Résumé du chapitre précédent :
Après une cérémonie en hommage aux victimes très attendues, l'émois est encore bien présents chez tous les sorciers. A présent il n'est plus question de tristesse mais de reconstruction, mais personne ne sait comment faire pour se relever après une telle épreuve. Chez les Potter, James adopte un comportement bien curieux sans savoir que cela est dû à sa nouvelle condition. C'est Regulus qui se rendra compte que quelque chose ne va pas après que celui-ci est tenter un rapprochement avec le Serpentard, et c'est retrouver brûlant de fièvre.
Sirius inquiet pour son ami, envisage de reporter son week-end en amoureux avec Remus à Cardiff. Mais sous l'insistance de son ami, il ne reverra finalement pas ses plans. Pour James, plus de peur que de mal, mais cela donne une prétexte à ses parents pour une fois de plus, le couver.
Sirius quant à lui passe probablement le meilleur moment de sa vie, il estime que ce week-end était la solution miracle après ce qu'il a vécu à Poudlard. Remus est enchanter et franchi un nouveau cap avec son petit-ami lors de leur week-end. Heureux, il décide finalement de faire cadeau de sa dent de loup à Sirius.
Mais toute les bonnes choses ont une fin et c'est en quittant la ville que tout va basculer. Sirius disparait sans laisser de trace après qu'une étrange femme est abordé le Poufsouffle. Remus est anéantit et ne comprends pas ce qu'il se passe.
Chez les Potter, Regulus est loin de se douter que sa vie est sur le point de radicalement changé.
Chapitre 44
Se relever demain
James avait su dès le début de la journée que quelque chose clochait, il l'avait vu à l'air de ses parents. Il les connaissait par cœur et avait remarqué à leurs expressions qu'ils avaient quelque chose de difficile à lui dire. Alors, quand après le déjeuner sa mère l'avait trouvé pour lui demander de venir car ils voulaient lui parler, il avait seulement opiné. Son attitude avait été puérile mais il avait tenté de gagner du temps en disant qu'il avait une bricole à finir avant. Il était monté dans sa chambre et comme il ne pouvait pas faire semblant de ne rien faire, il l'avait rangée. En s'acquittant de cette tâche, il s'était ainsi souvenu pourquoi il n'aimait pas le faire. Ensuite, il était parti voir Regulus.
-Tu écris encore dans ton journal ? demanda-t-il en passant la tête par l'entrebâillement de sa chambre.
-Non, je révise mes cours.
Au petit-déjeuner, ils avaient reçu une lettre de Poudlard leur annonçant la date de la reprise des cours. James avait longuement regardé sa lettre avec un pincement au cœur. Il était sûr de son choix. Néanmoins, cela restait douloureux. Dans moins d'une semaine, Sirius et Regulus retourneraient au château et lui resterait seul ici avec ses parents. Il sentait que ses journées allaient être longues, surtout si ses parents décidaient à nouveau de le surprotéger…
-Tu veux que je t'aide ? proposa-t-il alors.
Il n'avait pas envie d'aller voir ses parents en bas mais d'un autre côté, il espérait que Regulus déclinerait : il détestait réviser et il se demandait comment le Serpentard pouvait apprécier.
-Laisse-moi tranquille, soupira ce dernier qui avait besoin de calme pour se concentrer.
James leva les yeux au ciel et quitta la chambre du brun. Regulus pouvait se montrer presque désagréable parfois. En tout cas, il manquait cruellement d'amabilité. Enfin bon… il était temps pour lui d'avoir cette discussion qui l'angoissait avec ses parents.
-Tu es enfin là, nous pensions que tu ne viendrais jamais, fit son père lorsqu'il pénétra dans le salon.
-Je savais que si je ne venais pas, vous finiriez par monter alors…
Son père sourit et lui serra l'épaule un instant avant de lui dire de s'asseoir.
-Depuis que tu nous as dit que tu ne retourneras pas à Poudlard, on s'inquiète pour toi, on s'interroge. Que vas-tu faire ? lui demanda-t-il.
-Qu'est-ce que je vais faire ? répéta-t-il. Comment ça ?
-Comment vas-tu occuper tes journées ? Même avant que tu te décides à arrêter, nous n'avions jamais discuté de ce que tu voulais faire après Poudlard. Aurais-tu voulu faire des études, commencer une formation ou travailler ? s'enquit sa mère.
-Je n'en sais rien, je n'arrivais pas vraiment à me décider…
Sa mère lui sourit et James grimaça. C'est vrai que sa situation n'arrangeait pas vraiment son indécision. Pour les formations, il ne savait pas dans quoi se lancer et il n'avait pas envie d'en faire une juste pour passer le temps.
-Ce n'est pas grave, mon garçon. Tu peux faire ce que tu veux et prendre le temps de trouver, le rassura sa mère.
-Je sais. Je veux dire, ça fait à peine deux jours que je vous ai dit que j'arrêtais Poudlard.
James fronça les sourcils et observa ses parents.
-Je ne comprends pas pourquoi vous vouliez me parler de ça maintenant. C'est une manière de me montrer que je ne suis pas prêt pour la vie après Poudlard ?
-Bien sûr que non, ne te braque pas, mon garçon, tenta de le rassurer son père. Nous n'allons pas te cacher que nous doutons encore de ton choix, mais il t'appartient et au lieu d'aller contre toi, nous préférons te soutenir pour que tout se passe au mieux.
James ne savait que penser. Il voulait croire que ses parents le soutenaient réellement mais il savait que ce qu'il leur demandait était dur. Il devait les convaincre réellement qu'ils n'avaient pas besoin de s'inquiéter. C'était vrai qu'il ne savait pas trop encore ce qu'il allait faire à présent, mais il ne comptait pas passer ses journées enfermées chez lui à manger des chocogrenouilles.
-Est-ce que vous vous êtes déjà renseignés pour votre idée ?
-L'ouverture de l'examen des Aspics pour les candidats libres ? releva sa mère. Nous avons pris rendez-vous au ministère de l'éducation, nous pourrons nous renseigner à ce moment-là et poser nos questions. Malheureusement, ce ne sera pas avant la fin du mois.
James acquiesça. Au fond, les délais lui importaient peu, c'était surtout pour ses parents qu'il faisait ça. Il n'avait rien d'autre à ajouter et ne désirait pas aborder davantage le sujet de ses examens. Il n'aimait pas en parler et il craignait qu'à force, ses parents s'en rendent compte.
-Bon bah je vais y aller moi ! déclara-t-il, désireux de s'en aller.
-Pourquoi es-tu si pressé de partir ? s'amusa sa mère.
-Ta mère a raison, mon garçon. Reste donc encore un peu avec tes bons vieux parents, fit son père.
James se sentit mal à l'aise d'avoir voulu les abandonner si vite. Depuis que Sirius et Regulus vivaient ici, il ne passait plus beaucoup de temps avec ses parents, préférant ses instants de folie et de partage avec son meilleur ami.
-Ne dites pas ça, vous n'êtes pas si vieux que ça ! Dumbledore est vieux ! tenta-t-il.
Étonnamment, il vit beaucoup de sérieux dans le regard de ses parents.
-Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.
Fleamont et Euphémia échangèrent un regard.
-Avec ton père, on voulait aborder un sujet important avec toi. Un sujet pas facile. On ne savait pas comment ni même quand le faire. Mais il n'y a pas vraiment de bon moment. On y a pensé pendant un temps en se disant qu'on aurait toujours le temps de le faire plus tard, que ce n'était pas urgent. Peut-être qu'on le fait maintenant parce que la situation a changé.
Euphémia soupira, ce qui inquiéta le Gryffondor.
-Ce ne sera pas une conversation agréable, mon garçon.
James fronça les sourcils.
-Nous voulons te parler de l'après, quand nous ne serons plus là, précisa son père.
-Plus là, vous voulez dire morts ? voulut-il savoir et ses parents acquiescèrent. C'est glauque de parler de ça, je suis sûr que ça va nous porter malheur en plus !
-James, ce n'est pas le cas, le rassura sa mère.
-Mais on a le temps ! Je veux dire, vraiment vous n'êtes pas vieux !
Sa mère esquissa un sourire.
-Ce n'est pas parce que de grands sorciers vivent largement plus de 100 ans que ce sera également notre cas.
-C'est exact, et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ta mère et moi ne sommes plus tout jeunes ! s'exclama Fleamont.
James voulut répliquer mais il était bien obligé de reconnaître que son père avait raison.
-C'est vrai, mais ça ne veut pas dire pour autant que vous ne serez plus là demain !
-Oui, mais le départ est quelque chose qu'il faut préparer en avance, que ce soit pour le testament ou ne serait-ce que pour être sûr que nos dernières volontés seront respectées, continua son père.
-C'est aussi pour que tu te fasses à l'idée, James.
James esquissa un sourire triste. Ouais, il comprenait l'idée.
-Ta mère et moi voulons t'assurer que tu n'auras pas à t'inquiéter pour l'argent. Tu hériteras de tout et la maison aussi sera pour toi. Ce ne seront que des biens matériels, mais nous espérons qu'ils t'aideront à bien démarrer ta vie d'adulte. Comme il te sera compliqué d'avoir un emploi fixe, c'est une bonne chose d'avoir des économies.
-Hum… je crois que j'aimerais quand même bosser. Faire quelque chose, quoi.
-Oui, c'est normal.
James ne savait que penser. Il n'aimait pas se dire que dans un futur proche, ses parents ne seraient plus là. Cela allait arriver, il savait qu'ils n'étaient pas immortels et tout le monde partait un jour. Il espérait seulement que ses parents partiraient le plus tard possible.
xXx
James avait été plus perturbé qu'il ne l'avait cru par la conversation qu'il avait eue avec ses parents. Il était resté dans sa chambre pendant plus d'une heure, se repassant en boucle ce qu'ils s'étaient dit. James ne voulait pas penser à un monde où ses parents ne seraient plus là. Dans un sens, il leur en voulait un peu de lui mettre ce genre d'idée en tête, mais il comprenait que c'était aussi leur devoir de parents.
Il se demanda soudain si Regulus était toujours occupé. Sirius ne reviendrait probablement pas avant la fin de la journée et le Gryffondor ne se sentait pas de rester seul plus longtemps encore. Il entendit alors sonner à la porte et se demanda qui cela pouvait bien être. Il resta attentif quelques secondes avant de se rendre compte qu'il n'entendait rien du tout depuis sa chambre.
Il mit finalement le nez dehors, curieux, avant de descendre quelques marches pour tenter de voir qui était leur invité. Il esquissa ensuite un sourire en voyant qu'il s'agissait du dernier gagnant du Grand Tournoi de duels. Il s'empressa d'aller voir Regulus, certain que cette surprise allait l'enchanter.
Il ne prit pas la peine de frapper et Regulus sursauta lorsqu'il fit violemment irruption.
-James ! l'engueula-t-il.
-Leroy est là, dit-il simplement.
Regulus fronça les sourcils.
-Quoi ? Pourquoi ?
James haussa les épaules.
-Il veut peut-être voir son phénix.
-Il serait revenu de France juste pour ça ? Je n'y crois pas trop.
-Peu importe les raisons ! C'est super qu'il soit là, on pourrait tenter de lui parler, non ?
Regulus, qui était toujours à son bureau, se tourna complètement vers lui à ces mots.
-Je ne sais pas. On avait dit qu'on devait d'abord en discuter avec Remus et Sirius… Et puis, je n'ai rien préparé et je ne sais pas combien de temps il reste… Je ne peux pas juste lui balancer la vérité comme ça, hésita le Serpentard.
-Ne t'inquiète pas, on fera ça ensemble. Et puis, on pourrait juste lui dire qu'on a quelque chose à lui dire et que ça concerne le psychomage de Poudlard. Ce serait déjà un moyen de le préparer, qu'il ne tombe pas des nues le jour où on lui révélera tout.
Soudain, la voix d'Euphémia retentit non loin : elle venait les prévenir qu'ils avaient un invité et qu'ils devaient descendre tous les deux. Le couple échangea un regard puis s'exécuta.
Regulus fut heureux de revoir le français, bien plus que James. Après tout, le Gryffondor n'était pas aussi proche de l'explorateur que le 6ème année.
