Salut à tous ! Un grand merci pour les commentaires. Et surtout, bonne lecture !
C'était difficile de dire si cette visite au camp était meilleure ou pire que la dernière.
Greyback n'était pas là – ce qui était définitivement un bon point – mais l'atmosphère était infiniment plus explosive. Il avait rencontré Fol-Oeil avant de se rendre dans la forêt de Gwydir, et ils avaient tous les deux décidé que blâmer Smoky pour l'incident était la meilleure idée. Smoky n'avait ni nom, ni visage – alors elle serait parfaitement en sécurité, où qu'elle soit – mais elle était connue chez les résidents du camp et leur offrait quelqu'un à blâmer, quelqu'un d'autre que les Aurors, Remus ou Matt.
Et ils ne manquèrent pas de la blâmer. S'ils avaient été obsédés à l'idée de retrouver leur 'sœur' perdue avant ça, ça n'avait rien à voir avec ce qu'ils ressentaient maintenant. La nouvelle de la mort de Greyback avait été prise de la façon qu'il avait imaginé. Ils avaient été choqué pendant une journée, puis en colère et misérables les jours suivants.
Lui et Matt payaient le prix de cela. La colère était dirigée vers eux, parce qu'ils fréquentaient tous les deux le 'monde extérieur', parce qu'ils avaient échoué à réaliser le danger qui avait guetté Greyback. Cela ne sembla pas importer que Matt avait été largement drogué pour se préparer à la pleine lune, que Remus se préparait lui-même à sa propre transformation et que ni l'un, ni l'autre n'avait d'idée de qui était Smoky et de où elle se trouvait. La misère était également dirigée vers eux. Remus n'était pas sûr si c'était parce que lui et Matt se fichaient du départ de Greyback et qu'ils ne pleuraient donc pas, ou si c'était pour une autre raison, mais il fut accablé par plusieurs personnes déprimées qui voulaient parler du souvenir de leur morsure ou pleurer sur son épaule.
Et Remus les supporta, même s'il essayait de laisser les pleureurs à Matt. Même après son expérience avec Dora, rien n'effrayait plus Remus qu'une femme en pleurs. Il essaya de les traiter comme des personnes qui avaient perdu un parent ou un frère, et pas comme un groupe qui pleurait leur taré de chef. Il essaya de se montrer empathique et de dire les choses qu'il fallait. Et il essaya désespérément de ne pas se sentir frustré d'être là, alors qu'il se passait tant de choses à Londres.
Il n'avait pas vu Dora depuis qu'il lui avait pleuré dessus à la dernière pleine lune et honnêtement, il n'était pas sûr de le vouloir. Comment était-il censé s'excuser de son comportement sans avoir l'air encore plus idiot ?
Elle lui avait envoyé des lettres quotidiennement. La première était arrivée six jours plus tôt et demandait s'il allait bien, le remerciait pour le cadeau d'anniversaire qu'il lui avait laissé sur la table de sa cuisine (c'était une bague d'humeur moldue dont elle avait probablement déjà entendu parlé avant, mais il pensait qu'elle apprécierait, l'autobiographie d'un Auror et du chocolat pour quand elle devrait aller à Azkaban pour enquêter sur la mort de Greyback) et lui disait qu'elle avait besoin de lui parler, alors pouvait-il – s'il te plaît – s'organiser pour la rencontrer ? Il aurait pu, facilement – Matt était capable de gérer le clan aussi bien que lui – mais il était trop embarrassé pour y aller.
Trop embarrassé pour répondre même. Sirius lui aurait sûrement fait le reproche, mais Sirius n'était pas là. Lui et Harry étaient coincés dans une cellule au Ministère, pendant que Remus courrait partout, à nettoyer après Greyback. Les lettres étaient devenues de plus en plus agitées à mesure que les jours passaient.
Aujourd'hui, exactement une semaine après qu'il fut arrivé au camp, il reçut une autre lettre.
« C'est de qui ? » demanda Matt en le regardant par-dessus son petit-déjeuner.
« Je ne suis pas sûr. » répondit Remus en rangeant l'épaisse enveloppe dans sa poche pour la regarder plus tard.
Greentooth et son clan avaient levé les yeux quand Strix avait volé jusqu'à lui et Debbie, qui était assise avec Richard et Nancy, les dévisageait. Il tendit un morceau de toast à Strix, mais Strix lui pinça le doigt et s'envola. Remus fronça les sourcils.
« Je ferais mieux de m'assurer que ce n'est pas urgent. »
Il doutait que ça le soit, mais l'enveloppe était plus lourde aujourd'hui.
Il se retira dans sa chambre et ferma le rideau qu'il avait fait apparaître à son arrivée. Il aurait préféré une porte, mais n'était pas encore assez audacieux pour avoir autre chose qu'un rideau – il pouvait encore imaginer la voix grondante et folle de Greyback lui demandant ce qu'il avait à cacher à sa 'famille'. Petit à petit.
Il s'assit sur le lit et ouvrit l'enveloppe. Plusieurs papiers s'en échappèrent, mais Remus attrapa la lettre en premier.
Remus,
Je sais que tu reçois ces lettres, puisque tu en étais capable à Noël. Je sais aussi que tu n'es pas mort. Sinon Strix me renverrait les lettres, alors je ne sais pas ce qui t'empêche de répondre.
