Keala et ses parents venaient de repartir, laissant l'équipe rassemblée autour de la console, silencieuse, pantoise.
- Donc, le meurtre de notre John Doe et la disparition de Melany sont liés.
Chin enfonçait une porte ouverte. Mais cela eut pour effet de sortir les autres de leur torpeur. Danny, Catherine, Chin et Kono s'essayent à l'élaboration d'un scénario.
- Elle a été témoin du meurtre, avança Kono.
- Et le tueur l'a enlevée pour qu'elle ne puisse pas le dénoncer, complète Chin.
- Le meurtre a eu lieu vendredi dernier, rappela Catherine. Il aurait attendu jeudi pour l'enlever ?
- Et pourquoi Melany n'a rien dit ? Alerté la police, un adulte ? ajouta Danny.
À mesure que son équipe évoquait de nouvelles hypothèses et soulignait les interrogations auxquelles ils étaient confrontés, Steve restait silencieux. Les pièces du puzzle se matérialisaient dans son esprit, se déplaçaient, s'entrechoquaient et finalement s'assemblèrent.
- Chin ! Tu peux remettre la vidéo ? Celle de South King Street.
Steve fit le tour de la console pour s'approcher davantage de l'écran et mieux voir tandis que Chin relançait le film.
- Avance rapide. Ralentis. Pause. Reviens en arrière d'une seconde. Agrandis un peu cette zone.
Chin exécuta les ordres de son patron.
- C'est ça, murmura Steve pour lui-même.
Puis il se tourna vers son équipe.
- Melany n'a pas vu le meurtre, révéla-t-il. En revanche, elle a dû surprendre la victime en compagnie du tueur pas longtemps avant le meurtre. Peut-être les deux hommes se disputaient-ils. Mais Melany n'a pas dû trouver ça important, sur le moment du moins. Elle n'a donc pas prévenu la police. Ce n'est que quelques jours plus tard, jeudi matin en l'occurrence, qu'elle a compris. Quand elle est tombée sur ça.
Steve pointa l'écran du doigt, désignant l'objet que Melany tenait dans la main.
- C'est notre appel à témoin ! s'exclama Chin.
- Elle était en chemin pour venir nous voir, réalisa Danny. C'est pour ça qu'on la voit sur une vidéo à quatre blocs d'ici.
- Mais le tueur devait la surveiller. Probablement parce qu'on a émis l'appel à témoin mercredi, enchaîna Catherine. Comprenant les intentions de Melany, il l'a enlevée.
- Ça se tient, reconnut Danny.
- Il l'a donc enlevée jeudi matin, dit Kono. Comment elle se retrouve à Kalihi le jeudi soir ?
- Elle s'est enfuie, répondit Steve. Elle a réussi à échapper à son ravisseur. Elle a dû vouloir se réfugier dans la supérette et donner l'alerte.
- Mais le tueur l'a rattrapée avant, termina Chin.
Un bip se fit entendre. Il provenait de la tablette de Catherine.
- C'est la vidéo de surveillance de la supérette, déclara-t-elle.
Elle transféra la vidéo de sa tablette à l'un des écrans et démarra la lecture. Les images montraient Melany entrer dans le magasin, attraper une bouteille d'eau et passer le comptoir tout en descendant le contenu de sa bouteille. Une fois sa boisson terminée, elle avait attrapé le téléphone fixe, certainement pour composer le 9-1-1. De la lumière, provoquée par les phares d'une voiture sur le parking, avait envahi l'intérieur du petit commerce. Melany avait commencé à fouiller le dessus du comptoir pour finalement attraper le cutter qui trainait là et s'entailler le bras.
Steve sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il fit craquer sa nuque en s'étirant le cou.
Le vidéo continuait sur Melany inscrivant le fameux message sur l'écran de la caisse, avec son propre sang. Un homme était entré dans la supérette. Il portait une casquette. Aussitôt, Melany avait rabattu son tableau d'affichage improvisé, masquant son message inachevé. Elle avait tenté de s'enfuir. Mais elle s'était retrouvée acculée. Elle avait bien tenté de se défendre, se débattant avec toute sa volonté. Mais que pouvait une adolescente de douze ans aussi frêle que Melany contre un type de trois fois son gabarit ?
- Coupe la vidéo, ordonna Steve quand le ravisseur de Melany lui asséna un violent coup dans le nez.
Le temps que Catherine réagisse, la vidéo eut le temps de montrer Melany s'effondrant au sol.
Tous restèrent silencieux un moment, secoués par la brutalité de la scène qu'ils avaient vue. Steve en fut le plus ébranlé.
