(Chapitre 18)

Dimanche matin. Appartement de Regina Mills.

Emma se réveilla, sortant doucement d'un sommeil lourd et bienfaiteur. Elle sentit tout de suite les bras de Regina qui l'enlaçaient et elle se sentit étrangement bien. Elle ouvrit les yeux et posa son regard sur la femme à ses côtés, elle la trouva extrêmement belle, belle à en avoir le souffle coupé et à ne plus trop savoir si ce qu'elle vivait été bel et bien réel. Regina avait le visage serein, elle qui arbore toujours un petit côté sévère, ce matin, Emma pouvait la contempler sans artifice, sans masque, juste elle, au naturel et Emma la trouva sublime à un point qu'elle n'arrivait même pas à décrire. Cette femme la rendait fébrile, et pourtant elle ne s'était jamais sentie aussi forte. Jamais aucune femme n'avait eu une telle emprise sur elle. Jamais.

Un de ses bras était coincé sous sa nuque et le seul mouvement qu'elle pouvait faire, était de lui caresser les cheveux, alors c'est ce qu'elle fit tout doucement. Son autre main vint se poser sur le bras de Regina qui lui encerclait la taille. Sous la couette, elle devina leurs jambes entrelacées, leurs corps intimement lovés et elle se mit à sourire.

Regina se réveilla à son tour mais ne fit aucun geste, profitant de la main d'Emma qui lui caressait les cheveux, ses doigts s'insinuant lentement et tendrement entre ses mèches brunes. Emma remarqua le sourire de Regina qui s'étendait sur son visage et elle embrassa son front sans défaire leur étreinte.

« Bonjour… » Chuchota Emma.

« Bon… jour… »

Regina releva la tête et apposa délicatement ses lèvres sur celles d'Emma, qui restait là, songeuse, rêveuse, et qui maintenant que Regina était éveillée, pouvait resserrer la pression de ses bras autour d'elle.

« C'est étrange … » Avoua Emma.

« Quoi donc ? »

« Je crois que c'est la première fois de ma vie que je me réveille deux jours de suite avec la même femme… » Répondit Emma, pas très fière d'elle pour le coup.

« Hm, je vois, un exploit ! J'imagine qu'avant tu t'empressais de chasser tes conquêtes de chez toi avant même le lever du jour… Dis-moi, tu les chassais à coup de bâton ou bien avec un saut d'eau froide ?! » Plaisanta Regina.

« Très drôle ! » Grinça Emma.

« Je plaisante Emma, je sais très bien que c'était pour toi une manière de te protéger, une manière de ne pas souffrir, de ne pas t'impliquer dans quoi que ce soit, parce que tu devais déjà gérer ta propre vie. »

« Et aussi pour ne faire subir à personne d'autre que moi, mon état … instable. »

« Tu vas mieux maintenant. » La rassura Regina, en glissant ses doigts sur la joue de la blonde.

« Et si … je replongeais… et si… mon état empirait une nouvelle fois… je ne veux pas te faire subir ça. »

« Hey, je ne suis pas n'importe qui… moi, je saurais voir les symptômes, je saurais gérer tes crises Emma, parce que je sais exactement ce par quoi tu es passé et ce contre quoi tu te bats. »

« C'est vrai que tu as été la seule à pouvoir me sortir de ma crise d'angoisse mais… »

« Et je le referais s'il le faut. » Coupa Regina en se redressant et en empoignant le visage d'Emma qui commençait à se renfermer.

« Mais Gina… tu … tu mérites mieux que moi… »

« Je t'interdis de dire une chose pareille, Emma. »

La blonde baissa les yeux, intimidée et gênée.

« Emma, regarde-moi ! »

Elle releva la tête.

« Tu es une femme extraordinaire, tu m'entends ! Tu es belle, tu es forte, tu as un courage immense, ne te cache pas derrière ce que tu étais autrefois, la victime, l'orpheline, tu n'es plus cette enfant apeurée, martyrisée et … »

« Meurtrière. »

« Arrête avec ça ! »

« Mais… »

« Emma, cette ordure l'avait mérité, et toi petit ange blond de 10 ans, tu as eu le courage que personne d'autre n'aurait eu. »

« Tu cautionnes le meurtre ? »

« De la légitime défense dans ton cas, Emma, voyons ! Tu n'as rien prémédité. Il te torturait, cet homme était une brute, un monstre, il n'a eu que ce qu'il méritait. »

« Mais, j'ai des épisodes de violences compulsives depuis ça, je pourrais te faire du mal à toi aussi … »

« Tu ne me fera jamais de mal Emma, j'ai confiance en toi. Et puis, tu suis bien ton traitement, tu suis ta thérapie… je ne veux pas que tu relâche tes efforts avec Sydney, d'accords ? Promets-le-moi. »

« Je… »

« Emma ? »

« Je te le promets. »

Regina la dévisageait, la forçant à lui faire cette promesse, droit dans les yeux et avec tout son cœur. Emma se sentit mieux, une partie de ses doutes venaient de s'envoler devant la détermination de Regina à l'aider et à l'aimer telle qu'elle était.

« Tu es merveilleuse avec moi, Gina… »

Regina se détendit enfin, son air grave s'effaça au profit d'un joli sourire.