-Bonjour, je suis désolé, je viens un peu à l'improviste.
-Ne vous excusez pas, nous vous assurons que vous ne nous dérangez pas. Il est agréable pour nous d'avoir de telles visites. Assura la mère de James.
-Je vous remercie.
-Pourquoi tu es là ? voulut aussitôt savoir Regulus. Tu souhaites reprendre Fumseck ?
Hugo pouffa.
-Non, pas d'inquiétude. Je te le laisse encore pendant quelques semaines.
-Te voilà rassuré, Regulus ! se moqua James et le 6ème année lui lança un regard noir.
-Si je suis là, c'est un peu par hasard, expliqua le français. J'ai pris deux jours pour venir voir Albus mais malheureusement, il n'était pas chez lui. Mon billet de train est pour demain et il est trop tard pour que je le change. Je me suis alors dit que je pouvais bien en profiter pour venir voir Fumseck et Regulus.
-Pourquoi n'irions pas continuer cette conversation dans le séjour ? proposa alors Fleamont.
La petite famille passa ainsi dans la pièce d'à côté et écouta les histoires du français. Celui-ci prit également des nouvelles de ses anciens élèves après ce qu'ils avaient vécu à Poudlard. James était friand des histoires du français, de ses aventures. Il regrettait encore aujourd'hui de ne pas avoir pu l'accompagner avec Regulus lors de leur petite expédition lorsque celui-ci enseignait encore à Poudlard.
Ses parents aussi semblaient l'apprécier. Rien d'étonnant d'ailleurs : celui-ci était poli, vivait une vie atypique et était plein d'entrain.
Néanmoins, James ne perdait pas de vue son objectif qui était de parler à Leroy. Il tenta ainsi de capter l'attention de Regulus pour lui faire comprendre qu'il leur fallait trouver un moyen de se retrouver seuls avec l'explorateur.
Finalement, la solution vint du français. Celui-ci proposa à Regulus et à James d'aller faire un tour dehors car il désirait sortir Fumseck et se promener à Godric's Hollow qu'il ne connaissait pas. Vivant chez les moldus, il n'avait pas l'habitude des villages sorciers.
-Ouais, ça va être génial ! s'exclama James.
Il vit malheureusement la mine crispée de sa mère et eut le pressentiment qu'il n'allait pas apprécier ce qui allait suivre. Et ça ne rata pas.
xXx
Regulus était un lâcheur.
Voilà ce que se disait James alors qu'il s'ennuyait seul dans sa chambre. Il avait été si emballé par l'idée de faire quelque chose à l'extérieur ! Enfin, il l'avait été jusqu'à ce que sa mère intervienne. Elle lui avait interdit de sortir car elle s'inquiétait encore pour lui à cause de la fièvre qu'il avait eue hier.
Il avait grogné et tenté de la supplier, mais celle-ci n'avait pas cédé. Son père avait alors tenté de l'apaiser : ce n'était qu'une promenade dans le quartier. Quartier qu'il connaissait par cœur.
James avait eu envie de hurler. Ses parents ne savaient pas ce qu'ils disaient. Bien sûr qu'il se fichait d'aller se balader à Godric's Hollow, il connaissait le coin et il n'y avait rien de spécial. Les maisons étaient belles, les gens gentils, le paysage magnifique, c'était plutôt calme et agréable pour les familles. Le week-end, il y avait généralement plus d'animation et des activités étaient organisées. Tout le monde se connaissait plus ou moins et s'entendait bien.
Ce qu'avait voulu James, c'était pouvoir se balader avec son petit-ami, côtoyer Hugo Leroy en dehors de Poudlard, apprendre à connaître le français. Il avait l'air sympa après tout. Et puis, il y avait le phoénix. Généralement, Regulus ne voulait pas trop que Sirius et lui l'approchent et James ne savait pas ce qu'il pouvait faire ou non avec Fumseck. Hugo semblait plus cool de ce côté-là. Au-delà de ça, il avait dit à Regulus qu'ils parleraient ensemble au français et voilà qu'il laissait le 6ème se débrouiller seul !
Il était obligé de rester chez lui parce que ses parents s'inquiétaient trop. Cela lui minait le moral parce qu'il avait l'impression que c'était comme ça qu'allait se passer également les prochaines semaines, voire les prochains mois. Ses parents allaient se remettre à le surprotéger comme quand il était petit et James n'en avait pas envie. Déjà qu'il n'y avait pas grand-chose à faire et que ses amis se trouveraient pour la plupart à Poudlard, si en plus il devait négocier ses sorties !
Il soupira, sentant que ce serait compliqué. Enfin, il espérait que cela ne durerait pas. Il y avait son opération dont les séquelles avaient du mal à disparaître, l'attaque de Poudlard, sa condition de loup-garou qui datait de quelques semaines à peine. Que ses parents s'inquiètent était normal. Plus tard, ce ne serait plus le cas, normalement.
En attendant, comme il ne pouvait pas quitter la maison, il devait occuper efficacement son temps. Que faire ? Le Gryffondor repensa à la discussion qu'il avait eue avec ses parents plus tôt. Il avait dit vouloir travailler, faire quelque chose de sa vie. Mais quoi ? Il avait juste ses Buses, peut-être que s'il était autorisé à passer ses Aspics à distance cela lui ferait un diplôme en plus ? Mais cela servirait surtout s'il voulait continuer ses études, faire une formation. James avait toujours du mal à se décider.
Il avait envie de faire un métier intéressant, quelque chose de passionnant. Il n'avait pas envie de s'ennuyer. Il voulait également que ce soit valorisant et surtout, quelque chose d'utile. Mais James ne se voilait pas la face : il ne savait pas faire grand-chose. Il était bon dans les études, mais cela ne l'avait jamais vraiment intéressé. Il n'était pas comme Regulus, Lily ou encore Remus à travailler plus que nécessaire, à pouvoir passer des heures à effectuer des recherches et à relire ses cours. Le brun souffrait également d'un léger déficit de concentration et il se devait de faire quelque chose de différent chaque jour. Rester longtemps assis à écouter ce que ses profs essayaient de lui enseigner avait quelquefois était compliqué.
James se leva et prit un papier avec de quoi écrire. Il lista différents métiers et les prit un par un pour savoir si c'était quelque chose qu'il pouvait faire ou non.
Les métiers de l'administration ne le tentaient pas du tout. Il en avait une image assez ennuyeuse et stricte. Et puis, avec ses absences à chaque pleine lune, ça allait être compliqué. Il aurait du mal à les justifier à chaque fois sans éveiller les soupçons. Être Auror avait l'air franchement fun, mais il ne savait pas s'il avait les capacités. De plus, il savait que ça bouffait énormément de temps et n'en laissait pas beaucoup pour une vie sociale, sans parler du danger. Pour couronner le tout, il semblait qu'en plus de l'examen d'entrée, des tests médicaux étaient faits et alors, on découvrirait assez vite qu'il était un loup-garou…
Prof à Poudlard pouvait être intéressant. Il adorait Poudlard, mais retourner là-bas lui donnerait peut-être l'impression de ne pas avoir évolué. Et puis, il serait davantage du genre à encourager les blagues qu'à les sanctionner. Il pouvait peut-être tenir un commerce ? Malheureusement, il n'était pas bon cuisinier, n'avait aucune idée de comment tenir une boutique, ne connaissait rien aux fleurs, n'était pas fan de livres. En fait, James ne savait pas bien ce qu'il était possible de faire pour vivre.
Il marqua le mot Quidditch sur son papier sans y penser. Il observa ensuite le mot longuement, incertain. Il avait longtemps voulu devenir joueur professionnel. Juste comme ça, pas vraiment par passion même s'il adorait ce sport et qu'il était plutôt bon. Mais le recruteur qui avait assisté à un des matchs de Gryffondor n'avait tenu à discuter qu'avec Alice. Le brun eut un sourire triste en pensant à son amie qui n'était plus là. Devenir joueuse professionnelle avait toujours été le rêve d'Alice mais elle était partie trop tôt.
Penser à la Gryffondor lui fit mal au cœur. C'était probablement la meilleure personne qu'il connaissait, si forte et gentille à la fois. Il se souvenait encore du moment où elle lui avait parlé de ses magazines. Elle ne l'avait pas jugé et avait même semblé ravie de partager ça avec lui. Alice était comme ça après tout. Ouverte et bienveillante. Il regrettait de ne pas avoir pu lui dire combien elle l'avait aidé à y voir plus clair et à en apprendre plus sur lui, sur tout en général. Rien qu'avec ses magazines féministes qui traitaient également de sexualité. Ce n'étaient pas des revues très répandues et les gens étaient souvent gênés pour parler de ce sujet. Mais pas la Gryffondor, car elle ne faisait rien de mal et se fichait de manière générale de ce que les gens pouvaient raconter juste parce qu'ils s'ennuyaient.
En soi, James la rejoignait là-dessus. Et puis, Feminisex était un bon magazine, il était dommage qu'il n'en existe pas d'autres. Surtout lorsqu'on savait que l'éducation sexuelle chez les sorciers était quasi inexistante. Il n'y en avait pas à l'école et James savait que les Sang-Pur ne parlaient pas de sexe en général car il trouvait ça « sale ». La plupart considéraient que c'était surtout un moyen de procréer, d'où l'importance de l'hétérosexualité. Cela était surtout vrai pour l'ancienne génération. La génération actuelle était plus libérée, il n'y avait qu'à le voir lui ou encore Sirius… Mais bon, ils avaient un peu dû se débrouiller tout seuls : ses parents lui avaient tout juste parlé des maladies et de la contraception.
James laissa tomber sa tête sur son bureau et tapota le bois avec ses doigts dans un rythme lent. Il savait que cela pouvait être impressionnant de se lancer lorsqu'on n'y connaissait rien. Lorsque la puberté commençait et qu'on avait l'impression de ne pas ou de ne plus contrôler son corps. Il n'y avait pas que le côté pratique ou technique pur dans la sexualité, il y avait les sentiments et les émotions. Il eut un sourire en se rappelant le bordel que ça avait été dans sa tête quand il avait plus ou moins compris qu'il ressentait quelque chose pour Regulus sans pour autant pouvoir définir ce quelque chose.
James observa sa feuille, obligé de loucher dessus pour distinguer les mots. Quand la monture de ses lunettes commença à le gêner, il releva la tête. Il griffonna alors un dernier mot sur le papier devant lui et sourit.
xXx
Fumseck semblait s'amuser de pouvoir voler si haut. Cela devait le changer de ses sorties habituelles et en le voyant ainsi, Regulus se dit qu'il devrait le laisser voler plus librement. Il avait son coin à lui dans la maison des Potter et Regulus fermait la pièce seulement la nuit. Dans la journée, il s'assurait que l'oiseau ne manquait de rien. Ce n'était pas qu'il le maternait trop ou qu'il en était complètement gaga, cela venait surtout du fait qu'il ne voulait pas décevoir Hugo. Celui-ci le lui avait confié et il voulait prouver qu'il pouvait prendre soin de Fumseck. Il était également attaché à l'oiseau. Il s'inquiétait constamment de mal faire, ou encore qu'on ne vole l'oiseau. Après tout, c'était un oiseau magique, rare et puissant. Regulus savait que les trafics d'animaux magiques existaient.
Cela le révoltait !
Mais ce n'était pas le sujet à cet instant. De plus, de ce qu'il pouvait en voir, les habitants de Godric's Hollow étaient très respectueux à leur égard et ne jouaient pas les curieux à propos de Fumseck.
Regulus soupira. La promenade avait beau être agréable, il n'était pas sorti pour observer le paysage. De plus, cela faisait un moment que Hugo et lui étaient dehors et ils n'allaient pas tarder à rentrer. S'il voulait vraiment lui parler, c'était maintenant ou jamais.
Malheureusement, il s'était tû depuis tellement longtemps qu'il ne savait plus comment engager la conversation. La présence de James l'aurait vraiment aidé car le Gryffondor était plutôt doué dans ce genre d'exercice.
-Je pense que nous pouvons rentrer à présent. Je ne vais pas abuser de ton temps et de ta gentillesse, fit soudain Hugo.
-Ce n'est pas un problème, tenta Regulus.
