Bonjour !

Voilà la suite, assez rapidement ! J'espère qu'elle vous plaira. Merci beaucoup pour les reviews que j'ai toutes lues et adoré ! Je suis contente que l'histoire continue à vous plaire.

Bonne lecture !

Merci family-business.


Témoin

L'Écosse était plongée dans un début d'hiver pluvieux et humide. La propriété d'Inverness n'échappait pas au temps gris et ses deux occupantes ne risquaient pas un pied dehors. Pansy était détendue, à moitié allongée sur le canapé avec un livre sur les genoux et un chocolat chaud couvert de crème fouettée.

C'était devenu son goûter favori depuis qu'elle avait recommencé à manger de manière convenable. Elle avait accepté les kilos qui s'étaient peu à peu réinstallés autour de ses os, même si cela n'avait pas été facile. Elle voulait mettre sa vie d'avant derrière elle et oublier son corps squelettique qui avait connu le pire.

Alors elle se faisait plaisir et s'était découvert une grande passion pour la cuisine. Les elfes qui étaient venus avec elle à Inverness l'avaient aidée au début, mais maintenant elle insistait pour faire les repas toute seule. Seul Rugus n'avait jamais accepté de la laisser tranquille et il veillait sur elle comme sur un trésor inestimable. Avec le temps, elle avait même fini par s'attacher à cette créature qui prenait tant soin d'elle.

Il n'était pas le seul, Pansy le savait. Sans Daphné avec elle, elle n'aurait jamais réussi à s'en sortir. Elle s'était accrochée à la relation fusionnelle qu'elles avaient établie en aménageant ensemble et même si cela ne devait pas durer, Pansy lui en était très reconnaissante. Mais depuis quelques jours, Daphné semblait ailleurs. Toujours dans ses pensées, elle ne disait pas grand-chose à table et Pansy monologuait la plupart du temps. C'était sûrement le temps qui la rendait maussade, ou peut-être sa famille qui lui manquait depuis le temps qu'elle n'était pas rentrée en Angleterre. Même si leurs amis et parents venaient fréquemment les voir là où elles étaient, ce n'était pas la même chose.

Pansy était à cette étape de ses réflexions quand un Grand-duc vint taper son bec la large fenêtre. Elle alla lui ouvrir pour récupérer l'enveloppe qu'il portait avant de retourner s'asseoir sur le canapé.

Un étage plus haut, Daphné essayait de dénouer la boule qui s'était formée dans son estomac. La veille, elle avait échangé plusieurs lettres avec Drago et la conclusion de cet échange était la même que depuis des mois : il fallait qu'elle parle à Pansy une bonne fois pour toutes. Et cela paraissait être la plus grande de toutes les épreuves qu'elle avait dû affronter. Au bout d'un moment, elle sortit de sa chambre et prit les escaliers jusqu'au hall, l'appréhension grandissant dans sa gorge.

Elle entra dans le salon, son laïus tout préparé dans son esprit. Elle se répéta les trois mots qui lui serraient le cœur et qui la faisaient frémir à l'idée qu'ils franchissent ses lèvres et qu'ils soient rejetés, moqués. Elle s'approcha du canapé, fixant son regard sur l'arrière de la tête de Pansy et alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, elle s'immobilisa. Pansy avait le dos courbé et dans sa main tremblante, une lettre était tamponnée à l'encre rouge.

La brune s'avança et s'assit sur le canapé à côté d'elle.

« Qu'est-ce que c'est ? murmura-t-elle.

Pansy lui tendit la lettre portant le cachet du Magenmagot. La jeune femme était convoquée pour prendre part au procès de Valente en qualité de victime pour l'accusation.

