28. Cinq Ans

Ce soir-là, après avoir couché les enfants, je racontais tout à Mike sur les visiteuses et les suspicions de Padma.

"Harry a l'air d'avoir été à l'école avec presque tous les gens impliqués dans cette affaire," observa-t-il, exprimant mes propres questionnements. "C'est bizarre, tu ne trouves pas ?"

Je hochais la tête.

"J'ai l'impression que plus on en sait, moins les choses paraissent cohérentes," poursuivit Mike.

J'indiquais qu'il n'allait pas avoir de contradiction de ma part sur ce point non plus.

"Pourquoi est-ce que tous ces gens ont été tués ? Quatre inconnus tués au hasard pour essayer d'obtenir la libération de ce personnage, Greyback ? C'est dément ! Qu'est-ce que tout ça a à voir avec l'amnésique, comment elle s'appelle… le Petit Chaperon Rouge ? Comment cette invitation a fini dans ses mains ?"

"Elle s'appelle Frances Sidebotham" lui rappelais-je. "Et je n'ai aucune idée de comment elle a obtenu l'invitation. Ginny ne le sait pas non plus. Je lui ai demandé." Je regardais le visage de mon mari. "Tu as raison, Mike, tout ça n'a aucune logique ! Je n'ai aucune idée de ce qui se passe, mais l'idée que deux des invités de Harry – ses amis – puissent être directement impliqués là-dedans, ça m'inquiète."

"Bien plus que deux," me rappela-t-il. "Le grand Terry et le petit Dennis travaillent pour lui et aussi, apparemment, la charmante Lavande, quand elle n'est pas occupée à fabriquer une nouvelle petite princesse."

"Qu'est-ce qui te fait dire que Lavande est charmante ?" demandais-je.

"Tu viens de me la décrire, Jacqui, jusqu'au moindre détail, jusqu'à la tenue qu'elle portait." Les rides de rire autour de ses yeux saillirent pendant qu'il parlait. "Même si, pour être honnête, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'est une jupe cloche. Sérieusement, je m'en moque. Au cas où ça t'aurait échappé, j'ai toujours eu un faible pour les jeans serrés." Il caressa doucement ma jambe, m'offrit son sourire le plus idiot et me fit un clin d'œil. Je l'ignorais.

"Donc, basé sur ce qu'on sait, qu'est-ce que tu crois qu'il se passe ?" demanda-t-il.

"Je n'en ai pas la moindre idée," admis-je. "Tu veux demander à Ginny ? Moi pas, mais si tu veux t'y risquer tu pourras parler à elle et Harry de tout ça jeudi soir."

"Jeudi soir ?" demanda-t-il.

"Ah, oui, avec tout le reste, j'ai oublié de t'en parler. On est tous invités à Drakeshaugh jeudi juste après l'école. C'est le jour exact de l'anniversaire de James, et James veut que Henry soit là pour une petite fête restreinte. Juste nous. Est-ce que tu as récupéré le camion de pompier ?"

"Ouais, il est dans le coffre. Je ne te l'ai pas dit en rentrant, parce que je ne voulais pas le mentionner devant Henry." Mike prit un air songeur. "Juste après l'école, c'est bien pour ces dames oisives, comme toi et Ginny, mais ça risque d'être compliqué pour moi, Jacqui. Je vais vérifier mon agenda et voir ce que je peux faire. Si je peux m'arranger pour filer tôt, je le ferais. Sinon…" Il haussa les épaules. "Je serais à Drakeshaugh vers six heures."

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James était déjà dans la classe le mercredi matin, donc je ne vis aucun des adultes Potter. Après m'être assuré que tout allait pour Henry – c'était le cas, puisque James était là – je soulevais Annie dans mes bras et partis.

"Moi z'aime ma manman et mon papa," annonça Annie en lançant ses bras autour de mon cou. Ses paroles sortaient de nulle part et exigeaient une réponse.

"Et je t'aime toi, et Henry, et ton Papa," lui dis-je alors que nous approchions de la grille.

"J'attendais vraiment bien mieux de vous, Jacqueline," dit avec acidité Mary. Son utilisation de mon nom complet était suffisant pour m'ennuyer et elle le savait. "Nous sommes tous très inquiets du nombre d'étrangers que votre amie Ginny connaît." Mary se lança directement dans son attaque. "J'ai appris qu'ils vous ont même rendu visite hier."

Je fixais le visage de Mary, lut la rancœur et la colère dans ses yeux gonflés et rougis, et décidais que j'en avais assez. Avec une expression confuse, je contre-attaquais. "Nous ?" Je regardais ostensiblement tout autour. "Vous semblez être seule, Mary. Quant à ces étrangers ?" Je secouais la tête. "Nous n'avons eu aucun visiteurs étrangers hier."

