Bonjour ou plutôt bonsoir les girls !

J'espère que vous allez toutes bien !

Mon Dieu... Avant toute chose, je tiens à dire que j'ai complètement CRAQUE mon string sur ce chapitre ! (ou mon slip, ou mon tanga, ou tout ce que vous voulez d'autre niveau sous-vêtements !) Honnêtement, je tiens à m'en excuser, parce que je ne peux absolument pas m'avancer ou garantir le résultat... Je pense que nous allons nous trouver, une fois n'est pas coutume décidément, face à l'un de ces chapitres clivants, où des sommets d'absurdité et de burlesque sont atteints. Et l'humour, c'est comme les trous du cul (et les avis...) : tout le monde a le sien !

En en parlant de "trou du cul"... (oui, je sais, je suis très CLASSE ce soir...) On peut PRESQUE dire que c'est l'un des thèmes principaux de ce chapitre...

Alors sur ce, je ne vous fais pas languir davantage et ENJOY, si je puis dire...


La fête battait son plein au Club.

Assourdissante.

Son agence avait réservé le dernier étage du lieu en exclusivité, afin de célébrer son départ comme il se devait après presque dix ans de bons et loyaux services. Il y avait là tout le gotha, tout le gratin du mannequinat. Et ceux qui faisaient la pluie et le beau temps dans le petit monde de la mode Japonais : Stylistes, top modèles, couturiers, managers et j'en passe. Que des pointures. Des grands pontes.

Venus rien que pour lui.

En son honneur.

Et pourtant…

Kise se sentait désespérément seul au milieu de cette foule réunie autour de lui.

Il ne s'agissait finalement là que de quelques relations de travail. Plus ou moins bonnes. Plus ou moins régulières.

Mais ni amis proches, ni famille.

Enfin, la politesse exigeait tout de même qu'il fasse acte de présence. Après tout, son agence s'était donné beaucoup de mal pour organiser cette petite sauterie. Pour lui faire plaisir soit disant, mais ça sentait surtout le bon gros coup de comm'… Car une fois parti, sa place deviendrait libre. Vacante. Et Kise savait déjà que nombre de jeunes mannequins masculins allaient se la disputer, dans le but de devenir la nouvelle égérie de l'agence. Oh ça, il n'avait aucune inquiétude. On s'en sortirait très bien sans lui au pays du Soleil Levant.

Mais lui par contre…

Rien ne garantissait qu'il rencontrerait le succès dans sa nouvelle aventure professionnelle et certainement pas un succès d'une telle envergure à l'étranger. Ici, il était un peu le fils prodigue, mais aux USA, personne ne le connaissait vraiment… et tout restait donc à faire. Quelque part, avoir une chance de découvrir un nouveau marché et une nouvelle façon de travailler constituait une aventure excitante. Il y avait du challenge et Kise appréciait les défis. Mais d'un autre côté… ce grand saut dans l'inconnu restait quand même un quelque peu effrayant pour lui qui sortait de sa zone de confort.

Cependant… Malgré, toutes ces incertitudes légitimement fondées, demain soir il quitterait l'archipel pour de bon.

Avec Aomine.

Enfin, pas juste avec lui mais surtout POUR lui.

C'était là que se situait toute la nuance.

Kise avait fait le choix de tout abandonner en laissant derrière lui, amis, famille, carrière, pour suivre l'homme qu'il aimait. Hélas, là aussi, les incertitudes restaient nombreuses et prévalentes. Parce que comme le dit l'adage « On sait toujours ce que l'on quitte, mais jamais ce qu'on va retrouver ». Une chose était certaine pourtant : Aomine lui-même partait rejoindre l'homme qu'il aimait et on pouvait donc logiquement en conclure que les sentiments du jaune pour le basané n'étaient pas réciproques. Pour le moment, en tout cas. Mais Kise comptait bien faire en sorte que cet état de fait actuel change, une fois qu'ils seraient arrivés à destination. Il n'était pas encore trop tard.

Le ballon de basket se trouvait dans son camp, comme on disait…

Mais pour le moment, la réalité de la situation était que Kise sacrifiait tout ce à quoi il tenait et tout ce qu'il avait construit pour un homme qui l'ignorait et dont il n'était pas sûr de pouvoir un jouer le conquérir…

Et mine de rien…

C'était un fardeau particulièrement lourd à porter…

Même pour lui qui s'efforçait de constamment sourire pour cacher sa souffrance et ses incertitudes à la face du monde.

Alors… en cet instant, Kise ressentait surtout le besoin de s'isoler.

S'isoler de tout ce brouhaha qui lui était consacré et de toute cette agitation malsaine.

Parce qu'il n'y avait pas de quoi se réjouir en vérité.

De son point de vue en tout cas, mais pour les autres, il était normal de jubiler. Après tout, le roi actuel laissait son trône vacant… et nul doute que les prétendants de tous bords allaient se disputer ce nouveau règne.

Le renard s'éclipsa donc discrètement. Il avait beau être l'attraction principale de la fête, personne ne remarqua son départ…

Oh mais il ne s'envola pas bien loin…

Il descendit simplement prendre l'air au pied du bâtiment qui hébergeait SON pot de départ.

Même de l'extérieur, il pouvait entendre les basses saturées faire trembler les fondations bétonnées et la musiques résonnait dans la rue déserte.

Quelle heure était-il ?

Hmm… Kise avait perdu la notion du temps.

Il avait l'impression que cela faisait des heures qu'il était coincé ici, pendant que des personnes dont il n'avait pour la plupart qu'une sympathie très limitée, défilaient devant lui pour présenter leurs hommages.

Ridicule…

Une belle bande de pique-assiettes…

Il n'était pas mourant non plus hein, alors pourquoi avoir organisé toute cette mascarade ?

Les conventions ont la peau dure…

Mais Kise ne voulait pas lui, de cette fête absurde. Qu'y avait-il à fêter, au final ? Le fait qu'il allait très certainement se vautrer en Californie et qu'Aomine ne lui retournerait jamais ses sentiments ?

Tu parles d'une bonne raison de faire la nouba, toi…

Kise aurait préféré quelque chose de plus intimiste et de moins clinquant, mais son avis n'avait aucune importance… Après tout, ce n'était pas comme si cette célébration le concernait en premier lieu… et en parlant de lieu, Kise n'avait pas eu l'autorisation de choisir où se tiendraient ses adieux au monde du show business Japonais.

Ironie, quand tu nous tiens…

Pas étonnant que le jeune homme se sente donc aussi peu concerné par toute cette tartuferie de mauvais goût…

Ses managers avaient opté pour un endroit à la mode, LE lieu où il fallait absolument être vu dernièrement, sans guère se soucier des revendications de leur mannequin vedette. Tout ce qui les intéressait, c'était la publicité que l'agence allait pouvoir en retirer, sur son dos…

Oh, il avait l'habitude hein. Ça se déroulait toujours ainsi… Que ce soit au boulot ou avec Aomine, Kise passait toujours au second plan. Il n'avait qu'à se conformer au système, mais sa liberté en attendant… Et bien… il pouvait se la mettre au cul pour parler crûment… Pas le choix. Les actes de rébellion ? Très peu pour lui. Kise avait été élevé dans la perspective de ne jamais faire de vagues. C'est qu'il avait une image à défendre et à conserver, voyez-vous…

Une image publique.

Et bien souvent, le Small Forward se sentait tout aussi figé dans son quotidien, que sur les couvertures de papier glacé pour lesquelles il posait.

De l'air…

Il avait besoin d'air.

De souffler.

Mais surtout, de R-E-S-P-I-R-E-R.

Le Japonais ferma les yeux et bascula la tête en arrière, s'appuyant dos au mur. Oui, voilà, exactement : il se retrouvait dos au mur dernièrement… Sans possibilité de reculer. Il était donc obligé d'aller de l'avant. Machinalement, il tâta les poches de sa veste de costume dans l'espoir d'y piocher un paquet de clopes. Il était à peu près sûr d'en avoir amené un avant de partir et… aaah ça y est, trouvé !

Ouf !

Et d'après son poids dans sa main, il n'était pas vide en plus youpi ! Il en extirpa une tige de nicotine. Kise ne fumait que rarement, surtout en cas de stress ou… en cas de… s…exe ? Ouais, il faisait partie de ces nombreux hommes qui aimaient tirer une bonne taffe après l'amour. Rien de tel que d'avoir les couilles enfin vides pour se mettre à deviser sur des concepts philosophiques. Mais manque de bol, Kise avait oublié d'embarquer le plus important : un BRIQUET.

Or, puisqu'il ne savait pas encore allumer de feu à l'aide de pouvoirs psychiques qu'il ne possédait de toute façon pas, notre Kitsune allait sans doute devoir faire une croix sur cette petite pause nicotine bien méritée et…

Tiens… ?

Il regarda autour de lui, sait-on jamais, il y avait peut-être un badaud en promenade dans les parages à qui il pourrait emprunter de quoi fumer le calumet de la paix. En effet, cela semblait être le cas, car sur le trottoir face à lui se situait un bar animé. Un Host Club, très probablement. Et dehors, tout comme lui, était sorti un type. Clope embrasée au bec.

Kise le détailla davantage.

Beau, trèèèèèèèès beau, même.

Hyper classe, costard de créateur à plusieurs centaines de milliers de yens sur le dos, taillé sur mesure. Brun, plus grand que lui, un air un peu ténébreux sur le visage.

A part eux, la rue était déserte. Mais à une heure aussi avancée de la nuit, (et du matin, même !) cela semblait plutôt normal.

« Bonsoir. » Le salua l'autre homme de sa voix profonde et virile.

Ah. Il semblait avoir remarqué que Kise l'avait remarqué…

Enfin, vous avez compris le topo quoi.

Hmm… le gars lui faisait des yeux de velours et Kise ne put s'empêcher de rougir légèrement. C'était rare… qu'on le dévisage comme ça… D'habitude, même ses conquêtes potentielles n'osaient pas. Par contre, ce type puait la confiance en soi. Et Kise avait toujours trouvé ce genre d'attitude très séduisant. L'homme, qui semblait être quelqu'un d'important de par ce que sa stature et son charisme paraissaient indiquer, prit sa cigarette entre ses doigts et la tendit vers Kise, comme pour l'inviter à se rapproche et à venir allumer la sienne dessus.

Ce simple geste s'avérait encore plus sensuel et attirant que s'il s'était contenté de balancer son briquet au blond. Tout émoustillé par cette rencontre aussi fortuite que providentielle, Kise se sentait retomber en adolescence, dans la peau d'une midinette impressionnable. Quel dommage qu'il lui faille quitter l'archipel demain… décidément, le destin aimait bien se foutre de sa gueule ces derniers temps !

Mais bon… « The night is still young », comme disent les Américains. Kise avait lu cette expression dans son dictionnaire d'anglais la veille, alors qu'il se perfectionnait à la langue de Stephen Curry et elle s'était instantanément imprimée dans sa tête. Parce qu'honnêtement, notre blond ne serait pas contre une dernière partie de jambes en l'air avec l'un de ses compatriotes, avant de partir vers des contrées inconnues ! Les coups d'un soir, en général, très peu pour lui, mais ce n'était pas tous les quatre matins qu'on tombait sur pareil morceau ! Il pouvait donc bien faire une exception, au regard des circonstances exceptionnelles de cette soirée…

Et puis, autant jouer cartes sur table directement et l'assumer : Kise était en mode CHAUDIERE depuis quelques semaines. En d'autres termes, il avait le feu aux fesses quoi. En particulier depuis qu'il avait décidé de se réserver pour Aomine et qu'il s'était donc retiré du marché des célibataires sans attache. Mentalement indisponible, Kise avait donc interrompu ses « dates » et effacé son profil de toutes les applications de rencontres sur lesquelles il s'était inscrit. Oh pas qu'il s'en serve assidument hein ! Mais c'était Takaocchi qui avait insisté pour lui créer un compte ! Sous une fausse identité, bien évidemment… puisque son agence se montrait très stricte quant à la vie sexuello-amoureuse de ses protégés.

Mais bon, là tout de suite, vu qu'il se tirait pour de bon dans un autre pays, il ne risquait plus la rupture de contrat pour non-respect des clauses. Alors autant y aller franco. Kise répondit donc par son plus beau et séduisant sourire étincelant. Digne d'une publicité pour un dentifrice blanchissant, spécial haleine fraîche. D'ailleurs, il espérait que son souffle n'était pas trop alcoolisé, quoique ça ne dérangerait sûrement pas son futur partenaire d'un soir, puisque ce dernier sortait lui-même d'un bar et était par conséquent, possiblement tout aussi aviné que notre goupil…

Hmmm ouais, il avait vraiment besoin de prendre une bonne cartouche avant de partir. (En plus, il avait eu l'idée de GENIE de prendre quelques préservatifs avant de sortir de chez lui.)

Définitivement.

Ça le démangeait, là, en bas, à tel point qu'il en avait des papillons dans le ventre.

Et puisqu'il n'était pas certain de parvenir à conquérir Aomine à la minute même où auraient foulé le sol Américain, autant partir le plus… léger possible. Car la frustration sexuelle comptait comme excédent de bagages et Kise ne tenait pas à devoir payer une place en soute supplémentaire, ni à devoir porter ses testicules dans une brouette… tant elles lui semblaient remplies, si vous voyez ce que je veux dire ! Non, mais ne vous moquez pas ! C'était un coup à faire pencher l'avion sous leur poids, ça !

C'est que… Mine de rien, sous ses airs glamours et raffinés, Kise était loin de se révéler aussi subtil et élégant, dès lors que l'on effleurait l'épineux sujet du sexe… et il pria donc en secret Saint Paco Rabanne pour que ce pompier-là soit doté d'une belle grosse lance à incendie pour éteindre celui qui ravageait ses miches ! Paie ton image de beau gosse, mannequin international et gendre idéal dans le même temps !

Sauf que d'après Kise, il n'y avait aucun mal à s'envoyer en l'air, surtout avant de devoir le faire de manière encore plus littérale en montant dans un avion dès le lendemain…

En attendant, il n'avait aucune envie de rentrer seul pour sa dernière nuit sur le sol Japonais…

Et alors que sa décision semblait fermement prise et qu'il s'apprêtait en conséquence à traverser la ruelle pavée qui les séparait l'un de l'autre, brusquement tout bascula.

Il ne fallut qu'une seule seconde pour passer du rêve au cauchemar le plus total.

Brusquement, une troisième silhouette élancée fit irruption dans la ruelle et la traversa en courant, chargeant vers le bel étalon de Kise, couteau de combat à la main.

Il cria des paroles pleines de hargne et de rage, difficilement intelligibles.

Le futur ex du Kitsune se tourna vers la provenance du hurlement inhumain, mais il n'eut pas le temps de se protéger, ou même de reculer que déjà, une lame froide et tranchante se plongeait dans son flanc droit.

Profondément.

Il s'effondra presque instantanément, comme foudroyé, et son agresseur en profita pour s'enfuir.

L'horreur absolue.

Il ne savait pas quoi faire dans ce genre de situations, mais avant toute chose ce fut l'instinct qui parla, car aussitôt, Kise se précipita auprès du blessé. Du sang s'échappait abondamment de ses entrailles, mais ce n'était pas la seule chose qui semblait quitter son corps. La vie aussi… Le blond installa le plus confortablement possible la tête de l'inconnu sur ses genoux.

Pas question qu'il reste les bras croisés sans rien faire, après avoir été témoin d'un crime aussi odieux ! L'homme leva faiblement la main vers son visage et Kise l'attrapa fermement dans un geste désespéré pour tenter de la réchauffer et de le rassurer, tandis que de l'autre, il dégainait son téléphone pour appeler les secours.

Tout s'était passé si vite et le blond avait à peine eu le temps d'apercevoir le visage du fuyard…

Il cria à son tour afin d'alerter le voisinage, mais sa voix se fit plus douce lorsqu'il fut question de rassurer l'homme mourant à ses côtés…

« Tenez bon, vous allez vous en sortir ! Je vous en prie, restez avec moi ! » Supplia t-il, les larmes aux yeux, complètement sous le choc du crime haineux auquel il venait d'assister.

La pluie commença alors à tomber comme si le ciel lui-même pleurait et Kise ôta son manteau pour le tendre comme une toile au-dessus de l'autre homme, afin de le protéger au mieux de l'averse glaciale.

A aucun moment ce soir-là, il ne lâcha sa main.

Jusqu'à ce qu'il se fasse enfin évacuer en ambulance.

Après ce drame aussi fugace que marquant, Kise ne revit plus jamais le mystérieux inconnu à qui il espérait avoir sauvé la vie… Car en effet, il n'avait même pas eu le réflexe de fouiller dans son portefeuille pour connaître son identité ou son nom.


Etrange de faire un tel rêve après toutes ces années…

Mais lorsque Kise parvint à se dégager des bras de Morphée ce matin-là, (parce que oui, surprise, c'était encore le matin !) son premier réflexe fut de tâtonner par pur automatisme la place encore chaude à côté de lui. Chaude, certes, mais vide. Haizaki était un véritable radiateur ambiant. A garder en tête pour les FROIDES nuits d'hiver de Californie… Heu non, attendez… il ne faisait JAMAIS froid à L.A. !

Bon, d'un côté ce n'était pas plus mal, remarquez… Kise avait horreur des vêtements hivernaux ! Les gros pulls et les doudounes cocooning, s'ils étaient très confortables, manquaient en général de raffinement ! Aka, d'après Kise : vous faisaient facilement prendre cinq kilos à vue de nez !

Très peu pour lui, en somme !