-J'insiste. Je vais retourner à mon hôtel et puis je verrais ce que je ferai demain pour passer le temps avant de reprendre le train. J'ai sympathisé avec un Auror un peu ronchon, j'irais probablement le saluer, s'amusa-t-il.
Cette information fit tiquer Regulus. Cela ne le rassurait pas vraiment. Il ne fallait pas que le blond soit tenté d'aller informer les autorités de ce qu'il allait lui dire. Mais peut-être que s'il le lui demandait, Hugo ne dirait rien. Pas immédiatement en tout cas. Regulus s'était toujours dit qu'il ne mêlerait pas les Aurors à ça tant que James, Sirius, Remus et lui n'auraient pas de preuve solide. Il avait bien avancé dernièrement, mais il avait encore l'impression que ce n'était pas assez. Lorsqu'ils décideraient de passer à l'offensive, ils devraient s'assurer que Jedusor ne pourrait pas s'en sortir. S'il lui laissait ne serait-ce qu'une ouverture, ce serait fini car celui-ci ne se laisserait plus surprendre.
-Est-ce qu'il y a un problème, Regulus ? s'inquiéta alors Hugo. Tu es étrangement silencieux…
Regulus jeta un coup d'œil au blond avant de fixer de nouveau Fumseck. Celui-ci revenait justement vers eux et le bel oiseau se posa sur l'épaule du français.
-Pourras t-on se revoir bientôt ?
Sa demande étonnant l'explorateur qui eut un sourire amusé.
-J'aimerais pouvoir te parler de quelque chose, murmura finalement le Serpentard.
-Oh oui, bien sûr ! Est-ce que c'est aussi grave que ça en a l'air ?
Regulus hésita, puis hocha la tête.
-Qui y'a-t-il ?
-Ce n'est pas quelque chose que je peux te dire comme ça. J'aimerais qu'on prenne le temps de se voir plus longuement pour parler de ça.
-De quoi s'agit-il exactement ? Tu emploie un ton bien grave, remarqua le blond.
Regulus ne savait pas comment répondre à cette question suffisamment pour l'aiguiller, mais pas assez pour lui donner trop d'élément et le perturber. C'était bien la dernière chose qu'il voulait, le Serpentard souhaitait réellement prendre tout le temps nécessaire pour aborder ce sujet.
-Je fais face à un dilemme, une situation compliquée et je ne sais pas comment m'en sortir. Il ne s'agit pas que de moi et c'est bien là tout le problème.
-Ne t'inquiète pas. Si je peux t'aider, je le ferais.
Regulus esquissa un sourire.
-Je t'en remercie.
Hugo vit le soulagement se dessiner sur les traits du plus jeune.
-Et si on rentrait à présent ? lança-t-il pour alléger l'ambiance.
Regulus acquiesça simplement. Il était content de pouvoir rentrer. À présent qu'il avait notifié à l'explorateur qu'il avait quelque chose d'important à lui dire, il ne savait plus comment agir avec lui. Il ne voulait pas que ses moindres faits et gestes soient analysés. Il n'aimait pas trop cette situation, ce sentiment. Mais maintenant qu'il avait commencé, il ne pouvait plus reculer.
Ils rentrèrent chez les Potter et à peine arrivés, James vint les trouver pour leur poser des tas de questions. Alors qu'à leur départ, il s'était montré bougon, il était soudain plein d'entrain. Cela fit du bien à Regulus qui put se détendre et penser à autre chose.
Leroy s'apprêta ensuite à leur dire au-revoir mais la mère de James l'arrêta : elle était si heureuse de rencontrer le dernier gagnant du tournoi de duels qu'elle lui proposa de rester dîner. Celui-ci accepta, ravi de l'offre et ils préparèrent ainsi le diner ensemble, comme si c'était une activité de famille. Cela fut d'ailleurs assez drôle de voir Regulus et James, qui n'avaient aucun talent culinaire, essayer de se dépatouiller avec les tâches qu'on leur attribuait.
Lorsqu'il fut sûr que plus personne ne faisait attention à eux, James se pencha vers Regulus pour lui demander s'il avait pu parler au français et le Serpentard hocha la tête.
-C'est cool, je savais que t'y arriverais ! le félicita James.
Regulus sourit, touché.
xXx
-Sirius !
Remus continuait d'errer dans les rues de Cardiff, scrutant toutes les personnes qu'il croisait. Il espérait y voir Sirius, ses cheveux bruns mi-longs, ses yeux gris et son petit sourire taquin lui signifiant qu'il lui avait fait une bonne blague. Remus pourrait alors l'engueuler pour lui faire comprendre que c'était vraiment de mauvais goût. Mais au fond de lui, Remus était tellement terrifié qu'il était même prêt à passer l'éponge, à faire comme si rien ne s'était passé.
Il voulait juste retrouver Sirius. Il ne comprenait pas pourquoi il avait soudainement disparu. Était-il parti de lui-même ? S'était-il perdu ou avait-il eu des problèmes ? Il était juste à côté de lui et puis l'instant d'après, il était introuvable. Remus sentit les larmes lui monter aux yeux. Il ne savait pas quoi faire…
Il arrêta un couple et leur demanda s'ils avaient vu Sirius. Ceux-ci le regardèrent bizarrement et filèrent sans demander leur reste. Remus tenta d'arrêter d'autres personnes, mais entre ceux qui le fuyaient et d'autres qui répondaient négativement, il n'avançait pas. Il n'avait pas de photo de Sirius et il était si bouleversé qu'il n'arrivait pas à penser clairement.
Un instant, Remus repensa à cette dame que Sirius et lui avaient croisée plus tôt. Il l'avait prise pour une folle mais à présent, il ne devait pas avoir l'air mieux qu'elle. C'était l'effet que produisait l'inquiétude, la peur, le doute.
Cela faisait plus de deux heures que Remus cherchait Sirius. Les rues de la ville commençaient à se vider, chacun rentrant chez soi pour manger ou passer du temps en famille. Que devait-il faire ? Remus avait lui-même fini par se perdre à force de tourner ici et là. Il tenta de retrouver le chemin de l'hôtel. Peut-être que Sirius y était. Il eut un regain d'espoir lorsqu'il s'adressa à la réceptionniste qui, malheureusement, ne lui donna pas la réponse qu'il désirait. Il sortit, alla s'asseoir sur un banc dehors et se mit à pleurer, totalement dépassé.
Avait-il fait quelque chose de mal ? Le Poufsouffle ne savait pas s'il préférait que Sirius l'ait abandonné parce qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec lui et qu'il se trouve ainsi en sécurité ou qu'il soit perdu ou dans une mauvaise situation. Non, bien sûr qu'il préférait que Sirius soit fâché contre lui, mais en sécurité. Remus fixa le paysage. La baie était magnifique le soir. Dans un soupir, il finit par se lever et quitta la ville. Tout seul, il ne trouverait pas le Gryffondor. Il devait aller chez les Potter. Peut-être même que Sirius y était.
Arrivé devant la porte, Remus hésita à frapper. Il ne savait pas quoi dire. Il attendit un instant sans arriver à se décider. Il frissonna ensuite et se rendit compte qu'il avait froid. Il ferma les yeux, tenta de rassembler son courage et frappa. Si le Gryffondor était en danger, il ne devait pas perdre de temps.
On mit du temps avant de lui ouvrir. Le père de James le regarda avec surprise et Remus bredouilla.
-Tu n'as pas l'air bien, mon garçon, entre ! l'exhorta-t-il. James, je crois que c'est pour toi.
Remus regarda ses pieds, incapable d'affronter le regard de l'adulte.
-Remus ? fit son ami, surpris.
Remus releva la tête et se tritura les doigts. Tout le monde était dans l'entrée. Les parents de James, le Gryffondor, Regulus et même Hugo Leroy. Remus se sentait si mal qu'il ne se sentait pas vraiment de questionner qui que ce soit sur la présence du blond. Cela ne le regardait pas et peut-être qu'il s'en fichait également.
-Est-ce que ça va ? lui demanda James. Tu t'es disputé avec Sirius ?
-Tu devrais peut-être l'emmener dans ta chambre pour discuter en privé, conseilla Euphémia.
James acquiesça, mais Remus refusa.
-Est-est-ce que Sirius est là ?
-Sirius ? répéta le lion. Non. Il ne t'a pas rejoint pour votre escapade je ne sais où ?
-Si.
Remus sentit sa gorge se nouer.
-Mais… il a disparu.
-Quoi ? fit Regulus, inquiet. Comment ça, il a disparu ?
-Je ne sais pas.
Remus éclata alors brutalement en sanglots.
-Quand je me suis retourné, il n'était plus là… Je ne comprends pas ! Il ne connaît pas Cardiff et je ne sais pas s'il saura se débrouiller seul…
-Est-ce que vous vous êtes disputés ? Il a peut-être juste eu besoin de s'isoler, tenta Hugo.
-Non, tout se passait bien. Il a juste disparu d'un coup, répéta Remus.
-Ce n'est pas le genre de Sirius de faire ça, il sait qu'on s'inquièterait pour lui. Il lui est peut-être arrivé quelque chose, pointa James.
Fleamont et Euphémia échangèrent un regard inquiet.
-Tu penses qu'il est blessé ? l'interrogea Regulus mais Remus ne sut que répondre. Il faut le retrouver au plus vite !
-J'ai cherché autant que je pouvais. La ville est grande et il y a des moldus, je ne pouvais pas utiliser de magie et…
Remus laissa sa phrase en suspens, ayant l'impression de se justifier parce qu'il était coupable.
Il était complètement perdu et ne comprenait pas comment une si belle journée avait pu se finir ainsi. Il était mort de peur et surtout, il s'en voulait. Sirius avait été juste à côté de lui. Ils allaient rentrer, ils n'auraient pas dû s'arrêter. C'était la faute de Remus. Il était celui qui n'avait pas su se débarrasser de la dame.
Le Poufsouffle écouta les Potter parler de la situation, Regulus et James exprimer leur désarroi et leur inquiétude. Quelqu'un évoqua d'appeler les autorités ou même les Aurors. Ils savaient que cela ne donnerait probablement rien mais c'était logique. Après tout, Sirius était majeur. Sa disparition ne pouvait pas être considérée comme inquiétante. De plus, cela ne faisait pas encore 3 heures qu'il était introuvable. Néanmoins, ils ne pouvaient pas rester là sans rien faire.
-Fleamont et moi allons prévenir les autorités. Nous allons tâcher de faire vite, décida finalement Euphémia, bouleversée.
-Et s'ils ne font rien ? lui fit remarquer Regulus.
Les Potter ne surent quoi répondre.
-On devrait retourner le chercher ! lança James, prêt à y aller.
-Mon garçon, soupira son père. Ton ami y a déjà passé des heures, que penses-tu pouvoir faire de plus ?
Remus sentit le regard de James sur lui. En temps normal, le Gryffondor aurait probablement répondu qu'il n'abandonnerait pas mais James resta silencieux parce qu'il savait que Remus avait fait de son mieux, et même plus encore.
-Si les Aurors ne font rien et que Sirius a été enlevé, demain, ce sera peut-être trop tard. A l'heure qu'il est, il est peut-être blessé ! s'alarma le Serpentard.
-N'imagine pas déjà le pire, Regulus, tenta de l'apaiser Fleamont. Sirius est un jeune homme débrouillard, c'est également un excellent sorcier. Nous ne devons pas tout de suite imaginer le pire. Il est possible qu'il se soit perdu, tout simplement.
Remus n'y croyait pas. Ce n'était pas le genre de Sirius de les laisser sans nouvelles. Fleamont devait évoquer cette possibilité simplement pour ne pas que Regulus panique. Lui n'avait pas pu s'en empêcher. A présent, il n'avait plus la force pour rien.
-Écoutez, si cela vous inquiète autant, je peux le chercher, proposa alors Hugo.
Remus regarda le blond et se demanda à nouveau pourquoi il était chez les Potter.
-Nous ne voulons pas vous-, commença Euphémia, mal à l'aise.
-Ça ne m'embête pas, les rassura-t-il.
-Comment comptes-tu t'y prendre ? Sans magie, ça va être compliqué, lui fit remarquer Regulus.
-En Grande-Bretagne, on a interdiction d'utiliser la magie dans les territoires moldus, lui expliqua James.