Fol-Oeil et moi n'avons pas avancé sur l'affaire. Smoky est toujours aussi discrète, mais nous avons presque terminé la paperasse et allons bientôt retourner à Azkaban pour jeter un autre coup d'œil à sa cellule dans les jours à venir.
D'autres choses se passent ici – des choses dont j'aurais aimé te parler de vive voix, mais puisque tu m'ignores, j'imagine que je vais juste devoir les écrire.
Sirius a obtenu son procès. Il est prévu dans quatre jours. Harry est avec les Malefoy, mais il a McKinnon pour le surveiller. Les articles te donneront plus de détails, mais si tu veux savoir autre chose, il te suffit de répondre.
J'espère que tu vas bien, mais je suis aussi furieuse contre toi.
Tonks.
Remus fixa son écriture ronde et soignée et cligna plusieurs fois des yeux, en essayant de trouver du sens à tout ça.
Sirius va avoir son procès. Remus ne pouvait pas y croire, ni faire disparaître le sourire de son visage. Il attrapa les articles avec des mains tremblantes.
BLACK DE RETOUR À AZKABAN ?, LE NOUVEAU MALEFOY ? et LE PROCÈS DU SIÈCLE ! Il les parcourut rapidement. Le premier comportait surtout de la propagande à propos de Sirius et questionnait le fait d'offrir un procès à un meurtrier de masse, un voleur d'enfant et à un monstre qui ne faisait qu'enfreindre la loi. Le second était entièrement dédié au sort de Harry et le troisième était un résumé correct de ce qui était arrivé voilà des années et de l'implication supposée de Sirius dans tout ça. Peter était mentionné et à son plus grand étonnement, Remus aussi. Apparemment, il n'avait pas été disponible pour commenter. L'article sous-entendait également que le Département des Aurors était corrompu et lui indiquait de se rendre à la page six pour les détails, mais Dora n'avait pas inclus cet article.
Remus fixa la photographie pas vraiment flatteuse de Sirius à Azkaban, foudroyant des yeux l'appareil photo, et celle de Harry, l'air très jeune, escorté hors du Ministère par Lucius et Narcissa Malefoy. Remus se fichait des photographies cependant. Sirius allait avoir son procès ! Il allait avoir une chance de parler, d'être innocenté et il serait libre. Sirius et Harry pourraient retourner à la maison – Merlin savait qu'ils en avaient tous les deux besoin – et Remus pourrait arrêter de prétendre qu'ils les détestaient tous les deux.
« Bon sang. » murmura-t-il en riant.
Ensuite, il se rappela d'autres choses – comme l'endroit où il se trouvait et ce qu'il y faisait – et il se laissa tomber sur le matelas, avec ses mains sur son visage. Greyback avait rendu les choses difficiles quand il était en vie et Remus était sombrement amusé par le fait qu'il avait même réussi à embêter Remus dans sa mort.
« Saleté de- »
« Lupin ? »
Le rideau fut tiré de côté par Debbie. Remus était plutôt surpris de la voir. Depuis qu'ils étaient arrivés, elle n'avait fait aucun effort pour leur parler, à lui et Matt, et elle avait passé son temps à les fusiller du regard. Elle le faisait encore maintenant, d'ailleurs.
« Debbie. » dit-il en s'asseyant.
Il réunit tous les papiers et les replaça dans l'enveloppe, avant de la ranger dans sa poche à nouveau.
« Comment ça va ? »
« C'est toi qui l'a fait, n'est-ce pas ? » dit-elle doucement.
Ses yeux étaient rouges, ce que Remus ne comprenait pas – elle détestait autant Greyback que lui, ou du moins, c'était ce qu'il pensait – et sa voix était rauque.
« Pardon ? »
« Tu l'as tué. » dit-elle en s'approchant plus prêt.
Remus s'en trouva bouche bée.
« Non ! Non, bien sûr- »
« Tu le détestais ! s'écria-t-elle. Je sais que tu le détestais- tout le monde le sait. »
« Si je l'avais voulu mort, je l'aurais tué depuis bien longtemps, dit Remus sur un ton fatigué. Je ne vais pas faire semblant d'être triste qu'il soit mort- »
« Tu vois ! »
« Je n'ai jamais dit que je l'appréciais, dit Remus en levant les yeux au ciel. Mais je ne l'ai pas tué. »
« Nancy dit que tu l'as fait- »
« Oh, dit Remus, irrité. Et bien, si Nancy le dit, c'est que ça doit être vrai. »
« Tu ne nies pas. » dit-elle.
« Je l'ai déjà fait ! »
« J'ai été ami avec toi assez longtemps pour savoir que tu n'as personne d'autre, dit-elle froidement. Tu es si seul et tu veux juste que les autres soient aussi seuls que toi, pas vrai ? Tu ne peux pas supporter l'idée de ne pas trouver ta place ici, alors tu as pensé que tu devrais nous enlever notre père, n'est-ce pas ? Tu voulais être notre père, Lupin ? Tu voulais être l'alpha ? »
Remus la fixa pendant un long moment. Il savait qu'il n'y avait pas grand chose à dire. Si elle avait pensé clairement, elle aurait senti qu'il disait la vérité. Debbie avait disparu, pour lui du moins. Elle faisait partie du clan désormais.
