– Tarak ! Sonya ! Vous êtes par là ?
Nabil hurlait à travers le brouillard, sans succès. Il ne savait pas combien de temps il était là mais il devait avouer que cette aventure commençait à lui faire légèrement peur. Et si Tarak s'était encore perdu ? Ils allaient devoir le chercher des heures, si e n'était des jours et il n'en avait clairement pas envie. Ce fut sur cette pensée qu'il entendit un rugissement. Il s'accrocha tant bien que mal à Moumouflon, qui reculait suite à la force mise. Pendant un instant il crû halluciner. Un Pokémon pouvait vraiment, avec un simple rugissement, avoir tant de puissance ? Il se précipita en direction du hurlement à toute allure. Il était professeur Pokémon après tout, alors la curiosité prenait le dessus sur tout.
Il marcha un moment, tentant de voir quelque chose, mai rien. Le Pokémon devait avoir disparu pour que tout soit si calme et pourtant le brouillard ne se levait pas. Il eut un hoquet de stupeur quand il sentit de l'eau froide sur son ses pied. Il venait d'entrer dans un lac. Il en sortit pour en faire le contour, toujours sur ses gardes et suivit le rivage.
Il crû entendre des bribes de voix et se rua vers la source, espérant retrouver son frère ou Sonya. Pourtant, il se retrouva devant un Pokémon vert qui avait des petites ailes. Il ouvrit les yeux et la bouche, n'y croyant pas. Le Pokémon fabuleux, Celebi, se trouvait dos à lui et semblait… Danser ?
– Mais non, Celebi ne comprend pas ! C'était comme ça !
Nabil s'approcha avec discrétion, reprenant Moumouflon dans sa Pokéball et approcha le Pokémon doucement. Il put voir en face de lui Hoopa, un Pokémon lui aussi fabuleux, qui avait un téléphone dans les mains. Ils regardaient une vidéo d'où sortait de la musique.
– Celebi voit ! Trois pas à droite, puis trois pas à gauche.
– Cele !
– Mais Hoopa ne ment pas, Hoopa était là ! Même qu'elle vient de lui passer un savon !
– Cele, cele.
– Hoopa est triste d'avoir attisé sa colère, mais heureux car elle a prit des photos de lui.
Ils se remirent sur le téléphone alors que Nabil sortait le sien et les filma. Ils étaient dans leur monde, à des milliers de kilomètres de la réalité. Il voulut s'approchait plus mais une branche craqua sous ses pieds et le deux Pokémons tournèrent la tête ver lui. Hoopa sortit deux de ses anneaux et ouvrit une brèche alors que Celebi traversait directement celui de droite, Hoopa se dirigeant vers celui de gauche. Il eut pourtant un moment de stop, regarda Nabil un instant avant de lui remettre le téléphone et repartir. Le pauvre assistant Pokémon, qui avait filmé la scène, se retrouva sur le cul.
Il venait de se passer quoi ?
– Nabil ! Sonya !
Il reprit ses esprits en entendant son frère et loua Arceus. Il n'allait pas à devoir le chercher pendant des jours, c'était une victoire de gagner.
Pendant que Nabil se retrouvait devant des Pokémons fabuleux qui dansaient, Victor était dans son bureau de Maître attitré à faire de la paperasse. Il soupira, se laissant aller, et regarda Lézargus une seconde. Il s'occupait d'un Évoli fraîchement né.
– Maître !
Un homme rentra sans toquer à la porte complètement essoufflé. Victor le regarda sans plus de surprise que ça alors qu'il se précipitait vers lui.
– Dans les Terres Sauvages, des données inconnues ! Le professeur Magnolia nous a envoyé des informations qui concerne le Pokémons légendaires.
Victor se leva, faisant tomber au passage la pile de feuille entassée sur le bureau. Il prit sa veste et commença à courir à travers le bâtiment, Lézargus le suivant. Il appela un taxi Corvaillus alors qu'il recevait les données qu'on lui avait dit à l'instant. Ce n'était pas la première fois que Victor partait sans les informations, alors l'équipe avait l'habitude de lui envoyer alors qu'il se rendait à son taxi. Il arrivait même parfois que ce soit envoyé avant même qu'il n'était informé.
Le Maître sauta dans la nacelle alors qu'il montrait la localisation au Pokémon, qui partit à tout allure. Il pouvait sentit son corps bouillir rien qu'à l'idée de se retrouver devant un Pokémon légendaire, il en oubliait sa fatigue comme sa sœur.
Il s'installa dans la nacelle et ce fut une notification qui lui rappela cette dernière. Encore pour dire que personne n'avait d'informations. Victor soupira et ferma ses yeux. Il ne pouvait pas continuer ainsi, il le savait. Il ne se reconnaissait plus quand il regardait le miroir. Il avait perdu cinq kilos et tout le monde s'inquiétait pour lui. Il se laissa fondre sur le banc, fatigué.
Il ne pouvait pas continuer comme ça. Il ne voulait plus continuer comme ça. Il se sentait seul et avait assumé qu'elle en était la cause, mais c'était faux. Il le savait depuis longtemps mais ne voulait pas se l'avouer. Il était juste en conflit avec lui même et recherchait la paix intérieure.
