Le Docteur observait Yaz de l'autre côté de la console. Leur relation était étrange, mais elles avaient fini par trouver une stabilité et les deux dernières semaines ne s'étaient pas trop mal passé, pourtant chaque nuit elle ne pouvait s'empêcher de se glisser dans le lit de Yaz, attirée comme un aimant par elle. Dan interrompit l'observation du Docteur en lui tendant une tasse de thé, il se dirigea ensuite vers Yaz pour lui en tendre une deuxième. Cela faisait trois jours qu'il était revenu à bord, et il ne pouvait que se rendre compte de l'équilibre précaire et délicat entre les deux femmes, elles se regardaient avec envie mais maintenaient la distance. Et il était certain d'avoir vu le Docteur se glisser dans la chambre de Yaz, la nuit dernière.
—Merci Dan.
La voix de Yaz le ramena à la réalité et il retourna à la cuisine pour récupérer sa propre tasse de thé pourtant il revint bredouille quelques minutes plus tard. Son regard se posa sur les deux femmes qui s'étaient rapprochées sans se toucher, lui faisant perdre le fil de ses pensées.
—Dan ?
—La cuisine n'est plus à sa place, Docteur.
—Tu es sûr que tu ne t'es pas encore perdu, Scouse.
—Non, Sheffield, je ne me suis pas perdu. La cuisine s'est perdue par contre.
Le Tardis fit une embardée et le Docteur retint Yaz lâchant par la même occasion sa tasse qui heurta le sol, se brisant en mille morceaux. Mais en une fraction de secondes, elles s'éloignèrent l'une de l'autre comme si leurs vies étaient en jeu avant que le Docteur ne commence à manipuler la console du Tardis. Dan leva les yeux au ciel, elles étaient impossibles.
—Le Tardis a besoin d'un diagnostic et de quelques réparations. Je vais vous ramener chez vous.
Se faisant, elle actionna plusieurs manettes du Tardis pour déposer Dan à Liverpool puis se stationna dans un atelier privé à Sheffield. Elles quittèrent le Tardis, alors que Yaz hésitait à s'éloigner de la boite bleue. Elle devait rentrer chez elle pour le temps des réparations du Tardis mais elle hésitait à laisser le Docteur derrière elle.
—Tu ne pars pas sans moi, Docteur.
—Je ne pars pas, je te le promets, je ne pourrais pas partir sans toi, Yaz. Mais actuellement le Tardis est trop dangereux pour toi, et je veux que tu sois en sécurité, j'ai besoin que tu sois en sécurité.
Le Docteur lui posa un baiser sur le front avec tendresse.
—Rentre chez toi. Je viendrais te chercher.
Appartement des Khan. Une semaine plus tard.
Yasmin tournait en rond dans l'appartement familiale. Après une semaine au poste de police, son responsable lui avait donné la journée, et elle ne savait que faire. Sa sœur était dans le canapé après sa journée à la fac et ses parents étaient encore au travail, tout comme Ryan, et elle n'avait jamais vraiment eu d'amis. Elle appréciait le temps passé avec sa famille, mais le Docteur lui manquait et ses nuits étaient agitées. Elle n'avait pas pensé que la présence de la blonde dans son lit puisse être aussi addictif bien que le Docteur eût été claire, elles n'avaient aucun avenir ensemble. Yaz expira brusquement, son cœur souffrait encore du rejet. Et l'ironie était que seules les nuits, qu'elles passaient ensemble la soulageaient de toute cette douleur. Pendant une semaine elle avait tenté de noyer cette douleur dans le travail, et aujourd'hui cette oisiveté n'était vraiment pas bonne pour son esprit. Elle avait donc fouillé dans les placards à la recherche de quelque chose à faire. Sortant un à un les ingrédients, elle les mélangea dans un saladier en fredonnant un morceau qu'elle avait entendu dans un concert sur une planète lointaine. Sonya dans le canapé, leva les yeux de son téléphone et fronça les sourcils en observant sa sœur.
—Yaz ?
—Oui ?
—Tu fais des crêpes ?
