Je remercie AmbreKuchiki47 pour la review. Voici comment tout a commencé entre Byakuya et Kenpachi... Bonne lecture !
Chapitre 4
Seize ans auparavant.
Byakuya remarqua une agitation étrange s'emparer des couloirs en ce début de troisième trimestre. Il regarda autour de lui à la recherche d'indices. Il ne se rappelait pas d'un quelconque évènement.
« C'est scandaleux qu'un bouffon de son genre soit admis ici. Déjà qu'on doit supporter une femme comme professeur. »
Cela fit tilt dans son esprit. Un programme pour des élèves boursiers devait être lancé à la prochaine rentrée. Les élèves en question devaient être venus en immersion pour le dernier trimestre. Une tempête dans un verre d'eau.
Il préféra ignorer cette effervescence inutile et se rendit dans sa salle de cours. Ce programme avait été lancé pour améliorer l'image de l'école et lui amener une certaine modernité. Quelques élus étaient choisis : de hauts potentiels intellectuels ou des sportifs prometteurs. Le but était de dénicher des talents et donner l'espoir que le monde de la haute société était accessible au plus méritant.
Cette année serait un test et ce n'était pas la seule nouveauté : une jeune femme, Yumi Isaka venait d'être titularisée au poste de professeur d'histoire géographie dans le lycée. L'école souhaitait attirer plus de lycéennes alphas, elles étaient peu nombreuses et se tournaient le plus souvent vers des études à l'étranger faute de trouver des lycées suffisamment accueillants au Japon.
Il entra dans la classe et s'installa à sa place pour reprendre ses notes. Le professeur de mathématique et sous-directeur Sasakibe l'interrogeait à chaque fois alors il se tenait prêt. De plus il devrait renseigner le ou les nouveaux élèves de sa classe, s'il y en avait, il était le délégué et la tâche lui incombait. Il devait être au courant de tout.
La sonnerie retentit et le cours commença. Comme il s'y attendait le professeur l'interrogea pour corriger les exercices mais il fut interrompu par l'arrivée du directeur. Tous les élèves se levèrent aussitôt. Il entra et s'avança vers le professeur mais se tourna sans lui adresser un mot.
« Messieurs aujourd'hui vous allez accueillir un nouvel élève. Avancez-vous jeune homme. Voici Kenpachi Zaraki, il va rejoindre votre classe et intégrer le club de kendo. Je compte sur vous pour l'accueillir comme il se doit. »
Un jeune homme grand et musclé s'avança à côté de lui. Il dépassait le directeur et avait une carrure imposante malgré son air nonchalant. Sa tignasse noire était en bataille et son visage déjà trop rugueux pour un adolescent.
Le directeur ne lui donna pas l'occasion de se présenter et se tourna vers lui : « Monsieur Kuchiki, en tant que délégué et membre du même club, je compte sur vous pour l'accompagner dans ces premiers jours parmi vous. »
Il entendit quelques rires et hoquet de surprise derrière lui.
Il ne manquait plus que ça, pensa-t-il.
« Vous pouvez aller vous assoir, reprit le directeur. »
L'adolescent jeta son sac sur son épaule et se dirigea avec une démarche lourde au fond de la salle vers une place vide. Il ressemblait plus à un délinquant qu'un élève du Seireitei. Pas de place au doute : il s'agissait d'un élève boursier et au vu de la carrure il avait obtenu une bourse sportive. Byakuya aurait bien soupiré si le directeur ne l'observait pas. Aider un nouvel élève, pourquoi pas, mais il n'avait pas envie de jouer les tuteurs.
Encore moins pour ce gars.
Il était certains de s'attirer des ennuis en le fréquentant. Il évitait tous ses camarades et surtout de s'attacher. Il avait besoin d'alliés pas d'amis et il n'avait pas besoin qu'on fouille autour de lui… Mais il ne pouvait pas aller à l'encontre d'une demande directe du directeur.
Il trouverait bien un moment pour lui parler et le conduire au dojo. Qu'aurait-il tant à raconter de toute façon ? Il y avait déjà trop à dire sur sa façon de marcher et de se tenir, alors cela ne laissait rien présager de bon pour la suite.
Le cours put reprendre.
Bien qu'interrompu par des bâillements sonores. Byakuya pouvait presque entendre les expressions choquées de ses camarades. Le nouveau était bruyant et ne connaissait pas la discrétion. D'un autre côté il dépassait tout le monde d'une tête… Pour la discrétion on pouvait repasser.
Personne n'entendit le son de sa voix jusqu'à la pause déjeunée. Il héla un de ses voisins qui bondit sur sa chaise. Il avait une voix rauque et une intonation brute. Une fois sa réponse obtenue, il se leva et quitta la classe en direction du réfectoire. À peine fut-il sortit que les langues se délièrent.
« Pour qui il se prend celui-là ? Tu as vu comment il se comporte ?
- Quel malpolie en plus…
- Je ne sais pas qui a eu cette idée… Mais celui-là il ne fera pas long feu ici. »
Byakuya s'abstint de tout commentaire. La plupart de ceux qui se plaignaient avaient de la famille dans conseil de l'école… Cela même qui avaient autorisé le programme alors ils pouvaient très bien changer d'avis et révoquer un dossier si leurs rejetons se plaignaient d'un trop grand désagrément.
« En plus demander à Kuchiki de le chaperonner, c'est le summum. Il doit être ravi.
- Il a mieux à faire surtout. »
Cela l'amusait d'entendre qu'on le ménageait. Il était le plus gros poisson de cette marre, personne n'oserait le contredire ou le critiquer devant témoin. Les seuls qui pouvaient lui tenir tête dans cette école étaient les autres héritiers des grandes et nobles familles Kyoraku et Shihôin, respectivement Shunta, Shunsui et Yoruichi. Les deux derniers passaient leurs diplômes cette année. Shunta était le plus agressif et supportait mal les « manques de respect » comme il aimait les qualifier. Il se comportait plus comme un mafieux qu'un fils de bonne famille. Byakuya le trouvait ridicule mais il n'avait pas envie d'aller à l'affrontement. Il restait son ainé alors il préférait s'abstenir de tout scandale inutile.
« Kuchiki, tu ne vas pas au réfectoire aujourd'hui ?
- Non, je dois préparer la réunion du conseil des élèves.
- Oublie pas de manger ! »
La salle se vida complètement et Byakuya put souffler. Il prit le temps de s'étirer et de boire. Il n'avait pas faim mais se força : il avait un entrainement et ne pouvait pas sauter ce repas. Pas question de prendre le risque de faire un malaise. Il mangea sans envie et griffonna des idées pour la prochaine réunion. Il n'avait pas grand-chose à faire en réalité mais il avait besoin d'une excuse pour se tenir à l'écart.
Il se prit la tête entre les mains et en profita pour se reposer les yeux quelques instants. Son moment de calme fut coupé par la porte qui s'ouvrit en fracas sous les jurons.
« Vraiment des cons ici. »
Il n'eut pas de mal à reconnaitre celui qui interrompait son moment de quiétude. Il tourna la tête vers le nouveau fou furieux.
« Qu'est-ce t'as ? Tu verrais ta tête.
- Tu es toujours aussi… Direct ?
- Je sais pas, j'suppose. Je vois pas pourquoi faire des chichis pour dire des trucs simples.
- À ce que je vois tu t'es déjà fait des ennemis.
- S'il en faut si peu pour se faire des ennemis… Vous êtes sacrément susceptibles dans le coin.
- Tu devrais te faire petit pour ton arrivée… Certains ont l'influence qu'il faut pour te faire renvoyer.
- Comme toi, non ? T'es Byakuya Kuchiki. Je connais pas grand-chose mais j'ai déjà entendu ce nom de famille. Et puis je devais venir te voir pour des trucs genre… Des conseils ? Enfin j'ai juste besoin de savoir où sont le dojo et le vestiaire… Le reste ça m'intéresse pas vraiment.
- Je vois ça mais il te faudra plus que de bons résultats sportifs et des coupes en compétition pour rester ici.
- J'y crois pas, on croirait entendre un prof.
- Je fais mon travail de délégué et je n'ai pas vraiment envie de jouer les tuteurs non plus mais c'est à moi qu'on viendra demander de t'aider si tu te plante et j'ai autre chose à faire.
- Sérieux ? Comme si j'avais envie de faire des devoirs avec un gosse de riche.
- Et bien tu n'as qu'à t'arranger pour que cela n'arrive pas ! Cela nous ferra tous les deux des vacances, s'emporta-t-il.
-Ah… Tu sais t'énerver on dirait, sourit-il.
- Si tu cherches les ennuis, tu les trouveras. Tu devrais faire profil bas plutôt.
- Et puis quoi encore ! Je suis là pour trouver des adversaires à ma hauteur sinon j'ai pas d'intérêts à rester dans ce trou à snob.
- Tu t'avances un peu trop, non ? »
Il haussa les épaules. Byakuya se rendit compte qu'il n'avait jamais eu de conversation aussi longue avec ses autres camarades. Voilà qui était curieux. Kenpachi s'avança jusqu'à sa table, tira la chaise voisine et s'assit à côté de lui.
« Tu fais partie du club de kendo aussi, c'est ça ? Tu te débrouilles ou tu fais ça pour faire plaisir à ta famille ? T'as l'air gringalet mais plutôt solide… C'est curieux.
- Je me débrouille comme tu dis, ralla-t-il. »
Un sourire carnassier tordit son visage et il se pencha vers lui.
« Cool… On devrait s'entendre alors. Y a encore des cours avant l'entrainement de cet aprèm, non ? Soupira-t-il.
- Littérature, répondit-il. »
Il ralla et s'affala contre le dossier de sa chaise.
Il était vraiment puéril.
Il esquissa un sourire.
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Le cours de littérature se termina pour le plus grand plaisir de Kenpachi et le soulagement du professeur. Il n'avait cessé de manifester son ennuie de façon très sonores et sa joie de voir le cours se terminer n'échappa à personne.
Byakuya le vit arriver du coin de l'œil alors qu'il rangeait ses affaires. Il se planta en face de lui : « Alors tu me montres où est le dojo ? »
Un vrai gamin.
Il s'autorisa à soupirer : « J'arrive. »
Il le voyait trépigner d'impatience. Les quelques élèves qu'ils croisèrent dans le couloir s'écartèrent sur son passage : « Je leur fais peur ou t'es le boss du coin ?
- Probablement les deux.
