lyz: merci pour vos encouragements!!! ^^

2- Nouvelle année à Poudlard.

Hermione vérifia sa montre.

"Nous sommes bientôt arrivés... Tiens, où est passée Ginny?"

Ron et Harry se retournèrent, la cherchant des yeux. Elle avait à l'évidence quitté le compartiment.

"Je ne l'ai pas vue partir..."

"Pourquoi est-ce qu'elle ne m'a pas prévenu?" s'inquiéta Ron.

A ce moment précis la porte du compartiment s'ouvrit et une tête rouge apparut et leur annonça l'arrivée du train. Ron n'eut pas le temps de lui poser une question car elle s'éclipsa en un instant. Harry, de son côté, avait remarqué que les yeux de la petite sœur de Ron étaient aussi rouges que ses cheveux. Mais apparemment, personne ne l'avait vu, alors il ne dit rien pour ne pas l'humilier.

Le Poudlard Express s'immobilisa dans un grand crissement de frein et la voix de Hagrid résonna sur le quai obscur et brumeux. Il appelait les première année pour la traditionnelle traversée du lac. Ginny ne prit même pas la peine de le saluer, et s'engouffra dans une diligence au hasard. Elle était déjà occupée par des Poufsouffle et Gryffondor, et heureusement par aucun Serpentard.

Ginny se rendait à présent compte qu'elle avait tenu tête à Malfoy et qu'il allait certainement le lui faire payer - elle avait pratiquement remis ses convictions en cause. Elle se résigna à subir les moqueries des Serpentard pour le reste de l'année, ou au moins du trimestre. Draco avait le dur travail d'être l'ennemi juré de Harry à l'école et se devait de faire haute figure dans les rangs de Serpentard, ce qu'il réussissait d'ailleurs très bien. Il n'aurait aucun mal à la faire passer pour une moins que rien, ce qui était déjà a priori ce qu'on pensait d'elle, quand on pensait à elle. Elle n'aurait plus beaucoup d'amis, malgré sa nature chaleureuse et compatissante.

Elle ne fit guère attention à la conversation des élèves durant le voyage en diligence et fut soulagée d'arriver dans les murs sécurisants de Poudlard et de s'installer au chaud dans le Grande Salle, entourée des visages familiers des Gryffondor. Pendant la cérémonie du Choixpeau, elle accueillit avec sourire les nouveaux Gryffondor puis laissa ses yeux balayer la salle sans beaucoup d'intérêt - jusqu'à ce qu'ils rencontrent ceux de Malfoy. Mais lui ne la vit pas. Ses yeux étaient dénués d'expression et Ginny se hâta de regarder ailleurs, mais son cœur se serrait à chaque fois qu'elle repensait à ce regard sans vie. Elle fit le tour de la salle et ne vit personne plus désolé que lui. 'Pourquoi s'inquiéter pour lui', se dit-elle soudainement. 'C'est pas comme si nous étions amis...' Malgré tout, elle ne pouvait penser à autre chose.

Dumbledore prit alors la parole depuis la table des professeurs. Ce fut le discours habituel destiné à faire oublier aux élèves que Voldemort était toujours vivant et errant quelque part. Rien de spécial ne se préparait cette année à Poudlard donc le directeur souhaita simplement une bonne année scolaire à tous ses élèves, ainsi qu'un bon appétit.

Malgré l'apparence appétissante des plats, Ginny n'avala pas grand chose et jetait parfois des regards furtifs autour d'elle, souvent destinés à Malfoy. Il n'en menait pas large non plus devant son assiette et ses 'amis' discutaient avec animation sans s'apercevoir de son attitude morose. Ginny fut heureuse de voir s'achever le festin et d'aller s'installer dans son lit après d'être réchauffée au coin du feu de la salle commune de Gryffondor.

Le lendemain matin, Ginny fut réveillée par une des filles qui dormaient avec elle. Ses camarades étaient toutes gentilles mais aucune ne s'était attachée à elle - c'était peut être mieux comme ça, après tout. Elle n'avait personne pour partager ses secrets mais personne non plus pour lui faire dire ce qu'elle voulait garder pour elle. Ginny se sortit des couvertures, s'habilla et coiffa ses cheveux roux - signe distinctifs des Weasley, avec les yeux marrons et les taches de rousseur. Ginny ne pouvait même plus prétendre qu'elle était la seule à avoir les cheveux longs - son frère Bill avait laissé pousser les siens. Il lui semblait qu'à part sa féminité plus rien ne pouvait la distinguer du reste de ses frères.

Elle descendit de la tour pour aller prendre son petit déjeuner et prendre connaissance de son emploi du temps. Hermione le lui donna avec un bref sourire d'encouragement. Ginny le parcouru des yeux et grimaça à chaque fois qu'elle vit le mot 'potion'. Ce n'était pas la matière qu'elle redoutait mais le professeur, car Rogue l'impressionnait chaque fois davantage, comme la majorité des Gryffondor. Par contre elle aimait beaucoup les cours de Métamorphose, ainsi que la Divination, mais simplement parce qu'elle était talentueuse dans ces matières. Elle avait apprécié les cours de Vol, mais ils étaient seulement donnés aux première années; elle avait l'espoir fou et secret qu'un jour elle serait prise dans l'équipe de Quidditch, comme attrapeur si possible. Petite et mince, elle avait les qualités physiques pour y parvenir - mais Harry allait occuper cette place jusqu'à sa sortie de Poudlard...

