Blind

Sixième partie

  Cela faisait maintenant presque deux semaines que le jeune homme avait disparu. Du moins, disparu de l'existence de Kyros.

  Il ne comprenait toujours pas pourquoi.

  Les deux premiers jours, il avait attendu pendant de longues heures son retour, espérant pouvoir obtenir ne serait-ce qu'une toute petite explication de son attitude, mais tout avait porté à croire qu'il ne rentrait même pas chez lui. Portes et volets demeuraient obstinément clos et jamais rien ne laissait soupçonner qu'il ait pu habiter le bungalow. Il n'y avait jamais aucun bruit et une mince couche de sable s'accumulait peu à peu sur son perron, jamais dérangée autrement que par les propres pas de Seagill.

  Il avait craint alors qu'il ne se soit fait à nouveau attaquer et le troisième jour, après une nuit sans sommeil à se demander ce qu'il avait bien pu lui arriver, il était allé exprimer ses craintes à Elly. Son amie, comprenant qu'il s'inquiétait sincèrement, avait finit par lui avouer du bout des lèvres qu'il avait pris, pendant quelques temps, un autre logement et qu'il allait parfaitement bien.

  Un soulagement conséquent et bien plus profond qu'il n'aurait pu l'imaginer avait traverser l'ex soldat, faisant rapidement place à une étrange colère et il lui avait demandé d'un ton bourru la raison de son silence jusqu'à présent.

  Etant d'une nature assez emportée, Elly lui avait aussitôt répondu d'un ton sec qu'elle n'avait pas estimé nécessaire de lui en parler puisqu'après tout, il le connaissait à peine et qu'en plus il avait réussit à le faire fuir, ce que même le plus agressif de ses voisins n'était jamais parvenu à faire.

  Ses paroles avaient blessés Kyros plus profondément qu'il ne l'aurait cru et il avait peut-être réalisé pour la première fois à quel point il avait réussit en quelques heures à s'attacher au gamin. Constatant son expression peinée et réalisant elle-même ce qu'elle venait de dire, Elly s'était bien vite empressée de s'excuser et lui avait alors expliquer qu'Ellan lui-même lui avait demander de ne rien dire. Le jeune avait été troublé pour des raisons qu'il n'était pas à elle d'expliquer. Néanmoins, elle lui avait tendrement sourit, lui affirmant qu'il finirait par revenir sur ses positions et viendrait de lui-même lui parler.

  Kyros l'avait fortement souhaité, mais les jours passant, il se faisait de moins en moins d'illusion.

  Sa deuxième semaine de vacances était déjà largement entamé et il avait finalement abandonné l'idée de le revoir, concentrant alors toutes ses pensées sur d'autres occupations pour ne pas avoir à y réfléchir.

  Il avait ainsi écumé presque tous les musées de la cité et toutes les expositions d'art moderne ou plus ancien, ainsi qu'une bonne partie de la vieille ville. Il en connaissait maintenant presque tous les recoins par cœur, ainsi que les boutiques les plus intéressantes de son point de vue et les meilleurs restaurants.

  Il s'attaquait désormais au littoral et à l'intérieur des terres, explorant les plus beaux parcs régionaux lors de longues marches à pieds qu'il entamait très tôt le matin, pour ne revenir que tard dans la soirée. Il s'était aussi essayé à la plongée sous-marine au milieu de coraux et des poissons multicolores, découvrant avec une joie presque enfantine les bonheurs des promenades maritime, lorsque, perdu sous quelques mètres d'eau, son corps réapprenait à bouger et à vibrer et que ses sens découvraient de nouvelles matières, de nouveaux goûts, de nouveaux sons et de nouvelles distorsions de l'espace.

  Il avait également profité de ces quelques jours pour planifier d'autres occupations qui devaient occuper une bonne partie de son temps. Il aurait ainsi droit, parmi beaucoup d'autres choses, à un baptême en voilier ou à quelques cours de cerfs volant avec le champion régional.

  Un emploi du temps chargé qui, il l'espérait réussirait à lui faire oublier ses problèmes avec Laguna et Ellan.