—Oui. Un souci ?
—Non. C'est juste que… tu as l'air différente… et tu fais des crêpes…
—Oui, je fais des crêpes.
—Le Docteur vient pour le gouter ?
—Elle vient diner à la maison.
—Alors tu fais des crêpes pour le diner... Elles sont pour elle, n'est-ce pas ?
—Je fais des crêpes parce que je m'ennuie, Sonya.
—Peut être aussi, mais elles sont pour elle.
Sonya observa sa sœur, elle ne l'avait pas vu souvent ses derniers temps, elle était revenue dix mois, malheureuse comme les pierres avant de repartir une année entière, sans données aucun signe de vie, aucun appel. Sa sœur avait toujours été étrange, renfermé sur elle-même, se cachant de la vie, mais depuis qu'elle avait rencontré cette femme, elle avait changé, incapable de dire si c'était en bien ou en mal. Les deux femmes furent distraites par la sonnette de la porte.
—J'y vais.
Sonya posa son téléphone sur la table basse et bondit pour aller ouvrir. Elle revient dans la pièce de vue de l'appartement des Khan accompagné du Docteur.
—Ton Docteur est là.
—Yaz !
La blonde était survoltée et son sourire était brillant, mais celui-ci ne produisait qu'une petite étincelle dans ses yeux fatigués. Elle s'approcha de Yaz, curieuse alors que la brune sortait une poêle à crêpes. Allumant la gazinière, elle versa un peu de préparation et fit un mouvement de poignet sous le regard admiratif du Docteur, Yaz fit sauter la crêpe alors que le Docteur se déplaçait pour mieux voir, attirée par l'odeur qui ravissait ses sens. La posant dans une assiette, Yaz étala un peu de pâte à tartiner et plia la crêpe avant de la tendre au Docteur. Elle avait l'impression de donner un présent à un enfant le matin de Noël.
—C'est pour moi ?
Ses yeux s'illuminèrent et le cœur de Yaz fit une embardé. La brune se concentra sur la cuisson de la crêpe suivante pour éviter le regard du Docteur.
—Une seule, les autres sont pour le dessert. Et le sucre ne te réussit pas.
—Je ne vois pas de quoi tu parles, Yasmin Khan.
Le Docteur mordit dans sa crêpe et ferma les yeux, les aromes étaient divins, et elle ne se l'avouerait jamais mais le fait que Yaz soit responsable de ce délice le rendait encore meilleur à ses yeux.
—Yaz, tu es brillante !
Sonya observait la scène depuis le canapé, elle aurait vraiment dit une enfant, sa sœur avait peu d'amis, mais elle en avait toujours choisi des atypiques, excepté Ryan, lui était vraiment mignon et gentil. Et pourtant lui aussi semblait vraiment aimer cette femme étrange, alors Sonya la tolérait sans rien dire, et puis Ryan venait également diner ce soir à la maison. Plus elle observait cette femme, plus elle avait du mal à se dire qu'elle travaillait pour le gouvernement, le Docteur était une originale, une femme faite pour vagabonder. Elle se demandait bien ce que Yaz faisait avec elle, pourquoi elle parcourait le monde avec elle. Dans la cuisine, le Docteur évoluait dans le périmètre de Yaz, la brune levait les yeux au ciel, riant, amusée par l'attitude de son amie.
—Les réparations du Tardis se passent bien ?
—Lentement, les pièces n'arrêtent pas de changer, la forêt est maintenant dans la salle de contrôle.
—C'est embêtant.
—C'est certain, tu veux venir voir ça, demain ?
—Je suis au poste de police, demain, docteur. J'ai repris le travail.
—Oh…
La déception se voyait sur le visage de la Seigneur du Temps.
—Je peux peut-être venir avec toi…
—Et les réparations du Tardis ?
Le Docteur était agitée et nerveuse, probablement plus que d'habitude, elle avait des tics nerveux.
—Tu as trouvé ta chambre ou ma chambre dans le Tardis ?
—Non, je te l'ai dit, les pièces bougent tous le temps.
