Note des auteures : Petit retour en arrière.
Bonne lecture,
Yzan & Lili.
~8 : Parenthèse progressive.~
1er février, 5 ans plus tôt - I-Island.
Assis sur un fauteuil, pas des plus confortables, Masaru veillait sur le sommeil de son fils et de son petit-fils. Deux bonnes heures après l'accouchement, Hiroshi avait été habillé par la puéricultrice qui l'avait pesé et mesuré. Katsuki avait bien sûr râlé, arguant que son fils était minus, ce qui lui avait valu des remontrances de la part de Mitsuki. 39 cm pour 2,7 kilos étaient une taille et un poids parfaitement normaux pour un nourrisson prématuré d'un bon mois.
Si l'altercation entre le fils et la mère avait surpris la puéricultrice, elle avait grandement rassuré Masaru. Que Katsuki soit en état de râler et de se disputer avec sa mère, c'était bon signe. La transfusion, et la bonne heure et demie de sommeil prise au bloc, lui avaient visiblement fait du bien. La dispute avait duré durant tout le trajet entre le bloc opératoire et la chambre, faisant sourire ou choquant tous ceux qu'ils avaient croisés. Masaru ne s'en était pas formalisé, habitué depuis longtemps au regard des gens sur sa bruyante famille.
Une fois Katsuki installé dans un vrai lit, le berceau d'Hiroshi juste à côté de lui, le reste de la garde rapprochée de l'adolescent avait envahi la chambre. David et All Might s'étaient extasiés sur le petit bout d'homme, félicitant Katsuki pour avoir si bien travaillé. Aizawa avait eu le réflexe, heureux, de poser ses mains sur les oreilles d'Eri en voyant le blond ouvrir la bouche pour rétorquer un très élégant :
- Parce que vous trouvez que servir de cobaye à un taré et me la prendre dans le cul c'est du beau travail ?!
Hawks et Mélissa avaient pouffé avec autant de discrétion que possible, peu donc, devant les têtes effarées et choquées des deux amis qui tentèrent de se justifier. Eri avait, sans le vouloir, volé au secours des deux hommes en demandant à voir le bébé. Katsuki s'était étonnamment radouci, permettant à la fillette de monter sur son lit pour mieux voir le nouveau-né endormi dans son berceau.
Ce fut finalement une infirmière qui mit fin à la petite réunion où chacun avait pu se pencher sur le berceau et se perdre en conjectures sur l'avenir du dernier né de la famille Bakugo. Cela avait d'ailleurs amusé Katsuki qui avait comparé les quatre hommes aux fées de la Belle au bois dormant. Eri avait rit de bon cœur quand Hawks fut renommé Pimprenelle, David : Pâquerette, All Might : Flora et Aizawa : Maléfique. Les heures de visites étant terminées depuis longtemps, tout le monde repartit, laissant Masaru seul avec les deux plus jeunes.
Faute de n'avoir pu être d'aucune utilité lors de l'accouchement, Masaru avait tenu à rester cette nuit pour veiller sur son fils et son petit-fils. Il assista, amusé, au premier biberon d'Hiroshi, et aux gestes malhabiles de Katsuki. Avec sa douceur habituelle, il lui donna quelques conseils sur la manière de tenir le biberon, et sur les petites choses à surveiller durant la tétée. Katsuki bougonna, mais suivit les recommandations de son père.
Quand Katsuki sombra dans le sommeil, Masaru veilla, guettant le moindre signe de réveil chez le nouveau-né pour éviter que celui-ci ne réveille son père, épuisé par une fin de journée particulièrement éprouvante. Ce fut lui qui donna les deux biberons de la nuit, lui aussi qui changea la couche, fit faire le rot et berça son petit-fils, gardant un œil sur le visage paisible et endormi, quoiqu'encore pâle, de Katsuki.
Le jour se levait à peine quand Katsuki commença à s'agiter, ses sourcils se fronçant sous les sensations désagréables qui le tiraient loin des bras de Morphée. Rapidement, il identifia la sensation la plus forte : il avait envie de pisser. Ouvrant les yeux, il lui fallut quelques secondes pour remettre son environnement au clair. Il était à la clinique... Passant une main sur son ventre, il constata que celui-ci était bien plus plat et mou que précédemment.
Doucement, il se redressa et posa un regard curieux sur le berceau près de son lit. Visiblement, tout ça n'avait rien d'un rêve ou d'un cauchemar. Il avait réellement accouché hier. Il se souvenait de la douleur, de sa peur... Et de l'étrange fascination devant le bébé fraîchement sorti de son ventre. Un léger rictus ourla ses lèvres au souvenir de la visite de son entourage à son arrivée dans la chambre. Mais il était tellement épuisé que tout ça avait des allures irréelles.
Tendant un bras, il rapprocha le berceau monté sur roulettes de son lit, désireux de s'assurer que son petit squatteur était bel et bien là. Après tout, la veille il était tellement dans le gaz qu'il n'avait pas vraiment pris le temps de l'examiner de la tête aux pieds. En voyant la petite bouille endormie, son rictus se transforma en un doux sourire. Doucement, il caressa du bout des doigts les cheveux blonds qui dépassaient d'un bonnet vert.
- Comment te sens-tu ? l'interpella la voix apaisante de son père.
- Comme si un train m'avait roulé dessus, avoua Katsuki sans lâcher des yeux son fils. Il est blond...
- Ça peut changer, l'informa Masaru. A ta naissance, tu étais plus roux que blond. Tu es devenu vraiment blond au bout d'une semaine à peu près.
Fronçant les sourcils, Katsuki tenta de se souvenir de la couleur des yeux d'Hiroshi. Il les avait bien vu quand il lui avait donné le biberon hier soir.
- Bleus, souffla-t-il. Il a les yeux bleus...
- Comme tous les bébés à leur naissance, confirma Masaru en souriant. Mais il me semble avoir vu des reflets mauves dans ses yeux. Je pense qu'il les aura rouges, comme toi.
- Il a dormi toute la nuit ? demanda Katsuki d'un ton neutre.
- Non, il s'est réveillé deux fois, l'informa son père toujours aussi calme et doux. J'ai veillé à ce qu'il ne te réveille pas.
Devant le regard surpris de son fils, Masaru se justifia :
- Tu étais épuisé, tu avais besoin de dormir pour récupérer. J'ai donné les biberons et changé la couche. Ça m'a rajeuni de dix-sept ans !
Katsuki ricana doucement, soufflant un Papi narquois faisant rire ledit papi. Sa vessie pleine se manifestant de plus en plus, Katsuki entreprit de sortir du lit pour aller aux toilettes.
Avant même qu'il puisse poser les pieds au sol, son père était à ses côtés, le sermonnant :
- Je ne suis pas sûr que ce soit prudent de te lever si rapidement.
- J'ai envie de pisser, grogna Katsuki. Je vais pas pisser au lit !
- Il y a un urinal, contra Masaru.
- Pas question que je pisse dans cette merde ! tonna Katsuki en se levant malgré tout.
Mais dès qu'il fut debout, un vertige le prit, le faisant chanceler sur ses jambes. Masaru le rattrapa avant qu'il ne tombe, le grondant pour son entêtement. Voyant l'air déterminé de la chair de sa chair, l'adulte abdiqua et aida celui-ci à aller jusqu'à la petite salle de bain attenante où se trouvaient les WC. Masaru refusa de quitter la pièce le temps que son fils fasse ce qu'il avait à y faire, se contentant de lui tourner le dos pour lui laisser un minimum d'intimité.
- J'ai besoin d'une douche, annonça Katsuki quand son père l'aida à se réinstaller dans le lit, traînant le pied à perfusion avec lui.
- Seulement quand tu auras le feu vert du médecin, décréta Masaru. Regarde toi, tu tiens à peine debout et c'est parfaitement normal vu ce que tu as subi. Sois raisonnable.
- Je me sens très bien, tempêta le plus jeune.
Mais il se tut instantanément en voyant le regard sévère de son père. D'un ton dur et froid, Masaru claqua :
- Il y a douze heures, tu étais en train d'hurler sur une foutue table d'opération ! Tu as perdu beaucoup de sang ! Ton corps a subi un putain de traumatisme, alors tu vas rester sagement dans ce lit et suivre les recommandations du médecin ! Suis-je clair ?
- Très... Papa... souffla Katsuki un peu piteux de se faire réprimander comme un gamin.
L'infirmière qui entra dans la chambre mit fin à la colère de Masaru. Quand elle apprit que Katsuki s'était levé, elle le gronda sévèrement. Elle lui prit la tension, son pouls, sa saturation en oxygène, examina de près la cicatrice qui barrait le bas ventre du jeune homme. Elle lui donna des médicaments contre la douleur, lui expliquant qu'il sentirait sûrement des élancements dans son abdomen le temps que tout se remette en place.
Puis elle partit, laissant les trois Bakugo seuls. Peu après, on amena le petit déjeuner, Katsuki se jetant littéralement dessus. Lui qui n'avait rien avalé depuis le repas de midi la veille, mourait littéralement de faim ! Hiroshi se réveilla sur ces entrefaites et Masaru installa Hiroshi dans les bras de Katsuki. En voyant à quelle vitesse son fils avala son biberon, le blond explosif lâcha un "Morfale" qui fit bien rire Masaru.
Le médecin passa finalement à son tour, autorisant Katsuki à se lever et à prendre une douche. Il lui expliqua qu'il risquait d'avoir des urines sanglantes durant quelques jours, mais que ça n'avait rien d'inquiétant et que ce serait temporaire.
- Il est aussi très possible qu'il y ait un peu de sang dans tes selles.
- Mes quoi ? demanda Katsuki.
- Par l'arrière Katsuki, soupira Masaru.
- Ah... Quand je vais chier quoi...
Le médecin retint un rire, amusé par le franc parler de son patient. C'était une chose qu'il avait toujours trouvé très rafraîchissante. Et le langage fleuri de l'adolescent l'avait plus d'une fois fait sourire. Ses lundis matins allaient être bien moins amusants maintenant qu'il ne verrait plus le blond et son tuteur. Oui, ça allait lui manquer, même si en tant que médecin il était ravi que tout se soit bien passé pour le jeune homme.
