Titre : Blind
Auteur : Aakanee
Genre : Romance
Base : FF8
Blind
Dix-huitième partie
Hyman finit rapidement de classer les dossiers, puis les rangea avec application. Il jeta alors un petit coup d'œil satisfait au bureau rutilant de neuf et sourit légèrement.
Qui aurait cru qu'il ferait ça un jour ?
Surtout lui !
Enfin, pourquoi pas et puis ce n'était pas si mal, cela lui donnait l'occasion de découvrir un peu d'autres horizons. Enfin si l'on peut dire.
Il se détendit les muscles de petits mouvements souples et rapides qui eurent le dons de s'attirer les regards étonnés et quelques peu admiratifs des deux secrétaires qui l'avaient aidées. Elles devaient sûrement avoir du mal à croire qu'il puisse faire tout ça à son âge… si elles savaient.
Mais leur intérêt fut de courte de durée et leur conversation retourna bien vite au sujet principal de cette journée, à savoir le sauvetage étonnant d'Almasy par leur Président. Tout le monde ne parlait plus que de ça, ç'en était presque énervant. Enfin, au moins les choses s'étaient bien passées pour l'instant. Il faudrait d'ailleurs qu'il aille le voir à l'hôpital, il serait certainement bien surpris. Il mourait d'envie de voir sa tête et celle des autres quant il le saluerait. Il en riait déjà.
Enfin, il ne fallait quand même pas oublier que cette histoire était loin de terminée et que rien n'était encore joué.
Retrouvant son sérieux, il sortit rapidement du bureau, laissant les deux pipelettes à leur jacassant babillage. Il avait à peine franchi les battants qu'un éclair de réalisation le traversa.
Quelque chose n'allait pas.
Il ne savait pas quoi, mais il le sentait.
Quelque chose qui n'aurait pas du être.
Il comprit soudain et s'élança dans les couloirs aussi vite qu'il le put.
***
Il ne fit pas attention aux gens qui lui jetaient des regards curieux, alors qu'il courait comme jamais au milieu de la foule pourtant dense de cette fin de journée, avançant à contre courant de leur mouvement.
Il devait regagner le palais au plus vite, c'est tout ce qui comptait.
Cette avancée pénible au milieu de toute cette population lui rappelait une traversée semblable, à peine quelques heures auparavant, mais ici aucun regard de haine, ni de vengeance ne passaient sur leurs visages. Les gens étaient fatigués ou heureux, à la fin d'une parfois trop longue journée de travail et cheminaient d'un pas rapide pour regagner leur foyer et non atteindre la place d'une exécution, attendant de pouvoir à leur tour lancer une pierre qui attendrait son but de douleur. Pourtant, il avait bien plus peur en cet instant que lorsqu'il avait dû affronter cette populace de colère, sentant un véritable torrent de glace inonder son corps au rythme des battements affolés de son cœur.
Il lui semblait enfin parfaitement comprendre ce qu'avait pu ressentir Kyros, cette terreur de perdre la personne qui comptait le plus, de savoir qu'il ne pourrait plus jamais la voir, ni la toucher, ne plus l'entendre lui parler.
Oui, il ne comprenait que trop bien.
Hyne… fait que je me trompe !
Il ne pouvait pas le perdre. Tout ceci n'était qu'un cauchemar, la peur irrationnelle de son imagination par trop fertile. Il allait bien… il ne pouvait qu'aller bien. Rien ne prouvait qu'il ait pu faire quoique ce soit de stupide.
Rien.
Vraiment ?
Je… je ne sais pas.
Il se souvenait trop bien de tous ces regards, de toutes ces expressions, parfois douloureuses et pourtant si bien dissimulées, qu'il n'avait que très récemment appris à déchiffrer, comme si Zell dansait sur une corde étroite au milieu d'un gouffre profond.
Un gouffre de douleur dont il n'avait pu que deviner l'origine, incapable, jamais de faire parler le jeune homme.
Il serra les poings jusqu'au sang.
Rien… rien ne prouvait qu'il ait pu chuter… n'est-ce pas ?
Rien…
Sauf…
Zell… je t'en pris !
_ Aller, vas-y !
_ Kyroooos ! ! !
_ Quoi ?
_ Je…
_ « Je » rien du tout, c'est maintenant ou jamais, alors on ne discute pas ! Ah, mais !