Et Ginny s'en alla toute pensive prendre son premier cours - divination - en s'efforçant de se souvenir de ce qu'elle avait appris l'année précédente.

En arrivant en bas de la trappe qui menait à la salle de Divination, Ginny remarqua les élèves assemblés sous la trappe fermée. Elle s'avança un peu pour voir ce qui se passait et découvrit un message à l'encre violette accroché sur un des barreaux.

Le professeur Trelawney sera absente cette première semaine de cours.

Le message était bref, simple et précis. Les élèves de sa classe se dispersèrent rapidement et Ginny eut tout le temps d'aller fureter dans la bibliothèque, tout en se rappelant que le professeur Trelawney avait omis de prédire cette absence.

Sa première semaine de cours se déroula sans encontre pour elle jusqu'à ce que, dimanche matin, une chouette dorée lui rappelle son voyage en train. L'oiseau lumineux se posa juste à côté de son assiette. Ginny, ne reconnaissant pas la chouette, se demanda si c'était bien pour elle. Mais la chouette n'avait d'yeux que pour elle. Elle décrocha donc le morceau de parchemin accroché à sa patte et la chouette prit immédiatement son envol. Ginny regarda autour d'elle mais personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit - rien de surprenant, se dit-elle en haussant les épaules. Elle déroula le parchemin. L'écriture était fine et élégante.

Maintenant que j'y pense, c'est peut-être stupide.

Ginny devint écarlate et rangea promptement le parchemin dans une des poches de sa robe. Elle n'en revenait absolument pas et aurait voulu crier sa stupeur mais se retint. Elle évita avec soin de regarder l'envoyeur du message pour le reste du petit déjeuner pour ne pas l'embarrasser ni éveiller des soupçons chez d'autres élèves. Elle remonta dès qu'elle le put dans la salle commune, en pensant: 'Draco Malfoy vient juste de m'avouer que toutes les convictions qu'il affiche sont... stupides!'. Elle ne savait pas comment réagir, ni pourquoi il avait décidé de lui répondre après une semaine de délibération avec lui même et avec une telle franchise. Pire que ça... aucun serpentard n'était venu la troubler pendant cette première semaine! Il n'avait donc rien dit à personne... et elle non plus. Elle commença à penser que c'était un marché. Il ne disait rien, elle ne dirait rien. Et vice versa.

Après s'être calmée de son excitation, elle descendit dehors profiter du beau temps et aller rendre visite à Hagrid. Elle se sentait légère et dévala les escaliers en évitant les marches piégées avec facilité. Son entrain se sentit ralentir quand elle croisa un groupe de Serpentard. Elle ralentit et ses yeux cherchèrent inconsciemment quelqu'un au milieu de ces élèves.

Et elle le trouva. Les autres n'avaient pas même remarqué son existence, mais lui la fixa une seconde avec un regard indescriptible. Elle s'empressa de sortir dans le parc pour se rafraîchir, notant que Draco avait l'air totalement différent entouré de ses gardes du corps. Pourquoi était-il seul dans le Poudlard express, d'ailleurs?

L'automne arrivait déjà et le ciel était de plus en plus nuageux. Arrivée devant la grande cabane à la lisière de la forêt, elle cogna à la porte. Hagrid lui ouvrit et l'accueillit chaleureusement.

"Je suis désolée de ne pas vous avoir salué quand je suis arrivée... Je n'étais pas dans mon assiette ce jour-là..."

"Ca ne fait rien, ma grande Ginny, je comprends qu'on ne soit pas très heureux de retourner à l'école quand on doit quitter une famille comme la tienne." répondit-il en lui servant une tasse de thé.

Ginny avait très envie de dire qu'elle n'avait pas eu le cafard mais un entretien avec l'élève qu'il supportait le moins, mais se dit que finalement ce n'était pas une excellente idée. De plus elle n'était pas très tentée de supporter plus longtemps le regard lourd de conséquences de ses parents - derrière ses frères, elle n'était qu'une moins que rien et n'arrivait pas à s'imposer, à devenir quelqu'un, constamment couverte par leurs ombres.

Hagrid s'assit en face d'elle et ils conversèrent pendant un long moment de ce début d'année. Ginny avalait le fond de sa tasse quand elle fut prise d'un vertige tellement brusque qu'elle faillit lâcher la porcelaine ébréchée. Le monde tournait si vite autour d'elle qu'elle dû s'accrocher à la table pour ne pas tomber. Des marteaux frappaient son crâne.

"Ginny? Ginny, qu'est-ce qu'il y a?" s'exclama Hagrid en se levant.

