Titre : Blind

                                                                                                                       Auteur : Aakanee

                                                                                                                      Genre : romance

                                                                                                              Base : FF8

Blind

Vingt deuxième partie

  Seifer perçut distinctement le bruit de la porte tournant rapidement dans ses gonds pour aller presque s'écraser sur le mur, le faisant sursauter, ainsi que Eike toujours loger contre lui. La main de Kyros se resserra aussitôt sur la sienne amenant un léger sourire à ses lèvres et il se relaxa naturellement, usant du même procédé pour détendre l'enfant dans ses bras.

  _ Coucou ! S'exclama l'étranger, alors qu'il pouvait percevoir le bruit de ses pas indiquant son entrée. Mince, on dirait que j'ai raté le plus marrant.

  Au son de cette voix, Seifer tourna immédiatement la tête, lâchant les mains de Eike et Kyros et déglutit avec difficulté, n'osant y croire.

  _ Hy… Hyman ? Souffla-t-il doucement.

  _ Salut, Seif, ça faisait longtemps ! Répondit l'intéressé, manifestement très amusé.

  Le jeune homme en aurait presque cligné des yeux de surprise et retint à peine le hoquet prêt à franchir ses lèvres.

  Que… que faisait-il ici ? Comment avait-il su ?

  Il soupira mentalement. Question idiote. Toute la ville devait maintenant être au courant.

  Il se demanda presque avec amertume combien d'autres découvertes lui apporterait cette journée. D'abord son réveil à l'hôpital, soigné, pansé, Kyros à ses côtés. Le président d'Esthar lui offrant protection et gentillesse. Le pardon de Quistis. L'arrivée d'Elly, Daren et Eike. Et maintenant Hyman ? Il avait encore du mal à assimiler toutes ses informations. Il se sentait toujours cotonneux et trop d'événements semblaient se passer au même instant.

  Comment croire qu'il était réellement en sécurité alors que chaque personne de cette pièce, chaque personnel de cet établissement et même probablement de cette ville connaissait désormais sa véritable identité ? Comment se croire à l'abri après tant de mois à fuir et à se dissimuler ? Après tant de haines et de souffrances, tant de… morts ?

  Comment croire qu'un seul d'entre eux est pu réellement le pardonner ?

  C'était presque impossible. Si difficile à imaginer. A accepter.

  Il secoua légèrement la tête pour chasser ses pensées, pour l'instant sans issue, et s'éclaircit quelque peu la gorge, tentant avec un succès modéré de se remettre de sa surprise.

  _ Mais… mais que… qu'est-ce que tu fais là ? S'entendit-il finalement bégayer.

  Il se baffa mentalement. Belle preuve de caractère.

  Hyman sourit un peu plus, autant du conflit mental qu'il pouvait voir jouer sur les traits de son « pupille », que de la surprise évidente qui marquait le visage de chacun. Leurs regards passaient de l'un à l'autre, comme témoin d'une discussion extraterrestre, avec ce petit air idiot qu'il n'aurait manqué pour rien au monde.

  Quand même, ce qu'il pouvait rire parfois.

  _ Hyman ? Parvint finalement à dire Kyros, sortant le premier de sa stupéfaction. Vous le connaissez ?

  _ Ouaip !

  _ Il a été mon professeur, intervint Seifer, heureux de pouvoir s'entendre aligner cinq mots sans balbutier.

  _ Pardon ? S'exclama l'ensemble de la pièce.

  _ C'est lui qui m'a appris le braille et comment trouver mes marques dans ma… condition.

  _ C'est lui le fameuse Hyman ? Sourit Elly avant de s'avancer vers le vieil homme et lui tendre une main qu'il saisit de bon cœur. Enchanter de vous connaître, nous ne pourrons jamais assez vous remercier.

  _ Ca a été fait avec plaisir, même avec une tête de mule pareille, répondit-il complice.

  _ HYMAN ! Glapit Seifer.

