qui n'étaient pas habitués à un tel rythme de travail, vu qu'à Poudlard, on ne les conditionne pas assez… Eh bien là, Théo aura un avant-goût de ce qui l'attendra lors de sa double formation. Bien sûr, ce sera dur au début pour lui de jongler entre ses cours, ses devoirs, les séances de travail en binôme, ses séances de thérapie, les quelques rondes qu'il fera, son rôle de co-capitaine, ses amis, son petit-ami, mais je te l'ai dit : il saura s'organiser de façon à avoir un peu de temps pour lui malgré tout ça.
Draco se tut sur ces mots. Severus était sonné par sa plaidoirie. Il était forcé d'admettre qu'il n'avait rien à opposer à tous les arguments que Draco lui avait sortis. Il soupira.
- Je veux bien lui laisser une chance et voir ce que ça va donner. Si, au bout d'un mois, il a l'air de tenir le coup sans montrer de signes de fatigue apparents, il pourra conserver ses deux rôles. Mais il doit y consentir. Il ne faut pas qu'il accepte d'être à la fois ton suppléant et ton co-capitaine sous la contrainte ou pour te faire plaisir.
- Je t'ai promis que je ne l'obligerai à rien, et il sera libre de refuser s'il estime qu'il ne pourra pas gérer tout cela.
Severus hocha la tête.
- Bien. Essaie d'avoir rapidement sa réponse, surtout pour le poste de suppléant. C'est celle que je dois fournir en priorité au directeur.
- Je verrai ça avec lui dès ce soir s'il ne rentre pas trop tard, et je reviendrai aussitôt vers toi. Enfin, si j'arrive à l'intercepter à vingt-trois heures, j'attendrai demain, car j'ai beau être préfet, cela ne me permet d'outrepasser le couvre-feu…
- Effectivement. Bon, c'est tout ce que j'avais à traiter avec toi. Ah non, j'avais une proposition à te faire. Vu que je n'étais pas disponible ce midi, Tonks a suggéré de reporter le déjeuner au week-end prochain, elle n'a pas imposé de jour précis mais comme le samedi, j'ai trois séances de thérapie, il vaut mieux que ce soit dimanche, où je suis davantage libre. Est-ce que ça te va ?
- Oui, c'est parfait. Ça me fera du bien après les trois premiers jours d'examens.
- C'est exactement ce qu'a pensé Tonks. À la base, j'avais soumis l'idée de repousser le déjeuner à quatorze heures, mais c'est elle qui a jugé préférable de remettre ça à samedi ou dimanche prochain, ce qui était plus adéquat.
- Elle n'est pas bête, ton Auror.
- Pour une Auror, justement, ce serait dommage, fit remarquer Severus. Mais merci pour elle, c'est gentil. Allez, file, je t'ai assez retenu.
Draco acquiesça, se leva, salua Severus et s'en alla. Severus dédaigna ses sujets d'examens et fit le rangement qu'il n'avait pas souhaité faire une heure et demie plus tôt. Il relirait ses sujets plus tard. Bon, il disait ça, mais il savait très bien qu'après le dîner, sa conscience le rattraperait et l'obligerait à se replonger dans ses parchemins… Le repos, ce n'était pas pour tout de suite ! Mais il fallait bien faire son devoir de professeur…
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(lundi 10/06) POV Pansy
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Pansy grimaça en s'habillant. Elle ignorait ce qui s'était produit avec ses vêtements, mais ils avaient tous pris au moins une taille… Les elfes faisaient pourtant attention lorsqu'ils les lavaient… Heureusement, les robes de sorcier étaient de nature ample et n'avaient pas subi le même problème. Mais c'était ennuyant pour sa chemise et sa jupe… Tant pis, elle en rachèterait durant les vacances. Ce fut sur cette pensée qu'elle sortit de son espace. Toutes ses camarades étaient parties, à en juger par leurs rideaux ouverts. Elle s'apprêtait à en faire autant mais elle s'arrêta en voyant une baguette sur le sol. Elle la ramassa et s'aperçut qu'il s'agissait de celle de Daphné. Elle fit demi-tour et alla la mettre sur la table de chevet de son amie. À peine l'eut-elle posée sur le meuble qu'elle fut envahie d'un doute. Ne ferait-elle pas mieux de la garder sur elle ? Peut-être allait-elle croiser Daphné sur le chemin de la bibliothèque, et Pansy regretterait alors d'avoir laissé la baguette dans le dortoir… De plus, Daphné ne pouvait pas rester trop longtemps sans sa baguette… Pansy décida donc d'emporter l'objet avec elle tout en adressant un mot à Daphné, au cas où celle-ci reviendrait récupérer son bien là où elle penserait l'avoir égaré. Pansy ouvrit son sac qu'elle avait emmené avec elle, désirant aller réviser ses cours de sortilèges, attrapa son rouleau de parchemin et en arracha un morceau. Dans son message, elle rassura Daphné en écrivant que c'était elle qui avait sa baguette et en précisant qu'elle serait à la bibliothèque jusqu'au déjeuner afin que son amie puisse reprendre ce qui lui appartenait. Elle finissait de noter son mot quand un bruit proche attira son attention. Elle tourna la tête et hurla en voyant un rongeur sortir de sous les draps. L'animal parut lui-même effrayé avant de détaler et de s'enfuir à toute vitesse. Tétanisée et sous le coup de la surprise, Pansy demeura immobile, incapable de faire le moindre geste. Elle ne réagit que lorsque son nom fut prononcé derrière elle :
- Pansy ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Pansy sursauta et fit volte-face. Elle vit Daphné qui l'observait.
- Moi, ce que je fais là ? Mais… c'est plutôt à moi de te poser la question ! Comment as-tu pu entrer alors que je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir ?! Où est-ce que tu étais ? Et qu'est-ce que faisait un rat dans ton lit, nom d'un Botruc ?!
Daphné sembla très gênée.
- Daphné, il faut que tu m'expliques, là, lâcha Pansy. Tu me caches quelque chose, c'est évident. Ce rat, il est à toi ? Ce n'est pas la première fois que je le vois, il m'avait déjà fait peur il y a quelques mois lors d'une ronde avec Ron, et Draco l'a également croisé récemment avec son petit-ami. C'est parce que tu crains la réaction de tes parents que tu n'oses pas assumer d'avoir un rat comme animal de compagnie ?
- Non, non, pas du tout…
Daphné soupira.
- Assis-toi, intima-t-elle.
- Je suis très bien debout…
- S'il te plaît. Je ne voudrais pas que tu fasses un malaise, surtout que tu n'as pas encore mangé…
Pansy commença à redouter ce qu'allait lui dire Daphné. Était-ce grave pour qu'elle prenne autant de précautions ? Pansy consentit néanmoins à obéir. Daphné s'installa à côté d'elle.
- Ce rat, qui n'en est pas un, n'est pas qu'à moi.
- Tu l'as recueilli avec d'autres personnes ? Si oui, qu'est-ce qu'il a de si spécial pour que vous ayez eu pitié de lui ?
Daphné secoua la tête.
- Non, je suis sa seule maîtresse, même si je n'en suis pas vraiment une… Mais il a bien un truc de spécial, effectivement. Merlin, comment te dire ça… Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Ce rongeur, c'est… c'est moi.
Pansy dévisagea Daphné un instant sans comprendre. Puis la lumière se fit soudain dans son esprit. Elle plaqua ses mains sur sa bouche, profondément choquée.
- Tu… tu es un… un… un Animagus ? balbutia-t-elle.
- Oui, avoua Daphné.
- Mais… tu… c'est… c'est impossible…
- Je t'assure que si. Tu veux que je te montre ?
Malgré sa phobie des rongeurs, Pansy acquiesça. Elle avait besoin, au fond d'elle, d'avoir la preuve que Daphné lui disait la vérité. Son amie se leva, sembla se concentrer et se transforma en quelques secondes en la petite bête que Pansy avait vue se glisser hors des couvertures dix minutes plus tôt. Sauf que cette fois, Pansy n'en eut plus peur. Car ce n'était pas n'importe quelle petite bête. C'était l'Animagus de son amie. La réalité la frappa alors de plein fouet. Ce fut à ce moment-là qu'elle prit conscience que cet animal n'était autre que sa camarade de dortoir qu'elle avait haïe pendant quatre ans et demi avant de changer d'avis sur elle en apprenant qui elle était réellement. Daphné retrouva sa forme humaine et s'assit de nouveau à la droite de Pansy. Celle-ci ne bougea pas d'un pouce, les yeux rivés sur le sol, là où se tenait le rongeur peu de temps auparavant. Elle avait les méninges qui fonctionnaient à plein régime.
- Pansy ? Ça va ?
Pansy releva d'un coup la tête. Elle regarda son amie et sourit.
- Oui, pardon, j'étais juste plongée dans mes pensées… J'ai un tas de questions à te poser, en fait.
- Je t'écoute, affirma Daphné.
- Déjà, c'est quoi, cet animal ?
- C'est une gerbille. C'est un animal très sociable et très affectueux. Et bien plus mignon qu'un rat ou qu'une souris. Mais ça, c'est mon opinion personnelle.
- Je suis d'accord, approuva Pansy. Mais pourquoi es-tu devenue un Animagus ? Et pourquoi avoir choisi cet animal ? Comment as-tu fait pour garder ça secret ? Y a-t-il des gens qui sont au courant ?
- Je vais répondre à tes deux dernières questions et je te raconterai tout ensuite. Si je ne me suis pas faite repérer, c'est tout simplement parce que j'ai fait attention. Enfin, pas tant que ça, car avant toi, il y a d'autres élèves qui m'ont vue, mais ils ne se sont doutés de rien. Puis ça a été le tour de Ron et de toi, puis de Harry et de Draco, et il y a quelques jours, c'est Théo qui est tombé sur moi et j'ai dû tout lui dire puisqu'il avait deviné que j'étais un Animagus. Donc oui, il y a quelqu'un au courant et c'est lui. Et il y a aussi toi, maintenant. Mais sinon, à part ça, j'ai été suffisamment discrète pour ne pas me faire attraper. À présent, je vais t'expliquer ce qui m'a conduit à devenir un Animagus…
Daphné relata à Pansy toute son histoire, comme elle l'avait fait la semaine précédente avec Théo. Pansy l'écouta attentivement et fut écœurée d'apprendre que c'était le comportement du père et du fiancé de Daphné qui l'avaient poussée à enfreindre la loi en se créant une forme Animagus.
- Mais quelle horreur… Comment un père peut-il traiter sa fille de la sorte ? Je savais qu'il y avait des familles de Sang-Pur où les femmes n'étaient considérées que comme des êtres à marier et dont le seul but était de donner une progéniture, mais là, ça va bien au-delà de ça… Je pensais que c'était révolu, ce genre de mentalité…
- Pas avec mon père, grimaça Daphné. Et Murray, mon cher fiancé, a exactement les mêmes idées et les mêmes «valeurs» que lui…
- Ce n'est pas pour rien s'il a choisi de contracter une alliance avec sa famille… Les parents de ton fiancé ne doivent être guère mieux…
- Je pense aussi.
- Tu me disais, dans ton récit, que tu te métamorphosais quand tu n'allais pas bien, car tu ressentais moins les choses qui te faisaient souffrir en étant sous ta forme Animagus. Qu'est-ce qui s'est donc passé, tout à l'heure, pour que tu te sois cachée dans ton lit sous ta forme animale ?
- Oh, rien de plus que d'habitude… C'est juste Murray qui a réussi à me coincer quelque part, qui a essayé de m'embrasser, de me toucher, je l'en ai empêché, il s'est énervé, il m'a fait des reproches, il m'a dit qu'à cause de mon manque de coopération, il était obligé d'aller voir ailleurs…
- Quoi ?! Il est sérieux ? Il te trompe ?
Daphné haussa les épaules.
- Je ne l'aime pas, et on n'est pas encore mariés, alors il peut bien faire ce qu'il veut…
- Mais il est censé te rester fidèle, même si vous n'êtes que fiancés…
- Oui, c'est même stipulé dans le contrat qui nous interdit toute relation avec qui que ce soit d'autre, mais Murray s'en fiche complètement. Tout comme le fait qu'on ne doit rien faire avant le mariage. Ça m'arrange bien, cette règle, ça me protège jusqu'au mariage, mais encore faut-il que Murray la respecte… Il dit que personne ne sera là pour vérifier lors de la nuit de noces… En revanche, ça ne me dérange pas du tout qu'il transgresse la règle sur la fidélité. Si ça peut l'éloigner de moi d'aller se soulager avec d'autres filles…
- Oui, tu es plutôt gagnante, là-dedans… Mais lui, c'est toi qu'il voudrait, objecta Pansy.