"Le marchand de thé a dit qu'il y avait deux Musomans à l'air étrange…"

"Je connais Darren depuis des années, je ne peux croire qu'il ait dit une telle chose," dis-je fermement. "De toute façon, même si Parvati et Padma étaient Musulmanes," corrigeais-je sa prononciation, "et je ne pense pas qu'elles le soient, c'est une religion, pas une nationalité. Elles sont originaires de Leicester. Je serais heureuse d'être corrigée si je me trompe, Mary, mais – de ce que j'en sais – Leicester n'est pas un pays étranger."

Ma colère me surprit. Elle surprit également Mary et je regrettais immédiatement la sévérité de mes propos. Je regardais le visage de la femme qui m'avait effrayé ou agacé ces dernières semaines et me demandais si ce que je voyais était des préjugés ou quelque chose d'autre.

Tout dans son attitude était anormal. Il y avait de l'amertume dans ses yeux rougis, un besoin de s'en prendre à quelqu'un, n'importe qui. En regardant son visage, je réalisais finalement qu'elle avait pleuré et qu'elle avait utilisé beaucoup de maquillage pour masquer ce fait. Mon accueil de visiteuses 'étrangères' ne pouvaient clairement pas être la cause de son malheur. Elle était triste et en colère et elle s'en prenait à moi simplement parce que j'étais heureuse et qu'elle ne l'était pas. Cette réalisation me fit vouloir faire la paix.

"Si quelque chose ne va pas…" Son air horrifié montra que répondre par une démonstration de sympathie envers elle n'allait pas marcher. "Écoutez," essayais-je à nouveau sur un ton bien plus sérieux. "Je sais que nous ne sommes pas exactement proches, mais si vous avez un prob… si vous voulez quelqu'un à qui parler en confidence, vous pouvez juste m'appeler." Je posais Annie par terre, trouvais un stylo dans ma poche et griffonnais mon numéro sur un vieux reçu de supermarché froissé. "Je peux être stupide parfois, mais je peux être discrète quand c'est nécessaire," ajoutais-je en lui tendant le numéro.

Interloquée, elle ne dit rien mais prit mon numéro de téléphone.

"L'offre tiendra toujours," lui assurais-je. "N'importe quand."

Elle ne dit toujours rien. J'abandonnais.