Et puis, c'était chiant à plus d'un titre également, pas seulement sur l'aspect esthétique, mais ne serait-ce qu'à enlever ! Allez déshabiller une belle fille emmitouflée dans sa combinaison de ski, pour voir ! (Oui, Kise ne faisait jamais dans la demi-mesure, à l'en croire, tous ses partenaires se transformaient comme par magie en Inuits, lors du changement de saison…)

Mais le blondin n'y pouvait rien : malgré ses origines d'Europe du Nord, il détestait, non, il EXECRAIT le froid ! Ah de ce côté-là, aucun problème, le climat de la Cité des Anges lui convenait parfaitement ! Et puis, des vêtements légers qui laissent entrevoir la peau, c'est quand même nettement plus sexy…

Et en parlant de « sexy », Haizaki l'avait particulièrement été hier. Bien coiffé, bien apprêté, le brun constituait un amant parfaitement présentable au final. Un « amant » ? Cette idée semblait avoir germé et fait son petit bonhomme de chemin dans l'esprit de Kise, en tout cas. Il regrettait presque l'absence de l'ancien délinquant à ses côtés, ce matin… Et même avec le mois de juin qui arrivait timidement, apportant dans son sillage des températures caniculaires, le jaune n'aurait pas été contre la charmante perspective de se réveiller blotti contre sa bouillote personnelle…

Il se redressa donc dans les draps de soie du Miss Robinson, enfin, ceux de son fils quoi et il se frotta les yeux, poings fermés. Contrairement à Kuroko, aucun épi disgracieux ni mèche désordonnée n'était à déplorer dans sa splendide crinière dorée. Il s'agissait d'ailleurs d'une caractéristique physique propre au petit fantôme, qui avait beaucoup amusé notre mannequin, notamment lorsqu'ils avaient joué les apprentis campeurs dans les bois avec le club de basket de Teiko au collège ! En effet, Kise adorait essayer de dompter la chevelure récalcitrante du cyan, à coup de gels, sprays et autres barrettes pour filles ! (Que faisaient-elles dans son sac de voyage ? Encore un mystère dont seul l'excentrique Eurasien possédait la réponse…)

En tout cas, point d'Haizaki à l'horizon… et pour une raison inconnue, son cœur se contracta face à cette constatation. Se réveiller seul, sans son partenaire sexuel de la veille à ses côtés, était quelque chose dont, mine de rien, Kise n'avait pas tellement l'habitude. En général, ils attendaient quand même le petit matin ou du moins, le réveil, pour se séparer poliment. Mais bon en même temps, ce genre de comportements était-il réellement étonnant de la part d'Haizaki ? Les conventions, les convenances et la courtoisie, l'ex as de Fukuda s'en tamponnait le coquillard avec une clé de douze ! Sans doute n'avait-il pas jugé utile d'attendre que sa belle aux palmiers dormants, émerge avant de quitter leur petit nid d'amour.

!

Kise sentit soudainement ses joues prendre feu.

Pas qu'il soit du genre pudique habituellement, mais…

Rendez-vous compte ! Il était presque, non, il se trouvait même carrément DEJA en train de considérer que se réveiller à poil auprès d'Haizaki, après avoir partagé le même lit, s'inscrivait dans le cours normal des choses ! Non, ce n'était pas possible… Kise secoua vivement la tête pour s'en convaincre d'ailleurs…

… Et grand mal lui en prit, car une vive douleur se réveilla aussitôt. Il avait l'impression de s'être fait marcher dessus par une armée de top models Victoria's Secret chaussés de leurs talons aiguilles et par conséquent, d'avoir des trous plein le crâne ! Autant dire que la sensation était tout, sauf agréable… Mais peut-être pas autant que celle de s'être fait planter par Haizaki au saut du lit… Parce que, ses souvenirs de la veille avaient beau être flous, Kise était à peu près certain que la situation avait dérapé entre eux… Presque… inévitablement. Trop de frustration et trop de désir sexuel accumulés.

Cependant… est-ce qu'il regrettait ce qui s'était produit entre eux, selon toutes probabilités ?

Et bien non… Enfin, si. Il regrettait bien quelque chose, mais c'était uniquement de ne pas se souvenir avec précision de ce qui s'était passé. Car… selon toute vraisemblance, ça devait sacrément valoir le détour ! Son appétit sexuel avait atteint des niveaux stratosphériques dernièrement. Même un puceau sauvage sur le point de tremper son biscuit pour la première fois, aurait été capable de plus de maîtrise que lui, c'était dire !

Et si… il avait fait fuir Haizaki !?

Naaaaaaaan impossible !

… Pas vrai… ?

Et chiotte… Haizaki avait dû le prendre pour une nympho hystérique (ou une hystéro nymphomane) et résultat des courses : il s'était donc sauvé ! Catastrophe… Kise préféra disparaître sous son drap et se cacher entièrement. Mieux valait fermer les yeux, dans tous les sens du terme. Sauf que… des pensées négatives continuaient malgré tout à l'assaillir sans relâche. Il fallait dire qu'Haizaki n'avait pas tellement eu l'air emballé par leur petite partie de jambes en l'air improvisée dans la cabine d'essayage de ce cher bon Donovan un peu plus tôt… Et pour cause : pas une seule fois le loup n'avait tenté de remettre le couvert par la suite, alors même que l'occasion s'était maintes fois présentée…

Or, Kise vivait cette absence de libido lupine comme un échec personnel. D'ordinaire, ses amants en redemandaient ! Et la preuve en était que lui, en avait redemandé hier justement ! Il se souvenait en effet vaguement avoir… heeeeuuuu… passablement allumé Haizaki la veille, pendant le dîner. Au départ, Kise s'était convaincu qu'il agissait ainsi uniquement dans le but de se « débarrasser » de son ex-Némésis, en lui octroyant simplement ce qu'elle semblait désirer depuis le départ.

En l'occurrence et pour parler crûment : sa croupe.

Parce que, tant qu'on restait dans le champ lexical du rectum : Il ne servait à rien de tortiller du cul… pour chier droit.

Mais lui, il avait eu beau tortiller des fesses de toutes les façons possibles et imaginables, Haizaki était resté de marbre jusqu'à présent et Kise vivait ce cruel manque d'intérêt comme un échec personnel. Longtemps, il avait cru que coucher avec Haizaki était le seul moyen de mettre un terme à la tension permanente qui s'était installée entre eux. Cependant, la soirée d'hier dans ce restaurant Italien digne de « La Belle et le Clochard », avait largement contribué à remettre les choses en perspective pour Kise. Et maintenant… il éprouvait de la honte.

Oui, de la honte…

Honte d'avoir cédé à ses bas instincts.

Honte de s'être avili de la sorte, en se jetant littéralement sur Haizaki…

Et honte de s'être laissé tripoter dans une ruelle malfamée, à l'hygiène déplorable, entre deux poubelles nauséabondes.

Ah bah tiens ! De ça, il s'en rappelait bizarrement ! Enfin, cela venait de lui revenir en tête à l'instant quoi…

Mais dans tous les cas, sans la présence rassurante d'Haizaki, il se sentait à présent comme un Coca sans bulle, allongé dans cet immense lit trop grand pour une seule personne, lit lui-même situé dans cet immense Penthouse, perdu dans cette immense ville… Kise se recroquevilla en position fœtale. Qu'allait-il dire à Haizaki lorsque le brun daignerait rentrer ? Quelle position, quelle attitude adopter ? Se mordant la lèvre inférieure, le renard réalisa qu'il ne pourrait pas rester dissimulé sous sa couette ad vitam aeternam. (Amen !)

Et tant qu'à rester dans les expressions latines, heu… Carpe diem ?

Mais oui ! Elle était LA finalement la solution miracle à tous ses maux ! (et ses mots aussi !)

Vivre au jour le jour, profiter et ne surtout pas de faire de plans sur la moquette… (Non, la moquette, il avait dû la fumer déjà hier ET en entier, vu sa douleur cérébrale qui empirait de minute en minute…) Maugréant tel un exilé fiscal qui recevrait un courrier de mise en demeure du Trésor Public, Kise décida de se lever. Il se dirigea nu (Et incroyable : Haizaki n'avait pas oublié de lui enlever ses chaussettes cette fois !) vers la salle de bain la plus proche, tel un « Aventurier du Cachet Perdu » ! Parce que de l'aspirine, impossible d'en trouver dans cette forteresse des temps modernes !

Ah mais apparemment, Haizaki n'avait pas oublié de ramener ses propres « médicaments », lui, puisque Kise tomba nez-à-nez avec un sachet d'herbe (et on ne parlait pas ici de celles destinées à faire la cuisine…) ainsi que sur une boîte de petites pilules bleues du bonheur. (Et vu la taille du contenant, il y en avait assez pour faire transformer n'importe quelle excroissance en BAOBAB !) A croire qu'Haizaki prévoyait de se lancer dans le remake de « Jack et le Haricot Magique » avec sa bite, vu la quantité astronomique de Viagra emmagasinée !

A moins qu'il ne compte se reconvertir en producteur de films pour adultes… Il y avait du lubrifiant en pagaille aussi. Kise put dénombrer pas moins de QUATRE tubes neufs, encore jamais ouverts… Et aux parfums les plus… hmm… insolites… ? Jugez plutôt : « Parfum Poulet Rôti ». Non mais QUI osait inventer des trucs pareils ? Et pire encore, qui osait acheter de telles sataneries ensuite ? Quelles étaient ces personnes et quels étaient leurs réseaux !? (Se demanderait certainement Bernard de la Villardière…)

Remarque… Si d'aventure Kise en venait à se gaver de pilules pour (arrière) grand-père impuissant, il aurait sans doute trop mal au sud pour avoir à se soucier du nord… Une solution comme une autre pour combattre sa migraine carabinée… Mais bon… Kagami risquait de ne pas tellement apprécier de le voir débarquer en pleine crise de priapisme aigu… Parce que c'était ça son plan dans l'immédiat : sortir récupérer son portable laissé en pension chez le tigre. Kise reposa donc là où il l'avait trouvé le tube de gel chauffant pour le nunus qu'il tenait encore dans sa main droite, s'étonnant au passage de ne pas en avoir dégoté un goût « pizza » ou « bolognaise », connaissant l'animal qui se plaisait à les collectionner…

Après avoir pris une douche aussi rapide que sommaire, Kise avait sauté dans les premières fringues qu'il était parvenu à dénicher, c'est-à-dire un jean clair troué et heuuuu une chemise Hawaïenne (et oui, encore une…) arborant de magnifiques et très flashy… flamants roses. Grrrr… le mauvais goût légendaire d'Haizaki arrivait ENCORE à le surprendre, même après tout ce temps passé en sa compagnie. Et malheureusement, Kise ne voyait d'autre solution que d'appliquer la politique dite de « la terre brûlée » avec l'intégralité de la garde-robe du brun pour résoudre le « problème »…

Non parce qu'à ce stade, autant tout cramer dans l'espoir de repartir sur des bases plus saines. Mais l'heure n'était pas encore au départ en croisade contre l'ignominie vestimentaire de son colocataire, non, cette guerre-là devrait attendre encore un peu puisque Kise avait d'autres priorités en tête. Pour commencer : passer chez Kagami pour reprendre son bien !

Par chance, le rouge ne vivait vraiment pas très loin de Downtown. Mais comme il était tout simplement HORS DE QUESTION que Kise de prenne le bus avec le reste de la populace serrée comme des sardines en boîte, dégoulinantes de transpirations à la manière adolescent acnéique en pleine production de sébum, il préféra héler un taxi. Et roule ma poule ! Une fois arrivé à destination, il se hâta de grimper jusqu'au sixième étage à pied – un peu de sport ne pouvant assurément pas lui faire de mal vu sa récente prise de poids – et il se présenta devant la porte de l'appartement du pompier, priant mentalement pour ne pas tomber sur Aomine…

Bon… Kise avait beau savoir que le basané et le roux ne pratiquaient pas l'art de faire sprinter l'unijambiste d'après les dires de Kagami, il n'en demeurait pas moins que… le blond ne tenait pas spécialement à croiser son ex-coloc' et coup d'un soir… A plus forte raison après avoir fait cravacher le pur-sang de son côté (et dans son souvenir, il l'avait même chevauché sans selle…), pas plus tard que la veille…

Par deux fois, en plus.

Non, non, attends, quatre fois en tout, pour être exact.

Ou peut-être même cinq… ?

Merde, avec tout ça, le Kitsune en perdait le compte précis ! Mais une chose était cependant certaine : il avait tellement purgé sa tuyauterie hier, que si Kise devait encore éjaculer dans les prochaines heures, il n'en sortirait que de la poudre ! Parce que le cours de la Bourse, ou plutôt de ses bourses, était désespérément à sec ! Tari, même ! Comme si son corps ne pouvait plus produire aucune forme de liquide à ce niveau-là.

Fermé, le robinet !

Il hésita donc avant de finalement se décider à appuyer sur le bouton de la sonnette et il accueillit Kagami avec un authentique soulagement, lorsque ce fut ce dernier qui lui ouvrit.

« Salut Kise ! Laisse-moi d'viner : t'es v'nu chercher ton téléphone, c'est ça ? »

« Bonjour Kagamicchi… Oui, c'est bien ça haha on ne peut rien te cacher… j'avais peur que tu ne sois pas là aujourd'hui d'ailleurs… »

« Tu as de la chance, je ne bosse qu'à partir de ce soir. Je serai bien passé déposer ton portable directement chez toi, sauf que j'ignore où tu habites maintenant… Mais ne reste pas planté sur le pallier, entre ! Tu veux un café, peut-être ? »

La nuit avait été pour le moins agitée et la perspective d'un shot de caféine salvateur ne lui ferait certainement pas de mal…

« Ce ne serait pas de refus, en effet… merci ! »

Il esquissa un léger sourire avant de suivre son hôte à l'intérieur. Dernièrement, sûrement du fait de s'être mis à fréquenter Kagami un peu plus régulièrement, Kise se sentait plus à son aise avec lui. Au moins, on pouvait reconnaître à Kagami d'être facile à déchiffrer. Il se montrait toujours franc et brutalement honnête, ce qui rendait facile à suivre l'évolution de leur relation.

Oui, au moins avec Kagami, Kise savait constamment où il en était. Tout était toujours si simple avec l'ex-as de Seirin ! Hélas, il ne pouvait pas en dire autant d'Aomine ou d'Haizaki… Soupirant, il s'installa dans le salon de Kagami, pendant que ce dernier lui préparait l'un de ses délicieux cafés dont il avait le secret.

« Alors hmm… ça va comme tu veux Kise ? T'es parti vachement vite hier… pas étonnant que tu aies oublié ton téléphone ici… »

« Haha oui j'étais pressé de retrouver Haizaki… c'est pour ça. » Fit-il en buvant le café apporté par Kagami.

« Ah. Je croyais que tu étais venu faire ton footing avec moi JUSTEMENT pour le fuir… »

Argh… Kagami n'avait pas avalé son joli mensonge, manque de bol… Mais Kise se voyait mal lui révéler la véritable raison qui l'avait poussé à battre en retraite… Le tigre vint se caler dans le fauteuil près de lui et il déposa sur la table basse café chaud et… smartphone à coque Pikachu. Prenant sa tasse encore fumante pour la boire, Kagami fixa Kise, dans l'attente que ce dernier lui explique enfin pour quelle raison il avait détalé comme un lapin la veille… Vite une diversion ! C'est ainsi que face à son insistance heuuu visuelle, Kise décida d'employer son arme secrète de destruction massive, dans l'espoir de détourner son attention :

« J'ai demandé à Haizaki de me baiser dans une ruelle à l'arrière d'un restaurant hier ! » Hurla le renard un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu.

Grand silence.

Mais qui fut de courte durée, cependant.

Car le malheureux tigre, qui était COMME PAR HASARD en train de boire son café encore brûlant pile au moment où les mots fatidiques furent proférés, manqua aussitôt de s'étouffer. Ou de s'ébouillanter, c'est selon. Mais bruyamment. Oups… Si Kise se rendait – directement ou même indirectement – responsable de la mort de Kagami, Aomine risquait de ne jamais le pardonner ! Pauvre Kise, il n'aurait pas pu choisir plus mauvais timing

Car oui, c'était bien lui la victime dans la tragédie qui se jouait sous ses yeux !

« Kagamicchi, je t'en supplie ne meuuuuuuuurs paaaaas ! » S'écria t-il en se précipitant aux côtés ddu tigre infortuné.

Qu'il gratifia même de deux tapes énergiques dans le dos, tiens ! Comme si ça allait aider Kagami à mieux avaler la pilule. Enfin, pas du même type que celles présentes dans la trousse à pharmacie d'Haizaki. Quoiqu'en l'occurrence, mieux vaudrait peut-être que le roux crache. (ou que « la toux drache ? » On ne sait plus !) Et pas que ses poumons, de préférence.

« Bon sang Kise ! T'as failli m'tuer ! » Articula difficilement le rouge.

« D-désolé ! Ma formulation était peut-être quelque peu… abrupte, j'en conviens… »

« Hmm errm… est-ce que ça veut dire que… toi et Haizaki, vous êtes vraiment ensemble maintenant ? »

« … Ne me force pas à réessayer de te tuer avec de ce genre de questions… » Prévint Kise, s'étant levé entre temps pour lui rapporter un verre d'eau qui traînait fort judicieusement sur le rebord de l'évier.

« O-ok… Tu ne veux pas en parler, j'ai compris… Mais alors, pourquoi avoir abordé le sujet le premier dans ce cas ? »

« C'est compliqué Kagamicchi… Moi-même, je n'en sais rien… »

Ledit Kagamicchi se mit aussitôt à pouffer doucement dans sa barbe et Kise haussa un sourcil, perplexe. Il avait dit quelque chose de drôle… ?

« N'empêche, c'est d'une tristesse quand on y pense… Toi et Haizaki, vous n'êtes même pas ensemble et pourtant, tu as le droit à plus d'action que moi de la part de Dai, alors même que je suis en couple avec lui… »

Le cœur de Kise se serra à ces mots. Il pouvait en effet sentir une pesante amertume dans la voix de Kagami. Et honnêtement, il y avait de quoi. En tout cas, à la place de son camarade, Kise savait qu'il vivrait cette situation extrêmement mal. Que son petit-ami, pour une raison inconnue, refuse de le toucher… Finalement, la détresse du tigre lui donnait de quoi relativiser. Lui et Haizaki n'en étaient pas là, même si le loup restait malgré tout lent à l'allumage.

Enfin non, pas exactement. Pour l'allumer, ça, il y avait du monde. Mais pour ce qui était de passer à l'acte et de mettre ses « promesses » à exécution, Haizaki ne paraissait absolument pas pressé. Au grand damne de Kise, qui n'attendait que de tâter de la queue de loup ! Cependant, toujours était-il que sa relation avec Haizaki restait moins « désespérément plate » que celle unissant les deux fauves. Et quelque part, c'était plutôt rassurant.

« Kagamicchi… »

Kise se sentait réellement et sincèrement désolé pour le tigre, qui semblait beaucoup souffrir du manque de contact sexuel avait sa moitié. Mais en un sens, cela arrangeait les affaires de Kise qui…

Le blond secoua la tête avec vigueur.

Non.

Il s'en fichait complètement à présent.