« Emma, je suis bien avec toi… et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé alors ne gâche pas tout avec des doutes inutiles… ou bien, si tu en as à l'avenir, tu m'en parles tout de suite, tu ne rumines pas ça dans ton coin, d'accords ? »

Emma hocha la tête. Décidément cette femme était parfaite pour elle et elle avait encore un peu de mal à réaliser tout ce qui se passait entre elles. C'était inédit pour elle, c'était effrayant et affolant en même temps mais Regina la comprenait mieux que personne et c'était peut-être effectivement la seule personne au monde à pouvoir l'aimer réellement.

Emma bascula son corps contre le sien et vint la surplomber à la surprise de Regina qui s'agrippa à ses épaules, puis elle lui accorda son plus beau et son plus malicieux sourire.

« Dr Mills, il semblerait que j'ai besoin de vous… besoin de vos lumières, besoin de vos séances particulières… J'ai terriblement besoin de vos caresses et de vos baisers… » Susurra Emma.

« Hm, ça peut se négocier… mais ça va vous coûter cher, Mademoiselle Swan. » Plaisanta Regina, en entrelaçant ses jambes aux siennes.

« Hm, j'irai dévaliser une banque ou deux, s'il le faut ! »

« Je t'en crois tout à fait capable en plus ! »

Emma hocha vivement la tête en riant avant de plonger ses lèvres dans le cou de sa compagne, lui tirant un léger frisson. Elle appuya son bassin contre le sien et c'est un gémissement qui s'extirpa de la gorge de Regina. Emma accentua le mouvement, vite rattraper par Regina qui se mit en rythme avec elle en agrippant ses mains dans son dos puis sur ses fesses pour l'attirer encore plus à elle. Très vite, elles s'embrassèrent passionnément et la chaleur de leurs deux corps devint exponentielle.

Emma glissa une main entre les jambes de la brune et sa propre cuisse, elle trouva vite la source du désir de Regina qui se cambra sous sa caresse. Emma s'appliqua un temps considérable contre l'intimité de Regina qui finit par presque la supplier de venir en elle. Regina remonta une jambe autour des hanches d'Emma, le poignet de la blonde s'ajusta pour une meilleure prise afin que ses doigts pénètrent sa compagne qui se mit à gémir sans retenue aucune. Emma l'embrassa à pleine bouche alors que le plaisir de Regina ne faisait que monter et monter encore, jusqu'à que Regina ait besoin d'air, ne pouvant retenir ses soupirs, puis ses cris qu'elle tenta d'étouffer en mordant l'épaule d'Emma au-dessus d'elle.

Regina prit quelques secondes pour se remettre de cet orgasme très habilement prodigué par son amante, puis elle empoigna les hanches d'Emma pour lui intimer de remonter son corps sur le sien, tout en se glissant sous elle en même temps. Emma n'eut pas le temps de comprendre avant de se retrouver sur les genoux, les mains posées sur la tête de lit et le visage de Regina entre ses cuisses qui venait de s'emparer de son sexe humide à pleine bouche. Elle hoqueta de surprise puis gémit en sentant déjà la langue de Regina s'affairer en elle. C'était magique. Elle sentit une des mains de la brune sur ses fesses et l'autre remonter sur un de ses seins, puis elle sentit la main qui était sur ses fesses se faufiler entre ses jambes largement écartées et les doigts de Regina prendre la place de sa langue et la pénétrer bien trop facilement. Elle se laissa aller, elle basculait son bassin au rythme de son désir et très vite, l'orgasme la surprit de plein fouet. Elle retomba lourdement aux côtés de Regina, un grand sourire aux lèvres. Le sexe au réveil était une chose merveilleuse et elle se languissait déjà de pouvoir revivre cela avec elle, encore et encore.

Elles étaient restées tardivement au lit en ce dimanche matin, puis elles avaient pris un bain toutes les deux dans l'immense baignoire de la salle bain, elles avaient grignoté quelques quartiers de pommes et une grappe de raisins allongées dans le lit, en fait elles étaient restées nues pratiquement toute la journée, insatiables. Mais en fin d'après-midi, Emma annonça qu'elle devait rentrer chez elle et Regina tenta un peu maladroitement de lui dire qu'elle pouvait rester pour finir ce week-end ensemble.

« Enfin je ne te force pas, je comprendrais que tu veuilles rentrer chez toi. » Finit par dire Regina en s'efforçant de ne pas se montrer trop déçu, elle-même ayant du mal à comprendre pourquoi elle était déjà si accroc à la présence d'Emma.

« Je vais rentrer chez moi, oui, pour me changer… je ne peux décemment pas rester nue, ou te piquer tes fringues encore un jour de plus. »

« Ça ne me gêne pas, tu sais. »

« Oui j'ai vu ça, ça avait même l'air de te plaire ! Mais je vais y aller… en revanche … » Dit Emma en s'approchant nonchalamment de Regina.

« Oui ? En revanche quoi ? » Questionna Regina, soudain curieuse.

« Je peux revenir après. » Ajouta-t-elle presque craintivement.

