Fin août 1994
Dorea soupirait pour la énième fois, fatiguée de cette journée interminable.
Depuis la veille, son père recevait diplomate sur diplomate, la plupart ayant été présents lors de la finale de la Coupe du Monde de Quidditch.
Et dire qu'elle avait boudé Goderic durant tout l'été lorsqu'elle avait appris que finalement ils n'iraient pas… Tout compte fait, il valait mieux qu'ils soient restés à Highclere, vu ce qu'il s'était passé la nuit précédente.
Alors qu'elle triturait une page de son tout nouveau livre de sortilège, sa gouvernante, Anna, fit irruption dans le petit salon bleu, où elle se trouvait actuellement.
- Votre père vous demande, Miss, annonça-t-elle avec aménité.
Dorea souffla fortement, puis posa son livre sur le guéridon en chêne ciré à ses côtés. Que lui voulait-il encore ?
- Merci, Anna, je vais le rejoindre dans son bureau, dit-elle tout en se hissant du fauteuil brodé de soie rosé.
- Il vous attend dans le parc, aux abords de la forêt, lui indiqua la gouvernante avant de lui sourire timidement et repartir aussitôt de la pièce.
La jeune fille fronça des sourcils, ne comprenant pas pourquoi son père l'attendait dans le parc. Peut-être voulait-il faire une balade à cheval avant qu'elle ne reparte pour Beaubâtons le lundi suivant.
Quand elle arriva aux abords de la forêt qui bordait le domaine d'Highclere Castle, Dorea vit son père se tenir près d'une table à tréteaux, où était posé un genre de… Elle ne savait même pas ce qu'était cet objet à angle droit et noir.
- Qu'est-ce que c'est ? lui demanda-t-elle alors qu'elle parvînt à sa hauteur.
- Un Colt M1911.
- Un quoi ?! questionna Dorea ne comprenant pas un instant ce que son père avait annoncé.
- Un pistolet, une arme moldue, expliqua-t-il avec lassitude.
Dorea eut un mouvement de recul et fixa son père comme s'il était tombé sur la tête.
- Mais c'est quoi ce… ColtM… Je ne sais pas quoi ?
- Lorsque nous sommes allés au cinéma au début de l'été, voir ce film moldu où l'agent tirait sur tout ce qui bougeait…
- Et que les hommes tombaient littéralement comme des mouches autour de lui ? termina Dorea en haussant un sourcil. Oui, je m'en rappelle.
- Eh bien, c'est ça, fit-il en désignant d'un signe de tête l'arme qui était posée sur la table à tréteaux.
- Oui, et alors ? demanda Dorea ne comprenant toujours pas où voulait en venir le Lord.
- Je veux que tu apprennes à t'en servir, dit Goderic de but en blanc. Dumbledore – il prit l'arme entre ses mains – à ses propres méthodes pour t'apprendre à te défendre et à te battre, moi, j'ai les miennes.
- Mais enfin papa, je suis une sorcière, s'esclaffa Dorea désabusée. J'aurais ma baguette sur moi, ou… mes pouvoirs. Dumbledore a même dit, la semaine passée, que j'avais beaucoup progressé et que mes pouvoirs se développaient d'année en année. Pourquoi j'aurais besoin d'une arme moldue pour me défendre ?
- Parce qu'il y aura, peut-être un jour, une situation dans laquelle tu ne pourras pas te servir de baguette, ni de tes pouvoirs si tu es dans un environnement moldu, répondit-il durement. Alors il vaut mieux prévenir que guérir.
- Papa, ces choses tues ! Je ne veux certainement pas tuer avec ça ou … même autre chose.
- Tu diras ça à Voldemort, Petitgrew ou même les mangemorts, lorsque tu seras en face d'eux ? demanda-t-il en haussant la voix.
- En aucune façon je ne me retrouverai en face d'eux…
- Raconte ça à ton frère jumeau ou même aux moldus qui se sont retrouvés pendus dans les airs cette nuit à la finale de Quidditch ! s'énerva son père.
Dorea resta soudainement muette et observa le Lord pour la première fois depuis des semaines. Elle se rendit compte que la fatigue avait usé son visage charmant et juvénile. Des cernes bordés ses yeux et quelques rides marquaient ses traits tirés.
- Je ne veux pas que ma fille… Ma propre fille se retrouve démunie et sans défense quand elle en aura le plus besoin, reprit-il plus doucement. Et je ne serais peut-être pas toujours là pour voler à ton secours. Alors prends cette arme, que je t'apprenne comment s'en servir et comment tirer et viser au plus précis avec.
Dorea regarda son père avec perplexité, puis concéda qu'il n'avait pas tort. Alors elle leva la main, eut un geste d'hésitation et enfin se saisit du pistolet. Ainsi, sa lourdeur la surprit.
Goderic sortit sa baguette de la poche interne de sa veste de costume et d'un geste fluide, des panneaux apparurent à une centaine de mètres devant eux.
- Papa, je peux te poser une question ?