D'accord… Ça faisait donc une bonne semaine que le Docteur n'avait probablement pas dormi et au vu de ses traits, elle était clairement à bout. Mais alors que Yaz allait aborder le sujet, elle entendit une clef tourner dans la serrure, ses parents étaient de retour.
—Bonjour mes filles, bonjour Docteur.
—Salut, m'man, papa.
Najia esquissa un sourire, elle était heureuse d'avoir ses deux filles sous son toit. Elle voyait aussi le sourire de Yaz, sourire qu'elle n'avait pas depuis une semaine. Le Docteur bouillait de vie, elle était heureuse et tournait autour de Yaz alors que l'heure du diner approchait, Hakim prit la direction de la cuisinière pour se mettre aux fourneaux à coté de sa fille alors que Sonya aidait sa mère à mettre la table. Les chamailleries allaient bon train pour le bonheur du Docteur qui oubliait ses soucis l'espace d'un instant. Yaz se moqua doucement quand Sonya se propulsa pour aller ouvrir la porte à Ryan. Le groupe passa à table, riant joyeusement, le repas était délicieux et Yaz apporta le dessert, servant trois crêpes au docteur, chacune remplie de confitures différentes, Ryan était amusé de voir la situation, le Docteur était vraiment une enfant quand il s'agissait de nourriture il avait aussi remarqué comment les deux femmes étaient proches. Il prit congé un peu plus tard dans la soirée et alors que Yaz aidait sa mère à débarrasser la table, celle-ci croisa le retard de sa fille et fronça les sourcils en lui désignant le Docteur d'un mouvement de tête puis la pendule qui indiquait minuit.
—J'ai oublié de te dire, maman, le Docteur reste dormir à la maison, son véhicule est au garage, elle ne peut donc pas l'utiliser cette nuit.
—Je suppose que je vais lui installer le canapé.
—Te prends pas la tête, maman, il est tard, j'ai un grand lit, elle dormira avec moi.
—D'accord… Tu es sûr que…
—Oui, maman, c'est non.
Ce non lui brisait le cœur, oui elle aimait le Docteur, oui le Docteur l'aimait mais non, elles n'étaient pas ensemble. Et ce même si elles dormaient ensemble, Yaz ne savait pas combien de temps elle pourrait supporter cette situation, la seule chose qu'elle savait c'est que perdre le Docteur serait pire que de vivre le moment présent avec elle.
—Va te coucher Yaz et emmène là avec toi. Je vais terminer, tu travailles tôt demain.
Yaz embrassa sa mère avant de tirer le Docteur par la manche jusqu'à sa chambre. La blonde la suivie intriguée et épuisée. Yaz était nerveuse, c'était la première fois qu'elle laissait entrer le Docteur dans une partie aussi intime de sa vie. Cette pièce où elle avait vécu la première partie de sa vie, les murs était peint dans un terracotta tendre et le lit deux places occupait une grande partie de l'espace, la pièce contenait également un bureau à gauche du lit et une armoire ainsi qu'une étagère au pied du lit. Le Docteur s'approcha de la bibliothèque et la parcourra, celle-ci contenait quelques livres, des bibelots, des médailles et une série de photos encadrées. Elle les observa avec tendresse alors que ces photographies lui révélaient la jeunesse de sa compagne de voyage. Yaz se tenait nerveusement entre son bureau et son lit attendant la fin de l'inspection du Docteur. La blonde se retourna vers elle, avec un sourire magnifique mais elle fronça les sourcils voyant l'expression de Yaz.
—Docteur, tu dois dormir un peu.
—Ici ?
—Ton Tardis est inutilisable et tu as besoin de sommeil.
—Peut être, en effet…
—Aller, viens t'allonger.
Le Docteur approcha du lit, hésitante et finalement prit le tee-shirt et le short que lui tendait la brune.
—Change toi. Je reviens, je vais à la salle de bain.
Quand Yaz revint dans la chambre, le Docteur était assise sur le lit, incertaine. Yaz s'installa de son coté du lit et remonta les couvertures sur elles deux.
—Yaz merci.
—De quoi ?
