Chapitre 35 : rédemption
Emma et Regina avaient passé la matinée à se reposer au chalet. Regina observait furtivement sa compagne, depuis un moment, sachant qu'elle devait lui avouer son crime. Elle ne parvenait nullement à éprouver la moindre culpabilité. Elle avait fait ce qui devait être fait, pour l'amour de sa vie. Elles pouvaient ainsi vivre sans cette ombre au-dessus de leurs têtes. Elle se racla la gorge, et bégaya presque, démontrant par ce fait qu'elle était particulièrement angoissée.
- Em… Emma. Je crois que je dois t'avouer quelque chose.
- Quoi donc ? On dirait que tu as tué quelqu'un !
La blonde partit dans un grand éclat de rire. La mère de famille, quant à elle, devint un peu plus sombre.
- Je plaisantais, hein, Regina.
- Pourtant, tu es tombée pile dessus…
- Mais de quoi tu parles ?
- Emma… J'ai tué… Killian.
La femme d'affaires se tut, incrédule. Elle devait avoir mal entendu. Ce n'était pas possible. Elle sourit faiblement, et posa sa main sur l'avant-bras de sa compagne.
- C'est une blague ? N'est-ce pas ? Tu n'as pas fait ça ?
- Si. Je ne pouvais pas faire autrement. Il t'a littéralement brisée ! Il ne méritait aucune pitié ! Je ne vois pas ce qu'il aurait pu nous apporter contre le conseil d'administration. Il n'aurait jamais lâché le morceau. Autant qu'il paie au centuple ce qu'il t'a fait !
- Mais, enfin, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu… Tu es devenue comme eux !
- Non… S'il te plaît, ne dis pas ça. Je t'aime, je l'ai fait pour toi, pour nous…
Regina explosa en sanglots, face à l'expression horrifiée de sa compagne. Cette dernière ne comprenait pas son geste. Pire, elle la dégoûtait. Jamais elle n'aurait pensé que sa réaction puisse être aussi violente.
- Regina, et pour Henri ? Si jamais la police trouve le corps…
- Personne ne le retrouvera jamais, je l'ai laissé dans la mine. C'est totalement abandonné depuis des lustres !
- Mais enfin, pourquoi avoir commis un tel acte ? Pourquoi risquer ta liberté, ta vie, pour Killian ?!
- Pour toi.
- Moi ?! Mais merde, Regina ! Si tu n'es plus là, je deviens quoi ? Hein ?! Je vais te le dire ! Je crève ! Voilà !
- Non, ne dis pas ça, car tu aurais Henri.
- Pardon ?!
- Si je meurs, ou que je suis en incapacité de l'élever, tu deviendras sa tutrice légale. Nous sommes une famille, Emma, quand le comprendras-tu vraiment ? Cela implique que j'ai pris des dispositions, surtout en cette période plus que troublée pour nous.
- Mais enfin, tu aurais pu m'en parler !
- Oui, je sais, mais j'ai paré au plus pressé. Tu n'étais pas en état de me parler de ce sujet, ces dernières semaines. Je suis désolée.
- Pourquoi ai-je l'impression que tu t'excuses pour autre chose qu'Henri ?
Regina la contempla, un sourire sans joie sur les lèvres.
- Parce que j'essaie de m'en sortir, et c'est aussi très égoïste, je te l'accorde. Ils m'ont tout pris, Emma. Et je ne suis pas assez forte pour ne pas me venger bassement. J'ai envie de les détruire, jusqu'au dernier. Ce n'est pas correct, c'est puéril, mais j'ai été si humiliée, si rabaissée… Tu as été la seule chose de positive dans tout ce merdier. Mais il y a des choses qui ne s'oublient pas, comme le regard apeuré de mon fils, alors que les flics m'embarquaient un matin, presque nue, en me traînant dans leur voiture… Ils doivent payer. Et Killian, il ne méritait rien d'autre. C'était un connard manipulateur arrogant. Regarde dans quel état il t'a laissée ! Tu es devenue alcoolique, et tu as failli te faire tuer ! Ça ne te suffit pas ? Aurais-tu la mémoire courte ? Jamais je ne passerai l'éponge sur le passé. Jamais.