Jusqu'à hier après-midi, oui, effectivement, il se serait sans doute réjouit des malheurs de Kagami. Mais aujourd'hui… tout possédait une saveur différente… même si Kise ne réalisait pas encore pourquoi, ni les tenants et autres aboutissants que ce revirement total de point de vue impliquait.

Mais étant donné qu'il ne savait pas quoi dire pour remonter le moral de Kagami et qu'il se voyait mal continuer à entretenir un mensonge dont il ne savait pas s'il trouverait sa résolution un jour, Kise préféra ne rien ajouter de plus à ce qui avait déjà été dit.

En somme : Courage, fuyons…

« M-merci d'avoir gardé mon téléphone au chaud et hmmm à plus alors ! »

Oui, mieux valait prendre congés. D'aucuns pourraient trouver l'attitude de Kise lâche et égoïste, mais il avait déjà du mal à comprendre et à affronter ses propres liens avec Haizaki et ne se sentait donc pas encore en mesure à faire de même avec ceux de Kagami… et de son ex premier amour. Notez qu'il y avait tout de même du mieux ! Au moins, ne qualifiait-il plus Aomine « d'amour de sa vie »…

Le renard repartit donc la queue entre les jambes, quittant la tanière du tigre après avoir récupéré son bien. Pas la peine de s'attarder davantage d'ici, sous peine d'y recroiser, peut-être, la panthère… Et ça, il n'y tenait pour rien au monde. Pas maintenant en tout cas. Pas juste quand il commençait à peine à panser ses plaies et à s'en remettre.

Kise regagna donc le refuge devenu familier, que constituait la demeure du fils Robinson.

Un si grand et bel appartement.

Si vide…

Quel gâchis.

Et Kise avaient beau tourner et retourner mentalement le problème dans tous les sens, il ne comprenait toujours pas comment lui et Haizaki en étaient venus à hériter, même temporairement, de la jouissance d'un tel endroit. Car aussitôt que les portes automatiques de l'immeubles s'ouvrirent sur lui et qu'il passa près de la réception, l'un des concierges l'interpela immédiatement. Kise en fut quelque peu surpris, bien que le ton employé par … l'employé, n'était pas spécialement menaçant, restant même des plus courtois.

« Bonjour Monsieur… ? Pardonnez-moi, je n'ai pas très bien saisi votre nom… »

« Oh hmm… Kise Ryota ! Désolé, c'est de notre faute : on n'a pas pensé non plus à se présenter Haizaki et moi… »

« Il n'y a pas de mal. Vivianne, hmm… Miss Robinson nous a bien informés que deux jeunes invités masculins de type asiatique habiteraient son appartement de manière temporaire. »

De « type asiatique », hein ? Il s'agissait probablement de l'une des formulations les plus insultantes que Kise ait jamais eu la malchance d'entendre, comme si les personnes originaires d'Asie se ressemblaient toutes… Mais bon, Kise se voyait très mal improviser un cours sur le racisme à un pauvre type qui ne faisait que son travail, dans le hall d'un building cossu.

« Ravi d'enfin pouvoir faire votre connaissance, Monsieur. Je m'appelle Gerald. » Il le salua d'un signe de la tête, que Kise lui retourna par politesse. « Si je vous ai interpelé de lui manière si triviale, ce dont je m'excuse encore, c'était pour vous informer que vous aviez reçu du courrier. »

« Du courrier ? » Répéta Kise, au comble de l'étonnement.

Honnêtement, cela le surprenait qu'Haizaki ait pensé à mettre en place un suivi postal, mais pourquoi pas après tout ? Car effectivement, lorsque Gerald lui remit entre les mains un colis, celui-ci était bien au nom et à la nouvelle adresse de Kise et Haizaki, donc. Assez… inattendu. Mais bien vite, la surprise fit place à l'émerveillement, comme Kise devina au poids et à la forme de son cadeau mystère que celui-ci était en réalité un magazine. Et pas n'importe lequel !

VOGUE ! (Il lui arrivait également de lire Vanity Fair, à l'occasion.)

Et pour cause, Kise était un fervent lecteur de ce célèbre heu… brûlot. Enfin, beaucoup auraient décrit ainsi ce genre de lectures… Mais en bon fashionisto, le blond n'avait que faire des jugements de valeur d'autrui. Il ne savait par quel miracle sa revue mensuelle favorite s'était retrouvée entre ses mains, mais il en remercia dans sa tête tous les Dieux de la Mode en même temps ! Et sans en oublier aucun, s'il vous plaît !

Mais en cet instant glorieux, la personne à laquelle Kise avait le plus envie d'adresser ses remerciements ne se trouvait être autre qu'Haizaki lui-même. Parce que le renard n'avait entamé aucune démarche pour s'assurer de continuer à recevoir son précieux magazine, où qu'il habite. Et à vrai dire… il avait craint de devoir aller le récupérer dans son ex-demeure (aka : chez Aomine) à un moment donné…

Une telle bonne action méritait donc une récompense à la hauteur, d'après Kise… Or, le mannequin était réputé pour sa générosité et sa propension à toujours payer ses dettes. Sans doute sa blondeur Lannisterienne y était-elle pour quelque chose…

« Merci mais… vous n'étiez pas obligé de le prendre, vous auriez simplement pu laisser le livreur prendre l'ascenseur et déposer ce colis devant notre porte. Personne ne risquait de nous le voler puisqu'Haizaki et moi, nous sommes les seuls à habiter au dernier étage. »

« Je crains fort que cela ait été impossible, Monsieur. Nous avons reçu pour consigne de ne laisser monter aucune personne étrangère à la résidence. Il s'agit d'un immeuble privé et nous devons donc veiller à la tranquillité ainsi qu'à la sécurité des propriétaires. »

« Je vois… Mais comment vous faites alors quand les habitants reçoivent des visiteurs ? »

« Nous possédons des listings. »

« Oh. Ça veut dire que si jamais nous comptons inviter des amis, il faudra vous prévenir à l'avance ? » Compris Kise.

« C'est exact. »

« Et en cas de visite inopinée… ? On est censé vous en informer comment ? »

« Il y a un interphone dans l'entrée de chaque appartement. Je vous appellerai si des gens se présentent pour vous à la réception. »

Oh.

Ah.

Eh.

Logique, ouais. Kise se sentait un peu couillon avec sa question maintenant, mais il n'avait pas du tout pensé à cela. Sans doute parce qu'il n'avait pas encore pris le temps de vraiment explorer l'immense penthouse de Tatie Vivi…

Tatie Vivi chez qui devait se trouver Haizaki en cet instant, d'ailleurs…

Car en parlant de « visites », Haizaki semblait en général adepte de celles qui étaient matinales, concernant Viv'. Aujourd'hui ne faisait sûrement pas exception, puisque le brun n'avait pas à subir le contrecoup d'un violent hangover, lui… Merde, Kise aurait tellement dû penser à demander à Kagami s'il pouvait le dépanner d'une boîte d'aspirine, avant de déguerpir comme un voleur…

« D'accord… Merci, en tout cas ! » Sourit Kise, regrettant doublement sa maladresse.

Non parce qu'il aurait aussi très bien pu se rendre à la pharmacie sur le chemin du retour…

Dommage qu'il n'y ait pas pensé, parce que sa gueule de bois lui revint en pleine… gueule justement et puissance mille ! Saluant poliment Gerald, Kise s'éclipsa donc, s'engouffrant dans l'ascenseur au plus vite. Il avait hâte de regagner ses pénates et de se glisser à nouveau sous les draps, en espérant que cela suffirait à faire passer son mal de crâne tonitruant. Mais devinez quoi ? Sitôt l'ascenseur arrêté au dernier étage de la tour, sa migraine s'envola aussi vite qu'un oiseau encagé auquel on aurait rendu sa liberté. C'était à n'y rien comprendre, mais bon, Kise n'allait pas s'en plaindre !

Ahaha à croire que tout le monde le fuyait dernièrement… Que ce soit Haizaki, sa migraine et même ce bon vieux Zébu, qui fit demi-tour en le voyant pénétrer dans l'appartement. Kise ne savait vraiment pas comment il devait le prendre aussi, décida t-il de mettre à profit son temps libre pour se REprendre en main. En effet, maintenant qu'il était au courant que le penthouse proposait sa propre salle d'entraînement, autant en fait bon usage pour chasser les kilos superflus !

D'autant qu'être dans une forme physique aussi irréprochable que resplendissante ne pouvait que lui apporter du positif, en plus de se sentir encore mieux dans son corps. Oui, Kise avait bon espoir que cela l'aide à décrocher de nouveaux contrats plus juteux que les précédents ! Ce qui tombait parfaitement bien, parce qu'il avait grand besoin de se remplumer un peu… La vie dans la Cité des Anges n'était pas donnée, même lorsqu'on se faisait héberger gratuitement dans un appartement de luxe.

Et puisque Miss Robinson leur avait dit de faire comme chez eux, Kise prit ses aises en déplaçant l'un des vélos d'appartement sur la terrasse, histoire de profiter du soleil. Comme ça, il avait vu sur l'immense piscine et sur le jardin paysager. Dans lequel il aperçut un petit terrain de basket aménagé sur lattes de bois et agrémenté d'un poteau avec panier. Dire qu'il ne le remarquait que maintenant… mince, ça lui donnait envie de brûler quelques calories en jouant avec Haizaki maintenant !

Mais évidemment, le loup n'avait toujours pas regagné leur nid d'amou… heu TERRIER commun, restant introuvable dès qu'on avait besoin de lui, comme à son habitude ! Bon… Kise aurait très bien pu lui envoyer un message pour lui demander de rappliquer du coup, ayant fraîchement récupéré son téléphone, mais… le renard s'en garda bien. Et pour cause, il ne voulait pas (déjà) se la jouer « clingy girlfriend » ! Pas sûr que ce comportement trouve grâce aux yeux d'Haizaki… Le brun semblait en effet valoriser sa liberté et ce, dans tous les domaines. Ça, Kise l'avait bien compris en passant du temps avec Haizaki.

On ne tient pas un loup en laisse comme un chien.

C'est un animal sauvage.

Il peut être apprivoisé dans une certaine mesure, mais en aucun cas enchaîné.

Cela le tuerait.

Or, quitte à devoir choisir et aussi impensable que cela puisse paraître, Kise le préférait en vie, son louloup… C'est qu'il commençait à s'y attacher, mine de rien… Sûrement l'un des effets pervers d'être obligé de le fréquenter tous les jours dernièrement… Enfin « pervers », il s'agissait d'un bien grand mot tout de même… et puis, le plus pervers sans l'ombre d'un doute, c'était plutôt lui finalement ! Depuis hier, l'Eurasien n'arrêtait pas de penser à quand et comment ils allaient remettre ça… C'était devenu son obsession du moment ! A croire qu'Haizaki lui avait jeté un puissant sortilège. Qui sait ? Peut-être avait-il demandé à ce Dario de verser un philtre d'amour dans le chianti ? Mouais non, peu probable. D'autant que son appétit sexuel s'était réveillé bien avant la soirée…

Kise soupira, se mettant plutôt à pédaler comme un dératé ! De quoi le faire transpirer des litrons !

Au moins, s'il était trop épuisé pour baiser, il n'aurait plus à y réfléchir et inversement.

Pas étonnant que Lance Armstrong ait gagné autant de compétitions, après son ablation des burnes ! Toute son énergie sexuelle inutilisée avait juste été réinvestie ailleurs, dans le sport de haut niveau. Encore une pincée de frustration supplémentaire et Kise aussi serait prêt à gagner le Tour de France de cyclisme !

Mais tandis qu'il semblait prêt à décoller vers la lune façon E.T. sur son vélo d'appartement, Kise entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Enfin non, pas exactement, disons plutôt qu'il n'eut aucun mal à le deviner en apercevant Zébu se précipiter vers son maître pour lui faire un accueil digne de ce nom.

« Ryota ? » Appela Haizaki, non sans avoir distribué quelques caresses à son brave toutou, avant.

« J'suis là ! » Lança le principal concerné, en sueur.

« Merde, j'arrive trop tard pour la séance de yoga nu, on dirait… » Fit-il en le rejoignant à l'air libre.

Et si Kise avait conservé la chemise flamants roses sur son dos, il avait cependant viré le pantalon qui l'accompagnait, optant pour l'un de ses propres shorts extra courts. Non parce que faire du sport engoncé dans un jean et n'avoir ainsi aucune amplitude de mouvements, très peu pour lui ! Et puis découvrir ainsi ses gambettes à l'extérieur leur permettait de dorer au soleil… Haizaki lui jeta d'ailleurs une œillade des plus appréciatrices, paraissant valider ce choix stratégique. Il se lécha même le pouce, ce qui revenait chez le loup à faire de même avec ses babines.

« Mais… juste à temps pour celle de sport à poil ! » Annonça Kise, rieur.

« … Du vélo ? Vraiment ? All naked… ? Ça risque de faire mal avec la selle qui te rentre dans le luc… »

« Bien-sûr que non crétin ! La selle est justement là pour empêcher la barre qui se trouve en dessous, de me rentrer dans le séant ! » Précisa Kise.

« Arrête. J'suis sûr que dans certaines salles de sport gays, ça doit forcément exister des modèles de vélos sans selles… »

Le blond frissonna soudainement d'inconfort.

« … Et ça fait sûrement très, très mal… En plus d'être désagréable au possible… » Maugréa le mannequin, qui avait ralenti instantanément la cadence en entendant ces mots impies.

Haizaki s'approcha de lui et il se pencha pour lui souffler à l'oreille :

« … Pourtant, te prendre des trucs dans le derche, je sais que tu aimes ça… Tu me l'as avoué toi-même hier… Que tu avais une impressionnante collection de vibromasseurs prêts à l'emploi… »

En temps normal, Kise aurait très certainement rougi jusqu'aux oreilles avant de se mettre à brailler de manière faussement indignée.

Mais pas aujourd'hui.

Non, aujourd'hui, il avait totalement BESOIN de se faire # &%/!

… Atomiser la Lune par la fusée Ariane !

…. Ou exploser l'astéroïde façon « Armaggedon » ! Le film avec Bruce Willis, pas le hamster hein ! (Et si vous ne connaissez pas cette histoire/ce célèbre canular, je vous conseille de vous ruer sur les Internets de toute urgence pour combler votre ignorance !)

« Malheureusement, c'est un autre type de barre que celle du vélo qui m'intéresse… Et ça vaut aussi pour les godemichets, j'en ai marre du synthétique… » Susurra à son tour le blond, descendant de son vaillant destrier cloué sur place pour mieux se rapprocher lui aussi de son loup.

Ses yeux brillaient d'un éclat de luxure digne d'un possédé.

Mais comme bien souvent ces derniers jours, Haizaki recula, préférant mettre de la distance entre eux. Comme s'il n'assumait pas. Des mots, rien que des mots… Sauf que dès qu'il était question de les mettre à exécution, Haizaki se dégonflait tel un vieux ballon de baudruche. A peu près aussi lâchement que Kise, quand il était question de rassurer Kagami sur la libido fantôme d'Aomine…

Notez toutefois que Kise était bien loin de s'attribuer les « mérites » de ladite absence de libido de la panthère. Non, pas même alors qu'il était le seul homme mâle de sexe masculin avec lequel Aomine avait dansé le tango du Diable jusqu'ici.

Nope, pas moyen.

Ça ne lui avait même pas effleuré l'esprit, à vrai dire.

Pas la peine de pousser l'introspection et surtout, l'auto-flagellation en des contrées si lointaines !

Devoir porter le fardeau de son échec à éveiller « l'Empire des sens » d'Haizaki était déjà un échec amplement suffisant ! Il n'allait quand même pas endosser la responsabilité pour tous les mecs du quartier qui avaient du mal à la lever face à leurs homologues virils, non mais !

« Figure-toi que je suis allé courir autour du pâté de maisons, histoire de me réveiller en douceur et j'en ai profité pour faire un détour par une petite herboristerie située pas très loin d'ici… dans le but de te ramener de quoi faire passer ta gueule de bois. » Expliqua soudainement Haizaki.

« Q-quoi ? »

Il avait mal compris là, pas vrai ? Haizaki était passé tout spécialement lui acheter de quoi soigner sa migraine !?

« Ta gueule de bois. Tu te souviens, je t'avais raconté que je connaissais un super remède contre ça et avec tout ce que tu as ingurgité hier soir niveau alcool, je parie que tu dois avoir la tête grosse une pastèque sur le point d'éclater en ce moment même ! Non… ? Enfin, sauf erreur de ma part… »

Il lui jeta un regard suspicieux et Kise – qui ne voulait le décevoir en lui avouant ne plus souffrir – décida donc de lui servir son plus beau jeu d'acteur ! L'occasion était trop belle et il tenait absolument à tester la mixture mystère préparée pour lui par Haizaki en personne, puisque ce dernier s'était donné la peine de rapporter les ingrédients nécessaires, dans un élan d'empathie et de générosité remarque.

« OLALA OUI ALOOOOOOORS ZAKICCHI ! J'AI TELLEMENT MAAAAAAAAL AU CERVEAAAU C'EST INSUPPORTABLE ! HELP ME PLEASE ! » S'écria t-il, telle une Ashley (après tout, ils possédaient la même blondeur !)attendant fébrilement son Leon dans Resident Evil 4… « On dirait qu'un campement de Zadistes à la place du crâne ! »

« Don't worry Babe, I got you covered. » Assura le super-héros en devenir, ébouriffant affectueusement sa crinière dorée au passage.

Ah qu'est-ce qu'il ne fallait pas dire pour faire plaisir à l'autre ! Heureusement, Haizaki n'y avait vu que du feu… et en parlant de feu, ses reins s'enflammèrent à ce simple contact capillaire…

Kise en voulait plus.

Depuis sa venue au monde, le blondin avait toujours été l'objet de toutes les attentions. Il avait reçu beaucoup d'affection, de la part de ses parents tout d'abord, puis de ses sœurs ensuite et enfin de ses très nombreux adorateurs. Paradoxalement, à l'école, il avait peu d'amis, mais en entrant dans le club de basket de Teiko, il était parvenu à s'en faire pour la vie. Certes, sa position était enviable, mais elle déclenchait également les jalousies les plus tenaces.

Il s'agissait de l'inévitable revers de la médaille en chocolat et c'était également la raison pour laquelle Kise n'avait pas l'habitude qu'on lui témoigne de la gentillesse de manière gratuite et totalement désintéressée.

D'ailleurs, cette haine et cette jalousie, Haizaki avait été l'un des premiers à l'exprimer frontalement devant lui.

Mais à présent…

Haizaki semblait être le seul capable de réellement le comprendre.