A peine le médecin fut-il parti que Katsuki se faufila hors de son lit. Il chancela un peu, mais réussit à atteindre seul la salle de bain, heureux d'avoir été libéré de la perfusion. Il se glissa avec délectation sous la douche. Tout en se savonnant, il regarda ses pieds et ses bijoux de famille qu'il n'avait pas vu depuis plusieurs mois. Mine de rien, ça lui avait manqué. Passant une main curieuse sur son ventre, il soupira en constatant qu'il n'avait pas miraculeusement récupéré ses abdos d'antan si bien sculptés. Non, il avait encore un peu de bide, c'était mou et flasque. Il allait devoir bosser comme un dingue pour récupérer sa forme et sa silhouette d'avant.
Quand il sortit de la salle de bain, un peu plus pâle et la démarche flageolante, il avait revêtu l'un de ses pyjamas personnels, abandonnant sans remords l'horreur blanche appartenant à la clinique qu'on lui avait enfilé avant de quitter le bloc. Il se glissa avec délectation dans son lit, admettant en son for intérieur qu'il n'était, effectivement, pas au mieux de sa forme. Il sourit en voyant que son père s'était assoupi dans le fauteuil, visiblement vaincu par sa nuit blanche.
Quelques heures plus tard, en fin de matinée, Katsuki était debout devant un lavabo carré, les deux mains plongées dans l'eau chaude, suivant les instructions de la puéricultrice qui lui expliquait comment baigner son bébé. Dans l'eau, Hiroshi s'agitait doucement, soutenu par un bras paternel, l'autre main de son père passant avec mille précautions sur son petit corps fragile. Tout en écoutant les directives de la soignante, Katsuki profitait de l'instant pour examiner de près sa progéniture.
Dix doigts, dix orteils... Deux bras, deux mains, deux jambes, deux pieds... Le compte était bon. Entre les cuisses minuscules, se trouvait un appareil génital masculin tout aussi minuscule. De l'avis de Katsuki, de toute façon, son fils était minuscule. Minuscule et tellement fragile. Il avait peur de le casser. Bordel ! Lui, la douceur, c'était pas du tout son truc ! Pourtant, il se surprenait lui-même par la délicatesse de ses gestes.
- C'est très bien, le félicita sa professeur temporaire. Vous vous en sortez très bien. Vous pouvez le sortir et le poser sur la serviette. Soutenez bien sa tête...
Suivant les instructions, Katsuki déposa son bébé sur la serviette prévue à cet effet, l'emmitouflant rapidement dedans pour qu'il n'ait pas froid. Il suivit scrupuleusement les directives pour les soins de cordons, l'installation de la couche et l'habillage.
- Arrête de gigoter, foutu asticot, bougonna-t-il en tentant de passer une jambe agitée dans un pyjama orange et blanc.
Les pleurs qui retentirent soudain l'alarmèrent immédiatement.
- Qu'est-ce qu'il a ? Je lui ai fait mal ?
- Non, le rassura immédiatement l'auxiliaire de puériculture. Il a froid et sûrement faim.
- Comment je suis sensé deviner pourquoi il pleure ? s'inquiéta Katsuki en finissant d'enfiler le pyjama au nourrisson.
- Ça viendra, lui assura la professionnelle de santé.
Katsuki n'en était pas du tout convaincu, mais il ne dit rien, se contentant de prendre Hiroshi dans ses bras pour lui donner le biberon que son père lui tendit avec un sourire. Il n'était pas à l'aise avec ce tout petit être, si fragile et si dépendant. Et s'il faisait quelque chose de travers ? S'il le blessait sans le vouloir ?
- Tu t'en sors très bien, le rassura Masaru en s'installant près de lui sur le lit. Et les bébés sont plus solides qu'ils n'en ont l'air, ne t'inquiètes pas.
En début d'après-midi, la porte de la chambre s'ouvrit, dévoilant les visages souriants de Mitsuki, d'All Might et David. Mélissa et Eri suivirent, tout sourire elles aussi, ainsi que Hawks et Aizawa.
- C'est l'invasion, bougonna Katsuki du fond de son lit.
- On voulait voir le bébé ! répondit Eri en venant lui faire un câlin. Tu as bien dormi ?
- Ouais, et toi la naine ? répondit Katsuki.
- Pas trop, avoua la fillette. Ils ont fait beaucoup de bruit, ajouta-t-elle en désignant les adultes.
Ceux-ci prirent un air faussement innocent qui fit froncer les sourcils de Katsuki. Il nota rapidement les légères cernes sous les yeux des cinq adultes. Jetant un regard curieux à Mélissa, il l'interrogea muettement.
- Disons qu'Hiroshi a été très arrosé, répondit la jeune fille en riant.
- Putain, j'y crois pas, râla immédiatement Katsuki. Vous vous êtes saoulés ! Bande de poivrots !
- Dis donc, protesta Mitsuki, c'est pas tous les jours qu'on devient grand-mère !
- Et nous tontons, décréta Hawks en se penchant sur le berceau. Coucou toi ! Oh ! Il est réveillé !
- Normal avec le bordel que vous faites, tempêta Katsuki.
- Je peux ? demanda Hawks en désignant le nourrisson.
- Ouais... répondit le blond explosif après une légère hésitation. Mais fais gaffe ! Et tiens lui bien la tête !
Hawks suivit les recommandations du jeune père et prit le bout de chou dans ses bras. All Might et David s'approchèrent immédiatement, se penchant par-dessus les épaules du héros ailés.
- Coucou, dit doucement Hawks. Moi, je suis tonton Kei !
- D'où t'as vu que t'étais son tonton, l'emplumé ? bougonna Katsuki. Et ça sort d'où ça, tonton Kei ?
- Tonton Hawks c'est moche, expliqua l'interpellé. Et ça va finir en Ton toast ! Et mon prénom c'est Keigo... Donc tonton Kei.
- Moi c'est tonton Might, dit All Might en agitant sa main devant le visage enfantin.
- Et moi, tonton Dave !
Katsuki protesta, mais ne fut nullement écouté par les adultes qui avaient décidé d'être les tontons du bout de chou. Même Aizawa, qui n'avait certainement rien demandé, se retrouva renommé tonton Shota quand on lui mit d'autorité le bambin dans les bras.
- Moi aussi je veux être tata ! s'écria Eri.
- Tu es trop jeune, lui répondit Mélissa. Tu seras sa grande sœur !
L'arrangement ravit la fillette, et fit lourdement soupirer Katsuki. Il n'avait visiblement vraiment pas son mot à dire dans l'histoire…
Il soupira encore plus fort quand David dégaina son appareil photo, prenant des photos de chacun avec Hiroshi. Il fit aussi plusieurs photos de groupe. Eri fut absolument extatique quand Mitsuki lui mit avec douceur le bébé dans les bras pour faire une photo. Elle grimpa sur le lit quand Katsuki donna le biberon, ses grands yeux rouges brillants d'admiration pour le petit bonhomme qui tétait goulûment son repas.
- Au fait, lâcha soudainement Aizawa, on a un cadeau pour Hiroshi.
- Oh oui ! rit All Might. On a eu du mal à le trouver.
Katsuki prit le paquet tendu vers lui, jetant un regard curieux à tous ceux qui l'entouraient. Lentement, il déballa le cadeau. Il se figea en voyant une peluche grande comme sa main... Une peluche à l'effigie du jeune héros prometteur : Red Riot.
- On a hésité avec celle de Deku, expliqua Hawks. Mais Aizawa nous a dit que Kirishima était ton meilleur ami, alors on a décidé que ce serait lui.
Voir son camarade, en bien plus petit et plus duveteux, le fit sourire. Mais sans qu'il comprenne pourquoi, son amusement disparut aussi vite qu'il était apparu, remplacé par une furieuse envie de pleurer. Il lutta quelques valeureuses secondes avant de fondre en larmes, se recroquevillant sur lui-même pour se cacher de son public devenu indésirable.
- Cette satanée tête d'ortie, sanglota-t-il éperdu.
Deux bras doux l'enserrèrent et il se retrouva dans le giron de sa mère qui lui frotta doucement le dos.
- T'as toujours été pressé, souffla-t-elle avec une pointe de moquerie. Normalement, le baby blues c'est quatre ou cinq jours après l'accouchement. Pas dès le lendemain.
- Foutues hormones de merde, râla son fils entre deux reniflements bruyants.
- Justement, tu n'en as plus, lui expliqua Mitsuki. Tu vas être à fleur de peau pendant quelques jours, mais ça va passer.
- Fais chier... merde !
- Je sais...
Quand il se fut repris, Katsuki remercia du bout des lèvres les autres pour le présent, les accusant cependant de vouloir traumatiser son fils en le mettant nez à nez avec un abruti pareil. Mais il glissa tout de même la peluche dans le berceau, près du nourrisson qui dormait profondément, nullement perturbé par l'agitation autour de lui. Cette nuit-là, ce fut Mitsuki qui resta à la clinique avec Katsuki, au grand damne du personnel, les deux blonds passant beaucoup de temps à se disputer bruyamment pour tout et n'importe quoi.
~oOo~
Mars, 5 ans plus tôt. I-Island.
Debout dans le terminal, Katsuki fixait ostensiblement le kiosque à journaux tout près. Il ignora volontairement la discussion juste à côté de lui, ses mains se crispant sur les poignets de la poussette où dormait Hiroshi. Il sentit la présence de son père qui s'approchait de lui, mais ne tourna pas la tête, ses doigts se crispant un peu plus sur leur prise. Non, il ne boudait pas... Non, il n'allait pas pleurer comme un foutu gamin... Et non, il n'allait pas hurler à la trahison. Il l'avait déjà fait la veille et ça n'avait rien donné. La preuve, aujourd'hui il était là, dans ce foutu aéroport !
Ses parents retournaient au Japon. Après un peu plus d'un mois loin de chez eux, ils lui avaient annoncé hier qu'ils repartaient le lendemain. Qu'ils repartaient, et seuls ! Le laissant avec David et Hiroshi. Lui, il n'avait pas le choix, le médecin voulant continuer à le suivre pour s'assurer que tout allait bien. Et Katsuki se sentait trahi, et abandonné. Merde ! Il n'allait pas se remettre à chialer ! Il allait devoir assumer pleinement son rôle de père, rôle qu'il avait volontiers délaissé depuis son retour de la maternité.
