Bonjour à tous !

Nouveau chapitre en ce dimanche d'automne.

Enjoy !

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La tête encore en vrac, Hermione s'apprêta difficilement dans la salle de bain. Son reflet dans le miroir lui renvoya des cernes violets, témoignage d'un épuisement extrême. Elle tenta comme elle put d'enlever les traces de sa nuit sans sommeil, en s'aspergeant le visage d'eau gelée. Mais même le froid ne pouvait les effacer, elle avait toujours l'air d'un cadavre ambulant. Tant pis. C'est Narcissa qui supportera son aspect putréfié, pas elle.

En fouillant le petit meuble en dessous du lavabo, elle dénicha un minuscule flacon de potion Journée éveillée. Dès qu'elle posa ses lèvres sur le liquide verdâtre, son mal de crâne lié à sa gueule de bois disparut immédiatement. Elle ne put s'empêcher de féliciter Malefoy d'avoir eu l'idée d'une pharmacie personnelle à porter de main.

L'esprit désormais clair, elle s'installa sur le rebord de la fenêtre, observant le paon qui se promenait au loin. Elle soupira d'ennui, pressée d'en finir avec cette journée qui avait à peine commencé et déjà fatiguée de devoir à nouveau supporter la mère du Serpent. Incapable de patienter paisiblement, ses pensées divaguèrent sur les bribes lointaines de sa dernière nuit. Hermione se revit proche du nez de Malefoy, ses yeux gris-bleu transperçant les siens, ses pupilles dilatées, ses cheveux en bataille...

Elle se frotta le visage, rougi de honte. Comment son corps ivre avait-il pu franchir une ligne qu'elle s'était juré de ne jamais traverser ? La Gryffondor ne se comprenait pas elle-même, cherchant une explication rationnelle. Ses pensées fusèrent dans sa tête, retournant le problème dans tous les sens. Elles s'intensifièrent si bien qu'elle sentit que sa migraine était à deux doigts de resurgir.

Après quelques minutes d'autoflagellation, Hermione arriva à la bête conclusion qu'elle n'était qu'une adolescente comme les autres. Ses hormones étaient en ébullition et l'excès d'alcool la rendait aveugle à tout discernement. Elle était finalement semblable à cette idiote de Lavande, à jeter son dévolu sur le premier garçon un tant soit peu populaire.

Elle ne put s'empêcher de s'énerver contre elle-même. Par Merlin, comment avait-elle pu se rapprocher de ce mec ?

Malefoy avait été odieux envers elle pendant toute sa scolarité. Un mépris sans limite qui n'avait cessé de grandir avec les années, se transformant en haine tenace. Une aversion telle qu'il en était arrivé à la torturer pendant des jours, béni par la cruauté de Bellatrix. Quand bien même il l'avait finalement sortie de sa cellule avec l'aval de sa mère, il y avait un monde entre vouloir la souffrance d'une personne et s'amuser avec elle ! Même s'il était soul, cela n'expliquait toujours pas pourquoi il l'avait embrassé et pourquoi il avait retenté l'expérience en se rapprochant d'elle tout à l'heure.

Toc-toc-toc.

- Je vois que vous êtes prête, Miss Granger, l'interrompit Narcissa en ouvrant la porte. Suivez-moi, je vous prie.

Hermione la talonna à travers le Manoir vide sans faire de commentaire. Elle découvrit par la même occasion une partie de l'endroit où elle était retenue contre son gré. La bâtisse était immense et très sombre, lugubre même. Les pièces s'enchaînaient avec cette couleur verte foncée caractéristique, identique à celle qui dominait la chambre de Malefoy. Elles étaient si vastes, le plafond si haut, que les escarpins de Narcissa résonnaient continuellement sur le parquet en bois. Les murs étaient surchargés de tableaux et les meubles tous plus luxueux les uns que les autres.

Après avoir traversé un long dédale de couloirs, la matriarche la fit entrer dans une minuscule pièce située au rez-de-chaussée de l'immense bâtisse. Hermione découvrit une cuisine lumineuse, composée d'un évier, de placards et d'un four à pain traditionnel. Une petite table et deux chaises en bois trônaient en son centre. Tout était simple et dénué d'ornements, ce qui rendait l'endroit infiniment plus chaleureux que le reste du Manoir. Hermione s'y sentait nettement plus à l'aise.

