Blind

Quatrième partie

  Il n'avait pas fait d'aussi copieux petit déjeuné depuis bien longtemps. Trop longtemps peut-être. Le dernière fois devait remonter à son adolescence, avant qu'il ne rentre dans l'armée, autant dire que cela remontait à des siècles.

  Il soupira de contentement en grignotant les dernières miettes de son croissant sur une des petites tables de la boulangerie et avala consciencieusement jusqu'à la dernière goutte de son chocolat viennois, dégustant, à s'en lécher les babines, sa mousse légère et onctueuse.

  Il adressa un chaleureux sourire à la jeune vendeuse derrière son comptoir, la faisant rougir jusqu'aux oreilles et elle lui rendit timidement sa gentillesse. Kyros devait bien avouer qu'elle était des plus charmantes et s'il n'avait pas été tourné d'un autre bord, il l'aurait sûrement abordée. Son visage était pâle et délicat, comme une porcelaine chinoise et encadré de long cheveux couleur de blé et la courte discussion qu'il avait pu avoir avec elle, avait révélé une âme sensible et intelligente. Nul doute que celui qui saurait gagner son cœur serait un homme chanceux. Mais ce ne serait pas lui, bien qu'au vu du regard en biais qu'elle lui lançait fréquemment, il eut toutes ses chances.

  Tout comme Laguna, le temps ne semblait pas encore avoir eu de prise sur lui et, encore aujourd'hui, il pouvait dire sans mentir, qu'il plaisait énormément aux femmes. Loire lui reprochait d'ailleurs souvent de ne pas leur prêter plus d'attention et s'étonnait encore qu'il soit toujours célibataire.

  Ce grand clown était parfois d'une naïveté à toute épreuve, en ça, il devait donner raison à Irvine.

  Il se demanda soudain comme ce dernier s'en sortait avec Zell et sa pensée lui rappela brièvement leur conversation et son étrange remarque sur Squall. Il n'y avait pas prêter attention sur le moment, mais maintenant qu'il y repensait, il se demandait qui avait bien pu avoir des sentiments similaires aux siens vis à vis de Laguna pour le jeune homme. Il ne pouvait pas s'agir de Zell, puisqu'il n'avait que très récemment découvert son penchant pour la gante du même sexe, ni Irvine, il lui en aurait probablement parlé. Alors qui... ?

  Il ne voyait personne.

  A moins que...

  Non, c'était impossible !

  Et pourtant... cela pouvait expliquer bien des choses.

  Ainsi Seifer avait aimé son éternel rival. Il comprenait un peu mieux maintenant son comportement. Il devait savoir que le jeune homme ne lui retournerait jamais ses sentiments et comme, contrairement à Laguna, il n'était pas de ceux dont on se fait facilement un ami, il avait choisit la voie de l'affrontement pour qu'il lui accorde enfin un tant soit peu de son intérêt, même si celui-ci été né de la haine. 

  Ce n'était peut-être pas l'exacte vérité, mais c'était sans nul doute l'explication la plus plausible. Dans tous les cas, il ne connaîtrait jamais la véritable explication puisque le jeune homme semblait avoir disparu de la surface de la terre. Dieu seul sait ce qu'il était devenu. Dieu seul sait s'il était encore vivant, ce dont Kyros doutait sincèrement vu le nombre de personnes qui souhaitaient sa mort.

  S'étirant brièvement, il se leva enfin et, après avoir remercier la jeune boulangère qui ne put s'empêcher de rougir une fois de plus, sortit de la boutique.

  Il n'avait pas vu le temps passé et le soleil était déjà assez haut dans le ciel. Un petit coup d'œil à sa montre lui appris qu'il était huit heure et demi passé et il décida de prendre le temps de saluer ses nouveaux amis avant d'aller faire quelques emplettes pour remplir enfin son frigo.

  Il gagna rapidement la devanture du restaurant et frappa deux petits coups rapides à la porte avant d'attendre patiemment qu'on vienne lui ouvrir.

  Il n'eut pas à patienter longtemps, car presque aussitôt, Elly apparut à l'entrée et l'accueillit avec un grand sourire.

  _ Kyros ! Dit-elle. Te voilà bien matinal pour un vacancier. Entre je t'en pris.

  _ Je ne reste pas longtemps, dit-il en pénétrant dans le restaurant, je suis seulement venu vous saluer. Pour ce qui est de me lever tôt, je dois bien avouer que je suis encore sur les horaires boulot. Je suis debout depuis plus d'une heure et demi.

  _ Et beh !

  _ Mais je ne suis pas le seul d'après ce que j'ai pu voir...

  _ La petite boulangère ?

  _ Entre autre.

  _ Elle est charmante n'est-ce pas !

  _ Oh oui, heureux l'homme qui l'épousera !

  _ Ca ne te tenterait pas ?