- Tu caches bien ton jeu derrière tes airs de Sainte-Nitouche… T'es plus teigneux qu'il y parait.
- Attends qu'on soit au dojo.
- Ça, c'est le bon esprit ! Sourit-il. J'espère ne pas être déçu.
- Nos ainés ont décroché de nombreuses victoires cette année… Certains devraient passer en professionnel l'an prochain.
- Y a un peu de niveau finalement.
- Finalement ? »
Il le trouvait très présomptueux mais s'il avait pu obtenir une bourse sportive avec un caractère pareil, il devait être doué. Il attendait de le voir à l'œuvre pour se faire une idée.
Ils arrivèrent devant le vieux dojo et Kenpachi eut un sifflement appréciatif : « C'est chouette ça. » Byakuya s'étonna que le charme désuet de leur salle opère sur cette brute. Il fit coulisser les portes et montra le chemin des vestiaires. Il lui montra un casier vide et il se changea à la vitesse grand v. Il devait lui reconnaitre ça : il était passionné. Byakuya traina un peu plus et il sentit le regard de son camarade se faire insistant. Il le défia du regard mais ça ne fit rien. Il fixait un point sur son cou et il finit par comprendre ce qui attirait son attention pourtant il ne fit pas de commentaire.
Cela l'intrigua. Il avait toutes les raisons de le questionner lui qui n'avait, semble-t-il, pas la langue dans sa poche. Il aurait dû commenter la marque qu'il avait à la base du cou. Il avait été négligeant avec cet adolescent trop familier. Il n'avait pas besoin que cela tourne dans le lycée mais il ne pouvait pas lui demander de garder ça pour lui… Cela attirerait d'autres questions. Il nota tout de même de rappeler à son amant les règles de leur accord.
« Alors t'arrives ?
- Tu n'as pas besoin de m'attendre.
- Si tu traines toujours comme ça c'est sûr. »
Ils rejoignirent la salle d'entrainement ensemble. Byakuya s'étonna qu'il n'ait pas foncé directement vers la salle, il ne tenait plus en place. Il le conduisit jusqu'à l'entraineur et ce dernier afficha un large sourire :
« Alors c'est toi la nouvelle recrue ? Tu as déjà fait connaissance avec Byakuya à ce que je vois. C'est bien que les jeunes prometteurs s'entendent puisque vous allez souvent être ensemble pour les exercices ce trimestre. Les terminales ont terminé les activités de club et pour les premières c'est la dernière ligne droite pour valider l'année alors ça va être plus calme. Je ne veux pas saper le moral des autres, si je te mets contre eux ils ne voudront plus revenir l'an prochain… Et on a besoin de monde.
- Si un entrainement les dégoute, je vois pas comment ils peuvent s'en sortir en compétition.
- Tout le monde n'hérite pas de capacité extraordinaire. Ils doivent persévérer et si possible j'aimerais qu'il garde la motivation. Mais bon. Les présentations sont faites alors allez chercher le matériel et ne trainez pas on va commencer. »
Byakuya fit demi-tour sans se soucier de Kenpachi mais des pas lourds lui indiquèrent qu'il le suivait. Il avança jusqu'au fonds de la salle, fit glisser une porte et tourna à droite pour entrer dans le couloir qui longeait la salle. Quelques meubles et une bibliothèque y étaient entreposés et prenaient la poussière. Des feuilles et de vieilles revues trainaient par ci par là. Seul un bureau bien rangé semblait échapper à la poussière.
« C'est le bureau de monsieur Hyôsube, si jamais on te demande.
- À quoi ça lui sert ?
- Pour l'administratif. »
Kenpachi se mit à rire. Ils arrivèrent au bout du couloir et il ouvrit une vieille porte en bois aux gonds rouillés. Ils entrèrent dans une pièce sombre illuminée par un halo faiblard. Il attrapa les bokken entreposés à l'entrée.
« Vous n'avez pas pensé à tourner des films d'horreur là-dedans ?
- Ce n'est pas le genre. »
Byakuya eut un sourire, Kenpachi ne tarderait pas à connaitre la réputation de cette endroit.
« On amène que ça ? Et le reste ça sert à quoi ?
- Cette pièce sert de débarras plutôt qu'autre chose. C'est le plus petit club de sport alors c'est nous qui héritons du bazar.
- Sérieux ? Dans une boutique pareil j'aurais cru que beaucoup d'élève ferait un sport traditionnel.
- C'était le cas il y a dix ans, aujourd'hui l'engouement s'est réduit. Hyôsube est très sélectif et les entrainements sont difficiles. Le baseball et l'athlétisme sont devenus plus populaires.
- Mouais.
- Dépêchons-nous nous allons être en retard. »
Ils retournèrent dans la salle. Les autres membres étaient arrivés et s'était mis en place. Kenpachi remarqua qu'ils étaient plus nombreux que ce que Byakuya laissait entendre. L'entraineur lui fit signe et il s'avança devant tout le monde. Il eut droit à une présentation en bonne et due forme. Il fut accueilli par un salut collectif de ses camarades. Puis l'échauffement débuta pour des tours de terrain. Ils sortirent pour faire des tours du stade d'athlétisme. Kenpachi n'eut pas de mal à distancer ses camarades mais peina à rattraper Byakuya. Il remarqua son sourire lorsqu'il se retourna pour voir s'il le suivait toujours. Ils retournèrent au dojo pour le début de l'entrainement, au programme renforcement musculaire.
Byakuya ne revit pas Kenpachi, Hyôsube l'avait gardé à l'œil pour cette séance.
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Byakuya fut un des derniers à retourner aux vestiaires. Il aimait prendre le temps de s'étirer et souhaitait éviter la foule. Hyôsube en profita pour venir le voir et il n'eut pas de mal à anticiper le sujet de la conversation :
« J'ai vu que tu avais l'air de t'entendre avec le nouveau.
- C'est un bien grand mot, monsieur. Je l'ai rencontré ce matin comme tout le monde.
- Certes… Tu as pu constater qu'il n'avait pas un caractère facile. Je ne doute pas de ses capacités mais il risque d'avoir du mal s'intégrer. Nous en avons parlé avec monsieur le directeur et nous savons très bien que nous ne pourrons pas tout voir alors… Nous nous étions dit qu'avec ton influence tu pourrais calmer le jeu et éviter des incidents trop importants.
- Je peux essayer. »
Tout cela avait été planifié : la direction voulait que l'arrivée de Kenpachi se passe bien mais surtout qu'il reste. De qui avait-il obtenu les faveurs et la recommandation ? Il se rendit aux vestiaires en passant en revue les mécènes de l'école pour trouver lequel pouvait avoir proposé son nom. Il profita qu'ils soient vides pour prendre une douche rapide. Il se sécha et renfila son uniforme sans prendre la peine de refermer sa veste. La douche n'avait pas suffi à le rafraichir. Il sortit du dojo et fut surpris de tomber nez à nez avec Kenpachi accolé au mur à fixer le vide. Il fronça les sourcils.
« Tu traines drôlement princesse.
- Ne m'appelle pas comma ça et je ne vois pas pourquoi tu m'attends, les cours sont terminés. Tu peux rentrer chez toi… Ou à l'internat.
- Je suis pas pressé et ma mère bosse de toute façon. Ça te va bien princesse pourtant.
- Elle fait quoi ta mère ?
- Toubib. Elle est de garde ce soir. »
Il arqua les sourcils. Il n'aurait pas cru que sa mère pouvait être médecin, finalement il ne venait pas d'un milieu si défavorisé que ça.
« Tu rentres en bagnole toi, j'suppose ? »
Il hocha la tête et l'autre soupira. Qu'espérait-il exactement ? Ils se connaissaient depuis huit heures tout au plus.
« Tu peux toujours aller à la bibliothèque si tu veux faire tes devoirs ou réviser.
- Moi ? Dans une bibliothèque ? Laisse tomber… Je sais pas où c'est de toute façon. »
Byakuya soupira et jeta un coup d'œil à sa montre. Son chauffeur n'arrivait que dans un quart d'heure.
« Je peux te montrer si tu veux.
- Pas envie.
- Dans ce cas, moi je vais au parking.
- Quoi ? Tu traines pas avec tes potes ?
- Tu m'as suivi toute la journée alors tu auras remarqué que je ne suis pas familier avec beaucoup de monde.
- En même temps j'ai pas vu beaucoup de monde amical.
- C'est toi qui dis ça ?
- Quoi ? J'ai été sympa avec toi, tu pourrais t'estimer heureux princesse. »
Byakuya lui lança un regard noir.
« Ne. M'appelle. Pas. Comme. Ça.
- Mais c'est qu'il y a de l'animation par ici. »
Byakuya ferma les yeux. Il ne connaissait que trop bien cette voix.
« Yoruichi, soupira-t-il. Que fais-tu ici ? »
La jeune femme affichait un large sourire. Il vit alors qu'elle était accompagnée de Shunsui Kyoraku et Jûshirô Ukitake.
« Tiens, tiens… On dirait une nouvelle tête.
- Ouais…
- Je croyais que vous aviez fini les cours et que vous prépariez les concours d'entrée d'université ?
- Oui… Mais nous pouvons suivre la préparation ici. Tu verras quand ce serra ton tour, toi aussi tu auras besoin de prendre l'air.
- Comme si tu révisais beaucoup.
- Hey ! »
Elle passa son bras autour de son cou et se colla à lui avant qu'il n'ait le temps de protester.
« Tu n'es pas gentil.
- Surtout que tu dois en profiter pour te la couler douce au club maintenant, commenta Shunsui.
- Vous êtes dans le club de kendo, vous ? Intervint Kenpachi.
- Ce sont des terminales. Ils étaient tous les trois en équipe principale mais ils faisaient aussi des compétitions en individuel.
- Sérieux ? Même le gringalet ? »
Le gringalet en question sursauta. Shunsui se mit à rire et Yoruichi resta sans voix.
« Tu es vraiment un nouveau, rit Shunsui.
- Oui, Kenpachi Zaraki. Et toi, t'es qui ? »
Il se mit à rire de plus bel et Jûshirô soupira.
« Je comprends mieux. Nous avons déjà entendu parler de toi et de ta dispute avec Shunta.
- Dispute c'est vite dis ! Je l'ai laissé brayer. Il a une grande gueule c'est tout.
- Bon sang, soupira Byakuya.
- C'est mon cousin, rit-il. Je suis Shunsui Kyoraku et le gringalet c'est Jûshirô Ukitake.
- Et moi alors ? Je compte pour du beurre ?