- Oui, dit-il en rangeant de nouveau sa baguette.
- Comment… Comment connais-tu tant de chose sur les moldus ?
- Ton arrière-grand-père était un fervent défenseur des moldus. Il m'a appris tout ce que je sais sur eux. Au grand détriment de tes grands-parents, bien sûr.
- Alors il devait adorer tante Deirdre.
Goderic, à l'entente du prénom de sa sœur, se raidit brusquement. Et Dorea baissa le regard subitement.
- Pardon, je… je n'aurais pas dû prononcer son nom. Je n'y ai plus pensé, s'excusa-t-elle.
- Ce n'est pas grave, Dott', alors que son visage se détendait. Mais en effet, lorsque Deirdre est née, et que les années ont passées sans qu'elle ne montre aucun signe de magie en elle, ton arrière-grand-père a tout fait pour la protéger. Malheureusement, lorsqu'il est mort et que mon père a repris le titre de Lord Artwood, il l'a aussitôt envoyé à New-York dans un orphelinat, raconta-t-il les sourcils froncés par la colère qui le rongeait depuis plusieurs années maintenant.
Dorea avait entendu cette histoire bien quelquefois, lorsqu'elle avait été plus jeune.
- Parce qu'ils avaient honte d'avoir une fille cracmole ?
- Oui. Mes parents n'étaient pas très ouverts d'esprit. Puis quand ton grand-père a enfin passé l'arme à gauche, peu avant l'apparition de Lord Voldemort, et que ta grand-mère mourut quelques mois après, j'ai été contraint de reprendre le titre. J'ai rencontré ta mère, puis l'année suivante nous nous sommes mariés. C'est à ce moment que j'ai pu renouer avec Deirdre.
La jeune fille se mit à sourire, n'osant pas poser la question fatidique. Seulement, chaque fois, dont le sujet venait sur la table, ne serait-ce que par une allusion, Dorea ne pouvait s'empêcher de la poser.
- Papa, pourquoi vous ne vous parlez plus depuis la mort de maman, Deirdre et toi ?
Goderic observa sa fille de toute sa hauteur, et cette dernière crut déceler ses pupilles s'embrumer de larmes. Goderic se reprit soudainement, toussotant dans sa gorge.
- Bien, nous allons étudier les différentes parties d'un pistolet, dit-il d'une voix rauque en lui reprenant l'arme des mains.
Goderic se lança dans les explications quelque peu ardues pour la jeune Artwood. Cette dernière fit fi de l'ignorance de son père à propos de sa question, car depuis tant d'années cela avait toujours été la même chose. Tout comme ses questions sur ses parents biologiques : James et Lily Potter.
Les jours suivants, elle s'entraîna à tirer. Elle progressa rapidement et lorsqu'elle revint pour Noël à Highclere, Goderic fut surpris et satisfait que sa fille eut évoluée aussi vite.
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Drago Malefoy était accoudé sur ses genoux, la tête plongée entre le creux de ses mains. Sitôt après avoir frappé le Mexicain et être rentré chez lui sous le regard inquisiteur de sa mère, il s'était enfermé dans sa chambre, et s'était assis sur le lit, dans la même position dont il était présentement installé. Depuis, il n'avait pas bougé d'un iota et attendait…
Toutefois qu'est-ce qu'il attendait ? Qu'on lui annonce que le plan de cet enfoiré de Mexicain avait marché comme sur des rails ? Que Dorea Artwood avait été capturée et livrée au Maître ?
Le blond releva la tête et soupira. Non. En fait, il espérait tout autre chose. Il espérait une toute autre nouvelle.
Il espérait que sa mère viendrait en cet instant et lui annonce froidement que Dorea Artwood avait réussi à s'échapper. Qu'elle fût saine et sauve, qu'elle avait fait la peau à ce connard de Juajez et qu'elle était à présent de retour en Angleterre auprès de ses proches qui la mettrait en sécurité. Voilà ce qu'il espérait entendre.
Néanmoins, ses espoirs l'avaient délaissé ces derniers temps et de même, la chance était loin d'être de son côté.
Il aurait tellement voulu prévenir ses amis, ou même Potter s'il avait pu. Pouvoir la sortir de là ou même y aller lui-même et sauver la jeune femme des griffes de ce pervers. Cependant, voilà, il avait mains et pieds liés. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre et prendre son mal en patience.
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Dorea remercia le serveur qui dressa le plat d'entrée devant elle. Depuis qu'ils s'étaient installés et qu'elle avait pris le temps d'examiner les lieux, son malaise grandissait de seconde en seconde.
Quelques couples, comme eux, dînaient tranquillement. Mais la plupart étaient des hommes, assis à plusieurs tables ici et là, et notamment entourés de filles qui étaient loin d'être vertueuse.
- Alors… Alors comme ça, tu connais Guzman ? questionna Dorea à l'adresse de Miguel, tâchant de rester impassible et d'aussi bonne humeur qu'elle le put.