  _ Oui? Lui fut-il innocemment demandé.

  _ Chuis un incompris, bouda le jeune homme sachant qu'il ne pourrait, une fois de plus, remporter la victoire.

  Il eut une moue adorable qui eut le don de détendre complètement l'atmosphère et faire rire doucement Eike qui se prit pour la peine une petite tape sur le crâne.

  Ce dernier se retourna aussitôt dans le giron de son « mentor » pour protester.

  _ Méheuuu !

  _ Ca t'apprendra à te moquer de tes aînés.

  _ Pôa juste ! Bouda à son tour le petit garçon en se rasseyant brusquement sur Seifer, inconscient de la petite grimace douloureuse qui marqua ses traits.

  _ Les enfants ! Soupira Hyman avec amusement et en accord avec les pensées de chacun, avant de s'approcher du lit.

  Il sentit aussitôt les regards de Laguna et Kyros couler sur lui avec plus de tranchant qu'un diamant et sourit intérieurement à cette constatation. Il imaginait sans mal les milliers de questions qui devaient se bousculer dans leurs esprits, cherchant une explication qu'il ne pourrait leur donner. Du moins, pas encore.

  Les pauvres !

  _ Professeur, hein ? Demanda finalement Laguna d'un air de ne pas y toucher qui ne trompa personne et lui fit s'attirer quelques regards étonnés.

  _ J'ai plus d'une corde à mon arc, répondit calmement Hyman.

  _ Je vois ça.

  _ Et par la même, poursuivit le vieil homme, tout sourire, avant de lui saisir la main et la secouer avec une vigueur qui surpris Loire. Félicitation.

  Puis il embrassa rapidement Quistis sur la joue.

  _ Vous serez une très bonne mère, j'en suis sûr !

  _ Co… comment ? Balbutia la jeune femme rougissante.

  Hyman se contenta de la regarder calmement, énigmatique, et elle se sentit soudain quelque peu mal à l'aise sous l'intensité de ses prunelles brûlantes, comme s'il pouvait lire son cœur et son âme.

  Puis, il posa rapidement la main sur son ventre, secoua doucement la tête d'amusement et sembla se désintéresser de la question pour rapporter toute son attention sur Seifer, laissant les deux futurs parents quelque peu… ébahis.

  _ Alors, comment va mon élève préféré ? Demanda-t-il en prenant place au bord du lit.

  Celui-ci lui tira la langue avant de lui répondre s'attirant un petit rire amusé et affectionné du vieil homme et tous deux s'engagèrent dans une conversation mouvementée, la plupart du temps au dépendant du pauvre Seifer.

  Kyros les observa un assez long moment, ne sachant vraiment plus que penser de ce personnage hors du commun. Armurier, conseiller, professeur. Il semblait avoir autant de vies et de personnalités qu'un héros de série fantastique. Tout à la fois, enjoué, mystérieux, réfléchi… devin. Toute la question étant de savoir qui il était réellement et ce qu'il voulait. Il y avait quelque chose de tellement étrange chez lui. Il était en vive discussion avec Seifer et pourtant, il aurait pu jurer que le petit sourire qui jouait sur ses lèvres lui était adressé, comme témoin de ses pensées et secrètement amusé.

  Il secoua doucement la tête à cette idée, incapable pourtant de sans départir totalement et choisit finalement de cesser de se torturer pour retourner son attention sur Laguna. Après tout, Seifer n'avait rien à craindre avec lui. Il ignorait comment, mais il le sentait, comme une aura bienfaisante semblant l'entourer.

  Il grimaça en voyant Laguna jouer nerveusement avec les longues mèches de ses cheveux et rougir légèrement sous son regard presque inquisiteur.

  _ Félicitation, hein ?

  _ He ! Haussa les épaules le président avant de serrer brièvement la main de sa compagne tout aussi pivoine.

  _ Je préviens tout de suite, sourit un peu plus Kyros, je suis hors jeu pour le shopping.