Faisant fi des recommandations du médecin, Katsuki avait repris l'entraînement, seul; partant courir de longues heures dans le parc près de chez David, parfois même plus loin. Il avait aussi repris les exercices de base, tels que les abdos, les pompes, le gainage et autres. Il devait absolument retrouver sa forme d'avant sa grossesse ! Il n'avait donc pas le temps de pouponner. Alors, il avait laissé ses parents gérer Hiroshi la plupart du temps. Il avait cependant gardé son bébé dans sa chambre, et s'occupait de lui la nuit. Ça limitait ses heures de sommeil, mais c'était le moins qu'il pouvait faire.
Masaru et Mitsuki avaient joué leurs rôles de parents de substitution sans trop broncher, ou en tout cas pas assez pour que Katsuki ne le remarque vraiment. De temps en temps, ils l'obligeaient à s'occuper du bain ou à aller en promenade avec son fils dans la poussette ou le porte bébé. Et si Katsuki appréciait ces petits moments, il ne souhaitait nullement que ça devienne son lot quotidien. Il devait devenir un héros ! Et il avait du retard à rattraper sur ses camarades, et une silhouette musclée à récupérer.
Suivant les recommandations du médecin, Aizawa ne viendrait l'entraîner qu'à partir de la semaine prochaine. Et Katsuki enrageait devant ce délai ! Pourquoi devait-il attendre cinq foutues semaines avant de reprendre les entraînements ? C'était trop long ! Surtout qu'il avait appris par ses potes, qu'au vu de leurs expériences et du manque de héros, ils passaient tous leur licence définitive avec un an d'avance. Donc dans moins d'un mois ! Et lui qui avait espéré pouvoir la passer en même temps qu'eux, prévoyant de bosser comme un acharné pour combler son retard ! Il serait donc forcément à la traîne !
Il s'était salement fait remonter les bretelles par ses parents, par David, par Mélissa et par le médecin, quand un soir il s'était effondré au beau milieu du salon. Amené de toute urgence à l'hôpital, il avait dû avouer avoir fait un tour à la salle de musculation pour soulever un peu de fonte. Il n'avait pas anticipé que son corps n'apprécierait pas l'effort et le trahirait. Pourtant sur le moment, il n'avait pas eu l'impression que quelque chose n'allait pas.
Mais en rentrant à l'appartement, il avait été faire un tour aux toilettes. Il avait blêmi en voyant la quantité de sang qui avait tapissé les parois blanches des sanitaires. Il aurait pu cacher l'incident si sa tête ne s'était pas mise à tourner alors qu'il arrivait dans le séjour pour le repas. Sa vision avait viré au noir et il s'était effondré. Résultat des courses : un sacré savon, l'interdiction formelle d'approcher une salle de musculation jusqu'à nouvel ordre, et une semaine de repos forcé.
Contraint et forcé, Katsuki avait un peu levé le pied, peu désireux de renouveler l'expérience. Le médecin l'ayant autorisé à courir, il poursuivit ses joggings quotidiens, se tenant cependant un peu plus à l'écoute de son corps. Il avait bon espoir d'être en mesure de reprendre des entraînements vraiment sérieux dès l'arrivée de son professeur. Mais voilà, son emploi du temps millimétré allait être totalement bousculé par le départ imprévu et plus que rapide de ses parents.
- Katsuki, soupira Masaru en posant une main sur l'épaule de son fils boudeur. Tu comptes nous dire au revoir quand même ?
- Pourquoi ? souffla l'adolescent d'un ton dur. Pourquoi vous partez ?
- Il faut qu'on reprenne le travail, expliqua pour la énième fois Masaru avec patience.
- Mais j'ai besoin de vous ! contra Katsuki en se retournant pour planter ses yeux un peu trop suppliants dans ceux de son père.
- Tu as David, et Shota arrive dans quelques jours, tu ne seras pas seul, contra calmement Masaru.
Voyant que son entêté de fils ne disait plus un mot, Masaru l'attira contre lui, soulagé de sentir que celui-ci ne résistait pas à son étreinte.
- Tu vas très bien t'en sortir, le rassura-t-il. Hiro a besoin de toi, pas de nous. Tu es un garçon intelligent, je suis certain que tu t'en sortiras. Nous avons totalement confiance en toi.
- Et si je merde ?
- Ça n'arrivera pas, assura Masaru.
Katsuki se dégagea finalement de l'étreinte paternelle, levant les yeux vers Masaru qui lui sourit avec confiance. Mitsuki profita de l'occasion pour enlacer son fils avec une ferveur très exagérée, s'amusant de l'entendre râler en se débattant dans ses bras. Elle échangea un regard avec son époux, tous deux soulagés de retrouver leur sale gosse impertinent plutôt que le garçon renfermé et boudeur auquel ils avaient droit depuis la veille.
Une voix féminine appela les passagers de leur vol, et le couple Bakugo s'éloigna, saluant une dernière fois David et Katsuki. Ils sourirent largement en voyant la main de Katsuki se lever vers eux, en un salut sobre et discret. Près du jeune homme, David agitait son bras avec ferveur, souhaitant bon retour aux époux, et leur promettant que tout se passerait bien. Mitsuki et Masaru tendirent leurs billets à l'hôtesse, empruntant la passerelle les menant vers l'avion.
- On fait le bon choix, n'est-ce pas ? demanda doucement Mitsuki alors que l'avion prenait son envol.
- Oui, la rassura Masaru. Katsuki doit assumer, et il ne le fera pas si nous sommes là pour pallier à sa place.
- Il est jeune, soupira Mitsuki. Il est si jeune. Et ce n'est pas comme s'il l'avait voulu.
- Mais il a décidé de le garder, tempéra Masaru. Et même s'il ne le dit pas, il l'aime son petit bonhomme.
Mitsuki hocha la tête avec un sourire. Bien évidemment que Katsuki nierai, même sous la torture, avoir de l'affection pour son fils. Pourtant, c'était visible comme le nez au milieu de la figure pour quiconque l'avait vu s'en occuper. Mais Katsuki était terrifié à l'idée de mal faire, aussi se déchargeait-il de ses responsabilités sur ses parents. Le connaissant bien, ceux-ci avaient vite compris le manège de leur fiston et ses raisons.
Bien sûr que Katsuki avait hâte de retrouver sa forme d'avant sa grossesse, bien sûr qu'il voulait à tout prix obtenir sa licence définitive aussi rapidement que ses camarades de classe. Katsuki avait toujours voulu être le premier, le meilleur, en tout. Il ne supportait pas la médiocrité et ne faisait jamais rien à moitié. Mitsuki et Masaru en avaient parfaitement conscience.
Mais le malaise de Katsuki deux semaines auparavant les avait alarmé. Katsuki avait toujours pris soin de son corps, conscient que c'était son arme, son futur outil de travail. Il l'avait forgé avec soin, l'entretenait avec tout autant de soin et avait toujours été attentif à ses besoins et ses limites. Qu'il force au point de se retrouver à l'hôpital ne lui ressemblait pas. Mis à part durant les nombreux combats qu'il avait mené, Katsuki ne s'était jamais mis en danger ainsi.
Cela sembla évident au couple : Katsuki fuyait ses responsabilités avec ses entraînements, effrayé par celles-ci. Et ce n'était pas une solution, ni pour lui, ni pour son fils. Mitsuki et Masaru en avaient alors longuement discuté avec le médecin, avec David, et avec les autres personnes informées de la situation particulière de l'adolescent. Et tout le monde était arrivé à la même conclusion : il ne fallait pas laisser d'échappatoire à Katsuki. Bien sûr, ils le soutiendraient et tous seraient prêts à le soulager de temps en temps de ses responsabilités paternelles. Mais il n'était pas question de se substituer à lui.
Cela pouvait sembler cruel, mais Masaru et Mitsuki connaissaient bien leur têtu de blondinet, et savaient que c'était la meilleure solution. David avait la lourde charge de s'assurer que tout se passerait au mieux, et de tenir informé le reste de la troupe du déroulement de la situation. Et Aizawa arriverait dans moins d'une semaine et pourrait apporter conseils et soutien à son élève le plus borné.
Quelques jours plus tard, Mitsuki sourit en voyant la photo que venait de lui envoyer David. Sur la photo, Katsuki faisait son footing quotidien, un sac sur le dos, un porte bébé sur le ventre, sa veste partiellement fermée ne laissant voir que le haut de l'accessoire d'où dépassait le sommet un petit bonnet vert. Visiblement, Katsuki avait trouvé le moyen de conjuguer son emploi du temps sportif avec ses obligations de père. Elle s'empressa de montrer la photo à Masaru, s'amusant avec lui de l'ingéniosité de leur fiston.
~oOo~
Mai, 5 ans plus tôt. I-Island.
Dans la salle d'entraînement prêtée par le centre où travaillait David, Aizawa observait Katsuki qui suait sang et eau sur une barre de traction. Torse nu, l'adolescent effectuait sa soixante-treizième traction, son visage grimaçant sous l'effort. Machinalement, Aizawa examina le torse du jeune homme, torse qui n'avait plus grand chose à envier à celui que le blond avait avant sa grossesse.
Depuis presque deux mois, Aizawa, Hawks et All Might se relayaient auprès du jeune père pour le remettre en forme et à niveau, afin qu'il puisse passer sa licence définitive le plus rapidement possible, ses camarades l'ayant déjà obtenue depuis plus d'un mois. N'ayant pas fait d'autres exercices qu'une demi-heure de marche quotidienne, et ne s'étant pas servi de son alter, durant des mois, Katsuki avait dû réhabituer son corps à l'effort, et à son alter.
Ses épaules avaient fortement protesté lors de la première utilisation de son alter, n'ayant plus l'habitude, ni la force, d'encaisser le recul des puissantes explosions du blond. Son endurance avait aussi grandement diminué et il était bien moins souple qu'avant. Bref, il avait fallu tout reprendre depuis le début et ça avait fait enrager Katsuki plus d'une fois. Mais, l'adolescent était un acharné qui ne lâchait jamais rien, et il avait fait de rapides progrès.
