Nsperis profite de ses vacances pour reprendre un peu de temps et continuer le monde de Disney! Lirae est aussi toujours sur le projet, mais à cause de son travail, ne s'occupe plus que de la relecture pour le moment. On s'excuse donc des retards et des gros "trous" de publication mais... on a toujours la flamme sacrée!
Donc petite récapitulation: La Team Riku se retrouve sous les décombres d'une ancienne mine située sous le château Disney et la Team Ventus cherche à explorer le vieux manoir de la Cité du Crépuscule...
Un désagréable son strident fut la première chose que les oreilles de Sora furent en mesure d'entendre. Il dut attendre plusieurs secondes avant que ses paupières cessent leur mutinerie et acceptent de s'ouvrir, hublots vitreux donnant sur la noirceur brumeuse de son environnement. Il cligna plusieurs fois des cils avant d'essayer, par réflexe, de hisser son buste sur ses épaules tremblantes. A force de gémissements et de quintes de toux bruyantes, le jeune homme parvint à se remettre sur ses jambes tout en cognant le haut de son crâne contre le plafond, devenu étrangement plus bas… Il chercha ses amis du regard mais ne rencontra que la roche dure et froide tout autour de lui. Alarmé, l'Élu de la Keyblade se jeta sur le premier mur de pierre grisâtre pour tenter de discerner, avec ses doigts, ce que ses yeux ne pouvaient voir: une sortie.
"ça ne sert à rien j'ai déjà regardé, fit une voix fatiguée dans son dos. On est pris au piège. La galerie s'est effondrée sur elle-même."
Sora fit volte-face pour noter l'apparence peu reluisante de l'armure du futur chef de la garde, dont l'aspect cabossé rappelait l'état d'une tôle de métal martelée par des grêlons de la taille d'un poing.
"Et les autres?!" s'exclama Sora, tout en haletant difficilement.
"On a été séparés par l'éboulement, expliqua Max. Aucun signe d'eux. Par contre…"
Le lieutenant fit un pas de côté, dévoilant un minuscule corps blanc couché au sol, vêtu d'une petite robe qui avait dû être d'un rose vif. Sora se jeta directement à terre et, après en avoir déduit qu'il s'agissait d'un des "enfants" tombés par la fissure en voyant son bec orangé levé vers lui, il s'empressa de lui procurer un sort de Soin X à l'aide de ses paumes de mains. La petite fille respirait lentement, mais était bien vivante et ne semblait pas avoir de membres brisés.
"Il faut qu'on la sorte de là!" décida Sora en levant le menton vers Max, qui était resté debout à l'observer effectuer sa magie d'un œil à la fois rassuré et réprobateur.
"Non sans blague? se moqua sans retenue le fils de Dingo. Et tu penses que j'ai pas déjà essayé de trouver une sortie? Je te l'ai dit avant: on est pris au piège."
"Mais qu'est-ce qui s'est passé à la fin?!" l'invectiva Sora, qui commençait à perdre patience face au cynisme déplacé du canidé.
Sentant sa gorge soudain brûlante et sèche, le jeune homme aux cheveux bruns plaça son avant-bras devant sa bouche pour tenter d'atténuer une brusque expectoration.
"Sûrement un coup de grisou", affirma Max en levant ses yeux vers le haut de la caverne.
"Un coup de Gripsou, l'ennemi juré de Picsou?!" s'étonna Sora, sans voix face à la fourberie du vieux canard.
"Un coup de GRISOU! aboya le jeune garde, sans doute irrité par son manque de connaissances. Ça arrivait souvent dans les vieilles mines, lorsque du gaz s'était échappé d'une poche murale et s'était répandu dans une galerie. Une petite flamme et tout explose."
"Alors c'est du gaz… résuma Sora en regardant l'intérieur de son gant. Ce qui nous fait tousser et ce qui a mis la petite dans cet état…"
"Zaza", la nomma Max.
