Quelque part au fond d'une cave sur la Terre, un homme tentait péniblement de détacher la main de fer qui l'étranglait inexorablement. Mais il ne cherchait pas à arrêter son funeste destin ; il voulait juste dire quelques mots au garçon qui se tenait face à lui. Il n'eut cependant pas la possibilité de parler une dernière fois.

Son ultime pensée, fugace, avant de s'éteindre définitivement, exprimait sa joie de pouvoir enfin lâcher le rôle qu'il avait dû tenir de si longues années, au détriment de ses plus proches amis et de son bonheur.

Lorsque Peter Pettigrow arriva sur l'Après, il se sentit enfin apaisé. La seule chose qu'il espérait était que ses anciens amis puissent un jour lui pardonner la confiance aveugle qu'il avait eu envers Dumbledore. Il avait fait tant d'erreurs dans sa vie ! Des erreurs qui avaient coûté la vie de ses plus chers compagnons. Peu lui importait si les maraudeurs ne lui pardonnaient pas immédiatement, si cela prenait des dizaines de milliers d'années. Il ne demandait pas de faire à nouveau partie de leur petit groupe. Il estimait avoir perdu ce droit à la mort de James et Lily. Il voulait seulement leur pardon, non pas oublier ce qu'il s'était passé.

Il se remémora sa toute première rencontre avec James. Ce n'avait pas été à Poudlard mais quelque temps avant, dans une confiserie magique ; ils étaient alors âgés de neuf ans. Madame Potter avait accepté d'acheter des bonbons à son fils à la condition qu'il les partage avec une personne de son âge. Et en cherchant autour de lui, James l'avait aperçu et l'avait choisi. N'ayant alors ni son nom ni son prénom, Peter ne l'avait reconnu que lorsqu'il avait rencontré ses camarades de chambrée.

Lors du trajet en Poudlard Express, il avait été dans le même compartiment que Rémus Lupin. Ils avaient ainsi commencé à faire connaissance et rassemblé les informations qu'ils avaient sur la Répartition et la vie à Poudlard. Assez timides et ayant peu confiance en eux-même, ils étaient restés ensemble et n'avaient pas cherché à se rapprocher des autres élèves lors de la traversée du lac. C'est pourquoi ils furent heureux d'être répartis dans la même maison et de se retrouver dans le même dortoir. Rapidement, ils s'étaient rendu compte que leurs deux camarades de chambre étaient plutôt survoltés ; ils étaient donc restés ensemble. Ainsi, deux groupes soudés s'étaient formés : James et Sirius d'un côté, Remus et lui de l'autre. Même si les deux groupes ne s'ignoraient pas, ils ne s'intéressaient pas particulièrement à l'autre.

C'était donc lui, Peter, qui avait relevé les absences régulières de Rémus. Intrigué, il avait demandé plusieurs fois à Rémus où il disparaissait si souvent. Comme il parvenait toujours à dévier la question, Peter avait été d'autant plus attentif à chaque détail qui tournait autour de ces fameuses disparitions. C'est ainsi qu'il en était venu à suspecter un harcèlement violent avec coups puisque Rémus finissait systématiquement à l'infirmerie le matin suivant. Après avoir surmonté sa timidité pour le bien de son ami, il avait fait part de ses inquiétudes à ses deux camarades de chambre afin qu'ils fassent bloc ensemble pour soutenir Rémus. Il avait dû batailler ferme avec eux et c'est uniquement lorsqu'il avait traité de froussards et de lâches qu'ils l'avaient finalement écouté.

Ils avaient donc discrètement suivi Remus une nuit afin de voir qui s'en prenait aussi régulièrement à lui. Ils ne l'avaient pas accompagné jusqu'à la cabane hurlante puisque pendant leur filature, ils avaient surpris une discussion entre Remus et l'infirmière qui les avaient rassurés. Elle était en train de lui demander s'il souhaitait que leur directrice de maison l'accompagne pour la nuit, en lui garantissant que ce serait plus simple pour lui. Tout en répondant négativement, Remus avait franchi les grandes portes du château suivie de près par l'infirmière. Pensant alors qu'il s'agissait d'un problème familial, James et Sirius s'étaient moqués de lui et les trois Gryffondors étaient retournés rapidement dans leur dortoir.