« Je me suis débrouillée pour t'éviter, poursuivit-elle, les yeux brillants. Et on dirait que Matt n'est plus suffisant désormais. Tu veux le pouvoir – tu devais être le chef de notre petite équipe de recherche, n'est-ce pas- »
« Le pouvoir devait être si important, dit Remus en levant les yeux au ciel. Que je l'ai abandonné pour être traité comme un déchet pendant deux mois ici. »
Elle perdit en assurance pendant un instant, comme si elle était incapable de réaliser pourquoi cela avait du sens.
« Une ruse, dit-elle finalement. Je devenais suspicieuse et tu n'aimais pas ça, alors tu as fait en sorte de paraître faible. »
« Je devrais féliciter Nancy et Richard, dit-il doucement. Ils ont vraiment fait un bon travail – tu ne reconnais même plus la vérité quand elle se trouve en face de toi. »
« Ils ont bien fait – ils ont réussi à détruire chaque- »
« Soupçon de logique ? » suggéra Remus.
« Non- »
« Once de raison ? »
« Chacune des leçons traîtresses que tu as essayé de me rentrer dans le crâne ! Tu dis que Père faisait une chose terrible en nous offrant son don, mais tu es pire ! Tu es si effrayé à l'idée de mordre des gens, mais tu es aussi heureux que lui de trouver de nouvelles personnes et d'essayer de les influencer pour devenir tes petites armes. Et ensuite, tu nous intègres dans ton petit clan – tu nous donnes l'impression de compter – et après, on arrive ici et on réalise que tu as fait de nous des parias, même au sein de notre propre espèce ! Et je pense que tu aimes ça, je pense que tu aimes le fait que tu peux nous donner toutes les réponses, prétendre que tu nous protèges et- »
« Tais-toi, Deb. » dit Matt en refermant le rideau.
Debbie tressaillit. La voix de Matt était au même niveau et sur le même ton joueur qu'à l'habitude, mais ses yeux étaient durs.
« Je ne sais pas ce que tu veux dire en disant 'nous', parce que je ne suis certainement pas d'accord avec la moindre connerie que tu viens de sortir, et à moins que toi et Remus, vous ayez un clan secret dont je ne fais pas parti, je suis la seule autre personne que ça pourrait concerner. »
La bouche de Debbie s'ouvrit et se referma.
« Va-t-en. » dit Matt, presque gentiment.
« Non. » dit-elle d'une voix tremblante.
« C'est une réunion de clan et puisque tu as dit clairement que tu ne voulais rien à voir à faire avec nous, tu n'es pas la bienvenue. » dit sarcastiquement Remus.
« Matthew, dit doucement Debbie en jouant avec ses cheveux couleur miel. Ce n'est pas trop tard- tu peux encore choisir- »
« J'ai choisi depuis longtemps, dit Matt, son ton s'assombrissant très rapidement. Si tu veux croire que ton 'don' est une bonne chose, n'hésite pas. »
« Berce-toi d'illusions. » ajouta tristement Remus.
Le visage de Debbie se durcit et Matt ricana.
« De ce que j'ai vu – et ça fait bien plus longtemps que toi, dit Matt. Greyback appelle ça 'un don' parce qu'il se fait un cadeau à lui-même à chaque fois qu'il fait du mal à quelqu'un. »
« Il fait- l'a fait pour nous- tout ça pour nous. » insista-t-elle.
Matt renifla.
« Mon 'don' était un cadeau pour quelqu'un d'autre. J'ai été mordu pour punir mes parents de s'aimer. Si tu peux croire que c'était pour moi, alors j'aimerais bien entendre ta version. »
Debbie resta silencieuse.
« C'est ce que je pensais, dit aimablement Matt. Maintenant, va-t-en. On doit discuter de notre clan. »
A la seconde où elle fut partie, Matt lança un sortilège Collant sur le rideau, ainsi qu'un sortilège de Silence.
« Honnêtement, qui aurait pensé que la folie était contagieuse ! C'était une lettre de qui ? »
Remus la sortit de sa poche et la lui tendit. Matt la parcourut des yeux et ses yeux s'écarquillèrent.
« Wow. » dit-il finalement.
« On peut dire ça. » répondit Remus en se massant les tempes.
« Alors- tu pars ? »
« Je- je dois être là-bas pour le procès de Sirius- »
« Tu ne vas pas témoigner, n'est-ce pas ? » demanda Matt, bouche bée.
« Je ne sais pas, soupira Remus. Je voudrais- »
« Ce serait stupide, l'avertit Matt. Ça pourrait servir, mais c'est encore plus sûr que tu finisses dans une cellule voisine de la sienne. »
« Je sais, dit Remus en se frottant les yeux. Il faut quand même que j'y aille, même si je ne dis rien. Je ne peux pas manquer ça. Je dois y aller- je dois savoir- »
« On rentre à la maison demain, dit Matt avec un sourire triste, en lui rendant la lettre. On a fait ce qu'on était venu faire, de toute façon. »
« On ? »
« Tu penses que je vais te laisser rentrer à la maison et te morfondre ? » demanda Matt en regardant Remus comme s'il était fou.
« Je n'ai pas besoin d'un baby-sitter. » grogna Remus.
Il fourra la lettre dans son enveloppe et la replaça avec les autres dans sa poche.
« Non, mais tu as besoin d'un ami ces temps-ci, puisque l'autre est en prison. » dit platement Matt.
Remus s'affaissa et Matt dut sentir sa résignation, car il se mit à sourire largement.