"Au revoir, Mary." Reprenant ma fille confuse, je l'emportais vers ma voiture.

~~~oooOOOooo~~~

Ginny attendait déjà devant le portail quand j'arrivais à l'école ce soir-là. J'avais décidé de lui parler de ma rencontre avec Mary ce matin-là. Ma mission fut simplifiée par le fait qu'Annie était de bonne humeur, comme le montrait sa façon de chanter à tue-tête en trottinant à mes côtés.

"Bobby Shafto est allé en mer, des boucles d'argent sur les genoux," chantait-elle.

"C'est une chanson charmante, Annie," dit Ginny, souriant à ma fille.

"Il vient à la maison et m'épousé," poursuivit Annie. "Me'ci, Manman de Dames, 'jour Al et Lily." Après une interruption pour les salutations, elle reprit sa chanson. "Joli Bobby Shafto."

"C'est bon pour demain, Jacqui ?" demanda Ginny.

"Oui, même si Mike risque d'être un peu en retard," dis-je. "Ce n'est pas facile pour lui de quitter tôt le travail. Et pour Harry ?"

À côté de moi, Annie encourageait Al et Lily à chanter, mais aucun des deux ne connaissait les paroles. Hormis le premier couplet, Annie non plus, mais cela ne l'empêcha pas de faire la sérénade aux deux enfants Potter – en écorchant les mots – pendant que nous attendions que la sonnerie de l'école retentisse. "Bobby Shafto est gant et blond, l'est mon amour partout jour…"

"Harry sera là, quoi qu'il arrive," m'assura Ginny par-dessus le vacarme de ma fille. Elle remarqua mon expression et pencha la tête sur le côté. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"

"Plus tard," dis-je en secouant la tête et reportant mon projet. Je pouvais voir Amand Berry s'approcher de nous.

"Mary reste assise dans sa voiture," annonça Amanda en marchant vers nous. "On dirait qu'elle a pleuré. Qu'est-ce que tu lui as dit ce matin ?"

Ginny me fixa, choquée.

"Je lui ai donné mon numéro de téléphone," dis-je, forcée à l'honnêteté par la franchise de la question. Me demandant pourquoi Amanda, qui avait été le bras droit de Mary depuis des années, ne savait pas ce qui se passait, j'insistais. "Je pensais qu'elle pouvait avoir besoin de quelqu'un à qui parler."

"Pourquoi ?" demanda Ginny.

"Elle avait l'air… triste," dis-je, essayant d'indiquer à Ginny que je ne souhaitais pas partager de ragots devant quelqu'un d'autre. Je me tournais vers Amanda. "Je pensais que toi et Mary étiez meilleures amies," dis-je. "Tu ne sais pas ce qui cloche ?"

Il était évident à son expression qu'Amanda ne savait rien. Je suspectais qu'elle croyait toujours que j'étais la cause des larmes de Mary.

"Je ne la côtoie qu'à la sortie de l'école !" protesta Amanda. "Nos filles sont amies, mais nous ne sommes pas proches. Je pensais que tu pouvais avoir… Non… Tu es sûre que tu ne sais pas ?"

Je secouais la tête. "Aucune idée," dis-je fermement.

Elle n'appréciait clairement pas ma réponse, mais je n'étais pas prête à dire quoi que ce soit d'autre. Il y eut un silence gênant, en partie dû au fait qu'Annie était arrivée à court de paroles de Bobby Shafto et que l'accompagnement musical de notre conversation avait cessé. Par chance, ma fille passa à sa chanson de recours préférée, je l'accompagnais donc.

"Que se passe-t-il à Balamory," chantâmes-nous. Après un moment, Amanda abandonna et alla bavarder avec quelques autres mères.

"Alors ?" demanda Ginny à l'instant où Amanda fut hors de portée.

Je lui racontais rapidement notre rencontre du matin.

"Elle n'est pas en colère contre moi, contre nous," dis-je à Ginny. "Je ne suis même pas sûre qu'elle soit en colère contre la couleur de peau de Padma et Parvati je pense qu'elle est en colère contre la Terre entière."

"Ou contre elle-même," suggéra Ginny. Nous regardâmes la route plus loin. La voiture de Mary, une BMW Black série deux haut de gamme, était tournée dos à l'école. Nous ne pouvions pas la voir.

"Possible," dis-je.

"Je me demande pourquoi," s'interrogea Ginny.

"Je n'en ai aucune idée," dis-je. "Pour être honnête, elle n'a pas l'air d'avoir beaucoup de chose pour la contrarier. C'est probablement la femme la plus riche devant cette école. Elle a une maison incroyable plus bas dans la vallée à Shaperton, une maison de vacances en Espagne et deux voitures. Et ce sont toutes les deux des béhèmes !" Ginny m'interrogea du regard.

"Des BMW," expliquais-je, hochant la tête vers la route. "Il y a celle-ci, la série deux qu'elle utilise pour venir jusqu'à l'école, et elle a aussi une Z4 cabriolet. Et quand les voitures ont deux ans, son mari les remplace."