Le visage de Regina s'illumina d'un coup, elle tenta de reprendre un peu de maitrise de soi mais c'était trop tard, Emma avait vu cet éclat dans ses yeux et elle en était ravie, car elle aussi n'avait pas la moindre envie d'être loin d'elle.

« Vraiment ? » Questionna Regina, tentant d'être le plus détachée possible.

« Hm oui, à vrai dire… je n'ai pas envie que ce week-end se termine. »

« Moi non plus. » Avoua Regina timidement.

Emma se pencha vers elle pour l'embrasser tendrement.

« Je sais que c'est nouveau pour toi, de passer autant de temps avec la même personne alors je ne t'en voudrais pas si… » Voulu rajouter Regina pour ne pas la forcer à quoi que ce soit.

« Hey, c'est bon, laisse-moi environ une heure et je reviens… j'ai envie d'être avec toi... encore… » Sourit Emma.

« Alors pendant que tu seras partie, je vais cuisiner quelque chose de bon pour le diner. »

« Hm, ça je valide ! »

« Goinfre ! »

Emma se mit à rire en hochant vivement de la tête, nullement vexée.

« Alors tu reviens dans pas longtemps ? » Demanda Regina, comme pour confirmer qu'elle retrouva vite l'étreinte de ses bras qu'elle venait tout juste de quitter.

« Oui… Si tu savais le nombre de fois où je ne voulais pas quitter ton cabinet après nos séances du vendredi soir… le nombre de fois où dans ma tête je me disais : ''invite-la à diner'', ''invite-la à passer la nuit avec toi'', ''ne sort pas de cette pièce et plaque-la contre la porte'', ''embrasse-la et fait lui l'amour sur le bu…''… bref, c'était une torture alors maintenant que je t'ai … je ne te lâche plus ! »

Regina haussa un sourcil et Emma se rendit compte de tout ce qu'elle venait de déballer.

« Enfin, je pensais tout ça, en tout bien tout honneur évidement, et puis … quand je dis que je t'ai c'est une façon de parler, hein ? parce que de toute évidence tu ne m'appartiens pas, hein ? J'veux dire, on est des individus libres et égaux, on aime passer du temps ensemble oui mais… qu'est-ce que je dis bon sang… tu n'es pas ma propriété, on est des femmes libres de nos choix et de nos ac… »

« Arrête, c'est bon, tu t'enfonces là ! Et j'ai compris Emma ne t'inquiète pas. » Ria Regina devant la gêne évidente d'Emma devenue toute rouge et toute confuse.

« Désolé, je n'ai jamais été en couple avant alors je ne sais pas comment faire et je … »

Emma ouvrit grand les yeux et resta muette, elle continuait à se mettre toute seule dans l'embarras. Voilà qu'elle parlait de couple à présent, c'était sans doute trop tôt pour ça et elle se mit à rougir de plus belle. Regina s'approcha, amusée des tourments de la belle blonde.

« Tu sais… l'idée de t'appartenir, ne me dérange pas… je suis à toi Emma Swan … et maintenant file chez toi ! … Mais n'oublie pas de revenir. » Rajouta Regina d'une voix légèrement suave.

« Alors ça, y'a pas de danger. » Répliqua Emma, en déglutissant lourdement.

Regina l'attrapa par les hanches et l'embrassa avec force avant de laisser Emma déguerpir de l'appartement encore confuse de ses bourdes.

Dimanche soir. Appartement de Regina Mills.

Un peu plus d'une heure après, Emma sonnait à l'interphone en bas de l'hôtel particulier de Regina et cette dernière s'empressa de lui ouvrir, le sourire aux lèvres. Quand Emma fit face à la porte, cette dernière était entrouverte et Emma pénétra dans l'appartement. Elle fut tout de suite prise d'assaut par une odeur irrésistible, il y avait un plat dans le four qui embaumait les lieux et qui lui ouvrit l'appétit sur le champ. Elle déposa son sac à dos dans l'entrée après avoir fermé la porte derrière elle et s'avança dans le salon, elle trouva Regina penchée sur la table de la salle à manger, en train d'allumer les bougies d'un ravissant chandelier.

Emma resta là, sans dire un mot, la regardant avec désir et amour. Regina était sublime, elle portait un pantalon droit assez simple et une chemise sans manche noir, légèrement transparente. Emma se fit la réflexion que cette femme était belle quoiqu'elle porte, quoiqu'elle fasse et ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait la remarque, elle se sentit soudainement chanceuse à un point inimaginable. Regina avait dressé une jolie table pour un diner en tête à tête et Emma s'avança vers elle alors que la brune ajustait les derniers détails à sa convenance. Emma se glissa derrière elle et l'enlaça. Regina sursauta légèrement mais elle lui avait ouvert la porte et elle l'attendait donc elle n'eut pas peur.

Emma posa sa tête sur son épaule et glissa ses mains sur le ventre de la brune.

« Tu es revenue… » Souffla Regina.

« Tu en doutais ? »

« Non. »

« Dis-moi, c'est charmant tout ça, tu attends quelqu'un pour le diner ?! » Plaisanta Emma.

« Hm… oui une jolie bonde, d'ailleurs tu devrais te sauver car elle ne devrait pas tarder à arriver. » Renchérit Regina, entrant dans le jeu d'Emma.