– Je suis là, lui souffla Daphné en lui prenant la main. »

Pansy ne pleurait pas, elle était simplement apathique. Ce parchemin l'avait extirpée de sa bulle de paix dans laquelle son exil en Écosse l'avait plongée avec une violence sèche. Elle allait devoir retourner à Londres et faire face. Faire face aux regards des gens, aux journalistes à la curiosité malsaine et faire face à lui. L'idée même de revoir son visage la tétanisait. Elle soupira et se retourna vivement en même temps que Daphné quand quelqu'un transplana dans le salon derrière elles.

Drago et Hermione leur adressèrent un regard grave. Le courrier était arrivé chez eux aussi. Le procès devait se tenir d'ici un mois. Drago et Hermione étaient convoqués en tant que témoins, Daphné ne l'était pas car Pansy avait refusé de l'impliquer dans les procédures judiciaires difficiles.

Pendant le mois qui suivit, les trois sorciers ainsi que les avocats de Pansy et Drago se voyaient chaque semaine pour préparer les séances devant le Magenmagot. Pansy dû se plier à une batterie d'examens médicaux et psychologiques qui n'avaient rien d'agréable. Les psychomages lui conseillèrent également d'établir le dialogue autour d'elle pour retisser les liens sociaux qu'elle avait perdus au cours de son mariage. Mais malgré leurs encouragements, elle ne se voyait absolument pas dans des groupes de paroles que les professionnels semblaient si prompts à encenser de louanges.

Plus le temps passait, plus Hermione réalisait à quel point le blond était dévoué à aider ses amis. Il avait une fidélité sans faille pour eux et, même si cela lui inspirait autant de crainte que d'agacement, il semblait bien être capable de détruire jusqu'au dernier atome quiconque leur faisait du tort. Et dire qu'au début de toute cette histoire, elle pensait qu'il n'en avait rien à faire.

Maintenant, une petite voix dans sa tête lui soufflait parfois qu'elle aussi voulait faire l'objet de cette protection acharnée. Bien sûr, elle avait Harry et Ron qui auraient donné leur vie pour la sienne, mais ce n'était pas pareil. Elle partageait avec Ron une intimité singulière qu'elle souhaitait préserver au sein de la distance qui s'était créée entre eux après leur rupture. Harry était son meilleur ami autant que son frère, et sa seule famille.

Non, avec Drago, c'était autre chose qu'elle imaginait en silence. Un rapport de forces qui s'articulerait autour d'un respect mutuel. Elle avait envie de le défier, de le pousser dans ses retranchements pour découvrir toujours plus qui il était réellement. Elle avait envie de l'obliger à enlever son masque d'impassibilité à chaque fois qu'ils étaient ensemble pour pouvoir être avec lui tel qu'il était dedans, avec toutes ses émotions assumées.

Il venait plus souvent chez elle avec Scorpius, parfois elle venait chez lui. Pansy et Daphné avaient fini par rentrer à Londres sans que la première n'ait appris les sentiments de la deuxième. Pansy était retourné vivre dans le manoir de ses parents et Daphné dans son appartement. Avec le temps, et malgré les incitations de Drago, elle avait abandonné de lui dire quitte à essayer d'abandonner ses sentiments. Cela faisait tant d'années que rien ne semblait pouvoir aboutir d'un aveu si tardif. Rien de bon, en tout cas.

Le mois de décembre arriva et avec lui, le procès. Harry avait fait tout ce qu'il avait pu pour informer un maximum Hermione de ce qu'il entendait dans les couloirs du Département de la Justice magique. Par rapport aux autres procès qui attendaient Carrow, une accusation pour violences domestiques n'intéressait pas vraiment les membres du Magenmagot. C'était le mois des fêtes et tout le monde avait envie de clore cette affaire rapidement, sans qu'Hermione ne parvienne à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Elle espérait simplement que Carrow ne ferait pas appel et que les avocats de Pansy, qui avaient vu gros, obtiendraient ce qu'ils demandaient. La Gazette ne s'était pas gênée d'en faire les gros titres, une photo de Pansy, le visage émacié et vide de toute expression pour susciter la pitié du lectorat. Elle s'y était attendue, mais cela la dégoûtait quand même.