  Laguna râla un peu pour le principe et il fit une petite grimace entendue, anticipant visiblement déjà ces longues heures de souffrances, mais éclata presque aussitôt de rire lorsque Quistis lui donna un petit coup de coude dans les côtes et lui adressa un regard qui ne souffrait aucune échappatoire possible à cet instant de la paternité.

  _ Accepteras-tu au moins d'en être le parrain ? Demanda-t-il après s'être un peu calmé.

  Kyros retrouva aussitôt son sérieux.

  _ Ce serait un honneur, répondit-il.

  _ J'espère bien, sourit doucement Laguna.

  Puis il sembla réfléchir quelques instants avant de se tourner vers sa compagne pour lui souffler quelques mots à l'oreille auxquels elle s'empressa d'acquiescer, visiblement emballée par l'idée.

  _ Et toi Seifer ? Demanda-t-il alors, en reportant son attention sur le lit.

  Le jeune homme releva aussitôt la tête pour tourner vers lui son regard vide.

  _ Pardon ?

  Laguna se força à ne pas détourner les yeux et reprit aussitôt.

  _ Voudrais-tu être le parrain… ou devrais-je dire, la marraine de notre enfant ?

  La tentative d'humour n'eut malheureusement pas l'effet escompté et le sourire du jeune homme s'effondra aussitôt. Il se tordit dans ses draps mal à l'aise avant de fermer son regard aveugle et soupirer lourdement.

  _ Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, dit-il finalement.

  _ Seifer…commença la femme qu'il considérait presque comme une mère désormais.

  _ Elly, la coupa-t-il. Non, s'il te plait.

  Le ton était suppliant et Elly baissa la tête, vaincue, laissant son mari la prendre dans ses bras pour la réconforter. Ils savaient bien ce qui rongeait leur jeune protégé et savaient également que rien ne le ferait changer d'avis.

  _ Ce serait donc si pénible ? Demanda Laguna, espérant jouer sur une corde sensible.

  Seifer détourna la tête et se laissa aller sur son oreiller, relâchant inconsciemment sa prise sur Eike qui frissonna légèrement.

  _ Vous savez bien qu'il ne s'agit pas de ça, soupira le jeune homme.

  _ Quoi alors ?

  Seifer grinça presque des dents, partagé entre l'agacement et la douleur. Pourquoi fallait-il qu'il insiste ? Pourquoi ? Le président allait le forcer à dire ce qu'il préférait ignorer, à se rappeler ce qu'il préférait oublier. Il eût un petit rire lugubre et ironique qui sembla effacer la joie de ces dernières minutes pour ne laisser peser sur la chambre qu'un lourd silence. Il haïssait sa condition, il se haïssait.

  _ Sei…

  _ Je ne pense pas, reprit-il sarcastique, sans laisser le temps à Laguna de poursuivre plus loin, qu'offrir à ce petit bout le chevalier de la sorcière comme parrain soit la meilleure idée de ce siècle.

  Hyne qu'il pouvait se dégoûter.

  _ Je ne pense pas qu'il soit bon pour l'enfant du président d'avoir autant de morts et de sang si près de lui, reprit-il. Je n'ai rien à lui offrir sinon la haine et la peur.

  _ Tu pourrais être réhabilité, contra Laguna.

  Seifer éclata franchement d'un rire grinçant qui fit frissonner chaque protagoniste de ce qu'il considérait maintenant être une mauvaise pièce comique.

  _ Réhabilité ? Railla-t-il, avant que sa voix ne se casse. Au dépend d'un innocent ? C'est une mauvaise plaisanterie j'espère ? Vous ne pensiez pas sincèrement que j'accepterais pour cette raison ?

  Un silence plus étouffant encore retomba sur la chambre, chacun cherchant ses mots face à ce renversement de situation dont plus personne ne semblait maître. Seul Hyman observait calmement la scène, assis près du jeune homme sans plus le toucher, mais conscient qu'il percevait encore sa présence étrangement rassurante et témoin silencieux de la tournure de évènements. Il n'était plus à lui d'intervenir.