Sora essayait de l'ignorer, mais il sentait bien au regard débordant de rancune du jeune chien que son animosité à son égard était sans doute parvenue à son paroxysme. Pour essayer de détendre l'atmosphère (littéralement explosive), le jeune habitant des Îles du Destin lâcha, en matérialisant Tendre Promesse dans sa main directrice:
"Bon. On est coincés mais on va pas le rester longtemps!"
Il allait se diriger vers l'éboulement le plus proche lorsque Max s'interposa entre la pierre et lui en s'écriant:
"T'es complètement stupide ou quoi?! Je t'ai dit que la moindre petite étincelle peut provoquer une explosion!"
"Je vais pas réutiliser mon sort de feu! s'impatienta franchement Sora. Je vais juste essayer de dégager le passage!"
"Mais bien sûr quelle bonne idée! se gaussa Max en jetant un bras de côté. Et faire en sorte qu'on soit écrasé par des tonnes de roches avant de mourir d'asphyxie?"
Max dut s'arrêter sur sa lancée pour toussoter avant de prendre une grande inspiration. Il avança alors son museau noir vers le visage de Sora pour lui souffler, avec condescendance:
"C'est toujours ce qu'il y a d'insupportable avec les héros: ils se pensent tellement invincibles qu'ils croient qu'un gros coup de leur arme magique résoudra tous leurs problèmes… Comme quoi, pas besoin d'un cerveau pour être célèbre."
Sora ouvrit de grands yeux à la fois estomaqués par la soudaineté des ces insultes et à la fois outrés par leur gratuité. L'Élu dut prendre sur lui pour ne pas aller fourrer son poing dans la truffe du lieutenant, néanmoins il ne put retenir ses dents de grincer lorsqu'il enfonça son nez en trompette dans la truffe de son opposant:
"Alors dis-moi, petit génie, comment sortir de là sans ma magie?"
Max fronça ses sourcils sous son casque, prêt à sortir une nouvelle réplique cinglante, mais visiblement, la source de son inspiration colérique semblait s'être tarie.
"Ton cerveau a pas l'air plus performant que le mien on dirait…" commenta ironiquement Sora en se reculant tout en croisant les bras, satisfait de sa pique.
"La ferme! rugit Max, dont le poil commençait à se hérisser. Ne me prends pas de haut!"
"Pourquoi? s'irrita franchement Sora, après avoir toussé. Toi tu ne te gênes pas depuis que tu m'as rencontré! De quel droit tu pourrais me faire subir ça?"
"Parce que je ne vois pas pourquoi je te vénérerai comme les autres! hurla le jeune chien en le poussant soudain en arrière de ses deux mains gantées. Tout le monde dit que tu as sauvé le monde deux fois, mais je sais que tu n'étais pas seul pour le faire! Ce n'est pas parce qu'une clé divine t'a choisi que ça fait de toi quelqu'un de meilleur que nous!"
"Mais j'ai jamais dit une chose pareille! s'énerva franchement Sora en poussant le plastron de Max à son tour. Et personne ne me vénère, au contraire! A chaque faute que je fais, tous mes soi-disant "maîtres" me le reprochent et attendent de moi la perfection! Mais j'ai pas la moindre idée de ce que fais la plupart du temps. Sans compter que mes proches sont toujours en danger par ma faute parce que les problèmes s'enchaînent sans arrêt! Tu voudrais ma vie, peut-être?!"
Max serra ses poings de colère avant de lâcher, avec dégoût:
"C'est peut-être juste toi le danger public… En un sens tu as raison: tu as failli tous nous faire tuer et si ça se trouve, on n'arrivera pas à sauver les enfants à cause de toi."
"Je suis désolé d'accord?! gémit presque Sora en abaissant ses sourcils de culpabilité après un regard navré en direction de Zaza. Je suis aussi inquiet pour mes amis que pour les enfants! Et comment je pouvais savoir qu'il y avait du gaz ici?! Tu es tout autant coupable que moi: tu aurais dû nous prévenir, si tu le savais!"
