Bonjour à tous,

L'intrigue se met en place doucement mais sûrement dans ce nouveau chapitre, qui, je l'espère vous plaira. Bonne lecture ;)

Chapitre 4 :

A sept heures pile, son réveil sonna le début de la journée.

L'esprit encore engourdi par le manque de sommeil, elle tapota un instant dans le vide puis finit par trouver le téléphone portable et l'éteignit rageusement. Elle se frotta les yeux, étouffa un bâillement à s'en rompre la mâchoire et posa lourdement son livre sur sa table de chevet.

Elle avait passé une très mauvaise nuit.

Lorsqu'elle reprit peu à peu conscience de l'endroit ou elle se trouvait, un sentiment de stress envahit son cœur et son estomac. Son premier jour de stage Moldu était bel et bien arrivé. C'était le moment de montrer ce qu'elle avait dans le ventre. Elle réussirait ses ASPICS !

Rassurée par ses propres pensées, Hermione se leva avec entrain, ouvrit la fenêtre de sa chambre – il pleuvait toujours autant dehors-, s'empara de ses vêtements préparés la veille et installés sur une petite chaise, et marcha d'un pas décidé vers la salle de bain.

L'eau de sa douche était brûlante, mais c'était tout ce dont elle avait besoin pour se réconforter un minimum. Elle prit le temps de bien se laver les cheveux et de se les sécher avec le plus grand soin. Elle se brossa frénétiquement les dents, se pinça légèrement les joues dans l'espoir de les rendre plus rosées et s'habilla d'une chemise blanche et d'un pantalon noir. Sur une idée de dernière minute, elle décida de se faire un chignon, pour avoir l'air un peu plus âgée et pourquoi pas aussi sévère que l'était le professeur McGonagall. Satisfaite du résultat, elle sourit en constatant qu'en moins de vingt minutes elle avait réussi à être prête.

Il ne lui manquait plus qu'à préparer son sac à main, boire un café et le tour était joué. D'un air décidé, elle alla vers la cuisine et poussa un cri de surprise en apercevant Malefoy, en serviette de bain – et uniquement en serviette de bain – en train d'essayer de faire marcher la machine à café. Visiblement il ne l'avait pas entendu arriver.

- Tu essaies de faire quoi ?

Il sursauta légèrement et la regarda avec colère.

- Du café, râla-t-il en tapant sur la machine, mais je ne comprends rien à ce truc. J'ai besoin de café Granger, je suis sur les nerfs et j'ai passé une nuit pourrie.

- Laisse-moi faire.

- Ne m'en veux pas mais je préfère me débrouiller.

Devant son manque de confiance évident, la jeune femme ne put s'empêcher de sourire. Malefoy était décidemment un petit joueur, pensa-t-elle, et étonnamment cela l'amusait.

- Le café, je gère. Maintenant va t'habiller avant que ta serviette ne tombe par terre et que je vois un spectacle que je n'ai pas du tout envie de voir de bon matin.

- Pudique, hein ? Pourquoi ça ne m'étonne pas.

Hermione ne répondit pas à cette énième attaque et inséra le filtre à café dans la cafetière. Elle sentait bien que son colocataire était toujours à côté d'elle, mais elle l'ignora, ses pensées en ébullition et le cœur battant. Il sentait bon, et ce constat la déstabilisa plus que de raison. Malefoy était son ennemi juré, c'était un fait, et il était temps de calmer ses ardeurs de jeunes adultes. A ces pensées qui se voulaient sensées, les yeux de la jeune femme se posèrent instinctivement sur le torse bien dessiné de son colocataire elle se mordit aussitôt la lèvre. Il était vrai qu'il n'était pas désagréable à regarder non plus. Peut-être grâce à sa haute silhouette et son corps un brin musclé. Depuis quand d'ailleurs était-il si bien bâti d'ailleurs ? Elle se retint de ne pas lever les yeux au ciel en se rappelant qu'il jouait au Quiddich et que ceci devait expliquer cela.

- Tu insères deux cuillères à café, s'obligea-t-elle à dire pour essayer de chasser ses pensées de plus en plus gênantes, tu mets un peu d'eau, comme ceci et tu appuies ensuite sur ce bouton. Voilà, maintenant tu sais faire du café Moldu.

Elle osa regarda son colocataire qui émit un petit sourire en coin.