  Kyros fut le premier à rompre le mal aise général en s'approchant du lit.

  _ Seifer… souffla-t-il douloureusement en écartant des yeux du jeune homme quelques mèches bigarrées et trop longues.

  Ce dernier chassa aussitôt sa main, tournant sa tête à l'opposé.

  _ Je voudrais être seul, souffla-t-il finalement.

  _ Seifer…

  _ S'il vous plait.

  Kyros serra le poing et laissa retomber sa main, contrôlant difficilement sa colère et sa peine d'être rejeté. Mais il n'allait pas le laisser faire. Il n'allait pas abandonner. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'il avait souffert pour le retrouver, à attendre et à craindre. Pas alors qu'il venait tout juste de le sauver.

  Doucement, il le força à tourner la tête avant de caresser rapidement sa joue.

  _ Ne me fait pas ça, Seifer. Ne me jète pas de ta vie. Pas maintenant.

  Le jeune homme soupira, mais ne se déroba pas.

  _ Je… je n'en ai pas l'intention, mais… j'ai besoin de réfléchir. De mettre les choses à plat. D'être un peu seul. Je suis désolé.

  Kyros sourit doucement, retenant à peine un soupir de soulagement.

  _ Non, c'est bon, je comprends, dit-il tendrement serrant une dernière fois sa main. Je serais dans le couloir si tu as besoin de quoi que ce soit.

  _ Merci, soupira doucement le jeune homme.

  Son compagnon se contenta de lui effleurer doucement l'avant-bras, puis il laissa Eike l'embrasser rapidement avant de le prendre à son cou et quitter lentement la pièce suivit de ses amis.

  Laguna s'attarda juste un instant.

  _ J'aimerais que tu réfléchisses à ce que je t'ai demandé Seifer, dit-il une fois que tous, excepté Hyman, ne soient sortis.

  _ Pourquoi y tenez-vous tant ? Demanda le jeune homme, curieux. J'ai essayé de détruire le monde, j'ai torturé votre fils et je doute qu'il souhaite m'avoir pour parrain de son petit frère. Qu'avez-vous à y gagner ?

  Laguna ferma les yeux et inspira profondément avant de répondre.

  _ Rien, Seifer, je n'ai rien à y gagner. Je pense simplement que tout le monde a droit à une seconde chance. Quant à Squall… dit-il douloureusement, il a cessé d'être mon fils dès ton arrivée à Esthar sous ma protection.

  Le bretteur serra les dents.

  _ Je suis désolé.

  _ Tu n'as pas à l'être. Je… je ne sais pas si tu es responsable et pour tout te dire cela ne changerait en rien mes décisions. J'ai des yeux pour voir Seifer et ce qui s'offre à eux n'est en rien comparable à la description qu'on avait pu me faire du chevalier de la sorcière. Quoi qu'il ait pu se passer, tu étais possédé, je l'ai compris désormais. Mais… mais Squall te hait pour une raison que j'ignore. Je voudrais juste savoir… s'est-il passé quelque chose lors de son emprisonnement, autre que la torture ? Quelque chose qu'il ne nous aurait pas dit, qui…

  Laguna se pinça les lèvres ne sachant comment terminer sa phrase et vit Seifer détourner légèrement la tête comme pour échapper à son regard combien même cela ne pouvait être vrai. Il sembla vouloir parler, ouvrit à peine la bouche avant de la refermer et réfléchit un long moment avant de souffler :

  _ Non.

  Laguna vacilla légèrement sous ce mensonge évident.

  _ En es-tu sûr ? Tenta-t-il vainement.

  _ Certain.

  Il ne poussa pas plus loin, comprenant que le jeune homme ne lui dirait rien de plus pour des raisons qu'il ne pouvait deviner, mais redoutait inconsciemment.