Un pleur enfantin attira l'attention d'Aizawa vers le transat installé dans un coin de la salle et vers son occupant : Hiroshi, 3 mois et demi. S'occuper du bébé tout en supervisant les entraînements de son élève ne posait aucun problème à Aizawa. Il prit donc le petit bonhomme dans ses bras et prépara le biberon qu'il fit chauffer. Une fois le biberon prêt, il cala le bout de chou sur son bras et lui donna son repas.
Son regard s'attarda sur la bouille enfantine avec tendresse. Les cheveux blonds du nouveau-né avaient laissé place à une épaisse chevelure vert pâle, toute aussi ébouriffée que celle de Katsuki. Les prunelles bleues avaient rapidement tourné au violet, avant de devenir définitivement de la même couleur écarlate que celles de Katsuki. Aizawa n'avait pas eu besoin que Masaru lui mette sous le nez des photos de Katsuki au même âge pour voir la ressemblance entre les deux. Elle était flagrante.
Un bruit sourd lui fit relever les yeux, et il vit Katsuki assis en dessous de la barre de traction, reprenant son souffle après l'effort fourni.
- Prends deux minutes pour récupérer, on va passer à la suite, annonça le professeur non sans un léger sourire sardonique.
Katsuki ne dit rien, se redressant lentement, mais n'en pensa pas moins : Aizawa était un vrai sadique !
~oOo~
Les pleurs enfantins résonnaient dans la chambre, Hiroshi s'égosillant à s'en péter les cordes vocales dans les bras de son père désespéré. Deux heures... Cela faisait deux heures que Katsuki essayait vainement de faire taire son fils. Hiroshi l'avait réveillé à minuit et la pendule avait l'amabilité de l'informer qu'il était maintenant près de deux heures du matin. Katsuki avait d'abord pensé qu'Hiro voulait son biberon. Il le lui avait donc préparé avant de le prendre dans ses bras et de s'installer pour le lui proposer.
Mais le biberon avait été totalement ignoré par le petit braillard. Katsuki avait donc vérifié la couche et l'avait changé. A aucun moment les pleurs n'avaient cessé. Le blond avait donc tenté de bercer son fils, puis de faire du peau à peau, se mettant torse nu pour coller le corps dénudé de son petit bonhomme contre lui. Mais rien n'y avait fait. Hiroshi pleurait encore et toujours.
Et Katsuki n'en pouvait plus. Il était fatigué par un entraînement particulièrement intensif et par des nuits régulièrement entrecoupées par les pleurs du bambin, Hiroshi ne faisant pas encore complètement ses nuits. Se sentant de plus en plus sur les nerfs, le jeune père préféra reposer son fils dans son lit à barreau, craignant de faire quelque chose qu'il regretterait s'il le gardait dans ses bras.
Malgré sa fatigue et les vagissements qui lui vrillaient les tympans, Katsuki tenta de réfléchir aux raisons d'une telle crise nocturne. Ce n'était pas rare qu'Hiroshi pleure la nuit, et il était parfois plus difficile à calmer que d'autres. Mais ça n'avait jamais été à ce point ! Dans son petit lit, Hiroshi s'égosilla encore plus fort et Katsuki craqua :
- La ferme ! hurla-t-il en balançant le biberon non bu contre le mur. Ta gueule putain ! Ferme ta gueule !
Puis il sortit en courant de sa chambre, claquant violemment la porte, incapable de rester là, terrifié à l'idée de ce qu'il pourrait faire à son fils sous le coup de la colère. A peine eut-il fait deux pas dans le couloir qu'il percuta David. Ce dernier travaillait dans son laboratoire quand, voyant l'heure avancée de la nuit, il avait décidé d'aller se coucher. En arrivant dans l'appartement proprement dit, il avait entendu les pleurs d'Hiroshi et surtout les cris de Katsuki.
- Katsuki, dit le scientifique en retenant l'adolescent contre lui. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- J'en sais rien, j'en sais rien putain, sanglota Katsuki à bout de nerfs. Il arrête pas... Et je sais pas ce qu'il a ! J'en peux plus, putain ! Je suis nul comme père ! J'arrive même pas à savoir pourquoi il pleure ! Je peux plus... Je peux pas...
- Chuuttt, soupira David. Tu t'en sors très bien jusque là. Mais tu es fatigué, et là tu as besoin d'une pause. Va dans le salon, prend l'air sur la terrasse. Je prend le relais, ok ?
Un simple hochement de tête avec un reniflement sonore lui répondit et David relâcha son étreinte autour du corps tremblant de Katsuki, le laissant partir. Oui, le jeune père avait besoin d'une pause, et David se promit de s'occuper d'Hiroshi toute la journée et la nuit du lendemain pour permettre au lycéen de souffler un peu. Entre les entraînements et son fils, ce dernier avait fort à faire, et ça n'avait rien d'étonnant qu'il finisse par craquer.
Katsuki traversa le salon au pas de charge et ouvrit sans aucune douceur la baie vitrée pour se précipiter sur la terrasse. L'air frais de la nuit sur son torse nu le fit frissonner, mais il n'en tint pas compte. Il courut à l'autre bout de la terrasse, se jetant presque contre le garde-fou, ayant besoin de mettre le plus de distance possible entre lui et son fils. Il se laissa tomber au sol, et essuya les larmes qui coulaient sur ses joues.
Il était pitoyable. Quel genre de père n'était même pas foutu de savoir pourquoi son gosse pleurait ? Quel genre de père se mettait à hurler sur un bébé en balançant un putain de biberon sur le mur ? Quel genre de père devait quitter la chambre de son fils de peur de faire une bêtise ? Il le savait qu'il n'était pas fait pour ça putain ! Il aurait dû laisser Hiro à ses parents, quitte à les supplier pour qu'ils acceptent. Il était certes doué pour beaucoup de choses mais pas pour ça…
Putain, mais qu'est-ce qu'il avait fait ? Qu'est-ce qui lui avait pris de s'énerver comme ça ? C'était un bébé ! Une toute petite chose fragile et innocente. Il y avait forcément une raison à ses pleurs. Et lui, il avait à peine cherché, s'énervant et gueulant sur son fils alors que son petit bonhomme n'y était pour rien. C'était lui qui était à chier comme père ! C'était lui qui devrait se faire engueuler, pas son fils.
- Katsuki ?
La voix de David attira l'attention de Katsuki sur l'adulte qui s'avança à sa rencontre un air soucieux sur le visage. Voyant qu'il avait l'attention de l'adolescent, David s'avança jusqu'à lui.
- J'emmène Hiro voir le pédiatre, expliqua posément le scientifique. Il ...
- Quoi ?! s'exclama Katsuki affolé, se levant d'un bond. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a ?
- Sûrement rien de bien grave, le rassura David. Mais, il a de la fièvre. Je lui ai mis un suppo de doliprane et j'ai appelé le médecin qui nous attend.
David vit Katsuki baisser la tête et serrer les poings.
- Merde, souffla ce dernier. J'ai rien vu... Je suis vraiment un putain de père de merde !
- Non, le contredit David. Tu es juste épuisé...
- J'ai même pas pensé à lui prendre la température, sanglota Katsuki. Quel con !
- Katsuki, soupira David. Tu gères seul Hiro, et tu le fais très bien. Vraiment ! Tellement bien, qu'on a tous oublié que tu avais besoin de souffler de temps en temps. Ne te culpabilise pas pour avoir craquer. C'est parfaitement humain. Tu es épuisé.
Voyant qu'il n'avait pas totalement convaincu l'adolescent mais que celui-ci ne semblait pas prêt à entendre ses arguments, David reprit :
- Je vais emmener Hiro chez le médecin et toi tu vas dormir un peu.
- Non, souffla Katsuki. Je viens. De toute façon, je ne pourrais pas dormir tant que je ne saurai pas ce qu'il a.
David se chargea d'emmitoufler Hiro dans sa turbulette pendant que Katsuki enfilait un sweat et ses chaussures. Il installa le bébé, qui pleurait toujours à grands cris, dans le siège auto, avant de s'installer derrière le volant et de prendre la direction du cabinet du pédiatre. Vu la particularité de la naissance d'Hiroshi, le médecin avait donné son numéro personnel à Katsuki et lui avait assuré qu'il le recevrait à toute heure, même au beau milieu de la nuit. Il tenait visiblement parole.
Moins d'une heure plus tard, Katsuki sortait de chez le pédiatre son fils, enfin calmé, dans les bras, infiniment soulagé. Ce n'était rien, rien de plus qu'une otite. Quelques jours d'antibiotiques et le problème serait réglé. Rien de bien grave donc. Le pédiatre avait été plus que rassurant. Les otites étaient une infection courante chez les enfants, et bien soignées, c'était sans conséquence.
Cela ne calmait nullement sa culpabilité, ni son impression d'être le pire père du monde, mais au moins ce n'était pas dangereux pour la santé de son fils. Et ce dernier s'était enfin endormi, la fièvre étant tombée grâce au suppositoire que lui avait mis David. Katsuki s'installa sur le siège passager à l'avant de la voiture de l'adulte, après avoir installé Hiro dans son siège auto, tout en luttant contre les larmes qui menaçaient de noyer ses joues.
Il s'était senti tellement impuissant, tellement nul, tellement incapable de calmer les pleurs de son fils, et totalement incapable de se contenir. Et maintenant, il se sentait encore plus nul. Comment il avait pu ne pas voir que son bébé souffrait ? Comment il avait pu ne pas sentir qu'il avait de la fièvre ? Et comment il avait pu en arriver à regretter de ne pas l'avoir abandonné ? Il adorait Hiroshi. Il était juste nul pour s'en occuper.
- Tu sais, dit David, un léger sourire aux lèvres, sortant l'adolescent de ses pensées moroses. Quand Mélissa était petite, ça m'est arrivé aussi, plus d'une fois, de ne pas savoir quoi faire quand elle pleurait. Ça m'est même arrivé de m'énerver aussi. Une fois, j'ai cassé une assiette en la balançant par terre, tellement j'étais à bout.