- Une vieille connaissance de mon père. Il m'a pris sous son aile lorsque papa est mort. Je ne savais pas que tu le connaissais également ? interrogea Miguel à son tour.
- Simplement de nom, répondit Dorea en haussant des épaules. Je lis fréquemment les journaux pour progresser en espagnol.
Dorea saisit sa cuillère afin de goûter du bout des lèvres sa soupe, hésitant à poser la question qui la taraudait depuis qu'ils avaient salué le célèbre chef du plus grand Cartel que le Mexique ait connu.
Tout compte fait, elle se lança.
- Mais dis-moi, tu ne traînes pas dans… ce genre d'affaire ? demanda l'ancienne Serpentard.
- Bien sûr que non, répondit Miguel un peu trop fortement au goût de la jeune femme. Tu me prends pour qui ? Mais j'ai la protection de Guzman et je t'avoue que je ne m'en porte pas plus mal avec tout ce qu'il se passe dans ce pays en ce moment.
- Oui, il est vrai que c'est appréciable d'avoir des relations, des… bonnes relations, dit Dorea quelque peu perplexe.
Le silence se réinstalla entre eux alors que chacun dégustait son plat. Plusieurs minutes passèrent sans que ni l'un l'autre ne prononce le moindre mot.
Soudainement un jeune homme fit une entrée remarquée, surtout par la gent féminine. Dorea reconnut le garçon qu'elle avait aperçu la veille lorsqu'elle était venue rendre visite à Miguel à l'auto-école avant de prendre son service.
La jeune femme observa ce dernier aux cheveux châtains coiffé en arrière se diriger vers le bar et ne put s'empêcher de remarquer son élégance et le charisme qu'il pouvait dégager en cet instant.
Il portait un tuxedo tout de noir, et à l'instar de son compagnon du soir, une chemise blanche colletée d'un nœud papillon. À travers les lumières et spots qui illuminaient la salle entière au haut plafond dont un corridor cernait le dessus de leur tête, elle put noter le torse musculeux du jeune homme.
Celui-ci, qui sillonnait la salle du regard, s'arrêta sur Dorea qui eut soudainement un frisson d'embarras. Elle avait été prise la main dans le sac, en train de le dévisager sans ménagement.
Or, le jeune homme n'en fut pas vexé pour autant. Bien au contraire, puisqu'il lui adressa un clin d'œil et la jeune femme se mit à rougir ostensiblement.
Miguel, qui remarqua l'échange, se retourna et lança un rapide coup d'œil vers le jeune homme avant de reporter son attention sur la sorcière.
- Tu le connais ? demanda-t-il
Dorea décela une sévérité dans son ton qu'elle ne lui connaissait pas.
- On s'est très vite rencontré hier devant ton auto-école. Il te cherchait également.
Miguel hocha le chef puis fronça les sourcils :
- Je n'aime pas que l'on marche sur mes plates-bandes, dit-il soudainement en contractant la mâchoire.
- Tes plates-bandes ? répéta Dorea qui ne comprenait pas.
Puis la lumière se fit et elle écarquilla les yeux d'étonnement.
- Miguel, ce n'est qu'un clin d'œil. On ne se connaît même pas.
- Si tu le dis, fit-il avec mauvaise humeur.
- Non mais attends, je rêve ! On ne sort même pas ensemble tous les deux. On n'a couché ensemble qu'une fois, et même avec ça, je n'ai aucun compte à te rendre, fit Dorea qui était estomaqué par le comportement étrange de son ami.
- Alors quoi ? Tu vas aller le retrouver et te faire baiser comme une salope par cet étranger ?! s'exclama-t-il soudainement.
À la suite de ces paroles, quelques regards curieux se tournèrent vers eux.
Dorea fixa Miguel avec rogne et prit une ample inspiration afin de calmer la fureur qui progressait en elle.
- Je vais aller me rafraîchir aux toilettes, Miguel. D'ici là, j'espère que tu auras recouvré tes esprits.
Elle jeta presque sa serviette sur la nappe blanche, prit sa pochette, décala sa chaise dans un raclement sec et sonore et se leva pour se diriger vers les toilettes des dames qui étaient à l'étage.
Elle ignora les regards concupiscents qu'elle récolta sur son passage et fut presque soulagée lorsqu'elle s'enferma dans une cabine à l'abri de tous.
Dorea s'appuya contre le panneau en PVC et ferma les yeux, expirant cette colère qu'elle avait ressenti quelques minutes plus tôt.
Le mieux était qu'elle mette fin tout de suite à ce rendez-vous, car il était clair que Miguel n'était pas dans son état normal. Elle entendit à cet instant la porte des toilettes s'ouvrir puis claquer mollement pour se refermer.
Forte de cette décision, elle rouvrit la porte de la cabine et tomba subitement nez à nez avec Miguel.
Ses yeux habituellement bleu océan et exprimant visiblement une douceur qui avait été feinte jusque-là, étaient à présent noirs de rage. Et Dorea eut à cet instant un mauvais pressentiment.