  _ Bien, soupira-t-il. Je vais te laisser alors. Repose-toi et s'il te plait, réfléchit encore à ma proposition.

  _ J'y… j'y penserais.

  _ Merci.

  Le président s'attarda encore un instant, espérant peut-être que le jeune homme changerait d'avis, puis il regarda Hyman qui se contenta de lui sourire et finalement quitta la pièce à pas lent pour rejoindre sa compagne et ses amis en grande discussion.

  Seul avec son mentor, Seifer se laissa glisser complètement sur son oreiller, des larmes silencieuses dévalant ses joues. Pourquoi ne pouvait-il pas oublier ? Oublier qu'il avait été impuissant à… qu'il… Pourquoi ?

  _ Es-tu sûr qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire ? Questionna finalement Hyman d'une voix douce et compréhensive, une fois ses sanglots un peu calmer. Peut-être méritait-il de savoir ?

  _ Je ne pouvais pas, répondit simplement le jeune homme. Je ne pouvais pas.

  Il ne chercha pas à savoir comment le vieil homme pouvait connaître son secret, il avait appris depuis longtemps qu'il connaissait bien plus de choses qu'il ne pouvait l'imaginer et s'en était accommoder. Parfois l'ignorance était le meilleur des remèdes et c'était une médecine qu'il gouttait si peu.

  _ Je vois, finit par dire simplement ce dernier. Si c'est ton choix… Préfères-tu que je te laisse aussi ?

  Seifer hésita un instant avant de secouer doucement la tête.

  _ Non. Je voudrais que vous me parliez encore des falaises d'Arïs et de ses étoiles.

  _ Bien sûr, sourit Hyman en s'installant un peu plus confortablement. T'ai-je déjà parlé de la petite crique…

***

  Laguna referma doucement la porte derrière lui et s'y appuya avant de se frotter lentement un bras, comme pris d'un soudain frisson, et fermer les yeux.

  Il se sentait vidé. Si fatigué et la journée était encore loin d'être terminée.

  Il soupira doucement. Il avait été tellement sûr que le jeune homme allait lui parler. Allait peut-être l'aider à enfin comprendre ce qui rongeait son fils, cette petite lueur douloureuse qui brillait parfois dans son regard et qu'en tant que père, il n'avait pas pu manquer de remarquer, même s'il avait choisi de se taire jusqu'ici. Mais il ne lui avait rien dit, préférant garder le silence sur ce qui semblait s'être produit.

  Cela le frustrait au plus haut point et il n'y pouvait rien y faire.

  Seifer devait avoir ses raisons, mais bon sang, il aurait tellement voulu comprendre. Comprendre cette haine et cette souffrance qui le hantait.

  Rester dans l'ignorance le rongeait peu à peu et le condamnait à voir son fils s'éloigner sans pouvoir agir.

  Il se sentait tellement impuissant.

  Il sentit soudain une main se poser doucement sur son bras et releva rapidement son regard sur le visage soucieux de Quistis.

  _ Laguna ? Demanda-t-elle légèrement hésitante. Est-ce que ça va ? Seifer…  Seifer t'a-t-il dit quelque chose ?

  Le président se força à sourire et leva doucement une main pour effleurer sa joue avec tendresse.

  _ Non, dit-il, rien. Mais il m'a promis qu'il réfléchirait à notre proposition.

  La jeune femme se détendit quelque peu et se permit, elle aussi, un sourire.

  _ J'en suis heureuse, répondit-elle.

  Elle hésita encore un peu avant de poursuivre.

  _ Mais est-ce vraiment tout ?

  Laguna dut se forcer à ne pas détourner les yeux et répondit d'un ton joyeux pour ne pas l'inquiéter plus :

  _ Oui, bien sûr, que voudrais-tu qu'il y ait d'autre ?

  Il savait qu'elle n'était pas faite de verre, il savait que sa réaction était stupide et guidée par un sentiment excessif de protection, mais dans son état, il ne voulait pas prendre de risque

  _ Et bien…commença la jeune femme sans pouvoir malheureusement approfondir sa pensée, interrompue par une infirmière s'approchant au même instant.