- Quoi ?

- Rien, Granger. Je vais m'habiller avant que tu ne deviennes totalement cramoisie.

Il ricana et s'enferma dans la salle de bain en prenant soin de fermer à double tour. Hermione tiqua.

- Je ne suis pas cramoisies, s'énerva-t-elle.

Finalement, elle n'aurait peut être pas dû pincer autant ses pommettes !

XXXX

L'école maternelle était reliée à l'école primaire au fin fond d'une avenue interminable. Le bâtiment, immense et peint d'un joli rouge brique, laissait entrevoir plusieurs salles de cours déjà pleine d'élèves. Hermione n'eut pas le temps de faire plus attention aux détails qui l'entouraient : ils étaient en retard. Bien évidemment, c'était la faute de Malefoy, qui avait eu la bonne idée de ne pas monter dans le métro à temps. Ce moyen de transport n'était décidemment pas fait pour lui. En attendant, elle était en colère et n'en démordait pas.

La météo n'arrangeait en rien sa mauvaise humeur grandissante et elle se maudit de ne pas avoir pensé à acheter un parapluie.

- Ils sont tous rentrés, sanglota-t-elle

- Relax, on a trois minutes de retard c'est pas non plus la fin du monde !

- C'est inexcusable tu veux dire. A la place de notre tutrice, je serai furieuse.

- ça m'étonne, venant de toi !

Elle n'arrivait pas à comprendre comment il arrivait à rester si calme. Soit c'était un inconscient de première, soit il savait maîtriser ses sentiments à la perfection. Pour se rassurer, elle pencha pour la première option.

Sans lui accorder le moindre intérêt, elle ouvrit la porte menant à la grande cours de récréation, et sentit la nostalgie l'atteindre de plein fouet. Des images de sa propre enfance envahirent son esprit et elle se revit toute petite, alors que ses parents l'emmenaient pour la première fois à l'école. Quel bon souvenir, plein de tendresse et de découverte !

- Dépêche-toi ! Râla-t-elle alors que Malefoy était à la traine, derrière elle

Trop occupée à le sermonner, elle ne vit pas tout de suite une jolie jeune femme s'avancer dans leur direction, sous le préau de l'école. Ses cheveux blonds tombaient en cascade jusqu'au milieu de son dos et de beaux yeux bleus encadraient un visage ovale tout à fait charmant. Elle était fraiche comme une rose de printemps et semblait chaleureuse et sympathique. A leur vue, elle adressa un large sourire à Hermione qui ne put s'empêcher d'en faire autant.

- Vous êtes les parents du petit Mathéo ? demanda l'inconnue en observant Hermione avec d'autant plus d'intérêt.

- Pardon ? Les parents de … Ah non non non, non, je ne suis pas maman.

Peut-être qu'elle n'aurait pas dû se faire ce chignon finalement. Avait-elle l'air d'être mère à seulement dix-huit ans ? Si elle n'était pas en retard, elle aurait sans doute été horrifiée par cette nouvelle.

- Nous venons pour le stage et nous avons un petit peu de retard ! continua-t-elle d'une voix légèrement paniquée

- Oh, mes excuses, je suis Madame Burgess je m'occupe des premières années du primaire.

- Ils ont sacrément de la chance.

En entendant ces mots sortir de la bouche de Malefoy, Hermione le regarda en biais, la bouche légèrement ouverte. Il regardait la maitresse avec une passion qu'elle ne lui connaissait pas et qui était très franchement dérangeant.

- Je m'appelle Drago Malefoy, reprit-il d'une voix charmante et étrangement professionnelle.

Il lui tendit la main que Madame Burgess s'empressa de serrer.

- Vous pouvez m'appeler Rachel, dit-elle en lui adressant un charmant sourire.

Hermione les regarda l'un après l'autre, croyant à une mauvaise blague. Elle pouvait voir une étincelle jusqu'alors inconnue briller dans les yeux de Malefoy, et constata qu'il en était de même pour cette Rachel.

- Hum, je suis désolée de vous déranger à un moment pareil mais est-il possible est-il possible de nous emmener à notre tutrice ? Il s'agit de Madame Smith, celle qui s'occupe des premières années de maternelle.

Son ton était devenu beaucoup plus cassant. Elle n'avait pas le temps pour ce genre d'idiotie.