D'être là pour lui.

Avec lui.

Faisant constamment preuve de petites attentions quotidiennes qui montraient à quel point il le connaissait bien.

Mais Haizaki, lui, qu'aimait-il ?

Kise n'en savait rien, finalement.

Sauf que la donne avait changé parce que suite aux récents événements, Kise avait maintenant envie de le savoir. D'apprendre à connaître son bienfaiteur, lui aussi.

Ses fans le douchaient d'amour et même si Kise essayait d'en faire autant à son échelle, appréciant véritablement leur soutien, il jouait majoritairement la comédie. Il s'efforçait de rester accessible et charmant, mais en réalité, il ne s'intéressait pas vraiment à eux dans le fond, à cette foule désincarnée et lobotomisée qui le portait aux nues. Bien-sûr, il voulait continuer à leur faire plaisir, car sans eux, il ne serait rien. Ils avaient fait de lui la personne, la star qu'il était et il leur devait donc une sorte de respect tacite. Entretenir et conserver un côté accessible et abordable, pour mieux leur vendre du rêve.

Mais… avec Haizaki, c'était différent.

Car il s'agissait bien de la première fois que Kise avait envie de retourner cette gentillesse de façon désintéressée à quelqu'un. Quelqu'un qui n'avait pas connu la chance d'être noyé, submergé par une déferlante d'adoration et de câlins, contrairement à lui. Oui bon, d'accord… dit comme ça, ça pouvait faire peur, mais je vous assure que du point de vue de Kise, c'était POSITIF ! Mais pour en revenir à Haizaki, ce dernier avait indéniablement évolué et à présent, il méritait de recevoir autant qu'il donnait.

Or, cela tombait bien, parce que Kise – dans son immense mansuétude - se sentait disposé à donner pour une fois ! Se donner, sans faux-semblant. Sans relation biaisée. Sans calcul, spontanément et sincèrement. Il souhaitait être lui, tout simplement, pas juste un personnage à l'image lisse et en partie fausse. Ne plus être au centre de l'attention, pour une fois. Attention qu'il avait toujours reçue depuis sa plus tendre enfance et ce, avant même sa naissance en tant qu'unique héritier mâle de sa famille ET fils cadet, petit dernier choyé par ses parents et ses sœurs aînées.

Déjà, à l'époque, même s'il n'en avait pas conscience, personne ne lui demandait jamais d'être parfait, ni de faire quoi. De par sa simple existence, il était déjà spécial. On lui pardonnait tout et on le laissait libre de ses choix. Cette position particulière lui conférait certains privilèges non, il n'avait QUE des privilèges, même ! Aucune contrainte. Et dès ses premières années de vie, Kise avait très vite appris à tirer parti des avantages découlant de son statut, en développant notamment une personnalité espiègle et charmeuse. A l'instant du légendaire Kitsune, esprit facétieux mais séduisant issu du folklore Japonais. Il savait obtenir ce qu'il désirait en faisant usage de sourires ainsi que de ses beaux yeux humides, selon son humeur ou son interlocuteur.

Personne ne lui résistait !

Mais vous savez quoi ?

Aujourd'hui, il en avait un peu marre de cette image de gendre idéal qui lui collait à la peau. Cette image fausse, montée de toutes pièces par son agence. Mais ici, Kise pouvait enfin s'atteler à sortir de ce carcan imposé, ici, dans ce pays où il était pour ainsi dire un quasi inconnu. A plus forte raison lorsqu'il se retrouvait dans l'intimité… Moment par excellence qui exigeait que l'on tombe le masque.

Oui, Kise pouvait enfin s'autoriser à être lui-même, sans se soucier des répercussions fictives ou réelles sur sa carrière ou son image publique. C'est-à-dire, une bonne grosse nympho délurée qui ne demandait qu'à exprimer (et contenter !) pleinement son appétit sexuel. Et sa frustration physique par la même occasion, car ce manque de contact savamment entretenu et orchestré commençait à le ronger de l'intérieur ! Et tout cela, c'était immanquablement de la faute de ce maudit Haizaki !

Il le faisait LANGUIR après l'avoir travaillé au corps et ce, pendant des jours l'enfoiré !

Mais il était temps de mettre un terme à cette mascarade. Kise allait enseigner à son ancien rival ce qu'il en coûtait de se jouer de lui !

Le renard suivi donc le loup dans la cuisine. Là, Haizaki commençait à s'afférer derrière le plan de travail, sortant divers éléments culinaires de son sac de courses. Au début, Kise resta en retrait, se contentant d'observer, un peu… circonspect le manège auquel se livrait son ex-Némésis. Ah mais c'est qu'il était vraiment sérieux, le bougre ! Ce n'était donc pas un « nom de code » pour désigner un autre type d'activité ! Non, il comptait bel et bien lui préparer de ses petites (grandes) mimines (d'ex-basketteur) une potion magique, tel un druide en herbe. Herbe. Druide. C'est marrant, non ?

Enfin bref, Kise le regardait faire, tout à sa tâche. Très appliqué. C'était étrange à bien y réfléchir, l'Eurasien n'avait jamais vu son colocataire aussi… concentré. Bon… il avait déjà remarqué qu'Haizaki se débrouillait plutôt bien derrière les fourneaux. Contrairement à lui. Mais bon, Kise n'avait de parfait que son image soigneusement étudiée et son physique. Pour les autres aspects disons… plus spirituels ou intellectuels, voire même comportementaux, l'ex joueur de Kaijo laissait bien volontiers son titre de « Monsieur Perfection » à Akashi.

Mais à sa décharge, il fallait bien admettre que le mannequin n'avait jamais été obligé d'apprendre à cuisiner, étant donné qu'il trouvait toujours quelqu'un pour le faire à sa place d'ordinaire. Soit à peu près tout le monde EXCEPTE Aomine… Ergh Aomine était une véritable calamité, un cuistot de pacotille, possédant le don rarissime de marier des aliments parfaitement comestibles et même goûtus pris à part, pour les transformer en un mélange contre nature aussi infâme pour les papilles, que l'odeur nauséabonde et la texture grumeleuse qui s'en dégageaient !

Et à bien y réfléchir, il faisait la paire avec sa meilleure amie, elle-même réputée pour le chaos qu'elle semait en cuisine… Bien que chez elle, le problème soit différent, car situé à un tout autre niveau bien plus… piquant ! En effet, la rose avait tendance à légèrement trop… « assaisonner » ses plats. Ah ça, ils étaient tout sauf fades, on ne pouvait pas lui reprocher le contraire ! Mais avoir la main lourde sur le PIMENT ROUGE et autres condiments épicés avait pour désagrément de susciter bien des crises hémorroïdaires aussi violentes qu'inconfortables…

En plus d'être dangereuse, sa pratique illégale de la cuisine faisait instantanément perdre leur goût spécifique aux aliments qui passaient entre ses mains. Tomate, poisson, viande, fromage, tout avait le même goût uniforme, fleurant bon l'arrachage de palais et de tripes… Heureusement, grâce à la patience d'Himuro, elle s'était calmée et son passé de terroriste des tubes digestifs semblait à présent loin derrière elle, bien que le beau brun préférait tout de même par mesure de précaution assurer la partie culinaire de leur couple. Pour sa survie. Et celle de leur futur enfant à naître dans quelques semaines.

Alors bon, maintenant que vous avez pris connaissance de ces informations cruciales, vous comprenez bien que Kise ne pouvait DECEMMENT pas laisser Aomine se charger de les nourrir tous les deux ! Non, ils avaient besoin d'une aide extérieure aussi constante qu'aléatoire qui, moyennant une coquette rétribution, assumait ce rôle ô combien difficile. Celui de les sustenter, tout en contentant leurs délicats palais !

Et en parlant de « sustenter » et de « délicat »… Kise avait une grosse faim qui ne demandait qu'à être rassasiée dans les plus brefs délais et sans la moindre forme de délicatesse… Son regard devint sombre comme celui d'un prédateur et il ouvrit la chemise rose qu'il portait encore, en la déboutonnant complètement. Puis, il s'approcha d'un pas décidé vers sa proie, arrivant dans son dos, se blottissant dans son dos également. Une sournoise attaque par derrière, en somme. Haizaki ne sursauta pas et ne cilia pas non plus. Il épluchait une banane. Puis un concombre. Puis une racine de ginseng à l'économe. Rien ne semblait pouvoir le détourner de sa tâche, pas même lorsque Kise posa son menton sur son épaule.

« Tu fais quoi… ? » Fit mine de s'intéresser le blondin.

Dans l'optique de mieux le mettre en confiance.

« J'enlève ce qui ne se mange pas. C'est une recette de mon acabit. Que de bonnes choses : banane, amandes concassées, concombre, ginseng et le jus d'un demi-citron vert. Sans oublier l'ingrédient secret ultime, celui qui donne toute sa signification et son efficacité à l'ensemble… »

« Wow ça a l'air d'arracher sévère ton truc… mais en même temps, d'être bien frais et sain pour le corps. Je me demande quel est ce fameux aliment mystère… »

Ah mais si vous pensiez que le blond allait rester sage… Vous vous êtes fourré le doigt dans l'œil jusqu'au fond de la culotte ! Car en effet, déjà, Kise avait passé ses bras autour de la taille d'Haizaki pour le ceinturer sur place. Il respirait l'odeur du brun. Légèrement âcre de transpiration, prouvant bien qu'il avait couru ou du moins, qu'il s'était adonné à une activité physique. Mais surtout chargée de nicotine. Et pour Kise, d'aussi bon matin, c'était juste le parfum le plus envoûtant et sexy du monde…

« … Et sinon, contre l'envie de baiser aussi, tu connais un bon remède… ? » Lança t-il le plus normalement du monde.

Cette question déclamée avec une apparente nonchalance, avait le mérite d'être claire. Cette fois, Haizaki se tendit subrepticement, ne semblant pas particulièrement tenir à figurer au menu de cette recette-là.

« Ryota… je suis occupé là. » Toussota Haizaki, exaspéré par son comportement.

« Et quand tu auras fini ? »

« Chaque chose en son temps. Je te rappelle à toutes fins utiles que je me casse le cul à préparer ça pour toi, au cas où tu l'aurais déjà oublié. »

« Ouais, bah je préférerai largement que ce soit mon cul à moi que tu te décides enfin à casser ! » Pesta le capricieux blond, tel un enfant colérique.

Ksss… Pas étonnant que cet abruti de Daiki ait carrément vrillé en présence de Kise ! Si le blond l'avait allumé de manière aussi insistante…

Oh mais seulement, Haizaki était très loin du compte.

Car pour l'instant, Kise n'avait pas encore eu recours à toute l'étendue de sa force de persuasion…

Il parut même au brun que ses paroles autoritaires étaient venues à bout des ardeurs de son incorrigible colocataire… Mais le répit fut des plus courts, (à peu près autant que la b*** d'Akashi, pré-opération d'agrandissement pénien !) puisque déjà, l'une des mains de Kise avait trouvé refuge à l'intérieur du short d'Haizaki. Aussitôt, le garçon aux cheveux mi-longs regretta de ne pas être allé faire son footing matinal volontairement affublé d'un jean, plutôt ! Ouais, un foutu jean hyper serré et rigide, lézardé de boutons durs à défaire et fermement verrouillé par une ceinture de chasteté ! Le genre de pantalon aussi chiant à ouvrir qu'à enlever quoi. Mais est-ce qu'un tel obstacle aurait suffi à arrêter Kise ? Aucune certitude à ce sujet…

« Ryota… » Tempêta à nouveau Haizaki, en sentant une paire de lèvres venir se perdre dans son cou.

Et pour ne rien arranger, le blond était trempé de sueur !

Vraiment pas agréable !

« En plus, tu schlingues ! »

Mais cette attaque gratuite de Caninos n'eut pas le moindre effet sur Goupix… Pas très efficace…

Alors Haizaki décida d'en remettre un coup.

« Quand je vais révéler à tout le monde que contrairement à une célèbre idée reçue, non, les pores de Kise Ryota n'exsudent pas de l'eau de rose… J'te raconte pas l'choc ! Ça va finir en gros titres des magazines spécialisés un truc pareil ! »

« Je m'en fous… balance ton venin sur moi à qui tu veux… personne te croira t'façon… »

Il intensifia son massage et un léger gémissement échappa enfin à Haizaki. Oui, voilà comme ça… c'était bien mieux ainsi. Le loup pouvait bien déblatérer toutes les saloperies qu'il voulait – réelles ou fictives – cela ne suffirait pas à détourner Kise de son objectif. Qui était de faire en sorte que Sauron enfile ENFIN son Anneau de Pouvoir ! Bon, comment un œil géant était-il censé porter une baguouze, Kise n'en savait rien et il s'en moquait bien en cet instant, d'ailleurs, il se surprenait même à avoir connaissance d'une telle référence !

Merci Takaocchi et ses heures de parties de JDR imposées… Combien de fois le renard s'était-il retrouvé coincé, pris en otage par le faucon qui avait, je cite « Besoin de quelqu'un pour faire l'elfe blond méga BG ! » Et évidemment, qui mieux qu'un mannequin international à la beauté et la grâce ensorcelantes, pour remplir ce rôle ? Toujours était-il que le cerveau de Kise avait imprimé quelques noms et autres anecdotes issues de la Fantasy sans s'en rendre compte, à l'occasion de ces parties endiablées chez Kuroko… Parties qui se terminaient en général aux alentours de cinq heures du matin, pour ne rien arranger.

Et spoiler : non, Kuroko ne jouait pas un hobbit. Parce que mine de rien, Takao se lançait dans des adaptations assez libres en tant que maître de jeu. Par conséquent, il arrivait régulièrement qu'un NINJA bien nippon et anachronique (cherchez l'erreur…) vienne se mêler à la troupe des guerriers originaires de la Terre du Milieu… Dire que la première fois que Takao avait remarqué et abordé son Tet-chan, c'était… aux chiottes… (Revérifiez dans le manga, si vous ne me croyez pas !)

Quel indécrottable romantisme !

Mayuzumi incarnait quant à lui un barde humain à moitié MUET (le comble !), tout aussi loquace et motivateur que pouvait l'être le jeune homme au quotidien. Mais attention, car ce rôle avait été choisi et attribué tout spécialement par son Takao chéri en personne ! Takao qui, décidément, ne s'embarrassait pas de la cohérence dans ses divers scénarios et autres décisions toutes aussi alambiquées…

Parfois, Midorima se joignait également à eux. Au départ, sous les traits d'un jeune et sage magicien supra balèze, du genre Gandalf. Il était également le soigneur de la bande, eu égard à son métier de médecin dans la vie réelle, m'enfin quoique ça n'avait pas vraiment de rapport, parce que le garçon à lunettes exerçait dans une MORGUE en vérité. C'est-à-dire qu'il croisait plus de morts pour lesquels il ne pouvait déjà plus rien faire, que de vivants à remettre sur pied...

Ce qui avait donné une idée de génie à Takao : reclasser son meilleur ami en nécromancien, l'invocateur des cadavres déchus ! Cependant, lorsque Kise n'était malheureusement pas disponible pour cause de déplacements professionnels (ou de jet lag), le vert le remplaçait dans son rôle d'archer du groupe. Mais humain, hein. Pas assez beau pour être un elfe, fallait pas déconner non plus !

Quant à Takao, en plus d'être le maître du jeu, il s'était bien évidemment octroyé le rôle du paladin héroïque (un peu gringalet). Pour finir, il arrivait qu'Aomine ou Murasakibara se laissent occasionnellement ENTRAINER lors d'une session, quand leur emploi du temps le leur permettait. Et comme vous pouvez vous en douter, les deux constituaient d'excellents… barbares. Avec tout ce que cela impliquait comme propension à déclencher des bagarres irrationnelles dans les tavernes et à foncer dans le tas sans réfléchir…

Et dans l'histoire, Aomine n'avait qu'une seule obsession : se débarrasser de l'Anneau que portait Kagami autour du cou, pour aller le jeter dans le Mordor ! Parce que c'était selon lui le signe de l'emprise de l'élu de son cœur par le terrible Saroumuro… (Alors que pas du touuuuut Aomine, révise tes classiques, le grand méchant qui cherche à contrôler autrui via l'Anneau, c'est Sauron, déjà…)

Mais bref, cessons de divaguer et revenons-en plutôt à nos moutons-canidés !

Kise appréciait particulièrement quand Haizaki prenait du volume entre ses doigts et la sensation procurée par son gland légèrement humide contre sa paume chaude. Le brun avait beau nier et jouer les difficiles, son corps parlait pour lui et dans le fond, les réactions de son colocataire rassuraient Kise sur son pouvoir de séduction, plutôt malmené dernièrement il fallait bien l'admettre...

Réalisant qu'il était en train de perdre pied, Haizaki aboya à nouveau pour essayer de reprendre le dessus :

« Bon sang Ryota ! Je t'ai demandé d'arrêter ! »

« La flemme… » Murmura le jaune.

Il avait commencé à sucer le lobe d'oreille d'Haizaki et faisait à présent rouler le Prince Albert, non, l'Empereur Naruhito même (restons dans le thème du Japon svp…) sous sa main pour réchauffer le métal. La peau d'Haizaki était tellement douce à cet endroit, on aurait dit du velours… Ça lui rappelait cette petite veste cintrée en velours camel qu'il avait payé trois yens six sous dans une boutique vintage. Comme quoi… TOUTES les fringues de seconde main ne lui filaient pas de l'urticaire ! Enfin, pas ceux ne se trouvant pas en contact direct avec sa peau, du moins.

Et sinon, oui, il venait bien de comparer Haizaki à une fripe. A un vêtement agréable dans lequel on aime se glisser… d'ailleurs, si le brun continuait à se la jouer irréductible Gaulois qui fait de la résistance, Kise n'allait peut-être pas tarder à inverser les rôles en reprenant celui de l'envahisseur Romain qui S'INTRODUIT dans le village pour le saccager… C'est que… sa fidèle lance de centurion commençait sérieusement à le démanger, alors si Haizaki ne se décidait pas très vite à faire usage de son glaive, Kise n'allait pas tarder à sortir son arme du fourreau… pour le fourrer, justement.

Comme un délicieux chausson aux pommes 3 ! Enfin, à la chantilly ou à la crème pâtissière plutôt…

« Merde, tu fais chier ! » Décréta soudainement Haizaki et sans avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Kise quitta la terre ferme.

Le brun l'avait soulevé avant de le faire asseoir sur le bord du plan de travail, tout près de lui.