A nouveau à court d'arguments, Max dévisagea le jeune homme en expectorant bruyamment l'air de ses narines. Sora savait l'origine de sa réelle rancune envers lui et décida de crever l'abcès en arrivant, directement et incisivement, sur le sujet sous-entendu entre eux depuis leur rencontre:
"Je suis aussi désolé pour Dingo… Mais tu ne peux pas me rendre responsable du départ de ton père."
Peut-être avait-il été trop cru dans sa formulation. Toujours est-il que le jeune chien se jeta sur lui, toutes griffes dehors, ce qui eut pour effet de faire chuter les deux jeunes hommes à terre. Roulant dans la poussière, les deux garçons (qui avaient à peu de chose près le même âge) commencèrent à se battre, sans réelle violence mais avec une agressivité à peine contenue depuis le début de leur échange. Sora, qui encaissa la plupart des premiers coups (car comprenant le ressentiment du fils de Dingo à son égard) finit tout de même par se défendre de manière plutôt musclée pour se dégager de son étreinte. D'un geste martial habitué à la feinte, l'Élu de la Keyblade effectua une roulade sur le côté et, à bout de souffle, se laissa retomber au sol, exténué et cherchant un air qui devenait de plus en plus rare. Il associa sa suffocation au manque grandissant d'oxygène dans leur cavité rocheuse et, entendant son assaillant tousser et s'étrangler un peu plus loin, cloué au sol également, il décida de mettre un terme à ce duel ridicule. Sora se remit donc laborieusement sur ses jambes et dévisagea Max toujours à terre, d'un oeil à la fois peiné et irrité, avant de lui transmettre le fond sincère de sa pensée:
"Je suis déçu en réalité: la reine Minnie m'a loué tes qualités, mais j'ai de la peine à voir en toi la loyauté, la gentillesse et la compassion de Dingo."
Max fronçait déjà ses traits juvéniles de colère, prêt à se défendre, quand Sora enchaîna, sans lui laisser de répit:
"Mais je ne peux pas t'en vouloir, parce que je ne ne connais que trop bien ce que tu ressens: ton cœur est rongé par la rancune envers ton père. Je le sais, parce que j'ai moi aussi eu cette colère envers le mien durant des années et je me demandais sans cesse: pourquoi a-t-il fallu qu'il joue les héros? Ma mère et moi ne comptions donc pas? Étions-nous moins importants que son devoir pour qu'il nous abandonne?"
Sans doute pris de court par les aveux sur son passé familial, ou la similitude de leur expérience de vie, le visage de Max s'adoucit subitement. Il haletait toujours rapidement, mais le regardait à présent avec une certaine curiosité encore inexistante quelques minutes auparavant.
"Tout ça… reprit Sora en adoucissant le ton, tout en posant une main sur son pectoral gauche. Tous les reproches que je lui ai fait pendant des années, ont perdu toute leur raison d'être quand j'ai fini par réaliser qu'il était mort. J'ai compris que non seulement je n'avais jamais vraiment pu lui dire ce que j'avais sur le cœur, mais qu'en plus je ne pourrai plus jamais le serrer contre moi… Et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais été complètement stupide, et j'ai amèrement regretté tout le mal que j'avais pensé de lui…"
Il y eut un lourd silence entre les deux jeunes hommes, à peine sortis de l'adolescence. Par compassion ou par malaise, Max baissa ses yeux noirs vers le sol poussiéreux de leur prison de pierres, avant de lâcher, dans un souffle de regrets:
"Je… je suis désolé. Je ne savais pas que ton père était…"
Le mot sombra au fond de sa gorge et n'en sortit jamais, comme si le fils de Dingo refusait de prononcer une malédiction qui pourrait modifier les courbes du chemin de sa destinée, effrayé par la troublante analogie de leurs existences.