En s'avouant ça, Victor se sentit alors soulagé. Il avait cette impression que tout ses soucis, tous ses problèmes avaient désormais disparu. Il rouvrit les yeux, une détermination nouvelle. Il allait maintenant apprécier tout ce qu'il avait a disposition à sa juste valeur et si quelque chose ne lui plaisait pas, il allait le dire.
Il sourit en se remémorant la discussion qu'il avait eu la nuit précédente. Son père était venu le voir, désirant en apprendre plus sur lui. Il devait être dix-neuf heures et Victor étaient encore à faire de la paperasse, totalement démotivé. L'arrivée de son père ne l'avait pas arrangé, ne sachant comment lui parler. Et comme d'habitude, ce fut lui qui prit la parole.
– Tout se passe bien ?
– Parce que ça en a l'air ?
Il y eut un blanc et Victor s'en voulut d'avoir répondu ainsi. Il ne dit rien cependant et continua à remplir des autorisations et signer en son nom. Un petit moment se passa dans le silence complet. François observait son fils sous toutes ses coutures. Il se revoyait en lui, un homme épuisé par ses responsabilités qui ne savait pas faire la part des choses entre travail et vie privée.
– Victor.
C'était la première fois qu'il l'appelait. En général il lui posait des questions quand il était sûr que son fils le regardait. Celui-ci sentit quelque chose en lui se remuer il une certaine joie s'empara de lui, sans même qu'il ne s'en rende compte.
– Arrête de chercher Gloria.
La joie laissa place à un sentiment de trahison. Il avala sa salivé et releva la tête vers son père, le visage rempli d'incompréhension. Le blond le regardait avec un sourire fatigué.
– Ne te cherche pas plus d'excuses que ça.
Victor sentait son monde commençait à trembler. Il ouvrit la bouche, voulant rétorquer, mais rien ne sortit. Sa respiration s'accéléra légèrement alors que les yeux bleus de son père semblait voir à travers lui.
– Si avant tu étais seul car elle n'était pas là, ce n'est plus le cas Victor. Tu as vécu vingt-et-un ans sans elle, tu sais très bien que la trouver ne détruira pas la source du problème.
– Tu parles comme si tu me connais mais tu ne sais rien de moi ! Victor se leva de sa chaise prit d'une colère sans nom, Tu crois me connaître, mais t'étais où pendant toutes ces années ? Des années dont maman avait besoin de toi ! Des années sans toi et j'ai très bien vécu ma vie, alors ne me donne pas de leçons en voulant faire ton père, tu l'a jamais été et tu le sera jamais ! Je me suis élevé là où je suis sans toi sans aucun problème !
Il y eut un silence. Victor se sentait bouillir. Il voulait tout faire voler, détruire tout ce qu'il se trouvait autour de lui, lui hurler combien il avait fait sa vie sans lui, qu'il n'avait besoin de personne. Pourtant, lorsqu'il leva les yeux vers son père, il n'y trouva aucune douleur. Juste de la fatigue et de la compassion.
Il n'en fallut pas plus au jeune homme pour s'effondrer en larmes. Il pleura et pleura, ne se retenant plus. Toute la tension, toute la douleur et toute la tristesse qu'il avait accumulé explosait en un instant. Son père le prit dans ses bras et le fit s'asseoir sur sa chaise, en caressant sa tête.
Ce fut leur premier contact physique en vingt-et-un ans.
– Je sais. Je sais ce que ça fait. Les autres attendent de toi la perfection, ils veulent toujours plus et dès qu'ils se rendent compte que tu es humain, que tu es comme eux, ils sont déçus. Ils te le font savoir, te disent que tu devrai faire plus et ils ne comprennent pas.
François regarda son fils et lui fit un baiser sur la tête alors que Victor écoutait les paroles tout en pleurant.
– Quand j'ai réalisé que Gloria est partie, c'était le jour de ses quinze ans. Je voulais lui faire une surprise, laisser de coté mon travail et être avec elle. J'avais pris cette résolution que même si elle ressemble à Maggie, elle n'est en rien fautive de mon malheur amoureux. Elle n'a rien à voir. il rit légèrement en se remémorant ses souvenirs, Mais elle n'était pas là. Ça faisait six mois qu'elle était partie. Six mois.
Victor releva la tête vers lui et observa ses traits. Il avait un regard doux.
– Je suis devenu fou et je l'ai cherché partout. Je fais tout Kalos, je suis partis à Sinho, Unys… Je ne pensais qu'à elle, jusqu'au jour où je me suis rendu compte que je ne vivais plus. J'aime profondément Gloria, elle est tout ce que j'ai de plus précieux au monde comme tu es le trésor de Maggie, mais je ne vis pas pour elle. Tu veux savoir pourquoi ?
Victor le regarda intensément.
– Ce n'est pas à moi de vivre pour elle, mais à elle. Et moi, je dois vivre pour moi. J'ai continué à la chercher, et je continuerai à le faire. Mais cela ne m'empêche pas de vivre et de profiter de chaque instant de ma vie. Toutes les aventures, toutes les mésaventures, ce que les gens attendent de toi, je l'accueille à bras ouvert, parce que tout ça se nomme la vie.
Il passa sa main sur le visage de son fils et lui sourit tendrement.
– C'est amusant tu sais ? De savoir qu'il a fallu que je perde ma fille pour me rendre compte à quel point j'aime vivre.