- Excusez-moi, reprit Rachel en reprenant ses esprits, Madame Smith est absente mais je sais que la Directrice tenait absolument à vous voir avant. Suivez-moi.

Sa robe tailleur aussi bleu que ses yeux virevolta autour de ses jambes et Hermione ne put s'empêcher de murmurer froidement :

- Tu as oublié que c'est une Moldue, Malefoy ? Le genre de personnes que tu détestes et méprise depuis toujours ?

- En attendant, qu'elle soit Moldus ou pas, elle a un sacré fessier, répondit son interlocuteur en penchant un peu plus la tête sur le côté.

Son comportement purement masculin finit d'achever Hermione. Elle marmonna des paroles incompressibles d'un pas rapide et énervé, tout en suivant Rachel dans les couloirs de l'école maternelle. Des centaines de dessins accrochés au mur et peint de toute les couleurs, donnait un spectacle attendrissant aux yeux de la jeune femme et elle oublia un court instant la scène incongrue qu'elle venait de vivre.

Les murs de couleurs vertes, contrastaient avec le rouge du sol. Une légère odeur de peinture et de produits d'entretien titilla ses narines et elle replongea une nouvelle fois dans des souvenirs de son enfance.

Devant chaque manteau pendu au mur, il y avait une image pour que les enfants puissent savoir ou le mettre. Elle se souvint qu'à l'époque, le sien était un champignon. Elle garda toutefois cette information pour elle.

- Et voilà, le bureau de la Directrice se situe juste ici.

Hermione vit le nom de la fameuse directrice, Madame Richards, briller de mille feux sur une large porte fermée. Rachel frappa trois petits coups et un « entrez » sévère résonna aussitôt jusqu'à eux. Il n'en fallut pas plus pour que le stress d'Hermione refasse son apparition. Elle se permit donc d'entrer, en compagnie de Malefoy, plus sérieux que jamais avec ses mains dans les poches et le visage fermé. Il adressa toutefois un petit sourire à la jolie Rachel, ce qui exaspéra sa partenaire.

La Directrice n'était pas seule et semblait avoir été coupé au beau milieu d'une conversation importante. Loin d'être impressionné par son visage furibond, son interlocuteur, aussi jeune que Rachel, regarda Hermione et Drago entrer avec un large sourire.

- Et bien voilà, toi qui t'inquiétais, nos deux stagiaires sont ici.

Madame Richards les regarda un long moment, les lèvres pincés et l'air très sévère. C'était le genre de personne à qui on ne pouvait pas donner d'âge. Elle pouvait avoir aussi bien cinquante ans que soixante-dix. Les cheveux courts, elle jaugeait ouvertement les nouveaux arrivants, ce qui rendit Hermione encore plus nerveuse qu'elle l'était déjà.

- Enchanté, reprit l'inconnu en se levant de son siège, tout en se passant une main dans ses cheveux noir de jais. Je suis David Richards, le directeur adjoint de l'école.

- Richards ? répéta Hermione avec surprise.

- Le fils de Madame Richards, bien évidemment, reprit-il en lui adressant un large sourire. J'essaie de me dire qu'elle m'a embauché pour mes compétences et non pas par simple piston, vous me direz ce que vous en pensez à la fin de votre stage.

Hermione émit un large sourire devant autant de simplicité, ce qui semblait agacer prodigieusement Malefoy qui leva les yeux au ciel.

- Hermione a loupé le métro, du coup on a pris un peu de retard.

Choquée qu'il ose à la fois mentir de cette manière mais aussi l'appeler par son prénom, la jeune femme le regarda la bouche grande ouverte.

- Pour un premier jour, c'est honteux, aboya la Directrice d'une voix sèche. Asseyez-vous. David, on se revoit plus tard.

Madame Richards attendit que son fils referme la porte derrière lui avant de croiser les bras et de regarder les deux stagiaires avec une curiosité non dissimulée. Habillée d'un tailleur aussi sévère qu'elle, son regard ne les quitta pas. Soudain, elle s'exclama :

- Ainsi, vous avez de l'expérience dans le domaine scolaire.

Visiblement, elle n'en croyait pas un traitre mot et les lorgna de haut en bas.

- Nous adorons les enfants, répondit Hermione en espérant que son mensonge passerait aux yeux de la directrice.