- Veuillez m'excuser madame de ne pas vous avoir présenté en grande pompe… Voici mademoiselle Yoruichi Shihôin.
- Quand même ! S'exclama-t-elle. Et donc tu as l'air d'avoir un sacré caractère… Pas étonnant que tu t'entendes avec Byakuya.
- Nous ne nous entendons pas… Nous venons de nous rencontrer et nous sommes dans le même club rien de plus.
- Vous aviez l'air de discuter pourtant avant que nous arrivions… Et dire que nous venions te tenir compagnie pour que tu ne déprimes pas.
- C'est trop aimable.
- je croyais que t'avais pas d'amis ?
- Il n'y va pas par quatre chemins lui, remarqua Shunsui. »
Yoruichi regarda les cheveux de Byakuya.
« Tu devrais les laisser détachés … »
Ni une ni deux, elle retira son élastique et partit en courant.
« On va voir si tu as amélioré ton endurance. »
Elle fila comme l'éclair à travers la cours et Byakuya soupira. Il posa son sac et partit à suite laissant Kenpachi avec Jûshirô et Shunsui. À peine parti il regretta son geste.
« Elle a vraiment le don de le faire tourner en rond, commenta le blond. Elle va s'ennuyer sans lui à l'université.
- Tu ne devrais pas t'inquiéter… Elle a ses entrées chez les Kuchiki, je suis sûr qu'elle passera son temps à débarquer à l'improviste chez lui. »
Kenpachi arqua un sourcil interrogateur : alors ils étaient vraiment amis…
« Byakuya a beau dire, j'espère que nous n'avons pas coupé votre conversation, reprit Jûshirô. Ces deux-là ne font jamais attention à rien et fonce sans se poser de question.
- C'était rien d'important. »
Jûshirô commença à faire la conversation sous l'œil amusé de Shunsui, Kenpachi répondait par onomatopées plutôt que de vraies phrases mais cela semblait lui suffire. Drôle de type.
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Byakuya avait finalement récupéré son élastique et pu rattacher ses cheveux.
Il soupira. Yoruichi pouvait être vraiment pénible. Il s'appuya contre le dossier de son siège et regarda les immeubles défiler à travers la vitre. Il rentrait chez lui bien qu'il aurait aimé passer par la bibliothèque avant. Sa course avec la jeune femme lui avait fait perdre du temps mais lui avait évité une discussion avec Kenpachi. Il se demandait pourquoi il le collait ainsi. Il savait bien que c'était son premier jour et que ce n'était pas toujours facile mais il n'avait pas l'air d'être le genre de personne que la solitude effrayait.
Quel type bruyant.
Il n'avait pas la moindre conscience des conventions sociales qui régnaient dans cet établissement. Personne n'approchait des noms de grandes familles sans y être invité mais lui avait défié un Kyoraku et poursuivait un Kuchiki sans s'en cacher. Le pays appartenait à ses familles et elles pourraient ruiner sa vie si elles le décidaient. On lui avait accordé une chance inespérée en l'invitant au Seireitei mais il ne semblait même pas en avoir conscience : s'en était déroutant. Il devrait faire profil bas et montrer sa gratitude mais rien. Il se moquait de tout. Autant des règles écrites que tacites et ce n'était que son premier jour…
Il esquissa un sourire, cela avait quelque chose de rafraichissant. Il chassa aussitôt cette pensée. Que dirait son grand père s'il apprenait qu'il avait passé la journée avec un type pareil plutôt que quelqu'un de son rang ? Il n'en serait pas fier… Mais il y avait bien pire que cela. Une chose si terrible que son grand père serait bien incapable de croire même s'il le lui disait.
Qui pourrait croire ce qu'il se passait à l'abri des regards ?
La voiture ralentit et s'arrêta devant le portail pour qu'il s'ouvre. Le chauffeur le déposa dans la cour devant l'entrée et reparti aussi sec après l'avoir salué. La gouvernante l'attendait derrière la porte : « Bonjour monsieur, votre journée s'est bien passé ? »
Encore et toujours les mêmes questions auxquelles il donnait les mêmes réponses. La seule chose qui semblait naturel était le sourire qu'elle affichait. C'était une femme douce mais il savait très bien que tous ce qu'il pouvait lui confier finirait par arriver jusqu'à son grand père. Il régnait sur cette maison d'une main de maitre. Rien ne pouvait échapper au chef du clan Kuchiki. Son père était encore loin d'avoir une telle influence.
Il retira sa veste et monta à l'étage dans sa chambre. Il avait des exercices à faire et des cours à réviser. Il n'avait pas beaucoup de loisirs de toute manière : il passait son temps à étudier et le reste de sa vie était déjà réglé comme du papier à musique. Il prendrait la suite de son oncle à la direction du Senbonzakura puis la place de son père à la tête de l'entreprise familiale. Rien plus, rien de moins. Il n'y avait aucune place à l'improvisation ou aux doutes alors étudier était la seule chose qu'il pouvait faire. Il jouait du piano de temps à autre ou lisait mais cela s'arrêtait là. Son seul vrai moment de pause était le kendo même s'il devait tout faire pour exceller dans ce domaine aussi, cela lui faisait du bien de se vider l'esprit mais voilà qu'il devait chaperonner un membre. Son moment de pause se réduisait à peau de chagrin d'autant que d'ici trois mois avec son entrée en première il devrait concentrer son énergie pour viser l'équipe principale. Son père et son grand-père en avaient fait partie ainsi que de nombreux autres membres de sa famille. Il adorait ce sport mais cela lui ajoutait une pression supplémentaire dans un moment dédié à la détente.
Il soupira.
Cela commençait à faire beaucoup. Il regarda son cahier et le cours de mathématique inscrit dessus. Il repensa à la visite de Yoruichi, Jûshirô et Shunsui. Il n'avait pas eu l'occasion de parler seul à seul avec Shunsui pour lui faire remarquer que le « cadeau » qu'il lui avait laissé était bien trop visible. Il aurait aimé qu'ils parlent de la suite : il se doutait qu'il n'y en aurait pas mais il voulait que les choses soient à plat avant son départ pour l'université. Peut-être en avait-il besoin pour tourner définitivement la page ?
Son grand-père aurait pourtant apprécié de voir Shunsui devenir son gendre… Il n'y avait pas de sentiment entre eux, c'était juste un arrangement physique : Shunsui était un tombeur et il aimait séduire. Il aimait se vanter de nombreuses conquêtes féminines au grand damne de sa famille mais ses sentiments ne se dirigeaient que vers une seule et unique personne : Jûshirô. Lorsqu'on y prêtait attention cela sautait aux yeux, il tenait à lui et craignait trop de le perdre pour tenter une approche. Seul le blond ne voyait rien. Il se demanda si leur départ à l'université serait une occasion pour eux de se rapprocher…
Quant à Yoruichi, c'était un électron libre. Elle affichait sans la moindre gêne son attirance pour les femmes et son dégout de la gente masculine. Cela exaspérait ses parents car il y avait une différence entre le laisser entendre et le clamer haut et fort. Cela était admis et n'était pas mal vu mais ils auraient surement préféré un gendre… Si elle épousait une femme ils pouvaient dire adieu à un héritier mâle. C'était ça le cœur du problème : elles auraient une fille mais pas forcément une alpha. Elle avait bien un petit frère… Mais le clan Shihôin donnait la priorité à son droit d'aînesse. Le droit d'aînesse était un pilier des anciennes familles, faire des exceptions s'était fragiliser l'ordre établi. Personne ne pouvait se permettre de tels écarts.
Il soupira. Encore.
Il essaya de se replonger dans les fonctions et les formules à retenir mais son esprit se remit à divaguer. À quoi pouvait bien ressembler la famille de Kenpachi ? Il avait parlé de sa mère médecin mais il n'arrivait pas l'imaginer. Etait-elle aussi grande que lui ? Avait-elle une carrure aussi impressionnante ? Inconsciemment il postulait qu'elle était une alpha avec son métier mais quand était-il de son père ? Un alpha aussi ? Un oméga ? Quelles relations pouvaient-ils entretenir entre eux ? À quoi ressemblait une famille normale ?
Sa porte s'ouvrit en fracas : « Bya ! Tu es rentrée ? »
Rukia se tenait sur le pas de sa porte et un large sourire fendait son visage. Elle avait retiré son uniforme d'écolière pour une robe bleu ciel qui lui donnait des airs de jeune fille. Il se refrogna : « Oui je suis rentré… Mais tu pourrais frapper avant d'entrer.
- C'est vrai mais j'étais trop contente, sourit-elle. J'ai eu la meilleur notes en histoire et je me suis classé deuxième de ma classe. »
Sa petite main dessina fièrement le v de la victoire dans les airs mais il eut un frisson à la mention de la matière et répondit froidement : « C'est bien. »
Elle fut déconcertée par sa réponse. Elle n'était pas première mais elle s'attendait à des félicitations de la part de son grand frère. Leur grand-père se plairait à lui rappeler qu'elle ne devait pas se contenter de la deuxième place et leur père… Ne serait pas là pour l'entendre. Il ne rentrait pas souvent à la maison, il était débordé. Ils pouvaient s'estimer heureux de l'apercevoir une fois dans la semaine.
« Je voulais pas t'embêter, bouda-t-elle. »
Elle était déçue. Il se tourna vers elle en entendant sa voix vacillée. Il n'avait pas cherché à la blesser. La simple mention de cette matière lui donnait des sueurs froides et il avait reporté sa colère sur elle.
« Excuse-moi j'ai passé une mauvaise journée… C'est une bonne nouvelle. Tu as travaillé dure cette année et tes efforts sont récompensés. Père sera content de l'apprendre. »
Une lueur d'espoir apparue dans ses yeux : « Tu crois ? Murmura-t-elle. » Il hocha la tête, elle se détendit et reprit une humeur joyeuse.
« Tu as fini tes devoirs ? Tu ne veux pas venir jouer avec moi ?
- Rukia…
- D'accord. Je vais pas faire de bruit… »
Elle s'assit sur son lit et attrapa un livre qui trainait sur sa table de chevet pour déchiffrer le résumé. Il ne dit rien et se replongea dans ses fonctions. Elle devait se sentir seule… Il ne pouvait pas la chasser de sa chambre. Après tout elle ne le dérangeait pas et peut-être qu'ainsi, en se sachant épié il arriverait à se reconcentrer.