_ Mais…
_ Screugneugneu ! ! ! Ces jeunes ! Il meurt d'amour pour toi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure, alors qu'est-ce que tu attends ?
_ Je ne sais pas si…
_ Si quoi ?
_ Si c'est ce qu'il veut vraiment !
_ HEIN ? ? ?
_ Je ne sais pas… il y a quelque chose… lorsque nous sommes ensemble. C'est comme s'il le voulait et quand même temps, il était terrorisé.
_ Là c'est moi qui suis terrorisé !
_ Gneu ?
_ Hyne, aide-moi !
Et avant qu'Irvine ait pu réagir, l'ex soldat l'avait saisit par le poignet et ouvert la porte du salon dans lequel lisait tranquillement l'objets de ses inquiétudes, pour l'y pousser sans ménagement. Le jeune homme tituba au milieu de la pièce, à deux doigts de s'étaler lamentablement et ravala un juron sur un certain ex soldat qui allait avoir des explications avec Laguna plus vite qu'il ne le croyait.
La porte se referma rapidement sur lui et il releva le nez, après avoir retrouver son équilibre, pour croiser le regard d'un Zell qui le fixait visiblement très étonné par son étrange entrée.
_ Euhhh… salut ! Grimaça bêtement Irvine avec un petit signe de la main, en se sentant rougir violemment.
_ Salut ! Sourit le Zebulon, visiblement désormais très amusé de sa gêne. Tu voulais me voir peut-être ?
_ Euh, non… enfin… oui… enfin, je veux dire… euh… je…
Se sentant ridicule et incapable de trouver ses mots, le cow-boy referma aussitôt la bouche avant d'empirer sa situation et baissa son regard, passant nerveusement d'une jambe à l'autre sans savoir quoi faire.
Le sourire de Zell s'agrandit un peu plus et il referma son livre, non sans avoir pris le temps d'en marquer la page, avant de le poser sur la table basse devant lui.
_ Alors, dit-il, oui ou non ?
Irvine inspira un grand coup, se forçant à calmer les battements furieux de son cœur et releva lentement les yeux. Puis, d'une voix qui se voulait ferme sans y parvenir vraiment, il dit :
_ Oui !
_ Et bien, je suis tout à toi !
La remarque fit monter le rouge aux joues d'Irvine.
« Tu ne sais pas à quel point je voudrais que ce soit vrai », pensa-t-il.
Il repensa aux paroles de Kyros quelques minutes auparavant et saisissant son courage à deux mains… tremblantes… il s'avança rapidement jusqu'au canapé pour prendre place près de Zell. Il s'assit juste à côté de lui, tellement près que leur jambes se frôlèrent et que le zébulon vira d'un beau carmin.
« Un bon point pour moi ! »
_ Zell, commença alors Irvine, un peut rasséné, je…comment dire… nous nous sommes pas mal rapprochés ces dernières semaines, non ? Je crois même que l'on peut dire que nous sommes devenus des amis… euh… très proches ?
_ O… oui, balbutia le petit blond, se demandant visiblement où il voulait en venir.
_ Ce que je veux dire, se lança finalement le cow-boy, c'est que… euhhh… oh, puis flûte ! Je t'aime, Zell !
Et sans lui laisser le temps de réagir à ses paroles, Irvine se pencha pour l'embrasser tendrement, mêlant tout juste ses lèvres tremblantes à celles de son compagnon, tentant de faire passer par cette simple étreinte toute la tendresse qu'il ressentait à son égard. Au bout de quelques secondes cependant, ne le sentant pas réagir, il s'écarta rapidement, le regard baissé et presque noyé de larmes, incapable d'affronter l'expression horrifié de Zell.
Lorsqu'il trouva enfin, après de longs instants d'un silence pesant, le courage de le regarder, ce fut pour découvrir un visage choqué et… apeuré.
Il se mordit violemment la lèvre jusqu'au sang.
Finalement Kyros et lui avaient eu tord, il ne l'aimait pas.
Il ne l'aimait pas.
Cette simple pensée fut bien plus douloureuse que toutes les paroles qu'il aurait pu prononcé et il trouva à peine le courage de se redresser.
_ Je suis… je suis désolé, s'entendit-il murmurer, alors qu'il se détournait. Je n'aurais pas du. Je suis désolé.
Et sans attendre d'avantage, il partit en direction de la porte, se demandant comment il pourrait encore lui faire face près ça, mais aussi comment il pourrait supporter de vivre sans jamais plus pouvoir lui parler.