- Miguel, nous sommes dans les toilettes des femmes, tu n'as rien à faire ici.
Sans attendre et ni réponse de sa part, Miguel la poussa brutalement dans la cabine et referma la porte derrière lui. Dorea qui se réceptionna contre le mur du fond réussi à se redresser de toute sa hauteur, se préparant à affronter un homme qu'elle ne connaissait apparemment pas.
- Dis-moi, tu n'aimes que te faire tringler par des Anglais ou bien, je ne suis simplement pas assez bien pour toi, Lady Dorea Artwood ?
Une chape de plomb tomba au creux de la jeune femme. Elle entrouvrit la bouche, totalement choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Sa respiration se saccada et elle tenta vainement de réfléchir correctement à la suite des événements.
- Co… Comment tu connais mon nom ? souffla-t-elle
- Je te signal que tu es extrêmement connu dans la communauté sorcière, s'esclaffa-t-il mauvais. Dans le monde entier même.
- Tu… Tu es un sorcier ?
- Oui, c'est exact, confirma le brun avec fierté. Un sorcier tout ce qu'il y a de plus pur.
- Mais… mais l'auto-école… Moldus… Guzman… bégaya Dorea qui en perdit presque son saxon.
- Oh ce que tu peux être naïve, bébé, soupira Miguel qui s'approcha d'elle, la démarche d'un prédateur qui allait la dévorer en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Vois-tu, Au Mexique, continua-t-il, ça ne marche pas comme vous en Europe. Les sorciers sangs-purs et plus largement les sorciers tout court, nous nous mélangeons et travaillons étroitement avec la communauté moldus. Bien évidemment, ils ne savent pas réellement qui on est, mais on se sert plus d'eux qu'autre chose. Comme ce soir par exemple.
- Ce soir ?
- Oui, ce soir. J'ai demandé une faveur à Guzman.
- Et quel est cette faveur ? cracha Dorea, recouvrant sa verve.
- De mettre à mon service l'entièreté de ses hommes, répondit-il fièrement. Le Seigneur des Ténèbres t'attend pour te faire une proposition. Alors tu vas me suivre bien sagement jusqu'à ce que nous allions voir le maître pour que tu t'agenouilles devant lui et lui porte allégeance. Comme il le souhaite. Et sache que si tu tentes de fuir, une cinquantaine d'hommes t'attendent dehors pour te mitrailler.
Miguel était à présent à quelques millimètres d'elle et elle pouvait sentir son souffle chuter contre son visage. Dorea maintint son regard avec défi.
- Jamais je ne te suivrai bien sagement pour porter allégeance à Lord Voldemort.
- Tu prononces son nom ?! siffla Miguel d'un air mauvais.
- Exactement. Et pour finir, je préfère terminer au couvent que de passer une nuit de plus avec toi.
- Oui, c'est vrai, sourit-il mauvais. Tu préfères les garçons comme …. Drago Malefoy.
- Comment…
- Votre petite histoire est de notoriété publique dans la communauté. Mais tu sais – il leva sa main pour caresser sa joue et Dorea se dégagea, affichant une expression rebutée – je suis certain que je pourrai le surpasser dans ce domaine. Toi, tu as besoin d'être maté. Que l'on te prenne sauvagement, que l'on te domine pour rabaisser un tant soit peu ton ego de Lady-Sainte-Nitouche.
À cet instant, sa main descendit vers son cou, puis brutalement, il le saisit l'étranglant progressivement. Dorea sentit un étau se resserrer autour d'elle et attrapa l'avant-bras du Mexicain, tentant de se défaire de lui. Elle leva sa main droite, tâchant de se servir de ses pouvoirs et de repousser Miguel. Seulement rien ne vint. Elle lança alors une œillade horrifiée à sa main et Miguel se mit à sourire une fois de plus, avec mésestime.
- Tu crois que je ne suis pas au courant de ta légende. Le collier que je t'ai offert endigue tes pouvoirs. Même si tu l'enlevais, tu ne les retrouverais pas avant quelques heures.
Dorea, dont l'air manquait peu à peu, l'observa complètement terrorisée. Qu'allait-elle faire à présent ?
Elle cessa de réfléchir lorsque Miguel saisit sa cuisse et plaqua son bassin contre le sien. Elle sentit l'érection proéminente du jeune homme ce qui ne fit qu'accentuer son dégoût. Elle entreprit alors de se débattre, mais cela ne fit qu'aggraver son cas.
- Tu es totalement à ma merci, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Il commença à défaire sa ceinture, alors que Dorea lançait vainement des coups de pieds dans les airs.
Puis brusquement il la lâcha ou plutôt il fut contraint de la lâcher et Dorea tomba à terre, toussant fortement et tâchant de retrouver de l'air. Elle eut le temps d'apercevoir le jeune homme aux cheveux châtains désarticuler brutalement la tête de Miguel de son cou. Ce dernier tomba inerte sur le carrelage des toilettes, les yeux grands ouverts vers elle, sans vie et joue contre sol.