Le jour du procès, Hermione avait été exemptée de se présenter au Ministère pour travailler, mais c'était bien dans son bureau qu'elle s'isola pour se concentrer un maximum. Elle relut les notes qu'elle avait prises pendant les rendez-vous ; elle entendait la voix de Harry qui lui sommait de ne surtout rien dire concernant les autres enquêtes, même si le président de la séance lui posait des questions.

Après avoir deux grandes respirations, la jeune femme se sentait prête. Elle fronça les sourcils quand quelqu'un vint toquer à sa porte. Personne ne savait qu'elle était là, en dehors de son meilleur ami et il était censé être en train de se préparer à sortir en intervention avec les autres Aurors.

Elle s'en alla ouvrir avec précaution et son cœur accéléra imperceptiblement quand elle laissa entrer Drago.

« Comment est-ce que tu m'as trouvée ? demanda-t-elle, même si elle imaginait déjà sa réponse.

– Tu n'étais pas chez toi alors je suis allé voir Potter pour confirmer ce que je pensais. Comment tu te sens ?

– Comment toi, tu te sens ? répéta la brune. Comment veux-tu qu'on se sente ? Je vais faire ce que je peux pour soutenir Pansy et faire pencher la balance en son sens, mais ce sont eux qui auront le dernier mot.

Drago resta silencieux. Il restait à peine quelques minutes avant que la jeune femme ne doive se diriger vers l'audience et il ne trouvait rien à ajouter. Il ne savait même pas pourquoi il était venu jusqu'ici maintenant alors qu'ils allaient se voir en bas entre leurs deux témoignages. Mais il était là.

– Tout va bien se passer, dit-il simplement. »

Il posa une main sur le bras de la jeune femme et fit passer son pouce contre le tissu de sa robe de sorcier. Un instant après, il retira sa main et s'en alla, mais le cœur d'Hermione battait la chamade et la peau de son bras frémissait.

Elle secoua la tête pour se recentrer et inspira un grand coup avant de sortir de son bureau. Elle traversa le département et entra dans un ascenseur pour en ressortir au neuvième étage. Elle prit les escaliers à gauche et monta jusqu'au niveau dix où se trouvaient les salles d'audience. Le remue-ménage qui régnait dans les locaux les jours de procès était bien là. Des greffiers couraient partout, des murmures résonnaient dans tous les couloirs.

Hermione s'arrêta dans le petit corridor qui donnait sur l'intérieur de l'auditorium du Magenmagot, restant cachée encore quelques secondes. Elle ferma les yeux et inspira un grand coup, concentrant toute son attention sur ce qu'elle allait dire.

« L'accusation souhaite appeler mademoiselle Hermione Granger en qualité de témoin. »

La brune expulsa tout l'air de ses poumons et entra dans l'auditorium. Elle s'installa au centre et prêta serment. Elle jeta un regard circulaire à la salle. Les membres du Magenmagot étaient regroupés en demi-cercle devant elle, avec leurs robes et leurs chapeaux qu'elle avait toujours trouvés ridicules. Dans un coin, un peu en retrait, il y avait Pansy et ses avocats. Mais là où aurait dû se trouver Carrow, il n'y avait personne. Seuls ses avocats le représentaient et Hermione fut soulagée qu'il n'ait pas pris la peine de se déplacer.

Le président sorcier commença à lui poser une série de questions sur ses relations avec Pansy et avec Carrow. Elle répondit de manière concise, maîtrisée, comme elle avait appris à le faire depuis toutes ces années au Ministère. Après un certain nombre d'autres interrogations contextuelles, elle dû raconter les circonstances qui faisaient d'elle un témoin pour ce procès.

