Lettre 20 : 1er janvier 2018
Isabella,
Ça fait à présent un an que je ne t'ai plus écrit de lettres. Je te voyais tous les jours, je n'en avais plus besoin. Tu étais la chambre à côté, je ne devais faire qu'un pas pour te retrouver.
Tu me manques. Je n'aurais jamais pensé tomber autant pour quelqu'un.
Je t'aime tellement que ça me fait mal.
Tu n'es malheureusement pas restée très longtemps dans la chambre à côté. Tu es partie à l'hôpital un mois après ton emménagement, les larmes aux yeux. Nous savions tous que la maladie te prendrait, nous le savions…
Mais j'ai décidé de nier l'évidence.
Je ne voulais pas que tout ça arrive, que ça t'arrive. Je ne voulais pas être face à l'idée que tu puisses un jour me quitter, même si je ne sortais pas avec toi, même si le seul baiser que nous avions échangé était le soir du nouvel an, le 1er janvier 2017, il y a tout juste un an.
Tellement de choses sont arrivées en un an.
J'espère que tu n'as jamais douté de l'amour et de la dévotion que je ressens pour toi. J'espère que tu es partie en paix, en sachant que mon cœur t'appartiendrait toujours. Je sais ce qu'il t'est arrivé, je sais que tu ne voulais pas tant que ça essayer de te battre.
Je suis désolé si tu t'es sentie sous pression avec moi. Je pensais que je pouvais te donner une raison de te battre un peu plus, plus longtemps, pour que tu y arrives.
Je ne voyais pas l'évidence. Je ne te voyais que toi, souffrir, pleurer, avec des aiguilles dans ton corps pour te maintenir en vie. Même le meilleur oncologue ne pouvait plus rien faire, c'était déjà trop tard.
Tu le savais, tu étais en paix avec cette nouvelle. Pas moi.
Je me suis tellement attaché à toi. Je passais te voir tous les jours, sans exceptions. Je dormais avec toi lorsque tu me le demandais, quand tu te sentais seule. Je t'apportais tes livres préférés, je te les lisais quand tu étais trop fatiguée. Je t'ai écrit des tonnes de chansons, j'ai tout mis sur ton téléphone et je sais que tu m'écoutais lorsque je ne pouvais pas être là.
Je sais que tu m'aimais aussi, mais je sais aussi que tu n'étais pas prête. Tu n'as jamais été prête. Et je suis en colère contre toutes les personnes qui, un jour, t'ont fait du mal. Toutes les personnes qui ont osé te toucher, qui ont osé abuser de toi. Je suis en colère contre toutes les personnes qui ont vus que tu étais au plus mal et qui n'ont rien fait. Je suis en colère contre ta mère, ton beau-père, toutes les personnes de ton lycée.
Mais je suis heureux de t'avoir rencontré. Je suis si heureux d'avoir croisé ton chemin que ce bonheur me fait mal.
Je garderais ta promesse.
Je garderais ton chat et je prendrai soin de lui jusqu'à ce qu'il te rejoigne.
Et je te promets d'essayer de trouver quelqu'un d'autre. Je ne sais pas comment y arriver, tu me manques et je t'aime tellement, mais je t'ai promis de vivre et je le ferais.
Tu m'as demandé de ne pas être triste mais je ne peux pas contrôler mes sentiments et mes émotions. Je n'arrive pas à me séparer de nos derniers mots, de notre dernière conversation, de t'es dernières paroles. Jamais je n'ai été aussi dévasté lorsque j'ai reçu l'appel de mon père, me demandant de venir le plus rapidement possible pour te dire au revoir.
Fin septembre, début de l'automne. Toi qui n'avais jamais vu la neige, tu pars lorsqu'elle revient. Les feuilles des arbres ont commencé à tomber alors que mon cœur se déchirait, il a commencé à neiger lorsque mon cœur à commencer à geler.
Trois moi. Trois mois que je ne pense qu'à toi, à tout ce que nous avons fait. Trois moi que je relis toutes tes lettres, tous les mots, les sms, qu'on s'est envoyés. Mon préféré sera toujours la note où tu me dis que tu m'aimes, mais tu ne peux pas…
Jamais je n'avais reçu de petit mot aussi fort. Jamais je n'avais ressenti les choses que tu me fais ressentir.
J'ai l'impression que je t'aimerais toujours et que je ne peux plus me relever. Avant toi, mon monde était si banal, ennuyant. Pendant toi, plein de joie, de rire, et d'émotions incroyables qui me font vivre.
Après toi…
Mon cœur est brisé.
Mes yeux sont humides.
Je fais toutes les semaines le trajet jusqu'à ta tombe, aux côtés de ton père. Tu te souviens quand on est allé le voir ?
Tu m'as dit quelque chose que je n'oublierais jamais, encore une fois. Tu m'as dit que rien n'était plus inévitable que la mort et que c'était tellement certain que ça te rassurait quelque part.
Tu m'as parlé de l'âme, et que tu penses que nous pouvons se réincarner que la vie n'est qu'un éternel recommencement et que tout arrive pour une raison bien précise.
Tu m'as appris à ne pas être triste pour la fin de quelque chose, mais de chérir les évènements heureux passés, et de chérir son avenir. Tu m'as aussi dit qu'il faut avoir confiance en l'avenir, parce que tu m'as rencontré.
Et t'es dernières paroles.
Bella, ça me fait encore tellement mal.
Tu m'as demandé de ne pas être triste, et je suis désolé de ne pas tenir ma promesse.
Tu m'as dit que tu m'aimais, et j'ai senti mon cœur grossir, vibrer, mais se briser en même temps en sachant que ce n'était pas possible.
Tu m'as dit que je te rendais heureuse, et tu me rends tellement heureux, Bella, personne ne m'a jamais fait sentir aussi important que tu le faisais.
L'amour fait mal uniquement parce que je sais ce que c'était de t'aimer, de te voir, de te prendre dans mes bras, de te donner chaud alors que tu avais froid.
L'amour fait mal, parce que je sais ce que ça fait d'aimer.
L'amour fait mal, parce que je n'aurais plus ce que j'avais.
Je t'aime. Je vais essayer de tenir mes promesses.
Je t'aime si fort, que ça me fait mal.
Je t'aime si fort… je voudrais que tu reviennes.
Ton Edward.
A jamais,
Pour toujours,
A la vie.
Je déposais cette lettre sur sa tombe, les larmes ne quittant jamais mes yeux.