  Lorsqu'il regagna son bungalow ce soir là, la nuit était déjà tombée depuis plus d'une heure et c'est plus par réflexe qu'autre chose, qu'il avait rapidement tourné son regard en direction de la maison du jeune homme. Comme à son habitude, celle-ci semblait déserte et il poussa un petit soupire avant de pénétrer dans son propre logement.

  La journée avait été riche en découverte et en effort et il se sentait épuisé.

  Il se glissa rapidement sous une douche brûlante pour se nettoyer et détendre ses muscles avant de passer un confortable jogging et de rejoindre la cuisine.

  N'ayant pas le courage de se préparer à manger, il se contenta de se faire une grande tasse de chocolat chaud qu'il déposa sur un plateau avec un petit paquet de gâteaux au beurre et aux amandes.

  Ainsi habillé de chaud et repas en main, il regagna le perron pour venir s'asseoir comme tous les soirs sur le canapé. Il s'allongea paresseusement dessus, tassa confortablement les coussins derrière son dos et, sirotant doucement le liquide délicatement parfumé de sa tasse en grignotant de-ci, de-là, quelques biscuits, il laissa son regard errer sur la voûte céleste encore splendide à cette époque de l'année. 

  A force d'efforts et grâce à un vieux livre d'astronomie qu'il avait dégotté chez un de ses antiquaires, il était parvenu à remettre un nom sur presque toutes les constellations ou les étoiles connues, pour son plus grand plaisir.

  Ce soir, la fatigue l'empêcha néanmoins de rechercher les dernière qu'il lui manquait, aussi si contenta-t-il de les observer, alors que dans son esprit se formait parfois les souvenirs des merveilles qu'il avait découvert dans la journée.

  A une centaine de kilomètres d'Eshtar, il avait pu admirer une splendide réserve naturelle

perdue en pleine montagne, sur laquelle se composait en mélange de végétations faites de garrigue à proximité de la plaine et de forêt dans les hauteur, le tout poussant sur une terre riche et odorante, légèrement épicée où se perdaient parfois de grands rochers ocre-rose. Une faune diversifiée, faites d'oiseaux aux plumages allant du bleu au verte en passant par un jaune orangé et de mammifères, petits rongeurs, magnifiques cervidés ou habiles prédateurs, venait enrichir une flore déjà à elle seule splendeur des lieux. On y trouvait une myriade de fleurs aux senteurs délicates et aux couleurs diaprées, auxquels se mêlaient des épices et aromates sauvages parmi les troncs odorants des pins centenaires.

  Il ne s'était pas lassé d'admirer ce lieu magique sur les sentiers parfaitement tracés et balisés de la réserve et n'avait pas vu le temps passé.

  Il regrettait seulement de n'avoir eu personne à ces côté pour profiter avec lui de ses merveilles.

  Il aurait aimé pouvoir les faire découvrir à Laguna et peut-être à Ellan, pour qui il aurait été le regard, alors que ses autres sens, beaucoup plus développés lui aurait fait d'eux-même connaître cet univers, lui ouvrant les portes de sensations qu'il avait été bien en peine de pouvoir ressentir.

  Il s'imagina un instant guidant le jeune homme, lui faisant peut-être comprendre que toute chose n'avait pas que de mauvais côtés, mais s'efforça bien vite de chasser cette pensées, qui lui rappelait douloureusement qu'il ne lui laisserait jamais cette chance.

  Et encore une fois il se demanda comment ce jeune homme, qu'il n'avait pourtant rencontré que deux fois, pouvait déjà lui faire ressentir d'aussi amers regrets. Ils étaient moins douloureux que ceux qu'il ressentait envers Laguna, mais n'en restaient pas moins étrangement puissants.

