Une Affaire de Famille
AN : Voilà le prochain chapitre. En espérant que ce chapitre et cette histoire vous plaise ! Bonne lecture !
Chapitre 8 :
-Monsieur McNeill. Je suis vraiment désolé mais je ne peux vous laisser plus de temps. Vous avez l'air épuisé. Rentrez chez vous, prenez soin de vous, nous prendrons soin de votre frère jusqu'à votre retour.
Il visualisa son « chez lui » et cette abjecte ordure monstrueuse qui l'attendait. L'ouragan de rage l'électrisant le poussa jusqu'à sa chambre de motel. En voyant sa porte ouverte il mit une fraction de seconde avant de se souvenir qu'il l'avait laissée ainsi. En entrant, son regard se posa sur le polymorphe, ce Dean en forme et nonchalamment installé sur sa chaise. Ses liens toujours aussi fermement présents. Sans lui adresser un mot il se dirigea sur le comptoir de sa cuisine et empocha le couteau le plus grand qui passa dans son champ de vision. Lentement, il se tourna une lueur de folie brillait dans ses yeux sur son visage ravagé d'une rage si pure qu'il en sourit sadiquement.
-Je serais des plus déçu de mon petit Dean s'il avait déjà mordu la poussière.
-C'était une grave erreur de t'en prendre à lui. Je vais te faire souffrir comme tu l'as fait souffrir. Tu aimes ça, hein ? Torturer ? Je vais te faire goûter à tes propres traitements.
Il se jeta sur cette créature « faussement Dean » et l'entailla, cherchant dans son esprit les souvenirs des points les plus douloureux à toucher et dans lesquels se combler en tournant le couteau. Il lui arracha quelques cris satisfaisant mais ce rictus sur ses lèvres déformées ne le quittait pas. Si le jeune chasseur déterminé avait besoin de ramener les enfers sur Terre pour lui effacer ça de la gueule, ainsi soit-il. Il s'apprêta à abattre sa lame sur la face mais une main passa dans sa trajectoire. Le couteau s'y enfonça jusqu'à la garde et sa vision se teinta de sang. Dans la seconde qui suivi il était plaqué au mur par son faux frère, un avant-bras contre sa gorge, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre. Sa main tenant toujours le manche du couteau maintenu au mur non loin de sa tête et recouverte de la main sanglante du polymorphe transpercée par cette lame dégoulinante de sang frais. La surprise le gagna mais il se refusa de céder à la peur. « Dean » approcha ses lèvres de l'oreille de Sam et lui susurra lentement, faisant planer chaque mot dans l'air.
-Si c'est ce que tu appelles rendre justice à ton frérot, crois-moi, Sammy : il va falloir faire beaucoup mieux que ça.
D'un seul coup il mit le jeune Winchester à terre et le menotta au radiateur. Il se releva, s'épousseta et lui adressa un large sourire éclatant.
-Je ne vais pas te tuer Sam. Être dans la tête de ton frère est suffisant.
Sam le foudroya du regard. En réponse il n'eut qu'un ricanement des plus enrageant.
-J'ai senti ton cher frère arriver, je n'avais qu'à le cueillir. Une belle pleine lune brillait dans le ciel en ce mardi soir.
Le Winchester écarquilla grand les yeux et son cœur s'accéléra à la réalisation de ce que l'autre affreux racontait. Le polymorphe a été arrêté avec la peau de son frère vendredi soir mais depuis mardi il était dans ses griffes, Seigneur…Face à lui, L'abomination s'accroupi et posa ses avant-bras sur ses cuisses. Sa main ensanglantée se leva et s'inclina vers elle. Pendant quelques secondes il avisa le coup de Sam en faisant danser sa main suivant en rythme avec sa tête. Sam le dévisageait pétri de peur. Ce monstre regardait l'objet qui le transperçait de part en part comme si ce n'était rien. Un regard ébène glacial le frappa.
-C'est incroyablement court trois jours, n'est-ce pas ? Pendant que tu te prélassais auprès de ta blonde probablement jouissant de la sauter je me suis bien occupé de Deanno.
Comment pouvait-il savoir pour Jess et lui ? La nausée lui monta à la gorge devant l'air de folie pure s'éclairant sur le visage de ce psychopathe.
