Chapitre 38 : en cellule
Une gifle réveilla Charlie qui poussa un cri de souffrance. Tout son corps lui faisait mal à tel point qu'il ne pouvait pas réellement bouger. Il réalisa qu'il était assis sur une chaise métallique, à laquelle ses poignets et ses chevilles étaient sanglés. Il se sentait sale, déboussolé et assoiffé. Ses paupières étaient lourdes, collantes et sa tête lui envoyait des décharges de douleur partant de la joue qui avait reçu la baffe.
"Oui, le réveil est difficile lorsqu'on décide de laisser trois étages d'une maison nous tomber dessus… pas que ce soit quelque chose que j'ai déjà expérimenté, mais j'imagine sans peine… surtout quand on voit ce que ça a fait à ta mère et à ta sœur."
Charlie ouvrit violemment les yeux pour fixer l'enfoiré qui osait parler de la mort des deux seules femmes de sa vie comme de la fin d'une corvée de dégnomage. Devant lui était assis sur une table Peerce Gestand. C'était un homme grand, musclé, un beau visage, mais des yeux méchants ! Vêtu d'un pantalon de costard et d'un t-shirt noir moulant, il semblait être dans son salon à attendre le café.
"Ne parle pas d'elles, articula difficilement Charlie avec colère.
- Oh content de voir que tu es capable de parler, il semblerait que les médicomages aient bien pris soin de toi !"
L'ironie de l'homme horripila Charlie qui, vu la migraine et les multiples douleurs qu'il ressentait, n'était pas en état de prendre sur lui et de mesurer ses paroles.
"Etant donné que j'ai l'impression d'avoir été piétiné par une horde de dragons, je pense que vous devriez faire réévaluer vos médicomages, ils ont dû rater quelques examens à l'école.
- Non, ils ont fait exactement ce que je leur ai demandé, répondit le premier ministre avec un sourire mauvais. Ils ont soigné tout ce qui était urgence vitale ou handicapante, mais pas le reste. Donc tous les petits morceaux de gravas, de bois ou de verres qui sont entrés dans ta peau y sont toujours, ainsi que tes multiples fractures au bras droit ou aux côtes. On a cependant réparé celle de ta mâchoire pour qu'on puisse discuter convenablement."
Charlie lui lança un regard noir, il se souvenait avoir voulu mourir lorsqu'il avait replié son bouclier. Visiblement il avait échoué.
"Alors Charlie, si tu me parlais de ton grand frère ou de Harry Potter.
- Je ne sais pas où ils sont. Harry a disparu depuis des mois, je n'ai pas plus de nouvelles que ce qu'on dit dans les journaux.
- C'est faux Charlie et nous le savons tous les deux, mais je comprends. Tu veux les protéger, c'est brave, mais tu vas parler. Alors avant de t'y contraindre, je te donne une dernière chance : où est Harry Potter ?
- Je n'en sais rien !"
Le dragonnier avait peur de ce qui allait lui arriver, il avait peur de les mener tout droit à Harry et à sa famille, de causer leur perte.
"Faites-moi ce que vous voulez, je n'ai rien à vous dire, ajouta-t-il.
- Oh, mais j'y compte bien mon cher ! Henri, s'il te plaît."
Charlie commença à lutter contre ses liens en sentant l'homme se rapprocher de lui dans son dos, mais c'était parfaitement inutile. Une main se saisit de sa mâchoire pour ouvrir sa bouche de force, lui arrachant un gémissement de douleur et une autre vint déposer trois gouttes d'une potion sur sa langue. Un verre d'eau se posa ensuite sur ses lèvres, faisant couler le liquide dans sa bouche et l'obligeant à boire. La main le relâcha alors qu'il s'étouffait à moitié. Il toussa pour dégager l'eau de ses voies respiratoires, se déclenchant de grosses douleurs dans les côtes qui lui mirent les larmes aux yeux. Il se sentit partir loin de lui-même, devenir un pantin docile. Il se concentra pour lutter contre la potion.
"Alors Charlie, où est Harry Potter ?
- Disparu, réussit-il à répondre en s'auto-convainquant que l'homme qu'il rencontrait en Alaska n'était pas Harry Potter.
- Mmmh… A qui écrivais-tu des lettres via la poste moldue ?
- Harry Smith, le nom lui échappa avant qu'il n'arrive à le retenir."
Gestand eut un sourire satisfait, il se rapprocha de lui pour se mettre en face du regard vitreux.
"Maintenant on va pouvoir commencer à parler. Pourquoi lui écrivais-tu ?
- Je l'aime.
- Vous êtes ensemble ?
- Non.
- Non ? Vous étiez ensemble ?
- Oui.
- Pourquoi vous êtes-vous séparés ?
- Harry a deux âmes-soeurs, il ne m'a pas choisi.
- Intéressant. Qui a-t-il choisi ?
- Un vampire moldu du nom de Jasper.
- Parfait, où est Harry Smith ?
- En Alaska.
- Où ?
- Je ne sais pas, j'y suis toujours allé par cheminette ou porte-au-loin.
- Par la cheminette de qui passais-tu ?
- Celle de Bill.
- Où habite Bill ?
- A Forks aux Etats-Unis."
Charlie sentit la potion cesser d'agir et regarda l'homme avec un regard furieux.