Il n'eut cependant pas le temps d'aller bien loin, une main se referma soudain sur son poignet pour l'arrêter. Il ferma les yeux.
_ Irvine…
_ Oui ? Souffla doucement le jeune homme sans pour autant trouve la force de se retourner.
Il sentit alors Zell se déplacer lentement et sursauta lorsqu'une main chaude glissa soudain sur sa joue. Surpris, il ouvrit les yeux pour découvrir le visage du jeune homme à quelques centimètres à peine du sien et ravala son air.
_C'est vrai ? Entendit-il doucement demander.
Un peu décontenancé, il ne répondit pas immédiatement à la question. Mais lorsque le visage de Zell se masqua d'un expression douloureuse et qu'il commença à se détourner, il l'arrêta soudain.
_ Oui, c'est vrai. Hyne, si tu savais comme c'est vrai.
Son cadet hésita quelques secondes, visiblement partagé entre le désir de refuser sa confession et celui de l'accepter, puis un petit sourire se dessina sur ses lèvres. S'avançant alors légèrement, il attira le cow-boy à lui pour venir lécher le sang qui coulait à la commissures de ses lèvres avant de les embrasser. Le temps sembla soudain cesser d'exister et il restèrent de très longs instants ainsi enlacés.
Lorsqu'ils rompirent leur baiser, Zell colla doucement sa tête au creux de l'épaule de son aîné, laissant ce dernier l'entourer tendrement de ses bras, avant de murmurer :
_ Moi aussi… moi aussi…
Moi aussi.
Il n'avait pas su percevoir à cet instant toute la mélancolie qui glissait derrière ces simples mots, tout le courage douloureux qu'il lui avait fallu pour seulement les prononcer. Perdu dans son propre bonheur, il n'avait pas su voir que celui de Zell était fragile et incertain, apeuré par ce qu'il avait le pouvoir d'en faire.
Il lui avait fallu attendre que l'euphorie des premiers jours se dissipe un peu avant détecter les premiers signes d'un malaise et d'une souffrance qui le rongeait de l'intérieur et commencer à mieux comprendre ses hésitations.
Il avait alors essayer de convaincre Zell de se confier, mais n'avait pu obtenir de lui qu'un refus silencieux et infranchissable et seuls quelques mots, quelques phrases attrapés au vol alors qu'il dormait lui avait apporté quelques une des clés de sa souffrance cachée. Et ce qu'il avait découvert sans en connaître toute la portée lui avait permis de comprendre un peu mieux le jeune homme.
Il aimait le voir dormir. C'était étrange, mais sa constante joie de vivre apparente crispait étonnamment ses traits, cachant presque son véritable visage. Il avait l'air plus adulte quand il dormait, plus mûr, loin de ses bonds de kangourous et de son dynamisme parfois épuisant et tellement enfantin. Il lui semblait découvrir une autre personne, comme lors de leur moment d'amour où il devenait étrangement sérieux et calme, perdu dans son propre plaisir, mais loin de sa bonne humeur feinte et de ses faux sourires cajoleurs. Dans ces instants là, il se révélait complètement, à la fois passionné et doux, heureux et étrangement mélancolique, avec cette étincelle parfois dans le regard, pendant une seconde à peine, de la peur.
Une peur qu'il n'arrivait ni à expliquer, ni à faire disparaître, quel qu'ait pu être la douceur qu'il mettait dans chacun de ses gestes. Une peur qu'il craignait parfois, ne sachant pas comment l'affronter, incapable même d'un connaître la cause.
Doucement, d'un petit mouvement de main, il dégagea les mèches d'or qui venaient tomber sur son regard pour venir tracer l'arrête fine de son nez. Puis sa main glissa jusqu'à sa joue et d'un petit effleurement habile et léger de doigts, vint la chatouiller malicieusement, traçant avec une assurance aveugle le tatouage qu'il ne pouvait distinguer ainsi placé et dans la pénombre. Zell grogna doucement de contentement dans son sommeil et se colla instinctivement un peu plus étroitement contre lui, enfouissant sa tête aux creux de son épaule, chatouillant sa peau découverte de ses mèches rebelles. Irvine ravala avec difficulté le petit rire qui lui montait à la gorge, pour finalement sourire tendrement et l'attirer un peu plus à lui, encerclant sa taille de ses bras et mêlant confortablement ses jambes aux siennes.