C'est en constatant l'état de santé de Rémus le lendemain qu'ils avaient finalement admis qu'il se passait réellement quelque chose ; ils avaient donc rejoint Peter pour l'aider dans ses recherches. Afin de garder secret leurs recherches, ils ne se rassemblaient que lors des longs séjours de Rémus à l'infirmerie ; puis, peu à peu, une véritable amitié avait commencé à naître entre les trois Gryffondors. Ils n'hésitaient pas à venir discuter ensemble, que ce soit dans leur salle commune ou dans les couloirs, attendant l'arrivée du professeur. Rémus, quelque peu renfermé au début, s'était intégré dans leur groupe à force de les côtoyer. C'est ainsi que leurs deux groupes avaient fini par fusionner pour n'en former plus qu'un seul : celui des Maraudeurs.

Peter se souvenait de leurs nombreux méfaits, souvent proposés par lui, planifiés par Remus et réalisés par Sirius et James. Ils avaient définitivement marqué Poudlard lors de leur passage. Mais avec la guerre faisant rage à l'extérieur, tous les moyens étaient bons pour rire. C'était pour cette unique raison que les Maraudeurs étaient rarement punis par les professeurs.

– Animal de compagnie' ?

Une petite voix chantante le sortit de ses lointains souvenirs. Relevant la tête, Peter croisa le regard clair de sa petite sœur, pour qui il avait tant sacrifié.

–Camilla! Tu m'as tellement manquée. Je suis vraiment désolé de ne pas avoir réussi à te sauver...

– Voyons, Peter, tu savais que tu ne pouvais rien faire, même en demandant l'aide de Dumbledore. Comment s'est terminé ton contrat avec lui après ma mort ? questionna la demoiselle.

– Ce fut la pire erreur de ma vie, soupira tristement Peter. J'aurais dû fuir le plus loin possible dès que j'en avais l'occasion. Malheureusement, je me suis fait embobiner par ses belles paroles et ses promesses.

– Raconte-moi tout.

– Tout a commencé le jour où il a proposé à Rémus, Sirius et James de rejoindre l'Ordre du Phénix. Il ne m'avait pas demandé d'en faire partie car il savait que j'avais d'autres priorités que la guerre en cours. Un peu plus tard, il est revenu vers moi et m'a proposé de passer un marché avec moi : il te protégeait et essayait de te trouver un traitement en échange de mon allégeance à sa cause.

– Jusque-là, j'étais au courant. Dis-moi comment ça a bien pu dégénérer après mon départ. Je sais que tu voulais de rejoindre les Maraudeurs en première ligne pour les combats mais que tu avais réussi à négocier une place moins dangereuse avec Dumbledore pour continuer à t'occuper de moi. Ne les as-tu pas rejoint à ma mort ?

– Si seulement c'était aussi simple ! lança Peter d'une voix lasse. Malheureusement, je ne t'ai pas tout dit ce jour-là. Le rôle loin des lignes de combat qu'il m'avait trouvé était le rôle d'espion. Je devais rapporter les plans de Voldemort à l'Ordre en me faisant passer pour un agent double. Les mangemorts me connaissaient et avaient fini par me faire confiance à force de me voir apporter des informations fiables issues de l'Ordre. C'est comme ça que je récupérais une grande partie des lieux qu'allait attaquer les mangemorts. Afin de ne pas m'exposer au danger, Dumbledore me positionnait à l'arrière pour aider les médicomages et les soigneurs.

– Je me souviens que tu rêvais de devenir médicomage et de rentrer à Sainte Mangouste ! D'ailleurs, ton animagus est un rat si je me souviens bien de ce que tu m'avais dit. En Occident, il est symbole d'imagination, de sagesse et d'intelligence qui sont des qualités nécessaires pour la recherche des maladies. Il est aussi considéré comme…

– Une aide précieuse pour guérir les maladies, termina doucement Peter avec un petit sourire nostalgique.

– Je te l'avais déjà dit ? souffla Camilla. Je radote, alors !