  Kyros rougit brièvement, se demandant ce qu'il convenait de répondre, avant de décider que la vérité était encore ce qu'il y avait de mieux.

  _ C'aurait pu, si je n'avais pas d'autres penchants.

  _ Oh, je vois et bien, heureux l'homme qui aura la chance de gagner ton cœur ! A moins qu'il n'y en ai déjà un ? Dit-elle d'un ton malicieux.

  _ Oui et non, malheureusement, répondit-il, agréablement surpris et heureux qu'elle ne s'en formalise pas et l'accepte même sans retenu.

  _ Ai, ce n'est pas réciproque ?

  _ Hélas non.

  _ Bah, un beau garçon comme toi, tu finiras bien par trouver l'âme sœur.

  _ Hyne t'entende !

  _ Alors qui est la deuxième personne que tu as pu rencontrer de si bon matin ?

  _ Tu ne devines pas ?

  _ Hum... Je vois, Ellan ne sait pas quand s'arrêter. Donc tu lui as enfin parlé.

  _ On peut dire ça, oui.

  _ Et tu t'es fait envoyer balader sur les roses.

  Kyros ne put s'empêcher de sourire devant sa perspicacité.

  _ On peut dire ça, oui.

  _ Diable de garçon, dit-elle d'un ton amusé, incapable de se montrer aimable avec les étrangers.

  _ Que ce passe-t-il ? Demanda Daren en sortant de sa cuisine. Oh, bonjour Kyros.

  Seagill le salua d'un petit signe de tête.

  _ Rien de bien méchant, répondit sa femme, Ellan qui a juste fait montre de sa gentillesse naturelle.

  Si Elly prenait la nouvelle d'une manière plutôt enjouée, ce ne fut pas le cas de son mari dont le visage se renfrogna immédiatement dans une expression de profonde tristesse avant de retourner dans son antre en grognant quelque chose que Seagill ne put saisir.

  Elly secoua doucement la tête en soupirant.

  _ Ne te formalise pas de sa réaction, il s'inquiète juste pour le petit. Il faut avouer qu'il n'a pas été gâté par la vie. C'est pour ça qu'il semble aussi sauvage, mais lorsqu'on le connaît, c'est l'être le plus doux et le plus gentil que je connaisse. Il faut juste savoir lui donner sa chance.

  _ Oh mais je n'avais pas encore abandonné, répondit Kyros d'un ton déterminé.

  Il hésita quelques instants avant de demander.

  _ Que lui est-il arrivé ?

  Elly le fixa longuement, se demandant visiblement si elle pouvait lui parler et parut sur le point de le faire avant de se raviser.

  _ Je crois que c'est à lui de te le dire, s'il le désire.

  _ Alors ce n'est pas gagner.

  _ Laisse lui le temps, si tu sais être patient, tu découvriras une toute autre personne, je te le promets.

  _ Je suis tout prêt à le croire.

  _ Alors, dis-moi plutôt ce qu'il s'est passé.

  Et Kyros lui raconta leur rencontre plutôt mouvementée.

  _ Et c'est tout ! S'exclama Elly en riant. Mais il a été adorable avec toi.

  _ Hein ???

  _ Tu peux me croire, il a été plutôt aimable.

  _ Alors, je ne veux même pas savoir ce qu'il fait lorsqu'il ne l'est pas.

  _ Il ne vaut peut-être mieux pas en effet. Enfin, je suis contente de savoir qu'il va bien. Il n'a pas dit quand il passerait ?

  _ Non. Désolé.

  _ Ce n'est rien, en toute logique nous devrions le voir ce soir, après son travail.

  _ Son travail ? Je croyais qu'il ne bougeait presque pas de chez lui.

  _ C'est ce que le plupart des gens pensent car il part très tôt pour rentrer assez tard, donc ils le voit rarement.

  _ Et que fait-il ?

  _ Il est enseignant. Depuis un mois. Avant, il était... étudiant. Un petit surdoué à sa manière, il lui a fallu à peine quatre mois pour maîtriser son sujet et il a été directement promu au poste d'enseignant car ils en manquaient cruellement.

  _ Impressionnant !

  _ N'est-ce pas ! Et sinon, que comptes-tu faire de ta journée ?

  _ Et bien, je dois bien avouer que depuis des années que je vis ici, je n'ai pas vu ne serait ce qu'un dixième des choses intéressantes et je compte bien me rattraper !

  _ C'est ce que j'appelle une bonne idée. J'avoue être ans le même cas et parfois j'aimerais bien avoir un peu plus de temps à moi pour faire ce que je désire. Mais voilà que je me mets à me lamenter su moi-même ! Oulàlà, il fait pas bon vieillir !

  _ C'est ce que je n'arrête pas de me dire ces derniers temps !

  Sur ce, ils éclatèrent de rire.