- Il y a une caméra sur le parking ? demanda-t-il après avoir ravalé ses larmes.
- Oui.
Catherine afficha une nouvelle vidéo, remplaçant la précédente, faisant ainsi disparaître l'image figée de Melany étendue au sol, inconsciente. Cette fois, les images furent moins pénibles à regarder. Il s'agissait juste du ravisseur transportant le corps inerte de Melany et le jetant sans ménagement dans le coffre de sa voiture. Malheureusement, à l'instar du visage du ravisseur, la plaque n'était pas visible.
- Chin, essaie de voir si tu peux suivre cette voiture sur les caméras du trafic routier. Je veux savoir où elle est allée. Et si ça ne mène à rien, je veux savoir d'où elle vient, exigea Steve.
Puis il sortit du QG. Il avait besoin de prendre l'air.
Catherine voulut le suivre. Mais Danny la retint.
- Laisse, j'y vais.
Et Danny prit le même chemin que son meilleur ami. Il le trouva assis sur un banc face à la statue du Roi Kamehameha, le visage enfoui dans ses mains.
- Dures images, dit Danny en s'asseyant lui aussi sur le banc.
Steve se redressa et lui adressa un regard déconfit avant de replonger sa tête dans ses mains. Danny grimaça. C'était, effectivement, loin d'être la meilleure entrée en matière pour réconforter son meilleur ami. Mais c'était la seule chose qu'il avait trouvée à dire.
- On va la retrouver.
Danny savait très bien que ces mots-là ne fonctionneraient pas non plus.
- Et si elle était déjà morte ! s'indigna Steve en se redressant à nouveau.
- Eh ! Je t'interdis de dire ça ! sermonna Danny. Tant qu'on n'a pas retrouvé de corps, ce n'est pas perdu. Ta fille nous a montré qu'elle était coriace et qu'elle en avait dans la tête. Et d'après ce que j'ai vu, elle tient énormément de toi. Alors je suis sûre qu'elle est toujours en vie. Pas dans sa meilleure forme, j'en conviens. Probablement terrifiée. Mais toujours en vie. Alors tu ne peux pas dire quelque chose comme ça. Tu dois garder espoir. Pour Melany. Pour sa mère aussi.
Steve se frotta le visage mais ne répondit rien.
- Allez, viens, dit Danny en se levant. Retournons avec les autres. Pour poursuivre les recherches.
Danny posa une main sur chaque épaule de Steve pour l'inciter à le suivre, ce qu'il daigna finalement faire.
De retour dans l'open-space, il trouvèrent Cindy qui venait juste d'arriver.
- Steve ! Je suis désolée. Je ne veux pas vous déranger. Mais je ne pouvais rester chez moi sans rien faire. C'est trop dur. Alors je suis venue. Pour voir si je peux faire quelque chose, se justifia-t-elle.
- Je comprends.
- Vous avez avancé ? Trouvé quelque chose ? demanda-t-elle avec beaucoup d'espoir.
Steve échangea un regard avec son équipe, incertain.
- S'il te plaît Steve, implora Cindy désormais avec désespoir. Dis-le moi. Même si ce n'est pas une bonne nouvelle.
Steve soupira. Il conduisit Cindy jusqu'au canapé et l'incita à s'y asseoir. Il prit place à côté d'elle.
- Nous venons d'établir un lien entre la disparition de Melany et un homicide survenu il y a huit jours sur lequel nous enquêtions déjà.
- Un homicide ? répéta Cindy en portant une main devant sa bouche.
- Melany aurait peut-être été témoin, non pas du meurtre, mais probablement des instants qui l'ont précédé, précisa Steve en espérant attenuer l'effroi de Cindy. Le tueur l'aurait alors enlevée pour l'empêcher de dévoiler les informations qu'elle a.
- Ce n'est pas vrai. Ça recommence, se lamenta la mère de l'adolescente, désemparée.
- Que veux-tu dire ? s'étonna Steve.
- Ce n'est pas la première fois que Melany disparaît parce qu'elle a été témoin d'un crime, expliqua Cindy. C'est arrivé à Sacramento. Elle devait avoir six ou sept ans. Mais cette fois-là, au moins, elle était avec la police. Elle refusait juste de dire son nom.
Cindy éclata en sanglots.
- Eh… souffla Steve en prenant la jeune femme dans ses bras, veine tentative pour la réconforter.
Ce fut à son tour de prononcer un discours encourageant, similaire à celui que lui avait tenu Danny une dizaine de minutes plus tôt.