"Ecoute… soupira Sora en marchant vers le jeune lieutenant, toujours à demi-agenouillé dans la pénombre. J'ai pas envie de te regarder de haut et j'ai encore moins envie de te faire la morale. Tout ce que je voulais essayer de t'expliquer, c'est que tu peux de te réconcilier avec ton père, qui est quelqu'un de génial, là où moi je n'ai pas eu cette chance… C'est maintenant à toi de faire le bon choix: soit tu peux encore laisser ta haine obscurcir un peu plus la lumière de ton cœur et alors on peut continuer à se taper dessus jusqu'à ce qu'on meurt d'asphyxie…"
Joignant le geste à la parole, Sora se pencha soudain vers le fils de Dingo et lui tendit une main empathique. Il termina, avec une étincelle de gravité dans la voix qui lui était peu commune:
"…soit tu laisses tomber une partie du fardeau qui alourdit inutilement ton cœur et tu prends ma main pour qu'ensemble, on trouve un moyen de sortir d'ici et de sauver cette petite fille."
Après avoir sondé les yeux bleus océan de Sora durant plusieurs minutes, Max finit par lâcher un profond soupir qui accompagna le retrait de son casque de garde royal, abandonnant symboliquement par ce geste sa carapace. L'Élu de la Keyblade put alors pleinement dévisager le fils de Dingo dont le poil sombre et la forme de la mâchoire ne pouvaient que lui rappeler ceux de son père… Enfin, pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Sora vit apparaître un timide sourire aux coins de ses babines couleur chair alors qu'il tendait lentement un bras en sa direction, acceptant la seconde offre du Porteur.
"Tu es plutôt doué pour toucher le sens moral des gens je l'admets… lâcha le jeune canidé tandis que Sora l'aidait à se remettre sur ses jambes. Tu ne dois pas avoir volé ton titre d'élu en fin de compte…"
"J'ai aucun titre en vrai, admit le meilleur ami de Riku en haussant les épaules, plaisantant. Pas même celui de Maître. Tu en as certainement plus que moi!"
La truffe de Max relâcha un souffle amusé avant de se tourner vers Zaza, dormant paisiblement derrière eux. D'un geste sec, il arracha un pan de son pantalon en lin et l'enroula sous la nuque du caneton, créant ainsi un coussin de fortune. Puis il rejoignit à nouveau l'Élu devant le bloc de pierres qui leur barrait le passage et demanda:
"Bon… On s'y met? J'ai pas envie de faire de vieux os ici…"
"Au moins on est d'accord sur un point…" déclara Sora en attrapant la première pierre devant lui à l'aide de ses deux grandes mains.
…
Ventus agrippa un gros morceau de molasse et tira la masse sombre vers lui, de la force de ses deux bras. Derrière lui, Lea réceptionna la pierre dans un juron, visiblement plus lourde que ce qu'il avait imaginé, et la jeta le plus loin dans le hall d'entrée. Le grand rouquin mit ses mains sur ses hanches, son buste se levant et s'abaissant bruyamment alors qu'il haletait:
"Pourquoi on fait ça rappelle-moi?"
Ventus dut également faire un pas en dehors des gravats pour reprendre son souffle et s'éponger le front. Le jeune homme blond leva deux yeux bleu roi vers la partie effondrée du vieux manoir, dans lequel ils avaient pénétré illégalement quelques heures auparavant. L'un des deux impressionnants escaliers en bois de chêne et en briques (qui menait jadis à la chambre de Naminé) s'était complètement écroulé sur lui-même, sans doute à cause de l'usure du temps. Kairi était partie explorer la bibliothèque en haut du second escalier et ses compagnons masculins avaient commencé à dégager l'accès au jardin intérieur.
"Pence a parlé de vieilles statues, rappela Ven en reprenant son labeur. Et je suis sûr qu'il y en avait plein dans le jardin…"
"Pourquoi on n'utilise pas nos keyblades pour dégager tout ce bordel? s'enquit Lea en agrippant le socle, derrière Ven, sur lequel reposait une statuette de cheval ailé blanc muni d'une corne. Et qui te dit que Pence ne parlait pas tout simplement de tous ces trucs décoratifs?"
Tout en parlant, Lea s'encoubla sur un débris de bois obstruant le passage et failli lâcher ladite décoration. Fort heureusement, l'ancien élève d'Eraqus eut le réflexe de se retourner et d'attraper la précieuse sculpture, en plaisantant:
"Pour le jardin, je suis sûr et certain de ne jamais avoir eu le temps de l'explorer quand j'étais le Simili de Sora, et aucune statue du reste du manoir ne m'a parue spéciale. Alors qu'il y en avait plusieurs là-derrière...de bizarre. Quant à nos keyblades, on ne les utilise pas pour ne pas tout casser… C'est bon, c'est retenu?"
