En arrivant, elle s'empressa donc d'appeler Emma. Celle-ci venait de rentrer de son rendez-vous hebdomadaire avec le docteur Moore. Depuis maintenant deux ans qu'elles vivaient ensemble, la blonde n'avait bien souvent qu'à regarder sa compagne pour deviner ce dont elle avait besoin. Elle lui saisit donc la main et l'emmena dans le jardin. Une fois assise sur le banc à l'abri du pommier, elle la prit contre elle et se mit à lui raconter sa journée en lui caressant les cheveux. Elles restèrent là longtemps dans le parfum des fleurs et la brise douce de la fin de journée. Jusqu'à ce que l'estomac d'Emma se rappelle bruyamment à leurs bons souvenirs. Regina se leva en riant et entraina à son tour sa compagne vers la cuisine cette fois-ci pour y préparer leur dîner. Si on lui avait dit que sa vie serait à la fois aussi pleine et aussi paisible un jour, elle n'y aurait pas cru. Plus qu'incapable de croire en l'amour, elle ne se serait plutôt simplement pas cru capable d'être heureuse d'une vie aussi simple. Peut-être même qu'une part d'elle, héritée de sa mère et aujourd'hui éteinte, aurait méprisé cette vision du bonheur.

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Elle ressentit un pincement au cœur cependant quand Emma se prépara pour rejoindre le commissariat. Elle sentait qu'elle aurait eu besoin de s'endormir contre elle ce soir. Le poids de ce qu'elle avait recueilli dans la journée pesait un peu trop lourd. Elle se garda d'en rien dire à Emma pour ne pas qu'elle se sente coupable de la laisser mais celle-ci le sentit malgré tout et lui promit de rentrer le plus vite possible. La garde de cette nuit-là se passa sans intervention majeure. Emma disposa donc de pas mal de temps pour commencer ses recherches sur Joshua Barnett. Il était fiché chez eux, ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est qu'elle allait sûrement pouvoir en apprendre plus sur lui assez rapidement. La mauvaise, c'est que Louise était donc mariée à quelqu'un qui avait déjà eu affaire avec leurs services. Le savait-elle ? Était-ce à cause de cela qu'il la battait ? Parce que la multiplicité des marques sur son corps et leurs différents degrés d'ancienneté montraient que ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Il y avait donc tous les risques que cela se reproduise. Elle parcourut le dossier avec attention. Barnett n'avait pas été fiché pour sa violence domestique mais pour ses affiliations politiques. Il avait appartenu à un groupe de suprématistes blancs violent dissout après que la police avait découvert qu'ils préparaient un attentat d'envergure. Il n'avait hélas pas été possible de tous les rattacher à ces préparatifs, ce pourquoi Joshua Barnett s'en était tiré sans aucune condamnation. Emma était persuadée qu'il devait avoir retrouvé un autre groupe depuis, les personnes de son genre ne renonçaient pas à leurs croyances facilement.

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Elle passa les autres moments disponibles au bureau sur cette nuit de garde à compiler les divers groupes et associations de ce type recensés par les différents services d'ordre du pays auxquels elle pouvait avoir accès. Elle fut effarée de leur nombre. Elle décida de réduire son périmètre de recherche au Massachusetts et à Boston en particulier. Rien que là, elle avait déjà de quoi faire. Policière, en couple avec une femme latine et en un partenariat avec un homme possédant une ascendance asiatique, elle connaissait bien la violence de certains envers tous ceux qu'ils percevaient comme d'origine étrangère. Elle restait pourtant régulièrement choquée par la capacité de haine de l'être humain. Dieu sait si elle en avait suffisamment était témoin et victime dans sa jeunesse. Une part d'elle n'avait pourtant jamais renoncé à croire qu'autre chose était possible. Sa vie actuelle avec Regina la confortait dans le bien-fondé de cet espoir. Le meilleur moyen de lutter contre la haine n'était et ne pouvait se réduire à la haine-même. A lutter contre ces hommes et ces femmes avec les mêmes armes qu'eux, on ne courait qu'un risque, leur ressembler un jour. Aussi imparfaite soit-elle parfois, seule la justice permettrait de les réduire un jour à l'inexistence qu'ils méritaient. Elle établit donc une liste pour vérifier dans les semaines à venir à quelle association de radicaux pouvait appartenir Joshua Barnett. Avec un peu de chance, il en aurait rejoint une aux intentions aussi violentes que la précédente et, dans ce cas, elle saurait trouver un moyen de le faire arrêter et condamner pour ses actions.

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Son service de nuit fini, elle s'empressa de rentrer pour retrouver Regina. Elle prit une douche rapide en prenant garde de ne pas réveiller immédiatement sa belle endormie. Elle se doutait que, vu son état au retour la veille, elle n'avait peut-être pas eu une nuit des plus tranquilles. Mais elle savait aussi que, lorsqu'elle suivait des cas pareils, Regina avait besoin de son réconfort et préférait perdre du temps de sommeil au profit d'un réveil brûlant de sa part. Faire l'amour était depuis le début de leur vie à deux leur façon favorite de lutter contre les démons. Elles parlaient aussi, beaucoup. Mais parfois, elles avaient juste ce besoin primaire de sentir l'autre là, partout. Une fois sèche, la blonde ne put résister à son plaisir favori et admira un instant sa compagne assoupie. D'autant que, quand le temps le permettait, elles appréciaient toutes deux de dormir nues. Rien ne lui cachait donc la magnificence du corps doré qui tranchait sur les draps blancs que la brune avait chassés durant la chaleur de la nuit d'été. Sa gorge se serra. Elle ne remettait jamais en cause l'amour que Regina lui portait et, justement, elle se demandait souvent ce qu'elle avait bien pu faire pour avoir la chance qu'une femme aussi parfaite à tout point de vue soit aussi totalement amoureuse d'elle. Sans rien exiger d'elle, elle lui avait redonné le goût de tout, de vivre, d'échanger, de partager, de rire. Elle lui avait fait découvrir ce que c'était qu'aimer et être aimée, aussi bien physiquement qu'émotionnellement.