Alors elle commença par l'après-midi au spa où elle avait découvert les blessures de Pansy et les interactions qui avaient suivi entre elles. Elle expliqua comment elle avait prévenu Drago et Daphné et en avait parlé autour d'elle à Ginny, Harry et Ron. Ensuite arriva le moment où Hermione déclara avoir demandé à Pansy de l'aider pour incriminer Carrow. Même si la participation de Pansy était désormais connue du Magenmagot, l'enquête pour le trafic était encore en cours et Harry lui avait bien précisé qu'elle ne pouvait pas s'attarder sur la question.

La jeune femme prit garde de ne rien dévoiler et poursuivit sur les entrevues qu'elle avait eues avec Pansy par la suite et termina sur le soutien qu'elle lui avait apporté depuis le début jusqu'au moment où elle était allée déposer sa plainte.

« Mademoiselle Granger, reprit le président, vous avez mentionné avoir fait appel à madame Carrow pour obtenir des informations sur son mari concernant l'enquête du Bureau des Aurors sur des faits de trafic de créatures magiques et de blanchiment d'argent.

– C'est exact, monsieur le président, répondit Hermione avec précaution.

– N'avez-vous pas songé qu'en faisant cela, vous mettiez encore plus la vie de la victime en danger ?

– J'y ai songé. Mais tout a été fait en collaboration continue avec l'Auror Potter et une protection a été proposée à madame Carrow dès le début de nos échanges.

Coller ce nom à l'image de Pansy lui arracha la bouche. Le président nota quelques lignes sur un parchemin avant de poursuivre.

– Selon vous, pourquoi madame Carrow a-t-elle décidé de porter plainte au moment précis où son mari était mis en examen par le Bureau des Aurors ? Pourquoi pas plus tôt ?

Hermione ne répondit pas tout de suite. Elle sentait que le président sorcier cherchait à faire dévier l'interrogatoire maintenant qu'elle lui avait exposé tous les faits dont elle avait été témoin. Il n'avait probablement pas besoin de l'entendre plus longtemps concernant Pansy, mais elle suspectait une certaine curiosité concernant l'autre affaire. Sans rien dire de plus par rapport à cela, elle se contenta de répondre par la question qui lui trottait dans la tête depuis des mois à chaque fois qu'elle pensait à Pansy.

– Vaut-il mieux parler ou mourir, monsieur le président ?

Il y eut un silence dans l'auditorium et le président jaugea Hermione avant de se pencher vers les sorciers autour de lui. Après quelques instants, il se redressa.

– Le Magenmagot n'a plus de question pour le témoin. »

Hermione fut donc invitée à sortir. Avant de disparaître dans le corridor, elle adressa un sourire d'encouragement à Pansy qui était assise dans un coin des gradins avec son avocat. Elle semblait pétrifiée, mais Hermione lut dans son regard qu'elle était plus déterminée que jamais à fermer définitivement la porte sur cette partie de sa vie.

Dans le petit hall qui menait au couloir de sortie, la brune trouva Drago qui patientait sur un banc en marbre noir.

« Alors ? demanda-t-il.

Hermione haussa les épaules.

– Le président est plus intéressé par l'affaire de trafic que par celle-là. Mais Carrow ne s'est pas présenté à l'audience, ce qui va encore plus pencher en faveur de Pansy.

– Je ne vois pas ce qui pourrait permettre à Carrow de s'en tirer sans rien.

– Malheureusement, ça arrive tout le temps que des femmes perdent malgré toutes les preuves de leur côté.

Drago secoua la tête. Il allait enchaîner quand un employé du Ministère lui fit signe de s'approcher de l'auditorium.

– C'est à moi, dit-il en parant dans sa direction.

– On se voit ce soir ?

Drago se retourna. Il avait envie de dire non, pas ce soir. Il était épuisé et il voulait voir son fils et rentrer chez lui. Mais il y avait quelque chose dans les yeux de la jeune femme qui le retint. Une sorte d'espoir, d'attente.