« Content que ce soit classé. »
Remus grogna, pas sûr de savoir s'il était reconnaissant ou exaspéré.
« Alors, qui est ta petite copine ? »
« Excuse-moi ? » demanda faiblement Remus.
A sa plus grande horreur, il sentit ses joues rougir.
« Cette Tonks. Je la connais ? Parce que les lettres sentent- t'es en train de rougir- »
« Tu la connais sous le nom de Tock. » dit Remus en espérant distraire Matt avec cette information.
Comme espéré, Matt oublia la couleur du visage de Remus et ouvrit la bouche. Une mornille, deux gallions, pensa Remus.
« Et aussi comme l'Auror qui t'a sauvé de Greyback. Et ce n'est pas ma petite copine. »
« Théodora Tock ? demanda Matt. Elle est Aur- quoi ? »
Remus soupira et se décala pour que Matt puisse s'asseoir. Matt s'exécuta – plutôt lourdement – et Remus passa une main dans ses cheveux. Remus aurait pu mentir, mais il en avait assez de mentir. Et Matt savait pour Sirius, ce qui représentait le plus lourd secret de toute façon.
« Tout commence avec Sirius. » dit-il en croisant les jambes.
Et il commença par ce matin où Fol-Oeil et Dora s'étaient infiltrés dans sa maison et termina avec le matin après la dernière pleine lune, quand il avait appris pour Greyback, même s'il laissa de côté le fait qu'il avait pleuré sur Dora. C'était une bonne chose que quelqu'un sache tout finalement – même Sirius ne savait pas tout, puisqu'il était enfermé depuis presque un mois et que beaucoup de choses étaient arrivées depuis. Matt resta silencieux pendant presque une minute après ça.
« Wow, dit-il finalement. Et bien, ça explique beaucoup de choses. »
Remus lui lança un sourire un peu penaud.
« Alors, qu'est-ce que tu vas faire ? »
« Pardon ? »
« Pourquoi est-elle furieuse ? » demanda Matt en ricanant.
Remus leva les yeux au ciel, n'aimant pas du tout ni le ton, ni l'expression de Matt.
« Je suis sûr que ce n'est pas ce que tu penses. »
« Je pense, dit innocemment Matt. Qu'on dirait clairement que tu l'ignores. »
« Il y a sûrement un peu de ça, admit Remus en sentant son visage rougir. C'est compliqué. »
« Vraiment ? » demanda Matt, probablement très conscient que le fait que Remus se sente coupable et embarrassé avait plus avoir avec ça qu'avec la complexité.
Remus avait décidé de prétendre l'inverse.
« Tu veux en parler ? Parler aide. »
« Pas vraiment. » dit Remus en grimaçant.
Il savait qu'il avait gâché une très bonne amitié sans avoir besoin que quelqu'un le souligne. Matt n'eut pas l'air surpris. Il avait l'air amusé et très calme aussi, ce qui agaça Remus.
« Quoi ? » demanda prudemment Remus.
« Rien. » dit Matt en se levant du lit.
« Matt- »
« Remus. » répliqua Matt.
Ensuite, il se mit à rire, tapota l'épaule de Remus et – après avoir retiré les sorts sur les rideaux – s'en alla.
« Bon sang. » murmura Remus pour la deuxième fois de la journée.
Deux jours avaient passés depuis l'incident avec le Kelpie et McKinnon – qui semblait apparemment avoir l'impression que Harry allait s'attirer des ennuis si elle le laissait seul pendant plus d'une minute – se trouvait rarement à plus de quelques pas de lui. C'était une habitude à prendre. Harry était passé d'avoir seulement Dobby pour compagnie dans les premiers jours à avoir une compagnie humaine constante.
Sans surprise, vu que Harry avait entendu M. Malefoy lui crié dessus depuis l'extérieur du Manoir, cela avait commencé par une excuse pour l'avoir laissé sans surveillance. Harry l'avait rejeté. Personne n'avait été blessé – même Bosworth avait juste été un peu terrorisé – et Dobby avait davantage besoin d'elle que Harry. De plus, elle aurait pu blesser le Kelpie alors que celui-ci s'était montré raisonnable.
McKinnon ne lui avait pas parlé du tout le reste de la journée – apparemment, ses huit mots d'excuse avaient épuisé son quota de paroles pour la journée – mais l'après-midi suivant, ils parlèrent de Dobby, qui constituait un sujet agréable et sans risque, et McKinnon lui parla un peu des elfes de maison. Il n'y avait rien de nouveau pour Harry, mais il apprécia l'effort.
Drago avait évité Harry le jour qui suivit l'incident – enfin, il était sorti la plupart de la journée – mais le deuxième jour, il était de retour, ayant apparemment trouvé qu'il attirait trop l'attention sur lui et Harry en l'ignorant. Ils avaient volé, joué aux échecs – Harry avait perdu deux parties et Drago avait retrouvé son air suffisant depuis lors – et ensuite, Harry avait réussi à le convaincre de faire quelques parties de Bataille Explosive, que Drago apprécia plus que Harry ne s'y était attendu.
Hydrus, sans surprise, boudait dans un coin avec Bosworth et parlait bruyamment au rat, râlant à propos du fait que c'était un jeu sale et barbare. Drago envoya son frère courir vers M. Malefoy pour se plaindre que Drago l'ait insulté et alors, Drago se mit à insulter Harry pour son choix de jeu, le remercia d'avoir jouer et s'en alla prendre sa douche, laissant derrière lui un Harry confus et un peu offensé. Fidèle à sa parole cependant, Drago n'avait pas mentionné le Kelpie une seule fois.
