19 octobre (U.A contemporain – L'âge de Gilles a été abaissé de dix-huit à seize ans pour des raisons de logistique)

Chocolat chaud (Hot chocolate)


Robin était en train de se préparer en vue d'une agréable soirée du vendredi qu'il devait passer au restaurant avec ses amis quand quelqu'un sonna à sa porte. Intrigué, il sortit de la salle de bain pour aller ouvrir et se reçut pratiquement son frère contre la poitrine.

« Gilles ? s'étonna-t-il en découvrant l'adolescent aux cheveux blonds blotti dans ses bras. Mais enfin… je n'étais pas censé te récupérer, ce week-end ! Tu t'es évadé ?

-Plus ou moins, marmonna son frère qui, découvrit Robin, tenait son sac d'affaires à la main. J'avais juste envie d'être avec toi, donc j'ai décidé de passer te voir.

-Hum… C'est vrai que la directrice du foyer te laisse encore plus de libertés, depuis quelques temps… Mais tu es sûr qu'il n'y a pas une autre raison ?

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ? marmonna Gilles, méfiant. Tu penses que je ne passe profiter de ta compagnie que pour ce que tu peux m'offrir ?

-Mais quel susceptible tu fais ! rétorqua Robin en souriant. »

Il attrapa les joues de son cadet dans ses mains et leva son visage vers lui.

« Tu es un peu bizarre, aujourd'hui, observa-t-il avec tendresse. Est-ce que ça va ?

-Je ne me sens pas très bien, avoua son frère dans un soupir. Je crois que j'ai attrapé la grippe.

-Tu en as informé la directrice de ton foyer ?

-Eh bien… Ce n'est vraiment pas une partie de plaisir d'être malade dans un centre, tu sais. J'ai préféré venir te voir… J'avais envie que tu t'occupes de moi et ils m'auraient empêché de sortir s'ils avaient su que j'étais malade… »

Robin hocha la tête. À vrai dire, il s'en doutait. Difficile d'être pris en charge de la meilleure façon quand on est plusieurs dizaines à être entassés dans des dortoirs et dans des salles communes, encadrés par des gens qui ne sont pas là pour vous aimer ou vous traiter avec tendresse (même s'ils font de leur mieux) mais pour vous nourrir et vous éduquer.

« Mon pauvre, sourit donc le trentenaire, compatissant, en gratouillant doucement la tête de son cadet. Allez, entre donc. Je vais bien prendre soin de toi.

-Merci, répondit l'adolescent en souriant, soulagé. »

Il parut soudain se demander s'il n'avait pas interrompu son frère dans quelque chose d'important (après tout, on était vendredi soir) et il s'enquit, un peu nerveux :

« Est-ce que… est-ce que je te dérange ? Tu avais peut-être des projets…

-Mais non, ne t'inquiète pas, le rassura Robin en souriant. Va te coucher. Je vais juste passer un coup de fil et ensuite, je m'occuperai de toi. »

Il rejoignit le salon, repêcha son téléphone sur la table basse et appela son ami Azeem pour le prévenir qu'il ne pourrait finalement pas les rejoindre pour leur dîner. Gilles attira son attention en passant derrière lui et il eut la surprise de le voir se diriger vers la salle de bain. La porte se ferma, l'eau se mit à couler et il devina que son cadet prenait une bonne douche chaude. Il devait être vraiment malade.

En attendant que son frère ait fini, Robin arrangea les papiers qui étaient dispersés sur sa table de salon et vérifia que rien ne traînait non plus dans la chambre qu'il lui allouait. Le temps qu'il revienne dans le séjour, la porte de la salle de bain était de nouveau ouverte et Gilles avait disparu. L'aîné des deux frères le trouva dans sa chambre, blotti bien au chaud sous ses couvertures, et il sourit :

« Eh bien ? Tu sais que c'est ma chambre, ça ?

-Je sais, mais j'aime bien être ici, répondit l'adolescent. Est-ce que tu veux que je change de lit ?

-Mais non, reste là. Je vais me préparer un sandwich pour le dîner. Est-ce que tu en veux un aussi ? Je le ferai exactement comme tu les aimes.

-Non, merci… Je n'ai pas très faim.

-Un bon chocolat chaud, alors. Sauf si tu te sens trop malade pour ça ? Je sais que ce n'est pas toujours bon quand les gens ont des maux d'estomac.

-Non, ça va… Je ne me sens pas nauséeux, je veux bien un chocolat…

-Il sera prêt dans une minute ! »

Le trentenaire fut plus qu'heureux de pouvoir préparer la bonne boisson sucrée, chaude et savoureuse pour son petit frère. Il le fit de la manière la plus parfaite qu'il connaissait : avec du vrai chocolat noir haché et fouetté plusieurs fois, versé dans de l'eau bouillante.

« Ça sent très bon, sourit Gilles quand il le lui apporta.

-J'en suis heureux, répondit son aîné en lui tapotant la joue. »

Il retourna à la cuisine pour préparer son en-cas et revint le manger aux côtés de son frère, allongé avec lui sur le lit. Pour que le moment soit plus agréable et joyeux, ils regardèrent des dessins-animés sur l'ordinateur portable de Robin et, comme Gilles était fatigué, il le laissa s'endormir dès vingt-et-une heures.

Dans la nuit, l'adolescent fut incommodé par un pic de fièvre qui lui donna chaud et soif et son frère passa un long moment à lui éponger le visage avec de l'eau froide pour le soulager. Puis, quand le médicament fit effet, il se rallongea avec lui dans le lit et le tint contre sa poitrine jusqu'à une heure avancée du matin, sa main caressant ses cheveux, leur permettant de passer tous les deux un apaisant moment de repos.

Vers onze heures, la directrice du foyer de Gilles téléphona pour savoir où il était passé. Le trentenaire lui expliqua que son frère était probablement grippé, qu'il allait prendre soin de lui et appeler un médecin afin qu'il l'examine et qu'il était tout à fait disposé à le garder chez lui jusqu'à ce qu'il soit guéri. Évidemment, la responsable ne fut pas très contente. Ce n'était pas prévu dans leur planning que l'adolescent passe le week-end, et encore moins la semaine, chez son aîné, mais elle ne pouvait décemment pas venir le chercher alors qu'il était mal et qu'il risquait de contaminer tout le foyer.

« Comment tu vas faire ? Pour ton travail ? demanda Gilles quand son frère vint lui annoncer la bonne nouvelle.

-Je prendrai des jours de congé, ne t'inquiète donc pas, le rassura Robin en se penchant pour l'attraper sous les genoux et derrière le dos. »

Il le souleva du matelas et le porta jusqu'au canapé.

« Le médecin ne devrait pas tarder à arriver, déclara-t-il en l'enveloppant dans une couverture. Alors, je te propose de me laisser préparer le repas de midi en attendant – je te préparerai une bonne soupe bien chaude – et, ensuite, on pourra discuter un long moment dans le canapé tous les deux.

-D'accord, ça me plairait bien, sourit le malade. »

D'accord, il avait des dizaines de courbatures, il avait soif et son estomac était contracté rien qu'à l'idée de manger, mais qu'est-ce qu'il aimait que Robin s'occupe de lui. Sans mentir, ce fut l'une des semaines les plus agréables de sa vie.