Remus se tourna vers le blond, curieux. Lui aussi désirait savoir comment Leroy allait s'y prendre. Lui avait fait de son mieux, il avait l'impression d'avoir tout donné. Mais peut-être qu'il avait abandonné trop vite ? Il craignait que Leroy annonce quelque chose de si simple qu'il n'y ait pas pensé et de passer pour un idiot.
-Je vais procéder à une invocation, décida Hugo.
-Vous maitrisez ce genre de magie ?! s'exclama Fleamont, impressionné.
-Pas totalement, mais assez pour pouvoir faire une invocation de base.
La magie d'invocation était une magie complexe gourmande en énergie. Elle se pratiquait sans baguette et demandait un niveau de maîtrise très élevé. C'était une magie blanche perdue que les sorciers délaissaient parce qu'il préférait la magie à la baguette, plus conventionnelle et simple. La magie d'invocation demandait des années d'entraînement et rares étaient ceux à pouvoir la maîtriser à la fin. Réussir une seule invocation relevait déjà du miracle. Le serpent de la chambre des secrets était par exemple une invocation permanente de Salazar Serpentard.
-J'ai fait un pacte avec un Traque-Cœur et cela englobe également toute sa petite tribu, leur expliqua-t-il. Je vais en invoquer un et lui faire sentir quelque chose avec l'odeur de Sirius Black puis retourner à Cardiff. S'il y est encore, je le trouverais.
Devant l'air confiant du français, Remus se sentit soulagé. James tint aussitôt à accompagner l'explorateur et ses parents, bien que réticents, n'eurent pas le cœur à le lui interdire.
Peut-être qu'il manque une petite transition pout les voir partir, faire appel aux Traque-cœurs ou pas ?
Une fois Hugo et James partis, la maison sembla d'un coup bien plus calme. Euphémia prit les choses en main et fit en sorte qu'aucun d'eux ne panique ou ne se mette à imaginer le pire en leur proposant des activités et même à manger. Elle fit de son mieux en tout cas. Malgré tout, Remus ne put faire autrement que s'inquiéter.
Finalement, les parents de James laissèrent Remus et Regulus pour aller au bureau des Aurors. A présent seuls, les deux amis firent de leur mieux pour ne pas craquer devant l'autre. Ils n'avaient pas le choix que d'attendre que les autres reviennent et leur annoncent une bonne nouvelle.
Remus se tritura les doigts avec nervosité. Il se sentait fautif et ce sentiment ne disparaitrait pas tant que Sirius ne serait pas revenu. Le Gryffondor était capable de transplaner et était débrouillard. S'il s'était simplement perdu, il aurait dû pouvoir revenir chez les Potter. Cette idée n'arrêtait pas de tourner en boucle dans sa tête et cela le rendait malade.
Remus accepta alors la tasse de thé que lui apporta Regulus et souffla dessus pour faire passer la chaleur. Il but ensuite une première gorgée, les yeux dans le vague. En face de lui, le 6ème année s'était recroquevillé sur son fauteuil et fixait obstinément la porte, attendant que son frère la franchisse.
Remus se sentait vidé. Raconter ce qu'il s'était passé lui avait déjà demandé toutes ses forces. Il se sentait si coupable. C'était lui qui avait eu l'idée d'aller à Cardiff, qui avait organisé le voyage et surtout, il était celui qui avait détaché ses yeux du brun. Sirius n'était pas coutumier du monde moldu. Et s'il avait fait une mauvaise rencontre ? Remus reposa sa tasse. Il n'arrivait plus à rien avaler. Il se passa une main dans les cheveux et observa ses mains.
Le temps continua de s'écouler et les minutes puis les heures lui parurent interminables. Au bout de deux heures à peine pourtant, les Potter rentrèrent. Malheureusement, ils n'eurent pas de bonne nouvelle à leur annoncer. Remus ne pouvait pas dire qu'il ne s'y était pas attendu, mais une partie de lui avait tout de même espéré. Fleamont s'inquiéta de ne pas avoir de nouvelles de son fils et sa femme voulut elle aussi aller à Cardiff. Fleamont l'en dissuada cependant. Ils avaient déjà fait tout ce qu'ils étaient en mesure de faire, ils devaient rester là où ils seraient utiles. Et là, le Serpentard et Remus avaient en quelque sorte besoin d'eux.
Le temps continua de filer et bientôt, plus personne ne parla. Ils n'avaient plus rien à dire. Que pouvaient-ils ajouter de toute façon ?
Remus voulu s'excuser, mais il ne savait pas comment faire ni si c'était le bon moment. Il devait d'abord attendre le retour de l'explorateur et du Maraudeur pour savoir de quoi exactement il devait s'excuser.
Alors qu'il n'y croyait plus, il y eut enfin du bruit dans l'entrée. Tout le monde se leva précipitamment et ils tombèrent sur James, la mine penaude. Remus se sentit flancher et eut envie de pleurer.
-Où est Sirius ? souffla Regulus.
Sa voix était si faible, si fragile. Il ne voulait pas voir l'évidence, mais l'expression de James ne laissait que peu de doute sur le résultat. Du moins, c'est ce qu'avait pensé Remus. Mais contre toute attente, James ne prononça pas les mots auxquels il s'attendait.
-On l'a retrouvé, il est avec nous.
Les parents de James poussèrent un soupir de soulagement et Regulus lui sauta dans les bras. Étonnamment, Remus n'arrivait pas à partager leur joie. Quelque chose n'allait pas, à commencer par le manque d'euphorie de James.
-Est-ce qu'il va bien ?
Il mourrait d'envie de savoir pourquoi Sirius n'était pas avec eux pour les rassurer. À sa question, James repoussa lentement Regulus et détourna le regard.
-Je vais dire à Leroy de l'amener. En revanche, je tiens à vous prévenir. Il ne va pas très bien.
-Oh, par Merlin ! Il est blessé ? s'alarma Euphémia qui porta une main à sa poitrine.
Une fois de plus, James ne répondit pas. Il quitta la maison, laissant la porte ouverte. Remus put alors l'entendre échanger quelques mots avec le français. Quelques secondes plus tard, ils rentrèrent dans la maison.
Sirius était bel et bien là mais comme l'avait mentionné James, il n'allait pas bien. En découvrant son regard vide et éteint, le Poufsouffle se demanda même si Sirius était bel et bien là. Où était donc passé l'éclat de ses yeux gris, le sourire habituel du Gryffondor et surtout la chaleur de son regard ? Sirius semblait absent.
Que lui était-il arrivé ?
xXx
Un médicomage était passé dans le milieu de la nuit car les parents de James avaient tenu à faire examiner aussitôt l'état de Sirius. Un professionnel était donc venu en urgence et avait pu examiner le Gryffondor qui avait été installé dans sa chambre. Le médicomage était resté longtemps avec Sirius. James, Remus et Regulus avaient été tenus à l'écart. Les parents du Gryffondor avaient quant à eux pu entrer après la consultation pour discuter avec le professionnel de santé. Au salon, James avait dû affronter les questions du Serpentard auxquelles il avait été bien incapable de répondre.
À présent, James comprenait mieux pourquoi Remus n'avait pas pu se montrer plus éloquent lorsqu'il était arrivé hier soir. Il se sentait perdu à son tour. Il s'en voulait de ne pas pouvoir rassurer Regulus ni même lui fournir une quelconque explication. Lui-même ne comprenait pas bien ce qu'il s'était passé. Hugo Leroy était parti après l'arrivée du médicomage, n'ayant déjà que trop retardé son départ. Il leur avait néanmoins fait promettre de le tenir au courant de l'évolution de l'état de Sirius.
Le français n'était pas proche de Sirius. C'était honorable de sa part d'avoir participé aux recherches et de demander des nouvelles, surtout qu'il leur avait été d'un grand secours. James pouvait même dire qu'il avait été heureux de ne pas avoir été seul lorsqu'il avait retrouvé Sirius. La présence de l'explorateur avait été un soutien qui lui avait permis de ne pas s'effondrer à son tour. Probablement que le Gryffondor n'oublierait jamais le visage empli de peur de son ami.
Leroy et lui avaient retrouvé Sirius sous un pont, si profondément enfoui dans les ténèbres de la nuit qu'ils avaient failli le louper. James n'avait pas compris ce que son ami faisait là. L'endroit sentait mauvais et n'inspirait pas confiance. Plus tard, il avait compris que Sirius s'était tenu là dans le but de se cacher, de s'extraire de ce monde.
Quand il l'avait approché, son ami avait reculé, effrayé, avant de se ratatiner sur lui-même, repliant ses genoux et enfouissant sa tête dans ses bras. Leroy s'était tenu en retrait, comprenant très vite qu'il ne pourrait rien faire, et James avait tenté de rassurer son meilleur ami de longues minutes durant. James s'était senti maladroit, il avait parlé sans savoir exactement quoi dire. Contre quoi son ami se battait-il et de quoi se cachait-il ? Voir Sirius ainsi, si fragile, lui avait fait tant de peine.
Lorsque le Gryffondor avait fini par accepter sa main tendue, le capitaine de Quidditch avait souri. Mais quand Sirius s'était levé et qu'il l'avait regardé dans les yeux, son sourire avait disparu parce qu'il venait de comprendre qu'il n'avait pas réussi en réalité. Il n'avait fait qu'un seul pas et il lui en restait tellement à faire pour arriver au bout du chemin.
Le regard vide de Sirius, James le voyait clairement dès qu'il fermait les yeux. Son ami semblait avoir perdu toute envie, toute flamme. Il était juste éteint.
Sirius n'avait pas de blessure physique, du moins de ce qu'il avait vu. Le médicomage allait sûrement le confirmer à ses parents. Mais alors, que lui était-il arrivé ? Avait-il fait une mauvaise rencontre ? James jeta un regard discret à Remus avant de fixer de longues secondes l'escalier. Il soupira, impatient que ses parents et le médecin descendent pour les tenir au courant.
Comme si le penser avait fait accélérer les choses, c'est exactement ce qui se produisit. Ils se levèrent alors tous les trois pour accueillir les adultes. Le psychomage avait une allure rigide et une expression pas très encourageante. Il ne leur dit rien, se contentant d'un hochement de tête pour ses parents et s'en alla. Il n'était pas très aimable et encore moins bavard, remarqua James. Il préférait de loin son médicomage de famille mais dans l'urgence, ses parents avaient fait ce qu'ils avaient pu.
-Nous n'avons pas de très bonnes nouvelles à vous annoncer, murmura finalement Fleamont.
-Est-ce que c'est grave ? voulut aussitôt savoir Regulus.
-Le médicomage n'a pas pu se prononcer. Il nous a simplement dit que physiquement, Sirius allait très bien. Le mal dont il souffre est plus profond. C'est psychologique, souffla Euphémia.
-Il nous a recommandé un confrère psychomage qui ne devrait pas tarder, nous en saurons plus à ce moment-là, continua le père de famille. Vous devez être fatigués, vous devriez vous reposer un peu, ajouta-t-il. Surtout toi, mon cher Remus. Tes parents doivent s'inquiéter. Savent-ils que tu es ici ?
Remus acquiesça.
-James m'a laissé emprunter son hibou pour les prévenir. J'aimerais rester encore un peu si ça ne vous dérange pas.
-Bien sûr que non, reste autant que tu le souhaites. Nous sommes tous inquiets pour Sirius, répondit Euphémia.
C'est vrai qu'ils étaient tous inquiets pour Sirius et tenaient à lui. Ils devaient se soutenir. Mais comment faire quand aucun d'eux n'arrivait à trouver les mots pour ça ?
xXx
Remus avait l'impression d'être dans un cauchemar sans fin. Il se rejouait sans cesse le film de la journée dans sa tête pour tenter de comprendre ce qu'il avait pu manquer, ce qui avait pu perturber Sirius et le mettre dans cet état. Les questions et les remises en cause tournaient sans cesse dans sa tête. Le Poufsouffle avait fini par s'assoupir sans s'en rendre compte mais à son réveil, James était toujours là, avachi sur le canapé. Il jouait distraitement avec un de ses cadeaux d'anniversaire. Le lion lui avait dit que Regulus était parti se reposer un peu dans sa chambre. En se concentrant, Remus pouvait également entendre les parents de James dans la cuisine.