Katsuki jeta un œil dubitatif au scientifique, ayant bien du mal à imaginer l'adulte, si calme et si souriant, s'énerver.
- Si, si crois-moi, rit David. Si tu as des doutes, tu peux demander à All Might. Il a souvent joué la nounou quand je n'en pouvais plus. Et si tu en parles à tes parents, je suis certain qu'ils auront aussi des anecdotes du même genre à te raconter. Tous les parents passent par ce genre de moments. On est fatigué, on n'ose pas demander de l'aide parce qu'on a l'impression qu'on doit tout faire tout seul pour être parfait. On se met une pression de dingue. Et finalement, un jour, on craque. En général, lors d'une crise de larmes du marmot.
Katsuki hocha la tête, comprenant ce que disait David. Étrangement, entendre tout ça, le soulagea un peu. Il en parlerait sûrement avec ses parents demain, pour finir de se rassurer totalement. Voyant qu'il avait réussi à se faire entendre par l'adolescent, David poursuivit.
- Et dans ton cas, c'est encore plus normal que ça arrive. Tu n'as que dix-huit ans, et tu as déjà beaucoup de pression sur les épaules rien qu'avec tes entraînements.
David ne précisa pas que cette pression, Katsuki se la mettait tout seul. Ce n'était nullement le sujet.
- On va rentrer, et tu vas dormir dans ma chambre, expliqua calmement le scientifique. Je m'occuperait d'Hiro cette nuit et demain aussi. Hawks n'arrive qu'après demain pour ton entraînement. Demain, je veux que tu te reposes, que tu récupères le sommeil que tu as en retard. Que tu penses un peu à toi...
- Et ton boulot à toi ? grogna Katsuki.
- Mon boulot va survivre à une journée de baby-sitting, le rassura David. Tu es un bon père, Katsuki. N'en doute pas. Mais tu as besoin de souffler. Alors, demain c'est la pause. Appelle tes amis, tes parents, joue aux jeux vidéos, regarde la télé, sors, va faire les magasins, au cinéma... Bref, demain, tu fais ce que tout adolescent de dix-huit ans ferait... Ok ?
Fatigué et n'ayant pas envie d'argumenter pendant des heures, Katsuki céda. A peine sa tête toucha-t-elle l'oreiller de David qu'il s'endormit aussitôt. Après une grasse matinée et une journée passée à jouer aux jeux vidéos, enfermé dans la chambre du scientifique, il retrouva avec grand plaisir son petit bonhomme. Il s'en voulait encore pour sa réaction disproportionnée de la nuit passée et se promit de surveiller son fils comme du lait sur le feu pour ne plus passer à côté de la moindre petite infection.
Mais il dût admettre que cette pause imposée par David lui avait fait le plus grand bien, et vu les gazouillis qu'Hiro fit quand il le prit dans ses bras, ce dernier ne lui en voulait absolument pas de l'avoir abandonné pendant quelques heures. Il n'aurait jamais dû s'énerver comme ça, mais c'était vrai qu'il était au bout du rouleau. Ne pas avoir à se soucier de son fils pendant toute une journée lui avait permis de souffler et de se retrouver.
~oOo~
Les yeux rivés sur le visage poupin situé juste sous le sien, Katsuki eut un rictus en voyant Hiroshi tendre ses mains vers lui pour l'attraper.
- C'est trop mignon, sourit Hawks, tu veux ton papounet ?
- Putain, arrêtez avec ce nom débile, grogna Katsuki, le souffle court.
Actuellement, il faisait des pompes, sous la supervision du héros ailé qui lui avait installé Hiroshi juste sous le nez, dans le sens inverse de lui.
Le petit bonhomme semblait trouver très amusant de voir son père se rapprocher puis s'éloigner, tendant ses petites menottes vers lui tout en gazouillant. Une odeur nauséabonde vint délicatement chatouiller les narines sensibles de l'adolescent.
- Hey, l'emplumé, grogna-t-il. Faut changer sa couche !
- Quoi ?! s'affola Hawks. Mais j'ai jamais fait ça !
- Ben tu vas apprendre !
- Ou tu fais une pause pour le faire...
- Non ! Tu m'as dit : pas de pause tant qu'en j'en ai pas fait cent cinquante... alors pas de pause !
Hawks fixa un regard désabusé sur l'adolescent qui faisait des pompes. Ce dernier lui lança un coup d'œil narquois, visiblement enchanté à l'idée de voir le héros ailé se débattre avec une couche. Avec un soupir résigné, Hawks alla chercher le sac contenant tout le nécessaire et s'agenouilla devant le duo Bakugo.
- Va falloir que tu me guides, dit-il à l'attention du jeune père. J'ai jamais fait ça moi...
Suivant les instructions de Katsuki, explications un peu hachées par le souffle court du jeune homme, Hawks commença par déshabiller partiellement Hiroshi. Il déboutonna le bas du body, dévoilant la couche ornée de motifs enfantins. Doucement, il ouvrit la couche, l'odeur nauséabonde assaillant immédiatement les narines du héros ailé qui fronça le nez.
- Eurk... ça pue ! Comment c'est possible qu'une si mignonne petite chose pue autant ? râla-t-il.
- Parce que ça sent la rose quand tu chies toi ? ricana Katsuki.
Toujours en suivant les directives de Katsuki, et en grimaçant régulièrement, Hawks nettoya le fessier enfantin. Il venait de glisser une couche propre sous le postérieur d'Hiroshi quand il se prit brusquement un jet d'urine en plein visage.
- Bien joué le nain de jardin, rit Katsuki, se moquant ouvertement de son héroïque professeur.
Hiroshi gazouilla joyeusement, un sourire dévoilant sa petite bouche édentée, les deux mains tendues vers le visage paternel.
- Tu savais que ça allait arriver, accusa Hawks en s'essuyant le visage avec des lingettes.
- Tu te feras pas avoir la prochaine fois, se moqua Katsuki tout en poursuivant ses pompes.
Lui aussi s'était fait avoir la première fois, et il avait vite compris comment éviter ce genre d'incident. Mais pas question de donner l'astuce à son emplumé de professeur. Hawks protesta tout en refermant la couche et rhabillant le marmot, l'accusant d'être aussi insolent que son père, ce qui bien sûr amusa ledit père. Repoussant le sac, il se rassit devant le duo, un doux sourire étirant ses lèvres en les regardant.
Hiroshi avait réussi à saisir une mèche blonde et gazouillait joyeusement en tirant dessus, Katsuki gardant la tête aussi baissée que possible pour laisser son fils jouer avec ses cheveux. Si au départ, le héros ailé avait été un peu sceptique et avait eu quelques craintes, depuis qu'il entraînait l'adolescent, il avait eu le temps de le voir agir avec son fils. Il s'était finalement rangé à l'avis général : Katsuki Bakugo était tout à fait capable de s'occuper d'un bébé et de le faire bien malgré son jeune âge et son tempérament.
~oOo~
Juin. 5 ans plus tôt - I-Island.
- Merde, râla Katsuki. J'ai pas la crème pour ton cul...
Avec un soupir, l'adolescent se releva et s'éloigna du canapé où il était en train de changer la couche de son fils.
- Bouge pas, je reviens, dit-il au bambin qui gazouilla en mâchonnant son doudou.
Au pas de course, Katsuki se dirigea vers sa chambre où il trouva le tube de pommade contre l'érythème fessier des nourrissons.
Il revint rapidement dans le salon, juste à temps pour voir Hiroshi faire une roulade et tomber du canapé. Immédiatement le petit bonhomme se mit à pleurer bruyamment et Katsuki se précipita pour le relever.
- Putain Hiro ! s'exclama-t-il en le prenant dans ses bras. Tu t'es fait mal ? Je t'avais dit de pas bouger l'asticot !
Inquiet, il examina son fils, et son inquiétude vira à l'affolement quand il vit la belle bosse sur le front de celui-ci.
- Merde, merde, merde... souffla-t-il. Chuttt... Oui, je vois ! Merde ! Putain, mais quel con !
Tout en tentant de calmer les pleurs de son fils et se flagellant lui-même à voix haute, Katsuki attrapa son téléphone pour appeler le pédiatre.
C'était sa faute putain ! Pourquoi il n'avait-il pas descendu Hiro du canapé ? Pourquoi ne l'avait-il pas pris avec lui ? Pourquoi il l'avait laissé seul sans surveillance durant deux minutes ? Evidemment qu'il allait tomber du canapé ! C'était un véritable asticot !
- Allo ? fit la voix grave du pédiatre au téléphone.
- Docteur ! s'écria Katsuki. C'est Hiro ! Il est tombé du canapé ! Il a une bosse énorme sur le front ! Qu'est-ce que je dois faire ? C'est grave vous croyez ?
- Calmez vous Monsieur Bakugo, lui intima le pédiatre. A-t-il vomit ?
- Non, répondit Katsuki.
Puis, fixant un regard soucieux sur son rejeton, il chercha le moindre signe de nausées. Mais Hiro pleurait, donc impossible de savoir s'il avait envie de vomir ou pas.
- Bon, vous avez une crème contre les hématomes ? s'enquit le médecin.
- Oui, confirma Katsuki tout en berçant son fils sanglotant contre son torse.
- Mettez-en sur la bosse. Et venez me voir, je l'examinerai. Mais je ne pense pas que cela soit trop grave, rassurez-vous.
- Mais il pleure ! protesta Katsuki.
- C'est normal, assura le pédiatre. Amenez-le-moi et on verra ce qu'il en est.
- Ok.
Katsuki raccrocha et se précipita dans la salle de bain, son fils bien calé contre lui. Il fouilla frénétiquement les tiroirs, incapable de se souvenir dans sa panique d'où était rangé ce foutu tube de pommade ! Putain, mais qu'est-ce qu'il avait fait ? Et si Hiro avait un grave traumatisme crânien ? Et s'il avait des séquelles après ça ? Il ne se le pardonnerait jamais ! C'était sa faute bordel ! Il l'avait laissé sans surveillance sur ce foutu canapé de merde !
Ayant enfin mis la main sur le tube de crème, laissant la salle de bain sans dessus dessous au passage, Katsuki s'empressa d'étaler une épaisse et généreuse couche de pommade sur la bosse déformant le front de son fils.