  _ Bon, souffla Kyros en se calmant, je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps.

  _ M'ennuyer ? Penses-tu donc ! Je te garderais toute la journée avec moi avec grand plaisir, mais tu dois avoir beaucoup de choses à faire et je ne voudrais pas que tu annules tes projets.

  _ Le plaisir serait partagé, mais il faut effectivement que je fasse deux, trois petites choses, comme remplir mon frigo, par exemple.

  _ Indispensable ! Aller, je ne te retiens pas plus longtemps. Passes une bonne journée.

  _ Merci, toi aussi !

  Et il sortit de la boutique un grand sourire aux lèvres.

  Elly était vraiment une femme merveilleuse, elle était une source apparemment intarissable de bonne humeur et de joie de vivre. Daren avait bien de la chance.

  Il jeta un dernier coup d'œil au restaurant et partit d'un pas enjoué faire ses courses.

***

  La journée passa à une vitesse phénoménale, il avait tant de choses à faire et à voir, qu'il ne sut, un moment, même plus où donner de la tête.

  Après avoir fait suffisamment de courses pour soutenir un siège, il s'était décidé à aller visiter le grand musée d'histoire d'Esthar, dont il n'avait fait qu'entrevoir les merveilles le jour de son inauguration.

  Etre un officiel pouvait avoir ses avantages, mais certainement pas celui de profiter des merveilles offertes à ses yeux.

  Le bâtiment à l'architecture moderne et agréable, toute en rondeur et en transparence, recelait de trésors d'un autre temps, à la richesse sans commune mesure qui faisait de ce musée, le plus réputé au monde. 

  Il avait ainsi pu y suivre toute la chronologie de la vie des Chocobos à travers les âges, ainsi que flâné au milieu de gravures et divers parchemins racontant la fabuleuse épopée d'Hyne et de sa création. Il avait également découvert avec un intérêt certain la reconstitution d'œuvres rupestres datant de plusieurs centaines de milliers d'années.

  Il avait passé plus de six heures dans le musée sans en avoir vu la moitié. Il lui restait les fabuleuses momies des contrées gelées, l'histoire et la classification de toutes le GF existantes ou ayant existées, ainsi que celle des différentes armes à travers les siècles, leur évolutions et leur mécanisme. Sans parler bien sûr des milliers de tableaux qui couraient le long des galeries.

  Il en était ressortie ravi et rassasié, tout en sachant qu'il lui restait bien d'autres merveilles à découvrir.

  Après un « déjeuné » sur le pouce (une pomme sucrée et un jus d'orange à quatre heure de l'après midi), il avait passé les trois heures suivantes à flâner du côté de la vieille ville, découvrant son architecture ancienne et bigarrée qui témoignait du passage de plusieurs civilisations aux habitudes et aux constructions variées.

  Il en avait profité pour s'attarder dans les boutiques d'antiquaires, dénichant derrières quelques vieux meubles sans intérêts, quelques livres anciens et poussiéreux, aux titres prometteurs qu'il avait réussir à négocier pour à peine le quart de leur coût réel. Les commerçants n'avaient pas été dupe, mais ils avaient tous accepter de les lui céder à un bon prix en le reconnaissant.

  Le soleil commençait déjà à se coucher lorsqu'il regagna les abords de la ville nouvelle et il décida de s'arrêter manger dans un petit bistrot qu'il avait repéré en arrivant.

  La nourriture s'y révéla correcte mais sans prétention ni originalité, mais l'accueille y était joviale et bon enfant. Les discussions se propageaient de table en table, sous fond de bonne humeur général et musique légère et entraînante. On n'y liait pas amitié, mais on y venait passer une soirée agréable et échanger ses idées. Kyros put ainsi y prendre la température générale vis à vis de Laguna et de ses décisions et put constater qu'il restait extrêmement populaire. On finit d'ailleurs par le reconnaître et il eut droit à une ovation enjouée et se vit obligé de serrer la main de toutes les personnes présentes qui n'en revenaient toujours pas. Il accepta de bon cœur cette petite contrainte devant tant d'enthousiasme et de convivialité.

  Il lui fallut près d'une heure pour parvenir enfin à s'échapper et lorsqu'il sortit ce fut pour être accueillit par le vent frais et vivifiant de la nuit.

  Il commença à redescendre lentement vers la plage, mais accéléra progressivement le pas. Esthar avait beau être une ville très sécurisée, elle n'échappait pas pour autant à son lot de criminels et de maraudeurs et il ne faisait pas bon s'attarder seul dans ses petites rues désertes, même pour un guerrier de sa trempe.

  Il se félicita mentalement d'avoir pensé à emporter le poignard qu'il avait acheté la veille lorsqu'il entendit du grabuge dans une ruelle adjacente à la sienne. Il ne lui restait plus qu'une centaine de mètres jusqu'à la plage, aussi hésita-t-il un court instant avant de s'en mêler, mais la personne agressée semblait avoir de réels problèmes.