« Passe-moi plutôt les ingrédients, si tu veux te rendre utile ! »

Ce fut au tour de Kise de maugréer cette fois, mais… tout à coup, une idée brillante germa dans son cerveau exceptionnel !

« Hmpfff… bon d'accord ! » Parut céder le blond.

Il se montra docile et passa chaque aliment à Haizaki, semblant s'être calmé. Du moins, en apparence. Tiens, ça ressemblait donc à cela une racine de ginseng ? On aurait dit un gros topinambour ! Quant à Haizaki, ce dernier ne le regardait même pas, trop occupé à découper les divers aliments avec un couteau de cuisine bien affuté. Sagement posté sur son perchoir, Kise gigotait néanmoins. Il battait des jambes, ayant du mal à rester tranquille… Pourtant, Haizaki parvint à remarquer sa nervosité.

« J'm'attendais pas à te trouver en pleine séance de vélo elliptique quand j'suis rentré tout à l'heure… »

En général, discuter avec le jaune suffisait à le détendre. Et à détourner son attention du seske !

« C'est parce qu'il faut absolument que je perde du poids. Rapidement, de préférence. Tout le monde n'arrête pas de me dire que j'ai grossi et aussi… j'me suis rendu chez Kagamicchi ce matin pour aller récupérer mon téléphone et en écoutant mon répondeur, il y avait un message vocal de la part de mon manager… »

« Is it good or bad news ? »

« Hmm… somewhere in between… Mon agence me propose un shooting de trois jours à Hawaii… »

« C'est génial ! T'y es déjà allé ? »

« Ouais, deux fois… »

« Hmm… j'me trompe ou ça n'a pas l'air de t'emballer ? »

« Si, si… Enfin, non pas totalement, t'as raison… En fait, ça me gave sur plusieurs plans... »

« Lesquels ? » S'intéressa Shogo.

« Ben… en premier lieu, parce que ça veut dire que je vais devoir te laisser ici… »

!

Ah le con !

Haizaki fut tellement surpris par l'inattendue sincérité de cette révélation, que sa lame ripa et manqua de lui trancher net un doigt !

« Putain… » Grimaça t-il.

« Ça va ? »

« Ouais, t'en fais pas… Par contre, préviens la prochaine fois que tu t'apprêtes à dire un truc gentil ! V'nant d'toi, j'ai pas encore l'habitude… »

« Ah bon ? Parce que venant des autres, c'est le cas peut-être ? » Questionna Kise le plus naturellement du monde.

« Non plus, mais t'étais pas obligé d'me l'faire remarquer hein… » Grinça Haizaki. « Et sinon, c'est quoi la seconde raison ? »

« Ben… c'est ça, justement. Cette histoire de poids… »

« Tu dois en perdre beaucoup ? »

« Pas vraiment. Mais c'est davantage les délais qui vont être serrés… Faut que j'sois prêt pour le départ, c'est-à-dire dans trois jours… »

« Ah ouais quand même… Et il se passe quoi si t'as pas atteint ton objectif d'ici là ? »

« J'pourrai probablement pas partir et quelqu'un d'autre prendra ma place. »

« Ils sont sévères à c'point là ? »

« T'as pas idée Shogo-kun… Tout est stipulé par contrat, alors j'ai pas choix si j'veux continuer à travailler avec eux… »

« J'ai l'impression que c'était plus cool pour toi au Japon, non ? »

« Un peu, mais ça dépendait dans quel domaine. Par exemple, dans celui de mes relations privées… j'avais moins de marge de manœuvre… »

« Comment ça ? »

« Disons que… j'avais plutôt intérêt à me montrer discret sur ma vie amoureuse… »

« Oh merde, j'en savais rien… Un peu comme les idols, alors ? »

« J'en étais pour ainsi dire une moi aussi… »

« Ouais, c'est vrai remarque. J'avais jamais vraiment réfléchi à ça… mais t'étais sacrément populaire chez nous… Ta carrière a littéralement explosé après le lycée, t'étais littéralement partout, à la télé, dans les magazines et même quand on ne te voyait pas, j'me souviens qu'on t'entendait carrément à la radio par moments ! »

« C'est vrai… J'ai plusieurs fois été interviewé et j'ai commenté la fashion week, quand je n'y participais pas directement ! »

« Me souviens même que tu avais participé à cette émission-là… tu sais, celle avec les stars qui dansent… T'étais le moins has been de tous d'ailleurs ! »

« Heu… merci du compliment ! J'te signale que j'étais quand même allé jusqu'en finale, excuse-moi du peu ! »

« Ouais, je m'en rappelle parfaitement… T'avais d'ailleurs fait le choix de danser avec un autre garçon ce soir-là… Sacrément couillu. Mais Japan was not ready yet… C'est ce qui t'a coûté la victoire… »

« Ahahah exact ! Mais bon, pas grave ! Ça en valait la peine, juste pour voir la tronche de mon agent se décompenser quand j'ai crié que j'étais bisexuel dans le micro… C'était en direct, sur une chaîne nationale et à une heure de grande écoute par-dessus le marché, imagine le scandale que ça déclenché. Enfin, je ne le regrette pas… C'est vrai que suite à ça, j'ai perdu quelques contrats juteux, mais j'en ai gagné d'autres et en prime, j'ai reçu beaucoup de lettres d'admirateurs qui me soutenaient ou me remerciaient d'avoir eu le courage de l'avouer… Apparemment, j'ai inspiré pas mal de jeunes, en les incitant à sortir du placard eux aussi ! Et j'en suis fier ! »

« C'était quoi ton slogan déjà ? Ah oui ! 'Le placard, ça devrait uniquement être réservé aux balais !' Ça m'avait bien fait marrer d'entendre ça j'avoue… » Rit doucement Haizaki en se remémorant ce grand moment de télévision…

« Mais… si tu es au courant de tout ça… du coup, dois-je en conclure que… tu regardais cette émission toi aussi ? J'aurai jamais cru que ça t'intéresserait ! » Sourit Kise.

« Hmm n-nan, c'est pas c'que tu crois. En fait, ça vient de ma mère… elle est fan de ce genre de trucs, tu sais… Et heu… de toi aussi, un peu… » S'empourpra légèrement le loup.

« Vraiment ? » S'étonna le renard, les yeux écarquillés.

« Et ouais. » Acquiesça Haizaki. « Elle se rappelle même que nous sommes allés au collège ensemble et qu'on jouait au basket dans la même équipe. Ironiquement… à cause de maladie, c'est d'ailleurs l'un des rares trucs dont elle se souvient encore… »

Kise se mordit la lèvre inférieure. Il se sentait tellement désolé pour Haizaki… Cette situation devait être horrible. Lui, n'imaginait pas comment il réagirait dans pareil contexte et préférait ne pas avoir à y réfléchir. Alors, pour alléger l'ambiance devenue maussade, Kise décida de se laisser aller à une petite vanne de son cru…

« Hey tu sais quoi ? Chez les mannequins, on a un dicton à propos du poids : 'Celui qui a trop de poignées d'amour, finit par faire l'amour avec son poignet' ! » Plaisanta le top model.

« Waaah c'est super cruel ! Mais je la connaissais pas celle-là, merci… je me la note dans un coin de la tête ! » Pouffa un peu Haizaki avant de reprendre : « Par contre, j'en ai une moi aussi à propos des kilos en trop… 'La vie, c'est comme une boîte de chocolats'… »

'On ne sait jamais sur quoi on va tomber !' Aurait répondu la mère de Forrest Gump, mais ce n'était sûrement pas ce qu'allait dire Haizaki…

« Hmm… laisse-moi deviner : 'Faut pas laisser les autres te la bouffer ?' » Le coupa Kise, très sérieux.

« Haha ! Même pas, mais ça aurait pu ! Nan, ce qu'il fallait répondre c'était : « Ça dure moins longtemps chez les gros !' »

Et de partir dans une crise de rire bien sonore, visiblement fier de lui en plus ce crétin ! Ce qui lui valut une bonne tape sur l'épaule de la part de Kise, qui goûtait décidément toujours aussi peu son sens de l'humour toujours plus douteux !

« Han ! Mais c'est super méchant de dire ça ! Et après c'est moi qui suis cruel !? Non mais on croit rêver ! T'as pas honte de sortir des trucs pareils !? J'commence vraiment à m'inquiéter pour ta santé mentale… »

« Tu ferais sans doute mieux de t'inquiéter pour ta santé sexuelle plutôt… »

Ah ben… puisqu'Haizaki en personne lui tendait la PERCHE, Kise allait se faire un PLAISIR de la saisir ! Son idée merveilleuse de tout à l'heure refit surface et le moment s'avérait idéal pour la mettre en application !

« En parlant de vie sexuelle… J'sais pas combien de fois on l'a fait hier, mais t'y es allé sacrément fort ! J'ai les fesses en compote ! »

« Alors là, ça m'étonnerait, j't'ai même pas sauté ! »

Bon… Haizaki avait (volontairement ou non) omis de parler du fait que Kise s'était tout de même pris quatre grands et larges doigts d'anciens joueurs de baballe à la fois dans le fondement, mais… C'était probablement une coïncidence, ça ne pouvait pas être lié à cette subite douleur, n'est-ce pas… ?

Naaaah aucun rapport possible, allons !

« HA ! Comme je t'y prends ! J'en étais SÛR ! T'es complètement tombé dans le panneau ! » Eructa Kise, en agitant un index accusateur vers lui.

Haizaki cessa alors ce qu'il était en train de faire, c'est-à-dire réduire à l'état de liquide et mélanger tous les aliments ensemble dans le mixeur.

« Quoi ? »

« Je le savais ! Je le savais que tu n'avais pas eu les couilles de me toucher hier soir ! J'étais peut-être torché, mais pas à ce point de toute évidence ! »

« Heu… 'Pas eu les couilles', c'est vite dit ! Et puis, techniquement, affirmer que je ne t'ai pas touché est légèrement erroné… » Répondit le loup, un peu penaud.

« Comment ça ? »

« Ecoute, ce n'est pas parce que tu n'as pas joué du tape-cul sur ma queue que ça signifie qu'il ne s'est rien passé entre nous pour autant ! » Répliqua à nouveau celui qui s'emmerdait à presser le citron récalcitrant à mains nues.

« Je suppose que c'est trop te demander que de te montrer plus explicite… ? Enfin bref, peu importe ! Parce que tout ce que je retiens, c'est que tu as refusé de faire en sorte que je ne puisse plus marcher pendant deux jours ! »

« Tout de suite les grands mots ! Tu aurais vraiment préféré que je te bondisse dessus comme un chacal en rut hier ? Et que tu ne te souviennes de rien en te réveillant ? Ou pire, que tu t'en rappelles encore le lendemain pour pouvoir mieux le regretter ? »

« C'que tu peux être mélodramatique quand tu t'y mets mon pauvre Shogo… Je vois bien que quelque chose te bloque… même si je n'arrive pas encore à identifier quoi… »

C'était d'une logique imparable. Car sinon, jamais le garçon aux cheveux ébène ne se serait donné autant de mal pour l'allumer, des jours durant ! Personne n'investit son énergie dans une telle entreprise pour ne rien en retirer au final ! Ça n'aurait aucun putain de sens !

Mais alors qu'il s'apprêtait à réfuter la thèse de Kise, de peur que ce dernier ne finisse par découvrir la vérité, le blond reprit la parole en premier, bien décidé à enfoncer l'ultime clou dans le couvercle de son cercueil…

« Tu sais… je commence vraiment à me demander si tu n'es pas complètement hétéro finalement… »

Que… ?

Comment… ?

Quoi… ?

Cette fois, le sang d'Haizaki ne fit qu'un tour, ne repassant pas par la case départ et ne touchant pas vingt-mille yens. Cet affront, Kise allait le payer cash ! Non mais, il n'avait qu'à le traiter de pédé ou de grosse tantouze aussi tant qu'il y était ! Non, même ça, ça aurait moins insultant ! Oui, Haizaki avait une échelle de valeur assez bizarre… Mais dans tous les cas, l'accuser de n'aimer que les femmes suffisait à le faire monter dans les tours, comme si Kise remettait en cause de virilité et l'attaquait crassement sur sa capacité à lever le pavillon noir face à un autre homme !

Certes, le brun avait déjà avoué à son homologue aux tifs dorés que les femmes recueillaient sa préférence, mais ça ne voulait pas dire qu'il avait des problèmes pour passer par la porte de derrière, ni qu'il rechignait à le faire ! Bon sang et à aucun moment en plus, Kise ne se remettait en question ! Non, il se mettait dans le même panier que les autres mâles et affirmait qu'Haizaki les détestait tous !

Cette fois, ç'en était trop !

Haizaki se sentait terriblement bafoué dans son honneur de fier bisexuel revendiqué, si tant était qu'une telle notion existe !

La coupe était pleine !

Ras-le-bol !

Et puisque Kise avait eu le malheur de prononcer ses mots (et le mauvais timing surtout…) pile au moment où Haizaki s'apprêtait à ajouter le dernier ingrédient secret à sa mixture, celui-ci explosa littéralement entre ses doigts.

C'est que, voyez-vous, Haizaki tenait justement une bouteille de Tabasco en plastique dans sa main droite, afin de l'incorporer à sa recette. Enfin, c'était la bouteille qui était en plastique, pas le Tabasco, mais bref, vous aviez compris. Cependant, la pression exercée sur le récipient suite à la colère d'Haizaki, l'avait fait éclater. Le récipient hein, pas Haizaki… Mais bon, ça aussi vous l'aviez compris j'imagine.

Pour la faire courte… (comme la prothèse phallique d'Akashi…) Haizaki vit rouge.

Et pas que.

Ah Kise se plaignait de ne pas avoir eu assez mal au trognon en se réveillant ce matin ?

Et bien il allait amèrement regretter ses paroles… D'habitude, les provocations glissaient sur l'échine d'Haizaki et pour cause : c'était lui qui les formulait en général. Mais aujourd'hui… Kise aurait tellement mieux fait de la fermer…

Le blond s'était d'ailleurs figé sur place, face à l'explosion de rage de son compagnon, aussi silencieuse qu'impressionnante physiquement. R.I.P. (Rest In Peppéroni) pauvre petite bouteille innocente qui n'avait rien demandé à personne, complètement éventrée et se vidant à présent de son liquide vital sur les phalanges d'Haizaki.

Mais ce que les deux adversaires n'avaient pas immédiatement remarqué fut qu'au moment où le contenant avait éclaté avec la facilité d'un ballon de baudruche, son contenu ne s'était quant à lui pas uniquement déversé sur la main de son tortionnaire, mais sur le mini-short de Kise également, véritable victime collatérale de l'accident ! En effet, des tâches rougeâtres avaient maculé le délicat tissu jaune poussin. Ou canari, le volatile que vous préférez !

Sauf qu'aussitôt, après les paroles malheureuses, c'est le geste de Kise qui fut malheureux. Du bout du pouce, il recueillit un peu de liquide rouge, qu'il vint lécher avec gourmandise.

« Hmm… ça picote… C'était donc du Tabasco, ton ingrédient secret ? Ben merde alors… ça réveille haha ! Je comprends mieux pourquoi tu tenais absolument à en mettre dans ta potion magique… »

Tremblant encore faiblement, Kise décida de se débarrasser de son short meurtri. Doucement, il le fit glisser le long de ses jambes fines et surprise…

Il ne portait rien en dessous.

Ah le sale petit…

Exactement comme hier, à la vue d'un Kise aussi dénudé qu'offert, les pupilles du loup se dilatèrent instantanément, afin de ne rater aucun détail parsemant ce corps si désirable. Au Diable ses bonnes résolutions, encore une fois, Haizaki les envoya valser et en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire « fellation », l'ex-délinquant se retrouva à genoux entre les cuisses de Kise, face à cette belle saucisse qui le faisait tant saliver. Il se taperait bien un bon hot dog là tout de suite… Après tout, ça tombait bien, il avait justement sauté le petit-déjeuner ce matin et il était sur le point de le sauter… une nouvelle fois, mais d'une toute autre manière.

Qui semblait davantage au goût de Kise…

Histoire de débuter en douceur, la truffe du loup vint saluer la hampe déjà tendue vers lui, semblant même souhaiter la bienvenue au prédateur qui allait bientôt la dévorer.

« Fuck… tu sens encore plus mauvais à cet endroit… L'odeur de musc est vraiment forte, mais… honnêtement, ça ne me dérange pas… »

Ce parfum musqué et masculin n'était pas désagréable, bien au contraire, Haizaki le trouvait des plus appétissant. Preuve, s'il en était, qu'il n'aimait pas manger que des moules…

« C'est à cause du sport… » Se dédouana Kise dans un souffle.

Son cœur battait si vite… Il suffisait qu'Haizaki le touche à peine pour vraiment le mettre dans tous ses états.

« Ne t'en fais pas, ça m'excite encore plus… et tu sais ce qu'on dit ? 'Après l'effort, le réconfort.' »

Ah… ? Il avait donc mérité une récompense d'après Haizaki ? Bon, Kise n'était de toute façon pas homme à refuser des faveurs ! Surtout lorsqu'elles étaient de nature charnelle.

Le loup donna alors un coup de langue taquin sur la virilité de sa proie et celle-ci couina de désir. Décidément, Kise était bien fébrile d'aussi bon matin… ce qui laissait présager une journée sexuellement prolixe.

Cette fois, contrairement à la veille, Kise sentit bien le piercing que le brun portait à cet endroit en particulier et il en frissonna jusqu'à la pointe des cheveux et des orteils. Orteils qui se recroquevillèrent de plaisir. Par réflexe, la main de Kise agrippa la chevelure d'Haizaki justement et il remarqua enfin que son rival n'avait pas défait la coiffure que le blond s'était chargé d'élaborer. Il avait toujours des tresses sur son profil gauche.

Rejetant la tête en arrière, Kise écarta davantage les cuisses pour inviter Haizaki à venir explorer son nouveau terrain de jeu, toujours plus loin. Sans doute était-ce à cause de sa frustration de la veille, mais le top model était extrêmement sensible. A plus forte raison lorsqu'Haizaki se mit à mordiller prudemment l'extrémité de sa queue pulsante. Ah ça… il savait parfaitement comment s'y prendre pour le rendre fou…

Mais cela ne dérangeait pas Kise de se sentir vulnérable entre les crocs du lupin. Au contraire, même. Il aimait ces rapports de dominance et de soumission entre eux. C'était brut, mais rarement brutal, le curseur émotionnel poussé à son paroxysme. Haizaki joua avec sa verge douloureusement dressée quelques secondes seulement, mais cela lui sembla être une éternité. Plus son ancien rival lui en donnait et plus Kise en voulait. Il ne parvenait plus à se raisonner, insatiable.