Le troisième jour après l'incident avec le Kelpie, Harry se réveilla tôt – il avait rêvé de Voldemort et n'avait pas réussi à se rendormir – et il descendit dans la cuisine. Dobby était réveillé – apparemment, la nuit passée était réservée au jardinage et l'elfe n'avait pas dormi – et préparait le petit-déjeuner. Il était si distrait qu'il donna à Harry ce qu'il avait demandé sans le questionner et le laissa s'en aller.
Harry décida de sortir dehors dans le matin froid – c'était le mois de mai et le temps commençait à se réchauffer, mais les matinées étaient toujours froides – et s'assit près de l'étang. Il aurait probablement de la boue sur son pyjama de soie, mais dans deux jours, ce ne serait plus le sien et il n'imaginait pas vraiment les Malefoy le garder – alors il ne pensait pas que ça importait.
Il posa l'assiette sur le sol près de lui et leva le bras pour taper dans l'eau. Il n'était pas vraiment sûr de savoir pourquoi il faisait ça, mais avait décidé de céder à sa curiosité. Ça et Lunard qui était fasciné par les créatures magiques. Harry était sûr qu'il voudrait entendre ses histoires. Quelques minutes après, une grande tête noire apparut et la bouche de Harry s'ouvrit largement.
« Patmol ? » demanda-t-il, incrédule.
Mais aussitôt que les mots lui échappèrent, il réalisa que ce n'était pas lui. C'était un chien très grand aux poils hirsutes, mais chaque touffe de poils noirs était en fait du jonc. Et ses yeux étaient du même bleu brillant que ceux du serpent, loin des yeux gris et chauds de Patmol.
« Euh … Salut. » dit Harry, hésitant.
Le chien le fixa et grandit soudainement pour devenir un cheval, avec du jonc à la place de sa crinière et de sa queue. Il avança, trébuchant, et sortit de l'eau. Harry approcha sa main de sa baguette, pensant que c'était peut-être une erreur.
Il renifla dans sa direction et attendit patiemment, mais Harry, pour une raison ou une autre, n'avait aucune idée de ce que c'était censé signifier. Il renifla à nouveau, l'air frustré.
« Désolé, quoi ? » demanda Harry en se penchant en avant.
Il y eut un pop et le cheval disparut. Harry sursauta, stupéfait, lorsque quelque chose de bleu atterrit avec un bruit sourd. C'était le serpent.
« Comment ceeela ? » dit-il en glissant vers lui.
« Je peux te comprendre, si c'est ça que tu veux dire. » dit Harry en relâchant sa baguette.
« Intéresssssant. »
Harry ne pensait pas que le mot lui était destiné, alors il ne dit rien. Le serpent inclina la tête.
« Je peux t'aider, petit homme ? »
« Je t'ai amené quelque chose, dit Harry en lui montant l'assiette de poulet. J'ai plus ou moins ruiné ton dernier repas, alors j'ai pensé- »
« Étrange. » fit remarquer le serpent en s'approchant encore.
Il rampa autour de l'assiette et sa langue sortit pour sentir l'air.
« Et inutile. Mais merccci, je ssuppose. »
« De rien, dit Harry étrangement. Merci encore de ne pas avoir manger Bosworth. »
« Le rat ? dit le serpent, sortant sa langue à nouveau. Il avait une drôle d'odeur. Il n'aurait sans doute pas été très bon, de toute façççon. »
Harry lutta contre un sourire et abandonna, ayant l'impression de mentir.
« De plusss, j'aime ma maison. Et maintenant, tu devrais t'en aller, petit homme. Ausssi intéressant que tu ssois, j'ai d'autres choses à faire cce matin. »
« Euh … bien sûr. » dit Harry.
Le serpent ne sembla pas l'avoir entendu. Il se transforma en un grand lion bleu avec une crinière faite de jonc et il avala le poulet en une bouchée. Il grogna dans sa direction et rétrécit jusqu'à n'être plus qu'une souris bleue et brillante avec une queue de jonc. Elle s'avança jusqu'à l'eau. Alors ce fut un serpent de nouveau – et Harry eut l'impression qu'il voulait se vanter de tous ces changements de forme – et il glissa sur la surface avant de disparaître là où Harry ne pouvait plus le voir.
Harry lava ses mains boueuses dans l'eau et les essuya sur son pantalon de pyjama. Ensuite, il ramassa l'assiette et rentra à l'intérieur. Dobby préparait toujours le petit-déjeuner et était apparemment trop fatigué pour remarquer le retour de Harry, qui lava l'assiette et la rangea. Harry partit sans rien ajouter et rentra dans une McKinnon affolée. Elle se calma aussitôt qu'elle réalisa dans qui elle était rentrée.
« Tu t'es réveillé tôt. » dit-elle en le dévisageant.
Harry essaya de ne pas avoir l'air trop coupable.
« J'pouvais pas dormir. » dit-il.
« Pourquoi pas ? » demanda-t-elle après une pause, le surprenant.
Harry ne s'était pas attendu à ce qu'elle dise quoi que ce soit. Elle sourit avec ironie à l'air qu'il arborait.