- Je sais bien. Il ne se prive pas de me raconter tout ce qu'il fait avec ses conquêtes et il me dit qu'il aimerait faire avec moi tout ce qu'il fait avec elles…
- Quelle ordure… Et ça ne leur pose aucun problème de conscience, à ses conquêtes, de se taper un garçon qui est engagé avec une autre fille ?
- Ah mais ça ne risque pas, je l'évite tellement que les deux conquêtes qu'il a eues n'étaient même pas au courant qu'il avait une fiancée ! Et le contrat entre son père et le mien est assez secret pour le moment. Il paraît que je suis assez convoitée, alors mon père ne veut pas que ça s'ébruite, afin que Murray ne subisse pas de pression qui pourrait amener son père à ne plus vouloir de ce contrat. Le mien tient beaucoup à cette alliance, donc il prend un max de précautions. Il n'y a que Draco, Théo, Blaise et toi qui savez le nom de mon fiancé. Même Mme Pomfrey, à qui je me suis un peu confiée, ne connaît pas le nom de mon futur mari.
- Il faudrait presque espérer qu'il y ait une fuite et que tout le monde sache, dans ce cas…
- Ce serait risqué, mon père serait bien capable de croire que ça viendrait de moi, la fuite… Il fait le sourd quand je lui dis que je ne veux pas de cette union, mais il m'entend, en réalité.
- Ils ne valent pas mieux l'un que l'autre. Et est-ce que tu connais l'identité de ses deux conquêtes ?
- Non, et ça ne m'intéresse pas.
- Je comprends. Mais du coup, il n'y a que Théo et moi qui savons que tu es un Animagus ? Draco ne le sait pas, lui ?
- Non, et je ne me sens pas prête à tout déballer une troisième fois…
- Tu veux que je m'en occupe ?
- Je ne vais pas te demander ça…
- Puisque c'est moi qui te le propose, insista Pansy.
Daphné hésita pendant quelques secondes avant d'accepter :
- D'accord, je te laisse carte blanche. Mais ce serait à moi de le lui avouer, normalement…
- Je vais réfléchir à un moyen détourné de le lui annoncer, genre en faisant une boulette. Comme ça, ça ne donnera pas l'impression que je fais l'annonce à ta place.
- Bonne idée. Tant qu'à faire, essaie de faire en sorte que Blaise soit là lorsque tu le diras à Draco… Qu'il ne soit pas mis de côté.
- Ça marche. En vrai, ce sera plus facile de le leur dire à eux deux qu'à Draco tout seul… C'est rare que je ne sois qu'avec l'un d'entre eux. Et il y aura sûrement Théo aussi. Sauf que lui le saura déjà. Il a bien gardé le secret, en tout cas.
- En même temps, il s'agit de Théo…
Daphné et Pansy rirent en choeur.
- C'est vrai, ce n'est pas le plus bavard… Bon, je tenterai de parler à Draco et à Blaise quand Théo ne sera pas avec nous, sinon il va être mal à l'aise, le pauvre…
- Tu as raison. Ça doit lui coûter de cacher ça à vous tous…
- Ne t'en fais pas, je vais le libérer de ce poids. Oh, tiens, d'ailleurs… As-tu des vêtements qui ont mystérieusement pris une taille ?
Daphné eut l'air perplexe.
- Non, je ne crois pas. Pourquoi ?
- Parce que ma jupe et ma chemise me lâchent. Je ne nage pas dedans, mais j'ai quand-même dû les resserrer avec un sort… Il y a deux semaines, elles m'allaient encore très bien !
- Ce ne sont peut-être pas elles, le problème, mais toi…
Pansy fronça les sourcils.
- Comment ça ?
- Depuis une dizaine de jours, je ne te vois plus dans la Grande Salle le matin, ce qui me fait penser que tu ne viens plus prendre le petit-déjeuner, supposa Daphné. À force de sauter des repas, tu as dû perdre du poids et c'est pour ça que tes vêtements ne sont plus à ta taille.
- Je m'en serais aperçue si j'avais maigri, rétorqua Pansy.
- Pas forcément. Il me semble que tu révises un peu trop et que tu ne fais plus assez attention à toi-même… Si je ne te vois plus dans la Grande Salle, en revanche, je te vois beaucoup plus qu'avant à la bibliothèque. Tu y es presque tout le temps. Et le soir, je peux distinguer à travers tes rideaux pas tout à fait fermés que tu as le nez plongé dans tes parchemins. Il m'est même arrivé plusieurs fois de te découvrir endormie sur tes cours en venant te voir à deux heures du matin car il y avait toujours de la lumière dans ton espace… Il n'y a pas des matins où ça t'a paru bizarre de te réveiller sous tes draps, sans tes cours à proximité, alors que tu ne te souvenais pas de t'être couchée et d'avoir rangé tes parchemins ?
Cette question troubla Pansy. Elle s'était effectivement déjà faite cette réflexion.
- C'est moi qui avais remonté tes couvertures et qui t'avais délestée de tes cours. La première fois, je ne me suis pas inquiétée, mais les fois d'après, ça m'a troublée que tu t'assoupisses aussi tard sur tes cours, et ce, à de multiples reprises… Et ceci ajouté au fait que tu ne manges plus le matin et que tu passes tout ton temps libre à la bibliothèque, ça m'a fait cogiter et ça m'a préoccupée. Et je suis sûre que je ne suis pas la seule. Tes amis ne t'ont fait aucune remarque à ces sujets ?
- Si, murmura Pansy. Draco me saoule beaucoup parce que je ne suis jamais là au petit-déjeuner…
- Il se fait juste du souci pour toi, et il y a de quoi. Tout ça n'est pas normal, Pansy. Tu es trop accro aux révisions, il n'y a plus que ça qui compte pour toi. Tu n'étais pas comme ça, avant. Il faut que tu te ressaisisses. Car tu vas finir par te mettre en danger, si tu continues ainsi. Mais n'essaie pas de te sortir toute seule de cette situation, ça va être très dur, il faut que tu sois suivie pour ça. Va voir le professeur Snape, lui saura t'aider et trouver le pourquoi de ton comportement. Fais-le, Pansy, c'est important.
Daphné tapota l'épaule de Pansy et s'apprêta à quitter le dortoir. Mais une fois devant la porte, elle se retourna :
- Oh, ma baguette…
Elle rejoignit Pansy qui, tel un automate, lui tendit sa baguette. Daphné la récupéra, remercia Pansy et s'en alla. Pour la deuxième fois en une heure, Pansy resta un moment sans bouger, sonnée par ce que lui avait dit Daphné. Après avoir répété maintes fois à ses amis qu'elle allait parfaitement bien et qu'ils n'avaient pas à s'en faire, elle commençait à comprendre que son attitude n'était pas aussi saine qu'elle ne le croyait. Mais elle n'avait pas le choix, elle devait réussir ses BUSE… Et il fallait à tout prix qu'elle ait un Effort Exceptionnel en Défense Contre les Forces du Mal ! Or, elle n'avait eu qu'un treize à son dernier devoir individuel… Mais tu as beaucoup révisé depuis, bien plus que tu ne le faisais entre deux devoirs, tu n'as pas eu l'occasion de te tester puisqu'il n'y avait plus de devoirs, mais tu dois être au point, lui souffla sa voix intérieure. Pansy dut admettre qu'elle n'avait pas tort. Mais subsistait toujours cette crainte en elle de ne pas être prête pour les BUSE… Elle était perdue, elle ne savait plus quoi penser… Elle décida de chasser tout cela de son esprit et d'aller à la bibliothèque, peu importe ce qu'en dirait Daphné. Elle sortit du dortoir, puis de sa salle commune et prit la direction des escaliers. Sur le chemin, elle croisa Ron.
- Salut ! Tu es déjà levé ?
- Oui, il est tout de même neuf heures…
- Oui, mais pour un jour où on n'a pas cours, c'est tôt, pour toi…
- Je t'ai dit la semaine dernière que j'allais me conditionner dès ce week-end à me lever tôt pour ne pas être décalqué lors des BUSE…
- Ah oui, maintenant que tu le dis… C'est une bonne initiative.
- J'en profite pour réviser. Je m'en fichais, des BUSE, jusque-là, mais je me suis souvenu d'un coup qu'il fallait un Effort Exceptionnel dans bon nombre de matières pour être autorisé à les poursuivre, et ça craindrait un peu si je n'avais que les sortilèges et l'histoire de la magie qui sont des matières qui ne requièrent aucune note minimale… Tiens, vu que tu es là, pour demain, c'est toujours prévu qu'on y aille ensemble ?
La question de Ron décontenança Pansy. De quoi parlait-il donc ? Son regard devait refléter son état d'esprit car un air déçu s'afficha sur le visage de Ron.
- Tu as oublié, lâcha-t-il avec du reproche dans la voix.
- Non, c'est juste que… je… Pardon, bredouilla-t-elle.
- Tu étais pourtant heureuse quand on nous a appris qu'il y aurait une sortie à Pré-au-Lard la veille du début des examens… Tu avais lancé que ça changerait, pour une fois, d'y aller en semaine…
Pré-au-Lard ! Comment avait-elle pu passer à côté de ça ?! Ce n'était pas du tout son genre… Elle était toujours la première à se réjouir et à faire la liste de tous les endroits où elle désirerait aller ! Et là, elle avait totalement zappé… Elle avait même prévu de travailler tout l'après-midi sur ses cours de Défense Contre les Forces du Mal et de potions…
- C'est que ce n'est pas habituel, d'y aller un mardi, alors ça ne s'est pas ancré dans ma mémoire, se justifia-t-elle. Mais le truc, c'est que j'avais prévu de réviser…
- Mais tu vas annuler ton programme ?
Pansy ne sut quoi répondre. Aller à Pré-au-Lard la tentait beaucoup, mais cela l'obligerait à sacrifier plusieurs heures de révisions qui lui seraient grandement utiles… Il était impossible pour elle de s'y résoudre. Son absence de réaction fut alors éloquente pour Ron dont la mine s'assombrit.
- Ok, j'ai compris. Pas de visite à Pré-au-Lard en amoureux, pas de réunion avec la bande aux Trois Balais… Et moi qui me faisais une joie d'y aller, de m'aérer la tête et d'être pendant tout un après-midi avec ma petite-amie, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps… Parmi tes révisions, il faudra que tu penses à te dégager quelques minutes pour me dire si on est toujours en couple… Parce que j'en viens vraiment à me le demander…
Ron s'en alla sur ces mots. Dévastée par les paroles de Ron, Pansy ne chercha pas à le retenir. Elle ne put que se désoler d'avoir été aussi bête. Mais cet accrochage avec Ron lui fit réaliser pleinement que Daphné avait raison, et qu'elle devait agir, et vite. Elle était en train de mettre sa santé en péril, de détruire son couple avec Ron, de s'éloigner de ses amis… Cela ne pouvait plus durer, aussi prit-elle la décision d'aller voir son directeur de maison après le déjeuner. Si elle y allait maintenant, elle risquait fort de craquer et elle tenait à garder un minimum de contrôle sur la situation… Elle n'avait même plus envie de réviser quoi que ce soit. Elle préféra retourner à son dortoir, où elle préparerait au calme sa future entrevue avec le professeur Snape…
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Tout compte fait, à treize heures, ce fut sans savoir ce qu'elle allait dire qu'elle se rendit au bureau de son professeur de potions. Elle frappa à la porte qui s'ouvrit très vite sur son directeur de maison.
- Miss Parkinson, que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Je… C'est au psychomage à qui je souhaiterais m'adresser.
- Bien, entrez.
Pansy pénétra dans le bureau et s'assit sur la chaise que son professeur lui désigna.
- Je vous écoute.
- Je fais n'importe quoi, déclara Pansy de but en blanc. Je suis tellement obsédée par les BUSE que je consacre tout mon temps à mes révisions et que je néglige les repas, mes amis et mon petit-ami, et je ne parviens plus à gérer tout ça… Jusqu'à ce matin, j'étais dans le déni, mais j'ai discuté avec une amie qui m'a fait prendre conscience que mon comportement était préoccupant…
- D'accord, nous allons traiter un à un tous les points que vous avez évoqués. Tout d'abord, vous me disiez que vous ne faisiez que réviser. C'est une très bonne chose avant des examens, surtout quand ils sont aussi importants que les BUSE, mais il y a des limites et si j'ai bien saisi, vous ignoriez où étaient les vôtres.
- C'est ça.
- Qu'est-ce qui vous a poussée à réviser autant ? Était-ce la peur de l'échec ?
- Oui, entre autres.
- Expliquez-vous.
Pansy prit une profonde inspiration.
