Note : Merci pour les feedbacks (sur le site ou non) !!!^^ Ca fait trèèèès plaisir ! Dans ce chapitre, je reviens un tout petit peu en arrière dans l'histoire (au moment ou Squall s'en va) histoire d'explorer un peu les sentiments de mes protagonistes et de comprendre un peu mieux ce qui se passe. Voilà !
Blind
Quinzième partie
Il sortit du bâtiment en claquant si violemment la porte que les vitres en tremblèrent et manquèrent se briser.
La colère coulait en lui comme une vague acide qui le grignotait lentement et inéluctablement de l'intérieur. Même le soleil, qui glissa aussitôt sur sa peau en une caresse presque brûlante, ne put réchauffer son âme dévorée de ressentiments.
Les ténèbres étouffantes.
Comment ?
Comment avait-il pu lui faire ça ?
Surtout lui… lui en qui il avait maintenant toute confiance.
Comment ?
Il fit quelques pas le long du haut mur de la bâtisse, avant de s'arrêter, tremblant et, incapable de contenir sa colère plus longtemps, abattit sur la façade blanche un poing furieux. Sous la force de l'impact, le plâtre s'effrita, craquant presque sur dix centimètres et creusant quelque peu sa surface jusqu'à présent parfaitement lisse.
Une porte qui s'ouvre en grinçant.
Il entendit un petit cri inquiet derrière lui, mais n'y prêta pas la moindre attention, son regard tourné vers son poing maintenant ensanglanté.
Pourtant, il ne ressentait rien.
Aucune douleur…
Aucune douleur comparable à…
Le fer dévorant la chaire de ses poignets.
Comment ?
Comment avait-il pu lui faire ça ?
Il… il le haïssait.
L'éclat d'une lame.
Une haine qui l'empêchait presque de respirer et le consumait entièrement. Une haine qui couvait au plus profond de lui depuis si longtemps maintenant. Une haine qu'il avait tentée d'oublier, de repousser, mais qui ne l'avait jamais quitté.
Un tel désir de vengeance.
Pour quelques heures…
Pour des années…
… de souffrances.
Un rire narquois.
Un désir qui refaisait surface à présent et réclamait son dû.
Le sang pour le sang.
La douleur pour la douleur.
Un sentiment irraisonné dont il ne se rappelait plus exactement les causes profondes, mais qui vivait en lui, se nourrissant de tout ce qu'il avait souffert à cause d'eux… à cause de LUI ! Une plaie mal cicatrisée.
Qui faisait si mal !
Si mal.
Une main se posa soudain sur son épaule. Et il se dégagea violemment, incapable d'en supporter le contact, même léger.
Un tremblement ébranla doucement son échine.
_ Squall ?
"Squall…"
Une voix ironique, aux intonations étranges.
"Seifer…?"
Une ombre qui s'approche.
_ Non !
_ Squall? Qu'est ce que tu as ?
_ NE ME TOUCHE PAS !
Il ne peut pas voir son visage, la pénombre est partout.
Et il a si mal.
Tout son corps le brûle, souvenir cuisant de la torture qu'il vient de subir, encore et encore, silencieusement.
Car c'est ainsi que doit se comporter un Seed.
Subir sans céder.
Seifer le sait…
… pourquoi revenir ?
Pour le tuer ?
Probablement. N'a-t-il pas rêvé de cet instant toute sa vie ? Du jour où enfin, il pourrait l'écraser ?
Pathétique victoire.
La silhouette s'approche silencieusement, mais il détecte sans mal sa forme, plus sombre que le reste, coulant vers lui.
Elle reste quelques secondes à deux pas à peine, avant qu'une main se pose soudain sur son visage, effleurant doucement la pommette de sa joue.
Instinctivement, il recule pour seulement mieux se coller contre le mur suintant d'humidité de son cachot. Le liquide glacial au contact de sa peau le fait frémir et ravive un instant les blessures de son dos.
_ Seifer… Que veux-tu encore ? Me torturer une fois ne t'as donc pas suffit ? Es-tu donc à ce point lâche que tu ne peux m'affronter face à face dans un véritable duel?
Un petit rire amusé accueille sa remarque, avant que les doigts ne reviennent au contact de sa peau et ne descendent sur son torse pour venir titiller les plaies qui le barrent. La lame qu'il tient y trouve aussi son chemin et laisse de nouvelles marques cuisantes.