"C'est rien... juste un vertige..." le rassura Ginny. Mais elle était encore plus pâle qu'à l'ordinaire et son visage était en sueur. Elle sécha son front d'un revers de manche et sourit à Hagrid pour le convaincre qu'elle allait bien. "Ca m'arrive parfois. Pas de raison de s'inquiéter!"

Mais derrière sa barbe hirsute, le gardien des clés ne semblait pas persuadé.

"Tu en as parlé à Madame Pomfresh?"

"Ce n'est vraiment pas si grave..."

Le martèlement dans ses tempes devint plus supportable mais persista.

"Ah, Ginny, tu devrais arrêter de t'en faire pour les autres et t'inquiéter un peu pour toi-même!"

Ginny adorait cette face cachée de Hagrid. Sous son aspect bourru et grognon se cachait une grande sensibilité qu'il ne montrait que très rarement. Ginny pensa alors soudainement à Draco. Lui aussi devait avoir un côté plus sensible...

Elle se lave abruptement et chancela sur ses jambes encore tremblantes.

"Je vais bien, Hagrid. Merci pour le thé! Je reviendrai!"

Elle envoya un baiser au demi-géant et s'en alla à travers le parc, essayant d'oublier sa migraine. Elle se sentait légèrement frissonnante mais ignora les plaintes de son corps. Cherchant le calme, elle se dirigea vers les bords du lac et s'y assit un moment. Elle regarda se réflexion dans l'eau claire mais se détourna rapidement.

'Pas de personnalité, pas de charme... on ne demande pas pourquoi je suis si seule....'

Hagrid avait peut-être raison... elle pourrait parler de ses vertiges à Mme Pomfresh... elle en avait déjà depuis un moment, un an environ? Mais la fréquence des malaises avaient considérablement augmenté depuis quelques temps. Le pire serait qu'un lui prenne en cours de potion...

Ginny avait froid, et se mit à marcher pour faire le tour du lac. Il y avait quelqu'un d'autre assis au bord de l'eau et ses jambes la portèrent machinalement vers le solitaire. Elle ne s'arrêta même pas quand elle reconnut Draco Malfoy. Son esprit brumeux avait du mal à analyser la situation, mais elle aurait pu jurer qu'il était aussi maussade que la semaine précédente avant qu'il ne la voie et prenne son expression renfrognée.

"Qu'est-ce que tu veux, encore?"

On n'aurait pas pu accuser Ginny d'avoir voulu commencer la conversation. Elle n'allait pas se laisser démonter par une simple attaque, et dit la première chose qui lui vint sur le cœur. Les traits de Draco lui faisait tellement penser à... son père, ce qui ne ravivait pas de bons souvenirs.

"Te dire que je ne t'en veux pas pour ce que ton père m'a fait." dit-elle doucement, sans s'arrêter de marcher et en le dépassant.

"Très bien, maintenant fiche-moi la paix!"

Il se retourna et marcha d'un pas décidé en direction du château. Ginny se laissa tomber une nouvelle fois au bord du lac en le regardant partir. Elle se sentait plus faible chaque minute.

"Je me demande bien pourquoi il n'a pas été surpris... ou alors il se cache bien..."

Dans la haine Malfoy/Weasley, on en veut à tout le monde pour une faute commise par un seul, c'est bien connu.

Un courant d'air glacé sembla la traverser, mais le soleil brillait et aurait dû réchauffer sa peau.

"Je crois que je ferais mieux de rentrer..." se murmura t-elle à elle même. Elle se leva mais avait du mal à tenir debout. Elle allait défaillir quand une main se posa sur son bras.

"Madame Pomfresh...?"

"Miss Weasley, qu'est-ce qui vous prend de vous promenez dehors dans cet état?!"

Elle la traîna à l'intérieur, plus précisément à l'infirmerie. Ginny dû s'allonger sur un lit et subir les auscultations de l'infirmière.

"Tu as de la fièvre... est-ce que tu as mal quelque part, chérie?"

Ginny voulut lui dire que tout allait bien. Elle n'aimait pas qu'on ait à prendre soin d'elle.

"Je parie que tu as froid et mal à la tête... n'est-ce pas? Tu es rouge et tes yeux brillent..."

Résignée, elle fit 'oui' de la tête.

"Je ne sais pas ce que tu serais devenue si un élève n'était pas venu me prévenir qu'une Gryffondor avait l'air mal en point au bord du lac..." marmonna l'infirmière en allant chercher des couvertures.

Ginny avait du mal à réfléchir, mais... une Gryffondor. C'était signé Draco.

Mme Pomfresh apparut avec un gobelet de potion.

"Bois, et repose-toi."

"Ca fait fumer les oreilles?" demanda t-elle d'une voix faible.

"Non, ça t'aidera à te rétablir, et à dormir. Tu resteras ici jusqu'à demain matin."

Ginny obtempéra et but le gobelet. Elle s'endormit presque aussitôt, réalisant qu'elle avait certainement trop pensé à Malfoy pour une seule journée. Ils étaient ennemis, après tout, non?