C'était horrible. Remus avait l'impression de vivre tout ceci dans un flou total, incapable d'accorder ses pensées et ses actions. Il était tout juste conscient de son propre corps. Il ne se souvenait pas s'être endormi, ni s'il avait mangé quelque chose depuis hier soir. Il savait qu'il n'allait pas pouvoir rester encore des heures chez les Potter. Ses parents allaient finir par lui demander de rentrer. La famille de James allait également se lasser de sa présence.
-Je ne comprends pas ce qui a pu lui arriver, soupira James.
Les parents du capitaine de Quidditch étaient toujours dans la cuisine et Remus avait l'impression qu'ils ne reviendraient pas de sitôt. Sans doute s'étaient-ils isolés pour parler de choses d'adulte, de choses graves. Leur avaient-ils tout dit après s'être entretenus avec le médicomage ? Il commençait à en douter. Mais en même temps depuis la disparition de Sirius, le Poufsouffle remettait tout en question. Il n'avait pas de réponse alors il en cherchait partout où il pouvait en trouver. Il se mettait à analyser le moindre regard, le moindre soupir, les silences et il prenait les variations de ses angoisses pour des mauvais pressentiments. Il vivait très mal cette attente…
Malgré toutes ses questions, ses recherches, ses analyses, Remus restait encore dans le flou. Mais pour avancer, pour ne pas perdre pieds, il lui fallait si ce n'était des réponses, au moins un coupable. Quelqu'un vers qui se retourner, quelqu'un à qui demander des comptes ou juste se décharger de tout ses sentiments négatifs.
Ce n'était pas sain et habituellement le châtain n'avait pas pour coutume d'agir ainsi. Mais parfois certains évènements pouvaient vous faire prendre de mauvaise décision. Serait-ce le cas des personnes qui vivait dans la demeure des Potter. Allait-on faire de lui le bouc-émissaire ? Remus ne pourrait pas leur en vouloir, il estimait lui-même avoir une part de responsabilité. Il restait seulement à déterminer laquelle…
Remus se concentra alors sur James, se disant que s'il avait raison, ce n'était pas à lui qu'ils parleraient.
-On a dû lui faire du mal, c'est certain. Il a eu une période où ça n'allait pas, où il était fragile. Mais il n'a pas pu se mettre dans cet état là tout seul…
James semblait si accablé. C'était la première fois qu'il lui parlait autant depuis des heures. Remus prit le temps de réfléchir à ses paroles. Il voyait de quoi parlait James. Il se souvenait lui aussi des crises de panique de Sirius et du secret qu'il lui avait avoué. Il ignorait de quoi exactement le Gryffondor était au courant et vu la gravité des révélations de Sirius, il ne voulait pas le mettre en porte à faux auprès de son ami.
-Il avait l'air d'aller mieux ces derniers temps, on aurait raté quelque chose ? demanda-t-il.
James haussa les épaules.
-Je lui ai toujours dit qu'il aurait dû voir un psychomage mais il n'a jamais voulu et j'avoue avoir été faible face à lui. Peut-être que ça lui aurait fait du bien…
-Si c'est vraiment psychologique, le psychomage devrait l'aider, lui fit remarquer Remus.
-J'espère, soupira James. J'espère juste que ce n'est pas un sortilège ou une malédiction que le médicomage n'aurait pas su voir…
Remus s'inquiéta de cette hypothèse mais on sonna à la porte et ils n'eurent pas le temps de discuter davantage. Le même manège que plus tôt se reproduisit alors : le psychomage arriva et sembla tout aussi aimable que son confrère. Les parents de James l'accueillirent et les présentèrent brièvement. Cela n'eut pas l'air d'intéresser le professionnel qui demanda à voir son patient. Il monta, accompagné de Fleamont, et Euphémia resta en bas. Elle s'installa ensuite avec eux dans un soupir.
-Il a l'air d'un con, marmonna James.
Sa mère le réprimanda aussitôt, mais le Gryffondor n'eut pas l'air de regretter. Remus et lui échangèrent même un regard complice.
-Il a l'air incompétent, encore quelqu'un qui n'ait là que pour encaisser ses sous, continua James. Comme Remus semblait de son avis, James osa affirma plus fort son opinion.
-James ! Le repris sa mère.
-Mais c'est vrai. La preuve tu ne me contredis pas.
-Ce n'est pas la question. Il a été extrêmement difficile de trouver un psychomage qui accepte de prendre en consultation un patient qui n'est pas le sien, surtout à la dernière minute comme ça. On prend ce qu'on trouve c'est comme ça, on manque cruellement de professionnel de santé. Peu importe qu'il…soit comme il est, tant qu'il peut aider Sirius, non ?
James refusa de répondre, au fond Remus lui partageait l'avis de Euphémia.
Quelques minutes plus tard, Regulus les rejoignit, le regard encore ensommeillé, mais le visage cerné. James se décala et tapota la place à côté de lui. Regulus obtempéra sans rien dire et James passa son bras autour de ses épaules puis lui parla à voix basse. Remus n'entendit rien mais cela avait l'air de faire du bien au Serpentard. La mère de James les observait également avec tendresse.
C'est ce regard qui lui fit comprendre qu'il ne s'agissait pas simplement d'amis, de proche, qui se soutenait, se réconfortait. Accablé comme il l'était, Remus n'avait pas remarquer plu tôt cette proximité, cette tendresse et ce soutient qui lié le Serpentard et le Gryffondor. Mais c'était une bonne chose, eux au moins pouvait se soutenir, le châtain avait l'impression d'être horriblement seul malgré qu'il soit très entouré. Il savait également que s'il laissait ses parents être là pour lui, il serait encore plus entouré, rassuré. Pourtant Remus avait l'impression de ne pas mériter un quelconque soutient, après tout il allait bien, c'était Sirius qui allait mal.
Alors que Remus était toujours plongé dans son auto-flagellation, le père de James revint les voir. Le Poufsouffle sentit son cœur flancher, allait-il leur annoncer une bonne nouvelle ? Il ne pouvait pas s'empêcher d'espérer et en même de se dire que les choses ne pouvaient être si simple.
-Alors ? Demanda Euphémia qui alla à sa rencontre.
-Je…Fleamont sembla hésiter. Il regarda ensuite le châtain. Remus, peux-tu monter, s'il te plait ?
-Pourquoi ? Demanda James.
Un peu perturbé, Remus se leva.
-Sans doute rien d'important, le psychomage souhaite juste revoir avec toi les circonstances exacte qui ont fait que Sirius est dans cet état.
-Je ne suis pas sûr…enfin je n'ai rien vu.
Remus n'était pas rassurer. Le psychomage ne lui avait pas laissé une bonne impression, il ne voulait pas être plus accablé encore, même s'il savait qu'il le mériterait sans doute. Il ne savait pas, il n'avait aucune certitude à ce sujet.
-Ne t'en fais pas ce ne sera pas long, je peux même assister à l'entrevue si tu ne te sens pas à l'aise.
Les Potter échangèrent un regard, Remus se demandait à quoi ils pouvaient bien penser. Le Poufsouffle soupira et finit par répondre.
-Non, je pense que ça ira, souffla-t-il.
-On vient aussi, décida le lion. Il se leva et regarda Regulus pour savoir si cela l'intéressait. Après tout il l'avait inclus alors qu'il ne lui avait pas demander son avis avant.
-Certainement pas, s'interposa sa mère.
-On ne va pas rentrer mais moi, j'en ai marre d'être assis sur ce fauteuil ! Un peu plus et mes fesses vont s'enraciner dedans ! objecta-t-il. Et puis ça se trouve il voudra nous parler à nous aussi. Supposa-t-il.
La conversation risquait encore d'être longue alors le père de James l'enjoignit à le suivre. Il le précéda jusqu'à la chambre où se trouvait Sirius et après un sourire encourageant, lui rappela qu'il pouvait l'accompagner s'il le désirait. Une nouvelle fois Remus nia, il ne voulait pas avoir l'impression d'être faible ou de tant s'inquiéter qu'il eût besoin d'un adulte pour parler à un autre adulte. Il allait y arriver. Il préférait être seul pour parler de ce qu'il s'était passé, surtout s'il était amené à parler de choses personnels.
-Très bien, comme tu le voudras.
Fleamont posa sa main sur son épaule en signe d'encouragement et le laissa seul pour redescendre au salon. Le chatain pouvait d'ailleurs encore y entendre les éclats de voix de James qui trouvait toute cette situation bien injuste. Le pensait-il vraiment ou laissait-il enfin exprimer tout ce qu'il ressentait depuis qu'il avait retrouver Siirus et qu'il ne s'était pas autorisé avant ?
Remus secoua la tête, ce n'était pas le moment de penser à ça. Il fixa la porte close devant lui, et se demandait si le psychomage allait lui demander de répéter une énième fois ce qu'il s'était passé, juste avant que Sirius ne disparaisse mystérieusement.
À son entrée, celui-ci ne sembla pas plus aimable que plus tôt et il appréhenda l'échange.
-J'ai entendu dire que tu étais celui qui avait vu Sirius le dernier, j'ai donc des questions à te poser, fit-il et Remus acquiesça. On m'a dit que vous aviez passé deux jours dans une ville moldue.
-C'est exact, on voulait s'évader, être loin des derniers évènements…
Le préfet en chef ne précisa pas quels évènements, mais il savait que le psychomage pouvait les deviner.
-Je vois. Qu'avez-vous fait pendant deux jours, c'est long après tout.
-Des activités touristiques.
Remus ne voyait pas en quoi c'était important et il n'avait pas envie de rentrer dans les détails. Il sentait que son interlocuteur n'allait pas sauter de joie en apprenant ce que Sirius et lui étaient l'un pour l'autre.
-M. Potter m'a spécifié que tu étais un ami de Sirius, un ami spécial, précisa-t-il.
Remus se crispa.
-Nous sommes proches, c'est exact, répondit le Poufsouffle, mal à l'aise.
Le psychomage eut une moue dédaigneuse et fixa pendant un long moment le châtain. Remus eut du mal à supporter son regard. Il avait l'impression que l'homme cherchait à lui faire avouer quelque chose et il n'avait visiblement que du dégoût pour lui alors que Remus ne lui avait rien fait. Mais il s'inquiétait pour Sirius et se sentait en partie responsable alors il prit sur lui. Ce qu'il faisait, c'était pour aider Sirius.
-Mon fils est également étudiant à Poudlard et là-bas, vous vous êtes fait remarquer dernièrement, lâcha finalement l'adulte.
-Je vous demande pardon ? s'exclama le châtain, surpris.
-Votre histoire avec le fils cadet des Black, précisa le psychomage.
Remus comprenait à présent bien mieux l'attitude de l'homme. Il ne savait pas quoi répondre ni comment réagir. Le psychomage était là pour aider Sirius et il ne pouvait pas se permettre de mal se conduire avec lui au cas où il déciderait de s'en aller.
-Je ne sais pas ce que vous avez entendu, mais ce sont de simples rumeurs, tenta-t-il. De plus, je ne vois pas le rapport avec l'histoire qui nous concerne.
-Détrompez-vous. Sirius Black a subi un grand choc émotionnel et je me demande si vous n'en êtes pas la cause.
-Qu-quoi ?
-Avez-vous oui ou non tenté un rapprochement physique avec Sirius Black ?
Remus n'eut pas le temps de répondre que celui-ci enchaînait.
-Il vous a résisté et ça s'est mal fini, n'est-ce pas ? Vous n'avez pas supporté qu'il vous dise non.
-Bien sûr que non ! Je ne ferai jamais quelque chose comme ça !
-Je ne dis pas que c'était intentionnel, peut-être même vous êtes vous mal compris ou alors a-t-il fini par changer d'avis, supposa le psychomage. C'est peut-être votre faute, c'est peut-être de la sienne, c'est peut-être simplement comme ça. Ce genre de choses peut arrivez lorsqu'on entame une relation…non conventionnel.
Remus était atterrer, il ne comprenait pas que le psychomage puisse accuser Sirius alors qu'il était la victime. De plus il semblait seulement chercher du côté sentimental comme si seul ça pouvait expliquer ce qu'il s'était passé. Il disait les choses sans les nommer clairement, allant même jusqu'à faire comme s'il le comprenait pour l'inciter à perler. Remus ne croyait pas du tout à cette fausse compassion. Pour le châtain les choses étaient clairs. Son homosexualité, supposé car au fond le psychomage n'en avait aucune preuve, semblait le dégouter. Pour cet homme, il faisait le coupable idéal.