- Comme vous le savez, ma mère attend un enfant… Il doit naître vers la mi-juillet, et c'est dans ces eaux-là que je devrais recevoir les résultats des BUSE. Si je n'ai pas la note suffisante dans une des matières que je dois poursuivre en sixième année, ça va stresser mes parents et ils n'auront vraiment pas besoin de ça avec l'arrivée du bébé… Ça pourrait même être dangereux… Ils ont tant galéré et souffert pour m'avoir, je ne veux pas qu'il y ait le moindre problème avec mon petit frère… Il n'est pas encore né que je l'aime déjà, il était si inespéré… Je m'en voudrais si quelque chose n'allait pas parce que mes parents auraient angoissé à cause de mes notes… Moi-même, je ne m'en remettrais pas s'il y avait un truc avec le bébé… Alors je tiens à préserver mes parents. Et pour ça, il faut que je fasse tout pour avoir la note requise dans toutes les matières que je dois garder pour les ASPIC.
Le professeur Snape observa un moment Pansy.
- Je vois. Vous avez eu une réaction typique, mais vous n'avez pas manifestement pas su doser. Est-ce que vous vous acharnez sur toutes les matières ou est-ce que vous mettez l'accent sur certaines d'entre elles ?
- Je révise surtout la Défense Contre les Forces du Mal, puisqu'à mon dernier devoir, je n'ai pas eu la note requise aux BUSE.
- Quelle note aviez-vous eue ?
- Un treize, et j'avais onze de moyenne lors du conseil d'orientation…
- Oui, je me le rappelle. Je vous avais même conseillée d'aller quérir l'aide du professeur Gordon si vous aviez du mal à redresser la barre. L'avez-vous fait ?
- Non, je me suis dit qu'en travaillant dur, je remonterai toute seule mon niveau, mais je n'ai même pas atteint la note la plus basse pour avoir un Effort Exceptionnel…
Le professeur Snape attrapa un dossier qu'il feuilleta.
- Depuis votre conseil, vous avez eu un quinze à un devoir en binôme et deux treize à un devoir sur table et à un devoir individuel. Alors qu'aux mêmes types de devoirs, vous aviez respectivement eu un quatorze, un onze et un dix durant les cinq semaines qui ont précédé le conseil. En seulement un mois et demi, vous avez gagné trois points aux devoirs que vous faisiez seule. Vous n'étiez qu'à un point de l'Effort Exceptionnel, Miss Parkinson. Depuis que les professeurs ont cessé de donner des devoirs, vous aviez plus de temps qu'avant pour relire vos cours, et s'il y a deux semaines, il y avait eu un devoir individuel ou sur table en Défense Contre les Forces du Mal, je suis sûr et certain que vous auriez eu haut la main un Effort Exceptionnel. Vous avez su réagir promptement dès que vous avez eu connaissance de vos moyennes et vous n'aviez pas besoin de vous consacrer corps et âme à vos révisions comme vous l'avez fait. Je ne vous fais aucun reproche, mais vous auriez dû venir me voir dès que vous vous êtes mise à paniquer pour les BUSE. Car il n'y avait pas que la crainte de ne pas avoir la note requise à l'examen de Défense Contre les Forces du Mal, il y avait aussi la crainte d'angoisser vos parents… Et c'est tout à fait légitime. Mais vos parents auraient su faire la part des choses, ce qui n'est peut-être pas votre cas, et c'est bien normal, étant donné que vous êtes jeune et directement concernée. Et vous semblez oublier une chose. La session de rattrapages n'est pas faite que pour les élèves qui n'auront pas eu la moyenne à leurs examens, elle est aussi faite pour ceux et celles qui n'auront pas eu la note requise pour pouvoir continuer à suivre le cours en sixième ou en septième année ou pour pouvoir intégrer la formation de leurs rêves. Vous aurez donc une seconde chance si vous n'avez pas un Effort Exceptionnel à votre examen de Défense Contre les Forces du Mal, ou même à un autre examen. Il peut arriver que vous tombiez sur un des seuls sujets que vous ne maîtrisiez pas trop. En termes de pourcentages, c'est la troisième raison pour laquelle les élèves vont aux rattrapages, après le faible niveau général et l'absence à l'examen. Et ce qui est bien, avec cette seconde session, c'est que vous n'aurez à vous concentrer que sur les matières que vous aurez à refaire. Votre cerveau aura bien moins de choses à emmagasiner. Vous seriez surprise de découvrir la différence des notes de bon nombre d'élèves entre la première et la seconde session. Se focaliser sur moins de matières peut permettre à des élèves de passer d'un Piètre à un Optimal. Et c'est loin d'être rare. Mais cela vient souvent d'un problème d'organisation. Ce qui n'est pas votre cas.
- Non, je n'ai pas à me plaindre de ce côté-là.
- Ce qui est un bon point pour vous.
Pansy acquiesça. Elle était déjà beaucoup plus détendue.
- C'est vrai que je n'avais pas pensé aux rattrapages… Ni à tout ce que m'avez dit. Je me sens plus sereine, à présent.
- Cela prouve que vous avez bien fait de venir me voir. Êtes-vous rassurée au sujet de votre examen de Défense Contre les Forces du Mal ?
- Oui.
- Êtes-vous rassurée au sujet de vos parents ?
- Oui.
- Bien. Maintenant, nous allons parler des conséquences qu'ont eu vos révisions excessives sur vos relations et sur votre bien-être. Vous me disiez que vous négligiez vos repas. Pouvez-vous être plus précise ?
- Ce sont surtout les petits-déjeuners que je saute. Et parfois le déjeuner ou le dîner, mais c'est plus rare.
- Et lorsque vous daignez assister aux repas, est-ce que vous prenez le temps de manger ?
- Pas trop, avoua Pansy. Je ne reste environ que vingt minutes dans la Grande Salle.
- Ah oui, en plus de ne pas manger le matin, vous vous nourrissez peu lors des autres repas… Vous avez pris de très mauvaises habitudes alimentaires. Est-ce que cela a eu des conséquences sur votre poids ?
- Oui, je me suis rendue compte ce matin que mes vêtements me lâchaient, comme s'ils avaient pris une taille.
- Alors que c'est vous qui en avez perdu une, compléta le professeur Snape. Il était vraiment temps que vous réagissiez. À ce rythme, vous auriez pu faire un malaise lors des examens… Mais encore une fois, je ne vous reproche rien. Je vous félicite même d'avoir su vous remettre en question.
- J'ai été aidée…
- Oui, mais le déclic est venu de vous, même si vous avez été aiguillée par une de vos amies. Vous auriez très bien pu rester dans le déni. Vous me disiez également qu'à force de passer votre temps à réviser, cela avait eu un impact sur votre relation avec vos amis. Qu'en est-il exactement ?
- Ils s'inquiètent beaucoup pour moi, et ça a eu le don de m'agacer, parce que j'étais justement dans le déni et que selon moi, ils n'avaient aucun souci à se faire. Le temps que je passais sur mes cours, c'était du temps que je ne passais pas avec eux, et autant dire que je n'en passais presque plus avec eux.
- C'est ce que Draco m'avait dit. Il m'avait touché deux mots de votre attitude, il y a environ deux semaines, mais à ce moment-là, il n'y avait pas lieu de s'en faire. Je n'avais pas de raison spéciale de vous convoquer. Je lui avais néanmoins recommandé de faire attention à vous et de revenir vers moi si vous mettiez votre santé en danger. Et vu ce que vous me dites, c'est apparemment le cas.
- Draco n'avait pas de preuves concrètes que je ne mangeais plus le matin, je pouvais très bien être dans la Grande Salle avant ou après lui…
- Ce n'est pas faux. Mais il n'y a qu'avec Draco que vos relations se sont tendues ?
- À ce point, oui. Mais je sais bien que Théo et Blaise s'en font aussi pour moi. Sauf qu'ils n'osent rien me dire, vu qu'il y a déjà Draco qui me fait la morale… Et il y a également le reste de la bande qui doit se faire du souci.
- Et votre petit-ami ? Vous l'aviez évoqué, tout à l'heure.
- Oui, ça ne va pas fort avec lui non plus… Je me suis disputé avec lui, ce matin, dévoila tristement Pansy. Il a voulu s'assurer que c'était toujours ok pour qu'on aille à Pré-au-Lard ensemble et j'ai eu un instant de blocage car j'avais complètement oublié cette sortie… J'avais même prévu de réviser tout l'après-midi… J'aurais très bien pu rattraper le coup en annulant mes plans, c'est d'ailleurs ce que Ron a cru que j'allais faire, mais pour moi c'était inenvisageable… Et ça, Ron l'a bien deviné. Et il l'a très mal pris. Il est parti en me lançant qu'il allait falloir que je songe à lui préciser si nous étions encore en couple, car il en doutait fortement… Ça m'a totalement anéantie. C'est là que j'ai réalisé que mon obsession pour les révisions était allée trop loin et que je devais y remédier. Et c'est ce qui m'a conduite ici.
- Et vous avez bien fait. Vous avez fait le plus gros du travail en prenant conscience de la situation et en venant vous adresser à moi. C'est pourquoi je pense que cette discussion sera suffisante. Je ne vais pas vous imposer un suivi trop strict. Vous n'êtes pas fragile psychologiquement parlant, votre comportement a été causé par un stress et des craintes que vous n'avez pas pu contrôler. Nous allons tout de même nous voir tous les trois jours, nous parlerons pendant une demie-heure afin de voir si ça va mieux, car le but sera que vous ne retombiez pas dans vos travers. Et je vais vous donner des potions destinées à vous détendre. C'est de ça dont vous avez besoin. Pour ce qui est des examens, je vous conseille de réviser encore aujourd'hui si vous estimez que c'est réellement nécessaire, mais pas toute la journée, seulement quelques heures. Si vous ne vous sentez pas capable d'arrêter, alors ne vous y replongez pas et faites autre chose. Et demain, je veux que vous laissiez de côté tout ça et que vous vous amusiez. Ce n'est pas pour rien s'il y a une sortie à Pré-au-Lard la veille du premier jour des examens. C'est pour que les élèves puissent s'aérer l'esprit et qu'ils soient dans les bonnes conditions pour démarrer les examens. Je vous enjoins également, pour votre bien-être, à cesser de sauter les petits-déjeuners, d'y assister et de manger. Je n'hésiterai pas à m'informer régulièrement auprès de Draco à ce sujet. Pour ce qui est de vos amis, rassurez-les au plus vite en leur disant que vous avez retrouvé toute votre lucidité et que vous vous êtes confiée sur ce qui vous a menée à vous enfermer ainsi dans vos révisions. Et enfin, pour votre petit-ami, faites exactement la même chose, excusez-vous et allez à Pré-au-Lard avec lui. Si vous en avez envie, bien sûr. Mais je suis persuadé que ça vous fera le plus grand bien.
Pansy acquiesça de nouveau.
- J'irai. Merci, professeur. Vous avez dit que nous devrons nous voir tous les trois jours, je n'ai pas encore mon emploi du temps, mais jeudi, je serai sûrement en examen, donc à quelle heure devrai-je venir précisément ?
- Dix-huit heures, si cela vous convient.
- C'est parfait.
- Bien, je vais vous fournir les potions et vous pourrez y aller.
Le professeur Snape se leva et alla chercher des fioles qu'il tendit à Pansy. Celle-ci les mit dans son sac, remercia son directeur de maison, lui souhaita une bonne fin de journée et quitta le bureau. Elle avait l'agréable sensation que son coeur avait été libéré d'un gros poids. Elle était bien plus apaisée et cela faisait du bien. Évidemment, il restait du chemin à faire, mais comme l'avait dit le professeur Snape : le plus gros était fait. Ce fut avec bonne humeur qu'elle se rendit à sa salle commune. Elle n'avait qu'une idée en tête : aller dans son dortoir et lire un de ses livres préférés. Mais lorsqu'elle vit Draco et Blaise, elle changea d'avis et les rejoignit.
- Salut les garçons !
Ses meilleurs amis sursautèrent et la regardèrent avec surprise.
- Tu as décidé de réviser ici ? s'intrigua Blaise.
- Non, je suis juste venue blablater avec vous.
Pansy sortit sa baguette et créa une bulle de silence autour d'elle et de ses amis.
- Je reviens du bureau de ton parrain, Draco.
- Il t'a convoquée ?
- Non, j'y suis allée de mon plein gré. Je vais tout vous expliquer…
Pansy raconta alors à Blaise et Draco les raisons qui l'avaient amenée à faire une sorte de fixette sur les BUSE ainsi que la conversation qu'elle avait eue avec Daphné, puis sa dispute avec Ron et son entrevue avec le professeur Snape.
- J'aurais dû me douter qu'il y avait quelque chose dans le genre derrière tout ça, soupira Draco.
- Non, je t'arrête tout de suite, tu n'y es pour rien, affirma fermement Pansy. Tu as fait de ton mieux pour me raisonner, mais j'étais trop entêtée pour t'écouter.