Melany se réveilla en sursaut. Une migraine lui saisit aussitôt la tête. Son bras la lançait. Respirer était douloureux. Un pénible goût ferreux envahissait sa bouche pâteuse. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, ni du jour. Elle avait faim. Elle avait soif. Elle avait froid.
Malgré le marteau-piqueur fracassant son crâne de l'intérieur, elle se força à ouvrir les yeux. Elle se trouvait au milieu d'une pièce sombre, humide et froide. Elle était ligotée, fermement, à une chaise vraiment inconfortable. Ses mains étaient attachées dans son dos et ses jambes maintenues serrées contre les pieds de la chaise. Une nouvelle escapade lui parut difficilement envisageable.
Elle sursauta à nouveau quand une porte s'ouvrit. Des pas se firent entendre sur ce qu'elle identifia comme un escalier grinçant. Un homme s'approcha. Son estomac se serra.
- Alors, on fait moins la maline maintenant, harangua son ravisseur.
- Allez voir ailleurs si j'y suis, cracha-t-elle.
Elle reçut une gifle. La violence du coup fit basculer sa chaise sur le côté. Une vive douleur irradia son épaule. Son ravisseur la redressa en l'attrapant par le col, accentuant la douleur de son épaule.
- La ferme ! Je ne veux pas que tu parles, ok ?
- J'avais bien compris que c'était là le but de la manœuvre. M'empêcher de raconter que je vous ai vu avec votre acolyte avant que vous ne le tuiez.
Elle ne récolta qu'une nouvelle gifle. La chaise resta sur ses quatre pieds. Mais elle aperçut soudainement la Voie Lactée. Quand elle retrouva sa vision, elle plongea son regard dans celui de son ravisseur qui la maintenait de nouveau par le col. Ils restèrent ainsi quelques instants, sans ciller. Puis perdant patience, son ravisseur la lâcha et sortit en claquant la porte.
Melany s'autorisa seulement à souffler. Elle constata alors qu'elle tremblait.
Tandis que Steve raccompagnait Cindy chez elle et que les autres reprenaient depuis le début les éléments sur l'homicide de leur John Doe, Danny s'était éclipsé dans son bureau. Il avait prétexté avoir des mails à vérifier. Mais en réalité, il avait juste besoin de cinq ou dix minutes pour faire une sieste.
Il ne réagit pas lorsqu'il entendit un coup à la porte, gardant la tête rejetée en arrière contre le dossier de son fauteuil, position somme toute suffisamment confortable étant donné son niveau de fatigue.
- Danny ? appela la voix timide et inquiète de Catherine.
Dans un effort titanesque, Danny ouvrit les yeux et se redressa. D'un signe de la main, il invita Catherine à entrer. La jeune femme vint s'assoir en face de lui, de l'autre côté du bureau. Elle aussi portait les stigmates de la semaine qui s'était écoulée.
- Tu as pu discuter avec Steve ? demanda-t-elle.
Danny soupira. La situation qu'il redoutait tant.
- Ce n'est pas à moi de te le dire. Il t'en parlera quand il sera prêt, répondit Danny.
Catherine aurait aimé poser davantage de questions. Mais elle fut retenue par l'irruption de Kono dans le bureau.
- Chin a réussi à suivre la voiture. On a une localisation, annonça-t-elle. Steve nous rejoint là-bas.
Ni une ni deux, Catherine et Danny se levèrent et sortirent du bureau après Kono. Danny ne put s'empêcher de penser qu'il avait été sauvé par le gong.
- 5-0 ! hurla Steve.
Puis Chin enfonça la porte et Steve s'engouffra dans la maison, arme au poing, qu'il pointa à droite, à gauche, prêt à faire feu à la moindre alerte. Son équipe fit de même et chacun prit une direction différente.
Steve ouvrit une porte. Elle débouchait sur un escalier, qui menait au sous-sol. Sans attendre aucun de ses compagnons, Steve entreprit la descente de cet escalier. Arrivé en bas, il s'arrêta quelques instants pour donner le temps à ses yeux de s'acclimater à l'obscurité. Dès que tout devint plus clair, il la repéra, assise sur une chaise, au milieu de la pièce, ligotée.
- Melany !
Il se précipita vers elle, rengainant son arme. Mais l'adolescente le stoppa dans sa course.
- Attention ! Derrière vous !
Steve eut tout juste le temps de se retourner et de parer un éventuel coup avec son coude que quelqu'un lui tombait dessus. S'ensuivit un combat à mains nues, qui s'acheva rapidement, étant donné le piètre niveau de son assaillant. Au même moment, la lumière jaillit dans le sous-sol et ses compagnons d'armes le rejoignirent en bas. Steve laissa son adversaire défait aux bons soins d'un membre, peu importait son identité, de son équipe.