-Entendons nous bien Monsieur Lupin, je ne suis pas là pour vous accuser, vous arrêter ou quoi que ce soit. J'essaie simplement de comprendre. De plus je suis soumis au secret professionnel. Il est normal que vous ayez du mal à accepter la vérité, je suis sur que vous êtes un gentil garçon, il arrive à tout le monde de déraper. Que vous ayez eu des geste impardonnable ou même immorale ne fait pas de vous un homme horrible.
Ce qu'il entendait le dégoutait. Avec ce genre d'argument on pouvait tout pardonner. Le Poufsouffle ne savait pas si l'adulte ne se rendait pas compte que son discours tendait à minimiser des délits ou des crimes, ou encore une fois, tentait-il seulement de le faire parler. Voyant que Remus gardait le silence, le psychomage continua son laïus.
-Peut-être que Sirius Black et vous avez entamé une relation pour vous amusez, pour tester, ce sont des choses qu'on fait à votre âge. Mais après réflexion, Sirius à regretter, à sans doute penser à sa réputation. Ce genre de choses peut chambouler n'importe qui, il n'est pas facile d'y faire face, surtout si ça a été fait sans vraiment réfléchir.
Remus n'en pouvait plus de l'entendre parler ainsi.
-J'apprécie énormément Sirius, jamais je ne lui aurais fait du mal. Nous avons visité la ville et fait quelques activités touristiques, il allait très bien avant qu'on ne rentre. C'est à la fin que tout à basculé, je ne comprends pas pourquoi.
-Il aurait très bien pu vous cacher son état.
-Pourquoi voulez-vous à tout prix me faire porter la faute ! S'énerva Remus, il avait haussé le ton sans même s'en rendre compte.
Il avait douté plus tôt avant de venir discuter avec le professionnel. Sans doute aurait-il continué à le croire si le psychomage avait utilisé d'autre argument. Mais s'il était sûr d'une chose, c'était qu'il n'avait pas forcé Sirius à quoi que ce soit. A son éclat de voix, le psychomage n'eut qu'un rictus méprisant.
-Comment expliquez- vous que Sirius Black revienne de votre week-end dans cet état-là dans ce cas ? C'est après être resté seuls deux jours avec vous qu'il a subi ce choc émotionnel. Si vous refusez de me parlez, je me verrais dans l'obligation de prévenir les autorités !
-Quoi… ? Vous ne pouvez pas faire ça !
Remus était sous le choc. Il ne comprenait pas pourquoi le psychomage l'accusait de choses aussi graves. Il n'aurait jamais fait de mal à Sirius. Il l'aimait, il ne l'aurait jamais fait souffrir ! Il secoua la tête et pensa à ce qu'il s'était passé entre eux le matin avant leur départ. Il était sûr que Sirius lui avait dit oui, cela ne pouvait pas être ça. Il ne devait pas laisser cet homme tenter de lui faire croire qu'il était un monstre. Si les aurors s'en mêlé et tout comme l'adulte ne cherchait même pas la vérité, ce serait fini de lui…
Il ne pouvait plus rester devant cet homme à l'entendre l'accuser des pires choses. Il se leva soudainement et quitta la pièce. Il faillit alors percuter James qui tournait en rond en attendant de pouvoir avoir des nouvelles.
-Remus ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air tout chamboulé.
Remus ne sut quoi répondre. Il ne pouvait pas avouer à son ami que le psychomage l'accusait d'avoir agressé le brun et de l'avoir mis dans cet état. Et si James le croyait ?
-Rien… je vais rentrer chez moi, lâcha-t-il. Il voulait fuir, il n'avait pas voulu prévenir ses parents plus tôt, mais là il n'avait qu'une seule envie, c'était d'être avec eux.
-C'est une bonne chose, lança le psychomage qui était également sorti et James le regarda bizarrement, se demandant ce qui lui prenait.
-Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé là-dedans ? voulut-il savoir.
-Je pense avoir découvert ce qui est arrivé à Monsieur Black.
-Ah bon ? fit James, surpris.
Vu ce que le psychomage lui inspirait, il ne pensait pas celui-ci capable de quoi que ce soit et surtout si rapidement. Remus quant à lui ne savait plus où se mettre. Il tenta alors de capter le regard de son ami.
-Je ne rentrerai pas dans les détails pour préserver l'honneur de Monsieur Black, mais il est évident que celui-ci à rencontrer un contentieux avec Monsieur Lupin. Je vous conseil de prévenir les autorités qui tireront mieux que moi toute cette affaire aux clairs.
-C'est faux, James, je te le jure ! se défendit aussitôt le Poufsouffle, les larmes aux yeux.
-De quoi on parle là ? Je ne comprends rien, lança James.
Remus n'osa pas lui répondre.
-Je ne sais pas s'il est bienvenu d'entrer dans les détails, hésita le psychomage.
-Allez-y je vous en prie, vous en avez déjà trop dit !
Le psychomage se racla la gorge.
-Je parle d'agression sexuel.
-C'est faux ! Cria le châtain.
Remus avait envie de pleurer. On ne lui avait jamais parlé comme ça, ni n'avait jamais été traité de la sorte. Il avait vécu des choses difficiles, on lui avait mené la vie dure notamment à Poudlard lorsque la rumeur sur son homosexualité était sortie. Ça c'était tari au bout de quelques mois, mais c'était quelque chose qui l'avait marqué. Pourtant, ce qu'il vivait aujourd'hui, il ne pensait pas pouvoir le supporter.
-J'ai su tout de suite en vous voyant que vous ne valiez pas mieux qu'une bouse de dragon. Sortez de chez moi, je n'ai pas envie d'entendre encore plus de conneries ! gronda soudain James.
Remus était partagé entre le soulagement et la joie de voir qu'en plus du fait que James le croit, il le défendait.
-Comment osez-vous ! s'indigna le professionnel. Je vous dis que cet homme est un pervers détraqué et v-
-Vous sortez tout seul ou vous avez besoin que je vous accompagne ?
James pointa sa baguette sur lui et l'homme hoqueta de peur. Il se mit à l'insulter et à crier si fort que les autres habitants de la maison débarquèrent pour voir ce qu'il se passait.
Les parents du Gryffondor tentèrent de calmer leur fils et Remus, qui se sentait responsable de cette situation, essaya également de faire entendre raison au brun mais James n'en démordit pas.
-Ce qu'il a dit est extrêmement grave ! Ce sont des accusations sans aucun fondement ! Sirius serait furieux contre moi si je laissais quelqu'un te faire du mal comme ça. Je veux qu'il dégage d'ici !
James tenta de se jeter sur l'homme et son père le ceintura pour l'emmener plus loin. Euphémia, qui commençait à comprendre ce qu'il se passait, se donna alors pour mission de mettre le psychomage dehors.
xXx
Maugrey revenait d'une de ses patrouilles et celle-ci l'avait fatigué. Il avait été pris à parti par des commerçants qui avaient cru qu'il n'avait rien de mieux à faire que de régler leur petite querelle. Ils avaient dû les écouter pendant plus d'une heure se plaindre pour une histoire d'appellation et de choses que Maugrey voulait oublier… Hélas, cela faisait également partie de son travail.
Le pire avait été quand ces deux commerçants avaient tenté de se battre. Il s'était interposé et s'était pris un coup. Les gens ne respectaient plus rien ! Après ça, il s'était énervé et avait fait comprendre à ces deux personnes qu'elles avaient vite intérêt à se calmer.
Il avait fini sa patrouille, mais il avait encore pas mal de travail administratif à faire. Ensuite, il devait reprendre le dossier Malone – un petit criminel – et aller enquêter sur le terrain. Il sentait que cette journée allait être longue et il n'avait même pas eu le temps de manger un casse-croûte à midi. Il verrait ça quand il aurait un moment dans la journée.
L'Auror traversa le bureau, déterminé à vite se remettre à la tâche mais durant sa progression, il entendit des rires de femmes. Il s'arrêta, se demandant ce qui pouvait bien provoquer tous ces gloussements. Il revint alors sur ses pas et constata qu'Hugo Leroy se trouvait au beau milieu d'un bureau. Que pouvait-il bien faire là ?
Il s'approcha sans s'annoncer et n'en eut d'ailleurs pas besoin car le français le remarqua aussitôt. Il lui sourit et se leva. Malgré son entrain, le Français n'avait pas l'air comme d'habitude. Il avait des cernes et était plutôt pâle. En fait, il avait l'air épuisé.
-Bonjour, j'espère que je ne te dérange pas, fit-il à l'adresse de Maugrey. On m'a dit à l'accueil que je pouvais t'attendre ici.
Il se tourna vers les quelques collègues féminines de Maugrey.
-Ces charmantes dames m'ont tenu compagnie, je vous en remercie d'ailleurs, ajouta-t-il, cette fois à leur attention.
-Que fais-tu ici ? l'interrogea Maugrey. Hugo était supposé être en France !
Hugo récupéra alors le sac qu'il avait laissé sur le fauteuil de la salle de repos.
-Je t'ai amené ton repas, tu as bien 20 minutes pour manger un bout avec moi ?
À la mention d'un bon repas – du moins il le supposait – Maugrey sentit son estomac vide apprécier la proposition. Il fit cependant la moue. Même s'il avait envie d'accepter, il n'appréciait pas vraiment que le français vienne à son boulot pour une raison aussi futile que de partager un repas ensemble. Mais vu son état, il supposait qu'il n'y avait pas que ça. L'Auror soupira et fit un signe de tête au français pour qu'il le suive. Maugrey ne désirait pas avoir cette discussion devant ses collègues. Ils entrèrent alors dans le bureau de l'Auror qui s'installa directement. Il tendit ensuite la main pour que l'explorateur lui passe son repas : il n'avait que 20 minutes et pas une de plus.
-Ne me dis pas que tu as fait tout ce chemin juste pour partager un repas, je n'y crois pas, attaqua-t-il.
-Et pourtant ! rigola Hugo.
Il retrouva pourtant très vite son sérieux quand il remarqua que l'Auror n'était pas d'humeur à rire.
-Assis-toi, j'ai l'impression que tu vas t'écrouler à tout moment. Dure journée ou dure semaine ? grogna finalement Maugrey.
-Non ça va, j'ai juste eu une journée un peu compliquée.
-Pourquoi es-tu en Grande-Bretagne ?
-En fait, j'avais pris deux jours pour venir voir Albus mais il n'est pas chez lui. J'avais pourtant prévenu de ma visite, mais il faut dire qu'il ne répond pas vraiment à mes lettres dernièrement.
-Cela n'a rien d'étonnant, marmonna Maugrey.
-Pourquoi ça ?
L'Auror hésita à répondre. Il ne savait pas si c'était à lui d'apprendre cela à l'explorateur.
-Il y a une enquête qui a été mandatée par le ministère de l'Éducation pour savoir exactement le degré d'implication du directeur suite à l'attaque. Je ne vais pas te mentir, il risque gros.
-Quoi ?
Hugo semblait tomber des nues.
-Ils le tiennent pour responsable ? Mais ce n'est pas sa faute !
Maugrey haussa les épaules.
-Ce n'est pas à moi de le déterminer. Même si son innocence est prouvée, il y aura quand même des conséquences. Après tout, il a failli à protéger ses élèves.
-Il aurait dû répondre à mes lettres, on aurait pu en parler, souffla Hugo.
-Il devait plutôt avoir besoin de s'isoler, j'aurais fait la même chose.
Maugrey entama son repas et n'ayant pas beaucoup de temps devant lui, il ne prit pas vraiment le temps de le déguster. Devant lui, le français mangea plus doucement, ressassant probablement les informations de Maugrey.
-Je me demandais… Est-ce que vous savez pourquoi les détenus d'Azkaban qui s'étaient échappés s'en sont pris à Poudlard ? demanda-t-il après un moment.
-Je ne peux pas parler de ça, ce sont des informations confidentielles.
-Oui…oui, je comprends.