- Je ne pensais pas que tu étais aussi déterminée à les faire tomber. J'ai cru que c'était juste moi, qui le voulait, et… Je ne sais pas. J'ai l'impression de te découvrir sous un nouveau jour. Et tu me fais peur.
- Tu contemples l'ancienne version de moi-même. Une femme prête à tout pour obtenir ce qu'elle désire.
- Même tuer ?
Les larmes coulèrent à leur tour sur le visage de la blonde, mais Regina ne fit pas un geste pour la réconforter. Elle savait que les répercussions seraient difficiles à gérer pour la femme d'affaires, mais Killian avait fait des choix, qui l'avaient conduit jusqu'à son funeste destin. Elles restèrent là, les bras ballants, se demandant quoi faire. Emma voulait pardonner à sa compagne, mais elle tremblait de peur. Sa vie pouvait voler en éclat à nouveau. Cela fut un déclic pour elle.
- Regina, où est le corps ? Il faut s'en débarrasser !
- Tu ne veux pas aller voir les flics, tu es certaine ?
- Oui. Il m'a bousillée une fois, pas deux. J'ai juste un truc à prendre, et on y va.
Emma chargea deux bidons de javel dans son coffre, avant de passer acheter de la chaux à la quincaillerie.
Elles se rendirent aux mines, où le corps de Killian gisait, froid et pâle, au fond d'un boyau lugubre. Emma frémit d'horreur, mais passa outre son mal-être et son envie subite de vomir. Elle regarda pensivement le cadavre, avant de balancer un peu d'essence dessus.
- Bon voyage, Killian, où que tu puisses aller…
Elle craqua une allumette et la lança. Les vêtements s'embrasèrent immédiatement. Elles restèrent là, à contempler le spectacle, silencieuse. Elles étaient unies désormais par ce secret, et se serrèrent l'une contre l'autre, afin de sentir la présence d'un autre être humain. Au bout d'une heure, Emma en avait assez d'attendre. Elle balança les bidons de javel sur le corps. Elle creusa péniblement un trou, peu profond, et déplaça le mort à l'intérieur, avec l'aide de la brune. Puis elle mit la chaux, et referma le tout. Une fois cela fait, elle s'épongea le front. Elle soupira alors.
- Regina, on a fait au mieux, on va effacer nos empreintes de pas, et croiser les doigts pour que personne ne vienne fouiller dans les parages.
- Il n'y a pas de raison, c'est abandonné. Surtout ce boyau.
- En effet, c'est sinistre. Partons, nous n'avons que trop tardé.
- Je te suis.
Elles sortirent à la lumière du jour, respirant à nouveau de l'air frais. Elles ne prononcèrent pas une parole, de peur de troubler la quiétude de l'endroit, qui leur donnait un semblant de sécurité. Elles montèrent dans la voiture et regagnèrent le chalet, afin de prendre une longue douche brûlante.
Elles restèrent le reste de la journée au chalet, peu bavardes. Elles avaient un besoin impérieux de digérer ce qu'il s'était produit et de se retrouver seules. Belle vint néanmoins partager une pizza le soir avec elles, afin de faire le point sur sa journée. Emma s'en amusa quelque peu.
- Une pizza ? Tu fais une sacrée entorse au régime de Regina !
Cette dernière se contenta de secouer la tête.
- Je ne suis pas aussi rigide sur les aliments, tout de même.
- Ben… Parfois, si. Et la pizza n'est clairement pas ce que tu préfères.
- En effet, mais je n'ai pas le courage de préparer quoi que ce soit. Donc elle est la bienvenue, ainsi que Belle, bien entendu.
L'invitée s'en offusqua faussement.
- Ah ah, très drôle. Je peux repartir avec, et vous seriez bien embêtées, mesdames !