Elle s'allongea sur son lit et s'installa pour lire. Il continua de griffonner sur ses cahiers une bonne heure et demie avant que leur grand père Hiro ne vienne les voir. Il toqua à la porte et s'annonça.
« Je trouvais la maison drôlement calme… Voilà où tu te cachais, dit-il à Rukia. Tu sais que tu ne dois pas déranger ton frère ?
- Je lui ai permis de rester, répondit-il. Elle ne me dérangeait pas. »
Il leur sourit. Hiro avait toujours un effet apaisant sur lui, il avait remplacé sa mère et leur offrait une tendresse bienvenue. Il portait un yukata, couleur crème ce jour-là, il n'avait jamais pu se faire au style occidentale contrairement à Ginrei qu'il l'avait adopté pour le travail. Il avait de longs cheveux blancs et tressés sur le côté. Il était aussi grand que Ginrei mais avait une silhouette très fine. Un autre détail avait son importance : il était oméga. Cela avait été un séisme à l'époque, par tradition Ginrei n'aurait jamais dû épouser un oméga mais le destin en avait été autrement. Ginrei et Hiro formaient un couple destiné et ils auraient été scandaleux qu'il ne l'épouse pas. Il ne s'agissait pas simplement d'instinct ou de tradition… Ils s'aimaient réellement. Hiro était la seule personne qui pouvait le contredire ou lui faire entendre raison.
« Bien, le repas sera bientôt prêt je venais vous prévenir. »
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Ils dinèrent ensemble dans la calme. Ginrei était en bout de table en bon chef de famille. Il questionna ses petits-enfants sur leur journée à l'école. Rukia put parler de sa note d'histoire et de son dernier trimestre. Elle fut plus mesurée pour annoncer la nouvelles et ces informations furent accueillies par un simple hochement de tête. Hiro se montra plus optimiste et rappela que Sôjun était loin d'être le premier au collège et que ce n'était qu'au lycée qu'il avait excellé dans toutes les matières. Rukia eut un sourire et rougit au compliment. Ginrei fronça les sourcils à cette évocation comme s'il souhaitait chasser un mauvais souvenir.
« Vous savez si père rentre ce soir ? Demanda Rukia d'une voix fluette.
- J'ai bien peur que nous ne le verrons pas ce soir, répondit Hiro.
- Votre père travaille, c'est pour cela que vous vivez avec nous. »
Ginrei était sec dans sa réponse. Ils savaient très bien que leur père était débordé et devait donner la priorité aux affaires, cela ne les empêchaient pas d'espérer. Rukia était encore une enfant, elle n'avait que neuf ans comment pourrait-elle comprendre tout ce qu'il se jouait ? Byakuya n'avait pas vraiment eu l'occasion de se lier avec son père. Il avait été absent durant toute son enfance et sa mère encore plus. Il ne devrait pas lui en vouloir mais de temps à autre il éprouvait de la jalousie envers Rukia, ils passaient plus de temps ensemble.
Il avait passé tout son primaire à Kyoto et sans le voir, à peine une semaine l'été et encore, Sôjun profitait de cette semaine pour dormir. Il voyait son père totalement épuisé par la tâche qui lui incombait et son grand-père en profitait aussi pour le sermonner. Ce n'est que lorsque Rukia avait commencé à aller à l'école qu'il fut plus présent mais pour lui le mal était fait. Il était trop tard pour créer des liens comme ils auraient dû l'être. Dix ans d'absence ne se remplissaient pas d'un coup, c'était les deux tiers de sa vie.
Evidemment il aimait son père. Avec le recul il comprenait qu'il faisait son possible mais son père n'était pas un chef-né, gérer l'entreprise et le clan lui drainait toute son énergie et son temps. Celui qu'il considérait le plus comme un parent était Hiro. Il l'avait élevé avec beaucoup de tendresse et encore aujourd'hui il lui accordait quelques caprices. Il ne connaissait que trop bien les tourments d'un chef de clan après en avoir épousé un et élevé les deux suivants. Il avait élevé leurs enfants seul mais avec tout l'amour qu'il pouvait donner.
Peut-être que si sa mère avait eu une santé moins fragile, elle aurait été ainsi… Il aimait le croire.
Le reste du repas fut silencieux et la servante commençait à débarrasser la table lorsque le tintement du téléphone résonna dans le salon. Elle jeta un coup d'œil au maitre de maison et, avec sa bénédiction, alla au salon pour répondre. Elle réapparut avec un petit sourire : « Monsieur Sôjun souhaiterait parler avec mademoiselle Rukia et monsieur Byakuya. Il a réussi à dégager quelques minutes pour vous parler. »
Rukia sauta presque de sa chaise sous l'œil noir de Ginrei. Il allait la rappeler à l'ordre lorsque Hiro poussa sa main sur son poignet. Il arrêta son geste et regarda son oméga lui demandait silencieusement d'être tolérant pour ce petit écart. Elle dut s'en rendre compte car elle calma le rythme pour quitter la table… Bien qu'ils purent l'entendre courir une fois dans le salon et hors de vue. Byakuya quitta la table avec plus de politesse et manières.
Il trouva sa petite sœur en train de piaffer joyeusement au téléphone, elle racontait déjà les dernières nouvelles et sa bonne note en histoire. L'expression sur son visage lui indiqua qu'il la félicitait. Elle débordait de joie à côte de lui.
Au bout de quelques minutes, elle eut un sursaut et lui passa le combiné. Il entendit la voix de son père à l'autre bout du fil et il fut soulagé de voir qu'il pensait aussi à lui. Sa voix tranquille l'apaisa.
« Alors comment a été ta journée ? Pas trop difficile l'entrainement aujourd'hui ?
- Rien d'insurmontable… Il y a un nouvel élève dans ma classe et il fait aussi partie du club de kendo.
- Oh ! C'est vrai que ton grand-père m'en avait parlé. C'est un lycéen qu'il a parrainé… Il semblait très sanguin mais ses capacités au kendo étaient prometteuses. Tu sais combien ton grand-père aime les compétitions, il espère le voir entrer dans les tournois professionnels d'ici la fin du lycée… Enfin…
- S'il n'est pas renvoyé, compléta Byakuya.
- Il s'est déjà fait remarquer ?
- Il semblerait qu'il se soit déjà disputé avec Shunta Kyoraku mais je n'en sais pas plus. Je n'étais pas là à ce moment. »
Sôjun eut un rire gêné : « Ne dis rien à ton grand-père. »
Byakuya n'en revenait pas. Alors c'était son grand-père qui avait permis à Kenpachi Zaraki d'entrer au Seireitei… Pas étonnant qu'on lui ait confié son tutorat. Ils devaient croire qu'il était au courant de cette information.
Ils discutèrent encore un peu avant qu'il ne redonne le combiné à Rukia qui trépignait contre lui et tentait d'écouter ce qu'ils se racontaient. Elle voulait lui raconter une nouvelle anecdote mais il vit la tristesse envahir ses yeux et il comprit que l'échange touchait à sa fin. Il lui dit au revoir à son tour et raccrocha. Il regarda la pendule : vingt minutes étaient passées. Il leur avait accordé sa pause repas.
Il eut un sourire et posa une main rassurante sur l'épaule de Rukia. Elle lui rendit son sourire malgré la frustration qui l'habitait.
Ce n'était pas si mal, leur père pensait à eux.
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Une semaine passa, puis une deuxième et en un clin d'œil le mois s'écoula sans accident notable. Kenpachi avait développé une méthode infaillible, dès qu'on venait lui chercher des noises il répondait par un grognement menaçant. Depuis personne n'osait le déranger. Le midi il déjeunait avec Byakuya et en profitait pour lui parler de kendo. Le noble n'avait ni la force ni l'énergie de le fuir alors il le laissait faire. Il n'avait vraiment aucune manière pour manger.
« Pff… On termine avec histoire cet aprèm, la prof a l'air sympa mais qu'est-ce qu'on s'ennuie. »
Byakuya blêmit à cette nouvelle. Il avait oublié ce petit détail. Un cours avait été reporté alors il terminait les cours avec Yumi Isaka et ils avaient une heure de vide avant l'entrainement.
« Qu'est-ce t'as ? T'es encore plus blanc que d'habitude. »
Byakuya essaya d'ignorer la remarque.
« Tu veux aller à l'infirmerie ? Je comptais sur toi pour l'entrainement, pour une fois qu'on fait en situation de compétition et pas de la muscu'…
- Je vais très bien, claqua-t-il.
- Pas la peine de t'énerver princesse. C'est la mauvaise période du mois et tu nous fais une petite baisse de tension ? »
Byakuya soupira. Il n'arrêterait jamais avec ce surnom ridicule. Ce serait encore plus effroyable le jour où quelqu'un d'autre entendrait ce sobriquet. Kenpachi montrait un minimum de décence en ne l'utilisant que lorsqu'ils étaient seuls… À moins qu'il ne cherchât à établir un lien particulier avec lui, un code rien qu'à eux. Au fond était-ce vraiment si déplaisant ?
« Comme on a une heure de trou avant l'entrainement, tu veux pas me montrer où est la bibliothèque ? »
Byakuya manqua de s'étouffer.
« Oh ça va, pas la peine d'en faire des caisses… Heureusement que je t'ai pas demandé de faire tes devoirs avec moi, hein ? »
Il réfléchit quelques secondes : cela pourrait aussi le sortir d'un mauvais pas.
« Je peux t'aider avec les devoirs si tu es d'accord. »
Cette fois ce fut Kenpachi qui écarquilla les yeux.
« T'es sérieux ?
- De toute façon il faut que je les fasse aussi…. Et puis je serais un mauvais délégué si je n'aidais pas un nouvel élève.
- Tu soignes ta réputation alors ?
- Je peux aussi être moins poli et te laisser te démerder.
- Là je te reconnais ! Sourit-il. »
Byakuya se retint de sourire. Il osait la vulgarité avec Kenpachi et c'était plaisant. Cela eut le mérite de chasser ses idées noires quelques minutes mais au fur et à mesure que les élèves revenaient le cours d'histoire se rapprochait.
La première sonnerie retentit et il se ferma.
Madame Isaka entra dans la salle et un silence poli se fit mais elle n'était pas dupe. Elle était la première et seule femme du corps enseignant, elle était alpha mais n'avait pas au droit au même respect que ses congénères. Le relâchement était perceptible même aux yeux de Kenpachi.
Byakuya fixait ses notes et ne releva jamais les yeux des lignes qu'il noircissait. Cette heure de cours dura une éternité. Il peinait à suivre la leçon tant cette voix et ce sourire lui étaient insupportables. Un poids quitta ses épaules lorsque la sonnerie le libéra de cette torture. Maintenant il fallait bien jouer son coup.
