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Deux jours plus tard

Réunis dans leur bar habituel, le verre à la main et le sourire au visage, les membres de l'équipe de la BSU écoutaient avec attention le discours que le commissaire était en train de faire. Peu dans ses habitudes, se placer au centre de l'attention relevait du défi pour Antoine qui osait le relever avec brillio pour se faire pardonner de son comportement des derniers jours.

« Je suis content qu'on soit tous réunis ici ce soir… Voilà je, je tenais à m'excuser pour ces derniers jours. Je sais que j'ai pas été facile à vivre et que…

- Quand on fait un discours… on coupe son téléphone… monsieur le commissaire ! lâcha Candice en rigolant.

- Excusez-moi…

Antoine s'éclipsa pendant que le reste de l'équipe se remit à discuter. Quelques minutes plus tard le commissaire fit son grand retour et demanda le silence pour achever son discours.

- Bien ! Donc je sais que je vous ai malmené mais… Je voulais vous dire merci, parce que vous avez fait du bon boulot et que vous n'avez pas hésité à me suivre dans cette affaire plus ou moins légalement ouverte…

Tous se mirent à applaudir et à féliciter Antoine qui leva son verre à la santé de tous.

- Alors à nous et surtout, à Candice.

La commandante éclata de rire.

- Pourquoi moi ? demanda-t-elle en rigolant.

- Parce que tu vas être grand-mère… lâcha-t-il fièrement.

Candice manqua de s'étrangler avec le petit-four qu'elle avalait.

- Antoine ! Je t'ai déjà dit de ne pas dire ça avant que ce ne soit fait…

- Bah justement… Ça ne saurait tarder. Le travail est en cours !

- QUOI ? hurla-t-elle.

- Oui ! C'était Sacha au téléphone… Il est à la maternité, avec Emma.

- HEIN ? Et c'est maintenant que le dis ? Mais tu te fous de moi ?

- Bah quoi ? Ça va ! Ça presse pas ! C'est en cours j'ai dit !

- Les clés de la voiture, elles sont où ? demanda-t-elle paniquée.

- Quoi ?

- TES CLÉS ! ANTOINE !

- Ohlala… Mais… et mon verre ?!

- TON MANTEAU ! Mais dépêche-toi bon sang !

- Ça va… pesta-t-il en se dépêchant tant bien que mal sous les rires des collègues. »

Cela faisait maintenant des heures qu'ils étaient assis sur ces sièges inconfortables de la salle d'attente de la maternité. Antoine en avait marre d'attendre et subissait l'angoisse de sa partenaire qui commençait elle aussi à s'impatienter.

« Tu vois ! Je t'avais dit qu'on avait le temps… J'aurais même pu finir mon verre !

- Oui bon Antoine ça va ! s'énerva-t-elle.

Candice se leva de son siège et fit les cent pas devant son compagnon qui l'observait avec dépit. Au bout de quelques minutes, il finit par lui attraper la main et la stoppa.

- Quoi ?

- Arrête de stresser ! Ça va bien se passer… Assis toi…

- Oui mais…

- Mais rien du tout ! Allez viens ! ordonna-t-il en la tirant vers la chaise à côté de lui.

- Je suis sûre que c'est un garçon… lâcha Candice.

- Non ! C'est une fille !

- Nooon ! C'était pas un melon d'eau son ventre ! contesta-t-elle avec assurance.

- On parie ?

- T'es sérieux ? demanda-t-elle complètement désabusée.

- Je te parie une petite glace que c'est une fille… proposa-t-il en déposant un baiser sur sa joue.

- Ok ! Pari tenu !

- Ça y est… entendirent-ils depuis le couloir devant eux.

Instantanément, Candice se leva en trombe. Suivi de peu par son compagnon.

- Alors ? demanda-t-elle impatiente à Sacha accompagné d'une infirmière.

- Tout va bien ! Margot est née… lâcha-t-il en souriant.

- Je le savais ! s'exclama fièrement Antoine.

- On peut y aller ? demanda Candice.

- Les visites sont autorisées mais qu'une personne à la fois… précisa l'infirmière.

- On peut pas y aller à deux ? s'offusqua-t-elle.

- Non je suis désolée, on a des consignes claires.

- Mais peut-être qu'on peut faire exception non ?

- Vous êtes ses parents ?

- Je suis son beau-père… expliqua Antoine.

- Ah… Ça risque d'être compliqué alors…

- Non mais comment ça compliqué ? Ça va on…

- Candice ! la stoppa-t-il. Vas-y en priorité. T'inquiète pas j'irai plus tard.

- Mais…

- Non ! Vas-y je te dis !

- C'est n'importe quoi… protesta-t-elle déçue.

Antoine l'observa et la vit se tourner vers lui. À sa grande surprise, elle passa ses bras autour de son cou.