- Ça va ? questionna le garçon essoufflé en s'avançant vers elle.
Dorea, prise de panique, se recula aussi précipitamment qu'elle le put, contre le mur derrière elle.
- N'aie pas peur, je suis là pour te protéger, dit-il avec douceur en tendant la main pour l'aider à se relever.
La jeune Artwood remarqua alors le bracelet qu'il portait, et qu'elle avait aperçu l'après-midi même. Elle lut l'inscription gravée dessus :
« Le temps confirme l'amitié ».
Le souvenir d'un petit garçon, qu'elle avait tant apprécié autrefois, lui offrant un bracelet d'or qu'elle avait tout bonnement rejeté, lui revint en mémoire.
Abasourdie, elle releva lentement le chef, discernant à travers sa vue floutée de larmes, son ami d'enfance.
- Gabriel, murmura-t-elle entre deux souffles haletants.
- Ravi, que tu me reconnaisses enfin Dott', sourit ce dernier. Je commençais à désespérer.
La sorcière attrapa sa main et se hissa, notant que le garçon était muni de sa baguette.
- Tu vas bien ? s'enquit Gabriel d'une voix douce.
- Oui… juste un peu sonnée, dit-elle en se hâtant d'enlever son collier qu'elle jeta à terre.
- Nous allons devoir te sortir d'ici le plus discrètement possible, dit Gabriel en rangeant sa baguette dans la poche intérieure de sa veste de costume. Ces hommes sont des moldus et pas des plus sympathiques d'après ce que j'ai pu apercevoir ce soir. Sans compter qu'ils sont armés jusqu'aux dents. On ne peut donc pas se servir de la magie ou on risquerait de violer un bon nombre de lois sur le Secrets Magique.
- D'accord, mais une fois que l'on sera sortis du restaurant…
- Je t'expliquerai tout, termina-t-il d'une voix assurée.
Dorea, tentant de reprendre le dessus sur sa propre panique, hocha la tête tout en essuyant ses yeux. Ce dernier lui prit la main puis la tira à sa suite afin de sortir des toilettes. Elle lança un dernier regard au Mexicain sur le carrelage froid avant que la porte ne se referme.
Ils débouchèrent sur le couloir surplombant la salle de restaurant et Gabriel attrapa sa taille, la collant d'un geste protecteur contre lui.
- Reste près de moi, d'accord ? lui chuchota-t-il.
Dorea resta silencieuse, trop désorientée par ce qu'il venait de se passer dans les toilettes. Elle tenta de recouvrer ses esprits, mais ce fut vain lorsqu'un Mexicain armé d'un pistolet sous sa veste, qu'elle reconnue comme un Colt – la même arme avec laquelle son père lui avait appris à tirer et à manier – apparut devant eux, sortant de l'ascenseur.
À cet instant, Gabriel la poussa doucement contre le mur de côté et s'approcha d'elle. Alors qu'ils furent lèvres contre lèvres, il lui murmura :
- Je suis désolé Dott'…
Sur ce, il fondit sur sa bouche, l'embrassant avec délicatesse. Dorea resta tout d'abord immobile, les yeux grands ouverts et se demandant au passage ce qui était en train de lui arriver, quand Gabriel se décala sur sa droite afin de la dissimuler aux yeux du criminel. Dorea saisit à cet instant que son ami voulait simplement détourner l'attention de l'homme et elle décida de jouer également le jeu.
Elle lui rendit alors son baiser entrouvrant sa bouche afin que Gabriel insinue sa langue, ce qu'il fit sans hésitation. Il caressa sensuellement la sienne et l'ancienne Serpentard s'accrocha à sa nuque se rapprochant sans crainte de lui, alors qu'il resserrait ses bras autour de sa taille.
La jeune Artwood prit conscience qu'un seul autre garçon l'avait embrassé de cette manière. Cependant, elle n'eut pas le temps de réfléchir plus ou même de comparer, car Gabriel mit brusquement fin au baiser. Il jeta ainsi un regard le long du corridor des deux côtés qui était à présent vide.
- C'est bon, il est parti, dit-il essoufflé en essuyant le rouge à lèvre de la jeune femme qui s'était apposé sur sa bouche. Allez, viens ! fit-il en la prenant vers la main.
Ils marchèrent tout en se pressant vers l'escalier, mais tâchèrent de garder une allure raisonnable pour ne pas attirer l'attention sur eux. Ils descendirent les escaliers tête abaissées. Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, un hurlement rauque provint de l'étage.
- ¡Ella lo mató, la perra!
Elle l'a tué, la salope !
Surpris, et sans même réfléchir à ce qu'ils faisaient, Dorea et Gabriel firent volte-face et virent le même homme au Colt se pencher par-dessus la rambarde.
- ¡Ella está ahí, está escapando! fit un homme en se levant de table et en désignant d'un doigt la jeune Artwood.
Elle est là, elle est en train de s'échapper !
Tout se passa au ralenti.