La salle commençait à se vider et comme il s'y attendait, elle l'interpella pour lui parler alors qu'il rangeait ses affaires. Cela ne l'empêcha pas de trembler, un mouvement léger, presque imperceptible si on ne le regardait pas à ce moment-là. Il reprit son calme et alla la voir, son sac vissé à l'épaule prêt à fuir.
« Monsieur Kuchiki, vous êtes distrait en cours en ce moment… Cela commence à se ressentir sur vos notes, peut-être que nous devrions en parler si vous ne vous sentez pas bien ? J'ai cru comprendre que vous aviez une heure de libre…
- Je suis désolé mademoiselle Isaka, je ferais plus attention la prochaine fois. Je ne peux pas rester pour parler, je dois aider monsieur Zaraki avec ses devoirs.
- Vraiment ?
- Monsieur le directeur m'a expressément demandé de l'aider comme je suis le délégué.
- Je vois, dit-elle songeuse, une prochaine fois alors mais prenez soin de vous… Vous êtes vraiment pâle. »
Comment pouvait-elle sonner aussi juste dans ses paroles ? C'était à croire qu'elles étaient deux dans ce corps. Elle soupira vaincue et il se sentit libéré.
« En attendant ne vous surmenez pas trop avec votre « aide aux devoirs » ».
Il s'inclina poliment et quitta la salle déjà vide, seul Kenpachi l'attendait à la porte de la classe.
« Qu'est-ce qu'elle te raconte pour que tu sois aussi tendu ? T'as vu la brindille que c'est ? Elle va pas de manger. Ma mère aussi est une alpha et c'est d'un tout autre niveau. »
Byakuya saisit l'occasion de changer de sujet. Ces remarques ne faisaient que le meurtrir un peu plus.
« Ton père aussi est un alpha ?
- J'en sais rien, j'le connais pas et j'suis pas sûr que ma mère sache qui c'est… Et puis les mecs c'est pas son truc de toute façon.
- Elle fait quoi exactement ?
- Elle est cheffe des urgences à l'hôpital Ishida… Pourquoi ça t'intéresse vraiment ?
- Tu dois avoir un abonnement à son service, non ? Comme tu as l'air de bien connaitre la diplomatie et de te mettre régulièrement dans le pétrin.
- Je dirais plutôt que je lui envoie des clients, sourit-il. »
Byakuya se retint de lui faire remarquer que sa mère travaillait dans un hôpital très huppé. Peut-être était-ce ainsi que son grand-père l'avait découvert ? Il devait déjà être dans un lycée privé et avait dû jouer les inters lycées. Il ne se rappelait pas l'avoir rencontré… Un garçon comme lui ne s'oubliait pas facilement pourtant.
Il ne voyait pas son grand-père faire le tour des compétitions non plus. Certes il avait plus de temps libre mais Hiro avait décidé de l'occuper pour une bonne partie. Le travail lui avait volé son mari, la retraite lui avait rendu et il souhaitait en profiter. Ils avaient un lien particulier : celui qui se rapprochait du grand amour ou d'un éternel coup de foudre. Le genre d'histoire qu'on trouve dans un Disney pas dans la réalité.
« Alors c'est où la bibliothèque ?
- Suis-moi. »
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Byakuya fut… Surpris.
Kenpachi était moins idiot qu'il le laissait croire. Il frôlait la moyenne dans presque toutes les matières ce qui était déjà un petit exploit. Il pensait que ce serait plus catastrophique, avec quelques efforts il aurait la moyenne pour le trimestre et devrait passer dans la classe supérieure. Il eut un petit sourire triomphal en lui montrant ses dernières évaluations avec un air de défi.
« Je le reconnais ce n'est pas si mauvais… Mais il faut faire quelque chose pour la littérature et l'économie. Pour le reste, augmenter les révisions devrait suffire.
- Les révisions ? »
Byakuya s'arrêta interdit.
« Tu révises avant les contrôles… Non ? »
Un rire bruyant sortit de sa gorge, il vit la responsable froncer les sourcils.
« Baisse le niveau sonore s'il-te-plait.
- Pardon le monsieur-de-la-bibliothèque, c'est juste que… J'ai une tête à réviser ? Je fais les devoirs et les exercices mais je relis pas les cours… Je pige que dalle à la moitié de ce qu'ils racontent. Les questions de cours je fais au pif ou je case des trucs dont je me souviens mais s'est tout.
- Ma-mais, bégaya-t-il, comment tu fais les exercices sans comprendre ce qui est demandé ?
- J'ai de l'instinct, répondit-il du tac au tac.
- Ça ressemble plus à de la chance qu'autre chose.
- Tu me parles encore alors je suppose que j'ai ma bonne étoile. »
Il lui fit un clin d'œil et la stupeur s'installa sur son visage. Que se passait-il ? Kenpachi se replongea dans ses cahiers tous cornets et attaqua le papier à grands coups de stylo.
« Je vais aller rendre les livres que j'ai emprunté. »
Il eut un grognement en réponse. Il se leva et traversa la salle de lecture pour se rendre à la banque d'accueil. La responsable le regarda arriver avec une moue dépréciative : « Monsieur Kuchiki, il serait bien de rappeler à votre ami les règles élémentaires d'une bibliothèque.
- Bien sûr madame… Il n'a pas l'habitude, murmura-t-il.
- Ça je l'aurais deviné… Mais s'il veut emprunter je peux lui faire sa carte. »
Elle lui fit un petit sourire complice cette fois. Drôle de femme. La bibliothèque était son sanctuaire, elle n'aimait pas qu'on en bafoue les règles mais elle ne rechignait jamais à prêter des livres et partager sa passion. Peut-être qu'il devrait mettre ça à profit : « Je me demandais… Quel livre vous conseilleriez pour quelqu'un qui n'est pas trop féru de lecture. »
Elle regarda vers Kenpachi.
« Quel genre de livre ?
- Il faudrait un classique, ce serait pour travailler les commentaires de texte dans le cadre du cours de littérature… Et à part le kendo je ne vois pas trop ce qui l'intéresse.
- Je vais voir ce que je peux trouver.
- Merci. »
Il retourna à la table et s'étonna de l'air studieux qui déformait son visage rugueux. Il disait qu'il ne révisait pas pourtant il montrait de la concentration face aux lignes d'exercices qu'ils complétaient rapidement. Cela ne pouvait pas être que de l'instinct, plutôt de la spontanéité dans des raisonnements qu'il ne comprenait pas vraiment. Il devait retenir bien plus chose qu'il ne le laissait entendre.
Il s'installa et se concentra à son tour sur ses cahiers. Après dix minutes il sentit un regard le fixer et il releva les yeux. Kenpachi le regardait en faisant tourner son stylo entre ses doigts.
« Alors t'as fini ?
- L'exercice ?
- Non tout.
- La feuille ? Oui.
- Non je te parle de tout ce qu'on a faire pour demain.
- Oui enfin… Je l'ai fait la dernière fois. Là je m'occupe de ce qu'on nous a donné aujourd'hui.
- Tu t'avances à ce point ?
- Pourquoi ? Tu préfères laisser trainer ? Tu devrais t'avancer si tu as terminé. Le soir tu peux faire autre chose comme ça.
- Comme quoi ? J'emmerde chez moi… Je peux pas m'entrainer et la télé c'est chiant.
- Tu n'as pas d'autres centres d'intérêts ?
- Dormir et manger.
- Je vois… Ça pourrait être l'occasion de lire les textes que nous avons en cours de littérature. »
Il soupira et s'allongea sur la table.
« C'est chiant.
- Mais puisque tu n'as rien d'autre à faire… Une dizaine de pages par jour, c'est pas la mer à boire.
- Mouais… Mais les bouquins c'est ton truc toi, pas moi. Ça m'ennuie, y a pas d'actions.
- Détrompe toi, il y a des milliers de livres tu pourrais bien en trouver un qui t'intéresse.
- Je vais continuer mes devoirs puisque monsieur préfère s'avancer.
- On peut mettre en commun ceux de demain puisque tu les as faits et voir ce qui te pose problème.
- Tu prends ton rôle de tuteur à fonds dis donc… Je pensais pas que tu aurais la patience pour ça. Je croyais que je t'agaçais ?
- Ne pousse pas trop… Tu te débrouilles bien en kendo, ce serait dommage pour l'équipe de te perdre.
- Ah ouais ? C'est tout ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Bah je te manquerais un peu aussi, non ?
- Ma vie serait plus simple c'est sûr, soupira-t-il.
- Ah, sourit-il. Tu dis pas non alors… »
Il roula les yeux, comme s'il avait besoin de ça. Comme s'il avait besoin de lui. Il ne manquait pas d'air. Il se montrait trop familier avec lui et il devait prendre ça pour une forme d'amitié. Une amitié bancale.
Byakuya sortit les devoirs en questions et commença la mise en commun. Il prit note de ce qui posait problème et commença à donner des explications. Kenpachi l'écouta en jouant avec son stylo. Il hochait la tête de temps à autre mais le délégué n'arrivait pas à savoir s'il faisait ça pour lui faire plaisir ou s'il l'écoutait vraiment.
« Tu comprends ce que je te dis ?
- Mouais mais ça va bientôt être l'heure. Je referais la suite ce soir.
- Une dernière chose, j'ai demandé à la bibliothécaire de te conseiller un livre. Tu devrais aller la voir.
- Pourquoi tu as fait ça, j't'ai rien demandé.
- Il faut que tu travailles tes commentaires de texte si tu veux améliorer ta moyenne, c'est ce qui te fais le plus plonger alors si tu arrives à gagner deux-trois points tu n'aurais qu'à maintenir le reste à niveau. »
Il soupira et se redressa pour aller la voir. Byakuya rangea ses affaires et il revint avec un pavé dans les mains. Il arqua un sourcil et l'autre grogna : « Apparemment c'est un truc de samouraïs, d'honneur bafoué et de vengeance. »
Il plaça le livre dans son sac avec le reste de ses affaires. Au moins il ne l'avait pas refusé, peut-être que le résumé avait éveillé un brin de curiosité.