« Hey ! » S'offusqua Emma, en grimaçant.

« C'est toi qui à commencer ! »

« Bah ce n'était pas la peine de répliquer ! »

« Oh que si, Mademoiselle Swan ! » Répondit Regina en se retournant pour venir prendre le visage d'Emma entre ses mains et l'embrasser tendrement.

Emma agrippa la nuque de Regina et approfondit leur baiser d'une manière très équivoque.

« T'aurais-je manqué ? » Murmura Regina en répondant à son baiser, encerclant la taille d'Emma avec ses bras.

« Oui… » Avoua Emma dans un soupire.

« Eh bien, ça promet… comment va-t-on faire ? Demain c'est lundi, il faudra aller trav… »

« Chut, tais-toi, je ne veux pas y penser… » Renchérit Emma en la soulevant et en l'emportant vers le canapé.

Elles commencèrent à se rechercher, leurs esprits s'échauffant ainsi que leurs corps. Emma déboutonnait déjà le chemisier de Regina alors que cette dernière s'attaquait à la boucle de ceinture du jeans d'Emma quand le bip du four retentit et les coupa dans leur élan.

« Le diner est prêt… »

« Hm... » Grogna Emma, entre faim et frustration, ne sachant que choisir.

« Ce n'est que partie remise, chérie… » Susurra Regina, se relevant du canapé et reboutonnant son habit.

Emma haussa les sourcils à ce « chérie » tout nouveau, peut-être même un peu prématurée, mais au combien plaisant dans la bouche de la brune. Regina se mordit la lèvre en se rendant compte de ce qu'elle venait de laisser échapper et puis, mine de rien, elle partie en cuisine, suivit de près par la blonde.

« Je peux faire quelque chose ? » Demanda-t-elle.

« Hm ? Oui, prend la bouteille de vin et suit-moi, nous pouvons passer à table. »

Regina avait dressé une magnifique table pour elles deux et Emma se laissa servir, un peu gênée, un peu rêveuse. Elle n'était réellement pas habituée à autant de démonstration d'affection, autant d'attention et autant de romantisme, elle en était un peu chamboulée mais elle devait bien admettre que ça lui plaisait. Elle qui s'en serait limite offusquée quelque temps plus tôt, en disant un truc du genre « tout ce tralala, c'était seulement bon pour les contes de fée ! », mais elle devait bien admettre que c'était ravissant et séduisant.

Elle resta plutôt silencieuse pendant les premières minutes, exceptée qu'elle avait, dès la première bouchée, complimenté Regina pour la saveur de son plat. Elle la dévorait des yeux, et Regina se mit même à rougir à la lueur des chandelles tant le regard d'Emma était intense.

« Parle-moi de toi. » Lança soudain Emma.

« Hm… que veux-tu savoir ? »

« Tout ! » Répondit Emma.

Regina eut un petit sourire amusé et charmé avant qu'Emma ne précise sa pensée.

« Pourquoi une femme, telle que toi, vit seule ? »

Regina fut surprise de la question sans détour d'Emma pourtant elle la connaissait, elle savait qu'elle faisait rarement dans la finesse, qu'elle était d'un naturel plutôt cash même si parfois, il lui arrivait d'y mettre les formes. Emma savait le faire mais s'y refusait, préférant prendre un malin plaisir à déstabiliser ses interlocuteurs.

« Oh, et bien… je crois que je me suis trop investie dans mon travail… sans vraiment laisser de place pour le reste. »

« Mais encore ? » Demanda Emma, n'ayant eu que des infimes bribes concernant la vie de la brune, elle voulait en savoir plus, beaucoup plus.

Regina haussa un sourcil, Emma avait décidé d'être curieuse ce soir. Et ça pouvait se comprendre étant donné que pendant plus d'un an, c'est sa vie à elle qu'elles avaient décortiqué en thérapie, alors il était temps que Regina se dévoile aussi. Elle prit une inspiration et se lança, décidée à ne rien lui cacher.

« Je… j'ai longtemps été quelqu'un de très peu disponible dans la vie privée… J'étais entièrement dévouée à mon métier et à mes patients pendant mes premières années de pratiques, j'assistais à beaucoup de conférences, partais en voyages humanitaires, me spécialisais dans la branche des criminels dangereux et j'ai occulté pendant longtemps l'aspect privée de ma vie. »

« Pourquoi ça ? Pourquoi refuser de vivre ? »

« Hm… je … j'ai perdu quelqu'un que… j'aimais… »

Emma se souvenait parfaitement de ce détail qui avait échappé à la brune un jour où elle avait voulu partager un peu de son vécu pour ne pas que sa patiente ne se renferme et lui prouver que tout le monde avait un passé et des blessures. Emma avait retenu que Regina avait perdu un fiancé mais elle préféra la laisser continuer à son rythme sans faire aucune remarque.

« Il s'appelait Daniel. On était très jeunes, on s'est fiancé lors de notre première année à la Fac, je faisais Médecine et lui, il voulait être vétérinaire… on avait prévu de se marier une fois diplômé, d'ailleurs s'il n'y avait pas eu ma tyrannique de mère pour m'en empêcher, je crois qu'on se serait mariés tout de suite mais bon, elle savait poser les arguments pour se faire obéir, comme toujours… parce que ma mère est … un monstre… bref… nous avions des projets, nous nous aimions et puis… il est mort. »

Emma émit un gémissement étouffé dans sa gorge, sa peine se lisant sur son visage.