  _ M. le Président ?

  Laguna l'aurait presque embrassé pour cette coupure opportune.

  _ Oui ?

  _ Un appel pour vous sur notre poste et M. Nels nous a remis ça pour vous, dit-elle en lui tendant une petite lettre.

  Il l'a lui prit rapidement des mains en la remerciant et la déplia pour la parcourir. Ses sourcils se froncèrent un peu et il pâlit avant de la replier pour la mettre dans sa poche.

  _ J'aimerais, dit-il en s'écartant du mur soudain trop sérieux, que tout soit pris en charge à mon compte pour ce patient, sans aucune restriction.

  La jeune femme, visiblement au courant, hocha rapidement la tête.

  _ Et je viens avec vous pour cet appel.

  Puis il se tourna vers Quistis pour l'embrasser sur la joue.

  _ Je reviens vite.

  _ Je ne vais nul part.

  Il lui sourit tendrement, salua ses amis un peu perdus par son comportement et partit aussitôt à la suite de l'infirmière qui le guida sans peine au milieu des brancards, patients et chariots de soins jusqu'à un poste isolé et à l'abri des oreilles indiscrètes. Il la suivit sans vraiment y prêter attention, pensant à ce qu'il venait d'appendre, serrant le poing d'inquiétude et de frustration. Hyman lui avait dit dans sa lettre que Zell était complètement sorti d'affaire, mais il était impossible de rester insensible à cette nouvelle. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Comment avait-il pu laisser le jeune homme s'enfuir ? Peut-être… peut-être que s'il…

  Il soupira.

  Les peut-être ne changerait rien. Ce qui avait été fait, était fait. Ce qui importait désormais c'est que le jeune homme ne risquait plus rien… dieu merci !

  Hyne qu'allait donc encore lui apporter cette journée ?

  Son attention fut soudain captée par la jeune femme qui le guidait lorsqu'elle lui exposa d'une voix discrète les raisons de cet appel et il se figea presque avant de déglutir péniblement. Tout semblait vraiment aller de mal en pire.

  Enfin, il avait su cette confrontation inévitable, alors autant en finir au plus vite.

  Il secoua doucement la tête, soudain accablé par ses responsabilités et se força à la rattraper pour se mettre à sa hauteur dans un silence un peu gêné. Même si elle ne comprenait pas toutes les implications de ce qu'elle venait de lui dire, nul doute qu'elle n'en ignorait pas les raisons, ni les conséquences éventuelles. Et pourtant, malgré une certaine réticence, elle finit par lui adresser un petit sourire timide qui lui prouvait toute l'étendue de sa confiance.

  Il n'était pas sûr de la méritée, mais elle le rassura quelque peu et il lui rendit son sourire, brillant et un peu charmeur, la faisant doucement rougir.

  Elle le laissa finalement entrer dans une salle parfaitement ranger et au fort relent d'antiseptique pour le guider jusqu'à un poste. Il la remercia rapidement lorsqu'elle lui présenta l'intercom et attendit patiemment qu'elle sorte avant de s'installer dans le fauteuil et se détendre quelques instants, reprenant toute sa contenance.

  Les quelques minutes qui allaient suivre serrait probablement les plus difficiles de toute sa carrière politique et il regretta un instant de ne pas avoir Kyros ou Hyman à ses côtés pour le guider et le conseiller. Mais il n'était malheureusement plus temps de les appeler. Et combien même aurait-il pu, il ne l'aurait pas fait. Ils avaient une chose bien plus importante à s'occuper.

  Se peignant un masque grave et politiquement calibré, il prit finalement la communication, retenant inconsciemment son souffle pendant les quelques instants que l'écran mit à faire apparaître le visage de son interlocuteur. Il se brouilla une seconde, grésillant légèrement, puis devint parfaitement lumineux, l'éblouissant presque.

