Blind
Quatorzième partie
Un choc.
Violent.
Bruit du métal qui se déchire.
Un éclair qui jaillit.
Presque aveuglant.
Brutal.
Et une lame qui se fend… se casse… éclate…
Un regard surpris et terrifié.
Un regard de colère et de soulagement mêlés.
Ils s'affrontent un instant…
… et un homme recule.
Son arme, brisée, chute à terre.
Des cris étonnés.
Une foule qui s'écarte.
A peine quelques secondes d'écoulées.
Quelques secondes d'éternité.
Kyros cligna des yeux, refusant de lâcher l'homme du regard, maintenant fermement Rédemption dressée en rempart entre lui et Seifer. Il ne les laisserait plus le touché, dut-il se faire tuer. Plus jamais.
Plus jamais.
Sur sa droite, un mouvement attira son attention et il se retourna pour voir un soldat galbadien, remit du choc, se diriger rapidement vers lui, arme à la main. Il n'eut heureusement pas le temps d'aller bien loin. A peine eut-il fait quelques pas qu'il se retrouva avec le canon de l'arme d'Irvine pointé sur son front.
_ Je ne ferais pas ça, si j'étais toi ! Gronda le jeune homme.
_ Vous allez le regretter, rétorqua le soldat, je suis…
_ Tu n'es rien du tout ! JE suis un SEED et de fait, J'AI toute autorité ! En plus, malheureusement pour toi, je suis le meilleur tireur de toutes les Gardens, alors ne croit pas que je pourrais te rater à si courte portée.
La peur dilata aussitôt les pupilles du garde qui recula de quelques pas.
_ ET CELA VAUT POUR CHACUN D'ENTRE VOUS ! Avertit Irvine à l'adresse de la population autant qu'à celle du reste des soldats.
Ceux-ci ne protestèrent pas et n'esquissèrent pas même un mouvement dans l'intention de les arrêter.
Satisfait, le blond tourna alors rapidement son regard vers Kyros qui le remercia silencieusement, avant de surveiller à nouveau les quelques personnes qui pourraient se montrer plus suicidaire que les autres.
Oubliant tout du monde autour de lui, Seagill déposa rapidement Rédemption à ses côtés et, délicatement, souleva Seifer pour le caler contre lui. Le jeune homme gémit, réagissant à peine et Kyros grimaça en découvrant la blessure qui perçait son flanc et le faisait saigner abondamment.
Mais au moins était-il vivant.
Sans attendre, il fabriqua une compresse avec un pan de sa veste qu'il arracha violemment et appuya fortement sur la plaie pour la comprimer. Seifer frémit contre lui, et, finissant de déchirer son vêtement, il banda rapidement le pansement déjà gorger de sang pour le maintenir.
Puis, installant plus confortablement son cadet contre son torse, il posa tendrement une main sur sa joue.
_ Seifer ? Murmura-t-il. Tu m'entends ?
Le jeune homme à la chevelure maintenant bigarrée, mi-blonde, mi-brune, ne répondit pas, laissant tout juste échapper une légère respiration, difficile et presque haletante.
_ Seifer ? Répéta-t-il encore, gagner par la peur de ne pas le voir réagir et caressant doucement son visage. Seifer, s'il te plait, répond-moi ! Répond-moi !
Sortant difficilement des méandres de la douleur qui embrumait ses pensées, le jeune homme tenta de se concentrer sur la voix qui l'appelait, forçant son esprit à se focaliser sur ce timbre étrangement familier. Il entendit plus distinctement la seconde fois, sentant la douceur de la main qui effleurait sa joue et finalement, la reconnue. Mais c'était impossible, ça ne pouvait pas… ça ne pouvait pas être lui ! Il n'y avait rien d'autre à ses côtés que la haine et le coup de grâce qui devait être porté. Rien d'autre…
Mais la voix résonna à nouveau, l'exhortant à répondre, si douce et il s'y raccrocha, car peut-être… peut-être…
_ Kyros ? Demanda-t-il faiblement, ouvrant comme par réflexe son regard aveugle.
Il entendit quelqu'un hoqueter près de lui et le corps qui le supportait sursauter à l'appel de ce nom.
Kyros poussa un petit soupire de soulagement en le sentant répondre.
Il était conscient.
_Oui, Seifer. C'est moi. Tu n'as plus rien à craindre.
Ainsi, il n'avait pas rêvé, il était vraiment là..
_ Kyros…
_ Chut ! Ne parles pas. On va t'aider, ne te fatigue pas.