Dorea vit plusieurs hommes se levait et sortir leurs armes tandis que Gabriel la fit passer devant lui pour la jeter à ses côtés sur le sol en marbre. Il sortit également une arme moldu de la poche intérieure de sa veste et ce fut à cet instant qu'un concert de coup de feu se déclencha.
Le jeune homme eut le temps de se cacher derrière une colonne tandis que Dorea glissa derrière le bar. Se protégeant les oreilles dont les tympans sifflaient avec le vacarme des multiples revolvers en action.
Elle leva la tête et vit Gabriel tirer de temps à autre en se découvrant de derrière le mur.
Un homme vint alors à sa rencontre mais tomba aussitôt à terre, recevant plusieurs balles dans la poitrine de la part du sorcier.
Le pistolet-mitrailleur qu'il tenait chuta même au sol. Gabriel lança un rapide regard à l'arme puis suivit des yeux le chemin jusqu' à Dorea dont la tête dépassé le comptoir face à lui.
Il donna alors un coup de pied au pistolet qui glissa jusqu'à l'ancienne serpentard et la réceptionna d'un geste précis. C'est alors que son cerveau se mit en mode automatique, ne pensant qu'à leur survie à Gabriel et elle.
Elle se leva, se révélant par-derrière le comptoir, plaça le pistolet contre son épaule, et le braqua vers la salle. Elle appuya alors sur la détente et tira, tâchant de correctement tenir en équilibre sur ses jambes, sur un bon nombre de mafieux qui tombèrent aussitôt. Dorea se rabaissa derrière le comptoir, évitant les quelques balles perdues.
Soudainement, elle vit Gabriel apparaître dans son champ de vision sur le côté et braquer l'arme sur elle, puis il lui fit un clin d'œil, de la même façon que celui qu'il lui avait adressé avant que tout ne dégénère. Enfin, il pointa l'arme sur l'extincteur, accroché sur le mur face à elle et comprenant ce qu'il souhaitait faire, Dorea se dégagea.
Une fumée blanche apparue et Dorea se leva brusquement, laissant le pistolet-mitrailleur au sol et attrapa la main que lui tendait son sauveur.
Tous deux coururent vers la sortie, et le jeune homme tira sur un nouvel extincteur sur leur passage. Couvert par la fumée blanche, ils purent atteindre l'extérieur sans être touchés.
Ils dévalèrent les marches de l'hôtel-restaurant et se dirigèrent vers le parking devant eux tandis que plusieurs hommes s'extrayaient également du bâtiment tentant de les poursuivre. La jeune anglaise vit trois silhouettes en cape et baguette à la main de l'autre côté de la rue, courir vers eux. Elle reconnut les membres de l'Ordre.
Ils se précipitèrent vers l'Aston Martin grise que Dorea avait aperçue en arrivant au début de la soirée.
- Elle est à toi ?! s'étonna Dorea en se stoppant devant la voiture.
- Voiture de collection, 1964. Monte ! ordonna Gabriel qui avait ouvert la porte côté conducteur.
Dorea se pressa vers la portière côté passager et s'installa aux côtés de l'américain qui démarra la voiture sans attendre.
Ils reculèrent en trombe pendant que les hommes de main de Guzman montaient à plusieurs dans leur propre voiture et sur leur moto.
Gabriel se dirigea alors vers l'avenue menant à la national qui leur permettrait de rejoindre l'autoroute.
- Bien, je vais rapidement t'expliquer ce qu'il se passe, fit alors Gabriel en fixant la route devant lui qu'il parcourait à vive allure.
Dorea lança un coup d'œil au rétroviseur extérieur et vit que les criminels les poursuivaient de près.
- Tes grands-parents, et ce, malgré nos conseils les plus avisés, ont lancé un avis de recherche, le divulguant dans les gouvernements du monde entier. Sorcier et moldus, précisa-t-il avec verve. Tu as dû certainement entendre les actualités, parlant de cette Européenne qui a soudainement disparu ?
- Oui, répondit Dorea dans un murmure en se tournant vers son ami.
- Eh bien il s'agit de toi. Ils ont agi sous le coup de la panique lorsque Dumbledore leur a annoncé que tu avais fui au début de l'été, expliqua-t-il. Et maintenant, ils connaissent tous ton nom. Du moins ton vrai nom. Peu après, Dumbledore t'a retrouvé et a donné l'ordre de te ramener chez toi. Dans le même temps, ta tante s'en est mêlée et elle m'a contacté pour agir et te ramener saine et sauve auprès d'elle.
- Mais… pourquoi toi ? fit Dorea en fronçant des sourcils, comprenant à moitié ce que l'américain lui déblatérait.
- Je fais partie de l'élite spéciale du MACUSA, annonça Gabriel de but en blanc.
Dorea écarquilla les yeux d'étonnement.
- Le MACUSA ? répéta-t-elle doucement. À New-York ?
- C'est ça.
