Victor s'étira alors que les papiers sur son bureau avait grandement diminué. Il regarda Lezargus qui avait les yeux rivés sur son téléphone depuis un moment et s'en approcha, curieux. Le Pokémon, assit sur le canapé, remarqua son dresseur et décala l'objet pour qu'ils soient deux à observer. C'était le combat de Rosemary qu avait filmé par un spectateur. La championne combattait le n°23 et elle gagnait haut la main. Victor se laissa aller alors que ses yeux étaient las. Il avait retenu quelques numéros mais n'était pas sûr qu'ils passent. Le n°777, un garçon de bien seize ans qui participait pour la quatrième fois. D'année en année il s'améliorait, mais il semblait que Travis était toujours celui qui le bloquait. L'homme était impitoyable, et encore plus en combat Pokémon. Il y avait aussi la n°00, mais elle ne semblait pas vraiment motivée. De ce qu'il avait put voir c'était surtout son père qui avait désiré qu'elle parte faire ce voyage plutôt qu'elle même, et comme elle ne combattait qu'avec un seul Pokémon, Momartik, elle n'arrivait pas à battre Roy. Il y avait le n°87 qui s'était démarqué et celui-là était celui en qui il plaçait tout ses espoirs. Jeune, vif et brûlant de passion, il espérait qu'il fasse partit des finalistes. Cela lui donnerait un peu de challenges car se battre encore et toujours contre les mêmes personnes sans perdre une fois était frustrant pour lui.
Il ne releva le museau que lorsque Lézargus lança la vidéo du n°227. Il réfléchit un instant alors qu'il se rappelait que lui aussi était puissant. Mais il fut tirer de ses pensées lorsqu'il entendit un énorme fracas, venant du son de la vidéo. Il se redressa furtivement alors que son Pokémon avait reculé le corps. Il regarda l'écran et put voir Rosemary complètement déboussolée et courir à l'intérieur du terrain. L'angle de vue n'était pas idéale pour voir exactement ce qu'il se passait, la personne étant derrière le challenger, n'eut pas besoin de plus que de voir Leveinard repartir avec le Pokémon léopard, en sang. Il plaça sa main devant sa bouche alors qu'il constatait avec horreur la blessure, Rosemary furieuse. Victor crû discerner un Shifours en forme ténèbre et plus le combat avancer, plus le Pokémon était en égalité avec le Baggaïd de la championne. Mais tout avait eu une fin, et alors que Victor commençait à se dire que c'était long, la vidéo tourna du tout au tout, regardant désormais la challengeuse. Cette même femme qui se mit à faire les mêmes mouvements que Shifours, les yeux fermés. Le Maître eut un hoquet alors qu'il reconnaissait les mouvement du dojo d'Isolarmure. En un instant, Baggaïd fut expédié hors du ring alors que la caméra bougeait dans tous les sens. La vidéo s'arrêta quelques instants plus tard alors que des tas de commentaires en dessous demandaient la fin du combat.
Curieux, il descendit de commentaires en commentaires, désireux de savoir la fin. Mais ce qui le fit s'arrêter ne fut pas la réponse dans cette mer infinie de tweet mais un message de Rosemary sur le groupe des champions. Il alla le regarder, la gorge sèche tant il voulait savoir et comprit tout de suite.
'Je parie que le 227 va tous nous défoncer et arriver à Victor.'
L'homme regarda son Pokémon alors que la curiosité le rongeait de plus en plus. Comment ce match avait put se terminer exactement ? S'il en tout cas, il y avait bien une chose dont il était désormais sûr, c'était qu'il pouvait placer tous ses espoirs en cette fameuse 227 dont Nabil ne faisait que parler.
– Victor.
L'homme releva la tête alors qu'il ne vit personne. Il fronça les sourcils alors qu'il se levait en se disant que s'il commençait à entendre des voix, il allait peut-être faire un tour dans son lit. Il se doutait qu'après deux semaines sans vraiment dormir et manger, son corps ne pouvait pas récupérer en deux jours.
– Victor.
La voix se fit plus enjouée alors que cette fois-ci il se figea et regarda Lézargus. Son Pokémon était sur ses gardes et il en fit de même, sans rien voir. Il regarda tout autour de lui de nouveau alors qu'il entendait des rires. Lézargus se colla à son dos, prêt à attaquer à n'importe quel moment.