—De m'avoir invitée.
—Je me suis dit que tu aimerais les crêpes.
—Oui, mais je ne parle pas que de ça.
—Je sais. Ta présence me manquait aussi. Je dors mal quand tu n'es pas là. Et toi tu ne dors pas du tout si j'en crois ta fatigue.
—Ça me fait peur.
—Docteur, nous parlerons de ça demain, je suis vraiment fatiguée.
Yaz lui frôla doucement la main et éteignit la lumière, s'allongeant sous les couvertures. Le Docteur resta assise pensive quelques instants avant de se coucher également. Elles s'observèrent un instant dans que les yeux de la brune ne se referment.
—Bonne nuit, mon Docteur.
La blonde ferma les yeux à son tour, les cœurs paisibles, elle avait cruellement besoin de dormir, elle ne pouvait plus vraiment se mentir.
Dans la cuisine, Najia terminait de ranger le salon cuisine, pensive. Sa fille était différente depuis qu'elle avait rencontré cette femme. Elle lui paraissait plus âgée aussi, c'était idiot et pourtant elle avait vu de la maturité dans les yeux de Yaz comme si elle en avait déjà beaucoup vu pour son âge. Elle éteignit les lumières du salon puis ouvrit la porte de la chambre de Sonya, s'assurant que celle-ci dormait paisiblement, apaisant son cœur de maman, par habitude elle fit de même avec celle de Yasmin. Elle fut déconcertée et attendrit par la vision qui s'offrait à elle, le visage endormit de Yaz était vraiment paisible alors que la blonde était enroulée autour d'elle, blottissant Yaz au creux de ses bras. Elles auraient pu difficilement être plus proche. Et sa fille osait lui dire qu'elle et le Docteur n'était pas ensemble. Najia referma la porte en silence, sa fille était adulte et faisait ses propres choix et pourtant elle aurait aimé qu'elle lui en parle, qu'elle s'ouvre à elle. Mais Yaz avait toujours été si secrète, Najia avait essayé d'en parler avec elle par le passé mais le sujet avait toujours mis Yaz extrêmement mal à l'aise.
Au petit matin, Yaz s'éveilla la première, le jour commençait à poindre derrière les rideaux, elle pouvait voir le Docteur dormir calmement, ses bras toujours autour du corps de Yaz. La brune se sentait bien et elle avait terriblement envie d'embrasser la femme en face d'elle. Mais au lieu de ça, elle la réveilla doucement, elle devrait bientôt partir travailler et le Docteur ne pouvait clairement pas rester ici en attendant son retour.
—Yaz.
—Bonjour.
—Bonjour…
Aucune des deux ne semblait vouloir quitter la chaleur des draps, cette bulle de sérénité qui pourtant ne pouvait pas durer. Yaz inspira l'odeur de l'autre femme avant de prendre la parole :
—Habille-toi, je vais prendre une douche, après je te dépose au Tardis avant d'aller au poste. On prendra le petit déjeuner sur la route, je connais une boulangerie française.
Yaz serra un peu plus le Docteur dans ses bras avant de quitter la chaleur du lit. Elle n'en avait pas envie, mais elle ne voulait pas être en retard, elle était déjà sur la sellette. Assise sur le lit, le Docteur n'avait pas bouger alors que Yaz fouillait dans son armoire, intriguée, Yaz posa les yeux sur le Docteur. La blonde était plongée dans ses réflexions, elle était dans la chambre de Yaz, pas celle au Tardis, non celle de sa jeunesse, celle qui représentait sa vie avant, dans ses draps, dans son lit. Voyant qu'elle était seulement pensive, Yaz prit la direction de la salle de bain avant que Sonya se lève. Le Docteur quitta le lit, puis elle parcourra les objets que Yaz avait accumulés, un petit ourson vêtu d'une tenue de policier, des médailles d'athlétisme, une photo attira son attention, elle pouvait y voir Yaz en uniforme entourée de sa famille, elle semblait radieuse, et fière, le Docteur se rendit compte que la Police était toute sa vie avant qu'elle ne tombe dans ce train par une nuit d'automne. Puis elle lui avait pris cette vie en l'entrainant avec elle, pour finalement se rendre compte qu'elle ne pouvait pas lui offrir ce qu'elle méritait, l'amour qu'elle méritait. Elle avait conduit Yaz dans une impasse et toutes les deux souffraient. Le Docteur se sentait terriblement coupable pour ça, peut être que Tecteum avait raison, peut être que… L'entrée de Yaz mit fin provisoirement à ses digressions mais Yaz saisit pourtant la douleur dans son regard.