- Daphné a su trouver les bons mots, elle…
- Parce que je suis moins proche d'elle que de vous, et parce qu'il y a des personnes qui ont plus de facilités à percer la carapace des autres.
- Mmmh… Mais du coup, tu vas mieux ? Tu ne vas plus passer tes journées à réviser ?
- Non, je vais faire des efforts, promit Pansy. Ça m'a tellement douchée de me rendre compte que je faisais n'importe quoi que je n'ai même plus envie de retourner à mes parchemins…
- Tant mieux ! Mais Severus ne t'a pas relâchée dans la nature comme ça ? Tu as eu le déclic, certes, mais un rien peut te faire replonger…
- Non, je dois aller le voir deux fois par semaine pour vérifier que tout aille bien, et j'ai des potions à prendre pour diminuer le stress.
- Ah, cool.
- Ton parrain sait ce qu'il fait, Draco, se moqua Pansy.
- Oui, mais il est tellement débordé qu'il aurait pu traiter ton cas à la légère…
- Il n'est pas comme ça, Draco, même avec plein de travail par-dessus la tête, intervint Blaise.
- C'est vrai, admit Draco. Quoi qu'il en soit, il faudra que Daphné me donne son secret pour te faire entendre raison…
«C'est le moment» songea Pansy.
- Ça lui vient peut-être de son côté animal…
Draco et Blaise froncèrent les sourcils.
- De quoi tu parles ? s'étonna Blaise.
Pansy fit mine d'être gênée.
- Ben… on a tous un côté animal en nous, non ?
- Oui, les moldus prétendent qu'on descend du singe, mais il y a des siècles et des siècles qui se sont écoulés depuis, répliqua Blaise. Nous sommes des humains, maintenant, pas des animaux. Et tu as évoqué le côté animal de Daphné comme s'il ne lui était propre qu'à elle…
- Non, pas du tout…
- Pansy, tu n'as jamais été très douée pour mentir, indiqua Draco. Dis-nous la vérité. Pourquoi as-tu fait cette supposition ?
- Ce n'est pas à moi de vous le dire…
- On a le droit de savoir, Pansy ! C'était notre amie, à Blaise, à Théo et à moi, avant d'être la tienne, alors si tu sais quelque chose sur elle, tu dois nous le dire ! Qu'est-ce qu'il y a, avec Daphné ? C'est quoi, ce côté animal dont tu parlais ? Elle a été mordue par un loup-garou ? Par un vampire ?
- Ça se saurait si Daphné était un vampire, Draco, souligna Blaise. Par contre, un loup-garou…
- Si elle a été mordue en-dehors de la pleine lune, elle ne peut avoir que de légères caractéristiques facilement dissimulables, compléta Draco. Alors c'est ça ? Elle a été mordue ? Réponds, Pansy ! Tu nous inquiètes, là !
- Je répondrais si tu me laissais le temps d'en placer une, rétorqua Pansy. Mais c'est bon, je vais tout vous dire. Mais d'abord, je tiens à préciser que je ne le sais que depuis ce matin, c'était donc assez compliqué de vous en faire part avant. Bon, Draco, est-ce que tu te souviens du rongeur que tu as vu près des escaliers ?
- Oui, je ne suis pas près d'oublier, ironisa Draco.
- Eh bien, ce n'était pas un rongeur comme les autres.
Pansy marqua une pause.
- C'était Daphné, ajouta-t-elle.
Ses deux amis écarquillèrent les yeux.
- Quoi ?! Mais… d'où tu sors ça ?!
- C'est elle qui me l'a avoué.
- Et pourquoi elle t'aurait dit ça à toi et pas à nous ?! s'indigna Draco.
- Parce que j'ai vu un rongeur se glisser hors de ses couvertures et s'enfuir avant de faire face à une énième apparition surprise de la part de Daphné. C'en était trop, j'ai voulu avoir des explications et elle m'a appris que ce rongeur, c'était elle et qu'elle était un Animagus.
- Mais… c'est impossible, souffla Blaise.
- Je t'assure que si. Je l'ai vue se transformer sous mes yeux.
- Mais comment elle a fait ? Ça exige énormément de capacités et d'entraînement !
- Elle n'y est pas arrivée en un claquement de doigts, elle s'est longuement exercée, précisa Pansy. Et Daphné est une grande sorcière.
- Mais pourquoi a-t-elle voulu devenir un Animagus ?
- Pour échapper aux sentiments néfastes qui la plombaient à cause de la tyrannie de ses ordures de père et de fiancé. C'était soit ça, soit elle tombait en dépression. Et je pense même qu'à long terme, elle aurait pu faire une bêtise. C'est juste inhumain, la façon dont la traite son père. Et son imbécile de fiancé n'est pas mieux… Sous sa forme Animagus, elle est moins impactée par la tristesse et par les autres mauvaises émotions.
- C'est ce que le professeur Black disait, se rappela Blaise. C'est grâce à sa forme Animagus qu'il a pu tenir le coup sans sombrer dans la folie comme les autres détenus face aux Détraqueurs…
- Exactement. Et c'est pareil pour Daphné. Dès que la pression se fait trop forte et qu'elle est sur le point de craquer, elle se métamorphose et ça lui procure un certain soulagement. Vous vous doutez bien qu'elle ne pouvait pas en parler à quiconque, vu qu'elle était dans l'illégalité… Moins il y avait de personnes au courant, plus elle était en sécurité.
- Je comprends, déclara Draco. Et je suis content pour elle qu'elle ait trouvé un moyen de s'isoler de ce qui la fait souffrir, même si ce qu'elle fait est interdit par la loi… Du moins, tant qu'elle ne s'est pas faite recenser par le registre des Animagus.
- À mon avis, elle ne le fera pas tant qu'elle sera à Poudlard, estima Pansy.
- Elle se mettrait en danger, si elle faisait ça… Mais c'est cool qu'on sache, je n'aurai plus peur si je vois un rongeur dans le château…
- Qui te dit que ce sera forcément Daphné ? se moqua Blaise.
- Personne, mais ça me rassurera de le croire, se justifia Draco. Merci d'avoir fait cette gaffe, Pansy.
Les mots de Draco mirent Pansy mal à l'aise. Cela ne lui plaisait pas d'avoir en quelque sorte menti. Elle décida de leur dire toute la vérité.
- En fait, ce n'était pas une gaffe… Daphné aurait souhaité vous annoncer elle-même qu'elle avait une double identité, mais elle ne se sentait pas de refaire le récit qu'elle m'a fait. C'est très difficile pour elle, au niveau psychologique et émotionnel, de se confier sur tout ça… Je lui ai alors proposé de le faire à sa place, mais sous la forme d'une grosse bourde, pour ne pas que vous croyiez qu'elle m'avait refilé le sale boulot…
- On n'aurait jamais cru ça, mais c'est bien d'avoir été honnête, apprécia Draco.
- Je déteste vous cacher des choses. Bon, je vais vous laisser, je vais essayer d'aller me réconcilier avec Ron.
- J'espère que ça va aller, s'inquiéta Blaise.
- Mais oui, il sera trop rassuré pour continuer à me faire la tronche… Allez, j'y vais.
Pansy quitta la salle commune sur ces mots. Elle était presque sûre que Ron était dans son dortoir, aussi se dirigea-t-elle vers les escaliers qu'elle gravit jusqu'au septième étage. Elle se rendit ensuite à la Tour Gryffondor, puis à la salle commune de son petit-ami. N'ayant pas le mot de passe, elle se résigna à attendre l'arrivée d'un Gryffondor, ce qui se produisit quelques minutes plus tard.
- Tu cherches Ron ? s'enquit Parvati.
- Oui, j'ignore s'il est là…
- Je vais voir.
Parvati entra dans sa salle commune et Pansy pria pour que Ron soit là et pour qu'il veuille bien lui parler. Ses vœux furent exaucés puisque Ron ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Il sembla un peu partagé en la voyant. Apparemment, Parvati ne lui avait pas divulgué le nom de sa visiteuse… Il y eut un bref silence que Pansy s'empressa de briser :
- Si tu veux que je reparte, dis-le-moi, je le ferai…
- Non, c'est juste que… je ne sais plus trop à quoi m'en tenir avec toi. Depuis une dizaine de jours, j'ai l'impression de ne plus exister pour toi, et là, c'est toi qui viens vers moi alors que ce matin, tu préférais sacrifier une sortie à Pré-au-Lard avec moi au profit de tes révisions…
- Oui, c'est normal que tu sois un peu déboussolé, mais je suis justement là pour m'excuser et pour t'expliquer ce qui s'est passé dans ma tête…
- Ça m'intéresse beaucoup, ça, fit Ron en souriant. Est-ce qu'on peut aller à mon dortoir ? On y sera mieux qu'ici…
Pansy acquiesça et suivit Ron à travers la salle commune, puis jusqu'à son dortoir. Ils s'installèrent sur le lit de Ron et Pansy mit quelques minutes avant de se lancer et de tout raconter à Ron. Celui-ci l'écouta attentivement et la peine ainsi que le regret se lurent sur son visage tout au long du récit.
- Pourquoi est-ce que je n'ai pas tenté de savoir ce qui te poussait à être autant studieuse…
- Je vais te dire ce que j'ai dit à Draco : tu n'y es pour rien, tu n'as aucun reproche à te faire. C'est moi qui ai paniqué et qui ai fait les mauvais choix. Et je suis désolée de m'être ainsi éloignée de toi. Ce n'était pas contre toi…
- Je sais bien, et je ne t'en veux pas, assura Ron. Le principal, c'est que tu aies réagi et que tu te sois adressée à la bonne personne. Moi, tout ce qui m'importe, c'est que tu redeviennes comme avant et que tu ailles bien dans ta tête.
Émue, Pansy se pencha vers Ron et l'embrassa tendrement. Il répondit à son baiser avec tout autant de douceur et Pansy put le sentir sourire contre ses lèvres. Elle mit fin au baiser, intriguée.
- Je viens d'avoir la preuve que ça va mieux, s'amusa-t-il. Ça faisait un moment que tu n'avais pas initié un baiser.
Pansy rougit.
- Il faut croire que ça m'a manqué, rétorqua-t-elle, mutine.
- Je suis entièrement pour le fait qu'on se rattrape, suggéra Ron sur le même ton. Mais d'abord, est-ce que tout cela signifie aussi qu'on va pouvoir aller à Pré-au-Lard ensemble ?
- Oui, mille fois oui, attesta Pansy. On ira ensemble et comme prévu, vers la fin de l'après-midi, on se réunira avec le reste de la bande aux Trois Balais. Et entre-temps, on se baladera un peu partout. Il y a des endroits où tu veux aller ?
- Oui, à Scribenpenne et à Gaichiffon. Et toi ?
- Pareil, en plus de Derviche et Bang. J'ai envie de voir quels objets ils proposent.
- Pas bête, je n'ai jamais le réflexe d'y aller, alors que les objets n'y sont pourtant pas chers… Tout ça va nous occuper pendant deux bonnes heures, ce sera pile l'heure pour aller aux Trois Balais. Ça va être agréable d'être réunis une ou deux heures, loin de tout, autour d'une bonne bièraubeurre ou d'un bon verre de jus de citrouille…
- Oh oui… On sera tout détendus quand on rentrera à Poudlard…
- C'est le but, et c'est vraiment cool qu'on ait une sortie à Pré-au-Lard la veille du premier jour des examens. On y va toujours le dimanche, mais un mardi, ça changera, estima Ron. L'ambiance sera sans doute légèrement différente. Les gens seront au travail, il y aura moins de monde. Et c'est une bonne chose. Oh, j'oubliais, mais George sera sûrement là, vu que son petit-ami a rendez-vous aux Trois Balais avec Harry pour le conseiller sur son futur capitanat, étant donné qu'il a été durant trois ans le capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Et il y aura peut-être aussi Fred. J'essaierai de les croiser afin de les remercier pour ce qu'ils nous ont fourni pour la fête. Et comme ça, je leur restituerai les produits dont ils m'avaient missionné de faire la pub.
- D'accord, avec un peu de chance, tes frères seront aux Trois Balais quand on ira là-bas…
- Je l'espère. En tout cas, je suis trop content qu'on y aille ensemble. Et que tu aies lâché tes satanés parchemins. Je sais que tu dois tout de même stresser pour les BUSE, mais tu n'as pas à t'en faire. Tu es prête, et tu auras les notes nécessaires dès le premier coup. J'en suis convaincu.
Pansy sourit, touchée par les mots de Ron.