- À tout à l'heure mon amour ! lâcha-t-elle à voix haute avant de s'approcher de son oreille. Quand je fais signe, tu rappliques ! chuchota-t-elle doucement avant de se défaire de ses bras et suivre Sacha. »

Antoine observa Candice suivre Sacha jusqu'à une chambre située en début de couloir. L'infirmière les scruta également avant d'être appelée par une collègue dans une autre chambre. La commandante le vit et en profita pour faire signe à son compagnon qui se dépêcha de traverser le couloir et d'entrer dans la chambre à son tour. Emma était endormie, avec à ses côtés, le lit de la petite qui dormait à moitié. Émue, Candice s'approcha doucement après avoir ôté son manteau et son sac.

« Oooooh… Elle est belle… chuchota-t-elle.

- Vous pouvez la prendre si vous voulez… proposa Sacha.

Candice accepta et attrapa le nourrisson pour le caler dans ses bras. Antoine s'approcha à son tour et observa le bébé pardessus l'épaule de Candice.

- Elle te ressemble… chuchota-t-il.

- Tu trouves ?

- Ouais… Elle a tes yeux ! observa-t-il en approchant son doigt de la main de la petite.

- Tu peux la prendre aussi si tu veux… proposa Emma qui venait de se réveiller.

- Non… t'inquiète pas…

- Mais si ! Prends-là ! ordonna Candice en déposant la petite dans ses bras.

- J'avais oublié comment c'était tout petit… confessa-t-il doucement alors que Candice s'était approchée de sa fille pour l'embrasser.

- C'est joli Margot… lâcha la commandante en souriant devant Antoine qui mimait des gazouillements.

- Ça me rappelle Suzanne… avoua-t-il avec émotion sans quitter du regard la petite.

- Oh maman… Tu vas pas pleurer quand même…

- Non ! se défendit-elle.

Antoine releva la tête vers elle et vit ses yeux embués. Il décida de remettre la petite à sa mère et s'écarta du lit pour laisser Sacha s'approcher. Ils laissèrent le couple profiter et se placèrent au pied du lit.

- Ça va ? demanda-t-il doucement en caressant sa joue.

- Ouais… répondit-elle avec émotion en enlaçant son compagnon à la taille. Ils sont beaux tous les trois…observa-t-elle en souriant.

- On va peut-être vous laisser vous reposer… En plus j'ai pas le droit d'être là ! déclara Antoine.

- Quoi ? demanda Emma perplexe.

- Y a qu'une personne qui avait le droit de venir… et comme je suis pas ton père… l'infirmière voulait pas.

- C'est n'importe quoi… Puis père, beau-père, on s'en fout… T'as toujours été là pour nous… C'est ce qui compte non ?

Ému, Antoine se contenta d'acquiescer.

- C'est sûr que ton père lui… on l'attend encore hein !

- D'ailleurs Sacha l'a appelé mais il est en déplacement à Buenos Aires… Il pourra venir qu'en fin de semaine prochaine…

- Ouais il a pas changé quoi… Jamais là quand il faut… s'agaça-t-elle. »

Le couple les salua une dernière fois avant de quitter définitivement la chambre d'Emma. Silencieux, ils longeaient le couloir quasiment désert. Antoine jeta un œil sur Candice qui semblait encore troublé par ce moment.

« Ça fait bizarre hein… osa-t-il.

- Oui… répondit-elle tout bas. Hier c'était encore mon bébé et là…

- Moi aussi j'avoue… j'me prends un coup de vieux. Je l'ai vu grandir alors me dire qu'elle est maman… J'arrive pas à y croire ! confessa-t-il avec émotion.

- Je suis grand-mère ! réalisa-t-elle en insistant sur les syllabes. Grand-mère quoi… répéta-t-elle outrée. T'imagines ? Elle va m'appeler MAMIE…

Antoine éclata de rire.

- C'est vrai que ça fait mal… plaisanta-t-il.

- Attend ! Eh ! Tu rigoleras moins quand elle t'appellera papy Antoine hein !

Antoine ravala sa salive, réalisant soudainement la situation.

- Papy… Non c'est pas possible…

- Ah ! Tu vois !

- Je suis si vieux que ça ? demanda-t-il soudainement angoissé.

- Fais voir ! ordonna-t-elle en le stoppant pour se mettre devant lui et inspecter son visage.

- Hum… Y a quand même quelques petites rides qui commencent à pointer leur bout du nez mon amour… plaisanta-t-elle.

- Sérieux ? paniqua-t-il.

Candice éclata de rire.

- Tu te moques de moi là en fait…

- Un petit peu… J'avoue… répliqua-t-elle avant de reprendre sa marche en entrelaçant ses doigts dans les siens.

- Hum… Bon… en attendant… J'ai quand même gagné… Donc tu me dois une petite glace… rappela-t-il mielleusement.

- Ah oui… Papy mais toujours bien en forme à ce que je vois !

- Toujours ! répondit-il en souriant fièrement. »