"C'est juste des objets," dit pensivement Ginny. "Je viens de réaliser à qui elle me fait penser, Jacqui. En colère, à être ignoble sans raison… Alicia était comme ça pendant des mois après…"

"Après ?" soufflais-je. Je ne savais pas qui était Alicia et je m'en moquais un peu. Tout ce que je voulais savoir, c'était ce que Ginny pensait.

"Alicia était avec Lee pendant plus de dix ans. Ils n'étaient pas mariés, mais ils vivaient ensemble et ils travaillaient ensemble. Elle a aidé Lee à développer son émission de radio. Ils étaient une équipe et on pensait tous qu'ils étaient heureux. Ils avaient certainement l'air d'être heureux. Et puis l'année dernière, à l'enterrement de vie de jeune fille de Lavande, Alicia était en colère et grossière. Angelina et Katie ont réussi à la calmer, mais elles n'ont pas voulu nous dire ce qui n'allait pas. On l'a découvert quelques semaines plus tard, au mariage de Lavande. Lee a débarqué avec une autre fille. Elle avait dix-neuf ans et ils avaient une relation depuis deux ans. Alicia l'avait découvert quelques semaines avant l'enterrement de vie de jeune fille, mais elle n'en avait parlé à personne. Même pas à Angelina, et pourtant elles étaient comme ça…" Elle croisa son index et son majeur. "… depuis toujours."

"Robert Saville !" m'exclamais-je, incrédule. "Qui diable pourrait vouloir…"

Ginny me fit taire d'un regard noir juste à temps. La fille de Mary, Helen, passa rapidement à côté de nous, regarda le long de la route et trottina vers la voiture de sa mère.

"Merci," murmurais-je. "Je me demande si tu n'as pas raison. On le découvrira bien tôt ou tard."

Ginny approuva et nous nous tournâmes pour regarder le flot continu d'enfants s'écoulant hors de l'école. Henry et James étaient introuvables. Le temps qu'ils arrivent enfin, Ginny et moi avions finalisé nos plans pour la fête d'anniversaire de James.

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Une fois les enfants en sécurité dans leurs lits, je mis le cadeau de James dans le coffre de ma voiture, pour m'assurer de ne pas l'oublier. Pendant que je travaillais, je ressassais à propos de Mary et repensait au spectacle de son mari regardant les femmes pendant la fête des Potter. J'essayais de me persuader que c'était mon imagination. Après tout, me demandais-je, qu'est-ce qui pourrait bien attirer une femme chez un homme laid, obèse, borné et bourré de préjugés… Je me rappelais la taille de leur maison c'était un millionnaire.

Quand je revins dans la cuisine, Mike admirait la carte que Henry avait faite. "Qui c'est ?" demanda-t-il en pointant vers les deux gribouillages vaguement en forme de personnes sur le devant de la carte.

"D'après Henry, c'est 'Jamesémoi'," dis-je.

"Qui est qui ?"

"Tu ne peux pas le deviner ?" demandais-je.

Il regarda à nouveau. "Les cheveux rouges c'est James," annonça-t-il en souriant. "Ils se tiennent la main. Pourquoi est-ce qu'ils se tiennent la main ? Est-ce qu'on doit s'inquiéter ?"

"Tu ne dois jamais t'inquiéter quand deux personnes se tiennent la main peu importe leur sexe !" le sermonnais-je. "Sois gentil de ne pas plaisanter avec lui sur ce sujet, Mike. Je ne veux pas qu'il grandisse en pensant que c'est anormal."

Il eut la bonne grâce de paraître honteux. "Tu as raison, c'est vrai."

"Est-ce que tu connais bien Robert Saville ?" demandais-je.

"Quoi ? D'où ça sort ?" Mon changement brutal de sujet l'avait perturbé. "Je ne connais rien de lui, pas vraiment. J'ai fait affaire avec lui quelques fois. Ce n'est pas un homme facile en affaires. Pourquoi ?"

"Je ne suis pas sûre," dis-je. "Mary n'était pas heureuse aujourd'hui. Je me demandais si son mari…" Je m'interrompis et l'observais attentivement.

Mike ne dit rien, mais je pouvais voir qu'il luttait avec sa conscience. Il est pathétiquement transparent, des fois. Je pouvais presque entendre le combat dans sa tête.

"Parle," dis-je.

"Je ne m'intéresse pas aux rumeurs, Jacqui, tu le sais." Ce fut assez pour me confirmer l'existence de rumeurs. Je fronçais les sourcils face à lui. "Et je ne les colporte pas non plus, parce qu'avant qu'on ait le temps de dire ouf, ce sont des vérités et les gens sont jugés sur des choses qu'ils n'ont pas faites."

Il semblait avoir oublié à quel point ma mémoire est bonne je le lui rappelais.

"À la fête des Potter, tu as dit que tu 'pourrais me raconter des histoires' sur le mari de Mary. Parle," exigeais-je.