Il retint tant bien que mal une grimace douloureuse, qui se transforme en masque d'horreur lorsqu'il sent soudain deux lèvres chaudes venir mordre la base de sa nuque.
Noooonnn !!!
Il sentit la nausée lui tordre l'estomac et vacilla légèrement sur ses jambes.
La douleur.
Encore et encore, qui semble le transpercer de toute part.
Sa respiration se fit sifflante et tout son univers commença à tanguer dangereusement autour de lui.
La silhouette se retire enfin, visiblement satisfait et semble le contempler un instant. Un rayon de soleil filtre alors pour la première fois dans la pièce pour venir éclairer son visage. Maintenant, il peut enfin voir son…
Non !
Il n'en avait pas eu besoin.
Il savait.
Il savait parfaitement bien de qui il s'agissait. Ce salaud ! Cette ordure !
Il aurait du le tuer. Il aurait du le tuer lorsqu'il en avait eu l'occasion. Mais il ne l'avait pas fait alors, car il y avait Linoa et qu'il voulait la revoir.
Il avait eu tord.
Mais il ne referait pas deux fois la même erreur.
_ Squall ? Appela à nouveau une voix.
Il reconnut enfin le ton cristallin de Selphie et se retourna pour lui faire face, recouvrant instinctivement son masque de froideur.
_ Squall ? Est-ce que ça va ? Demanda la jeune femme inquiète, tentant une nouvelle fois de poser une main sur son bras, que cette fois-ci, il ne repoussa pas.
_ Parfaitement bien, se força-t-il à répondre d'une voix égale.
_ Tu… tu es sûr ?
_ Oui. Ne t'inquiète pas.
Pourtant, sa jeune fiancée ne semblait pas convaincu et eu une petite moue de doute, avant de demander :
_ Et pour Seifer ?
Un sourire mauvais et douloureux passa sur les traits du jeune homme qui répondit d'une voix glaciale.
_ Je vais le tuer de mes propres mains !
***
Zell vit Irvine se lever rapidement de son siège pour se porter aux côtés de Kyros, une expression déterminée sur le visage. Il resta à peine un pas en arrière, protecteur, jetant sur leur petit groupe un regard presque meurtrier.
Le zébulon ravala son air lorsqu'il le fixa à son tour sans radoucir, ne serait-ce qu'un peu, son expression et sentit son cœur manquer un battement quand il ramena un regard tendre et compréhensif sur l'ex soldat.
Une vague de jalousie teinta aussitôt son âme et il sentit une sourde colère bouillire en lui, alors qu'il serrait son poing libre à s'en faire blanchir les jointures. Des larmes commencèrent à inonder son regard et il les repoussa avec agacement, ne voulant pas montrer à quel point il était blessé.
Il prêta à peine attention à la conversation qui suivit, incapable de lâcher les traits de son compagnon qui se crispaient parfois sous le coup de la colère, puis se relâchaient, alors qu'il effleurait de temps à autre des doigts l'épaule de Kyros.
Chacun de ses gestes, chacun de ses regards était autant de lames chauffées à blanc enfoncées dans les chaires de Zell qui le déchiraient lentement.
Et dire…
Et dire qu'il lui avait fait confiance.
Qu'il lui avait tout donné.
Son corps et son âme.
Totalement.
Et même… même son amour.
Mais maintenant…
Maintenant…
Tout ça n'avait-il donc été qu'un jeu pour lui ? Une mascarade à laquelle il avait participé avec amusement ? Ne l'avait-il donc jamais autrement considéré que comme une conquête de plus à ajouter à son tableau de chasse ?
Il avait espéré que non.
Il l'avait cru.
Il lui avait fallu du temps, non pas pour comprendre ses préférences comme Kyros et lui avait toujours pu le penser, mais du temps pour accepter le fait que peut-être… peut-être quelqu'un était réellement capable de l'aimer.
Que peut-être celui qui était considéré en ce bas monde comme le plus grand coureur de jupons de tous les temps, pouvait vraiment avoir des sentiments à son égard. Qu'il ne le blesserait pas.
Il n'avait été qu'un fou, il le comprenait maintenant.
Un fou plein d'espoir.
Un pantin.
Pourtant…
Pourtant, aussi douloureux que cela pouvait l'être, il l'aimait toujours. Hyne… il l'aimait tellement et depuis si longtemps ! C'est pour ça qu'il lui avait offert la bague. C'est pour ça qu'il s'était totalement donné à lui, quelques puissent être ses craintes.