_ Noooon, je…
Il avait de plus en plus de mal à se focaliser sur la réalité. La souffrance noyait petit à petit son esprit, l'attirant vers un gouffre de ténèbres presque réconfortant. Il était fatigué… tellement fatigué… il voulait juste se laisser aller, mais avant… avant il avait quelque chose à dire à Kyros, qui lui rongeait le cœur depuis son départ. Il fallait qu'il lui dise. Après… après, il pourrait lâcher prise… après…
_ Kyros ! Souffla-t-il difficilement. Je suis… je suis désolé…
L'ex soldat, presque tremblant, resserra un peu plus son étreinte sur le jeune homme, chassant avec peine les larmes qui menaçaient d'envahir son regard.
_ Ce n'est pas grave, dit-il. Je ne t'en veux pas… je ne t'en veux pas. Ne dit plus rien maintenant, garde tes forces.
Mais Seifer ne l'écouta pas.
_ Je suis désolé… je… je voulais juste te dire… juste te dire… que je t'aime…
_ Moi aussi… moi aussi, je t'aime, mais reste avec moi, ok ? Reste juste avec moi.
Et doucement, il se pencha pour lui effleurer les lèvres et goûter à nouveau leur chaleur… aux effluves de sang.
Lorsqu'il se redressa, Seifer avait fermé les yeux et sa tête bascula aux creux de son épaule. Kyros sentit sa respiration se bloquer, tétanisé par la peur, avant de percevoir à son cou, les battements lents de son pouls.
Il n'était qu'évanoui.
Doucement, il soupira de soulagement et raffermit encore un peu plus sa prise sur son corps musclé.
Il jeta un coup d'œil à Irvine et la même question passa dans leur regard.
Et maintenant ?
Il n'eurent malheureusement pas le temps de chercher une solution. Au même instant, une quinzaine de gardes supplémentaires s'engouffrèrent dans l'espace créé et les encerclèrent, visages menaçant et armes pointées sur eux.
Il n'y avait rien à faire. Ils étaient piégés entre un surnombre de soldats qu'ils ne pourraient pas tous affronter et une population qui gagnait un peu plus d'assurance le temps passant et réclamait à nouveau la tête de Seifer.
Kyros vit soudain plusieurs chiens d'armes s'abaisser et presque toutes les gâchettes frémirent sous la pression des doigts. Lentement, il ferma les yeux, attendant qu'il fasse feu.
Il y eut un cliquetis caractéristique et…
_ ARRETEZ !
Seagill qui avait reconnu la voix, rouvrit immédiatement son regard, étonné et soulagé à la fois, alors que tous les soldats figeaient leur geste.
Laguna apparut alors, cheminant rapidement à travers une foule qui l'avait reconnu et s'écartait respectueusement.
_ BAISSER VOS ARMES ! Ordonna-t-il encore.
Les gardes commencèrent à s'exécuter, visiblement impressionnés par son autorité, mais leur chef les arrêta.
Il s'avança rapidement vers Loire et stoppa à quelques pas à peine, le détaillant lentement, pas le moins du monde affecté par sa présence.
_ Monsieur le Président, dit-il avec calme. Vous n'êtes pas ici chez vous. Vous n'avez aucun ordre à donner à mes hommes.
_ J'ai bien peur que si, rétorqua Laguna avec assurance. Le jeune homme ici présent que vous menacez, dit-il en désignant Irvine, est un Seed de rang A de la BGU. Il est ici pour ramener le prisonnier Seifer Almasy aux Gardens, afin qu'il soit jugé par ses paires et de fait, il a toute l'autorité requise. En pointant, comme vous le faite, une arme sur sa personne, vous prenez le risque d'un incident qui entraînerait une coalition des Gardens contre Galbadia, même de la part de la GGU. Et Esthar étant un allié direct des Universités, j'ai tous les pouvoirs requis pour vous arrêter et vous obliger à me le livrer.
Le soldat le dévisagea, mal à l'aise et tenta une autre approche.
_ Nous pourrions l'emmener à la GGU.
_ J'ai bien peur que ce ne soit impossible. Monsieur Almasy vient de Balamb et c'est là qu'il sera jugé. En attendant, il sera ramené à Esthar pour être soigné. Il est désormais totalement sous notre protectorat.
_ Le président Delling n'acceptera jamais ça !
_ Nous pourrons en discuter ensemble. En attendant, je ramène votre prisonnier avec moi que vous le vouliez ou non. Et je vous conseille de ne pas nous en empêcher, Esthar et les Gardens verraient probablement d'un très mauvais oeil mon arrestation.