- Mais… Miguel…
- L'avis de recherche avait été déjà publié dans les journaux. Il a certainement dû te reconnaître et t'a menée en bateau pour te livrer à Tu-Sais-Qui et toucher un beau pactole par la même occasion.
Dorea soupira, butant l'arrière de son crâne contre l'appui-tête en cuir beige.
- La communauté sorcière mexicaine ne marche pas pareil qu'en Europe. De même qu'aux États-Unis, Dorea, expliqua Gabriel en empruntant une route dénuée de réverbères et de voitures.
À cet instant, des coups de feu se firent entendre derrière eux et Dorea vit les balles rebondirent sur la DB5.
- Ta voiture est blindée ? devina Dorea
- Je ne serais pas un bon agent d'élite si ça n'avait pas été le cas, dit-il sérieusement en ressortant son arme de sous sa veste.
Il la lui tendit et Dorea regarda l'arme avec perplexité.
- Je vais avoir besoin de toi Dott'.
- Gabriel… Je ne sais pas. Je risque de très mal viser avec la voiture en mouvement.
Une balle, puis une deuxième rebondirent sur la carrosserie et Dorea sursauta, se protégeant la tête et s'inclinant vers le bas, pendant que Gabriel vira sur la gauche afin d'éviter les attaques.
- Je crois que tu n'as pas le choix, Dott' ! se récria-t-il durement.
Dorea, serra les dents et prit le pistolet dans le creux de la main de Gabriel. Elle se redressa et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour jauger la distance qui les séparaient de leur tortionnaire qui les poursuivaient toujours à la trace.
La respiration haletante, elle vérifia combien de balles il restait dans le Beretta de l'agent, réarma le barillet et actionna le marteau d'avant en arrière. Gabriel appuya sur un bouton qui se trouvait juste au-dessus de la boite de vitesse.
La fenêtre du côté de Dorea se baissa et cette dernière souffla afin de garder le contrôle de ses nerfs. Elle pressentait les tremblements poindre dans son bras droit, ce qui était bien mauvais signe s'ils voulaient se dépêtrer de cette situation.
- Tu es prête ? questionna Gabriel, qui lui était également à bout de souffle.
- Je crois, oui.
À cet instant, l'agent fit une embardée et la voiture vira sur elle-même. Ils se retrouvèrent alors face à leurs ennemis. Sans attendre une seconde de plus, Dorea extirpa le haut de son buste à travers la vitre ouverte et pointa son arme vers les véhicules qui roulaient toujours vers eux, alors que la DB5 marchait à reculons.
La jeune femme tira sur le pneu d'une Chevrolet qui creva aussitôt, puis visa à nouveau sur la même voiture et cette fois-ci elle explosa en l'air se retournant vers l'avant, le toit atterrissant sur le bitume.
La sorcière tira ensuite sur un des motards, qui dérapa sur le sol, puis un autre qui lâcha subitement le guidon, touché à la poitrine. Enfin, elle pointa le pistolet sur une voiture à l'arrière et visa directement le conducteur. La voiture elle-même sortie de sa route et fonça sur une autre auto à sa gauche. Elles explosèrent simultanément et le reste de l'escorte freina dans un crissement de pneu.
Dorea rentra dans le véhicule, la fenêtre se referma et Gabriel tourna le volant d'acajou pour se remettre dans le bon sens de la route.
Un silence s'établit dans l'habitacle alors que l'on entendait uniquement la respiration de la jeune femme qui haletait littéralement.
- Ça va ? murmura Gabriel la mine inquiète.
- Je… j'ai…
- Ça fait toujours ça la première fois ou… les premières fois d'après ce que j'ai entendu dire, dit l'américain. Mais dis-toi que si ce n'était pas eux, ça aurait été nous.
La jeune sorcière approuva son ami d'un hochement de tête et ferma les yeux. Lorsqu'elle rouvrit ses prunelles, ils s'engagèrent sur une bretelle d'autoroute et rejoignirent la direction les menant vers l'aéroport. Une chose frappa alors la jeune femme.
- Où va-t-on ?
- Direction New-York, chez ta tante.
- Je n'ai pas de passeport, je n'ai rien sur moi. Comment allons-nous faire pour passer la douane ?
- Ne t'inquiète pas pour ça.
- Mais alors pourquoi on ne prend pas de portoloin ?
- Parce que l'on pourra te repérer si tu utilises la magie. Tu une sorcière de premier cycle, rappela Gabriel. Le ministère de la magie pourrait même repérer celui qui te mouche le nez, si tu vois ce que je veux dire. Et en plus, on doit faire un stop chez toi avant de se faire rattraper par les membres de l'Ordre.
- Tu les as vu ?
- Bien évidemment. Ils pourraient quand même faire mieux en ce qui concerne la discrétion.
Dorea resta sans voix et compris que le choix ne lui appartenait plus dorénavant. Elle réalisa alors quelque chose et son regard s'illumina d'effroi.
- Payton …, murmura-t-elle.
- Quoi Payton ? C'est qui Payton ? questionna Gabriel en tournant vivement la tête vers son amie d'enfance.