- Hum. Pour être honnête, j'avais un bien meilleur candidat en tête, mais on va dire que vos professeurs ont fait preuve d'une persuasion efficace. De sacrés personnalités tous les deux, hein ?

Malefoy grogna.

- Vous avez de l'expérience dans ce domaine, n'est-ce pas ? Vous savez ce que vous faites en venant ici pour une durée de trois mois. Vous avez conscience de l'enjeu qui en ressort. Des responsabilités qui vous attendent.

- Bien entendu.

- Parfait. J'imagine que le fait d'apprendre que votre tutrice, Madame Smith, est en congé maladie pour une durée encore indéfinie ne vous pose donc pas de problèmes.

Hermione la regarda ébahie, tandis que Malefoy ne semblait pas comprendre un traitre mot de ce qu'elle disait.

- Mais qui va noter notre stage dans ce cas ?

- Moi, bien évidemment. Et autant vous dire que je suis dure à satisfaire, surtout avec une classe telle que les premières années. Ces jeunes font leur premier pas à l'école et il est très important que vous vous en occupiez avec le plus grand des respects. Toute leur éducation passe par leur maitre d'école et encore plus quand ils en sont au début de leur scolarité et dans cette école. Ou plutôt devrais-je dire, dans mon école.

- J'imagine que ceci explique l'absence de Madame Smith ?

La question de Malefoy, indécente, sembla énervée davantage la directrice. Hermione lui donna un coup discret dans les côtes, ce qui lui valut un regard assassin.

- Madame Smith est simplement fatiguée. J'imagine que d'ici quelques jours elle reprendra son poste comme si de rien n'était et qu'elle reviendra nous voir pour notre plaisir à tous. Bon, assez bavardé, je vais vous présenter aux élèves, vous avez assez eu de retard comme ça.

D'un air revêche, elle contourna les deux stagiaires et Hermione remarqua à quel point elle était petite.

- Vous avez une vingtaine d'élèves au total, reprit la directrice tout en marchant le long des couloirs. Essayez d'apprendre le plus vite possible leurs prénoms sinon vous ne vous en sortirez pas. Ils sont tous âgés entre trois et quatre ans, ça dépend des cas. Moitié filles et moitié garçons, j'accorde beaucoup d'importance à la parité.

Hermione écouta avec grande attention ces nouvelles informations. Puis, elle stoppa net ses pas quand Madame Richards leur dicta :

- Attendez une minute. Je vais leur annoncer la nouvelle, ils ne sont pas encore au courant.

Elle ouvrit une large porte jaune et aussitôt des hurlements résonnèrent, jusqu'à ce que la porte se referme précipitamment, les laissant plus seuls que jamais. Elle sentit Malefoy se raidir à côté d'elle, et elle devait avouer qu'elle n'en menait pas large également.

Soudain, sans prévenir, une femme d'un certain âge sortit de la salle de classe en ouvrant la porte à la volée, tout en marmonnant des syllabes incompréhensibles. Couverte de peinture de la tête au pied, ses lunettes de travers sur le bout du nez et visiblement au bord de la crise de nerf, elle ne prit conscience de leur présence que lorsqu'elle faillit percuter Hermione.

- C'est vous les stagiaires ? Je vous souhaite bon courage ! Cette pauvre Madame Smith a pété les plombs, on comprend mieux pourquoi !

Et tout en pestant contre tout et n'importe quoi, elle repartit vers l'extérieur, toujours aussi excédée, à tel point qu'elle ne vit pas la femme de ménage sur son chemin et la percuta de plein fouet. Manche à balai, seau d'eau, chiffon, tout voltigea au sol.

- Mon Dieu Sarah, je suis désolée. Veuillez me pardonner c'est juste que … ces petits ont fini de m'achever !

Devant cette scène pour le moins incongrue, le Serpentard se tourna au ralentit vers Hermione, puis ouvrit tout doucement la porte de la classe, les sourcils froncés.

- Un peu de silence, cria Madame Richard. Chut, les enfants, écoutez-moi ! Lucas, arrête de lécher le sol et de mettre de la bave de partout. Emilie, essuie ses vilaines larmes sur tes joues, ma chérie. Voilà, est-ce que vous m'entendez tous ? J'ai une grande nouvelle à vous annoncer ! Vous savez que Madame Smith…

- Merlin, Granger, dis-moi que je rêve. Est-ce que tu vois ce que je vois ?