Ils se rendirent sans un mot au dojo. Il appréciait cela avec Kenpachi, il n'avait pas besoin de meubler le silence, ils pouvaient passer tout le trajet sans échanger un mot et sans que cela ne soit gênant.
o~~O~~o
Ils étaient en sueur lorsque l'entrainement se termina. Tous les yeux étaient braqués sur eux, même l'entraineur restait sans voix. C'était la première fois que Byakuya et Kenpachi combattaient en duel et cela avait été plus violent que ce à quoi ils s'attendaient. Hyôsube eut un moment d'arrêt avant de siffler la fin du match. Il ne savait même pas qui avait gagné. Kenpachi était une brute : il frappait fort pour déstabiliser ses adversaires. Byakuya était rapide : il esquivait et frappait vite. Il avait dû le toucher avant Kenpachi mais il n'était sûr de rien.
Ils s'arrêtèrent et se saluèrent. Les autres élèves avaient cessé leur match dès l'instant où leur combat avait commencé mais ils étaient tellement dans leur bulle qu'ils n'avaient pas remarqué tout de suite qu'ils étaient devenus le centre de l'attention.
« Je crois qu'on va s'arrêter là pour aujourd'hui… Vous pouvez ranger et aller vous changer. »
Byakuya n'avait jamais été aussi épuisé après un duel. Ce monstre avait drainé tout son énergie, il lui faudrait sérieusement améliorer son endurance pour les prochaines fois. Kenpachi souriait comme un dément et effrayait leurs camarades. Il ne s'était jamais autant amusé, même en compétions. Il se fit la remarque que s'il devait lire des bouquins pour rester dans ce club il ferait des efforts.
Il se rendit aux vestiaires encore empli de joie. Les autres le félicitèrent, c'était la première fois que les membres du club lui adressaient la parole.
« Avec un niveau pareil, Byakuya et toi vous entrerez sans problème dans l'équipe principal. Les autres équipes ont dû souci à se faire…
- Elles vont se faire massacrer ! »
L'ambiance était détendue pour aller douches. Ils continuèrent de discuter et lorsqu'il se rhabilla il remarqua l'absence de Byakuya. Il trainait toujours mais cette fois cela lui parut long, même pour lui. Il jeta son sac sur son épaule et partit à sa recherche.
Il fit glisser la porte de la salle d'entrainement mais personne ne s'y trouvait. Il fronça les sourcils. Ce n'était pas à eux de ranger aujourd'hui alors pourquoi Byakuya serait allé dans la remise. Il décida d'aller voir, Byakuya était très pâle en début d'après-midi et n'avait pas beaucoup mangé… Il pourrait avoir fait un malaise.
Il voulait en avoir le cœur net et se dirigea vers la remise. Le silence dans ce lieu était vraiment étrange. Dix minutes plus tôt le bruit était omniprésent et maintenant il pouvait entendre le plancher craquer sous ses pieds. Il entra dans le couloir et toujours personne en vue. Il s'avança et la porte de la remise s'ouvrit brutalement. Byakuya le regarda les yeux écarquillés et le souffle court. Il referma en vitesse la porte derrière lui :
« Tu es encore là ? S'exclama-t-il. Je t'avais dit de ne pas m'attendre…
- Je me rappelle pas que tu m'aies dis quoique ce soit. Qu'est-ce tu fais là ? T'as l'air… Louche. Tu te fais un plan cul dans la remise ? »
Byakuya ouvrit la bouche et la referma comme un poisson hors de l'eau. Il voyait ses méninges tourner à plein régime derrière ses yeux gris. Kenpachi se mit à rire :
« Ça va, je déconne. Tu devrais voir ta tête. T'as l'air tellement outré… Alors je t'attends pas, t'es sûr ? »
Il hocha la tête maladroitement et Kenpachi le salua. Il sortit du dojo et marcha quelques mètres pour s'installer à l'ombre et hors de vue. Il s'adossa contre un mur et sortit le livre qu'il avait emprunté. Il le feuilleta mais avant tout il surveillait la sortie du dojo. Quelque chose clochait. Il voulait plaisanter mais il se demanda s'il était si éloigné de la vérité. Byakuya avait paniqué en le voyant débarquer. Il ne montrait pas autant d'émotions d'habitude.
Il finissait le premier chapitre lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Il avait vu juste, Byakuya n'était pas seul, Shunsui sortit juste derrière lui. Il les observa de loin, le terminal n'avait plus rien à faire au lycée depuis qu'il avait réussi son concours d'entrée pour l'université, il avait forcément fait le détour. Il décortiqua leurs échanges et remarqua le regard de l'ainé qui glissait sur son cadet.
Il n'avait plus de doute. Ces deux-là venaient de coucher ensemble. Il fut stupéfait. Il ne l'aurait pas cru s'il ne l'avait pas vu de ses propres yeux. Byakuya semblait pourtant si distant des choses aussi… Triviales.
En même ce sera peut-être sa seule occasion de profiter…
Il comprit la fonction non-officielle de la remise. Il patienta jusqu'à ce que le couple soit parti pour sortir de sa cachette. Il préféra ne pas rattraper Byakuya.
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L'année scolaire se termina sans qu'ils ne parlent cet évènement. Kenpachi ne revit pas Shunsui, peut-être avaient-ils fait leurs adieux ? Les vacances de printemps arrivaient et les résultats du trimestre avec, pour la plus grande surprise de ses camarades il eut juste la moyenne pour passer dans l'année supérieur et continuer son cursus dans le Seireitei. Ses résultats sportifs y étaient pour beaucoup.
Hyôsube l'avait prévenu lui et Byakuya de ne pas trop se relâcher pendant les vacances. Il avait déjà organisé un tournoi amical contre un autre club pour la rentrée. Pour cela il leur avait préparé un programme d'entrainement et s'ils le souhaitaient ils pourraient venir au lycée. En réalité Kenpachi n'avait pas le choix. Il devait suivre des cours de renforcement pour entrer en première alors autant en profiter pour faire quelques chose qu'il appréciait. Par la même occasion il pourrait rendre le livre qu'il avait emprunté. Il avait pu négocier avec la documentaliste pour rallonger son délai de prêt, elle avait été ravi d'apprendre qu'il le lisait alors elle s'était montré conciliante. Elle lui avait même déjà préparé un autre livre. Ce n'était vraiment pas son truc la lecture mais il devait reconnaitre que celui-là n'était pas si mal… Il pouvait faire un petit effort.
La cérémonie de remise de diplôme arriva en grande pompe et la prochaine rentrée attendait tapis dans son ombre.
« J'en reviens pas de devoir revenir pendant les vacances…
- Tu vas me faire croire que c'est la première fois ? Demanda Byakuya septique.
- Pour les cours ? Ouais. J'allais aux activités de club mais pas aux cours…
- Tu séchais les cours ? S'exclama-t-il.
- Soit pas choqué princesse, ça colle mieux à mon image de cancre non ? Eux ils me disaient rien parce que je tenais la moyenne et que j'étais le meilleur du club. Ici, ça sera pas la même tisane je me trompe ?
- Tu prends ça au sérieux alors ?
- J'aime bien m'entrainer avec toi et peut-être que comme ça je tomberais sur des gars solides… Va savoir, l'espoir fait vivre ! Tu vas venir au club pour les vacances ?
- Je ne pense pas. Ma sœur sera aussi en vacances et mes grands-parents commencent à fatiguer. Je m'entrainerai avec elle, au moins elle dormira bien le soir.
- T'as une sœur ? Et elle fait du kendo ?
- Ça l'intéresse mais elle préfère dessiner. Elle a neuf ans alors elle a beaucoup d'énergie à dépenser.
- Tu vis pas avec tes parents ?
- Ma mère est décédée et mon père travaille beaucoup… Enfin, il a dû mal avec son travail alors il doit y consacrer du temps.
- Ouais je comprends… Ma mère est pas souvent là non plus… En plus la plupart du temps on se dispute. C'est con, non ? »
Byakuya resta silencieux quelques instants. C'était bien la première fois qu'il n'entendait pas quelqu'un s'apitoyer sur son sort.
« À notre âge les conflits c'est plutôt fréquent.
- Tu disputes avec tes grands-parents ? Ou ton père ? Toi ?
- Je n'irais jamais à leur encontre, corrigea-t-il. Mais cela arrive que mon grand-père Ginrei se montre… Cassant. Je ne réagis pas toujours bien, c'est tout. Il a raison le plus souvent, c'est juste qu'il n'a pas l'art de me le dire ou bien que j'ai trop pris l'habitude des cajoleries de mon grand-père Hiro. Parfois je… Laisse tomber.
- Hey… Ça me dérange pas si tu veux me raconter des trucs. De toute façon, j'ai pas de pote ici alors je risque pas de le raconter. »
Kenpachi voyait enfin une faille dans le masque de Byakuya et… Cela lui faisait plaisir de voir qu'il se confiait à lui.
« J'ai grandi à Kyoto dans le manoir familial et c'est mon grand-père Hiro qui s'occupait de moi. Je ne suis revenu à Tokyo pour le collège, ma sœur et mon grand-père ne sont pas arrivés avec moi. C'était difficile avec Ginrei au début, je ne le connaissais pas beaucoup et je venais de changer d'endroit… Il y avait des tensions et… J'étais un peu jaloux de ma sœur… Mon père passait plus de temps avec elle qu'il n'en avait jamais passé avec moi en dix ans alors… »
Il soupira.
« Oublie ça, c'est pas important.
- C'est passé maintenant. Ça va pas mieux entre vous ?
- Si.
- Ce que je retiens c'est que tu vivais dans un manoir, c'est complètement dingue !
- Je vis toujours dans un manoir, corrigea-t-il.
- Ta famille a des manoirs dans tout le pays ou quoi ?
- Nous avons quelques résidences… Et des hôtels à l'étranger.
- Rien que ça. Et dire que je trouvais que notre appart était pas mal pour Tokyo.
- Je suis sûr que c'est mieux chauffé qu'une vielle bâtisse dans un style traditionnel.
- Et à Kyoto… Vous avez aussi les bains avec les sources d'eau chaude et tout ? »
Il eut un sourire à cette évocation.
« Evidemment, provoqua-t-il. »
- Gosse de riche va. »
Byakuya s'autorisa un vrai sourire, après tout ils étaient seuls pour la pause du midi. Il ne releva pas le fait qu'il se montrait bien trop amical avec lui. Il avait adopté sa présence dans son environnement et sa vie. Il lui faisait tout oublier : la convenance ou les règles qu'il s'imposait à lui-même. Ce type était vraiment… Différent.