"Vous êtes un enfoiré." lui dit-il avant de lui cracher dessus.
Gestand se releva doucement et s'essuya le visage, souriant toujours.
"Oui, et je n'en ai pas encore fini avec toi."
L'homme lui décocha un coup de poing qui fit crier Charlie de douleur alors que quelque chose dans sa mâchoire craquait. Les yeux pleins de larmes, le dragonnier regarda à nouveau le premier ministre.
"Tuez-moi, j'ai déjà tout perdu.
- Ca c'est ce que tu crois Charlie. Henri ?"
Le rouquin sentit un sort le frapper et soudain ce fut comme si quelqu'un fouillait sa mémoire. Il se revit faire l'amour avec Harry au square Grimmaurd avant qu'il ne disparaisse. Il revit ses doutes à Noël, la cérémonie d'adieux à Fred, la semaine de vacances de Harry chez lui en Roumanie. Il essayait de chasser l'homme de son esprit, mais il n'avait jamais été bon occlumens et était à bout de forces à cause de ce qu'il avait vécu ces dernières heures. Il se revit s'effondrer en apprenant que Harry avait disparu après avoir été attaqué. Il avait beau lutter contre les souvenirs suivants, il ne put s'empêcher de se revoir retrouver son frère en Alaska puis le suivre jusque chez lui à Forks, entrer dans la cheminette et retrouver Harry. Ils avaient fait l'amour ce soir-là avant que son amant ne lui explique sa disparition. Les souvenirs continuèrent de défiler : les lettres, leur amour, la découverte d'une deuxième âme-soeur, leur dispute, sa décision de ne pas abandonner leur relation, la note d'Hermione, le voyage en urgence pour retourner chez Harry par porte-au-loin, la découverte de Jasper, la rupture. Enfin l'homme sortit de sa tête, laissant Charlie dans le foutoire de ses souvenirs, pleurer son amour perdu et le fait de l'avoir trahi. Le dragonnier avait l'impression qu'un cambrioleur venait de faire le tour de sa mémoire, ouvrant tous les tiroirs, prenant ce qui l'intéressait et laissant tout le reste sens dessus-dessous.
"Merci Charlie, grâce à toi nous allons être capable d'aller chercher Harry et Teddy et de les ramener là où est leur place."
Le dragonnier ne prit même pas la peine de regarder Gestand, cet homme lui donnait envie de vomir. Il souhaitait que le ministre le tue, mais il n'en fit rien, se contentant de sortir de la pièce en riant et en lui disant qu'il repasserait plus tard. Charlie resta seul avec ses souvenirs en bazar, pleurant tout ce qu'il avait perdu en quelques jours.
Il resta longtemps seul dans sa cellule, rangeant sa tête, reprenant un peu de courage et de combativité, se lançant quelques sorts de guérison qu'il avait appris à maîtriser sans baguette durant sa carrière de dragonnier. Lentement, un par un, il se concentra pour réparer les cassures de ses os. Son sort n'était pas très efficace car il devait s'occuper de chaque fracture une par une, mais c'était mieux que de ne rien faire.
Lui qui avait souhaité mourir auparavant, réalisa qu'il tenait toujours à la vie lorsque Jasper fut emmené dans sa cellule. Le vampire était complètement figé, comme sous l'emprise d'un stupéfix, sauf que Charlie savait que ce sort ne fonctionnait pas sur les vampires.
"Tu vois Charlie, je me suis dit qu'un peu de compagnie te ferait le plus grand bien, dit Gestand en entrant dans la pièce.
- Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
- Avada Kedavra, vois-tu lorsque ce sort touche une personne, la malédiction est absorbée par ses organes vitaux qui cessent de fonctionner à cause du trop grand apport d'énergie que celà comporte, leur infligeant des dommages non réparables. Les vampires ont l'avantage de ne pas dépendre de ces organes pour continuer à vivre, mais leur venin s'évertue tout de même à les guérir. Le travail est tellement immense que son corps est comme statufié le temps du procédé. Mais ne t'en fais pas, il va récupérer toutes ses forces et capacités et quand ce sera le cas, il sera comme un nouveau né, assoiffé."
Gestand s'approcha du rouquin, un couteau à la main. La lame avait d'étranges reflets verts qui ne plurent pas du tout au jeune homme. Avec un sourire sadique, le politicien écarta légèrement les lambeaux du t-shirt de Charlie, appuya l'arme sur ses côtes et le coupa sur plusieurs centimètres. Le sang se mit à couler le long du torse du dragonnier.
"Voyons si on peut l'aider à revenir à lui plus rapidement, chuchota Gestand à l'oreille de Charlie qui serrait les dents.
- Pourquoi vous faîtes ça ?
- Je n'aime pas qu'on se moque de moi et Harry s'est bien moqué de moi. Si j'ai avec moi les personnes qui comptent le plus pour lui, je pourrai certainement discuter avec lui.
- Vous vous trompez, la personne qui compte le plus pour lui, c'est Teddy.
- On verra ça…"
Gestand quitta la salle avec un rire mauvais, laissant Charlie terrorisé avec la personne qui avait certainement le plus envie de le tuer sur Terre. Il détaillait le visage du vampire quand ses yeux devinrent noirs et se digèrent sur lui, un frisson traversa Charlie qui réalisa qu'il ne souhaitait vraiment pas mourir finalement.