Leurs yeux effarés se croisèrent en même temps et pour une fois, ils pensèrent exactement à la même chose. Cette classe ressemblait à un terrain de guerre. Il y en avait de partout : jouets, nourritures, peintures, peluches, livres, billes, lego … Elle se demandait comment il n'y avait eu un accident plus tôt.

- … Et je vous présente donc vos deux nouveaux professeurs, Hermione et Drago. Vous les appellerez par leur prénom, hein, ce sera plus simple pour tout le monde. Et bien qu'est-ce que vous attendez pour rentrer tous les deux ?

Le fait qu'ils se fassent légèrement gronder par leur directrice, amusa grandement les enfants qui les regardèrent avec un mélange de curiosité et de sournoiserie. Hermione se sentit obligée de rentrer dans la salle de classe, tout en poussant son voisin pour qu'il en fasse de même. Jamais elle ne l'avait vu aussi … terrifié. La bouche en O, il semblait incapable de bouger.

- Bonjour les enfants, s'exclama Hermione en essayant de sourire gentiment. Je suis ravie de faire votre connaissance, je suis certaine que nous allons bien nous amuser tous ensemble.

Les élèves la regardèrent avec dédain et reportèrent aussitôt leurs attentions sur la Directrice de l'école.

- Ou elle est, Madame Smith ? demanda un petit garçon en se mettant le doigt dans le nez

- Elle est malade, Dylan, répondit Madame Richards d'un ton faussement triste. Son médecin lui a dit qu'elle devait rester chez elle pour ne pas que vous tombiez malade vous aussi mes chéris. Elle vous aime tellement !

- Quand je suis malade, maman elle fait tout ce que je veux, renchérit un autre petit garçon plus potelé que les autres.

- Mais elle revient quand, Madame Smith ? reprit une fillette d'une voix pleurnicharde. Je l'aimais bien moi, à Madame Smith.

- Elle reviendra très bientôt, promis Hermione en sentant l'ambiance devenir de plus en plus pesante.

- T'a pas une tête de maitresse, s'amusa une petite fille avec des couettes. Et lui non plus !

Ne sachant que dire, Hermione se contenta de sourire bêtement. Un long silence s'installa dans la classe et elle fit de son mieux pour ne pas partir en courant de cet endroit. Jamais elle ne s'était sentie aussi … nulle.

- Parfait, s'exclama la directrice en tapant des mains. Ils sont à vous Miss Granger et Monsieur Malefoy. Je vous conseille de faire votre maximum pour aider ces pauvres enfants. Ils en ont bien besoin !

Lorsque Madame Richards quitta la classe, Hermione pensa à ses ASPICS et souffla un bon coup avant de s'exclamer gaiment :

- Bien c'est parti ! Je sais que c'est toujours difficile de perdre ses repaires mais je n'ai aucun doute sur le fait que nous deviendrons les meilleurs amis du monde.

- Pourquoi il nous regarde comme ça ? demanda le fameux Dylan, le doigt toujours dans le nez

Hermione mit du temps avant de comprendre de qui il voulait bien parler, puis elle aperçut Malefoy, droit comme un piquet, regarder la salle avec un dégoût de plus en plus évident.

- Il est juste … très timide, répondit Hermione en faisant les gros yeux à son partenaire.

- Qui a mis cette salle dans un tel état ? demanda le Serpentard d'une voix irritée. Alors ? Vous vous décidez à répondre ? Ne croyez pas que c'est moi qui vais m'amuser à tout ranger !

Les enfants le regardèrent avec surprise, puis aussitôt, ils se mirent à geindre. Certain pleuraient avec une sincérité incroyable, tandis que d'autres jouaient la comédie avec un réel talent, ce qui inquiéta lourdement Hermione. Était-il possible d'être comédien à cet âge-là ?

- Oh ! S'extasia-t-elle malgré les nombreux pleurs et cris qui s'intensifiaient. Mais qu'est-ce que je vois, ici ? C'est un petit cochon d'inde ? Qu'il est mignon !

La petite bête à poil roux était confortablement installée dans les bras d'un petit garçon, qui semblait plus fier que jamais par cette approche calculée.