« Il est mort à l'âge de 22 ans. Un stupide accident de cheval. » Soupira Regina, le regard éteint, comme si sa peine n'était plus vraiment là, comme si elle était trop lointaine à présent pour pouvoir encore lui faire mal, comme si elle avait laissé la douleur dans le passé.

Emma posa sa main sur celle de Regina et la serra doucement pour la faire revenir au moment présent.

« Je suis désolé que tu ais du vivre ça… perdre un être cher est… ce qu'il y a de plus dur à vivre. »

Regina reconnu une compassion non feinte de la part d'Emma, cette jeune femme, que la vie avait brisée depuis son plus jeune âge, parvenait à compatir à sa douleur. On ne peut pas juger du mal ressentit par chacun quand il est question de drame, mais ce qu'Emma avait subi dans sa vie était tellement plus pénible et pourtant, son regard et ses gestes dénotaient d'une véritable empathie.

« Merci »

« Et ensuite tu t'es empêché de vivre, empêché de ressentir quoique ce soit pour quiconque ? » Poussa Emma pour que Regina poursuive.

« En quelques sortes oui… du moins, pendant un bon bout de temps, c'est vrai. » Répondit Regina en avalant une gorgée de vin.

« Raconte-moi. »

« Des années après, une fois diplômée, une fois plus aguerrit, j'ai rencontré … une femme… »

« Voyez-vous ça ! » Lança Emma pour détendre gentiment l'atmosphère.

« Oui, une femme. » Répéta Regina en levant les yeux au ciel.

« Une chanceuse. »

« Une saloperie ! Pardon, excuse-moi… mais encore une fois l'histoire ne s'est pas très bien terminée… Madeline… ou Maléfique, comme aime à la surnommer mon amie Kathrin, que tu as aperçu au Queen Club ... »

« Oh, oui la blonde avec son prince charmant ? »

« C'est ça ! Bref… Madeline était une sommité dans le monde de la psychanalyse. C'est l'éminent Professeur Gold, un de mes anciens professeurs, qui me la présenté lors d'un séminaire et elle m'a… comment dire… j'ai été subjuguée par cette femme… c'était la première fois que ça m'arrivait. Je commençais tout juste à me faire une petite réputation dans le milieu et elle a été… très sévère avec moi… »

« Et ça t'as plu ? » Devina Emma.

Regina hocha la tête, gênée.

« Y'a pas de quoi avoir honte. Des fois c'est ceux qui nous maltraite le plus, qui nous attire le plus… la nature humaine est vraiment sournoise… mais tu es au courant ! »

« Quoi ? tu es en train de dire que moi, je te maltraite ? »

« Non, bien sûr que non, je ne parlais pas de nous ! Mais tu es psy, tu connais tous les coups tordus que peut parfois nous jouer nos désir ou notre subconscient … Cela-dit, entre nous c'est toute cette tension sous-jacente… ce chaud puis ce froid… qui ne m'a pas laissé de marbre… et qui m'a poussé à en vouloir plus avec toi. »

Regina retint un sourire, elle ne pouvait qu'acquiescer à cette vérité.

« Continue. » Intima Emma, en avalant la dernière bouchée de son assiette qu'elle avait dévoré.

« Cette femme m'a appris énormément de chose, j'ai découvert des traités de psychanalyse étonnants grâce à elle, des méthodes et des cas complexes qui demandaient beaucoup de travail, c'était à la fois un plaisir et un défi de collaborer avec elle … mais elle était aussi… d'une beauté ravageuse, elle était cinglante et autoritaire, elle était étonnamment inaccessible et j'étais totalement sous son emprise. »

« Tu l'aimais ? »

« Entre l'amour et l'admiration, je ne sais plus trop à présent. »

« Et vous couchiez ensemble ? »

Regina hocha timidement la tête.

« Et tu as eu l'impression qu'elle jouait avec toi ? Qu'elle se servait de toi ? »

« C'est exactement ce qu'elle faisait, oui… Et j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre quand elle a fini par jeter son dévolu sur un autre apprentie que moi. »

« Tu sais que la femme d'une beauté ravageuse, la psy extraordinairement douée aujourd'hui c'est toi ? Et non plus elle ? »

Regina sourit à ce semblant de compliment maladroit.

« Je ne veux pas être comme elle. »

« Tu ne l'es pas… toi, tu n'as pas un cœur de pierre. » Répondit Emma en se penchant pour l'embrasser.

« Peut-être, mais j'ai la poisse ! Ensuite je suis resté un bon moment, seule, me concentrant sur mon travail… »

« Il n'y a eu personne d'autre ? »

« Je ne sais pas comment tu as fait pour me faire parler de tout ça, tu sais… »

« Je suis doué c'est tout ! » Lança Emma en lui faisant un clin d'œil amusé.