Mais lorsqu'enfin Haizaki enfourna le corps caverneux turgescent entre ses lèvres, Kise s'arqua à tout rompre. Il attendait ce moment depuis des années, sans en avoir conscience. Car pour son plus grand malheur, il semblerait que son corps et celui de son ex-ennemi préféré soient extrêmement compatibles. Dans tous les cas, une chose était sûre parmi cet océan d'incertitude : Haizaki adorait se servir de sa bouche. Il s'appliqua à sucer la chair avec un entrain presque palpable, mais quoiqu'il en soit perceptible.

Dire que le brun n'avait pas hésité à lui faire une feuille de rose dès le départ, comme première entrée en matière… Kise avait plutôt l'habitude de partenaires nettement plus timorés. Malgré tout, le côté féru de liberté de Shogo lui plaisait. Parce qu'il avait l'impression que cela le libérait, lui. Des convenances, des conventions, de son image et de la façon dont il était perçu en tant que personnage. Mais jamais en tant que personne.

Se cramponnant toujours aux cheveux de son homme, Kise reposa ses jambes sur les épaules d'Haizaki pour lui accorder une meilleure accessibilité. C'était bon de se sentir fondre contre le palais chaud et humide du brun. Sauf que déjà, cela ne lui suffisait plus. Ses entrailles tremblaient d'envie. Grondantes, pulsantes. Affamées. Elles aussi voulaient dévorer. Dévorer, puis digérer Haizaki.

Se faire remplir….

« Shogo aaaah… » Gémit Kise en une supplique.

Il n'en pouvait plus que le loup le fasse languir. Qu'il s'introduise enfin dans la bergerie, que diantre ! Même si Kise était loin de se considérer comme un mouton, il est vrai que dernièrement, il se sentait quelque peu « brebis égarée ». Sauf que pour son plus grand désarroi, Haizaki paraissait plus intéressé par le fait de le traire, que par la perspective de l'inséminer manuellement.

Quoique…

Comme s'il avait perçu son appel, Haizaki se redressa soudainement et ses lèvres délaissèrent son pis encore gorgé de lait. Il fit doucement basculer Kise en arrière, l'invitant à s'allonger sur le plan de travail et il prit ensuite les choses en main. Enfin LA chose, plus précisément… Pompant sur le muscle gainé, les doigts de sa main gauche se faufilèrent entre les deux portes rondes de la bergerie, afin d'y pénétrer. Paradoxalement, Kise était inversement aussi détendu à cet endroit qu'il pouvait être tendu plus au haut. Les visiteurs entrèrent en lui comme dans une motte de beurre laissée au soleil trop longtemps, légèrement… poisseux. Haizaki les avait-il léchés pour les rendre plus glissants ? Sans doute. Mais Kise était tellement centré sur son extase qu'il n'avait rien vu.

Grave erreur de calcul…

!

Et là, c'est le DRAME.

Car presque aussitôt, dès les premiers va et viens en réalité, l'Anneau Unique se resserra et devint aussi brûlant que le Mordor. Kise se débattit d'inconfort, sentant comme un torrent de lave en fusion ravager son corridor des plaisirs, remontant jusqu'à son estomac. La douleur lancinante générée par la morsure féroce du feu était si intense que le renard devint chat, prêt à sauter au plafond ! Même Haizaki remarqua l'agitation qui s'était emparée du bas ventre de son partenaire. Sauf que son interprétation en fut bien différente.

« Bordel bébé, t'as vraiment le cul en feu… »

Un picotement désagréable se propagea dans ses doigts maintenant que Kise s'était complètement refermé sur lui. Comme une huître. Mais ce piège charnel fut de courte durée, car brusquement, le blond poussa un cri déchirant et… Haizaki fut remercié de sa prestation par un bon coup de pied dans le ventre, ce qui l'éjecta littéralement, rompant ainsi tout contact physique avec sa proie. Trébuchant maladroitement au sol, tel Bambi faisant ses premiers pas sur la glace dans le film éponyme, Haizaki se frotta les reins… Merde, ça faisait mal, Kise l'avait envoyé heurter le carrelage dur et froid avec une rare violence…

« Putain Ryotaaaaa t'abuses ! » Se plaignit le brun, sans avoir eu le temps de rien comprendre.

« Qu'est-ce que tu m'as fait !? » S'excita le blond, qui était descendu de son perchoir et sautillait à présent à pieds joints autour de lui. « Ça pique et ça brûle AAAaaaaah ! »

Des larmes d'agonie perlaient au coin de ses beaux yeux en amande et malgré ses gesticulations désespérées, le malchanceux mannequin ne parvenait pas à apaiser l'incendie qui détruisait actuellement ses entrailles !

« Hein ? Mais je t'ai rien fait, enfin pas encore quoi… »

« Shogoooooooo j'plaisante paaaaas ! De l'eauuuuuu vite ! Fais quelque choooooose ! »

D'abord clignant des yeux, Haizaki se ressaisit rapidement. Il se releva et versa un grand verre d'eau fraîche directement tirée du robinet de la cuisine, le tendant à la victime présumée de cet acte malveillant. Kise le vida d'une seule traite, mais rien n'y fait, cela ne suffit ni à éteindre le méfait, ni à appréhender le dangereux pyromane qui sévissait dans sa région sud.

« Ça passe paaaas ! » Chouina Kise, dont l'état se dégradait de seconde en seconde.

Son visage, tout comme son bas ventre, avait viré à l'écarlate et c'est en voyant que Kise s'appuyait contre le plan de travail pour se tenir, qu'Haizaki aperçut le coupable, posté dans le dos du Kitsune.

Il était là.

Agonisant sur le champ de bataille, répandant son jus nocif sur le plan de travail et semblant les narguer jusque dans ses dernières volontés et dans la mort.

LE TABASCO !

« Heu… chaton… va falloir que tu sois courageux et hmmm… surtout, que tu réalises bien que tout ceci est avant tout de ta faute, parce que si tu ne m'avais pas pressé comme un citron, rien ne se serait produit. Et c'est ironique, car justement, le citron aussi a sa part à jouer dans le présent drame dont tu es l'odieuse victime… Hahah… »

« Mais de quoi tu paaaaaaaaaarles à la fin !? Qu'est-ce que tu sais au juste ? Bon sang, Haizaki je te jure que si je m'en sors et que tu es responsable d'une manière ou d'une autre… je te BUTE ! »

« J-j'ai pas… eu le temps de me rincer la main comme il aurait fallu… et hmm… devine celle avec laquelle je t'ai… ! »

« … Oh non… me dis pas que c'est ce que je pense. Je t'en supplie, me dis pas qu't'as fait ça !? Même toi t'es pas assez cruel ou demeuré pour avoir osé… » Le coupa sèchement Kise, recroquevillé de douleur au sol à présent.

La surface froide ne suffisait même pas à lui faire du bien… et la sensation de chaleur ne faisait que s'intensifier dangereusement.

Il avait peur d'avoir compris la cause de sa démise…

Et pourtant…

L'air désolé sur le visage d'Haizaki le lui confirma.

« … J'LE CROIS PAS, T'AS VRAIMENT EU LE CULOT DE ME DOIGTER AVEC LA MAIN DANS LAQUELLE LA BOUTEILLE DE TABASCO A EXPLOSE !? » Explosa à son tour Kise. « Même toi t'es pas assez con pour ça quand même !? »

« D-du calme Kitty… » Il leva les mains bien à plat en signe de défense. « C-c'était un regrettable accident, rien de plus et en aucun cas l'expression d'une volonté délibérée visant à te nuire. Et puis, comme je te le disais un peu plus tôt, c'est toi le principal fautif dans toute cette malheureuse histoire ! D'abord, c'est toi qui m'as contrarié et j'ai éclaté cette maudite bouteille à cause de ça. Ensuite, tu m'as tellement chauffé heuuu nan pardon pas chauffé naaaan choix malheureux de champ lexical, mais bon, tu m'as compris quoi… T'étais tellement impatient que je te la mette que… j-j'ai pensé bien faire en accédant de manière immédiate à ta requête ! »

« PAUVRE DEBIIIIIIIIIILE ! Je vais mourir par ta faute et même que ce sera la mort la plus nulle de toute l'histoire des morts nulles voilààààààààààààà ! » Continua à pleurnicher Kise. « Et pour éviter qu'une nouvelle tragédie de cette ampleur ne se reproduise dans l'histoire de l'Humanité, on l'indiquera carrément sur mon épitaphe afin de servir d'exemple pour les peuples du monde entier ! »

Awi Kise et le mélodramatisme exacerbé.

Il avait presque oublié cet appréciable détail, tiens…

« Ohhh t'exagères, c'est quand même pas si grave ! Le piment est un excellent vasodilatateur en plus, j'te ferai remarquer ! Doooonc c'est finalement tout petit mal pour un grand bien, si l'on y réfléchit posément ! » Tenta de se défendre l'avocat du Diable lui-même.

« C'est un vasodilatateur si tu le MANGES ! Avec ta BOUCHE ! Pas si tu t'en badigeonne généreusement le % =+% ! » Lui fit à son tour « remarquer » fort aimablement le principal concerné, toujours en pleine agonie sur le sol de la cuisine. Avant de terminer par un subtil : « Je te HAIIIIS ! »

« Pfff tout de suite les grands mots ! Quelle chochotte tu peux être parfois ! Je connais plein de nanas qui adorent se prendre un peu de gingembre à cet endroit-là et qui n'en font pourtant pas tout un esclandre ! Un peu de douleur peut-être un excellent aphrodisiaque, tu sais ! »

Et il parlait en connaissance de cause…

« D-Daikicchi… a un flingue… je te jure… que si je m'en remets, je lui demande qu'il me le prête et… je te tire une balle dans le bide pour voir… si ça exacerbe ta libido aussi… » Couina Kise.

Réponse d'Haizaki : roulement d'yeux.

« Rooooh pas la peine d'en arriver à de telles extrémités… Le pire, c'est que ça pourrait m'plaire et j'suis pas certain que ce soit l'effet recherché par une telle menace… »

Mais, grand seigneur, ce dernier l'aida tout de même à se remettre sur pied.

« Bon, fais voir… » Il le fit se retourner, face au plan de travail et les mains appuyées sur le bord pour s'y raccrocher.

Avec d'infinies précautions, Haizaki écarta les deux globes insolents qui arboraient à présent une belle teinte écarlate. Deux planètes Mars à la place de deux Lunes. Doucement, avec prudence, il souffla sur l'adorable cratère tout rose où avait eu lieu le crash de la comète Tabasco, pour en apaiser le feu. Mais comme cela ne suffisait pas, ce fut sa langue cette fois qui prit le relais, faisant office de pompier de service, venu éteindre l'incendie.

Après tout, en cas de morsure par un animal venimeux, rien de tel que de venir aspirer le poison directement à la source de la blessure…

Or, il ne fallait jamais dire « Femme fontaine je ne boirai pas de ton eau ! »

M'enfin tout de même… Kise exagérait… ça ne pouvait pas faire SI mal… mais ce n'était pas étonnant, car le blondin avait toujours été un peu plus douillet que la moyenne. Impossible que quelques malencontreuses gouttes mal essuyées puissent provoquer une réaction aussi puissante. Haizaki s'appliqua bien pour nettoyer chaque recoin inexploré de la Planète Rouge. Cependant, malgré son intervention conciliatrice, Kise continuait à pleurer à CHAUDES (c'est le cas de le dire…) larmes.

Décidément… lui et le mannequin enchaînaient les déconvenues… Leur relation houleuse n'était pas de tout repos et pour chaque rapprochement, deux nouveaux obstacles prenaient un malin plaisir à se dresser entre eux. Haizaki n'avait réellement et sincèrement pas fait exprès… Mais dans le FEU (oups…) de l'action et bien… il avait perdu les pédales, comme bien souvent avec Kise.

Incapable de lui résister, il s'était précipité TOUT FEU, TOUT FLAMME… et résultat des courses, il avait réduit ses chances en CENDRES. Terme fort approprié s'il en était, puisqu'il s'agissait également de la signification de son nom de famille en Japonais. Sans doute parce qu'il avait cette fâcheuse tendance à ne laisser que des champs de ruines derrière lui…

« Ça va un peu mieux ? »

« Nan… » Articula difficilement le renard.

« Attends, j'ai une autre idée dans ce cas. »

Il contourna l'îlot central et sortit une bassine de sous l'évier puis il se dirigea avec vers le congélateur, sous le regard interrogateur et toujours humide de Kise. De là, il s'appliqua à en extraire le précieux minerai cristallin autrement appelé « glaçons » et il revint vers le blond. Laissant sa bassine sur le plan de travail, il souleva à nouveau Kise avec une facilité déconcertante et il lui posa le séant dans la glace.

« Et là ? »

« Très légèrement… » Admit la victime.

Haizaki le laissa se calmer et il s'écarta pour consulter son téléphone de son côté. Sûr qu'un tel coup du sort avait déjà dû se produire par le passé. Internet était une source intarissable de connaissance… et d'idiots masochistes en tous genres.

« Bon écoute heu… j'voulais pas t'affoler tout à l'heure, mais j'crois que… » Il inspira profondément après plusieurs minutes passées à parcourir les sites spécialisés. (Mais « spécialisés » dans quoi exactement ? « L'Amicale des Anus en Feu ? ») « … On n'a pas l'choix, va falloir t'emmener à l'hôpital… »

« … Achève-moi tout de suite, ça ira plus vite que devoir attendre de crever de honte… »

« J'suis sérieux Ryota… On va aller aux urgences pour que des experts t'examinent et je peux t'garantir que ça ira mieux après. »

« Je t'ai déjà dit que je te détestais ? »

« Ouais, rassure-toi. L'message est bien passé. »

« Alors dis-toi bien c'est malgré tout encore très LOIN de ce que je ressens réellement à ton égard ! »

« Je me doute. Tu penses que si je mets un pain de glace sur le siège de ma moto, tu arriveras à tenir tout le trajet assis ? »

« J'ai les fesses tellement engourdies par le froid, que je serai capable de me servir d'un glaçon comme suppositoire, alors au point où j'en suis… »

Il tendit les bras vers Haizaki qui l'aida à se remettre debout avant de l'assister également dans sa quête de… ermm… se couvrir les miches. Oh, il ne doutait pas que Kise ferait sensation en débarquant aux urgences les fesses à l'air, mais honnêtement, Haizaki ne tenait pas franchement à ce que son presque amant s'exhibe ainsi au regard de la populace.

Il lui enfila donc un autre short, propre cette fois et issu de la garde-robe du blond pour éviter toute plainte de sa part. Car ce n'était pas parce que Kise se rendait à l'hôpital qu'il devait également s'attirer les foudres de la fashion police.

« Tu sais, il paraît que le lait est plutôt efficace pour adoucir le piment, on devrait peut-être essayer de… »

« Si tu es sur le point de proposer que j'avale du lait par le bas et non par le haut, alors économise ta salive. Parce qu'il en est absolument hors de question ! » Le fait taire Kise avec une autorité dont il ne se serait jamais cru capable.

Mais la fin justifie les moyens et les circonstances également.

Et ce fut donc dans ces conditions que Kise enfourcha le destrier vrombissant de son chevalier servant…

Lui qui voulait tant avoir mal au cul, il était servi !

Mais pas de la manière qu'il avait imaginée, hélas…


Bon, quand il fut question d'expliquer à la nana du guichet d'accueil la raison de leur visite à l'hôpital… les deux zigotos n'en menèrent pas large. Surtout en constatant que la fille devait faire usage de toute sa DIPLOMATIE pour ne pas exploser de rire… Kise se sentait ridicule, mais s'il voulait ne pas attendre trop longtemps en position ASSISE, mieux valait dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité et compter sur la pitié de celle qui attribuait les ordres de passage selon la gravité des maux déclarés. Quitte à devoir surjouer et en faire des caisses.

Ça, Kise maîtrisait. Et avec son pain de glace déjà bien entamé par le trajet, il n'eut pas trop à se forcer pour dramatiser la situation bien comme il fallait. Mais ce fut hélas le seul avantage qu'il trouva à son malheur. Parce que la sensation de brûlure, bien loin d'avoir disparu, lui donnait plutôt l'impression que son si charmant fessier allait bientôt se mettre à cracher des flammes, à la manière d'un dragon furieux. Et Haizaki ne se risquerait certainement pas à mettre sa merguez au barbecue, s'il y tenait un tant soit peu…

Pour des raisons logistiques assez évidentes, Kise préféra donc rester debout dans la salle d'attente, le visage toujours aussi rouge qu'une tomate farcie. Sauf qu'en guise de farce, c'était un bien mauvais tour qu'on lui avait joué… et il se trouvait qu'Haizaki n'était pas plus adepte de la chipolata carbonisée que de la chair à saucisse… Le voyage avait été extrêmement douloureux alors Kise espérait sincèrement que le corps médical pourrait quelque chose pour son corps ! Parce que mine de rien, il avait le sentiment d'avoir eu un aperçu du fameux vélo sans selle inventé de toute pièce par Haizaki. En tout cas, il avait mal aux fesses tout pareil du moins.

Ce fut ainsi qu'ils patientèrent environ trois quart d'heures avant que leur tour ne vienne finalement et qu'un docteur ne daigne se « pencher » sur leur cas d'école.

Et en parlant « d'école », celui qui avait accepté d'ausculter le fessier le plus célèbre et glamour du Japon, semblait encore y être. Il était jeune. Légèrement plus que les deux terroristes sexuello-culinaires et devait donc toujours être interne.

Un étudiant…

Ils avaient OSE lui coller un vulgaire étudiant dans les pattes !

Kise se sentait profondément outré !

Il avait le sentiment que la dame de la réception ne l'avait pas pris au sérieux !

Non, pire, même : elle se foutait carrément de sa gueule, oui !

Bordel, il s'était pourtant montré très clair, comparant et assimilant même ses douleurs à celles de l'enfantement, afin qu'elle soit en mesure de comprendre l'URGENCE de la situation !

MAIS NON.

C'était bien une gonzesse, ça tiens !

Une fonctionnaire grassement payée à regarder les mouches voler, alors même que Kise avait EXPRESSEMENT indiqué ressentir une douleur de DOUZE sur une échelle allant de un à dix !

Was he a joke to her !?