- Chuuttt, souffla-t-il. Voilà, c'est fait. On va aller voir le docteur... Et ça va aller, hein ?!
Il ne savait pas qui il essayait de rassurer le plus en disant ça : lui ou son nain de jardin ?
David fut tiré de son labo de force par un Katsuki affolé et n'eut d'autre choix que de suivre l'adolescent. Ce dernier prit tout de même le temps de mettre une couche propre à son fils et de le rhabiller avant de sortir de l'appartement comme une fusée. Le scientifique prit le volant et la direction du cabinet médical, tout en gardant un œil sur Katsuki installé à l'arrière. Le jeune père ne quittait pas des yeux le petit bonhomme soigneusement installé dans son siège auto, petit bonhomme qui ne pleurait plus, ce qui était plutôt une bonne chose malgré la magnifique bosse qu'il avait sur le front.
- Tout va bien, assura le médecin. Il n'y a aucune raison de s'affoler à l'heure actuelle.
- Vous êtes sûr ? demanda Katsuki.
- Oui, confirma le pédiatre. Il va juste falloir le surveiller durant les prochaines vingt-quatre heures pour s'assurer que tout va bien. S'il vomit, ou s'il devient amorphe vous me prévenez immédiatement. Cette nuit, il faudra le réveiller toutes les deux heures pour s'assurer qu'il va bien. Mais si dans vingt-quatre heures il va bien, il n'y aura plus aucune raison de s'inquiéter.
- C'est ça que vous appelez aucune raison de s'affoler ? tonna Katsuki, son inquiétude se muant rapidement en un agacement certain envers le pédiatre. On sera sûr de rien avant vingt-quatre putain d'heures ?!
- Ce genre de petit traumatisme est plus impressionnant que dangereux, tempéra le docteur. Le risque qu'il y ait des complications est vraiment minime.
Katsuki bougonna mais n'osa pas sauter à la gorge du pédiatre. L'homme pouvait encore être utile. Il bougonnait encore quand David ouvrit la porte de l'appartement après avoir fait le retour en voiture. Il bougonnait, mais surtout contre lui-même. C'était sa faute. C'était lui qui avait laissé Hiro sur le canapé. C'était lui qui avait merdé ! Et il s'en voulait. Si son nain de jardin avait la moindre séquelle... Putain, non, il ne fallait pas qu'il pense à ça ! Le docteur avait dit que tout irait bien. Et jusqu'à présent, ce foutu pédiatre ne s'était jamais trompé...
Durant les vingt-quatre heures qui suivirent, Katsuki ne lâcha pas Hiroshi d'une semelle, s'inquiétant comme un fou au moindre petit geignement, au moindre micro-signe de fatigue. Il appela le pédiatre une bonne dizaine de fois et l'aurait sûrement appelé plus souvent encore si David n'était pas régulièrement intervenu pour l'en empêcher. Durant les jours qui suivirent, Katsuki fit régulièrement des cauchemars où son fils finissait avec les pires handicaps possibles suite à une chute d'une hauteur plus ou moins vertigineuse. Et plus jamais il ne laissa Hiro sans surveillance sur le canapé, du moins tant que le petit bonhomme ne sut pas en descendre seul et sans casse.
~oOo~
Désespéré, All Might jeta un regard hésitant vers la silhouette qui lançait explosions sur explosions un peu plus loin. Lui et Katsuki étaient sur un terrain extérieur, terrain normalement réservé pour les essais scientifiques. Mais David avait négocié avec le centre où il travaillait pour que Katsuki puisse s'en servir afin d'entraîner son alter, chose difficile en intérieur. Tout avait bien commencé, et Katsuki était maintenant en train de multiplier les puissantes explosions.
All Might était resté un peu en retrait, avec la poussette où dormait Hiroshi. Le petit bonhomme n'avait nullement eu l'air perturbé par le bruit des déflagrations, dormant du sommeil du juste. Jusqu'à ce qu'il ne se réveille en pleurant quelques minutes auparavant. All Might avait pris le petit bonhomme dans ses bras et lui avait proposé un biberon, qui avait été violemment rejeté.
Le héros retraité avait collé son nez sur les fesses du petit bonhomme, mais aucune odeur suspecte ne lui était parvenue à travers les vêtements. Il avait donc commencé à le bercer, avec une certaine maladresse. Mais loin de se calmer, le bout de chou était passé des pleurs aux braillements. Et depuis de longues minutes, All Might, ancien symbole de la paix, tentait de calmer les vagissements enfantins, hésitant à aller interrompre Katsuki pour lui refiler le bébé, au sens propre.
Ne sachant plus quoi faire pour calmer Hiroshi, All Might faisait les cent pas, berçant maladroitement le bambin braillard tout en chantant une chanson quelconque. Mais rien n'y faisait... Hiroshi faisait l'étalage de ses capacités pulmonaires, confirmant au héros retraité qu'il serait sûrement tout aussi peu discret que son blondinet de père. Perdu dans les affres angoissantes des cris enfantins, All Might n'entendit pas l'arrêt des explosions au loin et ne vit pas Katsuki s'approcher rapidement.
- Vous êtes en train de lui chanter une foutue chanson de votre groupe de merde là ?
La voix grave et railleuse fit sursauter All Might qui se tourna vers son élève, prêt à le supplier de faire quelque chose pour calmer Hiroshi.
- Katsuki ! Il n'arrête pas de pleurer !
- Hm... répondit Katsuki en prenant son fils des bras de son professeur. Il a des coliques, faut lui masser le ventre.
All Might vit Katsuki poser une main douce sur le bidon de son fils, le lui massant lentement tout en parlant d'un ton étonnamment tendre :
- T'as pas aimé la chanson de tonton Might ?
Ledit tonton Might allait protester quand un bruit incongru lui fit écarquiller les yeux. Katsuki eut un léger rictus et souffla :
- Et ben voilà, ça va mieux monsieur le péteur ?
Les pleurs se calmèrent rapidement, et furent remplacés par des gazouillis qui firent sourire All Might. Il préférait voir Hiroshi gazouiller et sourire que de l'entendre brailler à tue-tête. Tout en réinstallant son fils dans la poussette, Katsuki donna ses instructions :
- Si ça recommence, faut juste lui masser le bide en appuyant un peu pour le faire péter. Bon, j'y retourne.
Tournant les talons, Katsuki repartit vers le coin de terrain qu'il occupait quelques minutes auparavant.
- Au fait, All Might, dit-il avec un ricanement moqueur dans la voix, contentez-vous de chanter Au clair de la lune la prochaine fois. O Satan, O Father, O Sun c'est pas tout à fait adapté pour un bébé !
All Might regarda son élève partir avec une moue boudeuse et se pencha sur la poussette pour souffler :
- Ton papounet n'y connait rien, elle est très bien cette chanson. Hein Hiroshi ?
~oOo~
Juillet. 5 ans plus tôt. I-Island.
Assis dans l'un des fauteuils du salon, Katsuki relisait un rapport d'enquête fourni par Aizawa. Le professeur lui poserait des questions dessus, lui demandant, entre autres, comment lui-même aurait fait dans cette situation. C'était un exercice que Katsuki appréciait, même s'il préférerait être sur le terrain. Une exclamation lui fit relever les yeux pour les poser sur Hiroshi qui jouait sur le tapis d'éveil à ses pieds.
Sur le ventre, le petit bonhomme se redressait en appuyant sur ses bras, tentant visiblement d'atteindre le doudou Red Riot gisant un peu plus loin. Avec un soupir, Katsuki délaissa son rapport et se leva pour ramasser la peluche et la rendre à son fils. Ce dernier gazouilla joyeusement et roula sur lui-même tout en portant la peluche à sa bouche. Katsuki s'apprêtait donc à reprendre son activité première quand une protestation l'arrêta.
Le fixant de ses grands yeux écarlates, Hiroshi tendit une main vers lui en pépiant des syllabes sans queue ni tête. Un léger sourire aux lèvres, Katsuki attrapa son rapport et s'assit en tailleur sur le tapis, calant son fils sur ses jambes, le petit dos contre son ventre. Voilà, comme ça il pourrait finir de relire ce rapport sans qu'Hiroshi ne proteste en réclamant de l'attention. Katsuki laissa volontiers l'une de ses mains au bambin, n'en n'ayant besoin que d'une pour tenir le rapport d'enquête et le lire.
Une sensation humide sur le bout de son index lui fit froncer les sourcils.
- Non, dit-il calmement en retirant son doigt de la bouche enfantine. Pas mes doigts. La nitro, c'est pas bon pour toi.
Hiroshi protesta un peu mais se consola avec son propre pied qu'il porta à sa bouche, se renversant contre le torse paternel.
Même si le médecin avait assuré à Katsuki que les risques étaient minimes, ce dernier était réticent à laisser son petit bonhomme lui sucer les doigts. Il transpirait de la nitroglycérine, ou un truc assez proche ! Même s'il n'y connaissait pas grand-chose en bébés, il était pourtant certain qu'ingérer ce genre de substance n'était pas bon pour le petit organisme. Hiroshi en avalait forcément un peu, mettant à sa bouche tout et n'importe quoi, y compris ce que Katsuki avait pu toucher. Alors inutile de lui fourrer un bâton de dynamite directement dans le bec.
Après le départ de ses parents, un mois après son accouchement, Katsuki n'avait eu d'autre choix que de s'occuper pleinement de son bébé. Il avait tâtonné, s'était fait des frayeurs, avait râlé et pesté tant et plus, pleuré même parfois, épuisé par ses entraînements et les pleurs de son fils. Mais, petit à petit, il avait trouvé ses marques, réussissant à conjuguer son rôle de père et ses études.
David avait été un soutien précieux, partageant avec lui son expérience en tant que père célibataire, prenant le relai quand l'adolescent n'en pouvait plus. Depuis le Japon, Mitsuki et Masaru avaient aussi apporté conseils et écoute à leur fils. Et les professeurs de l'apprenti héros s'occupaient avec grand plaisir du bambin, permettant à leur élève de se consacrer pleinement à ses entraînements. Au final, malgré les appréhensions de Katsuki, les choses se passaient plutôt bien avec Hiroshi.