« Je dois admettre que oui. Tu ferais un bon détective ! »

« Je veux juste en savoir plus sur toi, en revanche je sais que c'est du passé, je ne le juge pas, et je n'en suis pas jalouse. Et puis toi, tu connais tout de moi, ou presque, alors … »

« Oui, c'est vrai… alors pour clore le chapitre : relations sentimentales désastreuses… il y a eu quelques aventures sans lendemain qui ne valent même pas le peine qu'on s'y attarde et puis il y a eu… Robin. C'était i ans, un homme à l'allure un peu rustre mais qui savait se montrer charmant… et qui s'est avéré être marié et père d'un petit garçon… chose qu'il s'était bien gardé de me dire… quand je l'ai su… je l'ai jeté… car il était hors de question de je sois la maitresse de quelqu'un. »

« Hm… effectivement… »

« Tu vois… j'ai la poisse ! »

Emma tiqua.

« Et moi alors ? » Demanda-t-elle.

Regina releva le regard, jusque-là plongé dans le fond de son verre de vin vide.

« Avoue qu'avec toi, ça aurait pu aussi tourner au fiasco total ? »

« Pas faux. »

« Tu étais ma patiente… ça m'était totalement interdit de penser à toi autre qu'en terme de psychanalyse… et pourtant… je n'ai pas réussi à taire les sentiments qui m'animaient. J'ai essayé, j'étais presque dans un déni absolu, j'ai outrepassé mes droits, j'ai été totalement hors protocole avec toi, et je tentais de me persuader que ça n'avait rien de grave… jusqu'à ce que Hopper vienne me remettre les idées en place. »

« Faudra que je pense à le remercier celui-là ! » Plaisanta Emma avec un sourire en coin.

« Emma ? »

« Oui ? »

« Toi et moi ? ça ne te fait pas peur ? »

« Eh bien, si un peu… non, en fait, ça me file une trouille bleue mais je crois que j'en ai assez de me retenir, assez de fuir, assez de lutter contre ce que la vie peut m'apporter de bon… jusque-là je pensais ne pas y avoir droit, je pensais être réduite à devoir supporter mon passé et ma pathologie sans rien attendre d'autre que des plaisirs fugaces sans grand intérêt et un quotidien rythmé par le travail, la thérapie et la médication… et puis il y a eu toi… et ce que je ressens pour toi, je ne l'ai jamais ressenti pour personne d'autre. »

« Pas même pour Lily ? »

« Tu sais avec Lily, j'étais jeune, trop jeune. On était des ados paumées, vivants en foyer, elle se glissait dans mon lit le soir… au début ce n'était que de la tendresse, un besoin irrépressible de se sentir moins seule, et puis dans la journée on faisait les 400 coups et plus on faisait de bêtises plus l'adrénaline nous rattrapait le soir… elle se glissait sous mes draps et on a appris comme ça, à se toucher à tâtons, en silence, discrètement, le cœur affolé… Pour moi qui refusais tout contact physique c'était une libération, à l'époque il n'y a qu'elle que j'ai laissé m'approcher de la sorte… et puis elle est partie et j'ai cru que j'allais en mourir… Mais j'ai fini par grandir, je m'en suis remise… le contact physique n'était plus le problème, en revanche c'est le laisser-aller émotionnel que j'ai totalement refréné. … jusqu'à toi. »

Regina approcha sa main de la sienne et entrelaça leurs doigts.

« Emma, je ne l'explique pas… alors que je devrais, mon esprit de psychanalyste devrait rationnaliser tout ça mais… avec toi… je sens que tout peut être différent. Je sens qu'avec toi, je pourrais être… »

« Heureuse ? »

« Oui. » Souffla Regina sans cacher son émotion.

« Je le croit aussi, Gina. »

« Oh, putain… qu'est-ce que j'aime quand tu m'appels comme ça. » Lança Regina sous le regard surpris d'Emma.

N'y tenant plus, la soirée ayant été assez lourde en confidences, Emma se leva en emportant Regina avec elle, elle colla son corps au sien, et l'embrassa sans détour. Regina répondit à son baiser sans attendre une seconde, entrainée par l'ardente passion qu'Emma déployait à cet instant. Elle n'avait jamais ressenti une telle alchimie dans sa vie, dans aucun de ses souvenirs, ça n'avait été aussi passionnel, il n'y avait que cette femme qui insufflait en elle un désir aussi pressant.

Ensemble, dans des gestes presque coordonnés, comme une danse subtilement chorégraphiée, elle se dirigèrent vers la chambre, leurs corps s'accordaient l'un à l'autre sans un seul faux pas et leurs mains se délestaient de leurs habits sans séparer leurs lèvres plus de quelques secondes d'affilé. Le jour avait laissé place à la nuit pendant leur diner, et une fois dans l'intimité de la chambre, elles s'observèrent ainsi, nues, à la lueur de la pleine Lune. Emma passa le bout de ses doigts le long du corps de Regina en soupirant.

« Mon Dieu … qu'est-ce que tu es belle… je crois que je ne m'y ferai jamais… » Murmura-t-elle, la voix étranglée d'une forte émotion.