"Des tas de gens ne veulent pas faire affaire avec lui et ces temps-ci on demande toujours le paiement en avance. Je peux te donner des éléments et des chiffres sur sa férocité en affaires, mais je suppose que tu n'as pas envie d'entendre parler de tous les sous-traitants à qui il l'a fait à l'envers au fil des ans ?" demanda Mike.

Il espérait que je dise si, mais malgré le fait que je suspecte que l'utilisation par Mike du terme 'férocité' ne soit seulement son code pour 'totalement immoral', je secouais la tête.

"Ce sont des faits, Jacqui, et je peux les prouver, je ne sais rien d'autre."

Je ne dis rien. Il soupira.

"Il a… enfin… Écoute, je ne sais pas si tout ça est vraiment vrai…"

Je gardais la bouche fermée, exigeant silencieusement qu'il me le dise. Quand je croisais les bras, il abandonna.

"Joe – des Agents du Patrimoine – m'a dit que Bobby sautait sa chef de bureau. Il pense aussi que ce n'est pas la première," commença Mike. Il secoua la tête. "Ça me semble peu probable. Je veux dire, tu l'as vu. C'est Timothy Spall, pas Timothy Dalton."

J'essayais de ne pas rire.

"Je l'ai rencontrée, elle aussi. Elle était à une réunion à laquelle j'ai assisté à Saville Transports Services il y a six mois : la vingtaine, blonde, fine et elle doit avoir au moins quinze ans de moins que lui. C'est une rumeur, Jacqui, rien de plus. C'est des ragots. C'est tout ce que j'ai entendu et ça vient de Joe, donc ce n'est probablement pas vrai."

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Le lendemain matin, je vis Harry pour la première fois depuis le lundi. Lui, et un James très excité, se tenaient tous les deux à côté de sa voiture. Ils avaient attendu que nous arrivions et atteignirent ma voiture avant que j'aie libéré les enfants de leurs sièges. Laissant Annie et Henry aux bons soins de Harry, je détachais le siège de Henry. Harry me le prit et, pendant qu'il le portait vers sa voiture, nous bavardâmes.

J'eus l'impression qu'il allait de nouveau à Sheffield, ce qui me laissa perplexe. Il me paraissait peu probable qu'il puisse faire l'aller-retour en voiture durant les six heures et demie de la journée d'école. Lorsque je lui demandais, il dit quelque chose à propos d'avoir un bureau à York. Bien que York soit quatre-vingts kilomètres plus proche, même cela me semblait improbable. Malgré mon incrédulité, Harry m'assura qu'il serait absolument de retour pour la sortie de l'école. Je lui dis que Mike serait également capable de terminer tôt et qu'il arriverait à Drakeshaugh aussi tôt que possible.

Tandis que Harry ouvrait sa voiture et installait le siège de Henry à l'intérieur, j'amenais les deux garçons et Annie dans l'école. Sur le chemin à travers la cour, je me souvins de souhaiter un bon anniversaire à James.

Pour ne pas être en reste, Annie agrippa le bras de James, le fit s'arrêter et insista pour chanter pour lui.

Henry était un peu embarrassé des pitreries de sa sœur et ne voulut pas l'accompagner. James attendit poliment qu'elle termine et dit alors : "Merci Annie."

De nombreux enfants qui passaient et leurs parents avaient regardé la prestation d'Annie. Il ne faisait aucun doute que, le temps que nous entrions dans la classe, la majorité de l'école savait désormais que c'était l'anniversaire de James.

Le temps que je ressorte de l'école et revienne sur la route, Harry était parti, emportant le siège auto de Henry avec lui. Je cherchais Mary aux alentours, mais elle n'était visible nulle part.

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Cet après-midi-là, au lieu de descendre jusqu'à l'école, Annie et moi allâmes directement à Drakeshaugh. Je partis à l'heure habituelle pour le trajet vers l'école et arrivais à la maison des Potter environ cinq minutes plus tôt que je ne serais arrivée au portail. C'était un sentiment étrange, savoir que je laissais à quelqu'un d'autre que Mike le soin de récupérer Henry.

Ginny, Al et Lily attendaient à la porte quand j'entrais dans la cour de gravier de Drakeshaugh et ils n'étaient pas seuls. Le frère de Ginny, Ron, était là avec sa femme et ses enfants. Il y avait une banderole colorée 'Joyeux Anniversaire James' au-dessus de la porte. Il était évident, d'après les lettres maladroites et les tâches de peinture, qu'Al, Lily et possiblement Rose et Hugo avaient été occupés.

Alors que les enfants Potter et Weasley criaient leurs salutations excitées à Annie, les adultes m'approchèrent.

"Salut Jacqui," commença Ginny.