- Tu es adorable…
Elle embrassa de nouveau Ron qui lui rendit volontiers son baiser. Il s'allongea, entraînant avec lui Pansy qui n'opposa aucune résistance. Au contraire, elle se pressa contre lui et entreprit de dégrafer sa robe de sorcier. Ron ne broncha pas et en fit autant avec la sienne. Une fois libérés de leurs robes, Pansy glissa ses mains sous la chemise de Ron. Le baiser s'approfondit tandis que Pansy caressait le torse de Ron qui, lui, faisait voyager ses mains sur le dos de Pansy. Les chemises furent bientôt de trop, ce qui les poussa à les ôter. Ils purent explorer à leur guise le haut du corps de leur moitié, ce dont ils profitèrent allègrement. Si Pansy avait le luxe d'avoir chaque centimètre de la peau de Ron à sa portée, ce n'était pas le cas de ce dernier qui faisait face à un sous-vêtement assez encombrant. Devinant sa frustration, Pansy voulut le retirer, mais Ron l'en empêcha :
- Attends, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée…
- Pourquoi ? s'intrigua Pansy.
- Parce que j'ai peur qu'on aille trop vite, révéla Ron. Si on continue comme ça, je vais avoir envie de bien plus que ce qu'on a l'habitude de faire…
- Moi aussi, pour être honnête, avoua Pansy. Mais ça tombe bien, du coup. Si on en a tous les deux envie, pourquoi est-ce qu'on s'en priverait ?
Un réel dilemme parut faire rage dans l'esprit de Ron dont les yeux brillaient de désir contenu.
- Ce ne serait pas raisonnable, finit-il par dire, avec du regret dans la voix. On vient tout juste de se réconcilier après avoir traversé une période quelque peu tendue, on devrait se donner un peu plus de temps avant de songer à aller plus loin… Et puis je ne suis pas certain d'être totalement prêt. J'en ai envie, oui, mais… c'est trop tôt, je préfère qu'on s'en tienne aux caresses.
- Je comprends, affirma doucement Pansy.
- Ça ne te semble pas… ridicule ?
- Pas du tout, s'offusqua Pansy. Tu croyais que je me moquerais de toi car ce sont souvent les filles qui ont cette réaction ? Si oui, alors tu te trompais. Pour moi, ça prouve seulement que tu es doté de sensibilité et que tu ne penses pas qu'à ça. Et ça ne me fait que t'aimer davantage. Si j'avais Merlin devant moi, je le remercierais de m'avoir donné un petit-ami aussi humain, aussi tendre, aussi franc et aussi prévenant que toi. Je ne t'échangerais pour rien au monde.
Ron regarda Pansy avec tant d'amour qu'elle en fut bouleversée. Il lui offrit un doux baiser auquel elle participa avant qu'ils ne séparent leurs lèvres.
- Il vaut mieux qu'on ne fasse rien aujourd'hui, décréta Pansy. Ça évitera toute frustration.
- Je suis d'accord, approuva Ron. En plus, il n'y avait encore rien, chez moi, je n'aurais même pas eu besoin de me soulager…
- Tant mieux, mais s'il l'avait fallu, je me serais fait un plaisir de t'aider…
- Une autre fois, s'amusa Ron.
Pansy sourit en guise d'approbation et récupéra les affaires qu'ils avaient jetées par terre. Lorsqu'ils se furent rhabillés, Pansy se blottit tout contre Ron qui l'entoura de ses bras. Elle exhala un soupir de bien-être. Elle était certes un peu déçue que leur moment intime ait été avorté, mais elle était de l'avis de Ron. Ce n'était que partie remise, songea-t-elle. Ils auraient le temps de le faire plus tard, même si cela devait se faire après les vacances…
.
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POV Théo
.
- Bon, quand il faut y aller, il faut y aller…
Ce fut sur ces paroles pleines de bon sens que Théo se leva. Il n'avait jamais autant traîné au lit, lui qui était toujours le premier debout. Même lorsqu'il s'était couché à cinq heures du matin la veille, après la fête, il s'était levé à neuf heures, soit une heure et demie avant Draco. Blaise, lui, avait fait la grasse matinée jusqu'à quatorze heures. Mais là, pour une fois, Théo s'était autorisé à rester tard au lit, espérant ainsi rattraper son sommeil qui lui manquait tant. Car depuis une dizaine de jours, il dormait très peu, son esprit refusant de s'apaiser. Mais il fallait à tout prix qu'il se repose… Il avait donc tenté de prolonger sa nuit, mais cela n'avait servi à rien, car il n'avait pas réussi à tomber dans les bras de Morphée, étant trop éveillé pour cela. De toute manière, il n'aurait pas pu roupiller bien longtemps, ayant rendez-vous avec Justin à onze heures. Il était presque dix heures et demie, il avait largement le temps de se préparer. D'autant plus qu'il n'avait pas à aller dans la Grande Salle, étant donné qu'il était trop tard pour le petit-déjeuner. Il s'habilla donc sans se presser, quitta son dortoir et sa salle commune, puis les cachots, et se dirigea vers les escaliers. Il monta au septième étage et traversa les couloirs jusqu'à celui de la tapisserie de Barnabas le Follet. Justin n'était pas encore là. Théo patienta devant la salle sur demande mais fut néanmoins vite rejoint par son petit-ami.
- Je suis en retard ? s'inquiéta celui-ci.
- Non, c'est moi qui suis en avance, nuança Théo.
Rassuré, Justin combla la distance qui le séparait de Théo et l'embrassa.
- On y va ? suggéra-t-il.
Théo acquiesça et fit les trois allers-retours nécessaires pour faire apparaître la salle sur demande. Il entra avec Justin et tous deux s'installèrent sur les couvertures jaune et argent. Ils se délestèrent de leurs robes de sorcier, afin d'être plus à l'aise.
- Pourquoi est-ce que tu as voulu qu'on se voie à onze heures ? s'intrigua Théo.
- Parce que c'était le seul moment de la journée où j'étais libre, expliqua Justin. Je tenais à réviser le reste de mes cours de potions ce matin mais je savais que j'aurais tout relu avant midi. Je ne prenais pas beaucoup de risques en te disant onze heures. Et j'avais raison puisque j'avais effectivement fini de réviser avant de venir. Cet après-midi, j'ai prévu de réviser le reste de mes cours de sortilèges et ce soir, ceux de métamorphose. Il faut impérativement qu'on soit à midi dans la Grande Salle. Je me réserve une demie-heure pour manger, comme ça, à midi trente, je me replonge dans mes révisions. Je veux avoir un max de temps pour les sortilèges jusqu'au dîner.
Théo était effaré par le programme de Justin qui était beaucoup trop lourd à ses yeux, mais il se tut, sachant que Justin serait imperméable à tout ce qu'il serait bien en mesure de lui dire.
- C'est une chance que tu aies réussi à nous consacrer une heure parmi tout ça…
Justin fronça légèrement les sourcils. Théo réalisa que sa phrase pouvait être interprétée comme une pique à son égard. Il souhaita se rattraper, mais Justin le devança :
- Tu devrais être content au lieu de me faire ce genre de remarque, protesta-t-il.
- Mais ce n'était pas méchant, répliqua Théo. Je me suis peut-être mal exprimé mais je voulais juste dire qu'avec tout ce que tu as à faire, ce n'était pas gagné que tu puisses te libérer une heure…
Justin soupira.
- Non, désolé, c'est moi, je réagis un peu trop au quart de tour…
- Ça doit être la fatigue…
- Non, c'est le stress lié aux BUSE.
- Mmmh, fit Théo. Quoi qu'il en soit, stressé ou fatigué, tu es trop tendu. Un bon massage te ferait le plus grand bien. D'habitude, c'est toi qui me masses, là, ce sera l'inverse. Si tu es d'accord, bien sûr.
- Je ne suis pas contre. C'est très gentil de ta part, dit Justin en souriant.
- Ça me fait plaisir, assura Théo. Allez, retire ta chemise et mets-toi sur le ventre.
- Ah ouais, le but, en fait, c'était de me voir torse nu, se moqua Justin.
- Tout à fait, prétendit Théo, amusé. C'est tellement mon genre… Non, plus sérieusement, c'est plus pratique pour moi, et plus agréable pour toi…
- C'est vrai.
Justin se débarrassa de sa chemise et s'allongea à plat ventre. Théo posa ses mains sur les épaules de son petit-ami et entreprit de le masser. Justin demeura crispé pendant quelques minutes avant de se relaxer petit à petit sous les doigts de Théo. Il poussa un soupir de bien-être, ce qui ravit Théo.
- Tu devrais suivre la formation de kinémage avec moi, commenta Justin.
- Non merci, je ne suis pas maso, j'ai déjà une double formation qui m'attend, je ne vais pas en plus m'en rajouter une autre…
- Ouais, ça ferait trop… Non et puis c'est une bonne chose que tu ne veuilles pas devenir kinémage. Tu te ferais trop draguer. Quoique, si en guise de représailles, je me battais avec ces impudents qui oseraient tenter de te séduire, ça te ferait des séances en plus avec ces patients… Aïe !
Théo venait de pincer Justin qui tourna la tête.
- Pourquoi t'as fait ça ?!
- Ça t'apprendra à dire des bêtises.
Justin leva les yeux au ciel.
- Ça va, je plaisantais… De toute façon, ce serait complètement idiot de me battre avec ces gens-là pour qu'ils aient davantage de séances avec toi, car ça m'étonnerait beaucoup qu'ils continuent de se faire soigner par toi après s'être fait taper par ton petit-ami…
- Ça, c'est sûr ! Ils auraient trop peur de subir de nouveau le courroux du petit-ami un poil possessif et jaloux… Mais je sais bien que tu rigolais. Je ne t'imagine pas du tout aller frapper un homme qui me ferait des avances…
- C'est clair, renchérit Justin. En revanche, je suis bel et bien un minimum jaloux. Mais sans tomber dans l'excès.
- Tant que c'est léger, je trouve ça plutôt mignon. Mais si ça se met à surveiller à outrance sa moitié, à se l'approprier comme si c'était sa chose, et à lui faire des scènes pour un oui ou pour un non, là, c'est beaucoup moins mignon.
- Entièrement d'accord. Ah, c'est agréable, ce que tu fais… Plus agréable que quand tu me pinces. Tu n'es pas un Serpentard pour rien, en réalité…
- Le Choixpeau ne se trompe jamais, déclara Théo. Mais ravi que mon massage te plaise.
- Si, par un pur hasard, tu te rends compte que le métier de botaniste et de potionniste, ce n'est pas fait pour toi, tu pourras toujours t'essayer à la kinémagie…
- Tu n'abandonnes donc jamais, pouffa Théo. Tu es parfois aussi têtu qu'un Gryffondor.
- Ah oui ? Tu associes cette caractéristique aux Gryffondor ?
- Oui, pour moi, ce sont les plus têtus. Mais ils sont talonnés de près par les Serpentard.
- Je préfère être un Poufsouffle avec des caractéristiques d'un Gryffondor plutôt qu'un Poufsouffle avec des caractéristiques d'un Serpentard, décréta Justin. Ce n'est pas contre toi, hein… Mais même s'il n'y a presque plus de tensions entre les maisons, je n'aimerais pas être à Serpentard.
- Je comprends. C'est la maison où il y a le plus de gens avec un esprit étriqué.
- C'est ça.
- Pour être franc, je ne te verrais pas du tout à Serpentard, confia Théo. Tu es trop Poufsouffle pour ça.
- Mais c'est comme ça que tu m'aimes.
- Absolument. Ce n'était d'ailleurs pas un reproche, mais un compliment.
- C'est mignon…
Théo sourit et eut envie d'embrasser Justin. Mais n'ayant pas sa bouche à portée de ses lèvres, il se contenta de déposer un baiser sur la clavicule de son petit-ami.
- Ooooh, c'est très agréable, ça aussi…
- J'aurais aimé un baiser classique, mais vu que je n'avais pas tes lèvres à disposition…
- Oh mais on va y remédier…
Justin se retourna et captura les lèvres de Théo, l'entraînant dans un baiser doux et amoureux. Théo y répondit volontiers et se pressa tout contre Justin. Celui-ci l'allongea et approfondit le baiser tout en le caressant à travers sa chemise. Théo devina que Justin n'avait pas l'intention d'en rester là et ce n'était pas pour lui déplaire. En allant dans la salle sur demande, il n'avait pas spécialement dans l'idée d'avoir un moment intime avec Justin, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il n'en avait pas envie. Surtout qu'ils se voyaient très peu depuis que Justin était devenu accro aux révisions. Il valait donc mieux en profiter. Et ce fut ce que fit Justin en déboutonnant la chemise de Théo et en la lui enlevant. Il fit voyager ses mains sur le torse maintenant découvert de Théo qui fit de même sur le dos de son petit-ami. Il perçut vite une dureté contre sa cuisse, ce qui l'étonna, mais cela eut aussi le don de l'exciter. Cependant, il ne put s'empêcher de taquiner Justin :
- Tu es drôlement réactif, dis-moi…
- C'est ton massage, ton baiser et ton assurance qui m'ont mis dans cet état…
- Le massage avait pour but de te détendre, pas de t'émoustiller, s'amusa Théo.