Regina esquissa un léger sourire, émue par l'effet qu'elle provoquait chez la blonde. Emma baissa son regard sur son propre corps, il était athlétique, elle avait des formes fines et musclées qu'elle savait ne pas être désagréable mais il y avait toujours ces fichues cicatrices qu'elle avait encore du mal à oublier – qu'elle ne pourrait sans doute jamais oublier. Regina approcha et embrassa la marque sur sa clavicule, puis celle sur l'épaule, puis les brulures sur son biceps, puis l'entaille sur son avant-bras. Emma soupira d'aise.

« Emma… acceptes-toi tel que tu es… »

Regina l'amena devant le grand miroir en pied qui trônait dans un coin de la chambre puis elle la contourna pour se placer dans son dos. La lueur de la Lune suffisait à les éclairer par les rideaux restés ouverts. Regina fit glisser ses mains sur ses épaules, puis ses bras et descendit sur son ventre, à chaque fois que ses doigts passaient sur les cicatrices, elle ralentissait ses caresses.

« Elles font parties de toi, Emma… elles sont un souvenir douloureux oui, très douloureux… mais elles ne sont pas une faiblesse, elles sont ta force… tu ne peux pas les effacer, tu ne peux pas les oublier… il faut les accepter, il faut que tu ne fasses qu'un avec elles… il faut que tu apprennes à t'aimer Emma, sans détourner le regard, sans te cacher… »

« Elles me rappellent trop ce que j'ai subi, elles me rappellent sans cesse la mort d'August et la tragédie qu'a été ma vie… »

« Ça prendra du temps mais tu as déjà fait un bout du chemin, tu es sur la bonne voie… et en attendant Emma, tes cicatrices et ton corps tout entier, moi, je vais les aimer pour nous deux… et tu verras tu finiras par t'accepter, tu finiras par te voir tel que moi, je te vois… » Reprit Regina en posant ses lèvres sur la cicatrice de son omoplate.

Elle continua à parcourir le corps d'Emma de baisers et de caresses et la blonde sentait des frissons la parcourir. Elle sentait un poids, jusque-là encore extrêmement lourd sur ses épaules, se dérober peu à peu, la même sensation qu'elle avait ressentie quand Regina lui avait prodigué ses soins lors de leurs petites séances secrètes, mais aujourd'hui le poids avait l'air de s'échapper d'elle pour de bon. Elle se sentit légère et aimée. Aimée pour de vrai.

Elle se retourna pour affronter le regard de Regina :

« C'est bon, tu as fini de jouer les psys ?! » Demanda Emma avec autant d'humour que de désir dans la voix.

Regina lâcha un petit rire et Emma empoigna sa nuque pour plonger sur ses lèvres, lui avouant dans ce baiser tout le bien-être qu'elle éprouvait en sa compagnie, tout l'amour qu'elle ressentait et tout le désir qu'elle lui provoquait. Toutefois, elle voulu préciser un point avant de se laisser aller au plaisir.

« Gina, je ne serais pas facile à vivre tous les jours… je suis inst… »

« Je le sais Emma, et je m'en fiche, c'est toi que je veux, aujourd'hui, demain … et pour toujours… »

Elles se scrutèrent du regard un instant et puis, sans pouvoir faire autrement, elles s'embrassèrent passionnément. Emma la fit reculer de quelques pas et elle la bascula sur le lit en assurant sa chute. Elle la surplomba en se mordant la lèvre et se pencha pour l'embrasser plus tendrement, en laissant ses mains glisser sur son corps. Regina gémit et frissonna. Emma avait peut-être du mal à accepter son corps mais elle avait un talent certain quand il s'agissait de prodiguer du plaisir à autrui, Regina n'avait plus aucun doute là-dessus car dès leurs premières étreintes, elle avait su qu'en plus de ses sentiments profonds pour la belle blonde, elle ne pourrait plus se passer de ses baisers et de ses caresses.

Emma glissa ses lèvres vers le cou puis la poitrine de Regina, qui commençait déjà à retenir ses soupirs, elle s'attarda en accompagnant ses baisers de sa main qui empoignait avec douceur et fermeté ces délicieux seins rebondis, puis elle glissa plus au sud. Sa bouche s'empara de l'intimité de la brune qui se cambra sans pouvoir se retenir en sentant Emma entre ses jambes. Emma caressa ses cuisses pour lui intimer de lui laisser la place de s'installer, et Regina obtempéra dans la seconde, muée par une envie grandissante et démesurer. Avec une délicatesse et une dévotion extrême, Emma s'appliqua à rendre folle de plaisir la femme qu'elle tenait en son pouvoir, Regina s'abandonnant totalement à elle, lui laissant le champ entièrement libre, lui laissant le choix de la torture.

Petit à petit, Regina se cambrait de plus en plus, alors Emma attrapa un des oreillers à porter de main et le cala sous les reins de la brune afin de l'installer confortablement, ayant bien l'intention de poursuivre son œuvre. D'une main, Regina agrippait les draps fermement et de l'autre, elle glissait ses doigts dans la chevelure blonde. Regina retenait ses gémissements, elle serrait les dents mais ça devenait de plus en plus compliqué, son bassin accompagnait les coups de langue d'Emma et soudain, elle ne put retenir ses cris, son corps se dérobait à sa raison, même ses vocalises, elle ne pouvait plus les contrôler. Elle put sentir le sourire d'Emma pourtant concentrée et appliquée à lui prodiguer un plaisir intense.