  _ Bonjour président Loire, résonna alors sarcastiquement une voix au même instant.

  _ Président Delling, salua poliment Laguna ignorant tout du ton de son adversaire et se forçant à cacher son inconfort.

  _ Il semblerait que nous ayons des choses à discuter, poursuivit le jeune chef d'état avec une assurance satisfaite.

  Laguna ne s'en émut pas, conservant un visage parfaitement calme et digne. S'énerver, même du comportement toujours aussi arrogant du jeune homme, n'aiderait pas la situation et il n'avait pas que sa personne et son entourage à protéger, mais également l'ensemble de la population qui avait placé sa confiance en lui.

  _ Il semblerait en effet, répondit-il d'un ton mesuré. J'attendais votre appel plus tôt.

  _ J'avais malheureusement quelques affaires urgentes à régler, sourit méchamment Delling avant de poursuivre. Mais je n'en oublie pas le plus important. La limite que vous venez de franchir… « Président », pourrait être considérer comme une attaque directe contre Galbadia et son autorité… comme une déclaration de guerre, si vous me suivez.

  Laguna pâlit dangereusement à ses paroles, faisant sourire un peu plus son interlocuteur et serra les poings à s'en blanchir les jointures. Le jeune homme savait parfaitement ce qu'il faisait. Il était dangereux.

  _ Que voulez-vous Delling ? Demanda-t-il durement, oubliant désormais toute contenance.

  _ Ttt, que de violence et d'irrespect dans vos paroles, s'offusqua faussement le jeune homme. Je pourrais mal le prendre.

  _ Répondez juste à la question, cracha Laguna avec dégoût.

  Le sourire de Delling se fit soudain carnassier et Loire ne put s'empêcher de frissonner. Il y avait quelque chose de mauvais chez cet homme. De profondément mauvais.

  _ Seifer Almasy, finit par répondre ce dernier d'une voix doucereuse qui cachait plus que ce qu'il voulait montrer. Juste Seifer Almasy.

***

  Kyros reprit gentiment Eike des bras de Quistis. L'enfant s'était à nouveau endormi, épuisé par les émotions de cette journée et plusieurs semaines ponctuées de cauchemars et de nuits sans sommeil. Il se sentait aussi épuisé que lui, mais ne pouvait pas encore se permettre de se reposer. Mais bientôt peut-être si les dieux voulaient bien le lui permettre.

  Il sourit à la jeune femme désormais seule, Elly et Daren ayant dû regagner leur restaurant, ne pouvant se permettre de fermer un jour de plus, et prit place à ses côtés.

  Il venait de l'étage inférieur où il avait fini par savoir que Zell avait été admis. Il avait été totalement paniqué en apprenant la nouvelle et avait probablement battu tous les records de descente d'étage.

  Il avait peiné à le croire tout d'abord, mais lorsqu'il avait pénétré la chambre et reconnu le jeune homme assis prêt du lit ainsi que la pâle figure allongée, il n'avait pu douter plus longtemps.

  Il s'était alors avancé vers Irvine posant une main réconfortante sur son épaule et celui-ci s'était laissé allé contre son ami, versant quelques larmes, avant de retrouver suffisamment de contenance pour lui dire qu'il était sauvé, qu'il n'y avait plus rien à craindre.

  Kyros avait voulu s'excuser de n'avoir pu venir plus tôt mais le jeune homme l'en avait empêché, lui expliquant qu'il comprenait et avait à son tour demander des nouvelles de Seifer. Il n'avait pas caché son soulagement en apprenant son réveil, alors qu'il attendait toujours celui de son compagnon et ils étaient restés un long moment veillant silencieusement ce dernier avant que Kyros ne doive remonter. Irvine lui avait alors serré une dernière fois la main, le rassurant sur son propre état devant son visage inquiet et lui avait légèrement sourit.

  Lorsqu'il l'avait quitté, Zell ne s'était toujours pas réveillé.