"Cette fois c'est à notre tour débarquer sans prévenir dans une fête privée," dit joyeusement Ron. Ses paroles me firent à nouveau me sentir coupable.

"Ne sois pas un tel lourdaud, Ron !" le sermonna Hermione. Elle m'offrit un sourire d'excuse. "James est notre filleul, Jacqui, et avec Harry aussi occupé, nous avons décidé de lui faire la surprise de nos cadeaux plutôt que d'attendre dimanche. Nous n'avions pas idée que Ginny avait quelque chose d'organisé avec vous."

"Vous êtes ici maintenant, Hermione," dit Ginny. "Autant que vous restiez pour la fête… Où est-ce que vous croyez aller comme ça, vous tous ?"

"À la balançoire de corde, Tante Ginny," dit Rose.

"Pas avant que James et Henry n'arrivent," dit Ginny. "Vous voulez lui souhaiter un bon anniversaire et le voir ouvrir ses cadeaux, quand même ?" Subitement inquiète, elle se tourna vers son frère. "Ils sont sans risque ?"

Ron et Hermione me regardèrent, échangèrent un regard et hochèrent la tête. Confuse, j'essayais de comprendre pourquoi Ginny pouvait penser qu'ils pourraient apporter quelque chose de risqué. Je paniquais.

"J'ai acheté des Lego," dis-je. Ouvrant le coffre de ma voiture, j'en sortis la boîte à gâteaux contenant les brioches au chocolat que j'avais préparées et le cadeau cliquetant dans son papier couvert de ballons. "C'est pour les cinq ans et plus. Est-ce que ça ira ? Les petites pièces ! Il y a beaucoup de moins de cinq ans ici. C'était idiot de ma part.

"Des Lego ?" demanda Ginny.

"Qu'est-ce que…" commença Ron.

"Je suis sûre que ça ira parfaitement," m'assura Hermione.

"Qu'est-ce que…" essaya à nouveau Ron.

"Tout va bien Ginny, nous… J'ai… apporté…" Hermione interrompit à nouveau son mari. Elle s'arrêta car, derrière moi, il y eut un crissement de graviers.

"Voilà Papa," dit Ginny à ses enfants.

"Papa !" hurla Al.

"Henry é Dames," ajouta Annie. "C'est le nivesaire à James. Bon 'nivesaire, James."

Je saisis l'opportunité offerte par l'arrivée de Harry pour me précipiter à l'intérieur pour placer les brioches et notre cadeau sur la table de la cuisine à côté du gros paquet apparemment des Weasley.

Le temps que je revienne, Henry et James avaient débarqué. James profitait d'une cascade de bons souhaits pour son anniversaire. Il trépignait littéralement d'excitation et cela se transmettait aux autres. Alors que les enfants devenaient de plus en plus fantasques, ils commencèrent à se courir après tout autour de la cour, hurlant et couinant. Hermione essaya de les calmer, mais Ron, Ginny et Harry les encouragèrent simplement.

Henry le commença. "Loup, c'est toi qu'y est !" hurla-t-il en attrapant James par l'épaule.

Henry s'éloigna en courant de James et les autres enfants s'enfuirent. James courut après Al, qui esquiva son frère et courut derrière nous en direction du portail. James le rattrapa rapidement, puisque Al fut forcé de s'arrêter net quand la voiture de Mike entra dans la cour.

"Loup, c'est Al qui y est," cria fièrement James en courant pour rejoindre Henry. Al se retourna et chercha une cible les autres enfants continuèrent de s'éloigner.

"C'est chat, pas loup," annonça fermement Hermione.

"C'est ce que je croyais aussi," dit Harry il semblait cependant moins certain qu'Hermione.

Ron et Ginny secouèrent tous les deux la tête. "Loup," dirent-ils à leurs conjoints.

Tous les quatre me regardèrent avec anticipation. "Loup," dis-je. Il me semblait qu'Hermione était prête à discuter.

"Bonjour tout le monde," lança Mike en descendant de sa voiture. Il regarda les enfants tout autour. "Je vois que le remue-ménage a déjà commencé."

"Est-ce que c'est loup ou chat, Mike ?" demanda Harry avec espoir à mon mari. On perd la dispute, là !"

Mike regarda les enfants qui couraient loin d'Al. "De quoi vous parlez ?" demanda-t-il. "Des enfants ? Ils ne jouent pas à trappe-trappe ?"

Je ris. "Tu prétends être chic, Michael, mais c'est du pur argot, ça, biloute," lui-dis-je.

Ron rit joyeusement et se tourna vers sa femme et Harry. "Loup !" annonça-t-il triomphalement.

"Loup," approuva Al tout en courant et touchant la jambe de son oncle. "C'est toi qu'y est, Oncle Ron."

Quand Ron attrapa le bras de sa femme et cria "Loup, Tante Hermione y est !", nous courûmes tous.

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Plus d'une demi-heure plus tard, j'étais passablement essoufflée et je me cachais dans les bois qui entouraient Drakeshaugh. Je n'avais vu personne depuis plusieurs minutes, donc quand j'entendis des voix, je me tins immobile et silencieuse et écoutais pour voir si je devrais m'enfuir.