- Je sais, mais ça devait me manquer, d'aller plus loin que des baisers… Sauf que je n'en avais pas conscience.
Théo ne fut pas très convaincu par cette hypothèse. Leur dernière relation sexuelle datait d'environ dix jours et auparavant, ils étaient restés bien plus longtemps que ça sans rien faire… Selon lui, cela faisait juste tellement de bien à Justin de se sortir la tête des cours que cela avait des répercussions sur sa libido qui s'éveillait plus facilement. Mais une fois de plus, il garda cette réflexion pour lui, ne souhaitant pas tout gâcher avec une remarque malvenue sur les révisions. Il se concentra sur les mains de Justin qui parcouraient son torse de bas en haut. Il continua à faire glisser les siennes sur le dos qui lui était offert et participa activement au baiser que Justin lui donna. Les caresses, qui furent d'abord relativement innocentes, se firent plus sensuelles, Justin effleurant régulièrement les bouts de chair de Théo qui, lui, se rapprochait de plus en plus du torse de Justin, auquel il avait accès, son chéri étant légèrement sur-élevé au-dessus de lui. En passant ses mains sur les hanches de son petit-ami, Théo constata que sa taille était un peu plus marquée, signe qu'il avait maigri. Cela le troubla, mais il n'eut pas le temps de s'y attarder car Justin délaissa sa bouche pour dévier la sienne vers une zone érogène du cou de Théo qu'il mordilla. Ceci arracha à Théo une exclamation de surprise et de plaisir mêlés. Il ne s'attendait pas à cela et il ne fut pas le seul à apprécier cette attention, preuve en fut la bosse qui était déjà présente dans son caleçon, mais qui se fit plus conséquente suite au geste de Justin. Ce dernier ne se contenta pas du cou de Théo et s'attaqua à ses tétons qu'il prit entre ses doigts et qu'il tritura. Tout cela fit monter l'excitation chez Théo qui ne savait plus où donner de la tête. Son membre, désormais bien au garde-à-vous, devenait douloureux et réclamait que quelqu'un s'occupe de lui. Sachant que Justin n'hésiterait pas à le faire mariner, Théo trouva une bonne excuse pour qu'ils passent aux choses sérieuses :
- Justin, il faut qu'on accélère, sinon on va louper le service et on ne pourra pas manger…
Justin cessa immédiatement ce qu'il était en train de faire.
- Il est quelle heure ?!
- Je ne sais pas, mais ça doit faire au moins trois quarts d'heure qu'on est là…
Justin se redressa d'un coup en poussant un juron.
- Non mais quel idiot, j'avais complètement oublié que je devais avoir quitté à midi trente la Grande Salle ! Heureusement que tu es là pour nous remettre les pieds sur Terre… C'était une très mauvaise idée d'entreprendre quoi que ce soit, on n'a pas été raisonnables sur ce coup-là… Il faut que je file, mais je ne voudrais pas te presser…
Théo écoutait Justin sans réagir, n'osant croire à ce que son petit-ami s'apprêtait à faire. Ce n'était pas possible, il interprétait sûrement mal les choses… Justin ne comptait quand-même pas le laisser comme ça, avec cette barre de fer entre les jambes, juste pour aller manger, alors qu'il n'était pas si tard et qu'ils avaient largement le temps de se soulager avant de se rendre à la Grande Salle ? Quels que furent les plans de Justin, le mutisme de Théo l'inquiéta :
- Théo, ça va ? Tu m'en veux ? Je peux t'accorder quelques minutes pour que tu t'habilles et on ira manger ensemble, si c'est ça qui te gêne…
Théo était tellement sidéré qu'il se sentit soudain las, et qu'il n'eut pas le courage de retenir Justin :
- Non, c'est bon, vas-y…
Il prononça ces mots tel un automate. Mais cela parut suffire à Justin qui lui vola un baiser avant de sortir de la salle sur demande. Théo mit un moment à revenir entièrement à lui. Son érection aurait pu avoir la présence d'esprit de s'en aller, elle aussi, maintenant que Justin n'était plus là pour s'en soucier, mais non, elle était toujours là, comme si elle le narguait… Et là, contrairement aux fois où il avait eu une érection matinale au réveil, il savait qu'il n'allait pas pouvoir la faire disparaître avec une simple douche froide, comme il avait l'habitude de le faire… Il allait devoir y mettre la main. Il ne l'avait jamais fait, même depuis que Justin lui avait donné du plaisir de cette manière, mais là, il n'avait pas le choix. Cela lui faisait un peu peur, car c'était la première fois qu'il allait toucher son sexe lorsque celui-ci était en érection, mais il songea que si la plupart des garçons le faisaient, alors il n'avait pas à être effrayé. Il ôta son pantalon afin d'être plus à l'aise et glissa directement sa main dans son caleçon. Il la dirigea ensuite avec plus de retenue vers son membre, et il frémit quand ses doigts se posèrent dessus. Il fut impressionné de découvrir à quel point c'était dur, gros et chaud. Il était pourtant au courant, n'étant pas entièrement ignare à ce sujet, connaissant la théorie mais pas la pratique, mais c'était tout de même intimidant d'en avoir la preuve. Cela n'avait rien à voir avec un sexe au repos… C'était bien plus imposant. Il fit courir ses doigts le long de son sexe et se mordit la lèvre pour ne pas gémir. C'était parfaitement idiot, puisqu'il était tout seul dans cette pièce et qu'il n'y avait donc personne qui pouvait l'entendre, mais il avait honte d'être aussi expressif alors qu'il ne faisait qu'effleurer son érection… «Oh et puis zut, j'ai le droit d'apprécier, et ça restera entre ces murs» se dit-il. Fort de cette pensée, il enroula ses doigts autour de son sexe et commença à les faire aller et venir. Cette fois-ci, il se laissa aller et exprima librement son plaisir. Il se rappela ce que lui avait fait Justin lorsqu'il l'avait soulagé de cette façon, et s'en servit autant pour suivre son exemple que pour stimuler son désir. Il intensifia progressivement le rythme, son pouce effleurant parfois son gland plus que sensible. Le plaisir qu'il en tirait était juste indescriptible. Tout en continuant ses va-et-vient, il se remémora chaque geste de Justin ainsi que les sensations que cela lui avait apportées, et cela l'incita à aller plus vite, ce qui lui soutira des gémissements de plus en plus forts. L'orgasme approchait et il n'allait pas chercher à le retarder, ayant trop besoin de se libérer de cette tension qui l'habitait. Il se souvint du corps de son petit-ami pressé tout contre le sien tandis qu'il lui faisait la même chose, de ses doigts qui lui procuraient tant de bien, de son odeur, de son souffle brûlant dans son cou, de ses gémissements alors qu'il se touchait, lui aussi… Tout cela fit grimper son excitation et lui fit augmenter la cadence de ses mouvements sur son sexe. Il accéléra de plus en plus jusqu'à ce qu'il se répande dans sa main dans un long râle de plaisir. Il demeura un instant sans bouger, les yeux fermés, se remettant difficilement de sa jouissance. Lorsqu'il eut repris à la fois ses esprits et une respiration normale, la réalité le frappa de plein fouet et il éclata en sanglots. Il relâchait tout ce qu'il contenait en lui depuis trop longtemps. En plus du fait qu'il n'aurait pas imaginé se masturber pour la première fois dans ce genre de situation, sans en avoir réellement envie, il était affreusement inquiet pour Justin qui n'en avait que pour les révisions des BUSE, qui venait de l'abandonner pour aller déjeuner et pour relire ensuite ses cours de sortilèges, qui s'éloignait de lui et de ses amis, qui avait visiblement maigri à force de sauter des repas… Théo avait bien tenté de le raisonner, en vain. Il se sentait totalement impuissant, incapable d'aider le garçon qu'il aimait par-dessus tout, et cela ne fit que redoubler ses pleurs. Il resta ainsi un bon moment, oubliant l'heure, oubliant qu'il devait aller manger, et ce ne fut que sur les coups de treize heures qu'il se calma et qu'il quitta la salle sur demande. Il descendit les sept étages et se rendit à sa salle commune en n'ayant qu'une seule envie en tête : prendre une bonne douche dans son dortoir et s'y réfugier le plus longtemps possible. Mais comme souvent, c'était quand il souhaitait être tranquille qu'il allait être alpagué par ses amis…
.
À peine Théo fut-il entré dans la salle commune qu'il fut interpellé par Draco qui était avec Blaise et qui lui fit signe de les rejoindre, ce que fit Théo.
- T'étais où ? On ne t'a pas vu dans la Grande Salle…
- Je n'ai pas fait attention à l'heure et j'ai raté le déjeuner.
Draco écarquilla légèrement les yeux.
- Comment t'as fait ?
- J'avais la tête ailleurs.
Draco regarda attentivement Théo, ce qui le gêna. Son ami le connaissait si bien qu'il n'avait qu'à l'observer attentivement pour deviner s'il allait bien ou pas.
- Mmmh, moi j'ai l'impression que tu étais trop déprimé pour avoir faim et que c'est pour ça que tu n'es pas allé manger… Tu as une petite mine…
- L'un n'empêche pas l'autre.
- Tu n'essaies même pas de nier, lâcha Draco. Mais qu'est-ce qui…
- Draco, laisse-le, intervint Blaise. Il n'a pas envie d'en parler, ça ne sert à rien d'insister. On avait quelque chose à t'annoncer, mais on verra ça plus tard, du coup, ajouta-t-il à l'adresse de Théo.
- Non mais allez-y, si ça peut me changer les idées…
- C'est un truc assez important, et dont les détails ne sont pas très joyeux, alors déjà que tu n'es pas très en forme, on ne voudrait pas te casser encore plus le moral…
- Au contraire, mieux vaut ça plutôt que vous me disiez ce que vous avez à me dire un jour où j'ai le moral…
- Ce n'est pas faux. Bon, c'est à propos de Daphné.
- Tu te souviens du rongeur qui nous avait fait peur, à Pansy et à moi, à plusieurs mois d'intervalle ? enchaîna Draco. Eh bien ce n'était pas un rongeur comme les autres, et il ne nous aurait fait aucun mal. Car cet animal, c'était Daphné. Elle est un Animagus.
Théo fut tellement pris au dépourvu qu'il fut incapable de réagir sur le moment. En temps normal, il aurait bien géré la situation en feintant ses émotions ou en avouant qu'il était au courant, mais là, il avait beaucoup trop de choses en tête pour réfléchir correctement. Il posa alors la première question qui lui vint à l'esprit :
- Comment l'avez-vous deviné ? C'est quelqu'un qui vous l'a dit ?
Draco fronça les sourcils.
- Attends, on te balance que Daphné est un Animagus et toi, tout ce que tu trouves à demander, c'est comment on l'a su ? Tu n'as même pas l'air choqué…
Théo fut terriblement gêné. Il aurait pu tenter de se rattraper et d'endormir la méfiance de ses amis, mais l'idée de leur mentir le rebuta. Il était trop honnête pour cela. Il opta donc pour la vérité :
- Je le savais déjà, avoua-t-il.
- Quoi ? T'es sérieux ? s'exclama Blaise.
- Oui…
Théo osa lever les yeux vers Draco. Celui-ci était resté silencieux, mais Théo aurait préféré qu'il lui crie dessus, qu'il exprime sa colère, même s'il détestait cela, car au lieu de ça, il le fixait avec un air qui n'augurait rien de bon. Et il en eut la preuve quelques secondes plus tard :
- Viens avec moi.
Draco lui saisit vivement le poignet et l'entraîna à sa suite. Il le conduisit jusqu'à leur dortoir qu'il insonorisa. Il pivota vers Théo qui recula d'un pas face à son air froid.
- Comment as-tu pu me cacher ça ?! vociféra-t-il.
- Daphné ne m'avait pas donné l'autorisation de te divulguer cette information, se défendit Théo.
- Mais tu n'en avais pas besoin ! Dès l'instant où tu as su que Daphné était un Animagus, tu aurais dû m'en faire part, et non garder ça pour toi !
- Ce n'est pas comme ça que je vois les choses, répliqua Théo.
- Dis plutôt que tu voulais avoir l'exclusivité, accusa Draco. Mais j'avais autant le droit que toi de le savoir ! C'était ma fiancée, je te rappelle ! J'ai failli être marié avec elle !
Théo sentit la Pimentine lui monter au nez.
- Non mais alors ça, c'est la meilleure ! Cette histoire t'est utile quand ça t'arrange ! Tu étais contre cette union, tu maudissais ton père de s'être allié avec les Greengrass, tu refusais d'épouser Daphné, et là, tu te sers de ce mariage comme argument, alors que tu le réprouvais ! Et à ce que je sache, tu n'es plus fiancé à Daphné !