Lea reprit la statuette équestre entre ses longs bras tout en observant son interlocuteur d'une prunelle émeraude en lâchant, cyniquement:
"Tu sais que je n'aime pas quand tu me voles mes répliques…"
"Les garçons! J'ai peut-être trouvé un livre intéressant!"
Les deux anciens Similis levèrent conjointement la tête vers Kairi, qui redescendait de la bibliothèque avec un gros ouvrage dans les bras. Une fois parvenue à leur niveau, la jeune Princesse de Coeur continua:
"C'est une sorte de registre des bâtiments de la ville. Et oui, le manoir est bien le plus ancien. Il a plusieurs siècles!"
"Tu as trouvé des livres en scaelien? demanda Ven, qui n'était pas encore satisfait de leurs trouvailles. Ou des statues étranges?"
"Tous les livres étaient en langue commune… confirma Kairi, en mettant un doigt réflexif sur sa joue. Pour les statues… La tête de licorne qui regarde le sol ouvert sur le laboratoire secret d' Ansem, ça compte?"
"Je ne pense pas qu'on cherche au bon endroit…" déclara Ventus en retroussant sa manche de kimono tâché de poussière grise tout en tirant sur un nouveau bloc de roches.
"Mais une chose est sûre, ajouta Lea en lançant un clin d'œil amusé à sa petite-amie. Le type qui a construit cette baraque aimait vraiment beaucoup les licornes…"
Kairi pouffa discrètement, avant de rejoindre ses amis dans leur travail de déblayage. A trois, fort heureusement, ils parvinrent rapidement à se frayer un accès aux baies vitrées de la terrasse d'hiver. L'un des verres avait éclaté et répandu ses éclats un peu partout au sol, laissant entrer le froid mais également la douce lueur orangée symptomatique de la Cité du Crépuscule. Les trois Porteurs de Keyblade pénétrèrent enfin dans une sorte de cloître tout en faisant crisser les briques de verre sous la semelle de leurs bottes et chaussures. Comme dans son vague souvenir, Ven aperçut des formes en pierres, humaines et animales, décorer la pelouse sauvage. Il manquait des membres à certaines, brisés et abandonnés dans la boue, alors que d'autres avaient simplement été envahies par du lierre. Comme leurs tailles et leur état laissait suggéré qu'elles ne dataient pas toutes de la même époque, Ventus proposa:
"Cherchons les plus anciennes. Maître Yen Sid doit bien avoir une raison de nous avoir fait venir ici…"
"Ouais ben il aurait pu nous épargner le voyage et nous dire ce qu'il sait aussi… se plaignit Lea en s'arrêtant devant une très vieille fontaine décorée d'une nouvelle statue de cheval avec une corne en spirale sur le front. Tiens, encore une licorne… comme c'est original."
"Je pense que Maître Yen Sid n'a pas le droit de nous dire quelque chose… supposa soudain Kairi en tirant sur une tige de plante pour libérer le visage de la statue devant laquelle elle se trouvait. Oh! Cet homme a aussi une tête de cheval! Ah moins que…ce soit un masque?"
La Princesse de Coeur aurait envoyé sa chaussure dans la nuque de Ventus que cela aurait produit sur lui la même réaction: il sursauta et courut à elle pour dévisager, avec stupéfaction (et un léger mal de crâne coutumier) une représentation exacte d'un homme qu'il avait connu, dans un lointain passé.
"Tu connais Tronche de Poney?" lâcha irrespectueusement Lea avant de se prendre un coup de coude dans les côtes de la part de Kairi.
"Pas personnellement mais oui… admit Ventus. Il s'agit de Ira, l'un des leaders des Unions. Un des Cinq Prophètes… Il dirigeait l'union de Unicornis, dont le blason était représenté par…"
"Laisse-moi deviner: une licorne! le coupa Lea. Alors ce Prophète aurait vécu ici?"