-Je l'ai traîné par le bras jusqu'à la plaque d'égout, j'ai jeté ce poids mort qui s'est écrasé comme la merde qu'il est quelques mètres plus bas. Ce premier cri que j'ai obtenu était si magnifiquement jubilatoire. J'ai tiré sèchement sur son bras finissant de disloquer son épaule et l'ai tiré, traîné dans la boue et la merde souterraine jusqu'à mon antre. Il ne lançait que des gémissements pathétiques de douleur, se refusant de crier pour moi. Ce chasseur si fort dont on me vantait les mérites, dont le simple nom terrifie tant de créatures, gémissait à mes pieds, incapable de se relever. C'était le moment parfait pour revêtir sa peau et me faire plaisir. Chaque coup de botte contre son torse misérablement protégé me mettait dans un état incomparable. Jouer sur la force et deviner quand les craquements d'os résonneraient était extatique, Sam. Mais, l'humain est si fragile…
-Je vais te crever ! Je jure devant Dieu sale enflure je vais te crever !
Sam expectorait toute sa rage, s'irritant les poignets contre le métal froid et imperturbable des menottes. Un simple sourire lui répondit avant que la voix de son frère ne continue de lui raconter toutes ses horreurs.
-Inconscient, je n'avais aucun mal à le pendre par les poignets contre un des crochets au plafond. Je me souviens encore de ce bruit mat venant de son épaule, échouant à maintenir son poids. C'était officiel j'avais mon propre punching-ball. Maintenant que je ne faisais qu'un avec son esprit, mon arme favorite était aiguisée : mes mots. Je dois dire que ta famille est du pain béni ! En quelques phrases je brise une couche de votre armure. Malgré ta position défensive et l'arrogance de ton frère vous n'êtes que des livres ouverts, débordants d'émotions et vous briser est orgasmique.
-Ta gueule ! Ferme-la, je…
-Franchement, petit Sammy, si tu voulais être convainquant avec tes menaces il fallait être un minimum renseigné. Trouver l'arme la plus efficace et l'exploiter à fond.
D'un geste il arracha le couteau de sa paume et posa la pointe de la lame contre le torse du jeune chasseur puis la laissa glisser le long de ses muscles.
-Mon espèce excelle dans ce domaine. Rester dans la pénombre sans se faire remarquer à observer votre faille. Tout notre corps est ensuite notre objet de frappe, il est dédié à cette tâche. Niaisement tu croyais qu'une vulgaire lame pourrait me toucher ? Sérieusement ?
Le couteau déchira les fibres de son t-shirt et l'entailla légèrement dans un geste qui se voulait lent et douloureux.
-Couper, frapper, planter…C'est une base Sammy. Mais l'égratignure que je viens de te faire te pique à vif. C'est tout un art ! Dis-toi donc que derrière chaque coupure et chaque ecchymose que tu as pu voir sur le corps de ton frère il y avait toujours plus de mots pour le briser. J'ai tellement pris mon temps qu'il n'arrivait plus à respirer suspendu comme il l'était. Il est mort sous mes yeux mais je n'avais pas fini de jouer alors, je l'ai ramené. J'ai cru une seconde l'avoir condamné pendant le massage cardiaque, redoutant de lui avoir perforé un poumon.
Sam sous le choc ne put rien dire. Tous les traitements qu'avait pu subir son grand frère. Ce qui bouillonnait en lui était encore plus puissant que de la rage mais il ne trouvait pas de mot assez impactant et fort pour s'exprimer. Il n'aurait même pas pu ouvrir la bouche et prononcer un mot. Il aurait tant voulu pouvoir lui clouer le bec et le déposer lui-même en morceaux aux portes des enfers et arrêté d'entendre ces atrocités. Mais pétrifié il ne put qu'entendre la suite.
-Pour éviter que tout ceci ne se répète, j'ai saucissonné le sac de chair que tu appelles frangin sur cette chaise miteuse. L'un après l'autre, je brisais phalange après phalange chacun de ses doigts en prenant bien soin de tirer suffisamment fort dessus pour titiller son épaule démise et faire exploser la douleur.
Le Winchester fut pris d'un hoquet d'horreur qui lui coupa net la respiration.
-Je ne t'ai pas menti Sam. Même quand je clamais que ton frère était mort. Il l'est. Mais depuis que tu es parti en vérité. Sa peau était parfaite parce que personne ne le hait autant qu'il se hait mais avec ta peau nous aurions connu l'apothéose.