- Alex Costa, vous êtes en état d'arrestation pour homicide, enlèvement et séquestration de mineur. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous…
Tandis que Chin menottait et guidait, accompagné de Kono, leur coupable vers la sortie, lisant ses droits, Steve s'était à nouveau précipité vers Melany et défaisait ses liens.
- Melany, est-ce que ça va ? Tu as mal quelque part ?
L'adolescente se massait manifestement l'épaule. Une large incision entaillait son bras droit. La plaie n'était vraiment pas belle à voir. Son visage était également couvert de sang du fait de son nez cassé et quelques autres coupures. Mais Melany ne réagissait pas aux sollicitations de Steve. Était-elle sous le choc ?
- Je vais voir où en est l'ambulance, avertit Catherine en prenant le même chemin que Kono et Chin, téléphone déjà en main.
Steve jeta un rapide coup d'œil derrière lui, dans la direction que Melany fixait, stoïque, le regard déterminé. Elle regardait son ravisseur. Et tant qu'il gravissait péniblement, boitant, les marches, lui rendant son regard, Melany ne cilla pas.
Mais dès lors que ses pieds disparurent en haut de l'escalier et que le parquet au-dessus grinça, Melany porta finalement son attention sur Steve. Leur regard se rencontrèrent, pour la première fois. Les yeux de l'adolescente s'embuèrent. Ses lèvres se mirent à trembler. Son corps fut traversé de spasmes.
- Eh… C'est fini. Tu n'as plus rien à craindre, la rassura Steve.
Alors Melany éclata en sanglots et se jetta dans les bras de Steve, s'agrippant aussi fort qu'elle le pouvait à sa chemise. Steve lui rendit son étreinte, avec la même force, caressant son dos, caressant ses cheveux. Il ne releva la tête que lorsqu'il entendit le bruit d'un appareil photo.
C'était Danny, avec son téléphone, qu'il remettait déjà à sa place dans la poche avant de son gilet pare-balles.
- Eh, tu me remercieras un jour d'avoir immortalisé vos premiers instants, se justifia-t-il.
Steve secoua la tête, absolument pas disposé à réfléchir au bien fondé de la délicate intention de son meilleur ami. Il reporta son attention sur Melany. Ses sanglots s'étaient adoucis et sa prise sur sa chemise affaiblie, étant donné que l'adolescente s'était endormie dans les bras de Steve.
- Vous savez où est Steve ? demanda Catherine en rejoignant Chin et Kono dans l'open-space.
Le soleil avait déjà bien entamé sa descente dans le ciel, inondant Hawaii de ses rayons ambrés. Danny était rentré chez lui depuis longtemps. Il avait abandonné l'équipe dès lors que Melany avait été prise en charge par les ambulanciers afin de profiter du reste de son week-end avec Grace. Le reste de l'équipe était retournée au QG pour remplir les obligations nécessaires à la clôture de l'enquête et notamment l'audition d'Alex Costa. Catherine revenait de son entretien avec les policiers pour fixer les modalités du transfert du prisonnier.
- À l'hôpital, je crois, répondit Kono. Il voulait prendre des nouvelles de Melany.
Catherine se contenta de remercier sa collègue d'un hochement de tête. Elle aurait dû se douter de cette réponse.
Machinalement, Catherine rejoignit Chin et Kono dans leur rangement des pièces à conviction sur l'homicide de John Doe, qui s'appelait en réalité Adam Kaufmann.
- Vous croyez qu'ils en auront besoin pour le procès ? demanda Catherine en saisissant le sachet contenant l'anneau de Melany.
- Non, Costa a tout avoué, répondit Chin. Je pense qu'on pourra le lui rendre.
Une idée effleura l'esprit de Catherine.
- Ça vous dérange de finir ?
- Non pas du tout. On a bientôt terminé de toute manière, informa Kono.
- Vous êtes sûr ?
- Oui, ne t'en fais pas. Allez, file.
Catherine remercia et salua les cousins puis quitta le QG.
Steve l'observait, depuis le couloir, à travers la vitre. Elle était allongée dans le lit médical, reliée au moniteur cardiaque qui affichait un rythme cardiaque lent et régulier ainsi qu'à plusieurs poches de perfusion. Son avant-bras droit était bandé, son bras gauche en écharpe. Un strap recouvrait son nez. Les ecchymoses commençaient à apparaître sur son visage aux côtés des coupures désormais propres et fermées. Cindy était à son chevet. Steve n'osait pas entrer dans la chambre. Il en avait envie. Mais, pour une raison qu'il ignorait, la peur le retenait.