  _ Alors comment va notre Zébulon ? Demanda tristement Quistis le sortant de ses pensées.

  _ Il va s'en sortir, la rassura immédiatement Kyros.

  _ Tant mieux.

  Un long silence passa entre eux, avant quelle ne parle à nouveau.

  _ Comme ça, Irvine et lui sont enfin ensembles ?

  Kyros en sursauta presque de surprise et la regarda un long moment, cherchant le moindre signe de désapprobation sur ses traits, avant d'acquiescer lentement en en discernant aucun. Il est vrai, qu'avec Laguna, elle était l'une des seules à n'avoir jamais réagi violemment à l'évocation de l'homosexualité.

  _ J'en suis heureuse, dit-elle simplement. Comme je le suis pour Seifer. Il avait paru toujours si seul… mais maintenant, il rayonne presque. C'est vraiment un autre homme.

  Elle lui prit doucement la main.

  _ Je serais toujours là, ne l'oubliez pas.

  Il lui sourit avec chaleur, mais ne répondit rien. Il n'en avait pas besoin. Il comprenait mieux maintenant ce que Laguna avait vu en elle et il était presque sûr, que s'il n'avait pas été porté sur l'autre sexe, il en serrait tombé amoureux.

  Eike remua soudain dans ses bras pour se pelotonner contre son torse comme un chaton, la faisant rire doucement.

  _ Il est vraiment adorable, dit-elle. J'espère que notre enfant le sera autant.

  _ J'en suis sûr, lui affirma Kyros, confiant.

  _ Hyne t'entende, sourit la jeune femme. Hyne t'entende !

  _ Sinon tu pourras toujours le laisser à Laguna, lui glissa-t-il d'un air complice.

  _ Oh mon dieu, non ! S'exclama la jeune femme d'un air faussement horrifié. Deux enfants ensemble en liberté dans le palais. Je n'en veux pas à ce point à nos pauvres gardes.

  Kyros éclata aussitôt de rire, avant de retrouver plus ou moins difficilement son calme devant les regards torves que lui lancèrent quelques infirmières.

  _ Pauvre Laguna, soupira-t-il finalement.

  _ Mais c'est vrai, s'indigna la jeune femme tout sourire.

  Un sourire qui s'effondra aussitôt en le voyant justement arriver, le visage sombre, presque furieux. Kyros suivit son regard et se redressa immédiatement, imité par la jeune femme, lorsqu'il fut à leur hauteur.

  _ La… Laguna ? Demanda-t-il prudemment.

  Ce dernier le dévisagea un long moment, ses yeux trahissant fatigue et tension, mais aussi un certain désespoir qui le fit frémir.

  _ Je dois parler à Seifer, dit-il simplement d'une voix rauque, presque cassée.

  Kyros confia inconsciemment Eike à Quistis, qui le prit sans poser de question, avant de saisir le bras de son ami, inquiet.

  _ Quoi ? Pourquoi ?

  _ Je dois lui parler, se contenta de répéter Laguna. Tu peux venir, cela te concerne aussi… d'une certaine façon.

  Il se dégagea alors doucement et n'attendit pas sa réponse pour rentrer dans la pièce.

  Kyros le suivit aussitôt, laissant seul Quistis et Eike avant de refermer rapidement la porte derrière lui.

  Ayant visiblement sentit la nouvelle tension, Hyman et Seifer avaient arrêté leur discussion et tourné leurs visages vers eux, un peu mal à l'aise.

  _ Laguna ? Questionna calmement le plus vieux des deux.

  _ Il faut que je te parle, Seifer, dit ce dernier en l'ignorant. Je viens de parler au président Delling. Il m'a posé un ultimatum.

  Le jeune homme frissonna doucement.

A suivre…

Mince, mince, mince, j'ai pas encore réussi à aller aussi loin que je le voulais, à croire que j'arriverais jamais à la terminer. Gomen !!!