Personne n'avait jamais compris à quel point… à quel point il avait peur d'être rejeté. A quel point il craignait d'être seul. C'est pour ça qu'il était toujours aussi joyeux et plein d'énergie, toujours plein de bonnes volontés.
Il voulait seulement être aimé.
Et maintenant, il apprenait la douleur, comme…
Il vit soudain passer Squall devant lui, suivit de près par Selphie Linoa et Ward et cligna des yeux de surprise. Il ne savait même pas ce qu'il s'était passé, perdu dans son univers, mais Squall avait vraiment l'air en colère. Bien plus qu'en arrivant.
Il ne l'avait jamais vu ainsi.
Et il le comprenait… dans un sens.
Seifer n'avait jamais été tendre avec lui et il avait pas mal de raison de le détester, mais il ne souhaitait pas sa mort pour autant. Pas comme ça.
Il détourna son regard pour voir Quistis partir à son tour et Kyros s'approcher rapidement de lui. Il eut un petit mouvement de bras dans sa direction et lui prit délicatement Eike qui reposait toujours dans son giron. L'enfant avait été si calme, presque catatonique depuis qu'il avait entendu l'information, qu'il en était venu à oublier sa présence, légère, à son cou.
_ Il est comme ça depuis que nous avons appris la nouvelle, dit-il. Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas réussi à le sortir de son état.
Kyros ne dit rien et se contenta de hocher la tête, visiblement mieux à même de comprendre le jeune garçon, avant de regagner son siège.
Il sentit alors une main bien connue lui entourer les épaules, se tendit et se dégagea violemment avant de reculer d'un pas.
_ Zell ? Souffla Irvine, surpris par sa réaction.
Il voulut faire un pas dans sa direction, mais le jeune homme blond recula encore hors de portée.
_ Zell ? Mais qu'est-ce que tu as ?
_ Qu'est-ce que j'ai ? Ha ! Je ne sais pas. Je n'ai peut-être plus envie que tu me touches.
Ses paroles, cruelles, firent frémir son compagnon qui lui jeta un regard incompréhensif et blessé. Ses grands yeux verts dans lesquels il aimait tant se perdre, le firent hésiter un instant et Zell faillit avancer une main vers lui, mais les souvenirs de ces dernières minutes lui revinrent en mémoire et il retint son geste.
_ Qu'est-ce que tu dis ? Zell, écoutes, si c'est pour tout à l'heure, je suis désolé, je n'aurais pas du te laisser tomber comme ça. Mais c'était une question de vie ou de mort !
_ Oui, oui, j'avais bien compris, répondit le jeune homme sur un ton ironique. Tu ne pouvais pas laisser « tomber » Kyros.
_ Tu comprends bien que non !
_ Je le comprends parfaitement bien et je vais te laisser avec ton petit soldat puisque vous êtes si bien ensemble !
_ Mais qu'est-ce que tu racontes ?
_ Ne te fous pas de moi ! Il n'y avait qu'à voir comment tu le protégeais à l'instant. Je suis peut-être stupide, mais pas aveugle !
Irvine le regarda, choqué, incapable de comprendre ce qu'il impliquait, incapable même de l'imaginer.
_ Q… Quoi ?
_ Je suis étonné que tu n'aie pas achevé ce… ce salaud d'Almasy toi-même. Au moins tu aurais eu le champ libre…
La claque partit si rapidement qu'il n'eut pas le temps de la voir venir et le cueillit douloureusement au visage.
_ Comment oses-tu ? Grimaça le cow-boy soudain fou de colère.
Sa réaction ne fit que confirmer les soupçons de Zell qui se frotta doucement la joue, murmurant d'un ton amer :
_ Il n'y a que la vérité qui blesse.
Irvine le dévisagea un instant, tremblant de colère et de tristesse devant une telle réaction, puis, lentement, il retira la bague qui ornait sa main et la lui tendit.
_ Tu me le rendras le jour où tu auras un peu mûrit, dit-il avec colère, avant de lui tourner le dos pour rejoindre Kyros et Eike.
Le cœur de Zell manqua un battement. Il n'avait pas voulu que tout ceci aille aussi loin, mais il n'avait tout simplement pas pu s'en empêcher, dévoré par la jalousie.
Pourtant, l'idée même de le perdre, était bien plus douloureuse encore.
Serrant fortement le poing autour de la bague et il chassa rageusement les larmes qui envahissaient son regard, avant de s'enfuir en courant.
A suivre…