- C'est de la provocation ?
- En aucun cas !
Elles s'esclaffèrent, remerciant intérieurement la bibliothécaire pour sa légèreté. Cela leur faisait un bien fou, en cette journée morose et mortifère. Elles mangèrent tranquillement, et Belle raconta sa journée, à essayer de parler avec le maire, afin de rouvrir la bibliothèque municipale. Néanmoins, elle fit chou blanc. En guise de dessert, une tisane, accompagnée de petits gâteaux secs, firent leur bonheur. Elle releva soudainement la tête, se lançant dans l'arène.
- Bon, il faut que je vous dise un truc, mais ne paniquez pas.
- Mauvaise formulation, si tu ne veux pas nous faire peur…
- Je crois que… Je suis suivie…
- Pardon ?!
Regina blêmit d'un coup sec, et demanda, la voix chevrotante.
- Mais par qui ?
- Je ne suis pas certaine. Une ombre se détache parfois, mais lorsque je me retourne, il n'y a jamais personne. Je crois que je deviens folle.
- Ou pas.
- Quoi ? Je ne l'aurais pas rêvé ? Mais enfin, je n'ai vu personne…
- Peut-être qu'un homme de main est là, tapi dans l'ombre.
- Je dois me méfier ?
- Oui, reste sur tes gardes. D'ailleurs, je ne suis pas rassurée que tu repartes dans la nuit, seule, ce soir. Tu vas plutôt rester ici, et dormir sur le canapé. Il n'a pas l'air très confortable, mais nous serions rassurées, n'est-ce pas Emma ?
- En effet. Reste, s'il te plaît.
- D'accord. Je n'ai guère envie de tenter le diable.
Le couple échangea un regard lourd de sens. Il y avait un autre loup dans la bergerie, et Emma pressentait qu'il serait retors à débusquer.
Le lendemain, Emma et Regina se réveillèrent ensemble, ne soufflant mot, mais acceptant avec bienveillance la présence de l'autre, repensant en boucle au meurtre de Killian. Cette mort resterait une épreuve supplémentaire pour leur couple, mais elles devaient faire avec et survivre à leur folle aventure. Car la partie n'était pas finie. Une autre personne était tapie dans l'ombre des ruelles de Storybrook, et elles n'avaient pas un début de preuve en ce qui concerne l'implication de Pan ou du conseil d'administration dans les malversations financières. Killian étant décédé, c'était aussi une voie qui se fermait pour elles, dans la découverte de la vérité. Mais parfois, la nécessité d'une chose entraîne la destruction irrévocable d'une autre. Elles se levèrent, provoquant le réveil de Belle, qui se frotta les yeux.
- Les filles, ce canapé est un tueur de dos !
- Désolée pour ça, vraiment. Pour la peine, nous t'offrons le petit-déjeuner. Tartines et café ?
- Plutôt un thé pour moi, merci.
- C'est parti !
Regina s'approcha de Belle, et l'enlaça tendrement.
- Merci de nous soutenir, Belle. Tu n'as pas idée de l'importance que cela revêt pour nous.
- Je pense le savoir. Mais ça fait du bien de l'entendre. Dites, je vais rentrer, prendre une douche et ça vous dirait une balade sur la plage, afin de nous changer d'air ? Ensemble, on ne craint rien.
- Bonne idée. À tout à l'heure, et hurle si quelqu'un de louche t'approche.
- C'est promis.
Belle partit, laissant le couple seul. Emma se tourna vers Regina.
- On devrait aussi prendre une bonne douche, et faire quelques courses, avant de la rejoindre.
- Oui, je te suis.
La blonde opina du chef, et elles se préparèrent pour cette nouvelle journée.
Alors que les trois femmes marchaient sur la plage, comme convenu, elles s'interrogeaient sur la prochaine partie de leur plan. Regina ne démordait pas de son idée.
- Je parie que Killian Jones devait avoir au moins un dossier sur ses magouilles, au cas où on chercherait à le doubler.