  Il pénétra donc dans la ruelle plongée dans une quasi pénombre et se porta au devant de quatre loubards qui malmenaient méchamment une forme à terre.

  _ Quatre contre un, vous n'avez pas honte, dit-il calmement.

  Les jeunes gens se retournèrent d'un bond, lames en main et regards menaçant.

  _ Casse-toi connard, grogna celui qui semblait être leur chef, jouant à merveille son rôle de petite fripouille des films de série B. Casse-toi avant qu'on se charge de ton cas.

  Kyros soupira, il détestait ce genre de petite frappe qui se prenait pour un caïd de première et roulait des mécaniques.

  _ Ecoutez, dit-il, lâchez-le et partez sans demander votre reste et vous n'aurez pas de problèmes, ok ?

  Le chef le regarda un instant étonné avant d'éclaté de rire, rapidement imité par ses compagnons.

  _ T'aurais pas du t'en mêler, grinça-t-il enfin, je t'avais prévenu.

  Et d'un coup, il se jeta sur Kyros. Malheureusement pour le jeune homme, il en fallait beaucoup plus pour surprendre un soldat de son niveau et il évita sans mal son coup de poing. Emporté par son élan, le loubard n'évita la chute que grâce à une poubelle en travers du chemin à laquelle il se raccrocha. Tout homme censé aurait stoppé l'affrontement, mais il venait d'être blessé dans son orgueil de chef et ne comptait pas en rester là. A peine eut-il retrouvé son équilibre qu'il se jeta à nouveau, couteau en avant cette fois, sur Seagill qui l'évita facilement. Il para ainsi aisément une dizaine de coups avant de se lasser et voulant en finir, il le désarma d'un tour de main, alors qu'il se jetait sur lui et lui asséna un magistral coup de poing qui le cueillit au plexus solaire, coupant nette sa respiration et l'envoyant au tapis pour de bon.

  Devant la débandade de leur chef, les trois autres loubards ne cherchèrent pas plus les ennuis et saisissant le jeune homme à terre, le traînèrent hors de la ruelle, probablement pour regagner leur squat.

 Dieu merci, soupira Kyros intérieurement.

  Puis, se désintéressant complètement de leur sort, il se rapprocha de la forme au sol et s'agenouilla à ses côtés. Il ravala péniblement son air, lorsque le retournant, il reconnut Ellan qui semblait inconscient. Il avait une profonde coupure à la tempe droite qui saignait encore un peu et portait de multiples contusions.

  Il s'étonna un instant qu'un homme de sa constitution ne soit pas parvenu à se défendre, mais laissa ces questions de côté et le couvrant de sa veste, le prit dans ses bras pour le ramener chez lui et le soigner. Il grimaça de son peu de  poids lorsqu'il le souleva, comprenant enfin parfaitement les inquiétudes d'Elly et dans un soupire consterné, prit la direction de son bungalow.

  Le reste du trajet s'effectua sans encombre et il ne lui fallut pas longtemps pour regagner la plage. Montant rapidement les marches, son fardeau toujours dans les bras, il réussit à ouvrir sans trop de mal sa porte d'entrée et une fois passé le seuil, se dirigea immédiatement vers sa chambre pour y étendre le jeune homme.

  Il inspecta rapidement ses blessures pour s'assurer qu'aucune d'entre elles ne nécessitaient de soin plus poussé et sentit son cœur manqué un battement lorsqu'il remarqua les profondes cicatrices qui marquaient ses poignets. Elles étaient à peine formées et parfaitement refermées et Kyros ne leur donna pas plus de quelques mois. Il n'osait imaginer ce qui avait pu le pousser à en arriver à une telle extrémité.

  Le reste de son corps portait également la marques d'une vie mouvementée et loin d'être facile, mais aucune plaie importante ne venait ajouter son lot de marques à celles qui courraient déjà sur son torse et sur son dos. Elles étaient plus ou moins anciennes, certaines datant de quelques semaines, voir quelques jours à peine, d'autre remontant à plusieurs années. Plusieurs tendaient à faire penser qu'il avait du appartenir à l'armée ou à une force similaire. Une fois rassuré quand à l'importance mineur de ses blessures, il se dirigea vers la salle de bain pour y prendre compresses, bandages et désinfectant.

  Il fouaillait encore dans le placard lorsqu'un bruit de verre brisé provenant de la chambre attira son attention. Il s'y précipita pour y voir Ellan, debout, cherchant à tâtons tout autour de lui, alors que la lumière éclairait fortement la pièce. Lorsque le jeune homme tourna de son côté son visage anxieux et perdu, il y découvrit un regard entièrement voilé.

  La réalité le heurta douloureusement.

  Ellan était aveugle.

A suivre...