- Il s'appelle Bond ! s'écria-t-il avec fierté. C'est moi qui aie eu l'idée, pas vrai les copains ? Parce que je m'appelle James et ça fait James Bond quand on colle les deux noms. C'est rigolo, pas vrai ? James Bond, ouais !

- Qui c'est James Bond ? demanda Malefoy avec agressivité.

- Tu ne connais pas ? S'étonna le jeune garçon. Ça alors, t'es vraiment bête !

Tous les élèves ricanèrent entre eux, ce qui agaça prodigieusement Malefoy. Prêt à répliquer, Hermione lui lança un regard féroce : ce n'était franchement pas le moment de se faire remarquer.

- Vous êtes des amoureux ? demanda une petite fille qui était habillée en robe de princesse.

- Bien sûr que non, s'indigna Malefoy.

- Oh. Vous êtes un garçon et une fille pourtant.

- Et alors ?

- Tu es un Prince Charmant en vrai, pas vrai ? Je m'appelle Emilie, est-ce que tu veux bien être mon Prince Charmant pour la journée ?

La petite fille se leva vers son professeur et ferma les yeux, les lèvres mises en avant, dans l'attente évidente d'un bisou. Malefoy s'approcha le plus doucement possible d'Hermione, les yeux ébahis.

- Au secours, Granger, murmura-t-il si bas qu'elle eut du mal à le comprendre. Je ne vais pas tenir. Pas tenir du tout.

- Ok, ok ! reprit Hermione avec un entrain surjoué. Nous allons tous nous amuser à ranger un petit peu cette salle de classe et …

- Oooooooooooooooooooooooh !

Quelques enfants se remirent à pleurer devant la nouvelle.

- Et nous le ferons tous ensemble !

- Ooooooooooooooooooooooooh !

- .. et après je vous lierai une histoire, d'accord ?

Tant pis pour les mathématiques, elle attendrait quelques jours.

- C'est à mon tour de choisir l'histoire, reprit la petite fille. C'est à moi, Sabrina, de choisir, nananère ! Je veux une histoire de princesse !

- Non c'est pas vrai, c'est à moi de choisir et les princesses c'est nul ! Renchérit un autre.

- On pourrait lire une histoire avec des agents secrets ? Comme James Bond. Je suis James moi, et mon cochon d'inde il s'appelle …

- Merlin Granger, fait quelque chose !

- ça suffit, s'écria la jeune femme en sentant la panique arriver. Nous la choisirons tous ensemble cette histoire. Allez, allez, on se lève et on range au moins tout ce qu'il y a par terre, pour éviter de se faire mal et puis après on s'amusera, d'accord ?

Par chance -et étrangement-, les petits l'écoutèrent dans un brouhaha effrayant.

- Malefoy, fais un effort toi aussi sinon on ne s'en sortira jamais.

- Mais c'est pire qu'Azkaban !

- Ce n'est facile pour personne mais aide-les à ranger et arrête de crier, ils nous regardent.

- Je suis prof, c'est pas au prof de ranger !

- Rappelle-moi ton âge ?

Le concerné soupira férocement et prit sur lui pour ramasser quelques dessins jonchés sur le sol. Son comportement semblait amuser quelques enfants qui l'imitèrent en poussant des soupirs plaintifs surjoués.

Pendant ce temps, Hermione essaya de mener la situation comme elle l'entendait, mais c'était beaucoup plus compliqué que prévu. C'est simple, personne ne l'écoutait. Même quand elle demandait le prénom des uns ou des autres, on lui répondait par une autre information. Au final, les petits ne rangeaient pas du tout la classe, et continuaient à s'amuser ou à se bagarrer entre eux, comme si elle n'existait pas. Passablement énervée, elle finit par distinguer au loin de la salle, une petite fille, toute seule, en train de dessiner sagement sur une petite table en plastique. Elle s'approcha doucement, ne voulant pas l'effrayer davantage. Elle était proprement habillée et coiffée, contrairement aux autres et semblait étrangement mature et calme pour son âge.

- Bonjour, dit Hermione avec un grand sourire. Il ne me semble pas t'avoir vu tout à l'heure, pendant les présentations.

- Je suis bien ici, se contenta de répondre la petite sans lever les yeux de son dessin.

- Qu'est-ce que tu dessines ?

- Un château.

- Un château de princesse ? Tu aimes les Princes Charmants toi aussi ?

- Non. J'aime pas être avec les autres.