- Oui, mais où chercher ?
- Chez lui ?
- Trop simple, vous ne trouvez pas, les filles ?
- Pas faux.
- Son ancien lieu de travail, peut-être ?
Belle secoua la tête.
- Non, il ne reste plus rien de son bureau, qui était au sein de la conserverie.
- Mince. Il n'y avait pas un autre endroit, où il aimait être, afin de bosser ?
- Euh… Pas que je sache.
- Réfléchis bien, par pitié.
- Tu sais, je ne le connaissais pas très bien, à l'époque. Il ne faisait pas ami-ami avec nous, pauvres culs terreux !
- Certes. Et il n'avait pas des amis ?
- Des amis ? Euh, non, pas vraiment. Sauf ses bouteilles de rhum, peut-être.
Emma se raidit, soudain en alerte.
- Tu disais ?
- Les bouteilles ?
- Elles sont chez lui ?
- Euh… Sûrement ?
- Je vois. Intéressant.
Regina trembla légèrement.
- Désolée de casser l'ambiance, mais je commence à avoir froid. Il y a beaucoup de vent. Cela vous dérangerait-il que l'on aille prendre le goûter chez Granny ? Au restaurant ?
- Oui, ses tartes sont succulentes !
- J'arrive, je vous y rejoins. J'ai juste besoin de marcher encore un peu.
Regina sut qu'Emma souhaitait faire un petit détour par la maison de Killian, afin de s'assurer de son idée.
Regina et Belle s'attablèrent dans un coin du restaurant. Belle commanda son sempiternel thé, tandis que la brune prenait un café noir. Elles étaient restées silencieuses, et sur leurs gardes, mais les rares clients de l'après-midi ne semblaient pas disposés à leur sauter à la gorge. Elles se détendirent donc, boisson chaude en main, et profitèrent de ce moment de bien-être. Emma, de son côté, avait fureté près de la maison de Killian. Elle avait obtenu l'adresse grâce à son téléphone, et se dirigeait vers l'arrière de la bâtisse, afin de s'assurer qu'elle ne pouvait pas s'y glisser subrepticement, à l'insu des voisins. Elle ne trouva néanmoins aucune porte dérobée, ou mal fermée. Elle était en train de faire demi-tour, lorsqu'elle aperçut un monticule étonnant au fond du jardin. Elle s'en approcha, et vit une porte, avec un verrou d'une taille relativement impressionnante.
- Bingo… On dirait bien la cave secrète de Killian… Il ne me reste plus qu'à trouver un moyen d'y entrer. Mais je n'ai que trop tardé ici… Je vais aller les rejoindre, et leur faire part de ma découverte.
Elle repartit en catimini, ravie de son petit succès. Elle rejoignit ses deux comparses, et leur détailla sa découverte. Elles tombèrent d'accord pour visiter cette cave le soir même. Elles ne voulaient plus attendre.
Avant de commettre leur cambriolage, elles décidèrent de prendre un verre au bar de la bourgade, afin de faire le point et de paraître en public, pour ne pas éveiller les soupçons de la population, à force de ne pas se montrer davantage à Storybrook. Elles commandèrent un verre de vin, sauf Emma, qui se distingua par une limonade à la fraise, ce qui fit ricaner les vieux loups de mer présents dans la grande pièce. Elle ne s'en offusqua pas, et reporta son attention sur les deux femmes, qui étaient passablement nerveuses. Emma, quant à elle, voyait dans ce futur méfait, un simple au revoir à son ancien amour et un moyen de clore définitivement ce chapitre de sa vie. Une bagatelle, finalement, après tout ce que cet homme lui avait fait subir. Une fois leurs boissons avalées, et à la faveur du crépuscule, Emma se leva la première, afin d'ouvrir la marche et d'être certaine que personne ne les suivrait. Elle se fondit dans les ombres de la rue, et parvint rapidement près des docks, à trois rues de là. La maison de Killian était située un peu en retrait, vers la forêt. Alors qu'elle émergeait dans une flaque de lumière, près d'un réverbère, elle sentit une vive douleur irradiée son genou droit. Elle tomba, mais ne hurla pas, complètement désorientée, et ne comprenant pas ce qui était en train de se produire.
