18 octobre X Dragon Quest IX

Ames sœurs dans un autre univers (Soulmate AU)


Ils avaient été deux voleurs dans leur ville délabrée de Pontaudy, détroussant les riches pour donner aux pauvres. Ce n'était pas la meilleure des vies, mais ils étaient heureux.

Il y avait lui, Robin, le chef des voleurs de Pontaudy.

Et il y avait elle, Marianne, l'une de ses subordonnées et amies.

Ensemble, ils commettaient des cambriolages et des exactions toutes plus audacieuses les unes que les autres. Il y avait besoin d'eux dans la ville pour nourrir les pauvres et les orphelins et leur bande des détrousseurs était très connue et appréciée. Robin était même l'homme chargé de tester et de confirmer les aspirants voleurs qui venaient du monde entier s'entretenir avec lui. Il leur donnait des robes de voleurs et la Vérité du Voleur lorsqu'ils s'en montraient dignes.

Mais voilà, un jour, Marianne se fit piéger par un malfrat, qui lui déroba un joyau et la jeune femme fut tuée avant que Robin puisse intervenir pour la sauver. Il s'en voulut toute sa vie, même s'il parvint à la venger et à récupérer la pierre en mettant à contribution l'un des apprentis voleurs qui se présenta devant lui pour obtenir sa confirmation.

« Ne t'inquiète pas, Marianne. La bande de brigands de Robin sera fidèle à ta mémoire aussi longtemps que je serai là…, jura-t-il. »

Mais il aurait tellement voulu qu'ils restent ensemble. C'était même son vœu le plus cher. Et il n'était pas le seul dans ce cas-là. L'âme de Marianne, dans les cieux, formulait également la même prière.

Ils voulaient pouvoir être ensemble dans une autre vie. Que leurs âmes soient scellées l'une à l'autre et que rien ne puisse les séparer. Ni des réincarnations différentes, bien sûr, mais pas davantage les dangers de la vie. Ils le souhaitèrent ardemment, si ardemment, que leurs âmes scintillèrent brièvement, d'un unique éclat…

~w~

Robin croyait toujours, comme beaucoup de gens de son époque et malgré les enseignements sacrés de l'Église, aux existences qui s'entremêlaient et se renouvelaient à travers les lieux et les temps. Il croyait aussi aux punitions divines qui dépendaient des actions et de la façon dont les liens avaient été régentés pendant ces vies antérieures.

En ce moment, tandis qu'un frisson glacé lui coulait le long du dos, l'archer se demandait s'il n'avait pas fauté beaucoup dans ses existences passées pour être puni de la sorte. Pire encore, il avait l'impression que cet événement était déjà arrivé en des temps curieusement immémoriaux, au détail près.

Robin continua de courir sans s'arrêter, invoquant dans son esprit le doux visage de Marianne. Elle resplendissait, comme toujours, avec sa peau diaphane qui faisait ressortir ses grands yeux foncés, ourlés de long cils, et ses lèvres roses. Bien sûr, les cheveux châtains-roux boulés qui entouraient son visage accroissaient encore plus son éclat. Cette femme était si belle et elle était la sienne et il ne pouvait pas supporter l'idée qu'on les sépare à tout jamais.

Il arriva sur les lieux de l'affrontement comme dans une sorte de rêve, presque sans s'en rendre compte. Il avait si peur à l'idée d'arriver à un moment horrible, insupportable, inimaginable, qu'il y voyait presque flou. Mais il continua d'avancer, car il ne pouvait pas envisager de penser à autre chose, et ses gestes n'étaient même pas calculés quand il sortit l'épée de son père de son fourreau, vola presque jusqu'à l'homme qui avait piégé Marianne et le tua d'un seul coup.

Il n'y avait pas vraiment plus à dire. Cet individu était mort comme il avait agi : lâchement. Tout ce qui comptait, c'était que le couple s'était retrouvé et que Robin avait réussi à secourir Marianne, cette fois… Oui, « cette fois ». L'archer avait bel et bien l'impression que ce sauvetage était une revanche sur le destin, la réparation d'un acte manqué dans le passé qui l'avait plongé dans un désespoir terrible. Il ne savait pas d'où le venait ce sentiment, mais il était encore plus ému quand il serra sa bien-aimée dans ses bras.

« C'est la seconde fois que tu me sauves, dit-elle en posant ses deux mains sur son torse.

-Il n'est pas tolérable que je sois dans ce monde sans toi, répondit Robin sans avoir exactement conscience d'où lui venaient ces paroles. Toi et moi, nous sommes faits pour rester ensemble jusqu'à la fin. »

Marianne était, elle, une femme plus pragmatique, mais elle sentait de la même façon, au plus profond de ses tripes, que rien ni personne dans ce monde ne devait les séparer, Robin et elle. Voir leurs deux âmes se dissocier serait… tout simplement intolérable.

Alors, elle se lova contre son mari et lui donna un baiser d'amour qui était encore plus léger, aérien et dénué de nuages qu'il ne l'avait jamais été. Il n'y avait plus rien, désormais, qui s'opposait à ce que Robin et Marianne vivent ensemble jusqu'à la fin de leur existence. Et même après.