- Mais ce mariage aurait pu avoir lieu ! Imagine que ça aurait été le cas, j'aurais été marié à Daphné sans avoir connaissance de quelque chose d'important à son sujet !
- Vous ne vous seriez pas mariés avant d'avoir quitté Poudlard, ça lui laissait largement le temps de t'en parler !
- Et si elle ne l'avait pas fait ?!
- Eh bien ça aurait été son choix ! Mais dans tous les cas, ce n'était pas à moi de le faire !
- Mais si Tu-Sais-Qui était encore là, si mon père n'avait pas fui, ma vie aurait été liée avec celle de Daphné !
- Ça ne change rien au fait que ça aurait été à elle de te le dire ! Mais si on suit ta logique, si c'était à toi qu'elle avait avoué être un Animagus, est-ce que tu l'aurais dit à Astoria car c'est la petite sœur de Daphné ? Elle aurait été autant légitime que toi d'être mise dans la confidence ! Tu aurais voulu quoi, au juste ? Que je trahisse la confiance de Daphné ? Juste pour satisfaire ton égo ? Je tiens juste à te signaler que si je n'étais pas tombé sur Daphné sous sa forme Animagus, si je n'avais pas vu la tâche sur son dos, je n'aurais rien deviné et elle ne m'aurait rien dit ! C'est parce que j'ai compris la vérité de moi-même qu'elle m'a tout dévoilé, sinon je serais encore dans l'ignorance à l'heure qu'il est, moi aussi ! Mais je trouve ça vraiment dommage qu'on se dispute à cause de ça. C'est Daphné qui s'en voudrait si elle nous entendait. Elle n'aurait jamais souhaité que son secret, qui n'était pas destiné à être ébruité, sème la discorde entre deux amis d'enfance…
Le remords se lut sur le visage de Draco. Toute colère avait disparu de ses traits. Il ouvrit la bouche, mais Théo, qui fut soudain pris d'un vertige, le coupa :
- Désolé, il faut que j'y aille…
Il n'attendit pas de réponse et se dirigea vers ses rideaux. Il les traversa, s'affala sur son lit et ferma les yeux, essayant par-là dissiper le malaise qui avait commencé à le gagner. Ce dernier n'avait rien d'étonnant. Ayant du mal à dormir depuis une bonne semaine, le matin-même, il avait préféré rester au lit plutôt que d'aller prendre le petit-déjeuner. À midi, il était tellement déprimé par ce qui s'était passé avec Justin qu'il en avait oublié d'aller manger. De plus, il avait dû se soulager lui-même, ce qui, de toute façon, l'aurait considérablement mis en retard… Et ce n'était pas avec ses yeux rouges et gonflés qu'il aurait osé se montrer dans la Grande Salle… Il n'avait donc absolument rien dans le ventre depuis la veille au soir, il manquait de sommeil, il était à bout psychologiquement parlant, et il venait d'avoir de fortes émotions en se disputant avec Draco… Ce malaise qu'il avait failli avoir était autant logique qu'inévitable, et c'était un miracle qu'il ait pu le contrôler. Mais ce qu'il ne put maîtriser, en revanche, ce furent les gouttes d'eau salées qui dévalèrent le long de ses joues. Pour la deuxième fois en deux heures, il pleura son chagrin, sa lassitude et son impuissance. Il n'était plus maître de rien. Il ne réussissait pas à raisonner son petit-ami qu'il voyait s'enfoncer dans une spirale infernale sans être en mesure de l'aider, il venait de se brouiller avec un de ses meilleurs amis parce qu'il avait désiré respecter le secret d'une amie qu'ils avaient en commun, il ignorait si Draco allait lui pardonner de l'avoir tenu à l'écart de cela… Si ce n'était pas le cas, si le conflit s'éternisait entre Draco et lui, allait-il perdre l'amitié de Blaise et de Pansy ? Allaient-ils se ranger du côté de Draco ? Cette perspective le terrifia et il sanglota de plus belle. Il en oublia ce qui se passait autour de lui, si bien qu'il ne se rendit pas compte tout de suite que quelqu'un s'était assis sur le lit, à côté de lui. Ce ne fut que lorsqu'une main se posa sur son épaule qu'il s'aperçut de la présence de cette personne. Cela ne pouvait être que Blaise. Il aurait pu être soulagé que son ami soit là pour lui, contrairement à ce qu'il avait craint quelques minutes plus tôt, mais il n'avait pas la force de s'entretenir avec lui, et ce fut pourquoi il le rejeta :
- Laisse-moi, Blaise, je veux être seul…
- Ce n'est pas Blaise.
Théo se crispa en entendant la voix de Draco.
- Qu'est-ce que tu fais là ? murmura-t-il.
- Je voulais m'excuser, et faire en sorte que tu arrêtes de pleurer, car je n'ai jamais aimé ça, surtout quand c'est de ma faute… J'ai été idiot, tout à l'heure. Tu avais vu juste, le fait que Daphné se soit confiée à toi et pas à moi, ça a blessé mon égo et je t'ai tenu pour responsable alors que tu n'y étais pour rien. Je suis vraiment désolé, tu ne méritais pas un tel accès de fureur de ma part et tu as bien fait de ne m'avoir rien dit concernant Daphné. C'était à elle de le faire. Mais je tiens tant à elle… Je réagis un peu trop au quart de tour dès qu'il est question d'elle, car même si j'ai toujours refusé de me marier avec elle, il n'en reste pas moins que je suis énormément attaché à elle… Il n'y avait rien contre toi, je me serais emporté de la même façon si ça avait été Blaise…
- Tu ne m'en veux pas, alors ? s'enquit Théo d'une petite voix.
- Non, c'est à moi que j'en veux, rectifia Draco. Je m'en veux d'avoir été stupide, de t'avoir fait des reproches injustifiés, de t'avoir mis dans cet état… Même si je suis presque sûr qu'il n'y a pas que moi qui en suis à l'origine. C'est aussi pour ça que je suis là. Pour te tirer les vers du nez à ce sujet. Mais je comprendrais que tu ne veuilles rien me dire, avec le comportement que j'ai eu… Tu dois m'en vouloir, toi, d'ailleurs…
Théo secoua doucement la tête.
- Non, j'ai juste cru avoir gâché notre amitié, j'imaginais déjà Blaise et Pansy devoir faire un choix entre toi et moi… Je me suis légèrement emballé, quoi.
- Ce n'est pas ça qui aurait mis fin à notre amitié, voyons, protesta gentiment Draco.
- Je sais, mais sur le coup, j'ai cru n'importe quoi…
- Ça, c'est parce que tu ne vas pas bien. Quand on est déprimé, on a tendance à tout dramatiser, on n'est plus très rationnel. Mais si tu en es à ce point, c'est que tu ne dois vraiment pas aller bien… Et il ne faut pas que tu gardes ça en toi, sinon ça va te détruire de l'intérieur. Oublie notre engueulade et confie-toi à moi, comme tu l'as toujours fait. Mais pour ça, j'aimerais être face à toi, et non face à tes cheveux.
- Mais je dois être horrible à voir…
- Ce ne sont pas des traces de larmes et des yeux rouges qui vont me faire peur…
Les mots de Draco suffirent à convaincre Théo qui se retourna.
- Ah oui, je vais m'évanouir de terreur, dis donc…
Théo attrapa son oreiller et l'abattit sur Draco qui éclata de rire.
- On ne frappe pas ses amis ! Bon, allez, dis-moi tout.
Théo prit une profonde inspiration et se lança :
- C'est Justin. Il fait n'importe quoi. Il m'avait proposé de se rejoindre à onze heures devant la salle sur demande, ce qu'on a fait. On n'avait pas pu se voir plus tôt car il avait des cours à réviser, et il n'avait qu'une heure à me consacrer car il avait prévu de manger à midi, de quitter la Grande Salle à midi trente maximum et de se replonger dans ses révisions jusqu'au dîner… J'étais abasourdi quand il m'a relaté son programme, mais je n'ai rien dit pour ne pas mettre une mauvaise ambiance entre nous. J'ai quand-même fait une remarque qui n'avait rien de méchant, mais il l'a mal interprétée… Je l'ai senti tendu, alors je lui ai suggéré un massage qu'il a accepté. L'atmosphère s'est apaisée, on a discuté, on s'est taquinés, on s'est embrassés, on est devenus de plus en plus intimes, c'est même Justin qui a initié les choses, et… quand… euh… on…
Théo s'interrompit, trop embarrassé pour poursuivre sa phrase.
- Hé, tu ne vas pas me choquer, tu ne dois pas avoir peur des mots, le rassura Draco.
- Mais c'est trop gênant…
- Donc tu vas t'arrêter là, dans ton récit, alors que c'est sans doute ce moment-là que tu ne veux pas me raconter qui t'a démoralisé ?
Théo se mordit la lèvre et soupira.
- Il m'avait beaucoup excité et j'ai fait l'erreur de le supplier d'accélérer en signalant que sinon, on allait louper le service, et ça l'a stoppé net dans ce qu'il était en train de faire… Quand il a su qu'il était plus de midi, il s'est redressé et il a commencé à se rhabiller. Il s'est souvenu qu'il devait être sorti de la Grande Salle à midi trente et il m'a abandonné pour aller manger. J'étais à la fois choqué et frustré, car si chez lui, ça a dû vite redescendre, chez moi, c'était toujours aussi dur… Et ce n'est pas une douche froide qui allait m'aider… Résultat, j'ai dû me soulager tout seul, ce que je n'avais jamais fait auparavant, et ce n'était pas dans ces conditions que j'aurais voulu expérimenter ça pour la première fois…
Un air triste et désolé se dessina sur les traits de Draco. Il était le mieux placé pour le comprendre : c'était lui qui avait tout expliqué à Théo sur ce phénomène physique, un matin où il s'était réveillé avec une bosse entre les jambes. Et Draco savait à quel point c'était dur pour Théo d'y remédier, lui qui n'avait jamais aimé son corps à cause de toutes les blessures qui l'avaient meurtri, bien qu'elles aient disparu depuis grâce aux baumes illégaux avec lesquels il avait été soigné. Heureusement, son dégoût envers son corps ne l'avait pas empêché, deux heures plus tôt, de régler son petit problème intime et d'apprécier cela.
- J'imagine bien que tu dois être déçu, mais dis-toi que si tu n'avais pas été obligé de le faire tout à l'heure, tu aurais retardé encore et encore le moment de t'y mettre et tu aurais continué à te doucher à l'eau froide à chaque fois que tu aurais eu une érection matinale… Là, ça va parce qu'il fait chaud et que c'est bientôt l'été, mais en plein hiver, ce n'est pas très agréable…
- Ça, je le sais, car ce fameux jour où j'ai découvert ce petit désagrément à même pas huit heures du mat' et où tu as dû m'aider, on n'était pas loin de l'hiver et il faisait assez froid dehors… Mais tu as raison, ce qui s'est passé avec Justin, ou plutôt, sans Justin, c'était un mal pour un bien.
- Tu as au moins réussi à y prendre du plaisir ?
- Oui, je n'ai pas à me plaindre à ce niveau-là.
- Bon, c'est l'essentiel. Mais ce sera mieux la prochaine fois, car là, tu l'auras vraiment décidé. En espérant que Justin ne te refasse pas le coup… Mais il faut vraiment que tu ailles alerter Severus à propos de son attitude. Il n'y a que lui qui pourra l'aider.
Théo acquiesça.
- Il est libre, actuellement ?
- Normalement, oui, mais avant que tu ne t'en ailles, je voudrais te parler de quelque chose… C'est d'ailleurs Severus qui m'a relancé là-dessus. Il m'a demandé si j'avais choisi mon futur suppléant et mon futur co-capitaine. Il n'y a pas si longtemps, je t'avais proposé d'être les deux à la fois mais on n'avait pas réabordé le sujet… Je ne te tiendrais pas rigueur si tu refusais, tu dois me trouver gonflé de te faire cette requête après la scène que je t'ai faite il y a une heure…
- Pas du tout, répliqua Théo. Au contraire, je considère ça comme une preuve de confiance. Mais je ne suis pas sûr d'être capable de tout gérer… Et franchement, tu me vois suppléant ? Je n'ai aucune autorité !