—Je ne sais pas à quoi tu penses, mais cesse. Et tu n'es toujours pas habillé.
Le Docteur fit le tour du lit pour récupérer ses vêtements puis se déshabilla. Yaz se retourna pour lui laisser un peu d'intimité, elle n'était pas forcement prête à voir le Docteur nue.
—Je suis prête, allons-y !
Yaz entraina le Docteur en direction de sa voiture puis prit le volant. Mais le Docteur était trop calme au gout de la policière, vraiment trop calme. Elle gara la voiture devant la boulangerie et coupa le moteur sans pour autant sortir.
—Docteur, sois tu me parles, soit tu es privé de petit déjeuner.
Inspirant profondément, la blonde ferma les yeux, laissant sa tête retomber sur l'appui tête.
—Yaz…
Son ton était beaucoup trop suppliant et la policière commençait à s'inquiéter.
—Tu n'es pas bien depuis ce matin. Hier tu étais trop fatiguée, mais ce matin tu es différente, tu as passé trop de temps, seule, ce n'est pas bon et…
—Yaz, tu aurais pu avoir une vie remplit, tu devrais avoir eu une promotion parce que tu es brillante, et tu risques de tout perdre dans tout ça, pour quoi, pour rien.
—Docteur, j'adore voyager avec toi.
—Mais tu avais une carrière.
—Mais ma vie était triste, je refusais de m'ouvrir aux autres parce que j'avais peur du monde qui m'entourait, je n'avais que mon travail.
—Et aujourd'hui, tu n'as plus rien.
—Je t'ai toi.
—Justement Yaz. Ce n'est pas bon. Je nous fais du mal. Je nous fais souffrir, peut être que tu devrais reprendre ton travail, reprendre ta vie.
—Non ! Je viens d'essayer pendant une semaine, et ça n'a servi à rien.
Il y avait tellement de douleur dans sa voix que le Docteur eu envie de la serrer dans ses bras, mais elle ne devait pas, elle ne pouvait pas faire ça. Elle devait éloigner Yaz avant qu'il soit trop tard, elle pouvait encore préserver Yaz.
—Je te fais souffrir depuis le début, Yaz, je ne t'ai pas toujours très bien traité, je t'ai menti, j'ai mis ta vie en danger, et j'ai détruit ta vie sur Terre.
—J'aime voyager avec toi, j'aime être avec toi, Docteur. Je t'aime.
Les larmes contenues par le Docteur, roulaient maintenant sur ses joues, elle savait pour les sentiments de Yaz mais les entendre c'était différent, c'était trop, les cœurs de la blonde firent une embardée violente. Elle refusait de les écouter, parce que ça lui laissait une lueur d'espoir, et elle ne pouvait pas s'y résoudre. Les deux femmes restèrent silencieuses un moment et la flic se rendit compte qu'elle ne tirait rien de plus du Docteur pour le moment.
—Docteur, reste là, je vais chercher le petit déjeuner, puis je te conduirais au Tardis. Tu ne bouges pas d'ici, et tu ne touches à rien.
Yaz quitta la voiture et entra dans la boulangerie, les paroles et l'attitude du Docteur lui faisait mal, elle était terrifiée qu'elle décide de repartir sans elle quand le Tardis serait réparé. Elle commanda plusieurs friandises et s'éloigna, soulagée de retrouver le Docteur, qui n'avait pas pris la fuite. Elle se glissa dans l'habitacle tendant le sac de viennoiseries à la blonde, cela aurait le mérite de la distraire, elle pouvait si facilement être distraite quand il était question de nourriture, esquissant un sourire, elle démarra le moteur, et s'éloigna alors que le Docteur choisissait entre un chausson aux pommes et une chocolatine. Quand elle arrêta de nouveau le moteur, elle était stationnée devant un petit garage où le Docteur réparait le Tardis.