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Kenpachi fut déçu de ne pas voir Byakuya pendant les vacances. Il espérait le voir au moins une fois et il ne fut pas le seul à se questionner sur cette absence : Hyôsube aussi semblait perplexe. Il avait tenté de le contacter mais s'était frotté au barrage du clan Kuchiki. « Le jeune maître » avait des devoirs envers sa famille mais il ne devait pas s'inquiéter il suivait bien son programme sportif.
Il trouva les cours bien plus ennuyant sans sa présence.
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La rentrée fut célébrée en grande pompe. Kenpachi ne se souvenait pas avoir déjà eu une journée de rentrée aussi fastueuse et joyeuse. Il remarqua que les nouveaux arrivants se déplaçaient déjà en groupe. C'était vraiment un petit monde, tout le monde se connaissait. Ils les voyaient saluer des élèves de première ou de terminale. Il profita de sa hauteur pour chercher des yeux Byakuya et tenta de repérer un petit attroupement, après tout un Kuchiki c'était une célébrité sur patte dans cette école. Il grogna de mécontentement et vit les lycéens qui l'entouraient sursauter.
« Tu as à l'intention d'effrayer tout le monde dès le premier jour ?
- Je marque le territoire ! Sourit-il. »
Il se retourna et tomba sur celui qu'il cherchait.
« On t'as pas beaucoup vu pendant les vacances, je pensais qu'on pourrait se refaire un entrainement.
- Tu ne tiens jamais en place… Les gens se disent bonjour en général.
- T'as pas dit bonjour non plus il me semble.
- Je suppose que tu n'as pas été voir la répartition des classes.
- J'étais trop occupé à te chercher et regarder les nouvelles têtes de ces pleurnichards.
- Je vois…
- Alors les vacances ? T'es parti en jet privé ? »
Byakuya ne répondit pas et continua son chemin vers les tableaux d'affichage. Kenpachi le suivit sagement et une fois devant les panneaux il put constater qu'ils restaient dans la même classe. L'idée qu'ils puissent être séparé ne lui avait même pas effleuré l'esprit et il remarqua ses épaules s'affaisser. Se pourrait-il qu'il soit soulagé ?
« Alors rassuré ?
- Je dois te surveiller alors j'étais sûr d'être dans la même classe. »
Il sourit face à sa mauvaise foi. Voilà quelque chose qui n'avait pas changé.
« Tu as gardé contact avec Shunsui pendant les vacances ? »
Byakuya le regarda en haussant les sourcils.
« Non. Pourquoi cette question ?
- Bah… Vous aviez l'air… Proche. Tu vois ?
- Pas plus qu'avec Jûshirô ou Yoruichi.
- Ah ouais… »
Kenpachi eut un rire gras sous le regard interrogateur du brun. Il se pencha vers lui et murmura : « Les autres aussi tu les retrouvais dans la remise après les entrainements ? »
Byakuya piqua un fard et regarda autour de lui outré, espérant que personne n'ait entendu ça.
« Qu'est-ce que tu racontes ? S'emporta-t-il. Ça ne va pas ne lancer des rumeurs comme ça.
- T'énerves pas… Je voulais juste savoir si ça allait. C'est jamais bien marrant une rupture.
- Arrête ça. Tout de suite. Il n'y a rien entre nous et je ne sais pas où tu es allé chercher un truc pareil mais ne redis jamais ça. »
Kenpachi se tut, stupéfait pas la réaction du noble. Il ne pensait pas déclencher un drame… Il voulait discuter un peu. Plus il le regardait, plus il avait l'impression que Byakuya avait maigri durant ces vacances et ses cernes s'étaient creusées. Il s'inquiétait et avait supposé que la séparation ne s'était pas bien passée. Il préféra ne rien ajouter et se dit qu'il pourrait reprendre le sujet une autre fois… Si Byakuya le voulait bien.
o~~O~~o
Il n'en revenait pas.
Comment diable Kenpachi pouvait savoir ça ? Soit il avait laissé passer trop d'information, soit il était très perspicace. Il avait toujours fait attention, veillé à ne rien montrer de cette relation. Il se rappela du suçon que Kenpachi avait vu son premier jour et la fois où il avait failli les surprendre mais il était sorti avant qu'il n'aperçoive quoique ce soit. Ces deux évènements avaient-ils suffis pour qu'il comprenne ? Il avait remarqué cet instinct chez Kenpachi, une sorte d'intelligence émotionnelle qu'il ne maitrisait pas complètement.
Il s'était déjà trop confié à lui, il ne pouvait pas aborder ce sujet-là avec lui. Il était ce qui ressemblait le plus à un ami dans son entourage avec le trio infernal de primo-universitaire mais il ne pouvait pas parler de ça. Ce serait terrible si cette information fuitée, encore plus pour son grand père, Shunsui était dans la même position que lui alors il n'avait aucun intérêt à révéler cette information. Kenpachi s'était une autre histoire. Pourrait-il comprendre que sa réputation était en jeu ? Dans leur milieu s'était ce qu'il y avait de plus important, peut-être qu'on pouvait leur passer une petite incartade de jeunesse car ils étaient des alphas mais il savait que Ginrei ne l'entendrait pas ainsi.
Rien de ce genre ne devait remonter à ses oreilles. Il reprit son calme et tenta de le lui faire comprendre.
« Je n'ai pas envie parler de ça ou… Que qui que ce soit se fasse des idées, d'accord ? Alors est-ce que tu peux garder ça pour toi, s'il-te-plait ?
- Ok. »
Kenpachi n'avait rien trouvé de mieux à dire. Il n'en revenait pas d'entendre un « s'il-te-plait » dans sa bouche. Il y avait anguille sous roche.
« Mais… Tu sais que… Enfin si jamais tu, bafouilla-t-il.
- Merci. »
Cette fois il écarquilla les yeux. C'était encore plus grave qu'il ne l'avait pensé.
Byakuya trouva son inquiétude touchante mais il n'en avait pas besoin. Il préféra couper court à la conversation et la politesse fut plus efficace qu'il ne l'aurait cru. Il l'avait décontenancé et laissé sans voix : un bon point pour lui.
« Nous devrions nous dépêcher, la réunion de rentrée va bientôt commencer. »
o~~O~~o
Le tournoi amical ne fut qu'une formalité. Leur victoire avait d'une facilité déconcertante.
Hyôsube organisait toujours en début d'année un tournoi pour évaluer ses étudiants en situation réel et pour trouver les prochains membres de l'équipe principale. Il ne fut pas déçu et même impressionné. Kenpachi et Byakuya avaient dépassé ses espérances. Son programme de printemps avait été efficace. Ils avaient remporté leur duel sans la moindre difficulté et il se trouvait dans l'embarras.
Ils avaient progressé plus rapidement qu'il ne l'espérait… Ils étaient meilleurs que les élèves de terminale et ces derniers en avaient fait l'amer constat. Il ne pouvait se résigner à les laisser sur le banc comme remplaçants mais les terminales avaient dû attendre leur dernière année pour espérer jouer en compétition. Certains ne le digéraient pas.
Il lui fallait trouver une solution. Il ne cessait de répéter que seul les plus forts entrés dans l'équipe principale. Ceux qui après un amer travail arrivaient enfin à toucher du bout des doigts leur rêve allaient être dégoutés d'être remplacés par deux jeune perdreaux.
La solution la plus raisonnable serait d'organiser des roulements dans les compétions. Il lui faudrait convaincre le capitaine de garder la cohésion du groupe et veiller sur l'ambiance du club. Si Kenpachi ou Byakuya se démarquaient suffisamment leurs ainés seraient plus conciliants. Il ne doutait par de leur bonne volonté.
Il n'aurait qu'à aviser en fonction des réactions mais les félicitations qu'obtinrent ses deux jeunes protégés après le tournoi le rassurèrent. Sa décision était prise, il ne restait plus qu'à l'annoncer. Il attendrait le retour au dojo pour annoncer la nouvelle équipe mais il pouvait déjà voir une part de défaitisme dans le regard des terminales.
Le trajet en bus fut joyeux et bruyant. Kenpachi n'avait jamais vu ses camarades si débridés. Il ne comprenait pas trop leur engouement. Son combat avait été expéditif et ennuyeux, il n'en avait pas profité. Il avait regardé distraitement les autres duels mais c'était celui de Byakuya qu'il avait le plus attendu. Il l'avait regardé se mouvoir et manœuvrer habilement dans son uniforme trop grand. Ses yeux s'étaient attardés sur sa nuque blanche lorsqu'il avait retiré son casque. Il peinait à chasser cette image de son esprit… Mais avait-il vraiment envie de s'en débarrasser ?
Byakuya était agréable à regarder. Une poupée de porcelaine aussi solide que la pierre. Lorsque ses cheveux noirs se balançaient sur sa nuque, il collait parfaitement à son image de princesse. Il n'aurait pu trouver un meilleur surnom. Il devait être superbe en yukata avec les cheveux défaits. Son esprit s'égara et il remarqua à peine qu'ils étaient arrivés.
Ils s'alignèrent dans la salle d'entrainement et attendirent que le couperet tombe.
Hyôsube commença par les féliciter et fit des remarques sur les améliorations à apporter. Après une bonne demi-heure de discours, il annonça la liste des élèves choisis pour la nouvelle équipe. Il énonça les noms sans se presser et les élèves sélectionnés s'avancèrent sous les applaudissements mesurés des membres. Le nombre de places se réduisit et la nervosité grimpa.
« Exceptionnellement, cette année deux élèves de première vont rejoindre l'équipe. Après le tournoi d'aujourd'hui, ils ont prouvé qu'ils méritaient leur place… »
Des soupirs s'élevèrent. Les derniers espoirs des terminales venaient d'être balayés.
« Byakuya Kuchiki. »
Il s'avança la tête haute et reçu les mêmes honneurs que ces coéquipiers.
« Et pour terminer Kenpachi Zaraki. »
Il y eut un moment de silence avant que des applaudissements bruyants retentissent. Hyôsube fut surpris par cet accueil chaleureux, il ne pensait pas qu'ils seraient acceptés si facilement.
C'est déjà ça.
« Je vous laisserais amener les uniformes à la machine. »
Les uniformes s'empilèrent sans que personne ne se motive à aller les ranger. Byakuya se dévoua, il échapperait ainsi à l'effervescence de l'annonce. Il devrait pourtant être soulagé et fier de cette nouvelle mais il se sentait piégé. Son moment de détente devenait sérieux. Il prit la pile de linge sale (comme quoi tout était possible, il faisait la lessive au lycée).