"Ou peut-être l'un de ses descendants…" tenta Kairi.
Mus par une nouvelle énergie et une curiosité avide, les trois amis reprirent leur investigation de l'espace vert. Ils finirent tous trois par se rejoindre devant le long corps d'une statue féminine tombée à même le sol. Debout, l'idole avait dû être la plus grande sculpture du parc intérieur! Sa tête, détachée du corps, était introuvable. Cependant, et ce malgré l'usure de la pierre due aux intempéries et à la morsure des ans, le détail de son drapé était encore reconnaissable: elle devait avoir un sceptre dans la main et des formes de rouages étaient encore visibles là où auraient dû se trouver sa robe ou sa jupe. Rouages, que Ventus avait déjà aperçus…
"C'est la femme que j'ai vue au-dessus de Hayate! s'exclama le blondinet en s'agenouillant pour suivre de ses doigts les courbes de la roche taillée. J'en suis sûr!"
"Il y a peut-être une inscription quelque part …" dit Kairi en s'accroupissant à son tour.
"Je vais voir si je trouve la tête… déclara Lea avant de frissonner et d'admettre: c'est un peu glauque dit comme ça…"
Le rouquin disparaissait sous les arcades en quête de la pièce d'identification manquante quand Kairi tira sur l'unique manche de Ven:
"Là, il y a quelque chose d'écrit…. En langue ancienne."
Le jeune homme n'eut aucune peine à reconnaître les arabesques typiques du scaelien accrochées dans la pierre. Il s'empressa de les traduire, bien que la plupart des lettres en bronze étaient tombées de la plaque de marbre qui composait le socle de l'idole, demeurant sans doute à jamais perdues:
"L- - - - - Dées- - - - Cr- - - - - - - -"
Ventus et Kairi tournèrent leurs visages l'un vers l'autre, incrédules. Étaient-ils bien devant la statue d'une "divinité", comme le suggérait le second mot à peine visible? Ils n'eurent pas le temps de faire la moindre supposition concernant les lettres manquantes cependant, car Lea revint en trombe dans le cloître en les appelant:
"Hé! Vous devriez venir voir ce que j'ai trouvé…"
L'ancien Simili et la meilleure amie d'enfance de Sora suivirent le grand rouquin dans la demeure en ruines, jusqu'à un escalier qui semblait mener à des catacombes. Lorsque ses yeux se furent habitués à l'obscurité, Ventus lâcha un soupir admiratif en découvrant, non pas une tombe, mais ce qui ressemblait à une gigantesque porte de granit. Scellée.
D'un geste impatient du poignet, Lea fit apparaître Incandescence dans une rafale de flammes pour en pointer la lame orangée en direction d'une serrure à peine visible… Sans aucun doute façonnée par un Porteur de Keyblade. Après un rapide signe assertif de la part de Ventus et Kairi, Lea déverrouilla la cloison, qui glissa presque sans un bruit sur le côté malgré sa masse, preuve que le dispositif était bel et bien magique. Les ténèbres ne leur permettant pas de voir plus loin que le bout de leur nez, Kairi leva sa main droite devant elle et prit la tête du groupe. La bague que lui avait offert la Reine Minnie se mit alors à luire d'une douce lueur blanche qui éclaira la pièce cachée devant eux: loin du mausolée attendu, il s'agissait d'une simple petite pièce grise et encombrée de toiles d'araignées. De vieux candélabres étaient tombées à terre, de même que la chaise au dossier de velours bleu qui était assortie au grand bureau collé contre le mur du fond, tous deux rongé par la moisissure et l'humidité du sous-bassement. Et là, sur la table, comme attendant d'être lu, se trouvait un très vieux livre relié de cuir…
"C'est un…?" hésita Lea, en déglutissant de travers.
"Non il n'a pas la fourre d'un Livre des Prophéties", décréta Ventus en ouvrant délicatement le manuscrit pour en feuilleter les pages jaunâtres qui sentaient le vieux papier.