—Je viens te chercher ce soir. On mangera puis tu dormiras à la maison.
La blonde hocha la tête et regarda la voiture de Yaz s'éloigner, incertaine et nerveuse.
Sheffield's hospital. 18h.
Yaz s'éveilla brusquement, soufflant le nom de la blonde et regarda autour d'elle, elle était dans un endroit inconnu, blanc et aseptisé, l'odeur lui prenait à la gorge. Elle arracha la perfusion de sa main.
—Du calme, Yasmin.
—Maman !
Elle tenta de quitter le lit, elle devait quitter cet endroit, elle devait aller la chercher. Terrifiée à l'idée qu'elle parte sans elle. Najia avait du mal à comprendre la panique de sa fille, d'autant plus quand celle-ci lui attrapa le poignet pour regarder l'heure.
—Je dois partir.
—Tu n'iras nulle part, Yaz.
—Tu ne comprends pas, maman… je dois y aller.
Najia tenta d'apaiser sa fille, l'incitant à s'allonger de nouveau, mais Yaz semblait sur le point de paniquer. L'empêcher de se lever semblait aggraver la situation. Elle mit peu de temps à comprendre que Yaz voulait son amie blonde et un peu étrange.
—J'ai appelé ton Docteur avec ton téléphone, Yaz et j'ai envoyé Sonya la chercher, elles vont arriver très bientôt. Maintenant tiens-toi tranquille. Tu as fait un malaise à ton travail, tu es à l'hôpital. Yaz, dis-moi ce qui se passe ?
—Rien, je vais bien.
—Ne me mens pas.
—Un peu de fatigue, ça n'a pas été simple ses derniers temps.
—Des problèmes de cœur entre ton Docteur et toi ?
—Non maman. Et nous ne sommes pas ensemble. Le Docteur et moi sommes amies.
—Et tu tombes souvent amoureuse de tes amies ?
—Je t'en prie, maman, les choses sont déjà assez compliquées. Le Docteur et moi c'est… Oui, tu as raison, je… Mais c'est compliqué, elle…
Yaz tenta de parler à sa mère, mais la panique prit une nouvelle fois le dessus, elle voulait cruellement fuir, elle tenta une nouvelle fois de se lever, mais elle était nauséeuse, elle se sentait mal pourtant elle devait partir, elle devait retrouver la blonde, s'éloigner de sa famille.
—Tu comptes aller où comme ça ? Tu t'allonges, immédiatement et tu te reposes.
—Mais je dois…
—Tu ne dois rien du tout, Sonya va ramener ton Docteur.
Yaz finit par capituler, et se rallongea, elle ferma les yeux. Elle était fatiguée, mais elle était trop nerveuse pour dormir, elle ne voulait pas paraitre faible devant le Docteur, elle ne voulait pas montrer une part de faiblesse, elle ne pouvait pas prendre le risque que le Docteur puisse l'abandonner. Son cœur battait trop vite, son sang pulsait dans ses veines et… Elle fut réveillée par le bruit du sonique et les mains du Docteur parcourant son corps, elle la reconnut avant même d'ouvrir les yeux à sa peau légèrement plus froide et à son agitation.
—Doucement Docteur, je vais bien.
Elle ouvrit les yeux pour croiser ses yeux clairs et angoissés. Alors qu'elle tentait de se redresser, la blonde la serra dans ses bras. Yaz profita de l'étreinte, elle sentait le soleil, l'huile de moteur et la rose. Comment pouvait-elle sentir la rose ? Non elle ne voulait pas réfléchir à ça maintenant, elle, les mains du Docteur étaient sur elle. Il fallait changer de sujet.
—Comment avance les réparations du Tardis ?
—Bien. Elle va bien. Nous pouvons partir quand tu le souhaites.