Le jeune père était même très protecteur envers son fils, s'inquiétant comme un fou au moindre petit souci. Le pédiatre, conseillé par l'obstétricien qui avait suivi la grossesse hors norme de Katsuki, était très souvent appelé par un blondinet affolé pour des broutilles. Les deux médecins s'appelaient d'ailleurs régulièrement pour discuter et échanger leurs impressions sur leur jeune patient en commun, riant de bon cœur de ses angoisses diverses et variées.
Oui, Katsuki le reconnaissait lui-même, il s'inquiétait plus que de raison. Mais c'était son fils. Et plus il apprenait à le connaître, plus il s'y attachait. Il avait cessé de le voir comme une erreur, comme un boulet qu'il allait traîner toute sa vie. Non, c'était son petit bonhomme. Et même s'il l'empêchait parfois de dormir tout son saoul ou le faisait tourner en bourrique, il l'adorait. Il avait cependant toujours peur de mal faire, d'où ses angoisses parentales un peu exagérées.
Enfin, exagérées selon les autres. De son point de vue, elles étaient parfaitement justifiées. Comment pouvait-il savoir que les petites tâches apparues soudainement sur les joues de son fils n'étaient pas le signe d'une varicelle ou d'une rougeole ? Comment pouvait- il savoir que c'était juste des tâches de rousseurs ? Hein ? C'était pas lui le médecin ! Et le pédiatre allait pas se plaindre qui l'ai dérangé pour ça, si ? Au prix de la consultation, et vu le nombre de fois où Katsuki débarquait dans son cabinet, ce foutu docteur allait pouvoir se payer une villa avec seulement un patient ! Il n'allait pas se plaindre en plus !
Un gazouillement sortit Katsuki de ses pensées, il se concentra sur son rapport, non sans jeter un œil à son rejeton qui bavait allègrement sur son doudou. David arriva dans le séjour, souriant en voyant l'adolescent des feuilles dans une main, son fils calé contre lui. Tournant la tête, il croisa le regard amusé d'Aizawa. Les deux hommes se sourirent. Si à l'époque, ils avaient parfaitement compris les motivations et le raisonnement de Mitsuki et Masaru, ils n'avaient pu s'empêcher d'être un peu inquiets. Katsuki n'était pas connu pour sa patience, ni sa douceur. Saurait-il gérer un nouveau-né ?
Mais le couple Bakugo connaissait bien leur fils et avait eu raison. Malgré quelques maladresses au début, Katsuki avait vite appris à conjuguer ses entraînements et son fils. Et il s'en occupait très bien, faisant preuve d'une étonnante patience et d'une douceur jusque-là insoupçonnée. Bien sûr, il râlait toujours, jurait toujours, bougonnait et se moquait. Mais l'inverse aurait définitivement affolé tout le monde.
~oOo~
Août. 5 ans plus tôt - I-Island.
Dans la buanderie, Katsuki vidait la machine à laver, transférant le linge humide dans le sèche-linge, pendant qu'Hiroshi le regardait faire depuis son transat.
- Argh ! Il peut pas penser à mettre ses fringues à l'endroit avant de les fourrer dans la machine ? râla l'adolescent en sortant du tambour un sweat à moitié à l'envers.
Tout en maugréant contre David qui pourrait penser à mettre ses manches à l'endroit, Katsuki remit le vêtement dans le bon sens avant de le fourrer dans le sèche-linge.
Il sortit ensuite un pantalon puis un tee-shirt. Mais alors qu'il allait prendre le dernier morceau de tissu, il entendit un gargouillis dans son dos. Immédiatement, il se tourna vers le transat où était installé son fils. Hiro avait une chaussette entre les mains et faisait une drôle de grimace, tirant sa petite langue sur laquelle Katsuki vit une sorte de poudre blanche.
- Putain, c'est quoi ça ? s'affola-t-il en se précipitant sur son petit bonhomme.
Sortant un mouchoir, propre, de sa poche, il essuya rapidement la langue de son fils tout en l'encourageant :
- Vas-y crache ! Avale pas ça ! Crache ! Allez !
Attrapant le menton d'Hiroshi entre ses doigts, il l'incita à ouvrir la bouche. Voyant qu'il y avait encore de la poudre blanche dans la petite cavité buccale, il entreprit de la nettoyer avec son petit doigt enroulé dans un coin de son mouchoir.
- Mais qu'est-ce que t'as bouffé putain ? grogna-t-il. Où t'as trouvé ça ?
En examinant l'environnement autour du transat, Katsuki trouva vite le coupable : une chaussette. Une putain de chaussette avec des petits morceaux de poudre compactée collés dessus. Après analyse et flairage intensif, la poudre suspecte fut identifiée. De la lessive ! Cette foutue pastille de lessive de merde ! Hiro avait avalé de la lessive !
Katsuki maudit la lessive en tablette tout en s'affolant. Bordel ! Qu'est-ce qu'il devait faire ? Faire vomir Hiro ? Lui faire boire du lait ? Lui donner de la mie de pain ? On faisait quoi dans ce genre de situation ? Pourquoi n'avait-il pas vu cette foutue chaussette avant ? Elle venait d'où d'ailleurs ? Il ne devait pas y avoir de chaussette dans cette foutue machine ! A tous les coups, elle s'était coincée dans le sweat de David. Et quand il l'avait retourné, la chaussette était tombée sur Hiro.
Le centre anti-poison ! L'illumination lui vint alors qu'il était à deux doigts d'appeler le samu. Chopant son téléphone, Katsuki trouva rapidement le numéro du centre anti-poison de la région et le composa immédiatement. Tout en surveillant Hiroshi, il expliqua la situation à la dame qui lui répondit après deux minutes interminables d'attente. Hiro avait l'air d'aller bien. Il grimaçait encore de temps en temps, en même temps la lessive ça ne devait pas avoir un super goût. Mais à part ça, rien.
Après avoir écouté les recommandations données par le centre anti-poison, il appela le pédiatre. Juste au cas où. Ce dernier se fit aussi rassurant que possible. Il y avait peu de chances qu'Hiroshi ait avalé une grosse quantité de lessive, et donc qu'il ait des soucis gastriques à cause de ça. Katsuki n'était pas plus rassuré, mais décida de se plier aux recommandations des spécialistes et garda Hiroshi à l'œil.
David ne comprit pas pourquoi il se fit longuement engueuler par un adolescent de dix-huit ans particulièrement remonté quand il vint dîner le soir. Il eut droit à un cour théorique et pratique sur l'art de mettre ses vêtements à l'endroit AVANT de les mettre dans le bac à linge sale. Et l'interdiction formelle d'acheter de la lessive en poudre ou en tablette ! N'avaient plus droit de cité dans son appartement que les produits liquides, qui donc se dissolveraient complètement au lavage !
~oOo~
Septembre. 5 ans plus tôt. I- Island.
Assis dans les gradins surplombant l'arène, tout un groupe de personnes fixait anxieusement le tableau d'affichage encore vierge, écoutant le discours interminable du représentant de la commission héroïque américaine.
- Ah la la, soupira Hawks, ils aiment s'écouter parler.
- S'il pouvait abréger, confirma Aizawa.
- Je suis sûr que ça s'est bien passé, assura David, son ton trop tendu pour être parfaitement convaincant.
- S'ils pouvaient afficher les résultats rapidement, dit All Might en se tordant les mains d'angoisse.
- Allez, allez, abrège ! grogna Mitsuki penchée en avant, les yeux rivés sur celui qui parlait à l'assemblée.
Masaru serra un peu trop fort Hiroshi contre lui, faisant râler le petit bonhomme concentré sur son doudou. Mélissa, stressée, se rongea les ongles, habitude héritée de son père. Eri se tenait debout contre la rambarde, penchée autant qu'elle le pouvait en avant, ses yeux rivés sur la chevelure blonde ébouriffée perdue au milieu d'une centaine d'autres personnes en contrebas.
- Je suis sûre qu'il a réussi, dit-elle avec assurance.
Personne ne lui répondit, tous trop tendus pour réagir. Aujourd'hui, Katsuki passait l'examen pour sa licence définitive. Ce matin, il avait passé la théorie, et cet après-midi ça avait été la pratique. L'enceinte de l'examen n'était normalement ouverte qu'aux professeurs accompagnant leurs élèves, et éventuellement aux maîtres de stages. Mais David et All Might avaient fait jouer leurs relations pour que tout l'entourage du blond puisse assister aux épreuves.
L'épreuve était finie, les résultats n'allaient pas tarder à tomber, dès que l'homme trop bavard se tairait. Et tous attendaient avec la même anxiété ces foutus résultats. Ils savaient tous que Katsuki avait bûché d'arrache-pied ces six derniers mois pour rattraper son retard, ils avaient tous confiance en ses capacités. Mais l'épreuve était difficile, et la notation drastique, comme ils avaient pu le constater quand All Might avait réussi à mettre la main sur la liste des critères de notation.
Soudain, la voix nasillarde de l'homme se tut et le tableau d'affichage s'illumina. Immédiatement, huit paires d'yeux se posèrent dessus, cherchant le nom voulu dans la liste des reçus. Ce fut Hawks qui le vit en premier.
- Il l'a ! hurla-t-il, un immense sourire aux lèvres, un doigt tendu vers le nom de son élève.
Aizawa se retrouva soudainement pris dans une étreinte expansive et étouffante, Mitsuki lui hurlant sa joie aux oreilles. Mais il ne repoussa pas la femme, un sourire fier illuminant son propre visage habituellement si inexpressif. Katsuki avait réussi.
- Katsuki-chan !
Le cri attira l'attention de tous vers Eri qui dévalait les escaliers, puis sautait la rambarde pour se précipiter dans le cœur de l'arène, Mélissa sur ses talons. Les deux demoiselles sautèrent en criant de joie sur le blondinet explosif que les adultes entendirent râler d'où ils étaient.
Quand Katsuki sortit finalement de l'arène, sa feuille de note et sa licence définitive dans la poche, il se retrouva pris dans un câlin général, les deux seuls restant un peu à l'écart étant Aizawa et Masaru. La joyeuse petite troupe prit d'assaut un restaurant où ils trinquèrent, un peu trop souvent pour certains, à l'avènement du nouveau héros : Dynamight. Indifférent aux rires, exclamations et chansons qui résonnaient autour de la tablée, confortablement installé dans sa poussette, Hiroshi dormait profondément.