"… dit que Michael ne laisse personne dans son labo," entendis-je Harry dire.

"Et pour Trudi et Terry ?"

"Ouais, mais ce qu'elle voulait dire, c'est qu'il travaille seul."

"Eh bien, c'est vrai," dit Ron. "Il est bougrement secret, mais il a toujours été un peu bizarre depuis la Bataille."

"Il a été torturé, Ron," dit fermement Harry. "Mais le fait est que, il y a quelques semaines, j'ai rencontré son assistant, Jason Jones ils étaient ensemble dans l'ascenseur. J'aurais dû me rendre compte que Michael était confusé, mais pour ma défense, Trudi était avec nous et elle ne l'a pas remarqué."

"Il a un assistant ?"

"Non, Ron, il n'en a pas !" dit Harry. "On a vérifié. Et le type que j'ai rencontré n'est même pas un employé du Ministère, même s'il avait un badge et une autorisation d'entrée."

À cet instant, évidemment, j'avais réalisé que Harry et Ron avaient dû établir qu'aucun d'entre eux 'n'y était', donc il n'y avait pas vraiment de raison pour moi de continuer à me cacher d'eux. Malheureusement, j'avais déjà tant entendu d'une conversation privée que me dévoiler serait embarrassant. Pendant que j'hésitais et m'interrogeais sur la conjugaison et l'utilisation inappropriée du terme confus, la conversation se poursuivit.

"Comment il a eu un laissez-passer ?"

"Frances l'a émis. Ses collègues disent que c'est son petit-ami, mais elle ne se souvient pas de lui elle ne se souvient toujours de rien. On lui a montré sa photo, ce n'est pas l'homme qu'elle a vu avec Robards, mais…" Il s'interrompit en pleine phrase. "Qui est là ?" demanda-t-il.

Je sortis de derrière l'arbre, je n'étais pas à dix mètres d'eux. Heureusement, les inquiétudes de Ron étaient différentes de celles de Harry et il posa sa question en premier.

"C'est toi qu'y est ?" demanda-t-il.

"Non," dis-je. "Il y a environ dix minutes, c'était Rosie. Maintenant ?" je levais les mains.

"Tu ne vas pas nous demander si c'est un de nous ?" demanda Ron.

Je secouais la tête.

"D'abord, si vous y êtes, vous devez me le dire, c'est la règle. Mais vous ne pouvez pas l'être, parce que vous êtes ensemble et que je vous ai entendu parler… Pas ce que vous disiez, juste vos voix, je n'écoutais pas," ajoutais-je hâtivement quand Harry me fixa. "Si l'un de vous y était, il aurait touché l'autre et vous ne seriez pas là à papoter."

"On ne papote pas !" protesta Ron.

"Alors de quoi vous parlez ?" m'enquis-je.

"Qu'est-ce que tu as entendu ?" demanda Harry.

"Tu as dit quelque chose à propos de Frances, d'un petit ami qu'elle a oublié et de sécurité," admis-je. "Mais je n'ai pas entendu grand-chose, j'étais trop occupée à rester loin de tout le monde. Je n'y ai pas encore été."

Harry essaya de me regarder dans les yeux, mais je regardais par terre pour éviter son regard perçant.

"Regardez-nous," dis-je, indiquant mes chaussures boueuses et le pantalon tâché d'herbe de Harry. "Tout ça est ridicule, on est plus des enfants." Je me tournais vers Ron. "C'est de ta faute."

"La plupart des choses le sont," admit joyeusement Ron. "Mais tout ce que j'ai fait, c'est me joindre au jeu des enfants. Tu n'étais pas obligée."

"Bien sûr que je l'étais," admis-je avec un sourire. "On l'était tous."

"Je ne me suis pas amusé comme ça depuis longtemps," reconnut Harry.

"Vrai," approuva Ron. "Même si après avoir vu l'état du nouveau manteau de Rosie, je ne suis pas sûr qu'Hermione soit de cet avis."

"Au moins je suis en jean," dis-je. "Mike est encore dans son costume de travail, tout comme toi, Harry."

Au loin, un enfant couina. "Trappe-trappe, c'est toi qu'y est," cria mon mari.

"Ça compte pas," protesta fermement quelqu'un. Je pensais que c'était Al, mais je ne pouvais en être sûre. "Tu dois dire loup, papa de Henry ! C'est ça la règle."

"Ouais, Al a raison," beugla Ron. "C'est ça la règle, Mike. Faut pas dire chat ou trappe-trappe, tu dois dire loup, pac'que c'est l'mot correc' !"

Malgré le fait que Ron crie à pleins poumons et se tienne seulement à quelques mètres de moi, je crus entendre une clochette retentir au loin.

"Et je dois dire que le repas est prêt," résonna la voix de Ginny à travers le bois. "Désolé, les enfants de tous les âges, c'est l'heure de rentrer manger."

"Manger." Les yeux de Ron s'illuminèrent.

"Pfiou," dis-je avec gratitude. "Je deviens trop vieille pour ça."

"Non tu ne l'es pas." Harry secoua la tête.

"Carrément pas," approuva Ron en souriant. "Il n'y a rien de tel qu'une partie de loup !"