– Victor !
Il lui semblait que la voix était de plus en plus proche et il osa commencer à parler, ne supportant pas cette tension dans l'air.
– Qui est là ?
– Mais t'es bête ou quoi ? C'est moi !
Il ne put répondre qu'il sentit le sol sous ses pieds disparaître. Il voulut se retourner vers Lézargus mais s'arrêta lorsqu'il comprit qu'il était le seul engloutit. Son Pokémon voulut lui tendre le bras mais quelque chose le retint en arrière, lui laissant comme seule vue celle de son dresseur tombant dans un espace noir, inconnu.
Si Lézargus avait peur, Victor était tétanisé. Il n'avait personne avec lui et ne sentait pas le sol venir. Juste l'air froid qui touchait sa peau, l'impression d'être seul au monde et la désagréable impression d'être observé. Mais le temps passé et Victor ne touchait pas le sol. Il commença à réfléchir, tentant de comprendre ce qu'il se passait. Un ennemi ? Il ne lui semblait pourtant ne s'être mis personne à dos, en général il s'entendait bien avec tout le monde. Un fan ? C'était une possibilité en sachant qu'il avait faillit se faire kidnapper par quelqu'un qui l'aimait un peu trop. Ou alors une farce, mais il ne voyait pas qui aurait put faire ça. Il soupira alors qu'il commençait à s'ennuyer.
Il se sentait seul. Les responsabilités qu'il avait l'étouffer, cette sœur dont il ne connaissait rien, cette famille détruite et tout les gens qui lui en demander toujours plus. Il ferma les yeux alors que les larmes lui montaient. Il se sentait seul mais personne ne semblait le remarquer, il tentait de crier à l'aide mais de sa bouche ne sortait. Il ne savait pas comment le dire, il ne savait pas quoi faire.
Il voulait juste, pour une fois, avoir le cœur en paix.
– Victor !
Il se réveilla dans un champs rempli de fleures. Il se releva, prit de léger vertiges mais observa le paysage devant. Le coucher de soleil de Padoxton. Il ouvrit la bouche alors qu'il essayait de comprendre ce qu'il se passait. Il y avait une seconde, il tombait et désormais, il était chez lui ?
– Victor !
Il sentit quelqu'un le pinçait et se retourna en se frottant le bras. Il se figea en voyant la fille devant lui, n'en revenant pas. Elle devait avoir à peine dix ans, comme lui, et était rondelette. De bonnes joues, elle faisait la moue alors qu'il trouvait ses sourcils fronçaient adorables.
– Maintenant on rentre, mamie et papy sont arrivés !
– Quoi ?
– T'es trop bête, tu m'embêtes !
Elle le prit pas le poignet et commença à courir vers sa maison. Victor regardait le paysage autour de lui et se rendit compte qu'il était dans un corps d'enfant. Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, il se voyait entrer dans la maison et voir sa mère, encore dans sa trentaine. Son père était à côté et était en meilleure forme. Il ouvrit les yeux de stupeur alors qu'une femme s'avança vers lui, le regard dur. Il se sentit frémir et ne put cacher sa surprise lorsqu'elle lui prit les joues dans ses mains, lui faisant pleins de papouilles.
– Mamie, moi aussi !
– À chacun son tour Gloria !
Elle le lâcha pour faire de même avec sa sœur et un homme, l portrait craché de son père en plus vieux, vint pour lui déposer un bisou sur le front. Victor sentit quelque chose en lui se cassait alors que sa gorge était nouée. Il ne put voir vraiment la suite des évènement et reprit ses esprits alors qu'il était assis sur le canapé, côte à côte avec Gloria. Il l'observa sous toutes ses coutures alors que l'espace autour de lui changeait. Ils en avaient maintenant douze et elle toujours aussi rondelette, toujours aussi mignonne.
– Quoi ?
Il fut surprit qu'elle lui adresse la parole.
– Eu, bah…
– Tu veux encore un bisou ? Victor rougit comme une tomate, Ha… C'est le dernier cette fois-ci, tes yeux de caninos battus ne m'auront plus.