« Des rêves. » dit Harry, quand il devint évident qu'elle voulait vraiment une réponse.
Le sourire de McKinnon disparut.
« Des cauchemars ? »
« Non, des beaux rêves. » dit sarcastiquement Harry.
Mais il n'y avait pas d'amertume dans sa voix. Ensuite, il réalisa que, même s'il pouvait s'en sortir avec ce genre de commentaire avec des gens comme les Malefoy, Patmol ou Lunard, il brisait l'étrange neutralité silencieuse que lui et McKinnon partageaient. Elle avait l'air choqué.
« Désolé, c'était impol- »
Mais avant qu'il n'ait pu finir, un reniflement amusé lui échappa. Harry la fixa et constata alors que Drago n'était pas le seul dans cette maison qu'il ne comprenait pas.
« Ne t'excuse pas, dit-elle après un moment. Tu as tous les droits d'être impoli avec moi. »
Harry continua de la dévisager.
« On n'est pas vraiment amis, pas vrai ? »
Elle avait raison – elle avait essayé d'arrêter Patmol en septembre dernier – mais elle était aussi celle qui avait trouvé Patmol après leur visite dans la caverne et elle lui avait laissé la vie sauve, et elle avait été silencieuse, mais cordiale, pendant qu'elle les surveillait dans les cachots.
« On n'est pas ennemis. » dit finalement Harry, en s'éloignant dans l'entrée.
« Pas- Il ne t'a pas dit ? » demanda-t-elle doucement.
« Me dire quoi ? » demanda Harry en s'arrêtant.
Le visage de McKinnon était pâle et elle secoua la tête. Harry savait qu'elle n'allait pas répondre, mais au moins, elle n'avait pas dit que ce n'était rien ou prétendu ne pas savoir de quoi il parlait.
« Tu ne me détestes pas ? » murmura-t-elle.
« Non, dit prudemment Harry. Je devrais ? »
« Probablement. Je pensais- »
McKinnon serra ses bras autour d'elle, apparemment incapable de formuler ce qu'elle pensait. Elle laissa échapper un rire, sans humour cette fois.
« Je ne le comprendrais jamais. »
Alors, l'air à la fois coupable et pleine d'espoir, McKinnon reprit la parole.
« Alors, ça ne t'ennuie pas si je te parle ? »
« Euh … Non ? » dit Harry, mais c'était presque une question.
Le visage de McKinnon s'illumina.
« Je ne sais pas où commencer, admit-elle. Il y tant de choses que je voulais demander- tant de choses que je voulais dire. »
Elle resta silencieuse un moment – Harry continua de traverser la maison, montant les escaliers jusqu'à entrer dans la bibliothèque, où il retrouva le livre qu'il lisait la nuit dernière et il s'assit sur un des fauteuils verts foncés. McKinnon s'assit face à lui, l'air curieuse.
« C'était quoi ton rêve ? demanda-t-elle, faisant grogner Harry.
Elle le regarda, patiente.
« Si tu ne veux pas me dire pourquoi je devrais te détester, alors je ne te dirais pas ça. » dit-il sèchement.
Elle l'observa pendant un moment avant, étonnamment, d'acquiescer.
« Plutôt logique. Pourquoi- pourquoi- pourquoi moi ? Pourquoi c'est moi à qui on a demandé de te surveiller ? »
« P- Sirius te fait confiance ? » suggéra Harry en haussant les épaules.
« Non. » dit-elle doucement, mais avec conviction.
Harry lui adressa un regard étrange.
« Il doit te faire confiance, dit lentement Harry. Sinon, il ne t'aurait pas choisi. Il prend ma sécurité … euh … au sérieux. »
Il grimaça à cause du jeu de mot involontaire.
« Mais il ne peut pas- il n'a pas le droit de me faire confiance. » dit-elle, l'air en colère et misérable.
Harry s'alarma de voir des larmes apparaître dans ses yeux et espéra qu'elle n'allait pas vraiment se mettre à pleurer, parce qu'il ne la connaissait pas assez bien pour lui offrir le moindre réconfort.
« Il voulait Fol-Oeil – son ancien mentor ? dit Harry avant de se maudire – bien sûr qu'elle savait qui était Fol-Oeil. Mais Dora et Scrimgeour ont dit non, alors Patmol a demandé que ce soit toi. »
« Je ne comprends pas. » murmura-t-elle, l'air triste.
Elle renifla une fois.
« Ne- reste juste là en sécurité, d'accord ? » dit bêtement McKinnon en se levant.
Elle sortit rapidement de la bibliothèque et Harry l'entendit distinctement se mettre à pleurer. Harry décida qu'il préférait largement la compagnie de filles comme Keira ou Ginny, qui ne pleuraient pas. Ensuite, il secoua la tête et reprit sa lecture sur la création de sorts. Il était identique à celui qu'il était censé avoir commencé à lire à la maison – et Merlin savait à quel point ça semblait loin maintenant.
Harry feuilleta le livre avec un soupir, espérant pour la millième fois cette semaine que Patmol allait bien.
« Tout se passe aussi bien que tu l'espérais. » dit Marlène.
Elle était assise en tailleur sur son lit, son Sidekick dans la main, en pleine conversation avec Gawain.
« Il n'y a pas eu d'autres incidents depuis- »
« Le Kelpie ? » demanda sèchement Gawain.