Son rire frais résonna dans le sas de l'Après, chassant efficacement les peines et les doutes de ceux qui étaient là. Peter se souvint de ces moments où il faisait tout pour entendre ce rire clair de sa petite sœur qu'il aimait tant.

– Et as-tu pu réaliser ton rêve ? Tu voulais attendre la fin de la guerre…

– Malheureusement, la guerre ne s'est jamais terminée et il y a eu de très nombreux problèmes qui ont suivi ton départ, révéla Peter en perdant tout sourire. Tout d'abord, une prophétie a vu le jour. Elle pouvait concerner deux enfants : Neville, le fils d'Alice, et Harry, le fils de Lily. Les deux couples ont immédiatement mis leur maison sous fidélitas. Marlène était le Gardien du Secret des Londubat et Sirius était celui qui devait être choisi pour les Potter. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Suite à un conseil fortement suggéré de Dumbledore, Sirius a proposé à James de me nommer comme Gardien du Secret pour eux, puisque personne ne penserait à moi. Comme personne ne savait que j'étais agent double et que je ne pouvais le révéler à personne à cause d'un serment, j'ai tout fait pour refuser le poste, ne voulant pas les trahir involontairement suite à une incursion dans mon esprit. C'est Sirius qui m'a obligé à accepter, je ne l'avais jamais vu aussi buté auparavant. Je n'ai pas compris ce qu'il se passait sur le coup, ce n'est qu'après que j'ai pu comprendre ce qu'il s'était passé…

– Tu commences à me faire peur. Que s'est-il donc passé et qu'as-tu découvert ?

– C'est Dumbledore qui l'avait obligé à se désister de son poste de Gardien et de me nommer à la place. Lorsque j'ai dû finir par accepter, je suis allé voir Dumbledore pour lui demander de changer les Potter de maison dont je ne connaîtrais pas l'adresse du tout. Il m'a promis de le faire. J'avais pu vérifier plusieurs fois en allant à Godric's Hollow et à chaque fois, je n'y voyais personne. Et puis, le jour fatidique est arrivé… s'étrangla Peter qui commençait à sangloter.

– Raconte-moi, dis doucement sa sœur en le prenant dans ses bras. Tu peux tout me dire. Je suis là pour toi et je le serais toujours. Jamais je ne te renierais pour ce que tu as dû faire. Tu m'as aidé toutes ces années ; à mon tour maintenant de te rendre la pareille.

– Une source inconnue a dit à Voldemort que je savais où se cachait les Potter. Je n'ai jamais subi autant de Doloris que ce jour-là. Même en sachant qu'ils ne se trouvaient pas dans leur maison que j'avais été visitée le matin même, je ne pouvais me résoudre à leur donner l'adresse. Je présentais une catastrophe imminente. Je n'ai jamais parlé. C'est Voldemort qui a fini par aller chercher l'adresse dans mon esprit par légilimancie, toutes mes barrières étaient concentrées sur l'atténuation de la douleur. Il a trouvé l'adresse, il y est allé. Il a tué James et Lily. Quand j'ai enfin pu me rendre sur place, la terrible vérité m'a coupé le souffle : ils n'avaient jamais déménagé de Godric's Hollow. Ce fut la journée la plus affreuse de ma vie. J'avais tué mes meilleurs amis. Ceux avec qui j'avais grandi. Les meilleurs parmi les meilleurs. C'est un cri d'enfant qui m'a fait reprendre mes esprits : Harry était toujours vivant. Montant les marche pour arriver plus vite, j'ai aperçu une silhouette proche de la chambre. Alors que je m'en approchais, baguette en main, l'horrible personnage qui a détruit ma vie me lança le plus puissant Impérium qu'il m'est été donné de voir. Il m'obligea à tuer Harry de mes propres mains, le plus rapidement possible. N'arrivant pas à contrer son ordre, j'ai tenté la transformation en animagus. Je ne pensais pas que ça marcherait. C'était un coup de chance.

– Tu as réussi à contrer l'ordre ?