– Je passe après l'audience, fit le blond avant de s'éloigner. »

Le procès dura encore jusqu'au soir. Hermione rentra chez elle avec une pointe de déception. Drago n'était pas venu, elle ne savait même pas s'il était sorti et à quelle heure allait être levée la séance. Elle attendit encore et finit par aller se coucher. Le regard fixé sur son plafond, son cerveau se mit à tourner à plein régime.

Elle n'aurait pas dû être si touchée de ne pas avoir eu de nouvelles de Drago. Mais elle voulait savoir pourquoi il n'était pas venu. Et pourquoi cela la rendait si maussade. Sa dernière pensée fut pour Harry. Elle allait lui en parler et tout allait s'éclaircir, parce qu'il était capable de guider ses pas quand elle-même était perdue.

Le lendemain matin, Hermione se leva rapidement et transplana dans le vent froid des collines. Elle courut presque pour se mettre au chaud et lorsqu'elle passa la porte, elle poussa un soupir soulagé.

L'effervescence du Terrier la frappa en lui rappelant à quel point les Weasley avaient le don de transmettre leur bonheur aux gens autour. Tout le monde riait, parlait fort et s'amusait en attendant le grand retour des voyageurs. En quelques minutes, l'humeur morose d'Hermione passa et elle se laissa submerger par l'atmosphère légère qui régnait dans la maison familiale.

Molly courait dans tous les sens en sommant Ron et Harry de l'aider avec la table. Hermione se reporta sur Arthur pour amener les chaises dans la salle à manger. Lorsqu'un cri retentit depuis l'extérieur, tout le monde sortit malgré le froid. Roxanne courait dans l'herbe gelée en direction de deux silhouettes qui avaient transplané un peu plus loin.

Fred et Gorge rentraient enfin en Angleterre après de longs mois de vagabondages dans toute l'Europe. Et c'était comme les voir à nouveau entier, à deux, magnifiquement réunis. Ils parlaient sur le même ton, avec les mêmes intonations comme s'ils partageaient la même voix. Ils bougeaient dans la même dynamique et riaient en cœur.

« Viens-là ! s'exclama George en attrapant Roxanne au vol.

Elle plaqua un gros bisou sur la joue de son père et serra ses bras autour de son cou.

– Tu m'as manqué aussi, ma chérie, souffla-t-il.

– Quelle belle brochette vous faites ! lança Fred en montant sur le perron où tout le monde était aligné.

Il embrassa sa mère qui se jeta sur lui alors que George prenait Angelina dans ses bras. Les retrouvailles étaient émouvantes et pleines de soulagement. Tous rentrèrent se mettre à l'abri du froid dans le salon où les effluves du repas emplissaient l'air.

– Racontez-nous ! s'enquit Ron. »

Fred et George échangèrent un regard espiègle et amusé avant de se lancer dans le récit de leurs aventures. Après deux semaines en Roumanie, Fred avait été rejoint par George qui avait laissé la boutique à leur cadet. De là, ils avaient rejoint la côte et la mer Noire pour prendre le bateau jusqu'à Istanbul. La Turquie ne faisait pas initialement partie de leur programme, mais la traversée de la mer intérieure et l'arrivée à Istanbul au coucher du soleil étaient dorénavant un souvenir inoubliable dans leurs esprits.

Avec de larges coups de soleil, ils étaient repartis de la capitale pour finir l'été en Bulgarie. Nikola les avait accueillis à Sofia où ils avaient posé leurs bagages pour un temps. Une batte dans une main et un balai dans l'autre, ils avaient volé avec l'équipe de leur beau-frère pour tâter du Cognard à nouveau. Ils étaient restés pour assister aux entraînements de l'équipe nationale en vue de la prochaine Coupe du monde de quidditch.

Finalement, après avoir bien profité de l'esprit enjoué et des divertissements des Bulgares, les jumeaux Weasley avaient retraversé le pays en direction du sud pour gagner la Grèce et les paysages paradisiaques des Cyclades.