-Moi vivant, tu ne l'approcheras pas !
- Je ne veux pas ta mort, bien au contraire, te voir déjà si…détruit est parfait. Je n'ai pas fini de jouer avec ton frère chéri, je vais finir de le briser et tu seras tout aussi impuissant qu'à cet instant précis. Inutile même, à ses yeux.
-Tu ferais mieux de me tuer, je n'abandonnerai jamais jusqu'à avoir ta peau !
La créature lâcha un léger souffle du nez et tapota, de sa main trouée, la joue de Sam qui ne put esquiver le contact. Il se retrouva le visage poisseux de sang. Il se débattait contre ses attaches espérant vainement s'en libérer. Le métamorphe se redressa et sans un mot de plus se dirigea vers la porte. Posant la main sur la poignée, Sam le regard fixe sur le dos si reconnaissable de son frère. Dans son absolu mal-être, des larmes d'agonie coulait ouvertement se teintant de pourpre pesant le long de sa joue. Il donnerait tout pour que son frère soit conscient, il abandonnerait sa vie pour effacer toutes les douleurs passées, présentes et futures de Dean.
-Pourquoi ne pas me tuer à présent ? En finir…
Il voulait tant revenir en arrière. Ne jamais entendre ce que son frère a subi, que son frère n'ait jamais à subir de telles atrocités. Ne jamais quitter son frère. Au lieu de lui tourner le dos quand il avait besoin de lui, préférer lui courir dans les bras et ne jamais le lâcher.
La porte dorénavant ouverte, il tourna légèrement la tête vers le Winchester avec un air des plus satisfait de l'abandon de Sam. En quelques jours il était couronné de succès : les frères Winchester brisés, tous deux prêts à quémander une mort libératrice pour échapper à leur futur. Un futur qui leur paraissait impossible à surmonter.
-Son enfer aura duré quelques années, le tien en revanche, durera quelques décennies.
Ces mots simples s'enfoncèrent dans l'âme du jeune cadet. Le trou béant dans son torse, qu'il se trimbale depuis ce cauchemar était devenu un puit sans fond face au polymorphe, mais à présent, Sam sentait un trou noir le ronger tout entier.
Il resta prostré, recroquevillé en boule dans les ténèbres et le froid de sa chambre à sangloter, se trempant de larmes glaciales qui ne lui firent que trembler plus fort. Le vide dans sa poitrine lui faisait mal, une douleur à la fois nouvelle et ancienne. La douleur d'être loin de son frère, d'avoir perdu son frère lancinait en lui depuis ces cauchemars. Cette douleur était la même mais elle le ravageait au centuple lui arrachant le cœur et lui déchirant l'âme. Un besoin vital crucial et même primaire émergeait du trou noir : Protéger Dean. Tremblant et les muscles crispés par l'émotion et le froid, il se redressa déterminer. Rien ne pouvait à présent l'arrêter. Il tira par coups sec et violent sur les menottes, ignorant la douleur de ses poignets à vifs. En quelques minutes un large bruit libérateur résonna : le radiateur avait cédé, il était allégé de ses entraves.
Pas encore complètement possédé par l'idée d'être aux côtés de son frère dans la seconde, il se dirigea dans la petite salle de bains et fit couler de l'eau chaude. Il se débarrassa de ses vêtements souillés, les jetant sans vergogne dans un coin, et se laissa aller à la chaleur réconfortante de la douche. Il ferma les yeux de plaisir et s'accorda un instant de répit, d'apaisement. Il sentait le lien qu'il l'unissait à son frère vibrer dans l'air, preuve immatérielle et incompréhensible pour autrui, que Dean vivait toujours. A cette pensée et avec l'aide de la miraculeuse eau chaude, ses muscles se détendirent. L'eau à ses pieds avait toujours une couleur affreusement inhumaine et Sam commença à frotter chaque parcelle de son corps, vidant la bouteille de savon complètement.
Apprêté d'affaires propres et sèches, l'enveloppant d'une agréable sensation de chaleur et de confort, il arriva dans la chambre de Dean. Rien n'avait changé. Il s'assit près du lit de son frère et prit sa main gauche dans les siennes signalant sa présence. Il avait besoin de ce contact physique et aimait penser qu'il était tout aussi bénéfique à son aîné.