- Pourquoi ?

- Je suis différente, expliqua-t-elle en levant les épaules.

- Comment est-ce que tu t'appelles ?

- Julie.

- Et pourquoi tu penses être différente des autres, Julie ?

Plus concentrée sur son dessin que sur la question d'Hermione elle tira la langue et coloria du mieux possible les personnages de son château. La jeune femme voulait en savoir plus sur elle, mais l'apparition soudaine de son partenaire la coupa net dans son élan. Les cheveux en pagaille, il ne semblait plus savoir où donner de la tête.

- Je croyais qu'il fallait ranger, qu'est-ce que tu fiches, bordel ?

- Il a dit un gros mot ! hurla un petit aux autres

- Aaaouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh !

- Malefoy …

- Allez tous dormir, vous commencez à …

- Arrête de les effrayer, chuchota Hermione.

- Caca !

L'apparition de Dylan mit fin à la scène qui allait suivre. Croyant avoir mal entendu, elle le regarda sans savoir quoi dire ou quoi faire. Le petit garçon reporta alors toute son attention sur Malefoy, croisa ses jambes et répéta avec un peu plus d'empressement :

- Caca !

- Oui et beh vas-y et arrête de le répéter toutes les cinq minutes, s'emporta le blond. Et ne touche pas ma veste avec tes doigts franchement dégoûtants.

- Mais je peux pas y aller tout seul ! répondit le petit sans lâcher la veste en question. Il faut m'enlever la salopette et tout et tout. Et il faut que je parle sinon j'y arrive pas.

- Va voir la maitresse, elle adore amener les garçons aux toilettes.

- C'est une fille, répondit le garçon, choqué.

- Et alors ?

- Je ne veux pas qu'elle voit mon zizi, allez dépêche-toi ou je vais faire dans ma culotte et maman sera pas contente. Pas contente du tout ! Et quand maman n'est pas contente, attention c'est pas joli joli.

- Tu devrais l'écouter, renchérit Hermione, il a vraiment l'air d'être … pressé. Et puis tu ne voudrais pas que sa mère nous fasse une scène lors de notre premier jour ?

Les yeux exorbités, Malefoy regarda Granger et Dylan avec une telle panique, qu'elle se mordit la lèvre pour ne pas exploser de rire.

- Tu vas me le payer, Granger, se contenta-t-il de dire d'une voix particulièrement aigue

- Pendant que tu vas t'amuser avec ce bonhomme, je vais devoir m'occuper de tous les autres, crois-moi, je préférerai être à ta place.

Ce n'était pas vrai du tout, mais il n'était pas censé le savoir. Visiblement pressé, Dylan s'empara de la main de Maleofy et le poussa hors de la classe.

Hermione attendit qu'il quitte définitivement la pièce avant d'éclater de rire.

Tandis qu'elle regardait la porte se refermer derrière Malefoy, elle ne vit pas James s'approcher dangereusement de son pantalon, les mains couvertes de peinture. Une bille posée au sol glissa sous son pied et il trébucha de tout son long sur la seule chose qu'il avait devant les yeux : le pantalon de sa maitresse.

- Désolée, marmonna-t-il devant le regard tétanisé d'Hermione.

Puis l'air de rien il se releva en reprenant appui sur les vêtements de la jeune femme, et reprit sa route, les mains toujours couvertes de peinture.

Au ralenti, Hermione regarda avec horreur son pantalon couvert de verts, de bleus et de rouges écarlates. Comme pour approuver ses propos précédent, la petite Julie répéta avec une évidence presque malvenue:

- Voilà pourquoi je ne suis pas comme les autres. Qui aurait idée de courir avec de la peinture plein les mains dans une salle aussi mal rangée ? Et quelle maitresse digne de ce nom pense que venir avec un pantalon chic est un signe d'intelligence ?

Hermione pinça des lèvres.

A présent, elle comprenait ce que voulait dire Malefoy quand il la traitait de Miss-Je-Sais-Tout…

Voilà pour ce premier jour de stage chez les Moldus! J'espère que vous avez apprécié et rigolé, car c'était le but premier. Nos deux héros n'ont pas fini d'en baver mais vous aller voir comment ça va évoluer par la suite ... :)

Dans le prochain chapitre il y aura : une histoire de caca - de révélations - de curiosité mal placée :)

A dans 2 semaines !