- Comme on se retrouve, Blondie !
La voix, sortant des ténèbres, lui glaça le sang. Elle aurait tout donné pour ne jamais l'entendre de nouveau. Elle se retourna, et vit un bout du visage de son agresseur. Le sourire qui se dessinait était malveillant à souhait. Elle voulut se mettre debout et fuir, mais sa jambe refusa de lui obéir.
- Je t'avais pourtant dit que la prochaine fois serait la bonne, si on se revoyait à nouveau. Tu tiens donc tant que ça à crever, sale chienne ?
- Le nabot…
- Au fait, où est ce grand échalas de Jones ? Il est introuvable et injoignable depuis hier… Et je trouve ça bizarre… Tu n'aurais pas osé t'en prendre à lui, hein ? Remarque, ne réponds pas tout de suite, je vais te faire cracher le morceau, d'une manière ou d'une autre.
Une sueur froide descendit le long de la colonne vertébrale de la blonde, qui écarquilla les yeux d'horreur. Elle vit le gourdin qui avait servi à l'immobiliser. Elle gémit, mais se prit une claque, qui la fit immédiatement se taire. Le nain s'approcha d'elle et lui écrasa la main, qui la soutenait par terre.
- La ferme, grognasse ! Je vais t'apprendre la politesse, moi ! Il est où, Killian ? Hein ?
- Je ne sais pas ! Par pitié…
- Mauvaise réponse…
Il lui asséna un coup en pleine tête, la terrassant sur place.
- On est un peu exposé, ici. Si on allait faire nos petites affaires ailleurs ? Hein ? Ça te dit ? Ouais ? Allez, bouge, crevarde !
Elle se recroquevilla, ce qui ne fit qu'augmenter l'agacement du nain. Un nouveau coup dans les reins la fit tressaillir, et elle sanglota. Elle était désespérément seule, à la merci de ce monstre. Elle tenait sa main blessée, et se protégeait comme elle pouvait la tête. Elle se sentait si misérable. Killian lui faisait payer depuis l'au-delà son funeste sort, et elle ira bientôt le rejoindre. Elle sentit alors des mains, entourant sa gorge. Elle rua, et parvint à se dégager de l'étreinte mortifère.
- Non, va te faire foutre, je vais pas crever… J'ai encore des choses à faire.
- Ouais, avec moi. Et tu vas pas apprécier, crois-moi.
Il s'avança vers elle à nouveau, et lui administra plusieurs coups, avec sa matraque. Elle cria plusieurs fois, mais ne put respirer, lorsque l'instrument de torture la frappa brutalement à l'entrejambe. Elle resta les yeux exorbités, à tenter de reprendre une petite goulée d'air. Elle roula sur le côté, essayant d'échapper à son bourreau, incapable de se mouvoir autrement. Leroy jubilait, ne cachant pas sa joie de lui infliger une telle douleur.
- Tu sais, Ruby aussi a bien dérouillé, avant de passer l'arme à gauche. On va voir si tu es plus tenace, Blondie.
Il continua de l'asticoter, tout en lui décochant un coup de temps à autre, afin de ne pas la laisser souffler une seule seconde.
Un peu plus loin, Belle assistait à la scène, et s'apprêtait à appeler la police, lorsqu'une meilleure idée lui vint à l'esprit. Elle se réfugia dans l'ombre, avant de détaler à toutes jambes vers son point de départ. Elle trouva Regina sur le chemin, qui ne comprit pas ce que la jeune femme lui lança, en quelques mots, avant de disparaître dans le bar. Malgré cela, elle comprit qu'il y avait un problème avec Emma, et se précipita vers elle. Elle s'arrêta à un croisement, puis entendit du bruit sur sa gauche et obliqua vers le son. Elle découvrit le spectacle insupportable de sa compagne en train de se faire rouer de coups par un homme sadique. Elle comprit qu'il s'agissait de l'âme damnée du vice-président, et elle hurla pour le faire cesser son massacre. Elle courut vers lui, afin de porter assistance à la femme d'affaires, mais dut se stopper en pleine course, lorsqu'elle vit la lame d'un couteau se blottir contre la carotide de la blonde.