« Alors, on a ramené quelques petites choses, déclara George.

– Pour Ron et Harry, enchaîna Fred en posant deux bouteilles aux étiquettes bleu ciel.

– Tatratea ? lut Ginny.

– De notre rapide passage en Slovaquie. Diablement bon, assura George avec un rire malicieux.

– Rapide passage ? interrogea Hermione qui sentait que quelque chose se tramait.

Les deux jumeaux se regardèrent du coin de l'œil.

– Il n'est pas impossible..., commença George.

– Mais peu probable..., compléta Fred.

– Qu'on ait eu affaire aux forces de l'ordre slovaques, déclara le premier.

– Quoi ? s'exclama Molly d'une voix aussi forte qu'aiguë.

Ron riait déjà, mais la madone ne semblait pas être de son avis.

– Qu'est-ce que vous avez encore bien pu faire ?

– On s'est défendu ! Ces Slovaques…

– Des brutes.

– Tout à fait, Freddy ! Ils ne savent pas s'amuser et n'ont aucun sens de l'humour, lâcha George.

– Tout ça parce que l'un d'eux a soi-disant trébuché sur mon pied. Mais il était beurré !

– Et comment se fait-il que ce soit arrivé jusqu'à la police ? demanda Molly, bras croisés.

– On s'est peut-être vengé dans le bar où les échauffourées ont commencé en mettant des pastilles nez-en-sang dans tous les verres des brigands, admit George avec un sourire en coin.

– Tout le monde est sorti dans la rue et la police a été appelée en pensant qu'il y avait eu une énorme baston. On s'est fait interroger, mais évidemment, on n'avait rien vu.

– Évidemment, grinça Molly.

– Du coup, on a préféré quitter le pays. Au cas où, ajouta Fred, amusé.

– Mais comme je le disais plus tôt, on a ramené des cadeaux pour tout le monde ! »

Parmi tous les cadeaux et souvenirs que les jumeaux avaient distribués, Hermione reçut un collier d'ambre de la mer Baltique et une compilation d'ouvrages historiques sur les sociétés sorcières de l'Est. Elle chassa l'envie de les dévorer sur l'instant et suivit le mouvement en direction de la salle à manger.

Déjà, les fêtes pointaient le bout de leur nez et le parfum de Noël se faisait sentir. Le premier Noël que les Weasley allaient réellement célébrer depuis la Bataille de Poudlard, puisqu'ils étaient enfin tous ensemble. Molly régala toute la famille aussi copieusement qu'elle savait le faire et après le deuxième dessert, Hermione regagna le salon pour se laisser complètement fondre sur le canapé. Elle défit le bouton de son pantalon et soupira de soulagement.

Harry s'installa à côté d'elle et elle s'écroula sur lui, prête à s'assoupir pour une sieste digestive qu'elle estimait bien méritée. Mais son meilleur ami ne l'entendait pas dans ce sens et elle sentit sa cage thoracique vibrer contre son oreille alors qu'il se mettait à parler.

« Le procès reprendra lundi pour les derniers éléments et le verdict. Je dois te dire que les retours que j'ai sont mitigés.

– Comment ça ? Carrow ne peut tout de même pas gagner ce procès !

– Je n'ai pas dit que ce serait forcément le cas, tenta de la rassura Harry. Mais les preuves des avocats de Pansy sont maigres.

– Elle est allée faire des examens pourtant…

– Mais rien ne date du moment des faits. Elle n'a jamais signalé son état ni les blessures qu'elle avait pendant tout le temps où elle habitait avec Carrow. Je sais que c'est frustrant, mais la justice fonctionne comme ça et les avocats de Carrow jouent sur ça. Sans les examens que lui ont fait faire ses avocats, Pansy n'a quasiment rien à présenter.

– Mais elle a des témoins, répliqua Hermione.