Cédant sous la pression, le soldat recula de quelques pas, non sans lui dédier un regard haineux et promettant à voix basse des représailles de Galbadia face à cette humiliation.
Laguna ne lui accorda pas la moindre importance et, se tournant vers Kyros et Irvine, les invita d'un mouvement rapide de tête à le suivre le plus vite possible.
Le cow-boy se porta immédiatement à la droite de Kyros, pour l'aider en cas de besoin, alors que ce dernier se redressait, Seifer dans les bras. Puis, il rejoignirent Laguna et rapidement, dans le silence le plus total, ils firent chemin vers l'Hydre.
***
Lorsque l'appareil décolla, toujours au commande de Laguna, Kyros avait déjà étendu Seifer sur une banquette plus confortable et s'évertuait à lui refaire un pansement plus acceptable à l'aide de la trousse de premiers soins.
Irvine lui avait lancé un Curaga qui avait arrêté le plus gros du saignement, mais son état n'en restait pas moins préoccupant, d'autant qu'il n'avait toujours pas repris connaissance.
Il travailla rapidement et en silence, avec l'aide du jeune homme, tous deux bien trop préoccupés pour échanger une parole.
Kyros ne cessait de remercier Hyne de lui avoir permis d'arriver à temps et Laguna qui venait de prendre d'énormes risques pour lui. Il savait que son ami venait de se placer dans une position excessivement précaire vis à vis de Delling, mais également des Gardens au nom desquels il avait parlé, tout en sachant très bien qu'il n'en avait aucun droit. D'autant qu'il doutait que quoiqu'il puisse reprocher à Seifer, il accepte de le leur livré.
Du moins, l'espérait-il.
Lorsque enfin, le bandage fut terminé, il laissa Irvine s'occuper de tout nettoyer et s'assit près du jeune homme, prenant doucement sa main dans la sienne et admirant son visage. Combien de fois ces dernières semaines, avait-il rêvé de le revoir ? Combien de fois, avait-il imaginé pouvoir toucher à nouveau sa peau ?
Il ne savait plus, et s'en désintéressait totalement.
Il était bien là, avec lui, maintenant, et c'est tout ce qui comptait.
Lentement, il se pencha pour embrasser à nouveau ses lèvres, pour les goûter une nouvelle fois, alors que Laguna se glissait discrètement à l'intérieur de la pièce.
Il observa un instant celui qu'il avait toujours considéré comme son meilleur ami et soupira doucement.
_ Vous avez fait ce qu'il fallait, lui souffla Irvine en apparaissant à ses côtés.
Laguna le dévisagea un instant, avant de reporter son attention sur le couple.
_ Je ne sais pas, dit-il. Je ne sais pas. J'ai pris d'énorme risque, incluant mon pays dans une affaire personnelle et dangereuse et je ne pense pas que c'était la bonne chose à faire. Surtout… surtout…
_ Surtout pour quelqu'un comme Seifer ?
Loire ne répondit, se contentant une fois de plus de soupirer et un long silence s'installa entre eux.
_ Depuis combien de temps le sais-tu ? Demanda finalement le président.
_ Trois jours.
_ Et ça ne te fait rien ?
_ De savoir qu'il s'agit de Seifer ? Si, bien sûr. Tout ce que je sais de lui, tout ce dont je me souviens, c'est d'un être égocentrique et orgueilleux qui, il y a quelques mois de cela, n'aurait pas hésité un seul instant à me tuer.
_ Alors comment fais-tu pour accepter ?
_ Ecoutez, je ne connais pas Kyros depuis aussi longtemps que vous et je n'ai pas la prétention d'affirmer que je sais tout de lui. Ce dont je suis sûr néanmoins, c'est que c'est un type bien et que jamais, au grand jamais, il n'aurait pu tomber amoureux de Seifer si celui-ci n'avait pas changé. Vous savez, il se peut très bien que nous n'ayons jamais connu sa véritable personnalité, que la manière dont il avait agi jusqu'ici n'était qu'un masque pour se protéger.
_ De quoi ?
_ Des gens. Du monde en général. De la souffrance, de la peur d'être rejeté. Je ne sais pas. Vous savez, ce n'est pas facile n'ont plus pour moi à accepter, mais j'y arrive.
_ Comment ? Comment le pourrais-je après tout ce qu'il a fait ?
_ On a un peu trop tendance à oublier qu'il était posséder, quant au comment… je crois qu'il suffit de les regarder.