- Non ! Pas ça ! Par pitié !
- Tu recules, connasse, où je fais passer ta chérie de blondasse agaçante à nature morte, c'est clair ?
Regina obtempéra, sa rage faisant tressaillir une veine sur son front. Elle recula, de peur de perdre la femme qu'elle aimait, d'un geste maladroit de son agresseur. Puis elle entendit une rumeur monter derrière son dos. Elle se retourna lentement, surprise, et découvrit Belle, qui menait les clients du bar vers le lieu de l'agression. Une quinzaine d'hommes firent irruption près de Leroy, et ils fondirent sur lui à une vitesse prodigieuse, en voyant le nabot tenir une femme en respect par un couteau. Le nain ne comprit pas tout de suite que le vent avait tourné, et ne bougea pas. Puis il vit les grands gaillards, une lueur mauvaise au fond des yeux, l'encercler. Il voulut prendre Emma en otage, afin de les faire battre en retraite, mais cette dernière, dans un dernier effort, tendit la main vers un de ses sauveurs, et fut aussitôt extraite des pattes du petit monstre. Regina accourut, et la réceptionna dans ses bras, Belle à ses côtés, et s'éloigna du groupe d'hommes. Un de ces derniers remarqua alors une chose assez drôle.
- Hey, les gars ! Encore un nain ! Avec tes potes de la mine, vous pourriez faire les sept nains ! Par contre, faut pas jouer avec Blanche-Neige, connard !
- Dégage, ivrogne, tu sais qui je suis ?
- Non, et je m'en cogne ! Ici, t'es personne, à part un mec qui cogne une gonzesse. Et ça, ben, ça se fait pas ! Hein, les gars, que c'est pas un truc à faire à Storybrook ?
- Ouais, on a un minimum de respect, nous ! Par contre, pour les mecs dans ton genre, ça se passe plutôt mal, ici…
Plusieurs hommes opinèrent du chef et se rapprochèrent encore de Leroy. Ce dernier tenta de mettre des coups de couteau à la volée à ces lourdauds, mais n'y parvint pas. Par contre, un des hommes lui asséna un coup sur le poignet, le faisant lâcher sa précieuse arme. Aussitôt, il fut empoigné par deux gaillards, sûrement des bûcherons, et ils se dirigèrent vers la mer.
- Attendez, vous allez pas me balancer à la flotte, quand même ? Elle est glacée !
- Non, on est pas des monstres, hein les gars ?
Un rire résonna sur le quai. Leroy se doutait que cela n'augurait rien de bon. Puis il sentit qu'on lui bandait les mains dans le dos.
- Tu connais le supplice du brise-lame ?
Devant le silence du nain, les marins se frottèrent les mains.
- On t'attache à un brise-lame, jusqu'à ce que tu te noies, ou que l'on ait pitié de toi. Mais la pitié, c'est pas trop notre tasse de thé, par ici.
Il fut éperonné sur un des brise-lames des quais, et solidement attaché avec une corde. Puis les marins s'éloignèrent, via le ponton. L'opération n'avait pas duré plus de trois minutes, le plus difficile ayant été de faire en sorte que Leroy ne bouge pas pour l'accrocher à son piquet. Tous les marins rigolèrent, avant de lui tourner le dos. Le nabot s'époumona inutilement. Un des marins proposa d'amener Emma à l'hôpital du coin, mais cette dernière refusa. Alors que les pourparlers allaient bon train avec Regina, une sirène de police déchira la nuit. Un nouveau problème se profilait à l'horizon.