Une fois parfaitement installé, il ferma les yeux et laissa ses autres sens s'ouvrir au touché de sa peau brûlante, à la douce odeur de menthe de sa chevelure fraîchement lavée et au son calme et apaisant de sa respiration. Il se laissa complètement envahir par ses sensations, au point qu'il n'exista plus rien en cet instant autour de lui que la présence de son amant et, lentement, glissa dans un sommeil paisible.
Il devait avoir dormi une heure tout au plus, avant de d'être soudain tiré de sa torpeur par les gémissements de Zell. Il lui fallut quelques secondes à peine pour reprendre le pas sur la réalité et se redresser vivement, le cœur battant, parfaitement réveillé et cherchant son compagnon.
Zell était roulé en boule à l'opposé du lit, à peine couvert par le drap, exposant sa peau nue et tremblante à l'air frais de la nuit. Il était pourtant en sueur, les muscle bandés à leur maximum jouant sous sa peau au rythme de contractions violentes, comme s'il cherchait à fuir un ennemi invisible. Une ou deux plaintes s'échappaient parfois de sa forme prostrée, tellement tristes.
_ Noooon…
_ Zell ?
Une boule serrée dans sa gorge l'empêchant presque de respirer, Irvine fut rapidement à ses côtés. Il hésita un instant avant d'avancer vers lui une main peu assurée qui effleura à peine la peau de son épaule, passant sur une des nombreuses cicatrices qui couvraient son corps et dont lui seul connaissait l'existence. Des marques dont il n'avait jamais pu apprendre l'origine et qui marbraient chaque fibre de son être, comme un étrange canevas.
A peine ses doigts furent-ils en contact avec cette balafre que le jeune homme tressaillit et se dégagea vivement, se recroquevillant un peu plus sur lui-même, gémissant piteusement.
Affolé et déchiré par cette plainte, Irvine n'attendit pas une seconde de plus et saisit le jeune homme dans ses bras, sourd à ses veines protestions, pour tenter de le sortir du cauchemar qui l'assaillait violemment.
_ Zell… ? Le supplia-t-il en le secouant doucement. Zell réveille-toi !
Le blond tenta de se dégager mollement, mais Irvine accentua encore sa prise, resserrant son étreinte.
_ Nooooon… s'il te plait… nooon…
_ Zell ?
_ Je…, souffla le jeune homme, encore prisonnier de son rêve. Je t'en pris… je… aime… ne… non… frappe… non… s'il te plait… non… fait mal…
Irvine vit avec une horreur grandissante le visage de son amant se masquer d'une expression à la fois de douleur, de tendresse et de peur et il le secoua un peu plus violemment, refusant pour l'instant de comprendre les paroles du jeune homme pour seulement tenter de le ramener à la réalité.
_ Aller, Zell, je t'en pris, réveille-toi ! ZELLLLL !
Il le sentit soudain frémire contre lui et se tendre. Puis, une pupille bleue et dilatée perça les ténèbres de son visage pour venir s'encrer à son regard, mais sans pour autant sembler le reconnaître.
_ Ze… Zell ? Demanda-t-il d'une voix hésitante.
Devant le manque de réaction de son compagnon, il le secoua une dernière fois et l'installa en position assise, espérant que le changement de posture aiderait à lui faire reprendre pas sur la réalité.
_ Zell ?
La vision du jeune homme se focalisa enfin, quittant le vide affreux qui la caractérisait encore l'instant d'avant et Irvine sentit sa respiration repartir, à peine conscient de l'avoir retenu pendant un moment.
_ Irvine… ? L'entendit-il difficilement croasser, comme s'il venait de crier pendant de longues heures.
_ Oui… enfin tu es avec moi.
_ Ne me quittes pas ! Lui fut-il soudain doucement demandé, alors que Zell enfouissait sa tête dans sa poitrine, tremblant et qu'il sentait des larmes fraîches cascader sur sa peau. Jamais ! Jure moi de ne jamais me quitter !
_ Je te le jures, Zell… jamais !
Pourtant, il l'avait quitté.
Mon dieu comment avait-il pu être assez bête pour faire une chose pareille. Il savait. Zell lui avait suffisamment demandé, silencieusement ou lors des quelques nuits semblables qu'ils avaient passées. Il savait qu'il était fragile. Il savait… il avait promis… et pourtant…
Et maintenant…
Je vous en supplie…
Sans même sans rendre compte, il était arrivé au palais.