Laguna observa un peu mieux Kyros qui caressait tendrement les cheveux de Seifer d'une main, alors que l'autre serrait fortement la sienne et qu'il lui parlait à voix basse. Son regard noir brillait comme jamais auparavant et Laguna ne put s'empêcher de trouver qu'il formait un très beau couple.
Il se mordit la lèvre inférieure, alors qu'il commençait à comprendre un peu mieux ce que voulait dire Irvine. Il avait raison sur bien des points, en autre sur le fait qu'il pouvait avoir confiance en Kyros.
_ Tu es bien plus mûr que moi à ton âge, dit-il au blond en tournant son regard vers lui.
_ N'en soyez pas si sûr, sourit le jeune homme. Il est seulement des choses pour lesquels je sais être ouvert et sérieux.
_ Je vois ça. Zell a bien de la chance.
_ Hum… répondit évasivement le blond en rougissant légèrement.
Laguna ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire qui attira l'attention de Kyros. Il redevint immédiatement sérieux et lui dit enfin :
_ J'ai appelé l'hôpital d'Esthar. Ils seront prêts à le recevoir dès notre arrivé.
Kyros pâlit un peu à l'initiative de son ami, peu sûr de pouvoir faire confiance au médecin malgré leurs devoirs.
Comprenant ses craintes, Loire le rassura immédiatement.
_ J'ai moi-même spécifié les ordres, il n'y aura aucun problème. De plus, il faut le soigner, il ne peut pas rester dans cet état.
_ Je sais, soupira doucement le guerrier à la peau mat. Je sais.
***
Dès que l'Hydre avait atterri sur le toit de l'hôpital, médecin et infirmières de confiance avaient pris le relais et avaient immédiatement emmené Seifer aux urgences.
Laguna, Kyros et Irvine n'avaient alors eu plus d'autres choix que de prendre place en salle d'attente au milieu de dizaine d'autres parents qui attendaient comme eux.
Seagill se força à s'asseoir et à calmer sa nervosité, pourtant grandissante, le temps passant. Presque une heure s'était déjà écoulée lorsque soudain toute la petite troupe, composée de Squall, Zell, qui portait Eike, Quistis, Selphie, Linoa et Ward, débarqua soudain.
Squall, visage fermé, était en tête, marchant d'un pas déterminé, gunblade en main, visiblement fou de rage.
Il s'arrêta à hauteur de son père qui se leva aussitôt, et le toisa d'un regard mauvais, ignorant les tentatives désespérées de Selphie pour le calmer.
_ Dit-moi que ce n'est pas vrai ! Dit-il enfin. Dis-moi que ce n'est qu'une rumeur stupide et mensongère !
_ Quoi ? Demanda calmement Laguna à son fils.
_ NE TE FOUS PAS DE MOI PAPA ! EST-CE VRAI QUE TU AS OSE RAMENE SEIFER ICI ???
Avant même que le jeune homme ait pu comprendre ce qu'il se passait, Laguna leva la main et lui administra la claque de sa vie.
_ TU es ici dans un hôpital ! Alors je te demanderais, si tu es incapable de m'en montrer un tant soi peu, d'au moins montrer du respect pour les gens qui attendent et les malades !
Squall, trop surpris pour réagir, se contenta de frotter sa joue rouge du coup reçu.
_ Bien ! Puisque tu sembles un peu calmer, tu vas m'expliquer ce qui se passe.
_ Ce qui se passe, siffla le jeune homme, toujours bouillonnant de colère, c'est qu'on nous a dit que Seifer avait été capturé et qu'au lieu de le laisser subir le sort qu'il méritait, tu es allé le sauver. C'est vrai ?
_ Oui.
_ Pourquoi ? Ce n'est qu'un monstre !
Laguna allait répliquer, mais Kyros ne lui en laissa pas le temps et se leva pour faire face à toute la petite troupe.
_ Il l'a fait à cause de moi.
Ils le regardèrent étonnés et Irvine se porta à ses côtés pour le soutenir silencieusement.
_ Comment ça ? Demanda Selphie. Je veux dire, pourquoi ? Vous n'aviez aucune raison de le faire.
_ Bien au contraire, répondit Seagill un triste sourire aux lèvres et soutenant leur regard. Bien au contraire, car Ellan et Seifer ne font qu'une seule et même personne et que nous sommes amants.
Et avant qu'aucun d'eux n'ait pu réagir, il se tourna vers Laguna.