"De chat," taquina Harry.

"De loup." Le ton de Ron était joyeusement triomphant. " J'ai raison, et toi et Hermione avez tous les deux torts."

Harry me fit un clin d'œil. "Il jubile parce que c'est seulement la deuxième fois de sa vie qu'il a raison et qu'Hermione a tort."

"Comment oses-tu !" L'outrage de Ron était exagéré et il souriait de toutes ses dents. "C'est la troisième ! Pas que je compte."

Harry rit et tapa son ami sur l'épaule.

"Je suppose que tu ne veux pas que je te dise que c'est un truc régional," dis-je. "Là où Mike a grandi, c'est trappe-trappe. En fait, tout le monde a raison."

"Ne le dis pas à Hermione," implora Ron.

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Nous étions les derniers à entrer dans la cuisine de Ginny et la nourriture nous attendait déjà sur la table. Hermione surveillait les enfants qui se lavaient les mains dans l'évier de la cuisine. Après avoir retiré mes chaussures, j'allais jusqu'aux toilettes du bas et me lavais les mains.

Je croisais Mike allant dans l'autre sens. "Salut, belle inconnue," dit-il. "Qu'est-ce qui t'es arrivé ? J'arrive et tu disparais."

"Je n'ai pas été eue," lui dis-je pompeusement. Il plongea en avant, me faisant me souvenir qu'il 'y' était toujours.

"Pouce," lui dis-je, levant mes pouces. "Je crois que le jeu est fini, et que tu y es toujours, perdant. Mais juste au cas où : pouce."

Il m'attrapa par la taille et m'embrassa.

"Tu es la personne la plus compétitive que je connaisse," dit-il. Il fit paraître cela comme un compliment. "Je te garde un peu de thé."

Le temps que je revienne dans la cuisine, tout le monde était assis et la partie salée du repas de fête pour James était prête à être servie. Miraculeusement, Ginny et Harry avaient réussi à empêcher James d'ouvrir ses cadeaux jusqu'à ce que le repas soit terminé.

Il y avait une montagne de friands à la saucisse, une douzaine de tourtes Écossaises individuelles et le même nombre de tourtes au porc. En addition, il y avait six larges tartes salées : deux au corned-beef, deux à la viande hachée et deux au fromage et aux oignons. Il y avait également un large bol de salade, mais les enfants l'ignoraient. Quand j'arrivais, Ron se plaignait de la tarte au corned-beef.

"Il faut bien quelque chose sur la table que tu n'aimes pas, Ron, sinon tu engloutirais absolument tout," lui dit Ginny.

Le salé fut suivi par de la charlotte, de la jelly et de la glace, et après cela arriva le gâteau. Enfin, après que nous ayons tous chanté joyeux anniversaire à James et qu'il ait réussi à souffler en une fois ses cinq bougies, James fut autorisé à ouvrir ses cadeaux.

Comme la plupart des jeunes enfant, les sentiments de James étaient faciles à lire. Il déchira impatiemment l'emballage du cadeau qu'Hermione lui avait donné, et son visage se renfrogna quand il en vit le contenu. Le coffret de livres de premières lectures fut rejeté sur le côté avec un "Merci tante Hermione" dédaigneux.

Alors qu'il repoussait les livres, quelque chose d'autre tomba de l'emballage et son visage s'éclaira. "Et merci, Oncle Ron". Il attrapa un bonnet à pompon orange vif avec le logo C-C sur l'avant, cria quelque chose à propos de canons et l'enfila. Harry riait mais Ginny n'avait pas l'air enchantée. Elle suggéra qu'il faisait trop chaud dans la maison pour un bonnet, mais il refusa de le retirer.

Par chance, après un moment de confusion concernant ce qu'il regardait, le camion de pompier Lego que nous avions apporté fut apprécié. Henry, Mike, Harry et un Ron perplexe furent rapidement par terre à essayer de monter le modèle. Les pères furent, évidemment, relégués à la tâche de trouver les briques, bien que les trois hommes veuillent clairement en faire plus. James, sous l'impulsion de Henry, tentait de suivre les instructions. Les autres enfants – à l'exception de Rosie, qui essayait de lire l'un des livres que sa mère avait acheté pour James – formaient un cercle de spectateurs.

Plus tard, après que tout le monde ait joué avec le camion de pompier, nous montâmes tous vers le salon. Là, les enfants jouèrent aux chaises musicales, à colin-maillard, à la bombe et à épingle la queue du dragon. Ce dernier était, évidemment, la version de Ron et Ginny de jeu épingle la queue de l'âne.

Quand nous partîmes enfin pour rentrer à la maison, Henry et Annie étaient épuisés, heureux et repus des fantastiques chocolats que Ginny avait distribué comme récompenses durant les différents jeux.