Marlène rougit, capable d'imaginer son visage, même elle ne pouvait pas le voir.
« Non. Harry n'est pas vraiment ami avec l'un ou l'autre des garçons, mais lui et Drago se tolèrent et Hydrus ressemble beaucoup trop à son père pour tenter quelque chose en sachant qu'il va être pris. »
La lèvre de Marlène se retroussa, même si elle était reconnaissante que les garçons ne se disputent pas. Elle ne voulait pas voir Harry blessé, mais dans le même temps, qui savait ce que Sirius avait pu apprendre à Harry ? Fils de Mangemort ou non, les fils Malefoy n'avaient même pas encore de baguettes.
« Et qu'en est-il de Lucius ? » demanda Gawain.
« Toujours le même. Maladivement amical, il pose beaucoup de questions, pour ce que ça lui sert. »
« Tu as appris quelque chose qui pourrait nous aider au procès ? »
« Seulement que Sirius a visiblement appris des choses à Harry. Je t'ai dit pour le Finite sur Dobby, mais ce soir, il a allumé un feu dans la bibliothèque- »
« Il quoi ?! s'écria Gawain. Quelqu'un a été blessé- »
« Dans la cheminée, dit Marlène en levant les yeux au ciel. Il a dit qu'il avait froid, mais il aurait pu appelé Dobby ou me demander, pas le faire lui-même ... »
« Découvre ce qu'il sait. » dit Gawain après une pause.
« Comment ? »
Elle et Harry avaient un peu parlé de Poudlard et de Quidditch cet après-midi, mais si son évitement très maîtrisé des questions de Lucius était une indication, alors lui demander serait une perte de temps.
« Je ne sais pas, dit laconiquement Gawain. Propose lui un duel ou de lui apprendre quelque chose. Tu connais Black et donc tu connais Potter. Utilise ça. Attise son goût pour la compétition, son côté curieux ou quelque chose comme ça. »
« Je vais essayer. » dit Marlène, un peu dubitative.
Harry avait ses ressemblances avec Sirius, mais il y avait autant de différences.
« Brave fille. »
Marlène bailla si largement que sa mâchoire craqua et même si elle était fatiguée, elle s'attendait à dormir aussi mal ce soir que les autres nuits. Harry n'était pas le seul à avoir des cauchemars. Ceux de Marlène concernaient souvent Sirius. Soit il était innocent, ce qui terrifiait Marlène parce qu'elle aurait alors essayé de tuer un homme innocent et était encore pire que ce qu'elle pensait – Sirius l'ignorait dans ces cauchemars – soit Sirius était coupable, un meurtrier fou qui avait tué des innocents et qui disait à Marlène que c'était sa faute pour avoir échoué à le tuer quand elle en avait eu l'occasion.
Bien sûr, elle ne pouvait rêver que si elle allait se coucher et souvent, Marlène ne le pouvait pas, car elle était si tourmentée par les cours qu'elle manquait et par ce qu'il se passerait si Sirius n'était pas condamné lors de son procès. Pourrait-elle se supporter si elle laissait le traître s'en tirer ? Ou devrait-elle essayer de le tuer à nouveau, rejetant au passage la deuxième chance que Gawain lui avait offert ? Elle l'ignorait et ne pensait pas qu'elle le saurait tant que le Magenmagot n'aurait pas rendu son jugement.
Et même si Marlène ne luttait pas pour mettre à plat ses opinions sur Sirius, il y avait aussi le fait qu'elle essayait de dormir dans la maison de l'homme qui avait essayé de la tuer. Elle ne pensait pas que Lucius essayerait quoi que ce soit, mais cela l'inquiétait tout de même. Elle lui avait presque jeté un sort lorsqu'il était venu la réveiller le matin du deuxième jour – elle pensait qu'il était venu de son propre chef juste pour l'effrayer.
« -presque là. » dit Gawain.
L'attention de Marlène se reposa d'un coup sur son Sidekick.
« Encore deux jours et tout sera fini. »
« Je sais. » dit-il.
« Il faut que j'y aille – je donne un cours demain matin. »
« Tôt ? » demanda Marlène.
« Tôt a cessé d'exister il y a des années, lui dit-il. Mais je suppose que tu le trouverais matinal, oui. Ton amie Prewett va sûrement le manquer. »
Marlène se mit à rire. Il y eut une pause du côté de Gawain, comme s'il ne pouvait pas croire qu'elle riait – les gens semblaient choqués de l'entendre rire ces derniers temps – et il s'éclaircit la gorge.
« Tiens-toi au niveau en lisant et on se débrouillera pour que tu rattrapes toute la semaine quand tu auras fini de surveiller Potter. »
« Bonne nuit. » dit-elle.
« 'Nuit, McKinnon. »
Marlène ferma son Sidekick et le laissa tomber sur son lit. Ensuite, elle attrapa ses devoirs, qui étaient empilés sur sa table de chevet, et commença à les parcourir.
Elle avait une liste de choses que Gawain lui avait envoyé par hibou et qu'il lui avait demandé d'apprendre. Elle avait aussi une liste des autres apprentis, sur ce qu'ils apprenaient. En réalité, elle leur avait parlé la veille. Tonks l'avait appelé grâce à son Sidekick et Wellington, Prewett et Yaxley, qui était désormais toujours dans le coin, s'étaient trouvés avec elle lorsqu'elle avait appelé. Ils l'avaient salué et lui avaient lancé des blagues pendant la conversation. Prewett s'était apparemment endormie chez elle et avait manqué la première partie de leur cours matinal.
