Hyoga ne savait pas où il était. Son dernier souvenir était la glace se formant autour de lui, l'immobilisant et le paralysant. Il avait beau avoir fait ses classes dans un pays très froid, ç'avait été trop pour lui.
Maintenant, il errait dans un lieu sombre, entouré de formes indistinctes. Mort ? Il savait qu'il aurait dû paniquer mais il n'arrivait même plus à penser. Et puis une silhouette en robe rose apparut devant lui, celle d'une femme blonde au visage d'ange et une voix familière se fit entendre :
- Hyoga, mon petit !
- Maman, c'est toi ?!
Il n'en croyait pas ses yeux. C'était elle, sa mère adorée, qu'il croyait avoir perdu pour toujours ! Elle le prit dans ses bras et pour la première fois depuis très longtemps, il se sentit parfaitement heureux.
- Maman… Tu m'as tellement manqué !
- Et toi aussi. Regarde toi, ce que tu as grandi !
- On va être ensemble pour toujours, maintenant !
A sa grande surprise, elle le repoussa légèrement. Il la dépassait du front maintenant et les yeux qu'elle levait vers lui était pleins de tristesse.
- Non, dit-elle simplement. Pas maintenant.
- Pourquoi ?
- Ton heure n'est pas venue. Tu dois retourner dans le monde des vivants.
- Je ne comprends pas…
- Tes amis ont besoin de toi ! s'écria-t-elle. J'aimerais avoir le temps de te dire à quel point je suis fière de toi mais je ne peux pas. Vas-y ! Pars ! Je t'aime !
Elle se volatilisa dans ses bras. Pendant un instant, le jeune chevalier eut l'impression de se liquéfier de l'intérieur…
Ensuite, il réalisa qu'il se trouvait assis sur le sol. Sa mère le tenait toujours dans ses bras, tendre et maternelle. Il pensa qu'il ne voudrait plus jamais bouger…
- Maman… murmura-t-il.
Elle gémit d'une voix qu'il ne connaissait pas et son armure tinta contre la sienne. Un instant, pourquoi sa mère portait-elle une armure de chevalier ? Il tourna la tête et la personne qui l'enlaçait tomba à terre dans un bruit de chaînes.
- Shun ?!
Soudain très réveillé, il se pencha pour vérifier si elle respirait. Elle ne semblait pas blessée mais son cosmos était très faible, comme si elle venait d'en brûler la plus grande partie.
- Tu m'entends ?!
Où était-il ? Et que venait-il de se passer ?
En reprenant connaissance, Shun réalisa que quelqu'un la portait dans ses bras. Oh non, ce n'était pas normal. C'était les bébés qu'on portait dans les bras, et les prisonnières dans les films. Un instant, qu'est-ce qu'on allait lui faire ?!
Des bribes de souvenirs lui revenaient. Son grand frère lui racontait que les garçons se croient souvent tout permis avec les filles, son maître lui expliquait ainsi qu'à June qu'il y a des pervers qui voient les filles comme des objets sexuels… C'était pas rassurant mais ils lui avaient donné le même conseil : ne jamais se laisser intimider. Une guerrière sûre d'elle fait déjà le premier pas vers la victoire.
- Posez-moi à terre ! ordonna-t-elle.
Son ravisseur obtempéra, s'asseyant en même temps qu'elle. Elle vacilla. Son cosmos était tellement faible qu'elle voyait à peine ce qui se passait autour d'elle et elle ressentit un profond soulagement en constatant que c'était Hyoga qui se trouvait en face d'elle. Un allié.
- On n'a pas beaucoup de temps ? demanda-t-il.
C'était une question. Apparemment, il se sentait aussi déboussolé qu'elle.
- On est dans la maison de la Balance, résuma-t-elle. Techniquement, on a fait la moitié. Seiya et Shiryu sont partis devant, je leur ai dit qu'on te rejoindrait quand je t'aurais réanimé. Mon frère, je sais pas où il est.
- Faut qu'on reparte, décida-t-il. Tu peux marcher ?
- Oui.
- Ne dit à personne ce qui s'est passé.
Elle vacilla. Ce qui s'était passé ? Qu'était-il donc arrivé quand elle était inconsciente ?
- Tu parles de quoi ?
- Le… truc gênant. N'en parles à personne !
Le truc gênant ?! L'avait-il embrassée sans qu'elle s'en rende compte ? Ou pire ?
- Je vois pas de quoi tu parles, protesta-t-elle. Qu'est-ce que tu m'as fait ?! Est-ce que tu m'as…
Il regarda de côté. Son visage exprimait la honte.
- Tu ne t'en souviens pas ?
- Non et c'est grave ! Je veux savoir. Je ne suis pas venue ici pour… pour…
Elle n'arrivait pas à finir sa phrase. Il soupira et avoua :
- Je t'ai appelée « maman » pendant que tu me réanimais. Je t'en prie, ne le répète à personne.
Elle resta stupéfaite, puis éclata de rire.
- Ce n'est que ça ? Je croyais que c'était grave !
- C'est grave.
- Bon. Si ça te gêne à ce point-là, je te promets de n'en parler à personne, pas même sous la torture ! énonça-t-elle en levant la main. Mais pour moi, c'est pas si grave que ça. C'est normal de dire n'importe quoi quand on sort du coma.
- Merci. Et merci de m'avoir ramené à la vie.
Les deux chevaliers se levèrent. Ils leur restaient encore cinq maisons à franchir et cinq Ors à affronter. La nuit promettait d'être longue.