- C'est une collègue de travail. Nous sommes devenus plus ou moins proches. Elle peut courir un gros danger si on la laisse ici sans sécurité. Il faut qu'elle vienne avec nous.
- Hors de question, on n'a pas le temps. Si les membres de l'Ordre ou même pire les hommes de Guzman ou encore des mangemorts qui circulent dans le pays mettent la main sur toi, alors on est mort.
- Tu ne peux pas laisser une moldue, sans défense ici. Elle court autant de risque que nous, si on la laisse ici ! s'exclama Dorea, sentant la colère la gagner.
- Nous sommes pressés par le temps, Dott'. J'ai promis à ta tante de te ramener saine et sauve et je crois que la perspective de retourner à Poudlard ne t'enchante pas vraiment. Alors on n'a pas le choix ! fit Gabriel en haussant le ton.
- Gabriel Kowalski, dit Dorea en fixant le jeune homme, je refuse de laisser une personne de plus mourir parce qu'elle a eu le malheur de me connaître, siffla-t-elle entre ses dents.
L'agent du MACUSA détourna son regard de la route et vit le tourment et le chagrin habiter celui de la jeune anglaise. Il n'eut d'autre choix que de céder à ses supplications.
- Bien, mais faisons vite.
Dix minutes plus tard, Dorea laissa une lettre sur le rebord du comptoir de sa cuisine et saisit son sac avec seulement de quoi s'habiller pour quelques jours ainsi que des affaires de toilettes.
Lorsque la voiture crissa devant un immeuble moderne dans un quartier plutôt huppé de Guadalajara, la jeune Artwood sortie en trombe de l'automobile et courue vers l'entrée du bâtiment. Elle sonna à l'interphone où il était indiqué le nom de famille de la propriétaire de l'appartement que Payton sous-louait.
Par chance, ce fut l'américaine qui décrocha :
- Quién es ?
- Payton, c'est moi, ouvres ! fit Dorea haletante.
- Kate, mais qu'est-ce que tu fais ici ?
- Pas le temps de t'expliquer maintenant. Ouvres-moi ! cria-t-elle presque.
La sonnette retentit dans le hall et la jeune femme pris la cage d'escalier pour grimper les cinq étages qui la séparaient du rez-de-chaussée.
Quand elle arriva sur le palier, Payton se trouvait sur le pas de la porte, la mine anxieuse.
- Kate, mais qu'est-ce qu'il se passe ?! demanda l'américaine paniquée en voyant l'accoutrement de Dorea où des éclaboussures de sang s'étalaient sur sa robe.
La sorcière s'avança vers elle, le souffle court et elle la laissa entrer, refermant la porte derrière elle.
- Tu dois faire tes bagages, tu retournes à New-York, dit brusquement Dorea.
- Quoi ? Mais …
- Je te la fais courte et je n'ai pas le temps de t'expliquer les détails mais l'européenne que tout le monde recherche c'est moi. J'ai fui l'Angleterre, ma famille et mes amis. Sauf que Miguel faisait partie du Cartel de Guadalajara et ce soir j'ai failli mourir par sa faute. Si tu restes ici, et que tu ne nous suis pas, je t'assure que Guzman saura quoi faire de ta jolie tête brune.
Payton la regarda comme si elle était devenue folle Et Dorea ferma les yeux de dépit, tâchant d'apaiser sa respiration. Elle n'arriverait jamais à la convaincre de la suivre si elle avait l'air d'une folle.
- Payton, je peux te dire quelque chose ? questionna Dorea d'une voix plus posée
- Oui, murmura cette dernière.
- Il y a des choses qui se passent dans le monde. Qui se passent et dont trois quarts de la population n'est pas au courant. Ne me demande pas ce que c'est, car je ne te le dirai jamais, mais crois-moi quand je te dis que tu es en danger en restant ici. J'ai échappé à la mort plus d'une fois au cours de l'année écoulée, et j'ai perdu plus d'être cher que je n'en saurais compter, alors je t'en prie, au moins pour cette fois, fais-moi la faveur d'avoir pu au moins sauver une personne.
Payton en avait le souffle coupé face à la gravité du ton sur lequel Dorea parlait. Et elle ne chercha même pas à comprendre si elle devait ou non la suivre pour sa propre sécurité. Rien que les mots Guzman, Cartel et mort suffirent à allumer une alarme dans sa tête.
Une vingtaine de minutes plus tard, Dorea, Gabriel et Payton étaient enfin dans la voiture, en direction de l'autoroute.
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Les trois membres de l'Ordre repoussèrent la porte dans un grincement sinistre et pénétrèrent la maison silencieuse d'un pas hésitant.
Lupin se saisit de la feuille posée sur le comptoir de la cuisine qui semblait être une lettre qui leur était adressée.
- Nous avons perdu sa trace ? demanda Tonks.
L'ancien professeur se tourna vers elle et la fixa du regard, puis hocha finalement la tête.