  C'était un personnage étonnement complexe qui changeait de masque et de visage avec une facilité déconcertante et presque frustrante car il ne savait toujours pas s'il avait pu, ne serait-ce, qu'entr'apercevoir sa véritable personnalité. Il dégageait un mélange d'arrogante assurance et de vulnérabilité étrange, ainsi que de tristesse. Pourtant, Kyros était presque certain que cela était sans rapport avec son infirmité, ou tout du moins, que celle-ci n'en était pas la cause immédiate. Il était néanmoins forcé d'admettre qu'il était complètement ignorant de ce qui pouvait ainsi le brûler de l'intérieur.

  Restait le problème de sa fuite. Il avait fini par envisager la très probable possibilité qu'il ait de sérieux ennuis avec la justice, puisque tout laissait à croire que c'était bien le nom de Laguna et le sien comme bras droit du président qu'il l'avait effrayé. Néanmoins le fait qu'Elly lui assure que le jeune homme finirait pas se montrer, ébranlait quelque peu cette théorie.

  Enfin, tout ceci n'était que spéculation hasardeuse dont il n'aurait peut-être jamais la réponse. Dans à peine plus de deux semaines, il repartirait au palais et il n'aurait plus le temps de se préoccuper de ces questions. Il retrouverait son bureau, les centaines de dossiers s'accumulant dessus à une vitesse effrayante et son éternel sentiment de solitude alors qu'il regarderait Laguna probablement convoler en juste noce pour la deuxième fois.

  Il secoua soudain la tête d'un mouvement rageur pour tenter d'en sortir toutes ses pensées déprimantes et se redressa.

  La fin de son chocolat était désormais froide et il avait à peine grignoter quelques biscuits, mais son cheminement d'idée lui avait coupé toute envie de manger. Il déposa lentement la tasse encore presque à moitié pleine sur le plateau et se leva en s'étirant doucement.

  Les premières brumes du sommeil commençait à s'insinuer doucement dans son esprit et il se sentait une irrépressible envie de dormir qui allait le mener droit vers son lit.

  Il se saisit du plateau, jeta un dernier regard à la voûte céleste et à la plage sur laquelle une mer noire argenté venait mourir à petits clapotis et se retourna pour rentrer, lorsque son pas se figea.

  Lentement, il se retourna, persuader d'avoir rêver, mais ressentant l'irrésistible besoin de s'en assurer. Il inspira profondément et fixa à nouveau la plage. Il crut presque être paralysé sous le choc lorsqu'il distingua nettement cette fois la silhouette étrangement familière, assise sur le sable à quelques pas de son bungalow.

  Avec précaution, il reposa son plateau et descendit lentement les marches de son perron pour s'avancer dans sa direction. Il s'immobilisa à deux pas à peine, hésitant un instant avant de finalement s'asseoir à ses côtés dans un bruissement léger.

  Ellan ne bougea, n'esquissa même pas un mouvement de tête vers lui et se contenta de garder son regard découvert en direction d'un ressac qu'il ne pouvait pas voir.

  Kyros l'observa quelques secondes, cherchant à déchiffrer l'expression de son visage, mais abandonna bien vite et se détourna lui-même vers la mer, sans prononcer une parole, attendant que son compagnon s'exprime le premier.

  De très longues minutes passèrent, à peine accompagnée du doux reflux de la mer, avant qu'il ne rompe enfin le silence.

  _ C'est la première fois, souffla-t-il enfin.

  Kyros tourna son regard vers lui.

  _ Que quoi ? Demanda-t-il simplement.

  Une ébauche de sourire passa sur le visage jusqu'ici hermétique du jeune homme, mais il ne bougea pas.

  _ C'est la première fois qu'une personne normale reste aussi longtemps avec moi sans rompre le silence.

  _ Hn... ?

  _ Je crois que l'absence d'échange à travers le regard les forces à chercher un échange verbal.

  _ Dans ce cas je n'ai pas d'excuse, même la lumière de la lune ne suffirait pas à t'éclairer pour que je me rende compte que tes yeux sont voilés. Rien ne prouve que je ne réagirais pas de même en plein jour.

  Un petit rire échappa à Ellan.

  _ Je ne crois pas, dit-il.

  _ Tu penses si bien me connaître ?

  _ Non... mais il y a des attitudes qui ne trompent pas et tu n'es pas de ceux à être gêné.