– Pas complètement. J'ai pu fuir mais l'ordre était toujours présent. Je ne sais pas ce qu'il avait modifié dans le sort mais il ne suffisait pas de le contrer une fois pour le supprimer. Il restait là, en arrière-pensée. Il revenait en force quand je me retransformait en humain. J'ai tenté d'aller avertir Sirius, de lui dire de protéger Harry. Mais je n'ai pas pu dire ce que je voulais, comme si quelqu'un parlait à ma place, avoua Peter en enfouissant sa tête dans les bras réconfortants de sa sœur. J'ai repris ma forme de rat pour fuir le plus loin possible. L'un des sort de Sirius me toucha avant de reprendre ma forme animale, me coupant un doigt. L'injonction de tuer Harry était devenue bien plus puissante pendant notre duel et une autre est apparue : faire tout ce que mon ensorceleur voulait que je fasse. L'une de ses envies était que je reste à proximité d'une famille sorcière ayant un garçon de l'âge d'Harry et que je reste en vie. Je n'ai pas pu lutter contre car toute mon énergie se battait déjà contre l'injonction de tuer mon presque neveu.

– Mon pauvre frère… Tu as dû te sentir si seul pendant toutes ces années ! As-tu réussi à parler à quelqu'un malgré tout ?

– La famille sorcière que j'ai suivi au début habitait proche de Rémus. J'ai tenté d'aller le voir pour lui expliquer le problème mais je n'ai jamais pu passer le portail, comme si un sort m'empêchait de m'approcher. La même chose arrivait quand il est venu enseigner à Poudlard. J'avais tant d'espoir d'enfin pouvoir te rejoindre pendant cette année ! Un chat, un demi-fléreur, a dû sentir mon combat et a voulu m'aider. Mais mes courtes pattes lui ont mené la vie dure. Quand Sirius et Rémus m'ont enfin trouvé, je voyais presque le bout de toute ma souffrance. Mais Harry a dû intervenir. Je crois que je ne lui en ai jamais autant voulu qu'à cet instant. Et j'ai dû rejoindre Voldemort juste après. Heureusement qu'il voulait tuer lui-même le garçon ! Quand il a vu mon obsession pour lui, il m'a également mis sous Impérium. Additionné à celui auquel j'étais déjà soumis et à ma volonté ferme, j'ai pu encore réduire la pulsion qui me poussait à vouloir sa mort. Ma seule réussite est d'avoir résisté jusqu'au bout et de ne pas avoir tué cet enfant cher à mon cœur. Il est si fort, si courageux, maintenant ! Ces parents et son parrain seraient si fiers de lui… J'aimerais tellement pouvoir aller m'excuser auprès de James, Lily et Sirius et leur dire que leur garçon a bien grandi. Il continue le combat que nous avions commencé.

Sa sœur le berça de longues minutes, attendant que son frère finisse de déverser toute sa tristesse et sa colère. Face à elle, deux hommes se tenaient. Elles étaient arrivées peu après que Peter soit tombé dans les bras de sa sœur et avaient entendu une grande partie de ce qui lui était arrivé. Elle avait vu leurs visages pleins de haine et de colère à leur arrivée se teinter peu à peu de peine et de douleurs, jusqu'à ne laisser que la tristesse dûe à toutes ces révélations. Alors, quand ils s'approchèrent de son frère, elle les laissa faire. Chacun des deux hommes posèrent l'une de leur main sur l'épaule du troisième. Ce simple geste suffit pour qu'ils lui transmettent tous leurs sentiments. Ils savaient tous les trois que leur relation seraient quelque peu chaotique au début mais à la lueur de ces derniers éléments, ils étaient près à se lancer dans une nouvelle aventure

Et c'est encadré des deux anciens maraudeurs que Peter quitta le sas de l'Après.


Voici enfin le nouveau chapitre de cette histoire. Il m'a demandé beaucoup de travail car je ne voulais pas rater cette arrivée très importante deans l'Après. Elle marque le tournant de l'histoire et apporte des éléments sur l'intrigue future. C'est aussi et surtout le moment où on va commencer à s'éloigner du canon. J'espère que ce chapitre vous a plu !

N'hésitez pas à laisser un petit avis sur le chapitre, ça fait toujours plaisir ^^ (et ça me motivera à écrire la suite plus vite !)