– Heureusement.

Hermione resta silencieuse un moment, réfléchissant à tout ce qui pouvait venir compléter le dossier.

– Il faut faire témoigner les elfes. Ceux de Pansy. Rugus et l'autre, qui m'a amené les documents de Carrow.

– Je ne crois pas que ce soit possible, Mione. Les elfes de maison n'ont pas le statut de membres de la société sorcière.

Hermione grinça. Forcément, ils étaient à peine considérés comme des êtres vivants.

– Je suis sûre qu'il doit y avoir une exception quelque part. Il faut regarder dans les textes de loi.

Elle s'apprêtait à se lever dans Harry la tira contre lui.

– On s'en occupera plus tard. Profite et détend-toi un peu. Et puis, c'est le travail des avocats, pas le tien. »

La jeune femme allait objecter quand Fred vint s'asseoir à côté d'eux sur le canapé. Elle préféra ne rien rajouter sur l'histoire de Pansy et accepta de se laisser un peu aller à somnoler malgré son cerveau qui ne voulait pas ralentir.

Harry finit par rejoindre Ron et Hermione changea de côté pour se réinstaller sur Fred. Il posa une main sur sa tête et commença à masser son crâne.

« Maintenant, tu as la formelle interdiction de quitter à nouveau le pays, marmonna Hermione en soupirant d'aise.

Fred rit doucement.

– Je vais devoir chambouler tous mes plans à cause de toi.

– Tu comptes repartir ? interrogea la brune.

– Je ne sais pas encore. Je ne pensais pas nécessairement rentrer pour les fêtes au départ, mais Georges avait besoin de revenir et je suis content de l'avoir suivi. Voyager seul, c'est bien, ajouta-t-il, mais je ne me vois pas tellement continuer mes aventures sans lui.

Hermione sourit, touchée par leur fraternité si fusionnelle.

– Et puis ma psychomage ne cesse de me répéter qu'il faut que je m'inscrive dans des groupes de parole pour… comment elle dit ça ? Renouer avec la vie, précisa-t-il en levant les yeux au ciel.

– Si elle te le conseille, ça doit avoir une utilité. Je suis partisane d'essayer un peu tout et de voir ce qui marche le mieux. Mais tant que tu te sens bien, c'est l'essentiel, ajouta Hermione avec un sourire bienveillant.

Il y eut un silence, puis Fred relança la discussion.

– Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre un bout de votre discussion tout à l'heure. Tu es en relation avec Parkinson ?

Non sans regret, la jeune femme se redressa.

– Avec Harry, on la suit concernant le procès qui l'oppose à Carrow, expliqua-t-elle.

– Et qu'est-ce que ça fait, de donner du temps et de l'énergie pour l'aider alors qu'elle était horrible avec vous à Poudlard ?

– Tu sais, j'ai arrêté de me poser ce genre de question. J'ai arrêté de juger tous ces gens pour ce qu'ils ont fait. Je n'ai pas toujours montré patte blanche et peu importe notre passif : elle était en danger, je l'ai aidé.

Le silence s'installa quelques secondes avant qu'elle ne reprenne.

– J'ai vu les anciens Serpentard au sommet de leur méchanceté plus d'une fois et j'ai aussi eu le loisir de les voir plus bas que terre. Une vie n'est pas meilleure qu'une autre et de la même façon que toutes les personnes présentes dans cette maison sont restées à ton chevet pendant toutes ces années, je resterai au côté de Parkinson jusqu'à la fin.

– J'ai toujours admiré ton abnégation et ta capacité à prendre soin des autres en toutes circonstances.

– Si tu avais l'occasion de la rencontrer, tu verrais qu'elle a changé.

Elle conclut leur discussion en reprenant place sur ses genoux. Lorsque Fred posa ses doigts sur son crâne, elle ferma les yeux et son esprit dessina derrière ses paupières un regard gris singulier.

– On a tous changé. »