Ça ne lui avait pas suffi comme preuve de le voir marcher tout courbé comme un vieillard centenaire ? Qu'est-ce qu'il lui fallait de plus ? Que le blond se TRAINE littéralement sur le popotin pour se déplacer !?

Et vous savez ce qui était probablement le pire dans tout cela ?

Il avait EVIDEMMENT fallu qu'ils tombent sur le jeune interne le plus BG de tout l'hôpital ! Une sorte de « Docteur Mamour » en devenir ! Certainement originaire d'Asie du Sud, c'est-à-dire de la ceinture Inde - Sri Lanka - Pakistan, le gars arborait une magnifique peau sans défaut, couleur pain d'épice resté un peu trop longtemps au four, rappelant celle d'Aomine. Mais ce n'était pas tout, car son teint irréprochable se trouvait encore relevé par deux turquoises aux reflets profonds faisant inévitablement penser à l'océan Pacifique.

Et enfin, pour ne rien arranger, sa crinière légèrement ondulée retombait en bouclettes savamment désordonnées sur ses épaules. Il ressemblait à la version Bollywood d'un prince Disney. Kise était jaloux. Oui, en temps normal, il ne se serait pas senti menacé et il aurait même sans doute profité de l'occasion pour le draguouiller un peu… Mais là, le moment était très mal choisi… Parce qu'il avait la très désagréable sensation d'être sur le point de faire une descente d'organes… brûlés au troisième degré !

Ah putain, c'était fini !

Après une telle humiliation, Kise se jura que PLUS JAMAIS Haizaki ne le toucherait de sa viiiie ! (A supposer qu'il s'en sorte…)

Il avait eu un moment de faiblesse et résultat, il le payait très cher maintenant !

Ça n'aurait jamais dû se produire, c'était la preuve irréfutable qu'il s'agissait d'une très mauvaise idée dès le départ !

Dommage qu'il ait fallu en passer par-là pour le réaliser…

Tout ce que Kise espérait à présent, c'était que le gars n'allait pas l'inviter à passer les pieds dans des étriers comme pour subir un examen gynécologique… Mais bon, ça ne l'étonnerait qu'à moitié que le doc' formule une telle demande, vu la chance qu'il se payait depuis le début…

Alors quand enfin, le Docteur Quinn (non, c'est une femme Kise…) se décida à leur poser la question fatidique de leur venue, il laissa Haizaki conter en détails la raison qui les avait amenés ici. Qu'il se démerde. C'était le moins qu'il puisse faire ce pignouf… Dire que cuisant échec aurait facilement pu être évité… Quelle idée aussi de vouloir insérer du Tabasco, non pas dans son cul, mais dans une recette censée lutter contre la gueule de bois… Qui avait osé inventer une telle hérésie contre nature franchement !?

C'était un coup à faire un AVC et à regarder son cerveau essayer de s'enfuir par les trous de nez sous forme d'écoulement liquide, ça !

Le mec resta impassible durant toute l'exposition des faits. Kise se demanda d'ailleurs comment il faisait pour ne pas partir dans un fou rire incontrôlable… Lui, en aurait été incapable en tout cas.

« D'accord, mais cela ne m'explique pas comment un tel accident s'est produit. Laissez-moi deviner : il a malencontreusement « glissé » sur une peau de banane, avant de venir ensuite « glisser » à nouveau sur le goulot de la bouteille de Tabasco, en position ouverte, comme par hasard… ? »

Non parce que ça commençait toujours par une « glissade » ce genre d'accidents bêtes… C'était fou ce que ses patients pouvaient être maladroits… toujours à glisser, trébucher pile au moment où ils se trouvaient nus (sans doute sortaient-ils de la douche… ou d'un camp de naturistes…), les fesses tendues vers l'avant, sur moult objets improbables du quotidien… Aubergines, canettes de bière (vides ou pleines), lampes de chevet, fourchettes…

Mais bizarrement, le coup du piment rouge, on ne lui avait encore jamais fait !

C'était une première dans sa jeune carrière.

Aucun adepte du SM ne s'y risquait… Pas même les novices, ça voulait bien dire quelque chose…

Alors dans le cas présent, quel était le but ? Quel était le projet qui avait motivé une telle pratique ? S'agissait-il de simple ignorance ? D'imprudence ? D'une expérience qui avait mal tourné ? Ou d'un accident réellement fortuit ?

Kise devint rouge (comme son royal popotin…) de honte. Il ne savait pas quoi répondre à une question posée aussi frontalement. Il ne l'avait même pas envisagé, à vrai dire… Quelle naïveté… D'habitude, les médecins ne s'intéressaient jamais au « pourquoi », mais plutôt au « combien. » Combien cette consultation allait pouvoir leur rapporter. Alors le Kitsune se trouva fort dépourvu, lorsque la bi*e fut venue…

Heureusement, ou plutôt malheureusement pour le renard dans ce cas précis, l'Okami n'était jamais avare en mots, ni en explications (plus communément appelées « bobards ») lorsque la situation l'exigeait. Ce fut donc ainsi qu'il s'autorisa à répondre à la place de son amant en devenir. (non.)

« Ben… on avait lu sur Internet… » Or, comme chacun sait « Tout ce qui est écrit sur Internet est vraiii. » (Copyright Antoine Daniel.) « … Que ça pouvait remplacer le Viagra en plus efficace, car seules quelques gouttes de Tabasco suffisent à filer le barreau pendant des jours entiers ! » Lâcha Haizaki le plus naturellement du monde.

OH LE BORDEL.

Kise avait envie de disparaître sous terre maintenant, c'était malin !

Non mais quel crétin ! Comme si le Docteur Watson allait avaler une aussi grosse quenelle !

Ils auraient eu plus de chances d'être crus en affirmant avoir fait cela pour une émission type « Jackass ». (Si tant est que cela existe encore…) Ou en disant tout simplement la vérité : qu'il s'agissait d'une expérience culinaire qui avait mal tourné, sans entrer dans des détails scabreux !

« Ah oui, j'ai entendu parler des ravages de cette pratique très en vogue ces derniers temps, en effet. Mais d'habitude, elle ne concerne que les plus jeunes… »

Sous-entendus : « Deux grandes sauterelles majeures comme vous devraient être suffisamment cultivés/informés/doués de sens critique pour ne pas se laisser influencer par des légendes urbaines sorties du cul d'un babouin albinos ! »

Mais bon. Hein.

Soit.

Passons.

D'un côté, ça ne le surprenait pas tellement.

N'oublions pas qu'à l'époque où notre cher futur médecin chauffait encore les bancs du lycée, des jeunes de son âge avaient inventé l'insertion d'un tampon imbibé d'alcool directement dans l'anus, dans le but de se rendre ivre plus rapidement.

A chaque génération, ses génies incompris et transgressifs.

La loi de la sélection naturelle plus connue sous le nom de « Théorie de Darwin » avait encore de beaux jours devant elle, avec des abrutis consanguins pareils…

Mais bon.

Il faut bien que jeunesse se passe, comme on dit.

Enfin… pour les deux imbéciles qui se trouvaient en face de lui à présent, c'était limite-limite quand même là niveau âge…

Ah… les joyeux homos décomplexés et leurs habitudes débridées…

« Bon et si vous me montriez cela de plus près, que je puisse voir l'étendue des dégâts ? » Demanda t-il, en déroulant puis faisant CLAQUER un gant en latex sur son poignet.

Kise ouvrit des yeux ronds comme des ballons de basket et ce bruit caractéristique suscita chez lui un PTSD digne de la guerre du Vietnam. Il se mit à trembler comme une feuille, irrépressiblement et comme toujours, Haizaki fut le seul à remarquer son appréhension. Le loup posa une main compatissante sur son avant-bras et tenta donc de le rassurer à sa manière :

« Ça aurait pu être pire, tu sais. Imagine, si ça avait été Midorima à la place du Docteur House Pakistanais ! »

« … Et pour que ce soit Midorimacchi, il aurait fallu que je sois MORT baka ! »

« Ah ouais. Oups… c'est vrai que les légistes auscultent très rarement les vivants… »

« Et pour eux « inspecter en profondeur » veut dire DECOUPER AU SCALPEL ! Quand c'est pas carrément à la tronçonneuse… »

« Nan, tu déconnes là… ? »

« J'en sais rien. En tout cas, Midorimacchi en a une dans son cabinet… »

« … C'est forcément une blague le connaissant. Enfin, probablement. Du moins, je l'espère. » Frissonna t-il à son tour en déglutissant difficilement.

« Enlevez entièrement le bas et venez vers moi. » L'invita l'interne.

Kise fixa Haizaki.

Qui fixa le doc.

Puis le fixa en retour.

Et hocha de la tête vigoureusement en signe d'approbation.

En gros, Kise allait devoir coopérer.

Il fit donc face à Haizaki et tira sur sa chemise rose pour cacher son petit flamand à lui, tandis qu'il tournait le dos au médecin comme demandé.

« Oh c'est bon, pas la peine de l'cacher ton p'tit oiseau, j'le connais ! »

« Ouais bah j'espère que tu l'as bien regardé et que t'en as gravé chaque détail dans ta tête de pioche, parce que t'es pas prêt d'le r'voir de sitôt, j'te l'garantis ! »

Pendant ce temps, le docteur Zoidberg gratouillait nonchalamment sa barbe de trois jours que tout bon interne se devait d'arborer comme un symbole de reconnaissance et d'identification, pensif. Tout à coup, il dégaina une LOUPE de la poche de sa blouse. (Oui, oui…)

« Ecartez bien, s'il vous plaît. »

Kise s'exécuta, toujours aussi mortifié de honte…

Par chance, personne ne le connaissait ici et…

« Je vois qu'un mannequin de renom comme vous affiche également une grande beauté intérieure. » Plaisanta l'Hindou.

AH MAIS PUTAIN !

Est-ce que la situation pouvait encore devenir PIRE !?

Erf… mauvaise question à se poser, Kise…

Parce que… tu apprendras que ça peut TOUJOURS devenir pire…

« Hmm… Je vous. Maintenant, allongez-vous à plat ventre sur la table d'examen, je vous prie. » Ordonna l'homme de science.

Kise obéit une nouvelle fois. Pas trop le choix en même temps…

Et cet enfoiré d'Haizaki qui se retenait de pouffer… ça se voyait que même lui ne prenait pas la situation très au sérieux… Mais comment lui en vouloir, en même temps ? N'importe qui aurait rigolé devant la grotesque absurdité de ce scénario improbable. Lui le premier, d'ailleurs s'il n'avait pas été concerné…

Allez, vite, qu'on en finisse !

L'Indien déplaça une lampe pendue au plafond qu'il dirigea bien vers le timide orifice bafoué dans sa dignité et il orienta également une loupe encore plus grosse que la précédente droit sur lui !

« C'est vraiment fascinant, je n'avais jamais rien vu de tel… »

« A ce point-là ? » S'enquit Haizaki, rongé par la curiosité.

Argh mais il était encore là celui-ci !? Qu'il dégage, pour l'amour de Dieu !

Non mais un peu plus et Haizaki allait se mettre à claironner que tout ça, c'était grâce à lui ! Ce docteur de pacotille n'avait surtout pas intérêt à le féliciter pour son initiative !

« En huit mois de carrière, c'est bien la première fois que je vois cela… »

Oui, bon, pas d'quoi s'enflammer (LOL) non plus hein ! C'était p'têtre normal après tout, huit mois ça fait court !

« Vous permettez que j'appelle un collègue ? J'aimerai disposer d'un second avis médical avant de faire quoi que ce soit. »

Au point où Kise en était… il soupira, puis étouffa un grognement de rage dans l'oreiller avant de mollement acquiescer et de céder.

Grave erreur…


Cela faisait à peu près un quart d'heure maintenant que le fameux « collègue » les avait rejoints.

Enfin « collègue »…

Peut-être aurait-il mieux valu utiliser le PLURIEL, parce que de toute évidence, un seul avis n'était pas suffisant et à présent, une dizaine de personnes se pressaient autour du malade imaginaire. Il y avait de tout, des infirmières, de jeunes internes inexpérimentés, de grands professeurs renommés aux cheveux grisonnants et même… la dame de la réception ! Kise était pour ainsi dire persuadé que parmi eux se cachait même le concierge de l'hôpital…

Tous baragouinaient des trucs dans un jargon médical proprement inintelligible, sans doute volontairement d'ailleurs, prenant des notes et des photos, sûrement dans le but d'alimenter une future revue scientifique. A moins qu'il ne s'agisse du prochain numéro d'un journal à scandales. Et ça tombait bien parce « qu'hémorroïdes » rimait justement avec « tabloïds ! »

Même Haizaki se sentait gêné pour lui, c'était dire l'ampleur du désastre… parce que je vous rappelle tout de même que le loup ne connaît pas la signification de ce mot…

« Heu Ryota ? J'crois que j'ferai mieux d'vous laisser bosser tranquilles, hein. Si jamais on m'cherche, je serai du côté d'la machine à café et hmmm… tiens bah j'vais t'en rapporter un aussi tant qu'à faire… »

« Surtout pas malheureux ! » Le mit en garde un gamin à lunettes double-foyers. (ça existait encore ces machins-là !?) « Le café est un diurétique ! »

« Et ça veut dire quoi en japonais dans l'texte ? »

« Que ça provoque des hémorroïdes. » Compléta l'un de ses acolytes barbus.

« Ah. Ben j'vais opter pour du déca alors… »

« … Si tu pouvais mettre du cyanure dedans aussi… » Marmonna Kise, épuisé.

« Du cyanure ? » Répéta Haizaki sans comprendre. « Ouais bonne idée, j'vais faire ça ! Je reviens vite, tiens bon chaton ! »

Et de se faire la malle avec tout le courage qui le caractérisait.

Courageux, oui, mais certainement pas téméraire, comme dirait l'autre.

Il avait bien besoin d'une clope, là tout de suite.

… Pause clope qui dura… deux bonnes heures au bas mot, sans exagération aucune.

Mais revenir trop prématurément aurait été synonyme de suicide ! Or, Haizaki préférait montrer patte blanche, en s'assurant que Kise avait disposé de tout le temps nécessaire pour se calmer. Quelle ne fut pas sa surprise en revenant de son « petit tour », de constater que des dizaines de grands pontes en blouses blanches faisaient la queue devant la chambre de Kise ! La file s'étendait d'ailleurs de la porte jusqu'au bout du couloir et Haizaki se fit engueuler, puis accuser d'essayer de gruger lorsqu'il tenta de regagner la salle d'examens ! Apparemment, il avait eu le temps de s'en passer des choses en deux heures. Et que Kise soit devenu l'attraction majeure de cet hosto, en était une !

Et alors qu'il était enfin parvenu à remonter la file et à entrer, quel ne fut pas le choc d'Haizaki en constatant que la pièce était VIDE.

Envolé, le renard !

Merde !

Le loup pénétra à l'intérieur pour le chercher, vérifiant même sous le lit si Kise ne s'y planquait pas, mais sans succès ! Mais où pouvait-il bien être passé cet hypocondriaque !? Il n'avait quand même pas pu filer à l'Anglaise sans que les Anglais ne débarquent !? Comment était-il parvenu à passer devant sa horde d'admirateurs, sans qu'aucun ne l'intercepte ? A moins qu'il ne maîtrise l'art de la téléportation, ce dont doutait fort l'ex de Fukuda. Parce qu'il en avait vu des dingueries aujourd'hui, mais là, ce serait vraiment le pompon sur la Garonne !

C'est alors qu'il remarqua une porte dérobée dans le fond de la salle… entrouverte, bien évidemment. Oh… c'était donc par là que Kise s'était faufilé… et avec un peu de chance, il ne se trouvait pas encore bien loin. Haizaki emprunta donc la même sortie et il se retrouva dans un nouveau couloir, différent de celui qu'il avait suivi pour revenir jusqu'ici. Ce corridor-là était mal éclairé et c'était un peu flippant, Haizaki avança donc avec prudence. Les spots lumineux du plafond – enfin, ceux qui fonctionnaient encore – grésillaient de façon lugubre. On se serait cru en plein Resident Evil. Nan, nan, Silent Hill même. Si ça se trouvait, c'était dans cette zone inhospitalière (LOUL inHOSPITALIERE… z'avez compris… ?) que la morgue se situait… Prenant sa b*** à deux mains, (« Ma b*** s'appelle Courage, parce que je prends mon courage à deux mains ! ») Haizaki progressa dans l'allée sombre, restant à l'affût du moindre bruit suspect.

Bon, cela ne fut pas d'une utilité probante, car aussitôt qu'il passa près de la chambre 404, (comme l'erreur… LOL) il se fit happer à l'intérieur par deux bras puissants passés autour de sa bouche pour l'empêcher de crier.

Qui aurait pu croire que Kise possédait une telle FORCE ? Certainement pas lui, en tout cas !

Il était à présent affublé d'une magnifique blouse d'hôpital vert menthe, attachée par des nœuds dans le dos et ne tenant qu'à un fil, au sens propre comme au figuré. Elle descendait jusqu'au-dessus de ses genoux, cachant le haut de son corps, mais laissant ses jambes dénudées en contrepartie. Le blond avait piqué des lunettes de soleil à Dieu sait qui, Dieu sait où également… pratique pour circuler incognito.

Ou pas.

Sûrement « ou pas » d'ailleurs, vu que d'ici peu de temps, dès qu'on aurait remarqué sa disparition, toute la clinique se mettrait à sa recherche… A supposer que ce ne soit pas déjà chose faite, bien entendu.

Haizaki plissa les yeux. Dans la pénombre, difficile de bien distinguer Kise. Ses mains se posèrent par réflexe sur les hanches du blond comme pour bien déterminer qu'il s'agissait de lui et pouvoir un peu le peloter au passage…

« Ray Charles, c'est vous… ? » Tenta Haizaki.

Fonctionne aussi avec « Gilbert Montagné » pour les francophones.

Non mais sérieux, c'était QUOI ces lunettes immenses qui lui bouffaient la moitié du visage !? Sans compter que jamais Kise n'oserait mettre un modèle aussi kitch ET en plastique, en temps normal ! Il devait vraiment se sentir traqué pour en être arrivé de telles extrémités…

Mais une fois de plus, le blondinet prouva qu'il ne partageait pas du tout le même sens de l'humour que son homologue brun, puisqu'Haizaki se retrouva plaqué à la porte et Kise appuya une main sur ses lèvres à nouveau pour le faire taire.

« Chuut ! » Imposa le mannequin.