Il se rendit dans la remise après s'être assuré d'avoir tous les uniformes et que Kenpachi était trop occupé pour le suivre. Il avait besoin de rester seul, de respirer. C'était très flatteur de recevoir un tel honneur mais il pensait que ce ne serait pas avant sa dernière année, maintenant son grand-père risquait de s'en mêler.
Il avait dû mal à respirer lorsqu'il passa la porte de la remise, il essaya de rester calme et avança machinalement vers la vieille machine à laver. Elle faisait un bruit monstre mais elle pouvait passer tous les uniformes en une fois. Il jeta le linge dans le monstre mais sa tête tournait. Il ajouta la lessive et ferma mollement le hublot. Il avait les larmes aux yeux lorsqu'il lança le programme. Il s'appuya sur la machine et tenta garder son calme malgré les sanglots qui l'étranglaient.
Il était fatigué et il était en train de craquer.
Il tomba à genoux devant le hublot qui se remplissait lentement. Sa respiration devint sifflante. Il avait mal à la gorge et un bourdonnement emplissait ses oreilles. Il sentit des mains se refermer sur ses épaules et il fut pris de panique. Il se retourna et tenta de se dégager effrayé.
« Hey ! Qu'est-ce y t'arrives ? »
Les mots moururent dans sa gorge. Il était incapable de dire quoique ce soit.
« Tu veux aller à l'infirmerie ? Manger un truc ? T'as mal quelque part ? Il me semble pas que t'es pris de mauvais coup pourtant. Oh ! Respire ! »
Il le surprit en le serrant dans ses bras. D'abord il lutta, incapable de supporter ce contact trop intime puis il céda et le serra à son tour. Il fixa le vide et reprit peu à peu son souffle. Ses muscles se relâchèrent lentement. Il commença à entendre le boucan de la machine derrière lui.
Il avait repris son calme mais resta accroché à Kenpachi, il ne voulait pas que ce moment termine. Il ne voulait pas affronter ce qui allait suivre. Il ne voulait pas donner d'explications car il n'en avait pas lui-même.
C'était un tout. C'était un trop.
Il garda les mains accrochées dans son dos, cela le rassurait. Il se sentait en sécurité et cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti protégé, à l'abri. Il sentit pourtant l'étreinte se desserrer et à regret il se résigna.
Il était vidé, épuisé.
Il n'osa pas affronter son regard, honteux. Sa main effleura sa joue et chassa les mèches qui cachaient son visage. Du pouce, il balaya les larmes qui lui avaient échappé. Ils restèrent plantés face à face, sans savoir quoi se dire, mais avait-il vraiment besoin de mot à ce moment précis ?
Byakuya s'approcha timidement de lui mû par un besoin de tendresse. Kenpachi combla les derniers centimètres qui les séparaient et posa ses lèvres sur les siennes. Cela ne dura qu'un instant. Le noble mit fin à ce contact et revint se blottir dans ses bras.
Pourquoi fallait-il qu'il se retrouve dans une telle situation ? Pourquoi fallait-il qu'il se mette dans telle situation ?
Il avait initié le baiser… Mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Quelle folie l'habitait ? Pis encore il voulait recommencer et continuer.
« Tu fais souvent ce genre de crise ? Tu m'as bien fait flipper… Mais là, c'est pas trop désagréable.
- Tu pourrais coucher avec moi ? »
Kenpachi manqua de s'étouffer contre lui.
« Bah dis donc… Tu sais être direct quand tu veux toi aussi. »
Byakuya resta silencieux. Il n'aurait pas dû faire cette proposition déguisée.
« Et toi princesse, tu pourrais coucher avec moi ? Me fais pas croire que je suis assez bien pour toi.
- Je ne te parle pas de mariage ou d'engagement quelconque juste… De se tenir compagnie le temps que la machine à laver se finisse.
- C'est ce que tu faisais avec Shunsui.
- Oui, c'est pour ça que je n'avais pas envie d'en parler en public. »
Kenpachi resserra ses bras autour de son buste et grogna dans son cou.
« Juste aujourd'hui ?
- Oui.
- Tu fais ça avec beaucoup de monde ?
- Pas vraiment non.
- Et je suppose que ça doit rester entre ses murs ?
- Absolument.
- Et… On aurait pas besoin d'une capote ? »
Byakuya pouffa. Il n'aurait pas pensé que ce genre de détail pourrait l'inquiéter.
« Pour être honnête, j'avais pas en tête de passer par la case pénétration.
- Va falloir éclairer ma lanterne.
- Dans ce cas, on devrait passer sur les tapis. »
Byakuya bougea pour débloquer son coéquipier, il évita son regard et le guida. Avec Shunsui, il n'avait pas eu à prendre l'initiative, alors il ne savait pas trop comment s'y prendre. Il espérait que Kenpachi prendrait les devants et laisserait faire son instinct, comme il le faisait en général, mais il se montrait docile. Il sentait son regard bruler sa peau mais il ne tentait pas d'approche. Sa main pendait dans la sienne et il se tenait loin.
« Tu n'as pas l'air si motivé que ça ? Commenta-t-il.
- Me cherche pas. »
Sa voix était plus rauque et son regard assombri. Comment avait-il raté ça ? Une aura animale émanait de sa peau. Il se retenait, restreignait ses mouvements à l'extrême pour ne pas céder tout de suite.
Leurs regards se croisèrent et il vit un feu brûler au fond de ses yeux. Un brasier qui s'empara de lui et réchauffa son corps meurtri. Il s'approcha de lui et leurs lèvres se scellèrent. Ils respiraient le même air. Ils basculèrent ensemble sur les vieux tapis de gym poussiéreux.
Des boucles de ceintures cliquetèrent.
Une fermeture glissa et un monde de possible s'ouvrit.
Des caresses s'épanouirent et des souffles se réduisirent.
Leurs respirations s'unirent.
Un moment d'extase et d'éternité.
Puis le bruit sourd de corps qui s'affalèrent sur les tapis.
Ils restèrent allongés l'un contre l'autre. Kenpachi fixait le plafond et Byakuya écouta l'horrible son du programme de lavage. Il se serra contre lui malgré la chaleur étouffante de la remise.
« Tu as dis qu'on avait jusqu'à la fin de la machine, non ?
- Tu as bien entendu.
- Dans ce cas autant en profiter… Si tu es partant. »
o~~O~~o
Le tambour ralentit mais Kenpachi n'avait guère envie de retirer son bras enroulé autour du corps de son amant. Sa main glissait sur sa peau dessinant des formes abstraites. Il appréciait de voir Byakuya aussi calme et détendu contre lui. Il semblait si fragile et vulnérable, c'était plaisant de constater qu'il lui faisait confiance.
Byakuya se redressa lentement et commença à se rhabiller. Il regarda les muscles de son dos danser sous peau. Il se redressa lorsque le spectacle fut terminé. Il se colla à lui et posa la tête au creux de son cou.
« Ça va mieux au moins ?
- Pourquoi ça n'irait pas ? »
Il sourit et se recula. Il se rhabilla à son tour, sans se presser, et Byakuya se leva pour aller sortir le linge. Il traina des pieds et se décida à aller l'aider à prendre cette lessive. Il tapota le dessus de la vieille machine en remerciement, après tout c'était peu grâce à elle aussi.
Lorsqu'ils sortirent de la remise ce fut comme s'ils quittaient un rêve. Tout semblait si banal que ce qui était arrivé plus tôt semblait irréel.
Ils étendirent le linge et Kenpachi ralla : dans un lycée pareil, ils ne devraient pas se retrouver de corvée de lessive.
o~~O~~o
La vie reprit et ils ne reparlèrent pas de l'évènement. Pas qu'ils aient honte non, ils souhaitaient conserver ce moment comme un rêve hors du temps, un moment suspendu, en parler aurait ruiné cette magie.
Byakuya fut soulagé de voir que Kenpachi n'avait pas changé de comportement. Il était d'humeur égale et cette stabilité avait quelque chose rassurant.
Ce trimestre avait tout de même eut une nouveauté : ils se retrouvaient à la bibliothèque pour faire leurs devoirs et, temps à autre, dehors à l'abri des regards pour réviser. Ces séances étaient efficaces : Kenpachi avait la moyenne dans toutes les matières et Byakuya avait amélioré la sienne. Demeurait toujours les problèmes de comportement, il avait dû mal à canaliser toute son énergie et le trop plein se déversait en classe. Les entrainements soutenus qu'il subissait l'avaient calmé un moment mais il était reparti de plus bel.
Les comportements à son égard aussi avaient changé : il fascinait. Son entrée triomphale en équipe officielle avait fait grand bruit. Il représentait l'école et il était doué dans son domaine. Il avait acquis le respect de ses pairs. Ses coéquipiers le saluaient à chaque fois qu'ils se croisaient dans les couloirs.
Le directeur félicita Byakuya pour son implication dans cette réussite.
L'été arriva et les vacances suivirent. Byakuya obtint l'autorisation de participer aux entrainements estivaux maintenant qu'il était dans l'équipe, il devait tout faire pour rester au niveau. Il se garda bien d'avouer qu'il était ravi de passer l'été au côté de Kenpachi.
Ils ne se quittaient plus et il voulait passer chacun de ces moments libres avec lui.
Pourtant il était énervant, ne faisait que ce qu'il lui plaisait, était brutal, ne connaissait pas la délicatesse… La notion d'espace personnel était inexistante de son vocabulaire et par-dessus tout, il s'invitait dans son esprit sans autorisation.
Il ne retrouverait jamais un deuxième Kenpachi dans sa vie.
Ça aussi il le savait pertinemment. Cette fraicheur, cette impétuosité, il ne les connaitrait jamais plus. Il ne voulait pas gâcher ce temps. Il l'obsédait autant qu'il l'agaçait.
Cet été serait peut-être le seul qu'il passerait ensemble, son grand-père voulait qu'il fasse un séjour à l'étranger avant son entrée à l'université.
Au fond de lui, il espérait qu'ils pourraient à nouveau se retrouver seuls dans la remise et qu'ils prolongeraient le rêve. Cela avait été si différent de ses rapports avec Shunsui, avec lui c'était physique rien de plus, avec Kenpachi cela avait été bien plus… Des gestes tendres bien plus efficaces que n'importe quel mot. Un vrai moment d'intimité, une bulle rien qu'à eux et leurs regards pour seules paroles. Il avait ébranlé ses certitudes, fait chavirer son âme…
Il aimerait tellement que ça continue, mais oserait-il faire le premier pas ?