Narcissa invita la Gryffondor à s'assoir et demeura debout, droite comme un i. Elle fit apparaître un porte-cigarette de la poche de sa veste et alluma une.

- Ma chère, vous vous trouvez actuellement dans la salle des domestiques humains.

- Des domestiques humains ? répéta Hermione, étonnée.

- C'est exact. Traditionnellement, les familles de Sang-Pur ne possèdent pas seulement des Elfes de maison. Nous faisons en plus la charité envers les Cracmols et autres Sang-de-Bourbes dans le besoin.

- Pourquoi cela ?

- Dois-je vraiment vous instruire sur la bienséance de la Noblesse Sorcière ? soupira Narcissa. Je vous croyais d'une rare intelligence.

- C'est juste une question d'apparence, j'ai bon ? marmonna Hermione.

- Cessez votre impertinence, Miss Granger ! s'exclama-t-elle. Néanmoins, c'est exact.

La mère de Malefoy se plaça en face de la grande fenêtre de la pièce et contempla le jardin. Elle fuma quelques bouffées en soupirant puis, sans en détourner le regard, elle poursuivit :

- Avant de vous éclairer sur vos futures besognes, je souhaite mettre certains points au clair avec vous, notamment sur vos agissements d'hier soir, déclara-t-elle en se retournant vers Hermione, la mine sombre. Miss Granger, ce n'est pas parce que nous avons convenu à un Engagement Irrévocable que vous pouvez vous conduire n'importe comment.

- Vous vouliez que je remonte le moral à votre fils et c'est ce qu'il s'est passé, non ?

- Vu votre hilarité de la veille, je n'en doute pas un seul instant, grimaça-t-elle. Cependant, mon mari était présent et il n'est pas aussi indulgent que moi.

- Malf.. Euh.. Drago va être puni. C'est ça ?

- Oui. J'ai réussi à canaliser Lucius la nuit dernière pour qu'il ne fasse rien à Drago. Mais sachez qu'il a tous les droits concernant l'éducation de son fils unique, même si je désapprouve catégoriquement certains préceptes. J'arrive parfois à le convaincre, mais cela reste… exceptionnel. Par ailleurs, je vous informe qu'il m'a demandé de vous réprimander. Mais…

- Une minute ! Et l'Engagement ? la coupa Hermione, scandalisée. Vous ne devez pas me brutaliser !

- Par Salazar, quelle impatience ! soupira Narcissa, roulant des yeux. Je n'en ferais rien, évidemment !

- Oh, dit doucement la jeune femme, s'en voulant d'avoir réagi au quart de tour. Et Drago ? Que va-t-il lui arriver ?

- Cela ne vous concerne en rien, ma chère.

- Au contraire, ça me regarde ! Comment espérez-vous que je soutienne correctement votre fils si je ne sais rien de ce que votre mari va lui faire ?

La mère de Malefoy resta figée quelques minutes.

- Vous avez raison sur ce point, finit-elle par concéder. Tout ce que je peux vous dire, c'est que Drago est habituellement réprimandé avec certains maléfices. Inutile de me demander lesquels et avec quels effets, je ne vous les expliquerai pas. Toutefois, ne possédant plus sa baguette, Lucius fera cette fois preuve d'imagination.

- Je vous demande pardon ? balbutia la jeune femme, horrifiée.

- Vous m'avez très bien entendue, Miss Granger.

- Depuis quand subit-il ça ? Ne me dîtes pas que… depuis son enfance il… ?

- Je ne répondrai pas à cette question, cela va trop loin dans l'intimité de notre famille.

- Mais…

- Il suffit ! trancha Narcissa. Je tolère votre impertinence, car nous avons besoin l'une de l'autre, mais n'en exigez pas trop ! Je vous ai donné les grandes lignes, c'est tout ce que vous devez savoir.

Elle se pencha en avant sur la table devant Hermione, plongeant son regard de glace dans ses yeux noisette. L'odeur de la cigarette chatouillait désagréablement les narines de l'adolescente.