Une main se posa sur son épaule. Il ne sursauta pas. Il avait reconnu cette main délicate, la seule qui pouvait se poser sur son épaule sans prévenir et sans engendrer de réflexe de défense de sa part qui pouvait s'avérer dangereux pour son propriétaire. Il posa par-dessus sa main et ferma les yeux, savourant quelques instants la douceur de ce contact. Puis il se tourna pour faire face à Catherine.
Steve ne s'attendait pas du tout à la voir ici. Mais il en fut très heureux. Anxieux aussi. Il sentit que c'était le moment. Il devait lui dire. Il inspira un grand coup pour se donner du courage.
- Il faut que je te dise quelque chose.
- Je sais, répondit Catherine.
- Tu sais ?
- Melany est ta fille.
Avec une parfaite synchronisation, Steve et Catherine tournèrent la tête vers l'adolescente allongée dans la pièce d'à-côté avant de reporter leur attention l'un sur l'autre.
- Danny te l'a dit ?
- Non, je l'ai deviné.
Steve baissa la tête, abattu.
- Je suis désolé.
- Pourquoi ?
- Pour ne pas te l'avoir dit plus tôt.
- Eh…
Catherine attrapa les poignets de Steve et s'approcha davantage de lui, cherchant à capter son regard.
- Je ne t'en veux pas.
- Tu ne m'en veux pas ? répéta Steve en acceptant finalement le contact visuel.
- Pas du tout. Comment voulais-tu m'annoncer quelque chose que, toi-même, tu n'avais pas accepté ?
En guise de réponse, Steve l'embrassa. Sa petite-amie était si compréhensive. Une perle rare, il n'avait aucun doute. Il fit passer toute sa gratitude dans ce tendre baiser auquel la jeune femme répondit avec la même douceur.
Cindy sortit de la chambre de Melany au moment où les deux amants mirent fin à leur baiser.
- Elle a fini par s'endormir, annonça-t-elle, chuchotant à moitié malgré la cloison
- Comment elle va ? demanda Steve.
- Épuisée mais ça va. Elle a une luxation de l'épaule, une douzaine de points de suture sur l'autre avant-bras, un nez cassé et quelques contusions. Rien dont elle ne se remette pas, du moins physiquement. Les médecins la gardent en observation cette nuit. Mais je la connais, lundi elle sera déjà en cours. Et elle voudra remonter à cheval dans une semaine.
Steve et Catherine esquissèrent le même sourire, à la fois attendris et amusés par la prévision de Cindy qu'ils savaient très plausibles.
- Ah, j'oubliais ! s'exclama Catherine en plongeant sa main dans sa poche pour en sortir l'anneau. J'ai ramené ça pour Melany. Je me suis dis qu'elle serait contente de le retrouver.
- Oh merci, c'est gentil à vous, remercia Cindy en récupérant le collier. Je lui dirais que c'est vous. Qui lui avez rendu.
- Ce n'est pas la peine, ce n'est pas grand chose, minimisa Catherine, modeste
- J'insiste. Je suis sûre que Melany appréciera votre geste. Et appréciera savoir qui en est l'auteur.
Catherine hocha la tête. Cindy se tourna vers Steve.
- Melany ne doit pas savoir que tu es son père.
Steve ouvrait déjà la bouche pour protester mais Catherine se montra plus rapide.
- Mais Melany a le droit de savoir.
- Je ne pense pas que vous ayez votre mot à dire, riposta Cindy.
- Mais Steve si.
- Ma fille vient de traverser une épreuve traumatisante, argumenta Cindy en insistant sur le pronom possessif. Laissons-la s'en remettre. Nous verrons après.
Catherine voulut poursuivre le débat mais Steve l'en dissuada. Ils n'obtiendraient pas gain de cause ce soir-là. La jeune femme préféra alors se mettre en retrait.
- Nous ferons comme tu le voudras, se résigna Steve.
Cindy, satisfaite, hocha la tête puis retourna auprès de sa fille.
- Donc elle continue de t'écarter ? s'indigna alors Catherine.
- Je sais, murmura Steve. Je sais…
Ils se turent, posant un regard attendri sur l'adolescente endormie dans la pièce d'à-côté. Steve avait passé un bras autour de la taille de Catherine et Catherine avait posé sa tête sur l'épaule de Steve.
Après un temps qu'aucun des deux ne saurait définir, Steve sentit Catherine bâiller. Il déposa un baiser sur le haut de sa tête, s'enivrant alors du délicat parfum de son shampoing.
- Allez, viens, dit-il. Rentrons.