  _ Comment peux-tu en être si sûr ?

  _ Appelons ça l'intuition !

  _ Une intuition nommée Elly, je suppose, marmonna presque joyeusement Kyros.

  _ Euh... disons qu'elle n'y est effectivement pas étrangère, lui sourit en retour le jeune homme.

  Seagill aurait voulu conservé ce ton bon enfant de plaisanterie, mais la raison de la présence d'Ellan en cet instant n'avait rien de drôle à ses yeux.

  _ Pourquoi as-tu fuis ? Demanda-t-il finalement.

  Le visage de son compagnon se referma aussitôt et il ne répondit pas à la question.

  _ Pourquoi ? Insista Seagill. Que peux-tu donc craindre de si grave qui te force à t'enfuir en apprenant qui je suis ?

  Ellan sembla hésiter. Il ouvrit la bouche pour parler, la referma, laissa passer à peine plus de trente secondes et se décida finalement à lui répondre.

  _ Rien de très précis. Disons que je n'aime pas l'idée d'être vu en présence de quelqu'un d'aussi célèbre.

  Kyros savait qu'il ne lui disait pas toute la vérité, mais ne préféra pas le relever. Au lieu de quoi, il bougonna légèrement à l'idée que l'on puisse lui attribuer tant d'importance, lui qui n'arrivait pas à se considérer autrement qu'en soldat.

  _ Pas tant que ça, marmonna-t-il.

  _ Plus que tu ne le crois, sourit franchement le jeune homme en comprenant sa gêne.

  _ Mouai... Alors, puisque tu craints tellement les flashs d'une célébrité aussi charismatique que moâ, que fais-tu ici ? Tu n'as donc pas peur que des paparazi déguisés en poisson ne nous prennent en photo ?

  Un rire franche accompagna sa remarque.

  _ Non... tu n'es pas célèbre à ce point !

  _ Ouf, y m'a fait peur... mais tu n'as pas répondu à ma question.

  _ Disons qu'Elly sait être très convaincante.

  _ A quel point ?

  _ Suffisamment pour me faire comprendre que j'étais un imbécile de m'éloigner d'une des seules personnes qui avait la décence de me traiter en être humain.

  Il n'y avait rien à répondre à cela et un silence confortable s'installa entre eux.

  _ Puis-je te poser une question ? Demanda finalement Kyros.

  _ Tu peux toujours essayer, je verrais si je désire y répondre.

  _ Depuis quand es-tu aveugle ? Je veux dire, tu es plutôt musclé, bien que beaucoup trop maigre, dit-il d'un ton de paternel inquiétude qui fit sourire Ellan, et tout semble prouver que tu as reçu une formation militaire, mais ta cécité semble te poser problème pour combattre.

  _ C'est vrai. Je ne suis aveugle que depuis quelques mois.

  _ Depuis la guerre ?

  _ Un peu après, mais la guerre en est effectivement la cause.

  Le ton, forcé, n'était pourtant qu'un murmure et une grande lassitude mêlée de tristesse et de regret passa sur son visage. Il se mordit doucement la lèvre et baissa finalement la tête, cachant ses traits au regard de Kyros.

  _ A quel corps d'armée appartenais-tu ? Demanda-t-il doucement, peu sûr d'obtenir de nouvelles réponses.

  _ Je n'étais pas soldat... lui fut-il finalement dit, j'étais Seed, enfin... j'aurais du le devenir, mais le chose ne se sont pas vraiment passée comme j'aurais pu l'espérer.

  _ Je comprends.

  _ Je ne pense pas...

  _ Plus que tu ne pourrais le croire.

  Kyros commençait à réaliser certains faits et étrangement, il se sentait plus que jamais décidé à aider Ellan.

  _ Le passé n'a pas d'importance, dit-il enfin d'un ton résolu, qui fit redresser la tête au jeune homme. Ce qui compte maintenant, c'est que tu retrouves tes aptitudes au combat, afin que ce qui est arrivé la dernière fois ne se reproduise plus.