- Parce que tu ne l'as jamais exercée. Du moins, pas devant les autres. Car sinon, que ce soit auprès de Blaise, de Pansy, de moi, ou même de Harry, tu sais bien te faire entendre. Ce dont tu manques, c'est de l'assurance. Mais tu en gagnes, petit à petit. Et ce, particulièrement depuis ton duel avec les anciens harceleurs de Justin. Ça t'a changé, et en bien. Et pas plus tard que lors de notre dispute, tu m'as tenu tête, tu as soutenu mon regard, tu t'es défendu, alors qu'avant, tu aurais baissé les yeux et tu aurais battu en retraite. Tu ne supportais pas qu'on te crie dessus, et là, tu n'as même pas eu peur et tu as laissé ta colère s'exprimer. Avant, c'était à peine si tu en ressentais. Tu te libères de plus en plus et ça, c'est super. De plus, tu es très observateur, tu fais hyper attention aux autres et tu adores aider les gens. Et tout ça, ce sont d'excellents atouts pour un préfet. Tu ferais un très bon suppléant, tu peux me croire. Et tu serais tout aussi bon en tant que co-capitaine. Tu es très stratégique, tu as de bonnes analyses, tu es de très bons conseil… Et on n'aurait aucun mal à se coordonner et à faire du bon travail d'équipe. Avec toi, j'aurais de sérieuses chances de remporter la Coupe de Quidditch au terme de ma première année de capitanat. Et ce serait un honneur dont je serais très fier. Mais je ne veux pas te forcer la main. Tu peux soit accepter de devenir mon suppléant et mon co-capitaine, soit l'un des deux, soit ni l'un, ni l'autre.
Théo fit face à un dilemme. Sa résistance faiblissait, Draco lui ayant insufflé l'envie de pourvoir les deux postes, mais il craignait que cela ne fasse trop dans son emploi du temps…
- Tu auras le droit de démissionner en cours d'année si tu as trop de difficultés à t'organiser, précisa Draco.
Cela suffit à Théo pour se décider.
- Je suis d'accord pour te seconder dans tes fonctions de préfet et de capitaine, déclara-t-il.
La reconnaissance se lut dans les prunelles grises de Draco.
- Merci, tu m'ôtes une sacrée épine du pied, confessa-t-il. Pour le poste de suppléant, je n'avais que toi, puisque Blaise ne souhaitait être ni suppléant, ni co-capitaine, et qu'il était hors de question que je prenne Crabbe ou Goyle… Après, pour le poste de co-capitaine, j'aurais pu attendre que l'équipe soit constituée, afin de chercher quelqu'un qui serait susceptible de remplir ce rôle, mais je n'étais pas très chaud à l'idée de m'appuyer sur un joueur que je connaissais très peu…
- Oui, et peut-être que personne n'aurait été fait pour être co-capitaine…
- Exactement, approuva Draco. Du coup, vu que je t'aurai à mes côtés lors des sélections, quand ce ne sera pas à ton tour de voler, tu auras ton avis à donner sur chaque candidat.
- Ah oui, c'est vrai… Ça va me faire bizarre, d'habitude, j'analyse en silence, là, je devrai le faire à voix haute… Mais je pense que c'est un exercice qui me plaira.
- Je pense aussi, renchérit Draco.
- Mais il va falloir que tu me dises tout ce que j'aurai à faire, aussi bien dans mon rôle de suppléant que dans mon rôle de co-capitaine…
- Ne t'inquiète pas, Severus nous convoquera à la rentrée et il t'expliquera tout, apaisa Draco. Mais je peux déjà te dire qu'en tant que suppléant, tu devras assister à toutes les réunions, me remplacer quand je serai dans l'impossibilité d'assumer une ronde, et aider, le soir, à faire régner l'ordre dans la salle commune et à s'occuper des plus petits. Ce seront tes trois principales missions. Et en ce qui concerne ton rôle de co-capitaine, tu devras m'aider à établir des stratégies, à analyser les joueurs de l'équipe, c'est-à-dire à analyser leur comportement, individuel ou en groupe, leurs points forts, leurs points faibles, leur capacité à s'intégrer dans l'équipe, leur capacité à communiquer entre eux… Tu devras aussi m'aider à définir quels aspects il faudra travailler lors des entraînements, préparer les exercices, préparer les matchs… Ce sera vraiment du travail d'équipe, on la dirigera ensemble. Nos rôles seront aussi importants l'un que l'autre, à la différence près que les décisions me reviendront et que ce sera à moi de donner les ordres et d'enguirlander les joueurs si nécessaire. Mais toi, un de tes rôles, ce sera également de servir d'intermédiaire entre les joueurs et moi. S'il y a un problème, la plupart des joueurs préféreront sûrement s'adresser à toi plutôt qu'à moi, ce sera moins intimidant pour eux. Mais quand je disais que ce sera à moi de donner des ordres, ce sera surtout valable dans les vestiaires. Lors des entraînements et des matchs, ce ne sera pas pareil. Car ce qui est embêtant, quand on est attrapeur et capitaine, c'est qu'on n'a pas le meilleur poste pour surveiller l'équipe. Et il faut crier hyper fort pour se faire entendre, vu qu'on est plus haut dans les airs. Sur le terrain, ce sera donc davantage toi le capitaine. Mais ne t'en fais pas, tu auras un temps d'adaptation. Et s'il le faut, au début, je participerai assez peu aux entraînements, je passerai plus de temps à les superviser afin de te montrer comment on fait. Ce sera nouveau pour moi aussi, mais cette année, j'ai pas mal observé Graham, ça m'a fait acquérir de l'expérience.
- Oui, ça, c'est sûr, tu l'as beaucoup observé…
Draco écarquilla les yeux avant de se mettre à rougir furieusement.
- Pas dans ce sens-là ! s'écria-t-il. Enfin, si, mais… pas pendant les… Oh et puis zut, ajouta-t-il en maugréant. Tu as compris ce que je voulais dire…
- Mais oui, je te taquinais, c'est tout, s'amusa Théo.
- Tu ne faisais pas ce genre de réflexion, avant. J'aimais le fait que tu te libérais, mais pas quand ça se retourne contre moi, bouda Draco.
Théo éclata de rire.
- On ne peut pas tout avoir ! Et puis bon, ça va, ce n'était pas méchant…
- Oui, c'est sûr que si ça avait été Blaise, ça n'aurait pas été le même type de remarque… Ça aurait été bien plus gênant.
- Et moi, j'aurais fait le sourd, comme d'habitude, plaisanta Théo. Mais pour en revenir à Graham, si tu galères lors des premières semaines dans ton rôle de capitaine, tu pourras lui écrire pour avoir son aide…
- Oui, c'est ce que je compte faire, affirma Draco. Et c'est ce que va faire Harry demain, lors de la sortie à Pré-au-Lard. Il y rejoindra Dubois, l'ex capitaine de l'équipe de Gryffondor qui a accepté de lui donner des conseils.
- Ah, c'est pour ça qu'hier soir, lors de la séance de révisions, tu as proposé qu'on se retrouve vers quinze heures aux Trois Balais ?
- C'est ça. Et ça tombait bien puisque d'après ce que nous a dit Hermione, Ginny avait prévu d'être avec ses amis de sa classe jusqu'à cette heure-là pour fêter avec eux sa nomination.
- Oui, et si on va à Pré-au-Lard à treize heures, ça nous laissera deux heures pour faire nos courses chacun de notre côté, ou pour se balader avec nos moitiés.
- Tout à fait. Et j'ai bien l'intention de profiter de cette sortie pour me détendre avant les examens.
- Oh oui, on en aura bien besoin… Bon, je vais aller voir ton parrain, décréta Théo. Plus tôt il saura pour Justin, plus tôt il pourra agir.
Draco hocha la tête.
- Vas-y, alors. Et n'hésite pas à tout lui dire, pour qu'il comprenne bien l'ampleur de la situation.
- J'essaierai, jura Théo. À tout à l'heure.
Il quitta le dortoir, puis la salle commune et se dirigea vers le bureau du professeur Snape. Une fois devant, il frappa à la porte qui s'ouvrit quelques secondes plus tard.
- M. Nott, que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Je… C'est au sujet de Justin, il est complètement obsédé par les révisions, il ne fait que ça de ses journées et il se met même en danger à cause de ça…
Le professeur Snape fronça les sourcils.
- Bien, entrez.
Théo pénétra à l'intérieur du bureau et s'assit sur la chaise que lui désigna son directeur de maison.
- Je vous écoute. Que se passe-t-il exactement avec votre petit-ami ?
Théo raconta absolument tout à son professeur : les innombrables heures que Justin consacrait à ses révisions, son éloignement du groupe, son obstination à réviser encore et encore malgré les mises en garde de Théo, le peu d'attention que Justin lui portait, l'accrochage qu'ils avaient eu, un soir, dans la salle commune de Serpentard, le fait que Justin s'était par la suite endormi sur ses cours tellement il était fatigué, le fait que Blaise l'avait découvert en train de faire un cauchemar qui avait trait aux BUSE, le fait que Justin soit rentré à sa propre salle commune après le couvre-feu et qu'il aurait pu s'attirer des ennuis, tout ça parce qu'il avait veillé tard pour relire ses cours, le fait qu'il apparaissait de moins en moins dans la Grande Salle à l'heure des repas, le fait que Théo avait constaté, sous ses doigts, que Justin avait maigri, le fait qu'il l'avait planté en plein moment intime pour aller manger et se replonger dans ses parchemins aussitôt après… Il n'omit aucun exemple, et ne cacha rien à son professeur, comme il l'avait promis à Draco. Ce ne fut que lorsqu'il eut fini son récit qu'il s'aperçut qu'il pleurait. Il se sentit aussi vide, ce qui était probablement dû au fait qu'il venait de déballer tout ce qu'il avait sur le coeur et qu'il gardait pour lui.
- Je suis désolé, murmura-t-il au bout de quelques minutes. Mais je me fais tant de souci pour lui…
- Ne vous excusez pas, c'est normal que vous craquiez, et il faut que ça sorte. Vous avez fait le bon choix en vous adressant à moi. Certes, je ne suis pas le directeur de maison de votre petit-ami, mais vous m'avez fourni assez d'éléments pour que je puisse le convoquer et m'entretenir avec lui.
- Vous… vous jugez que son cas est suffisamment sérieux ? Que quelque chose ne va pas chez lui ?
- Sans être alarmante, cette lubie est plutôt inquiétante, oui. Elle peut être le signe d'un certain mal-être, d'un manque de confiance en lui, d'un besoin de faire ses preuves, ça peut être aussi le moyen d'échapper à la réalité en s'enfermant dans le travail… Ça peut être plein de choses à la fois, et lui seul sait la vérité. Je ne peux donc pas vous dire ce qu'il en est précisément. Et ce ne sera pas à moi de vous en parler. Je l'inciterai à se livrer à vous lorsqu'il m'aura tout dit, mais je ne pourrai pas l'y obliger.
Théo acquiesça.
- Tant qu'il se confie à vous, c'est le principal. Tout ce qui m'importe, c'est qu'il aille mieux et qu'il lâche ses cours. Merci pour ce que vous ferez pour lui, professeur.
- Ce n'est que mon métier, si vous deviez me remercier pour chacune de vos copies que je corrige, pour chaque cours que je vous donne, pour chaque potion que je vous apprends, vous vous lasseriez très vite, se moqua gentiment le professeur Snape.
- Oh, si ça devient un automatisme à chaque fin de cours…
- N'y songez même pas, ou bien j'exigerai de vous vingt centimètres de plus dans tous vos devoirs, prévint le maître des potions.
Théo fit de son mieux pour avoir l'air contrit, mais l'idée de rédiger des devoirs plus longs que ceux de ses camarades l'effrayait si peu que cela se vit sur son visage.
- Évidemment, il a fallu que je choisisse la menace qui avait le moins d'effet sur vous… Merlin que vous êtes désespérant. Allez, déguerpissez, si vous n'avez plus rien à ajouter. Et soyez tranquille, je ne devrais avoir aucun mal à faire parler votre petit-ami. Il a toujours été coopératif depuis le début des séances de thérapie. Il n'y a pas de raisons pour que cela change.
Théo sourit à son professeur, lui souhaita une bonne fin de journée et quitta le bureau. Ce fut l'esprit apaisé qu'il retourna à sa salle commune, avec une seule pensée en tête : le garçon qu'il aimait par-dessus tout allait pouvoir se libérer de son obsession grâce à leur merveilleux psychomage qui avait déjà aidé plus d'un élève…
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Voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! Ça se dispute, ça se chamaille, mais ça s'arrange toujours ! Encore un chapitre après celui-là et ce sera officiellement le début des BUSE ! Et donc bientôt la fin du premier tome… Ça fait bizarre de se dire ça XD Mais il y aura heureusement le second tome dans la foulée ! Sur ce, je vous donne rendez-vous le dimanche 30 octobre pour le prochain chapitre intitulé «Dernière visite à Pré-au-Lard». D'ici là, je vous souhaite de passer deux bonnes semaines, courage pour les cours, pour le travail ou autre, je vous embrasse fort, et plein de bisous tout le monde !