"De quoi ça parle?" demanda Kairi, intriguée, en se penchant par-dessus le bras du jeune homme, vite imitée de l'autre côté par Lea.
Ventus prit quelque temps pour traduire une ou deux pages, les parcourant rapidement de ses yeux bleus qui allaient et venaient de droite et de gauche.
"On dirait une sorte de journal… résuma-t-il. La personne qui l'a écrit détaille sa vie ici, comme les modifications apportées au manoir, ou encore sa journée dans la Cité…"
"Et si tu lisais le tout début? suggéra Kairi en inclinant sa petite main pour lui permettre de mieux voir grâce à la magie de son anneau. Il y a peut-être des informations sur l'auteur?"
S'exécutant, Ventus empoigna le lourd ouvrage à bout de bras pour le retourner et recommencer sa traduction des premières pages. Malheureusement, la pourriture avait eu raison de la page de garde, sur laquelle seules quelques lettres étaient encore visibles. Il devait s'agit du titre et du nom de son auteur, à jamais anonyme. La seconde page avait, par contre, miraculeusement survécu dans les grandes lignes. A peine les premières phrases de l'incipit comprises, le cœur de Ventus commença à palpiter dans sa poitrine, la sensation de toucher au but s'emparant de son moral et ravivant sa curiosité.
"Aloooors?! s'irrita Lea. Tu vas nous faire poireauter encore longtemps?! Qu'est-ce que ça dit?"
Ventus dut déglutir et s'éclaircir la gorge à cause de l'émotion avant de pouvoir transcrire à voix haute. Puis il lut, tout en laissant des ellipses là où le texte était devenu illisible parce que l'encre s'était effacé ou parce que les pages avaient été rongées par la moisissure:
"...la guerre qui… Comme l'avait demandé Maître Ava nous sommes… Je crois être le seul survivant de l'union de Unicornis… J'ai choisi cet éclat de monde car il me semble qu'il se trouve physiquement encore très proche de la lumière de… ne sais pourquoi les connexions ont été rompues. Les autres Dandelions parlaient d'un jugement des dieux, mais moi je crois qu'Elle nous a abandonnés car… Lumière brisée comme les mondes? ...et la Ville de l'Aube a sombré. La disparition de sa Gardienne archétypale ne peut pas être qu'une simple coïncidence… Mission… reconstruire ici, ou du moins garder en mémoire… ai retrouvé un peu d'espoir en la lumière de Lumen, dont je parviens encore à sentir la présence dans mon cœur. Et si nous sommes bien parvenus au Crépuscule de notre Histoire, alors je vivrai dans la ville qui porte Son Nom…"
Ventus arrêta sa lecture à ce point et condensa rapidement la suite du texte:
"Après je crois qu'il ne fait que d'expliquer ses stratégies pour que les habitants de la ville ne comprennent pas qu'il était un Porteur de Keyblade, et tout l'équipement de guerrier qu'il a vendu pour faire construire ce manoir…"
"Il parle… tenta Lea mal à l'aise. de la femme décapitée du jardin?"
"Peut-être bien… accepta Kairi tout en fronçant ses sourcils auburn. Mais à cause des trous dans le texte, je n'ai pas bien compris s'il parlait d'une ou de plusieurs personnes …"
"Il y a peut-être d'autres passages possibles à décrypter dans le reste du livre, espéra Ventus en fourrant l'ouvrage historique dans un pli interne de son kimono. En tout cas j'ai de plus en plus l'impression que…"
Le jeune homme blond tourna son visage vers le haut des escaliers du souterrain, par lequel on pouvait entrevoir un rayon de soleil couchant qui embrasait le cadre de la porte secrète.
"... ça n'a jamais été un hasard si nos chemins nous ont déjà menés à la Cité du Crépuscule de par le passé…"
Nsperis s'est rendu compte, en écrivant le mot plusieurs fois, que rancoeur contient le terme coeur... Le français est si symbolique parfois.
Quant aux vestiges du passé... Que Lumen éclaire vos esprits et vous guide sur le chemin de l'illumination...