  _ Et tu crois pouvoir m'y aider ? Demanda sarcastiquement Ellan.

  Seagill ne releva pas la pique et se contenta de poursuivre.

  _ Bien sûr ! Je n'ai pas été un des meilleurs soldats pour rien ! Evidemment ce sera difficile, mais ton caractère de tête de mule devrait t'empêcher d'abandonner.

  _ Tu t'avances un peu vite je trouves, je peux très bien refuser.

  Mais tout dans la voix du jeune homme prouvait qu'il pensait le contraire.

  _ Hn... détails, détails ! Maintenant, dis-moi, quelle arme magnais-tu ?

  _ Je... j'avais commencé à m'initier à la gunblade.

  _ Mouai... je n'y connais pas grand chose, mais l'expert de service étant occupé à papillonner aux milieu des fleurs bleues et des cœurs roses, il va falloir te contenter de moi.

  _ Hn ?

  _ Laisse tomber ! Et tu t'en sortais comment ?

  _ Bah... je me défendais.

  _ Je vois, sourit malicieusement Kyros et tu as toujours ton arme ?

  _ Non.

  Le ton était amer et Seagill faillit intervenir, mais il préféra finalement s'en abstenir.

  _ Pas grave, j'en ai vu une en ville qui pourrait faire l'affaire, j'irais la rechercher demain.

  Ellan se retourna soudain vers lui et il aurait presque pu dire qu'il le dévisageait avec de grands yeux en soucoupe, si ce n'avait été son incapacité.

  _ Ne fait donc pas cette tête là ! Je sais bien que ces armes sont hors de prix, mais ce n'est pas un problème !

  _ Pour moi, oui !

  _ Je ne vois pas pourquoi, puisque c'est moi qui te l'offre.

  _ Je ne peux pas accepter.

  _ Tu n'as pas le choix.

  _ Et si je refuses ?

  _ Je te l'ai dit, tu n'as pas le choix !

  _ Et c'est moi la tête de mule ?

  _ Je prends ça pour un oui, sourit joyeusement l'ex soldat.

  _ Hn !

  Ellan se détourna à nouveau, tentant vainement de cacher le sourire qui lui montait involontairement aux lèvres.

  _ Bien, ce n'est pas tout ça, mais il commence à se faire tard et je crois que tu travailles demain, contrairement au vacancier que je suis. Tes élèves ne seront pas très contents si tu leur fait faux bon et puis, je dois bien avouer que je suis lessivé !

  _ Comment ? Demanda le jeune homme, avant de se répondre. Mouai, je vois... Elly.

  _ Une vraie mère poule.

  _ Je sais.

  _ Tu ne la mérites pas !

  Le sourire de Seagill s'évanouit lorsqu'il vit l'expression d'Ellan se décomposer soudain, comprenant qu'il venait de faire un impaire.

  _ Je sais, murmura-t-il doucement.

  Et il se redressa, prenant à peine le temps de se débarrasser quelque peu du sable sur ces vêtements, avant de partir en direction de son bungalow. En un instant, Kyros fut lui aussi sur pied et le rattrapait, saisissant son bras.

  _ Ellan, je suis désolé, je ne...

  _ Ce n'est rien, le coupa le jeune homme en se tournant vers lui, un sourire forcé aux lèvres. Ca ne change rien. Je te vois demain soir pour le premier cours.

  Kyros secoua lentement la tête, avant de se rendre compte qu'Ellan ne pouvait pas l'avoir vu et s'empressa de lui répondre.

  _ Bien sûr.

  _ A demain alors.

  _ Bonne nuit.

  Seagill le regarda s'éloigner, étrangement euphorique malgré tout ce qu'il avait pu être dit ou sous entendu, confirmant qu'il s'était bel et bien accroc au jeune homme.

  Il savait que les prochains jours n'allaient pas être de tout repos, tant physiquement que mentalement, mais s'en souciait peu. Tout ce qui comptait pour l'heure, c'est qu'Ellan l'avait enfin accepté.

  L'avenir lui sembla soudain un peu moins froid et solitaire.

A suivre...