Maugrey termina rapidement son casse-croûte, fit passer tout ça avec un grand verre d'eau et observa son ami. Il ne savait pas trop quoi lui dire et habituellement, le blond parlait pour deux.
-Que vas-tu faire si tu ne peux pas voir Dumbledore ?
-Je vais rentrer. Mon train est dans quelques heures, je vais passer le temps en me baladant un peu, je présume. Hier, j'ai passé une partie de la journée et la soirée chez les Potter.
Maugrey haussa les sourcils, surpris.
-Je ne te savais pas si proche de la famille Potter.
-Ce n'est pas vraiment le cas. Je suis surtout ami avec Regulus et j'étais également là pour voir mon bon vieux Fumseck ! sourit-il. Je n'avais pas prévu de rester si longtemps, mais ils ont eu des problèmes et je suis resté pour leur donner un coup de main.
-Des problèmes ?
Maugrey croisa les bras, impatient d'entendre la suite.
-C'est vrai que j'ai entendu dire que les Potter étaient venus donner une alerte concernant la disparition de Sirius Black. Est-il rentré finalement ? La plupart du temps il s'agit simplement d'une fugue, se souvint-il ensuite.
Hugo soupira et se passa une main dans les cheveux.
-Il n'est pas rentré, on est parti le chercher. Ça n'a pas été simple et c'est bien pour ça que je suis dans cet état…
-Que s'est-il passé ? s'étonna l'Auror.
-Je ne sais pas. Peut-être a-t-il été agressé, c'est difficile à dire. Quand on l'a retrouvé, il était dans un état inquiétant. Sa magie semble avoir érigé une barricade autour de son esprit pour le protéger. J'ai demandé aux Potter et à Regulus de me donner des nouvelles.
-Je vois, se contenta de dire Maugrey.
L'Auror était intrigué. Ce n'était pas lui qui avait reçu les Potter donc il ignorait les détails de l'histoire et il n'appréciait pas vraiment Sirius mais il s'agissait d'un civil qu'il devait protéger au même titre que les autres. A présent, comme il semblait avéré que quelque chose était arrivé à l'aîné des Black, les Potter pouvaient revenir et cette fois-ci, les Aurors feraient quelque chose.
-Tu devrais manger plus, histoire de récupérer. Tu as fait une grosse dépense de magie, non ?
-Quelque chose comme ça. J'ai procédé à une invocation de base, je vais probablement mettre une semaine à m'en remettre, rit-il.
Maugrey siffla, impressionné.
-Tu n'as jamais envisagé de devenir Auror ? Je suis sûr que l'examen serait une formalité pour toi.
L'explorateur secoua la tête.
-Très peu pour moi. Même si c'est un noble métier, pour moi, il y a beaucoup trop de contraintes. Et surtout, c'est une profession où on est obligé de laisser chez nous nos opinions. J'aurais bien du mal à m'y soumettre.
Maugrey ne pouvait pas le contredire. Combien de fois avait-il trouvé absurdes les ordres de ses supérieurs ou s'était-il agacé du manque de moyen ou de considération ?
-Dommage, je suis sûr qu'on aurait fait un super duo, regretta-t-il.
xXx
Ce matin-là, lorsque Regulus se réveilla, il fut envahi d'une force et d'une volonté soudaines qui le surprirent lui-même. Il se leva et rangea sommairement sa chambre avant d'aller voir Fumseck qui dormait dans la serre à l'arrière de la maison. Il resta longuement avec le phénix qui accepta bien volontiers ses caresses. Il demeura silencieux mais un sourire vint ourler ses lèvres à un moment. Cela lui faisait du bien de se retrouver avec son ami, en dehors de la maison et du drame qui se jouait toujours.
Tout était si calme alors qu'habituellement, les rires de Sirius et la voix forte de James résonnaient le matin au petit-déjeuner. Ce n'était pas un jour comme les autres. Leur quotidien à tous avait été brisé trois jours plus tôt et Regulus refusait de rester inactif plus longtemps. La volonté des Potter de faire intervenir d'autres spécialistes n'était pas une mauvaise chose mais Regulus était tenu en dehors de tout et il avait le sentiment, la conviction, que ce n'était pas ce qui allait aider son frère. Pas complètement. Ils comptaient aussi prévenir la police. Si Sirius avait été agressé, il devait retrouver la personne qui avait fait ça.
Regulus avait le sentiment de s'être conduit comme un pleurnichard dans les premiers jours et probablement que Sirius se moquerait de lui le moment venu. A présent, il était temps d'agir. L'inaction, ce n'était plus pour lui.
En sortant de la serre, il passa devant le garage. La porte était fermée et après une hésitation, il l'ouvrit. La moto de Sirius était là, brillante et rutilante, attendant d'être utilisée. Regulus sentit son cœur se serrer face à cette vision. Des bons souvenirs l'assaillirent. Sa sortie de Noël avec James et sa rencontre avec cette bikeuse. L'achat de la moto, la joie de Sirius, ce premier vrai Noël qu'ils avaient passé ensemble depuis tant d'années. Et surtout, ce vol sur la moto… ensemble.
Regulus prit une grande inspiration et retourna dans la maison. Il avala un thé rapide et alla retrouver James dans sa chambre. Celui-ci dormait encore, à moitié en travers de son lit, son bras gauche dépassant, ses cheveux en bordel et la bouche ouverte. Regulus aurait dû trouver ça dégoûtant car ce n'était pas une vision très sexy de son petit-ami mais il se sentait aussi soulagé de tomber sur une scène si normale. Il savait que personne n'était à son avantage au réveil. Cela lui donnait l'espoir que bientôt, les choses pourraient rentrer dans l'ordre.
Le Serpentard ferma la porte et vint s'installer près de James. Il dut batailler pour se faire une place et balança son bras gauche au loin, remettant son corps dans un sens raisonnable. James grommela avant d'ouvrir brusquement les yeux.
-Regulus, fit-il, surpris.
Il chercha stupidement à se couvrir le corps avec son drap avant d'essuyer toute trace de bave sur son visage. Heureusement pour lui, son relâchement n'avait pas été jusque-là.
-J'ai besoin de toi, James.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-J'ai repensé à ce qu'a dit Remus. Il a dit que le comportement de mon frère avait changé après avoir vu cette femme. Je veux aller à Cardiff pour la retrouver et comprendre. Peut-être qu'il la connaissait, qu'ils se sont retrouvés après et que ça a dégénéré.
James sembla perdu. Il s'écarta et se leva subitement, commençant à ouvrir ses placards pour prendre des vêtements. Devant son comportement curieux, Regulus l'interrogea du regard.
-J'avoue que je me pose des questions également. Sirius ne connait personne du côté des moldus et à part les voyages scolaires, il n'y a jamais mis les pieds, approuva le Gryffondor. En fait, c'est ce que je me suis dit jusqu'à hier soir.
Il soupira et Regulus sentit que James avait quelque chose de difficile à lui dire. Il se passa une main dans les cheveux et se leva également, faisant face au lion.
-Ton frère a fait des crises d'angoisses et de sacrés cauchemars en début d'année, lui avoua finalement James. Je… En fait, l'état dans lequel il est maintenant me rappelle parfois ses absences qu'il pouvait avoir ou cette souffrance qu'il laissait parfois entrevoir.
-Quoi ? fit Regulus, perdu. Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ?
-Je ne sais pas, admit James. Sirius ne voulait pas en parler et il avait du mal à savoir exactement ce qui provoquait ça. Mais la vérité, c'est qu'il n'était pas prêt à affronter la réalité et si je ne t'ai rien dit, c'est parce que je me disais que c'était également ton cas.
-Pourquoi cela ? s'étonna le Serpentard.
-Parce que tes parents sont mêlés à cette histoire et que tu serais malheureusement obligé d'ouvrir les yeux. Et comme pour Sirius qui n'était pas prêt à affronter ses démons, tu n'étais pas prêt à affronter cette vérité.
Regulus accusa le coup. Il venait de comprendre qu'apparemment, son frère portait un très lourd secret, un secret qui le bouffait et personne n'avait jugé nécessaire de le tenir au courant. Mais le pire était que cela durait depuis des mois, que James était au courant, bien entendu, et que ses parents étaient impliqués. Un secret de famille dont on l'avait tenu éloigné… Mais quel genre de secret pouvait mettre Sirius dans cet état ?
Regulus regarda James et vit que celui-ci attendait sa réaction mais il ne savait pas quoi dire.
-Je ne comprends pas comment tu fais le lien entre ça et ce qui a pu lui arriver à Cardiff, lui fit finalement remarquer Regulus.
-Ce n'est pas… A vrai dire, je n'ai pas grand-chose. C'est une piste qu'on doit explorer. Ce dont souffre Sirius est d'ordre psychologique et comme je te l'ai dit, je ne l'ai vu qu'une seule fois terriblement mal. On saura probablement ce qu'il s'est passé en allant au dernier endroit où l'a vu Remus et en parlant à cette femme. Si Sirius la connaissait, elle devrait peut-être te dire également quelque chose.
-Je ne sais pas...
Regulus, qui était pourtant plein de détermination en se levant, était maintenant comme douché par les révélations de James. Il lui offrait pourtant un début de réponse, une hypothèse et cela avait au moins le mérite de le sortir du flou dans lequel il était depuis quelques jours. Néanmoins, la seule chose qu'il voyait était qu'une fois de plus, on l'avait tenu à l'écart. Sirius n'avait pas jugé utile ni même nécessaire de lui parler de quelque chose d'aussi important. Si cela avait à voir avec ses parents, lui aussi était concerné pourtant. Bon sang, James lui disait qu'il s'était passé quelque chose au Square Grimmaurd et que ses parents étaient probablement coupables !
Tout ça le perturbait tellement.
Regulus bouillonnait. Le problème de Sirius était connu depuis plusieurs mois, mais aucun d'eux n'avait fait le nécessaire pour le régler ou même diminuer le mal du Gryffondor. Il ne fallait pas compter sur l'un deux pour être raisonnable ou encore tirer l'autre vers le haut.
-On ne devrait pas s'étaler en supposition et plutôt se concentrer sur la piste solide qu'on a, admit-il sans oser regarder James.
Soudain, sa vision lui était devenue insupportable. En quelque sorte, si James avait raison et que ce qui était arrivé à Sirius il y a trois jours avait un lien avec une blessure du passé dont il était au courant, dont ils avaient tous les deux choisi de le laisser à l'écart, il aurait du mal à lui pardonner.
-Il faut que j'aille à Cardiff, répéta-t-il.
-Laisse-moi un instant, je t'accompagne.
Sa voix apparaissait de manière lointaine au Serpentard.
-Tu penses que tes parents te laisseront faire ? ajouta-t-il finalement.
James fit la moue.
-C'est vrai qu'avec ce qu'il s'est passé hier… Mais je suis sûr que ça ira ! En plus, j'avais raison, ce psychomage était vraiment un crétin d'homophobe ! argua-t-il, la colère encore vive.
Regulus ne put que sourire.
-Je vais voir Sirius. On se rejoint dans l'entrée dans un quart d'heure.
James acquiesça et Regulus quitta sa chambre.
La maison commençait à s'éveiller et le brun croisa les parents de son petit-ami en sortant de sa chambre. Ils le serrèrent dans leurs bras et Regulus leur rendit leur étreinte. Il s'accorda ces quelques secondes pour y puiser la force qui lui manquait. Depuis qu'il avait quitté le Square Grimmaurd et que Padfoot était parti, il ne lui restait que son frère. Il avait mis du temps à le comprendre mais à présent, il savait que l'amour de ses parents était à conditions. Il ignorait également encore quel était le secret que son ancien foyer refermait mais il savait que quand celui-ci éclaterait, il devrait prendre parti.
Regulus entra doucement dans la chambre de son frère. La chambre de Sirius n'avait probablement jamais été aussi bien rangée. À présent, le Gryffondor était simplement assis sur son lit, le drap le recouvrant jusqu'au bassin. Ses bras ne bougeaient pas, ils restaient continuellement le long de son corps alors que son regard alternait parfois entre la fenêtre et le mur en face de lui et ses décorations. Rien n'attirait le regard du Sang-pur. Il était juste dans son monde, loin d'eux.
