Conséquences non appréciées

Harry soupira de soulagement quand il revint au manoir Potter. Il salua Pétunia qui avait son bureau dans le manoir puis repartit pour Poudlard. Il descendit au centre des transports de Pré-au-Lard et décida de marcher jusqu'au château.

Bellatrix Lestrange avait réussi à s'enfuir du QG des mangemorts lors de l'arrestation de Voldemort et il avait fallu un mois et demi aux aurors internationaux pour la retrouver. Durant la traque, elle avait tué trois aurors et blessé gravement cinq autres, ce qui avait poussé le CIM à conduire son procès dans les plus brefs délais. Dumbledore n'avait donc pas pu s'opposer à la convocation et avait laissé son élève assister au procès de la meurtrière de son parrain.

Harry n'avait pas été surpris que le CIM ait fait passer des examens médicaux à Bellatrix pour confirmer qu'elle était bien une psychopathe. En tant que lord Black – puisqu'à sa plus grande surprise, le père de Rodolphus et de Rabastan, sur son lit de mort, n'avait pas intégré sa belle-fille dans le clan Lestrange, même si elle en portait désormais le nom – il avait eu accès aux résultats et il avait découvert que tout comme lui, elle avait été ensorcelée et pire, l'un des rituels l'avait rendu stérile contre son gré et pas de la plus douce des manières. Pas étonnant qu'elle soit devenue folle …

Le brun avait assisté sans un mot au procès, où la question de l'irresponsabilité de Bellatrix à cause de son instabilité mentale était légitime. Finalement, avec l'accord de son chef de clan – Harry, donc – le CIM l'avait soumise au jugement de Magia qui la fit mourir dans son sommeil, une clémence qui avait étonné tout le monde.

Même si la mort de Bellatrix l'avait soulagé de la mort de Sirius, le jeune lord ne s'était pas rendu au CIM que pour cela. En effet, quand Pétunia a demandé la purification d'Harry un an plus tôt, les elfes de maison du clan Potter avaient découvert la présence d'un horcruxe dans l'adolescent. Ils avaient ensuite mis plusieurs mois pour réunir l'âme morcelée et dès l'arrestation de Voldemort, ils avaient transmis les horcruxes au conseil pour qu'il puisse juger objectivement de tous ses crimes.

Le conseil l'avait également convoqué pour vérifier qu'il n'y avait plus aucune trace d'horcruxe dans son organisme, entre autres. N'ayant guère confiance dans les sorciers, Harry avait exigé que l'un de ses elfes de maison surveille la procédure du début jusqu'à la fin et qu'il puisse intervenir si on faisait autre chose que ce qui était prévu. Considérant son importance, le conseil avait dû s'incliner.

Sa visite au CIM n'avait donc pas été une partie de plaisir et sa journée allait continuer sur le même mouvement. A cause des manipulations magiques dont il avait été victime, la stabilisation définitive de sa dynamique prenait du temps et dix-huit mois après sa révélation, il avait toujours des chaleurs irrégulières, ce qui voulait dire qu'il quittait le château tous les deux mois environ pour trois jours. Dumbledore avait cessé de le punir pour ces absences après que Filius Flitwick et Pomona Sprout aient découvert la raison principale de ces séries de retenues et qu'ils l'aient menacé de saisir à leur tour le CIM pour discrimination abusive.

Mais ce n'était pas la seule raison pour laquelle Harry se prit un regard noir de la part du directeur en rejoignant ses amis. Outre ses chaleurs qu'il passait hors de l'école pour éviter les réactions malvenues de ses camarades, Harry ne se cachait pas traiter des affaires Potter comme Black au sein de l'école quand il avait fini ses devoirs et il demandait souvent l'avis de certaines personnes … sauf d'Albus Dumbledore. Comme il l'avait sous-entendu à la rentrée, il ne voulait plus que le vieux sorcier fourre son nez dans ses affaires, même en tant que consultant, et ne comptait pas revenir dessus.

Et cela enrageait le directeur, au plus grand plaisir du plus jeune. Un juste retour des choses par rapport à ses manipulations qui aurait pu lui coûter la vie …

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Albus Dumbledore serra rageusement la lettre qu'il venait de recevoir.