- C'est pour cela, Miss Granger, que je vous demande la plus grande discrétion à l'avenir. Lucius ne doit rien savoir de nos projets, ou alors tous nos efforts auront été vains. Vous devez d'autant plus faire attention : ma sœur et nos invités reviennent ce soir.

Hermione était terrifiée. Ainsi, Voldemort et les Mangemorts seront ici ? Le temps où elle ne pourrissait pas dans sa cellule s'était si vite envolé. Elle espérait sincèrement qu'Harry ne se ferait pas tuer, que personne ne se ferait tuer, qu'elle réussirait à passer la nuit. Elle sentit l'anxiété remonter dans sa trachée.

- Je vous confie ceci pour vous aider dans vos tâches au Manoir, annonça Narcissa en sortant de sa veste une petite baguette. Elle est spécialement conçue pour les domestiques Sang-de-Bourbe. Comprenez par là qu'elle est bridée et n'acceptera d'accomplir que les sorts liés à votre travail.

Puis, elle fit disparaître son porte-cigarette et éleva la voix en frappant dans ses mains :

- Gipsy !

Plop !

- Maîtresse ? demanda un Elfe de maison qui était apparu, le dos si courbé que son nez touchait le sol.

- Veille à ce que Miss Granger saisisse ce qui est attendu d'elle. Et montre-lui ses nouveaux appartements.

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Après avoir dîné dans la cuisine des domestiques, Hermione remonta dans sa chambre de bonne située sous les toits que lui avait présentée l'Elfe-en-Chef des Malefoy, Gipsy. Elle avait besoin de sommeil, éreintée d'avoir couru toute la journée dans les différentes salles du premier étage, à ranger et nettoyer des pièces aussi sinistres les unes que les autres. Heureusement pour elle, la baguette que lui avait donnée Narcissa l'avait bien aidée. Elle lui permettait de lancer des sorts pour astiquer le parquet, plier des draps ou encore de repasser des chemises. Hermione s'en contentait bien. Au moins, elle n'était pas obligée de tout laver à la Moldue.

La jeune femme se perdit alors dans ses pensées. Elle devra tester au plus vite une liste de sortilèges qui pouvaient à la fois faire le ménage et l'aider à prendre la fuite. Elle ne put y réfléchir bien longtemps quand elle percuta quelqu'un au détour d'un couloir. Le coup était si violent qu'elle chuta sur ses fesses.

- Je vous demande pardon, je…

Hermione releva la tête et tomba sur ces iris gris clair si caractéristiques. Elle s'horrifia, Malefoy avait une mine épouvantable. Quelques taches de sang apparaissaient sur le haut de son visage et des ecchymoses lui teintaient ses joues diaphanes. Elle chercha d'autres blessures, mais, étant vêtu entièrement de noir, elle ne put le déterminer. Néanmoins, sa cravate dénouée et les quelques boutons manquants à sa chemise découvraient un peu de peau, bleue elle aussi. Hermione sentit les larmes monter.

- Malefoy, je suis tellement désolée.

Sans prononcer le moindre mot, il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Debout face à lui, Hermione ne sut comment réagir. L'unique sentiment dont elle était certaine, c'est qu'elle ne put se réjouir de son état, même si elle avait vécu l'enfer par sa faute. La maltraitance était la pire chose qu'un parent pouvait faire subir à son enfant. Après un moment à se fixer mutuellement, Malefoy la contourna et partit en direction de sa chambre, laissant Hermione seule dans le couloir, la mine déconfite.

- Drago ! Drago, réveille-toi !

Sorti violemment d'un sommeil sans rêves, il sursauta. Sa mère se trouva devant lui, dans sa chambre.

- Le Seigneur des Ténèbres veut te voir. Maintenant.

- Quoi ? Mais que… commença-t-il, le regard perdu.

- Va te débarbouiller dans la salle de bain, tu as encore du sang séché sur le front, lui chuchota Narcissa. Tu as 5 minutes. Je t'attends dehors.

Drago se releva difficilement sur le rebord du sofa, la tête dans ses mains.