~oOo~
Novembre. 5 ans plus tôt.
David écarquilla les yeux, effaré de voir son salon sens dessus dessous. La table basse était renversée, son canapé avait été déplacé, le tapis était retourné et les coussins des fauteuils gisaient piteusement au sol. Et au milieu de tout ce capharnaüm, Hiroshi, assis au sol, braillait à s'en déchirer les cordes vocales, diverses peluches autour de lui.
- Katsuki ? appela-t-il non sans inquiétude.
Le blond n'était nulle part en vue, ce qui ne rassurait pas David sur la cause d'un tel bazar chez lui.
- Putain ! Je l'ai !
Katsuki surgit soudainement de sous la table de la salle à manger, la peluche à l'effigie de Red Riot en main.
Sans accorder le moindre regard au scientifique, le jeune père se précipita vers son fils vagissant toujours et la lui agita sous le nez.
- Voilà, regarde, râla Katsuki. Il est là ton foutu doudou !
Hiroshi renifla bruyamment avant de se saisir de la peluche et la serrer contre lui, ses pleurs se calmant rapidement.
David soupira discrètement, et demanda :
- Tu l'as cherchée combien de temps cette fois ?
- Une bonne demi-heure, grogna Katsuki en commençant à ranger le salon. Il a le don pour la paumer dans des endroits improbables.
Ce genre de scène se produisait un peu trop souvent au goût du blond et du scientifique. Le bambin de dix mois ne jurait que par Red Riot version pelucheuse, mais le perdait régulièrement. S'en suivait une crise de larmes désespérée, un refus net et franc de tout autre substitut et une véritable chasse au trésor pour les adultes présents. Les pleurs enfantins ne prenaient fin qu'une fois le doudou retrouvé et rendu à son propriétaire légitime.
- Je crois que j'ai peut-être une solution pour éviter ces longues et pénibles recherches, avoua David.
- Sérieux ? Tu pourrais faire ça ? demanda Katsuki avec un peu trop d'espoir dans la voix.
David confirma d'un signe de tête. Ce simple geste suffit au jeune père pour pousser le scientifique vers son labo, l'enjoignant à s'y mettre le plus rapidement possible.
Dès le lendemain, le précieux compagnon d'Hiro se vit doter d'un GPS dans son rembourrage. Grâce à cette puce et à une application installée sur son téléphone, Katsuki pouvait localiser rapidement la peluche, s'évitant des crises de nerfs pour cause de doudou introuvable.
~oOo~
Janvier. 4 ans plus tôt. Île de Nabu.
- Voilà, c'était le dernier carton ! soupira Masaru en posant ledit carton au milieu du séjour.
- Il ne reste plus qu'à tout déballer, tout monter et tout ranger, lança Mitsuki avec enthousiasme.
- Le plus chiant quoi, soupira Katsuki.
- Heureusement qu'on est là pour aider ton papounet, dit Hawks au petit bonhomme qu'il tenait dans ses bras.
- Je t'ai pas vu porter beaucoup de trucs l'emplumé ! râla Katsuki en le fusillant du regard.
- Hey ! J'ai sacrifié quelques plumes pour vous aider à porter le plus lourd, protesta Hawks. Et je me suis occupé d'Hiro !
Après sa licence définitive, Katsuki avait travaillé comme héro free-lance sur I-Island. Il n'appartenait à aucune agence, et venait en soutien aux autres héros sur les différents secteurs de l'île. C'était une solution qui convenait très bien à l'indépendant jeune homme, lui permettant de choisir ses horaires de travail. Il travaillait d'ailleurs le plus souvent de nuit, laissant Hiroshi à la garde de David au moment où le petit bonhomme avait le moins besoin d'attention.
Mais cette solution n'était pas viable sur le long terme, et tous le savaient. De plus, Katsuki avait clairement dit qu'il voulait revenir au Japon, ce que Mitsuki et Masaru avaient approuvé. Mais la ligue n'était pas encore complètement démantelée, et bon nombre de leurs partisans couraient encore les rues. Il était donc dangereux pour Katsuki, et encore plus pour Hiroshi, de revenir au Japon.
Ce fut en novembre que Hawks trouva la solution, par le plus grand des hasards. Le dernier héros sur l'île de Nabu allait se marier en décembre et déménagerait sur la métropole avec son épouse, juste avant Noël. Hawks avait déjà contacté le maire de la ville pour lui proposer la candidature du jeune héros, Dynamight, candidature qui avait été acceptée avec joie. Il n'avait pas fallu longtemps à Katsuki pour accepter la proposition : Nabu était au Japon, mais loin, très loin, des projecteurs, son fils y serait donc en sécurité.
Les cartons avaient été faits, les meubles démontés, et tout avait été envoyé par bateau cargo vers Nabu. Le maire avait proposé à la location une petite maison pour le jeune homme, que Mitsuki s'était chargée de redécorer avant l'arrivée de son fils, suivant les goûts de celui-ci. Étant décoratrice d'intérieur de profession, elle avait refusé tout net que son fils ne mette un orteil dans une maison aux murs couverts de papiers peints fleuris datant, au moins, du siècle dernier !
Après avoir dit "au revoir" à David et Mélissa, leur promettant de leur donner des nouvelles et qu'ils seraient toujours les bienvenus chez lui, Katsuki avait pris l'avion : direction le Japon. Seize heures plus tard, il avait donc débarqué avec fils et bagages. Il avait ensuite pris un taxi pour retrouver ses parents, Hawks, All Might et Aizawa au port de l'île. La joyeuse bande était déjà en train de charger le camion de location avec les cartons arrivés par bateau cargo une heure avant lui, les formalités de douanes ayant été enfin réglées. Hawks s'était empressé de prendre Hiro dans ses bras et ne l'avait plus lâché depuis.
Des coups à la porte retentirent et Masaru alla ouvrir, se demandant bien qui pouvait venir rendre visite à son fils à peine deux heures après son arrivée sur l'île. Dans le séjour, Katsuki et Hawks se chamaillaient, comme souvent. Pendant ce temps, Mitsuki et All Might se disputaient pour savoir s'il fallait commencer par monter le lit d'Hiro ou la table de la salle à manger, sous le regard placide d'Aizawa.
Masaru ouvrit la porte d'entrée, trouvant de l'autre côté une petite fille et un petit garçon.
- Bonjour, dit-il avec un sourire.
- Bonjour Monsieur, lui répondit la demoiselle, visiblement bien moins timide que le garçon qui gardait les yeux rivés sur ses chaussures. Je suis Mahoro Shimano, et voici mon frère Katsuma. C'est vrai que Bakugo-Kun va vivre ici ?
- Les morveux ?
La voix grave et rauque dans son dos fit se retourner Masaru qui vit son fils fixer avec surprise le duo sur son seuil.
- Bakugo-Kun ! s'exclama Katsuma en se précipitant vers lui, sa sœur le suivant de près. C'est vrai que tu es le nouveau héros de l'île ?
- Ouais, bougonna Katsuki. Comment vous savez ça vous ? Et qu'est-ce que vous faites là ?
- Tout le monde le sait, expliqua Mahoro. Le maire l'a dit à la radio. Alors on est venu te dire bonjour et voir si on pouvait t'aider.
Katsuki fixa un regard torve sur les deux gamins qui lui souriaient largement.
- Hey, la naine ! Tu vas avoir de la compagnie ! clama-t-il en faisant signe aux deux morveux de le suivre dans le séjour.
- Vous voulez aider ? dit-il à l'adresse des deux nouveaux venus. Vous pouvez aider la naine à déballer la vaisselle.
Eri leva la tête du carton sur lequel elle était penchée, saluant timidement les deux enfants. Mahoro se présenta et présenta son petit frère plus timide. Rapidement, les trois enfants sympathisèrent, sous les regards amusés et bienveillants des adultes. Hawks leur donna un coup de main pour ranger la vaisselle dans les meubles trop hauts pour eux, laissant Mahoro et Katsuma faire connaissance avec Hiroshi. Sous la vigilance d'Eri qui adorait le petit bonhomme et prenait très à cœur son rôle de grande sœur.
La nuit était tombée depuis longtemps quand ils s'arrêtèrent pour manger, Mahoro et Katsuma restant avec l'étrange assemblée, invités par Katsuki après que celui-ci ait appris que leur père était absent. Pendant que dans la petite maison tous partageaient un repas convivial, le maire de Nabu se félicitait d'avoir embauché Dynamight, sûr et certain qu'avec lui dans les parages, ses administrés seraient parfaitement en sécurité.
A suivre...
Commentaire des auteures :
Et voilà, Katsuki a sa licence, et il est arrivé sur Nabu avec son fils ! Pfiou ! On espère que ce petit chapitre vous a plu. Nous, on a bien transpiré pour l'écrire…
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Après avoir longuement discuté et échangé entre elles sur les chapitres d'après, confortablement assises dans un canapé, Yzan et Lili font face à six adultes énervés :
- Vous nous faites passer pour des poivrots ! s'insurge Mitsuki les poings sur les hanches et l'air sévère.
- Ce qui est totalement faux, précise All Might. Je ne bois jamais !
- Ah ben ça explique tout, soupire Lili.
- Comment ça ? s'étonne David.
- All Might, c'est le coincé par excellence, du genre à jamais se lâcher, pas même pour se détendre, explique Yzan.
- Du genre à demander l'autorisation avant de péter, confirme Lili. Du coup, il est un peu chiant...
Hawks et Aizawa ont la bonne idée de se détourner pour ricaner. All Might, lui, fixe les deux auteures d'un air proprement scandalisé.
- Et puis c'est normal de fêter une naissance et un diplôme, assure Yzan.
- Avec ou sans alcool, confirme Lili. Dites-leur vous lecteurs !
A suivre : Chapitre 9 - Fracas et apaisement.
" Je n'ai pas besoin que tu me protèges. Je suis un héros, tu t'en souviens ?"
" Ben quoi, je suis pas assez bien pour toi..."
" Mais Papou, je suis pas sur un toit là !"