Ignorant les regards étonnés des quelques gardes encore en faction, il remonta rapidement l'allée de gravier grinçant sous ses pieds, pour franchir les grandes portes voûtées de l'entrée et traverser l'immense hall jusqu'aux escaliers conduisant aux appartements privés.
Il grimpa trois à trois la volée de marches qui le séparaient du deuxième étages où le jeune homme était logé et déboula dans le couloir, en sueur et essoufflé après une si longue course, ne prenant pourtant pas le temps de récupérer.
En quelques enjambées, il fut devant la porte de Zell et sans attendre, en poussa les battants pour entrer. Le spectacle qu'il vit alors le figea sur place, le cœur comme prisonnier d'un étau de glace. Son regard accroché au lit sur lequel reposait son amant, il sentit à peine les larmes rouler sur ses joues, alors qu'il pouvait parfaitement voir sa peau bien trop pâle et surtout les quelques pilules qui courraient encore près de sa main inerte.
Aussi inerte que la poitrine qu'il avait tant chéri.
Captif de sa stupeur douloureuse, il ne prêta pas attention à la forme immobile près de lui. Pourtant, au bout de ce qui lui sembla être d'interminables heures, son corps accepta à nouveau de marcher et ses perceptions de s'étendre.
Il reconnut alors enfin Hyman assis au bord du lit, qui le fixa intensément avant de retirer la main qu'il avait posé sur le cou de Zell. Il se leva soudain et s'écarta respectueusement.
Repoussant la nausée qui l'assaillait, refusant de laisser son esprit formuler l'abomination qu'était la réalité, Irvine se précipita sans trop savoir comment près de Zell et prit délicatement son corps léger dans ses bras.
Non !
Non !
Il ne pouvait pas…
Il devait être vivant !
Il ne pouvait qu'être vivant !
Hyne, il ne pouvait pas le perdre, il ne voulait pas le perdre.
Pas maintenant !
Jamais !
Il ne s'était jamais rendu compte à quel point il dépendait de lui, qu'il était presque devenu tout son univers. Il ne pouvait pas le perdre.
Il resserra un peu plus son étreinte sur son corps fragile et glacial, enfouissant son visage dans sa courte chevelure blonde, respirant à s'enivrer sa délicate odeur de menthe, le berçant doucement.
Le berçant comme on bercerait un enfant malade, murmurant sans cesse un flot de paroles réconfortantes, attendant le moment où il lui répondrait où, enfin, il lui rendrait son étreinte.
Il recherchait désespérément cette chaleur, cette réaction qui reflétaient toute la vie qui coulait en lui, cette vie tellement expressive, en sachant pourtant au fond de lui qu'il ne les trouverait pas.
Plus jamais.
Il le voulait pourtant. Il voulait entendre sa voix, sentir ses bras se refermer sur sa taille et lui rendre son étreinte. Il voulait sentir ses lèvres se mêler aux siennes.
Il voulait…
Il voulait…
Mais.
Zell…Il savait.
Zell…Douleur de son corps et de son âme.
Je…
Pourtant, il ne pouvait pas le perdre. Il ne pouvait pas !
Je t'aime.
Il était vivant. Il ne pouvait être que vivant.
Vivant.
Oui, vivant !
Doux et rieur.
Comme toujours.
Comme avant.
Vivant.
Il sentit soudain une main sur son épaule et une voix l'appeler doucement. Relevant lentement son visage, il glissa son regard sur la personne qui lui faisait maintenant face, noyée dans le brouillard des larmes qui inondaient ses yeux.
Des… des pleurs ?
Il toucha doucement sa joue humide, regardant sans comprendre ses doigts mouillés.
Pourquoi ?
Pourquoi ces larmes ?
Il était vivant. Zell était vivant. Il le savait. Il ne pouvait pas en être autrement. Alors, pourquoi ?
A nouveau son nom fut prononcé et un visage triste et plein de compassion s'encra à ses yeux.
_ Irvine…
Non !
Il ne voulait pas !
_ Irvine…
Il ne voulait pas savoir !
_ Irvine, Zell est…
NON ! NON ! Je ne veux pas, je ne veux pas ! S'il vous plait ! Je ne veux pas savoir ! ZELLLLLLLLL ! ! !
À suivre…