Ils ne peuvent pas me laisser tranquille deux minutes ?

Il s'inspecta dans le miroir et se lança à nouveau des sortilèges de soin. Encore une fois, son père ne l'avait pas ménagé, même sans baguette.

Le jeune homme passa rapidement de l'eau sur son visage et rejoignit sa mère dans le couloir. Elle l'accompagna jusqu'à Son bureau. À peine se trouvaient-ils devant la pièce que Bellatrix en sortit, claquant brutalement la porte, furieuse. Cette dernière regarda sa sœur avec dédain et, comme une enfant à qui on lui avait enlevé son jouet, lui tira la langue. Impassible, Narcissa ne réagit pas à sa provocation. Elle prit la main de son fils et entra.

Le Seigneur des Ténèbres était assis à Son bureau, le visage tordu par la colère. Drago se plaça devant Lui, entre Severus Rogue et sa mère. Il entendit un faible gémissement qui provenait de sa droite. Tétanisé, le jeune homme ne détourna pas les yeux.

- Ah Drago. Nous t'attendions, commença le Lord.

- Maître, répondit-il en penchant légèrement sa tête.

- Bellatrix m'a raconté tes récents progrès.

L'adolescent se braqua instantanément. Ainsi, sa tante Lui avait notifié qu'il s'était amélioré ? Sans nul doute Narcissa avait demandé à sa sœur de le prétendre. Bellatrix lui répétait constamment qu'il stagnait.

- Elle m'a annoncé qu'ils étaient impressionnants, poursuivit-Il. Particulièrement depuis que vous avez ramené la Sang-de-Bourbe qui accompagne Harry Potter. Je suis satisfait.

Drago se figea. Qu'avait-il fait à Granger ? Toujours la tête légèrement baissée, le Serpentard vit les pieds cadavériques du Lord apparaître dans son champ de vision. Il se dressait désormais face à lui.

- Tu mérites plus de responsabilités. Narcissa et Severus, ici présents, sont aussi de cet avis.

Drago s'étonna. Sa mère était encore intervenue en sa faveur ? Que venait-elle faire là ? Il savait que Severus était un Mangemort qui jouait double jeu pour Son compte, mais pourquoi elle ? Depuis quand écoutait-Il ses conseils ? À moins que…

- Ils m'affirment que tourmenter nuit et jour la Sang-de-Bourbe n'amènera à rien. Severus me confirme qu'elle a été entraînée comme toi à l'occlumancie et qu'elle est particulièrement douée. Je ne décèlerai rien de son esprit que quelques bribes incohérentes. De plus si je la torture trop, elle ne deviendrait qu'une coquille vide.

- Maître, s'inclina Rogue, comme pour raffermir Ses dires.

- Quant à Narcissa, elle m'a indiqué que vous avez commencé à tisser des liens d'amitié.

Drago maudit intérieurement sa mère.

Elle veut me faire tuer ou quoi ?

- Bien que je n'éprouve qu'un dégoût profond pour cette affirmation, elle m'a précisé que son unique but était de lui soutirer des informations essentielles sur les plans de Harry Potter.

- Maître, s'inclina Narcissa, comme Rogue avant elle.

- Ainsi, mon cher Drago, continua le Lord, tu vas retourner à Poudlard pour passer ta septième et dernière année. Mes deux serviteurs, ici présents, estiment pareillement que tu dois compléter une formation pour me servir au mieux.

Le Seigneur des Ténèbres glissa vers la gauche de la pièce. L'adolescent ne put s'empêcher de le suivre du regard. Il vit avec effroi le corps sans vie de Granger, gisant au sol.

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Et voilà !

J'ai adoré écrire le passage entre Hermione et Narcissa, que je vois comme une noble tirée à quatre épingles. J'en ai profité également pour développer un peu la façon de vivre des Sang-Pur et leurs valeurs d'un autre temps.

J'espère que vous avez apprécié la lecture et que toutes ces idées vous ont plu.

Je vous remercie encore chaleureusement de suivre et d'aimer mon histoire. N'hésitez pas à me laisser un commentaire si le coeur vous en dit.

A la prochaine !