Il avait été viré ! Viré ! Lui, le grand Albus Dumbledore, après tout ce qu'il avait fait ?!

Excédé, il jeta le premier objet qui lui tomba sous la main contre le mur et le brisa net.

Cela allait dans la continuité des ennuis qui lui tombaient dessus depuis l'été dernier. Après avoir tenté de provoquer une rencontre avec Harry Potter, Gringotts lui avait envoyé un courrier quelques jours plus tard pour avoir quelques précisions sur des retraits effectués dans les coffres du clan Potter et du clan Black, les plus anciens datant de quinze ans auparavant. Malheureusement, il ne pouvait pas car il avait utilisé la majorité de cet argent et des artefacts pour conforter sa place de leader du monde sorcier après la disparition de Voldemort ou encore pour payer toutes les personnes nécessaires pour qu'on ne mette pas son nez dans le dossier du Survivant, sans oublier les dernières années pour subvenir aux besoins de l'Ordre du Phénix … qui n'avait finalement pas servi à grand-chose. Il se doutait que ces questions avaient à voir avec la reprise des titres d'Harry et où la banque fournissait un audit des biens qu'il allait récupérer. Le brun n'était pas le premier orphelin sang pur dont il était devenu le tuteur magique et à chaque fois, il s'était arrangé pour assister à la passation de pouvoir pour se faire désigner conseiller et passer sous silence ses petits … écarts. Mais il avait joué de malchance avec la succession Potter et Black et maintenant, il devait fournir des explications.

Après le pan financier, Albus n'aurait jamais cru qu'Harry Potter aurait fièrement revendiqué sa dynamique. Même s'il avait tout fait pour les décrédibiliser en Grande Bretagne, il n'aurait jamais pensé que ça avait une telle importance pour les sangs purs, à un tel point que ceux dans les rangs de Voldemort auraient fait volte-face pour se débarrasser de ce leader devenu encombrant pour la préservation de la Magie. Cette vague de remise en question avait même mis sur la sellette son espion, qui avait dû se présenter au CIM pendant les fêtes de fin d'année. D'ailleurs …

Albus serra les dents. En vertu des principes de neutralité, le manitou de Grande Bretagne avait été écarté de la procédure. Son avis n'avait clairement pas été réclamé à aucun moment et quand il posait des questions, les gens ne lui répondaient pas, gênés. Il avait découvert le fin mot de l'histoire quand, au début de l'année, il avait été remercié pour tous les services rendus au CIM et remplacé par Gladys Rowle, la sœur aînée du chef du parti traditionnaliste et diplomate appréciée par tous les partis.

La mort de Voldemort avait apporté d'autres mauvaises nouvelles. Avec la disparition du maître de leurs parents, les enfants de mangemorts étaient beaucoup moins tendus. Même s'il excitait les enfants de ses fidèles et les poussait à les attaquer, la bande de Potter s'interposait automatiquement et allait même jusqu'à donner une bonne raclée aux belligérants. S'il avait convaincu Minerva qu'Harry et ses amis avaient été bernés par les Serpentards, les autres directeurs de maison n'avaient rien voulu entendre.

La lettre qu'Albus venait de recevoir était un autre coup dur dans ses plans soigneusement préparés pour le plus grand Bien. En effet, quelqu'un avait signalé à plusieurs membres du Magenmagot que le poste de président du Magenmagot ne pouvait être détenu pendant plus de deux mandats, qu'ils soient successifs ou non. Or, il était président depuis plus de quarante ans et avec l'abandon du CIM et du Survivant, sans oublier son inutilité pour arrêter Voldemort, le gouvernement sorcier était beaucoup moins indulgent avec lui et l'avait renvoyé de son poste. Certes, il siégeait encore au Magenmagot mais en tant que détenteur d'un Ordre de Merlin uniquement, ce qui réduisait singulièrement ses prérogatives à deux choses : écouter les débats et voter. Même son expertise en tant que directeur de Poudlard ne pourrait pas être requis car il était en réalité sous la coupe du département de l'Enfance et de l'Education qu'il avait méthodiquement réduit au silence pour être la seule figure d'autorité dans ces deux domaines. Sa seule solution de récupérer de la voix serait de mettre de nouveau sur la touche le directeur du département et pour cela, il lui faudrait être encore plus subtile …