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Ne pouvant se retenir plus longtemps de lui montrer une fois de plus tout ce qu'elle éveillait en elle, Emma se pencha pour lui embrasser doucement un pied pendant que ses mains se glissaient sur les chevilles. Elle remonta lentement le long des jambes, profitant de la douceur de la peau qui frémissait sous ses lèvres et ses doigts avides. Après la rondeur des mollets, elle s'attarda dans les doux creux des genoux qu'elle savait être l'un des points faibles de sa compagne. Celle-ci commençait à se réveiller et à gémir doucement. Elle sourit et poursuivit son ascension. Sa bouche alternait d'une cuisse à l'autre pendant que les mains, restées en arrière, s'attardaient à caresser la peau si délicate pour amener Regina à sortir des limbes. Elle retint un rire quand elle sentit des mains s'égarer dans ses boucles et faire mine de la mener plus rapidement où leur propriétaire la voulait. Elle continua sans férir son exploration vers le haut des cuisses. Sa langue se délectait de leur douceur et elle-même des tremblements annonciateurs de la montée du plaisir de ce corps qu'elle aimait tant adorer. Durant ces réveils qu'elle savourait, elle pouvait prendre tout son temps. Ce qui n'était pas toujours le cas, Regina montrant rarement une patience à toute épreuve quand sa jouissance se faisait trop attendre.

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Et, justement, la pression insistante des deux mains sur son crâne lui montrait que sa belle commençait à se réveiller vraiment et apprécierait qu'elle en vienne un peu plus rapidement à l'essentiel. Elle n'en resta pas moins là où elle était et laissa ses mains s'égarer sur les rondeurs fermes des fesses qui restaient sans doute aucun ce qu'elle préférait physiquement chez la brune. Celle-ci laissait échapper des gémissements de plus en plus puissants sous la pression qui s'accumulait au creux de ses reins au point d'en devenir presque douloureuse. La blonde continuait son trajet avec toute la nonchalance possible, donnant l'impression de fort bien se contenter de là où elle se trouvait.

- Emma, je te promets que si tu ne te dépêche pas un peu, tu risques de le payer très cher quand ton tour viendra, menaça Regina d'une voix encore enrouée par le sommeil.

La blonde ne put cette fois retenir un rire avant de le ravaler aussitôt et de s'empresser d'obéir. Elle savait trop bien de quoi sa compagne était capable et n'avait aucune envie de la pousser dans ses retranchements. La dernière fois qu'elle avait osé, elle avait attendu sa délivrance jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Elle ne pouvait pas dire qu'elle le regrettait vraiment, ceci dit, la torture avait été délicieuse et l'arrivée inoubliable. S'il y a avait bien une chose qu'on ne pouvait pas dire de Regina Mills c'est qu'elle manquait de suite dans les idées et de l'endurance pour en venir à bout.

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Elle enfouit avec avidité son visage entre les cuisses qui s'ouvrirent pour mieux l'accueillir. Les ondulations de plus en plus rapprochées des hanches et son prénom mêlé aux cris que poussaient désormais Regina lui signalèrent à quel point elle était proche. Elle en profita d'autant plus totalement, plongeant sa langue en elle puis la léchant de bas en haut avant de s'attarder sur son clitoris, sachant qu'elle arracherait ainsi des sons de gorge qui lui remueraient les entrailles. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais se rassasier de son goût, de sa douceur, de sa beauté quand elle la menait au sommet du plaisir. Elle lui faisait souvent l'amour comme si elle n'allait jamais la revoir. Même après deux ans de vie commune, la voix en elle qui lui disait que tout bonheur avait une fin ne s'était jamais complètement tue. Elle emmagasinait donc toutes les sensations et images possibles de Regina, à chaque fois, juste au cas où. Elle leva donc les yeux pour ne pas perdre une miette du visage de son amante quand elle sentit son corps se tendre au-delà de ce paraissait possible à un être humain. Elle sentit au tiraillement qui la saisit au creux du ventre que la jouissance de Regina avait entrainé la sienne. Elle ne pensait pas, avant de la rencontrer, qu'il soit possible d'éprouver cela sans même être touchée. Et pourtant. Dans un soupir comblé, elle remonta pour l'embrasser et la serrer contre elle.

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- Hum, j'avais besoin de ça, même si tu es infernale parfois.

- Je suis désolée. Tu me rends tellement heureuse que je me perds parfois dans mes pensées à des moments qui ne s'y prêtent pas forcément.

- Hum, tu sais comment te rattraper en tout cas. Tu m'as manquée cette nuit, mon cœur.

- Je sais, mon amour. Crois-moi, si j'avais pu rester…

- Je sais. Mais tu es là, maintenant, et c'est tout ce qui compte. D'autant que je n'ai rien de prévu ce matin et que j'ai prévenu hier que j'arriverais un peu plus tard au bureau…

- Oh, se contenta Emma d'une voix étranglée.

- En effet, commenta Regina avec une pointe de moquerie affectueuse. Et, crois-moi, quand je partirais, tu n'auras pas d'autre choix que de dormir jusqu'à mon retour pour récupérer totalement de ce que je t'aurais fait.

Et, cette fois-ci, Emma n'eut même pas assez d'air pour expulser le nouvel oh que cette promesse avait fait naître.