Elle lui embrassa la joue alors qu'il savoura ce contact sans même s'en rendre compte. Il ne sut dire pourquoi, mais ce petit geste lui réchauffait le ventre d'une agréable douceur. Il en sourit niaisement sous le regard doux de sa sœur. Des deux, elle était celle qui préférait les donner mais ça, elle ne l'avouerai jamais.
Le changement fut de nouveau subite : il avait seize ans et sa sœur était dans le salon, complètement épuisée. Il vit s'asseoir à ses côtés et lui déposa sur les yeux un gant mouillé. Avant qu'il ne puisse enlever sa main, elle l'attrapa et lui baisa le dessus. Il sourit de nouveau.
– Vic, je veux partir. sa voix était triste, Je veux retourner à Kalos voir mamie et papy, je veux aller à Alola voir leurs îles, et aussi Sinoh et ses montagnes… Et Jotoh, Kanto et tous les pays ! Je ne veux pas rester ici, je ne veux pas être le Maître… Pourquoi est-ce moi qui ai dû gagner contre Tarak et pas Nabil ?
Il ne répondit rien alors qu'il sentait en lui ce même sentiment. Cette pression, cette solitude, ce désespoir de vouloir partir sans vraiment le pouvoir… De nouveau tout changea et il la vit, désormais adulte. Ils avaient tout les deux vingt-et-un ans et étaient face à face. Le salon avait disparu pour laisser place au stade de Winscore. Elle avait l'habit de Maître et lui celui du Challenger. Elle avait le n°27 et lui 227. Il regarda l'écran avec attention alors que le chiffre dans son dos apparaissait en gros.
– J'ai toujours sût qu'au fond de toi, quelque chose bouillonne. Victor tourna la tête vers Gloria, Je n'ai jamais compris pourquoi c'est moi qui est vaincu Tarak d'ailleurs, tu es bien meilleur que moi. elle ouvrit les yeux et le regarda, Mais ce n'est pas une raison pour te laisser nous vaincre !
Il vit la flamme dans ses yeux et un frisson le parcourut. Le temps fut comme mit sur pose alors qu'il observait sa sœur. Elle était svelte, musclée et sûr d'elle. Elle respirait la fougue de la jeunesse, la flamme de la passion, la puissance de l'ambition. Et à ce moment-là, il la trouva magnifique.
– Allez, amène toi ! Victor !
Il sentit des frissons remontaient le long de son échine lorsqu'elle prononça son nom et tout autour de lui redevint noir. Il ferma les yeux, revoyant sa sœur. Le sourire d'une enfant de dix ans, l'air mi-sérieux mi-affecteux d'une pré-ado de douze ans, les douces attentions d'une adolescente de seize ans et le regard de braise de l'adulte de vingt-et-un ans. Sans qu'il ne puisse savoir pourquoi, il commença à pleurer, se sentant misérable. Il s'effondra au sol alors qu'il ne pouvait s'arrêter de pleurer.
– Victor.
La respiration saccadée, il se retourna alors que son corps était devenu celui d'un enfant de cinq ans. Devant lui, elle se tenait droite, la bouche légèrement entre-ouverte et le visage surpris. Il pleurait, avalait sa salive et reniflait, ne pouvant s'arrêter. Le plus gentiment du monde, elle vint le prendre dans ses bras et lui fit un câlin dans lequel il se laissa complètement aller. Il oublia tout le temps d'un instant, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle n'en fit pas mieux et ensemble, en tant qu'enfants de cinq ans, ils pleurèrent. Il pleura sa solitude, son manque et sa pression. Elle pleura sa lassitude, sa lâcheté et son incompréhension.
Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps, une fois qu'ils étaient calmés, qu'elle lui prit les joues entre ses mains et lui sourit. Le visage rougit, bouffi et plein de morve, elle lui sourit de toute ses dents et lui offrit un baiser sur le front.
Elle lui offrit ce qu'il interpréta comme un au revoir.
Il en profita, les yeux fermés, pour les rouvrir dans des ruines. Devant lui se tenait fièrement Arceus.
– Bonjour, Victor. C'est un plaisir de te rencontrer.
Le jeune homme se releva, les larmes aux yeux, et regarda le dieu dans les yeux.
Il se sentait apaisé car un au revoir signifiait qu'un jour, il la reverrait.