Regulus resta avec lui plusieurs minutes mais, bien vite, la vision de son frère si amoindri lui fit plus de mal qu'autre chose. Il quitta la chambre sans avoir dit un seul mot. Il rejoignit James qui, il le comprit vite, avait fait croire à ses parents qu'ils allaient simplement se balader dans le quartier. Il ne dit rien de plus et ils partirent ensemble.
xXx
Cardiff était une belle ville et peut-être que Regulus l'aurait apprécié s'il y était venu dans d'autres circonstances. Mais ce n'était pas le cas. James et lui étaient allés sur les lieux qu'avait visités le couple pendant leur week-end de vacances. La plupart du moins. Il ne leur fallut pas longtemps non plus pour tomber sur cette fameuse femme qui faisait son numéro au milieu de la place. Même de loin, Regulus pouvait percevoir sa tristesse et son désespoir.
James et lui s'approchèrent sans s'être concertés sur ce qu'ils allaient bien pouvoir lui dire. Ils prévoyaient d'improviser ou de prendre leurs jambes à leur cou si la conversation ne prenait pas la tournure qu'ils désiraient. C'était une moldue, elle ne pouvait rien faire contre eux de toute façon.
À peine furent-ils à quelques mètres d'elle qu'elle se jeta presque sur eux. Cela n'avait rien d'étonnant : les gens la fuyaient comme la peste. Ils semblaient hermétiques à sa douleur, à son besoin de comprendre. Regulus était heureux de ne pas être seul car il se sentait démuni face à ce regard si profond et douloureux qui se planta dans ses yeux gris. Peut-être que si James ne lui avait pas fait ses révélations fracassantes où il affirmait savoir des choses importantes sur sa famille, il aurait cherché une forme de soutien auprès de lui.
Mais la femme venait de s'arrêter devant eux et le Serpentard ne regarda pas une seule fois son petit-ami. À la place, il prit une inspiration discrète et la regarda attentivement. Malgré son apparence négligée, elle avait l'air d'être une femme gentille, peut-être même belle et juste à la recherche d'une aide parmi tant de désespoir. Mais il avait beau la regarder, elle ne lui disait rien. Il ne l'avait jamais vu de sa vie. Il ne comprenait pas ce que Sirius avait pu voir en elle.
Comme il ne pouvait pas être sûr à 100% malgré tout, il devait au moins lui parler un peu, l'interroger si possible. Avant qu'il n'ait pu dire un seul mot cependant, celle-ci prit la parole.
Elle bredouilla, à la fois nerveuse et pleine d'espérance. Tout le monde la connaissait à Cardiff. La femme qui cherchait son mari disparu depuis 8 ans déjà. La police avait fait de brèves recherches avant de les abandonner par manque d'indices. La plupart d'entre eux pensaient qu'il avait refait sa vie ailleurs ou qu'il était mort. Mais dans les deux cas, que jamais il ne reviendrait. Pour les habitants de cette ville, ce n'était pas plus mal. Henry Ballonga ne manquait à personne à part à sa femme qui refusait d'ouvrir les yeux.
-Je cherche cet homme, leur dit-elle en tendant la photo. Il s'agit de mon mari. Il a disparu il y a des années et je suis sans nouvelle de lui. Je suis tellement inquiète, si vous l'avez vu, je vous en prie, dites-le-moi, les implora-t-elle.
James observa brièvement la photo et secoua la tête en s'excusant mais la femme continua, révélant plus de détails, lui demandant de regarder encore une seconde fois la photo. Regulus l'observa longuement à son tour, fronçant les sourcils face au visage figé sur la feuille en papier. Les cheveux blonds, un air un peu bête et visiblement timide. Regulus fronça les sourcils. Cette silhouette ne lui était pas inconnue. Mais ce qui le marqua le plus était ce regard surmonté d'une paire de lunettes fines. Ce n'était pas tout à fait le même homme, mais il le reconnaissait. Sans doute avait-il changé depuis que cette photo avait été prise, mais c'était bien lui.
Il s'agissait du professeur particulier que ses parents avaient engagé pour Sirius avant sa rentrée à Poudlard. Mais il ne comprenait pas comment c'était possible. Cette femme était une moldue et il était dans une ville moldue. Cela voulait-il dire que cet homme en était aussi un ? Ses parents lui avaient pourtant toujours fait croire qu'il s'agissait d'un cracmol, ils s'en moquaient même dans son dos ! Regulus avait d'ailleurs trouvé étrange que ses parents engagent un cracmol alors qu'ils en avaient horreur et préféraient généralement en rester loin de peur que leur médiocrité ne les atteigne.
En se replongeant dans ses souvenirs, il pouvait également se rappeler d'une conversation avec James dans laquelle celui-ci lui disait qu'il s'agissait d'un moldu.
Il n'y comprenait plus rien.
Cet homme avait disparu qui plus est. Il n'avait pas été renvoyé comme l'avait laissé entendre sa mère ? Il était parti du jour au lendemain et son départ avait laissé un sentiment étrange à la famille Black. Une atmosphère malsaine s'était imprégnée dans le Square Grimmaurd à ce moment-là. Mais personne n'avait jamais rien dit. En parler était même interdit, comme s'il s'agissait d'une erreur, d'une honte dont on ne veut pas se rappeler ni jamais en entendre parler. On ne disait jamais rien à Regulus alors il avait juste pu observer sans comprendre. Et puis, quand des semaines plus tard, tout avait repris sa place, cette parenthèse dans leur vie définitivement refermée, il était lui aussi passé à autre chose.
Troublé, il rendit la photo à la femme.
-J'ai déjà vu cet homme, avoua-t-il.
James le dévisagea, stupéfait, mais ce ne fut rien face à la réaction de la femme. Celle-ci chancela de quelques pas avant de porter une main à son cœur. Elle s'apprêtait à lui poser tout un tas de questions, Regulus le sentait. Cette simple affirmation déclenchait un sentiment d'espoir chez elle et ce n'était pas ce que Regulus voulait.
-Il a donné quelques cours de soutien à mon grand frère. Ça n'a pas duré longtemps, il est parti précipitamment et on ne l'a jamais revu.
-Quand était-ce ? paniqua-t-elle.
-Il y a huit ans environ.
Elle baissa la tête et le Serpentard ne put voir l'expression qu'elle arborait. Cela devait la peiner car même si Regulus lui offrait quelque chose, ce n'était pas ce qu'elle désirait. Personne ne savait où était passé Henry Ballonga et peut-être était-il temps qu'elle se fasse une raison avant d'y laisser sa santé mentale.
-Je suis désolé, lui offrit Regulus avant de partir.
Il ne l'était pas vraiment, il ne savait pas bien ce qu'il ressentait. Il commençait tout juste à comprendre de quoi il était question exactement et pourtant, tout cela lui semblait encore si flou. C'était donc ça le secret de famille dont parlait James ? Qui était cet homme et quel était le rapport avec ses parents ? Avaient-ils quelque chose à voir avec sa disparition ? Après tout, ils étaient les derniers à l'avoir vu…
Il continua de marcher, son esprit en ébullition et réfléchissant à toute vitesse à ce qu'il devait faire, se repassant les scènes oubliées de son enfance. La venue de cet homme, un moldu chez eux. Un moldu ! Sa respiration s'emballa et il accéléra. L'allure étrange de l'individu, le malaise de Sirius, ses emportements contre lui, sa distance, les sourires en apparence bienveillants de l'adulte. Ses gestes, sa proximité… Combien de fois avait-il caressé les cheveux de Regulus ? Passé sa main sur son visage, son regard s'attardant sur son épaule juvénile. Toutes ces attentions que Regulus eût appréciées parce qu'enfin, un adulte, quelqu'un, lui accordait de l'attention, lui montrait de l'intérêt. Le professeur de Sirius était gentil et avait toujours un mot pour lui. Un jour, alors qu'il avait laissé Sirius seul pour terminer un exercice, il était venu le voir. Il s'était penché vers lui et lui avait murmuré à l'oreille qu'il était son préféré, qu'il avait hâte de pouvoir passer plus de temps avec lui.
Un haut-le-cœur le prit et il s'arrêta brutalement. James lui parlait mais tout était confus. Plus rien n'était cohérent ni normal autour de lui. Son monde s'écroulait. Le Serpentard pouvait comprendre pourquoi son frère avait vrillé et s'était évaporé tout à coup.
Regulus avait une impression horrible et ce sentiment, il ne l'avait ressenti qu'une seule fois. Lorsqu'il avait accepté le marché de Rosier…
Que s'était-il exactement passé au Square Grimmaurd ? Pourquoi ses parents avaient-ils engagé un homme si étrange ? Si avant, Regulus avait été trop jeune pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas, aujourd'hui, en repensant à tous ses souvenirs, il ne faisait aucun doute pour lui que jamais Sirius et lui n'auraient dû se trouver en présence d'un tel individu.
Avait-il fait du mal à son grand frère ?
Les cris de Sirius, sa colère et ses emportements, ses regards noirs, sa tristesse avaient-ils été sa manière de demander de l'aide ? Sa distance avec lui, ses décisions injustes, cela avait été sûrement sa façon à lui de le protéger. Une larme échappa au brun. Son cœur lui faisait mal et il étouffait. Dans le brouillard de ses larmes, il vit que James tentait de le secouer.
Regulus s'arrêta pour tenter de reprendre ses esprits, éloigner ce sentiment horrible qui grandissait en lui et lui donnait envie de crier, de pleurer comme un enfant et de tout ravager. Il s'était immobilisé au beau milieu du trottoir, se donnant en spectacle à tous ces moldus qui devaient le regarder bizarrement.
Tout ça était trop pour lui. Regulus avait l'impression de ne plus rien contrôler. Pourquoi était-il venu ? Il avait pensé aider Sirius mais il n'avait pas pris en compte que, peut-être, ce qu'il allait découvrir allait chambouler sa vie à lui aussi. Si, il aurait dû s'en douter. Il avait même cru y être préparé, mais on n'était jamais prêt à faire face à ce genre de révélations. Soudain, dans le tumulte de ses pensées, Regulus sentit James s'approcher de lui et le Gryffondor tenta de le prendre dans ses bras mais son toucher lui fit mal. Sa présence le brûla et il repensa à ses secrets. James avait-il toujours su ?
Avait-il menti ce matin en disant qu'il n'était pas sûr de ce qui avait pu causer l'état de Sirius ? Savait-il ce qu'il s'était passé et s'était-il tû pendant tout ce temps ? Si Sirius n'avait pas fait cette rencontre qui lui avait sans aucun doute rappelé d'horribles souvenirs, James lui aurait-il dit la vérité ? Comment avait-il pu lui cacher ça aussi longtemps ? Regulus ne se sentait pas bien. Il avait envie de s'éloigner de lui.
Il ne pensait pas pouvoir lui pardonner…
Regulus recula et secoua la tête comme pour demander au Gryffondor de ne pas s'approcher plus. Le 6ème année croisa le regard du lion et vit le désespoir chez son petit ami.
-Ne fais pas ça, l'implora le Préfet.
Regulus fronça les sourcils, se demandant de quoi parlait James. Qu'avait-il peur qu'il fasse ? James s'approcha encore plus de lui, ne lui laissant pas le temps de le fuir et l'emprisonna dans ses bras.
-Regulus, je t'en prie… ne pars pas !
Ah… Il s'agissait donc de ça. Sans doute qu'inconsciemment, c'est ce que Regulus avait souhaité faire.
Le 6ème année pouvait comprendre sa douleur, lui-même l'avait ressentie lorsque Remus était venu les voir pour leur dire ce qui était arrivé à Sirius. James ne voulait pas revivre ça. Il désirait que son petit-ami lui parle, qu'il se confie, mais c'était au-dessus de ses forces. Il étouffait.
On avait toujours dit au Serpentard que Sirius et lui se ressemblaient, qu'ils étaient pareils même si Sirius avait un truc en plus. Il ne pouvait pas les détromper.
Regulus parvint avec difficulté à se libérer des bras de l'attrapeur et courut dans les rues de la ville. Et alors même qu'il n'en avait pas les pleines capacités, que c'était interdit pour plusieurs raisons en plus d'être dangereux, il le fit quand même.
Il transplana, disparaissant sous les yeux de James.
Je me demande ce que cette fin de chapitre vous inspire. Plus qu'un chapitre avant la fin de la deuxième partie de cette histoire.