_ Je t'avais promis une explication, elle est toute simple. J'ai rencontré Seifer sous le nom d'Ellan, sans savoir qui il était réellement et je suis tomber amoureux de lui. Lorsque j'ai découvert sa véritable identité, ça n'avait plus d'importance pour moi, car je savais qui il était vraiment. Mais, lorsqu'il a su que j'avais découvert son vrai nom, il a fui, croyant probablement, pour de stupides raisons, que j'allais le repousser. Je t'ai alors demandé ton aide pour le retrouver, car je refusais de le perdre. Si je ne t'ai rien dit de sa véritable identité, c'est que j'avais peur que tu refuses de m'aider. C'est tout.
Un lourd silence plana pendant quelques secondes, avant d'être brisé par le ton dégoûté de Selphie et Linoa.
_ Vous… vous êtes gai ???
_ Oui.
_ C'est répugnant ! Dirent-elle en cœur.
Kyros, qui ne s'était pas attendu à autre réaction de leur part, ne vacilla même pas et ne chercha pas plus à répliquer.
Squall, quant à lui, n'approuva pas leur attitude, mais ne la répugna pas non plus.
_ Je m'en fous de qui où quoi, dit-il simplement. Seifer est un traître et à la minute où il pourra sortir d'ici, je l'emmènerais moi-même à Balamb pour qu'il soit jugé et condamné, que tu le veuille ou non, papa. Tu ne pourras pas m'en empêcher.
_ Nous verrons, répliqua simplement Laguna. En attendant, je crois qu'il vaudrait mieux que vous partiez d'ici.
Squall se contenta de hausser les épaules, la main toujours crisper sur son arme et sans attendre, fit demi-tour, immédiatement suivit de Linoa, Selphie et Ward.
Quistis s'attarda un peu, ne sachant pas vraiment comment réagir face à toutes ses informations, puis elle s'approcha de son fiancé, lui embrassa rapidement la joue et sans un mot, serra doucement sa main en signe de soutient.
Laguna laissa filtrer un tout petit sourire à son encontre avant de la laisser rejoindre les autres.
Seul Zell resta un peu plus longtemps, Eike toujours accroché à son cou.
En prenant enfin conscience, Kyros s'en approcha rapidement et lui prit le petit garçon des bras.
Voyant son air perdu et son manque de réaction, l'ex soldat tourna alors un regard interrogateur vers le petit blond, qui lui répondit d'une voix inquiète :
_ Il est comme ça depuis que nous avons appris la nouvelle. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas réussi à le sortir de son état.
Kyros qui comprenait très bien les raisons de cette violente réaction se contenta de hocher la tête et de le remercier avant de retourner s'asseoir, Eike toujours recroquevillé dans ses bras qui se mit soudain à pleurer.
_ Chhhhhhhh !! Lui souffla t-il gentiment. Chhhhh !! Tout va bien, Eike, tout va bien se passer. Il ne risque rien. Il ne risque plus rien.
_ Mais ils ont dit qu'il était blessé, rétorqua l'enfant en sanglotant. Et… et Squall a dit qu'il aurait mieux fait de mourir et qu'il serait de toute façon exécuté.
Ses paroles, plus que celle de Squall firent souffrir Kyros, qui commença à le bercer tendrement.
_ Je sais. Mais je ne les laisserai pas faire, je te le promets et il va s'en sortir. Il est fort, il n'aura aucun mal à s'en remettre tu sais. Chhhhh, calme-toi, maintenant, calme-toi ! Ca va aller.
Ses paroles réconfortèrent quelque peu le jeune garçon dont les larmes se tarirent peu à peu. Pourtant toujours inquiet, il se boudina un peu plus contre Kyros pour rechercher un réconfort dans sa simple présence.
L'ex soldat accueillit avec joie cette étreinte et pour la première fois depuis que tout avait commencé, il laissa ses larmes couler silencieusement le long de ses joues.
Des larmes de joies, de désespoir et de soulagement mélangés, qui semblèrent quelque peu alléger son esprit.
A aucun moment, il ne prit conscience du drame qui se jouait quelques mètres plus loin. Dans un accès de colère face à une réaction stupide de Zell, Irvine lui rendit son anneau.
_ Tu me le rendras le jour où tu auras un peu mûrit, dit-il avec colère, avant de lui tourner le dos pour rejoindre Kyros et Eike.
Zell serra fortement le poing autour de la bague et chassa rageusement les larmes qui envahissaient son regard, avant de s'enfuir en courant.
Laguna qui avait assisté à la scène, lui emboîta immédiatement le pas.
A suivre…