Étudier les avantages et inconvénients de placer l'accusé dans les cachots du Ministère et pas à Azkaban, avant un procès.
Marlène trempa sa plume dans l'encre et tira vers elle le morceau de parchemin à moitié entamé. Gawain avait dit qu'ils n'étaient pas censés couvrir la partie légale avant octobre, mais ils avaient échangé cette partie du programme avec les sortilèges de soin à cause de tout ce qu'il se passait avec Sirius. Marlène pensa que c'était une bonne idée. Sirius n'était bon pour rien d'autre qu'être un traître et un meurtrier de masse, doublé d'un fou et d'un menteur, mais au moins, il était utile – involontairement – pour former une nouvelle équipe d'Aurors. Elle pensa que ça l'ennuierait.
Résumer rapidement les méthodes légales et illégales d'interrogatoire durant un procès.
Marlène dut consulter l'un de ses livres pour répondre à ça et passa l'heure suivante à abattre le maximum de travail possible. Finalement, elle n'en pouvait plus et referma le Code des lois sorcières, avant de replacer la pile de devoirs sur sa table de chevet.
Le Code des lois sorcières était si ennuyeux qu'elle pensa qu'elle pourrait vraiment s'endormir si elle s'allongeait et fermait les yeux. Elle se força à se lever et à quitter la pièce. Un regard endormi vers son Sidekick lui indiqua qu'il était juste un peu plus de minuit. Elle trébucha sur le somptueux tapis du couloir, près des chambres des fils Malefoy et tourna doucement la poignée de la porte de la chambre de Harry.
Il était recroquevillé sur le rebord de la fenêtre, endormi, sa respiration faisant de la buée sur la vitre. Sa baguette traînait sur le sol, encore allumée, et ses lunettes pendaient, encore accrochées à une de ses oreilles. Marlène s'avança dans la pièce, ramassa sa baguette qui frémit, n'aimant apparemment pas être touchée par quelqu'un d'autre que son propre maître.
« Nox. » dit-elle doucement, avant de la poser sur la table de chevet.
Ensuite, elle retourna vers Harry, le souleva doucement et le porta jusqu'à l'énorme lit.
« Patmol ? » demanda-t-il d'une voix endormie, lorsqu'elle le posa et remonta les couvertures sur lui.
Ses yeux ne s'ouvrirent pas, mais il souriait et il leva un bras, comme pour faire de la place à un chat ou à une peluche. Marlène regarda autour d'eux, mais ne vit rien – quoi que ce soit, c'était sans doute resté là où lui et Sirius vivaient. Après un moment, Harry fronça les sourcils et laissa tomber son bras sur le lit, et même s'il n'était pas vraiment réveillé, Marlène eut l'impression qu'il était déçu.
Pas envers elle, bien sûr – il ne savait probablement même pas qu'elle était là – mais cela y ressemblait. Elle avait essayé de tuer Sirius, que Harry semblait adorer – Merlin seul savait pourquoi. Elle s'était attendue à ce que Harry la déteste, la craigne ou soit au moins méfiant. Elle n'avait pas eu d'autres choix que de le suivre partout, mais elle avait essayé d'être la plus distante possible et de lui laisser la possibilité de la fuir. Et peut-être qu'elle avait été un peu inquiète qu'il la rejette. Elle ne pensait pas qu'elle aurait pu supporter ça, même si elle le méritait certainement du point de vue de Harry.
Sauf que Sirius n'avait rien dit. Harry ne savait pas. Elle aurait presque souhaité l'inverse. Désormais, elle pouvait soit continuer à l'éviter – ce qui ferait sûrement penser à Harry qu'elle était une personne froide, affreuse et sans cœur – ou elle pouvait lui parler, sympathiser avec lui et elle se sentirait horrible à l'intérieur, parce que peu importait combien Sirius méritait de mourir, Harry le verrait comme une trahison une fois qu'il l'apprendrait. Et même si elle voulait tant apprendre à connaître le fils de Lily et James, elle ne pensait pas pouvoir se résoudre à lui faire du mal. Pas volontairement. C'était le travail de Sirius, ça. Marlène était une personne pire que Gawain aimait le penser, mais elle était meilleure que Sirius.
Pourquoi, à chaque fois qu'elle essayait de faire une bonne chose, les choses en question lui revenaient au visage ? La première fois, Sirius avait survécu. Ensuite, Harry ne l'avait pas détesté et en plus, ne savait pas pourquoi elle était si distante – elle qu'il avait probablement attendu comme une alliée dans cette fosse au serpent, avant qu'elle n'arrive.
Peut-être parce que ce n'est pas la bonne chose à faire, suggéra une voix qui ressemblait beaucoup à la sienne avant la guerre, avant que Sirius n'ait changé de camp, avant tout ça. Marlène l'ignora. Elle était jeune alors, et stupide. Si la Marlène actuelle ne savait pas ce qui était juste et ce qui ne l'était pas, alors la Marlène d'avant n'en saurait certainement pas plus.
« Bonne nuit, Harry. » dit-elle doucement, et elle soupçonna que ce serait à lui qu'elle penserait ce soir en essayant de s'endormir, et à la façon dont elle devait le traiter.