Alors qu'elle sentit Regina au bord de l'orgasme, sentant son corps se tendre et ses gémissements devenir clairement des cris, Emma remonta sa main entre ses jambes et glissa ses doigts en elle sans aucune peine. Regina redressa la tête, les yeux ronds car elle n'avait pas anticipé l'action de son amante. Emma plaqua sa main contre l'intimité de Regina, ses doigts en elle, puis elle se redressa et elle plaqua son pubis contre sa propre main et rythma leurs mouvements un peu plus fermement. Regina agrippa ses épaules et l'amena à elle pour retrouver sa bouche, elle sentit son propre goût sur les lèvres d'Emma et en gémit encore plus. Elles coordonnèrent leurs mouvements de bassin, la paume de main d'Emma claquant contre son sexe humide à chaque aller-retour en elle, encore et encore et encore… Jusqu'à ce que Regina, basculant la tête en arrière, fut prise d'un immense frisson, son corps entier tressaillit et Emma la sentit se resserrer sur ses doigts. Les ongles de Regina laissèrent des traces sur les épaules d'Emma qu'elle agrippait autant qu'elle pouvait, sa respiration était bloquée dans sa gorge et tout son corps était tendu de plaisir. Son orgasme était immense et Emma en ressentit les effets jusqu'au plus profond d'elle aussi, étant étroitement lié à son corps.

Le corps de Regina s'effondra dans les draps, la peau perlée de sueur, le souffle saccadé et les yeux fermés mais surtout son sourire sur ses lèvres était le plus beau du monde aux yeux d'Emma. Elle la serra contre elle, plaçant une jambe entre les siennes et s'installa à ses côtés, lui laissant le temps de revenir sur Terre.

« Gina ? » Murmura-t-elle après un long silence.

« Hm ? »

« Tu te souviens de la fois où tu as… » Emma hésitait à poser la question qui lui brulait les lèvres.

« La fois où j'ai quoi ? » L'incita à poursuivre Regina, les yeux fermés et l'esprit encore un peu ailleurs.

« Où tu étais chez moi et que tu as… couvert mes cicatrises de baisers plutôt que de caresses ? »

« Hm… oui bien sûr que je m'en souviens… parfaitement bien même… » Répondit Regina d'une voix étranglée, comme si elle avait autant envie de pleurer que de sourire à ce souvenir.

« En partant tu as dit quelque chose qui me hante encore… je t'ai demandé de rester et tu as refusé… »

« C'est exact. » Soupira Regina.

« Je t'ai dit que je ne tenterais rien de stupide… et tu as répondu… »

« Que ce n'était pas en toi que je n'avais pas confiance mais en moi. » Termina Regina.

Emma se redressa sur ses coudes pour lui faire face.

« Tu … Est-ce que tu … »

« Oui, j'avais envie de toi Emma. » Murmura Regina.

Emma baissa le regard, rassurée et frustrée en repensant à ce moment qui l'avait longtemps hanté. Leurs mains ne cessaient d'aller et venir négligemment sur le corps de l'autre pendant qu'elles discutaient.

« Pourquoi tu me demande ça ? »

« Je voulais juste en être sûr, ce moment m'a perturbé. Je ne savais pas si j'avais bien compris. »

« Je te l'ai dit, avec toi, j'ai eu beaucoup de mal à mettre des limites, j'ai beau connaitre le processus, face à toi, je me suis trouvée aussi aveugle et démunie que mes patients … je me suis laissée dépasser par mes envies et mes sentiments… j'ai fait n'importe quoi, sans pouvoir m'en empêcher, c'était plus fort que moi, j'avais trouvé un moyen de t'aider en étant en même temps proche de toi mais c'était risqué… tellement risqué… »

« Gina, je te remercie de l'avoir fait, si tu n'avais pas … dépassée certaines limites, toi et moi, nous serions peut-être toujours en train de jouer à la patiente et sa psy, en reniant ce que l'on ressent… on serait peut-être toujours en train de refuser l'évidence et on aurait été malheureuse encore longtemps. »

« Tu sais… je ne suis pas sûr de croire au Destin, mon esprit cartésien tendrait plutôt à croire que la vie n'est qu'une succession de choix, de causes et de conséquences… mais toi… je crois que toi, tu m'étais destinée. » Murmura Regina comme si dans cette simple phrase, elle remettait toute sa conception de l'Univers en question par amour pour Emma.

Emma ressentit la fragilité du moment et se pencha vers Regina pour l'embrasser tendrement, elle sentit une larme salée s'insinuer entre leurs lèvres. Elle se redressa, effaça la trace de la larme sur sa joue et la regarda dans les yeux.

« Je t'aime… et je n'aimerai que toi… jusqu'à la fin de ma vie… je ne sais pas comment je le sais mais je le sais… je n'aimerai plus que toi. » Murmura Emma.

« Moi aussi Emma, moi aussi… »

Elles s'embrassèrent de nouveau, entre tendresse et fougue, happées par la peur d'avoir des sentiments si forts et la joie de pouvoir les partager. Elles s'embrassèrent et firent l'amour jusqu'au milieu de la nuit avant de tendrement s'endormir, étroitement enlacées.

(Suite et Fin, la semaine prochaine…)