—Maintenant.
—Non, Yaz, pas maintenant, tu dois te reposer.
—Il est hors de question que je dorme à l'hôpital… maman…
Najia qui était en retrait jusque-là, s'avança vers sa fille. Elle leurs avait laissé un peu d'espace, les observant, essayant de comprendre. Elles n'étaient pas ensemble mais Najia pouvait voir l'intimité entre elles comme elle avait vu la tendresse et l'angoisse chez cette étrange femme.
—Je vais voir pour te faire sortir ce soir, mais je ne te garantis rien.
Et elle quitta la chambre laissant Yaz et le Docteur en tête à tête. Sonya avait échangé avec elle en arrivant avec la blonde alors que celle-ci c'était propulsé dans la chambre de Yaz.
Sonia était restée à l'extérieur quand elle était arrivée avec la blonde. Elle avait observé cette femme se rendre au chevet de Yaz et la parcourir avec un drôle d'objet, Yaz s'était éveillée comme si elle avait senti sa présence. Leur mère échangea quelques mots avec Yaz avant de quitter la pièce, la rejoignant. Les deux femmes observaient le Docteur penchée sur Yaz, s'agitant nerveusement.
—Cette femme est vraiment cinglée, maman. Elle n'a pas arrêté de s'agiter, je ne sais même pas ce qu'elle a raconté la moitié du temps.
—Ta sœur a le don de se faire des amis spéciaux, mais je préfère ça que la voir triste comme avant.
—Oui, j'avoue que de ce côté-là c'est agréable, et je t'interdis de lui dire que j'ai dit ça.
Najia sourit doucement à sa fille, elle n'avait rien vu et décida de protéger le jardin secret de Yaz. Elle avait toujours soupçonné sa fille d'être aussi encline auprès des jeunes hommes que des jeunes femmes qu'elle se le soit avoué ou pas. Mais Yaz était Yaz, elle ne pourrait pas avouer ce qu'elle ne pouvait pas juger comme décent pour la communauté. Yaz avait la pudeur que sa sœur n'avait pas, deux enfants, deux petites filles, tellement différentes et pourtant elle les aimait cruellement.
Appartement des Khan. 22h.
Il était tard mais Najia Khan avait réussi à faire sortir Yaz de l'hôpital, le Docteur n'avait pas lâché la main de sa fille, incapable de ne pas rester dans le périmètre de Yaz. En entrant, mère et fille avaient préparer un repas rapide alors que le Docteur veillait sur Yaz dans le canapé, discutant à voix basse entre elles.
—Docteur, Yaz, le dîner est prêt.
Le Docteur aida Yaz à se mettre debout, la soutenant jusqu'à la table. Tous commencèrent à diner mais Najia voulait en savoir plus sur les évènements, elle ne comprenait pas ce qui s'était passé et elle était terriblement inquiète.
—Yasmin, tu m'expliques pourquoi j'ai dû aller te chercher à l'hôpital ?
—Je ne sais pas, je faisais ma ronde avec Patricia, et nous avons été appelé sur un vol à la tire. Nous avons poursuivi le voleur, et je me suis retrouvé à bout de souffle. Mes poumons me brulaient et quand j'ai rouvert les yeux j'étais dans l'ambulance des pompiers, je n'ai pas réussi à vraiment rester à la surface et je me suis réveillée à l'hôpital. J'ai dû avoir un coup de fatigue.
—On ne fait pas de malaise avec juste un coup de fatigue, Yaz.
—Je vais bien, maman, je t'assure.
—On verra quand tes analyses reviendront.
—On en parlera demain, maman, je suis vraiment fatiguée.
Yaz se leva, entraina le Docteur avec elle vers sa chambre, elle avait tous les deux besoins de repos. Le Docteur ne fit pas d'histoire, elle suivit Yaz en silence, mais la brune pouvait voir le Docteur inquiète. Elle garda le silence, la migraine l'empêchait de réfléchir, ce qu'elle voulait c'était dormir dans les bras du Docteur avant de reprendre la route des étoiles demain matin.