Réduit au silence, Haizaki en profita pour tendre l'oreille. Il entendit des bruits de pas affolés dans le couloir. Pas de doute, on les cherchait ! Merde, manquait plus que ça… ils étaient des FUGITIFS maintenant !

Une fois que Kise jugea le danger suffisamment éloigné, il desserra son étreinte.

« Tu comptes m'expliquer c'qui s'passe au juste !? » Exigea Haizaki, un peu largué par cette soudaine crise de paranoïa.

« Ils m'ont fait passer toute une batterie d'examens… radiographies, lavage d'estomac, prise d'anti-inflammatoires, lavements, administration d'anti-douleur, application d'une crème cicatrisante et j'en passe ! C'était horrible, si tu savais ! J'ai même eu droit à une analyse de sang et d'urine ! »

« Merde… ils déconnent vraiment pas ici ! J'suis désolé, si j'avais su… »

Bon, mieux valait éviter de lui demander s'il se sentait mieux justement… et… plutôt se faire oublier.

Oui, voilà, excellent ça !

Mais Kise ne l'entendait visiblement pas de cette oreille…

« Tout ça, c'est d'ta faute ! »

« J'pouvais pas d'viner que ça s'passerait d'cette manière ! » Essaya de nier Haizaki.

Mais en vain.

Parce que Kise venait de le décoller de la porte et de le pousser en arrière…

… et alors qu'il s'attendait à heurter durement le sol, ce fut un matelas tout aussi dur qui le réceptionna.

Un lit.

Judicieusement posté juste derrière eux. (La magie de l'écriture, comme c'est pratique !)

Et avant qu'Haizaki n'ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, une nouvelle fois, Kise passa à l'attaque.

Des lèvres avides vinrent se souder aux siennes.

Haizaki avait le goût de cigarette et de café, deux des drogues favorites de Kise...

Le top model appuya bien ses mains à plat sur le torse de son tortionnaire pour le maintenir en place ou était-ce sa victime ? Il ne le savait plus vraiment, mais ça n'avait plus d'importance. Surpris, Haizaki essaya bien de se dégager, sauf que Kise ne le laissa évidemment pas faire.

« A-attends Ryota… ! On peut pas faire ça ici… ! »

« Ne me dis pas qu'un bad boy bagarreur comme toi et sans doute habitué aux visites à l'hôpital n'y a jamais baisé… ? » Susurra t-il, provocateur et séducteur à la fois.

Et lorsque Kise commençait à devenir vulgaire, c'est que le point de non-retour avait été atteint, de même que le sommet de sa concupiscence.

Comme pour mieux asseoir son ascendant sur sa proie, Kise décida et bien justement de s'asseoir à califourchon dessus…

« T'es encore convalescent, c'est pas une bonne idée ! »

« Hier, j'étais bourré. Aujourd'hui, je suis convalescent. Et demain, ce sera quoi ton excuse pour ne pas me sauter… ? »

« … Le fait que ton cul doit probablement ressembler à un steak tartare actuellement et que tout l'hôpital a été contraint de faire la queue pour pouvoir l'admirer au microscope… ? »

« Justement. Tu me dois bien ça, vu que tu es le seul responsable de cette humiliation ! »

« J'suis pas certain que ça fonctionne de cette façon-là… »

« Says who ? » Répondit autoritairement Kise, en sortant de sa poche de blouse un petit tube de pommade.

D-de la Vaseline !? OMG, ne me dites pas qu'il l'avait piquée au même endroit que ses immondes lunettes de soleil vintage !? Kise la nympho kleptomane, qui l'eut cru Lustucru

« C'est de la pommade anesthésiante… » Précisa le malicieux renard. « Mais elle glisse bien, on peut s'en servir de lubrifiant sans crainte… »

Oh bah encore pire, tiens…

PSYCHOOOOPAAAAATHE !

« Et c'est censé me rassurer… ? »

« Ouais. »

« Ben ça ne fonctionne pas du tout. »

« Je ne te crois pas. »

« Ok, admettons que je marche et que je te baise comme tu le mérites. T'es conscient au moins que si tu t'en étales sur l'endroit auquel je pense, cette pommade va inévitablement se retrouver sur ma queue aussi ? Et je risque d'être anesthésié moi aussi et de ne plus rien sentir… »

« Ça annihile seulement la douleur, pas l'plaisir. » Mentit Kise.

Pourvu qu'Haizaki gobe ses foutaises…

« … »

« … »

Bataille de regards.

Qui se solda par un nouveau baiser aussi sauvage que passionné.

Match nul, un partout, balle au centre !

Et comme tout à l'heure à l'appartement, Kise ne portait rien en bas.

La main d'Haizaki effleura une fesse dodue et la caressa sensuellement.

« Sale petit allumeur… ça t'excite de te balader cul nu dans un hôpital public… ? »

« Et ça m'excite encore plus que tu sois le seul à le savoir… » Confia Kise en se penchant pour croquer un lobe d'oreille tentant.

Bon sang, ce maudit Kitsune facétieux allait le faire vriller un de ces jours à force de dire des trucs aussi cochons ! Ça devrait être interdit d'être aussi sexy… Et brutalement, Haizaki inversa les rôles. Kise se retrouva en dessous et lui au-dessus. Il se redressa et envoya valdinguer sa chemise avec un empressement non dissimulé, pour le plus grand bonheur de son ancien ennemi. Ses muscles finement ciselés… ça avait le don de rendre Kise dingue… en bon esthète qu'il revendiquait être. Ils reprirent leur bouche à bouche et roulèrent à nouveau sur le matelas, engageant une bataille féroce pour la dominance.

Et tandis que Kise avait finalement décidé de rester allongé sous Haizaki histoire d'en faire le moins possible, il autorisa ses mains à parcourir le corps musculeux de son compagnon, sans toutefois rompre leur baiser. Alors que ses doigts apprivoisaient monts et vallées, il sentit quelque chose… de bizarre. Comme une substance s'y déposer. Il y avait également une légère odeur cuivrée qui flottait dans l'air… et que Kise avait au départ attribuée aux ustensiles médicaux se trouvant disposés dans un plateau en métal posé près du lit…

?

Lentement, il ouvrit les yeux pour voir de quoi il s'agissait, pendant qu'Haizaki ondulait du bassin contre le sien comme pour mieux aiguiser la lame avec laquelle il s'apprêtait à le pourfendre…

Et en parlant de lame…

Haizaki avait dû se couper par inadvertance sur l'une d'elles dans sa chute.

Parce qu'en cet instant, il pissait le sang.

Il y en avait même sur les draps en plus de main de Kise.

Ah non hein ! Le blond n'allait plus pouvoir voir la couleur rouge en peinture avec toutes ces mésaventures !

Comment était-ce arrivé et surtout pourquoi ?

C'était comme si toutes les forces de l'Univers se liguaient contre Kise pour le réduire à l'abstinence !

« S-Shogo ! » S'affola Kise, tentant d'attirer son attention pour le prévenir.

« Quoi ? »

« Tu saignes ! »

Ah oui en effet.

Bon bah tant pis, ce n'était pas suffisant pour l'arrêter en tout cas !

« Pas grave. »

Il reprit ses baisers enflammés, mais Kise se dégagea.

« N-non, tu perds beaucoup de sang ! T'es… t'es vraiment en train de faire une hémorragie, je t'assure ! »

Cette fois, Haizaki avait fait très fort avec cette dernière excuse en date pour éviter d'avoir à le sauter. Oui, oui, Kise devait bien l'admettre. Ça dépassait de très loin tout ce à quoi il avait eu droit jusque-là. L'expression « se saigner aux quatre veines » venait donc de situations semblables à celle qu'ils étaient en train de vivre ? C'était peut-être un peu trop extrême, même pour lui et Kise le repoussa donc gentiment, l'obligeant à se redresser pour le libérer.

« Faut qu'tu vois un docteur tout de suite ! »

« Et qu'est-ce que tu comptes lui dire quand il demandera comment j'me suis fait ça ? Que j'ai « glissé » moi aussi… mais sur un scalpel ? »

« Imagine que ça s'infecte… » Fit Kise en aidant Haizaki à se tourner pour localiser sa blessure, située sur son flanc gauche. « Merde… c'est profond… ! Pardonne-moi, j'étais tellement pressé que je t'ai poussé sur ce fichu lit sans avoir pris le temps de vérifier que rien de dangereux ne se trouvait dessus… Tu dois avoir sacrément mal ! » Sanglota Kise.

Mal ?

Mal…

Mal !

Bordel, oui !

Vite, vite, il devait « avoir » mal !

Se tenant soudainement les côtes, Haizaki grimaça de douleur.

« Ah ouais putain… sur le coup j'avais rien senti dans l'excitation du moment, mais maintenant qu'tu l'dis j'ai super maaaal ! »

Kise se mordilla nerveusement les ongles… avant de se résoudre à aider son chéri à se rhabiller fissa pour retourner consulter le Docteur Jekyll


Douze points de suture (quand même, excusez du peu !) et une réprimande plus tard, au sujet de leur incapacité totale à mener le moindre rituel d'accouplement à son terme, Kise et Haizaki purent enfin sortir de cet endroit maudit. Haizaki ne possédant ETRANGEMENT aucune assurance santé, Kise fut obligé d'avancer le coût des soins à sa place. Heureusement que le Doctor Strange se montra conciliant à ce niveau… même si la facture fut horriblement salée, Etats-Unis obligent.

Nos deux éclopés rentrèrent donc clopin-clopant au bercail, se soutenant l'un l'autre physiquement. Tous deux avaient hérité d'une visite de contrôle à effectuer au retour d'Hawaii de Kise. Si tant était qu'il puisse partir finalement…

En tout cas, Kise fut soulagé de regagner l'appartement en un seul morceau, mais surtout de s'être enfin débarrassé de cette AFFREUSE blouse couleur vomi ! Pauvres patients, déjà qu'ils étaient malades, ils devaient en plus SUBIR un tel affront visuel !

Mais quand l'ascenseur s'arrêta enfin au dernier étage, Kise eut une impression bizarre.

Il était tard, il faisait déjà nuit et il n'y avait plus personne en bas, à la conciergerie. Jusqu'ici, rien d'anormal ou de surprenant, lui et Haizaki avaient passé tellement de temps aux urgences qu'en fait, une journée entière venaient de s'écouler. Cependant, le mauvais pressentiment de Kise ne se situait pas là. Non… il avait plutôt l'impression de sentir… comme une présence…

Pourtant, lorsqu'ils pénétrèrent dans le corridor menant au Penthouse, puis dans le Penthouse lui-même, tout semblait parfaitement normal. Rien ne sortait de l'ordinaire, mais Kise ne pouvait s'empêcher de se sentir… tendu. Quelque chose clochait, mais quoi ? Tout était à sa place et Zébu vint même les accueillir. Pauvre bébou, il avait dû s'ennuyer tout seul à les attendre dans cet immense appartement beaucoup trop grand pour eux. Tellement grand en réalité, que n'importe qui aurait pu s'y planquer pour les attendre en embuscade ahaha…

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Interrogea Haizaki.

« R-rien. »

Kise secoua la tête. Haizaki allait encore se foutre de sa gueule s'il disait que quelque chose lui semblait out of place… D'autant que cette intuition ne se basait sur rien de tangible, par essence. Kise préféra donc passer à autre chose.

« J'vais prendre une douche rapide, tu m'accompagnes ? » Proposa Haizaki en effleurant sa main.

« Non, j'suis trop crevé-là pour faire quoi que ce soit… J'crois que j'vais me poser dans le canapé et si je pionce pas déjà quand tu seras revenu, on pourra réfléchir à ce qu'on veut manger pour ce soir… »

« D'accord. » Il se pencha et le gratifia d'un rapide baiser.

Etrangement, l'adversité de cette journée riche en émotions les avait rapprochés. Leurs rapports semblaient apaisés. Mais pour combien de temps ? La fatigue ambiante ne devait pas y être pour rien non plus. On a fatalement moins la force de se disputer lorsqu'on est… à bout de forces, justement.

« Et fais gaffe à ton pansement, ok !? Tu as entendu le Docteur Rajan, ne mets pas d'eau dessus ! »

« Pfff… Il est même pas encore docteur, juste interne mais… ok, je vais essayer si ça peut te faire plaisir. »

Même Haizaki n'avait plus la force de protester à cette heure-ci !

Il se dirigea donc vers la salle de bain, abandonnant Kise à son sort. Ce dernier s'écroula dans le confortable canapé d'angle tout en cuir couleur crème de Vivi et il ferma les yeux quelques instants. Naaan, mauvaise idée, s'il faisait ça, c'était le dodo assuré ! Alors il lutta pour les garder ouverts et comme ça ne marchait pas, Kise décida de se lever. Ouais, s'endormir en position debout était nettement plus difficile et marcher allait sans doute l'aider à se réveiller. Il commença par faire quelques pas dans le salon, histoire de se dégourdir les jambes, puis, il se rendit dans la cuisine pour débarrasser le plan de travail. Autant faire quelque chose d'utile également… Le jeune homme jeta un regard noir en coin à la mixture préparée par Haizaki, qui avait eu le temps de bien se décomposer au fil de la journée. Dommage, il n'avait même pas pu la goûter au final alors que le brun s'était donné tant de mal pour la lui préparer… Une prochaine fois peut-être. En bannissant le Tabasco, évidemment.

A vie.

Plus jamais ça !

Trop de traumatismes !

Et alors que Kise regagnait le salon avec un verre d'eau fraîche dans les mains, il sursauta et le lâcha brusquement.

Le verre en cristal explosa en touchant le sol.

Non, ce n'était pas possible…

Comment avait-il pu entrer sans carte d'accès ?

Le jaune devait être en train de cauchemarder, c'était la seule explication plausible !

Car devant lui, tout juste sorti de l'ombre où il s'était jusque là tapi, se trouvait…

Aomine Daiki.


CLAP DE FIN ! (de chapitre hein, pas de fic ! Ce serait tellement salop de vous laisser là-dessus en guise de final aha ! ... Mais j'en serai capable !)

Quasi 25000 mots. (24700 et des brouettes.) Faut que j'arrête de pondre des chapitres à rallonge, vraiment. Surtout quand je me laisse emporter et qu'au final, il ne s'y passe même pas la moitié de ce que j'avais prévu... (genre au hasard : la confrontration avec Aomimi.)

Et reeee !

Bon alors, z'en avez pensé quoi ? Comme d'habitude, je n'ai pas encore "clean" ce chapitre afin de pouvoir le poster le plus vite possible pour les impatientes ;) (je vous vois !) Je le ferai donc au fur et à mesure, enfin, vous commencez à connaître maintenant...

Honnêtement, je ne sais pas en quoi en penser, ni ce que ça a bien (ou mal) pu donner... Le problème, quand vous faites le pari de partir très loin dans l'humour, à fond dans l'humour, même... c'est que ça plaît ou non. Certains vont trouver que ça fait "trop" et je peux les comprendre. Mais comme on me l'a très gentiment rappelé dernièrement, un auteur écrit avant tout pour lui. Et donc de ce fait, ce qui lui plaît. Et moi, bah... ça m'a plu de pousser les curseurs au maximum de ce que j'étais capable de produire en terme d'absurde. J'espère de tout coeur que cela se ressentira dans le résultat final.

En ce qui concerne les sempiternelles notes de fin de chapitre, à présent :

- Le titre de ce chapitre est bien entendu une référence à "Game of Thrones", mais ici point de Daenarys ni de Jon Snow, même si dans mon esprit, Kise et Haizaki sont tantôt feu, tantôt glace, mais jamais le même élément en même temps. Ce qui explique pas mal de décalages/désaccords entre eux.

- Le passage en italique au début du chapitre : simple rêve ou flashback de la part de Kise ? De qui est-il question (le bel inconnu) ? S'agit-il d'un simple fait sans conséquence pour la suite, mais si ce n'est pas le cas, quelles en seront les conséquences, justement ? A vos théories !

- Me semble que ça vient du film "Roger Rabbit" le coup du Tabasco pour soigner la gueule de bois... A vérifier... Spoilers : Ca ne fonctionne pas...

- Un jour, je l'écrirai cette fameuse partie de JDR version Miracles. J'ai déjà pensé à un rôle pour chacun ! A la base, ce segment devait figurer dans "Magical Dick" pour info. On verra si ça se maintient !

- ... On est obligés de se lancer dans ce ces recherches quand on se prétend "auteur". Olalala... j'étais pas prête... les gens sont vraiment fous... et le coup du piment dans la rondelle n'est même pas la pire chose que j'ai pu lire, laissez-moi vous le dire !

- Mon Dieu. Je réalise que j'aime beaucoup trop maltraiter physiquement mes personnages... J'avais déjà envoyé Aomine faire un tour à l'hôpital dans ma toute première fic sur KnB, "Shadows and Light." Morsure de serpent au kiki. Et ouais. D'ailleurs, j'avais déjà introduit dedans le personnage du docteur facétieux et à la fois consterné par la maladresse de nos héros. Même s'il a pris une forme légèrement différente dans cette fic-ci... Attendez-vous d'ailleurs à le revoir très bientôt ! Parce que Zaki et Kichan n'ont pas fini d'accumuler les petits bobos du quotidien ! (ou pas.)

- Pauvre Kise... je n'y suis pas allée avec le dos de la cuillère de la main morte avec lui dans ce chapitre... Mais j'avais un peu envie de casser son image "glamour", en le rendant plus vulnérable et donc, humain. J'espère y être parvenue !

- Normalement, il ne devrait plus pouvoir avoir de rapport sexuel pendant une bonne semaine. Mais la magie de la fiction fait que ce délai sera probablement écourté, donc réjouissez-vous !

- Haizaki qui a eu une réaction vraiment zarbi en voyant qu'il se vidait de son sang. OKLM le mec, rien ne semble pouvoir le déphaser quand il a décidé de tirer sa crampe... Remarquez, il y a vraiment des gens comme ça, la vie est avant tout une question de priorités...

- ... Et en parlant de priorités, la mienne est de vite poster pour aller retrouver mon lit !

- J'aime beaucoup trop écrire les interactions entre Kise et Haizaki. Ah bon, je l'avais déjà dit ? Tiens donc !

- Aomine. Evidemment, Aomine. Comment a t-il fait pour trouver l'adresse de nos deux zozos ? Des idées ? Mais surtout, que veut-il ? Certainement pas "Netflix and Chill"(y con carne), comme on dit...

A la prochaine ! (Je sais pas quuuuaaaaaaaand !)