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Notes de l'Auteure :

'Níl Sé'n Lá' signifie : 'Ce n'est pas un jour' en Gaélique Irlandais.

La chanson pour ce songe sera donc :

'Níl Sé'n Lá' par Celtic Woman.

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« Chuaigh mé isteach i dteach aréir,
Is d'iarr mé cairde ar mhnaoi an leanna,
Is é dúirt sí liom "Ní bhfaighidh tú deor,
Buail an bóthar is gabh abhaile. »

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Mick Davies et moi étions enfin fiancés !

Il m'avait offert une superbe bague de Claddagh en or blanc. Deux mains argentées tenaient un cœur bleu en Aigue-marine, d'un bleu tout aussi translucide que les magnifiques yeux de Mick lui-même. Au-dessus du cœur se tenait une couronne en or blanc comme le reste de l'anneau.

Bien sûr, j'avais dit 'OUI' lors de sa demande.

Après ça, nous sommes restés au Refuge, dans notre Q.G secret, en compagnie d'Alfred Pennyworth.

Et puis, un matin...

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Mick portait une simple chemise blanche, légèrement ouverte sur le devant et sans T-shirt en dessus. Il avait aussi un pantalon noir et des chaussures sombres. Ses cernes ternissaient son regard presque transparent, sa barbe de trois jours lui rongeait le visage, tandis que ses cheveux ébène et courts avaient du mal à rester coiffé.

Comme souvent, je portais une robe bleu marine, aux manches courtes et au pan qui tombait jusqu'à mes chevilles. Mes longs cheveux châtains étaient, comme toujours, coiffés en une tresse qui cascadait dans mon dos.

Nous étions tous les deux, Mick et moi, en compagnie d'Alfred ce matin-là dans le Bunker secret, en train de simplement parler de tout et de rien devant des tasses de café fumantes.

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« I came by a house last night,
And told the woman I am staying,
I said to her : "The moon is bright,
And my fiddles tuned for playing". »

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Tout à coup, un bruit assourdissant nous fit sursauter tous les trois de concert. Sans prévenir, cinq personnes armées débarquèrent dans notre Refuge, hurlant et nous mettant en joue avec une certaine véhémence. Par réflexe salvateur, nous levâmes nos mains en l'air en signe de reddition.

Mick et moi échangions un regard complice et angoissé.

Nous pensions, par logique, qu'il s'agissait forcément des Hommes de Lettres Britanniques, envoyés par la terrible Dr Hess et son mercenaire Mr Ketch pour nous kidnapper, ou nous tuer, en signe de vengeance après la démission de Mick.

Inutile de jouer les héros, Alfred, Mick et moi suivîmes les cinq hommes en dehors du Bunker.

Mains en l'air, ils nous emmenèrent vers deux énormes voitures, des 4x4 rouge métallique.

Trois hommes firent monter Alfred à bord du premier véhicule, tandis que les deux autres ordonnèrent à Mick et moi de grimper dans le second.

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« Tell me that the night is long,
Tell me that the moon is glowing,
Fill my glass I'll sing a song,
And will start the music flowing. »

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Assise derrière, je me retrouvais à droite, tandis que Mick, à côté de moi, se trouvait à gauche.

Le 4x4 démarra en vitesse et commença à se diriger vers... Des rails de train ?!

Oui, oui, nos ravisseurs roulaient sur des rails de train.

Le soleil se levait doucement, mais même le ciel bleu n'arrivait pas à nous réchauffer le cœur.

Le plus étrange dans tout cela fut certainement que nous n'étions pas les seuls à rouler sur ces rails de train. Non, non, il y avait plusieurs autres voitures, de toutes tailles, et toutes formes.

Bloody Hell ! Ce sont des rails de train ou des autoroutes ?!

Éventuellement, il y avait parfois un train ou deux qui passaient, lentement. Ce n'était pas des trains de passagers, seulement de marchandises.

Mick et moi étions secoués dans tous les sens à l'arrière, essayant de nous accrocher à n'importe quoi. L'homme devant moi, côté passager, tenait dans ses mains un violon.

Oui, oui, un violon !

Pour moi, c'était un blasphème de voir un si bel instrument entre des mains aussi malsaines. Il avait aussi un archet, par logique.

Je lui demandai innocemment si je pouvais tenir son archet, étant moi-même Violoniste. Il sourit de toutes ses dents jaunes dégueulasses en me donnant l'objet.

Assez rapidement, j'ai tourné le petit bouton en bas de l'archet pour tendre les cordes sur celui-ci. Une fois les cordes extrêmement tendues, trop extrêmement pour être joué, j'ai pointé l'archet vers mon ravisseur. Les cordes contre sa gorge.

Il savait lui aussi que, d'un seul geste vif de ma part, je pouvais l'égorger avec des cordes autant tendues.

Je le menaçai à mon tour, lui ordonnant de s'arrêter et de nous laisser partir.

Puis, j'ai entendu un 'clic' et j'ai tourné ma tête vers le conducteur, à l'arrêt.

Cependant, le bout de son revolver se trouvait contre le front de Mick.

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« Never mind the rising light,
There's no sign of day or dawning,
In my heart it's still the night,
And we'll stay here till the morning. »

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Mon cœur rata un battement.

Le conducteur sourit d'une façon atroce, en lâchant :

- Je pense qu'il te faudra plus de temps pour égorger mon pote, que moi pour tirer une balle dans la tête de ton chéri.

Les yeux remplis de larmes, j'ai lâché l'archet que le ravisseur a récupéré.

- Good girl... sourit le conducteur avant de reprendre le volant.

J'ai soufflé de soulagement en prenant la main de Mick.

Le 4x4 sortit enfin des rails de train pour s'engouffrer dans des chemins de terre au milieu des maquis touffus. Mick et moi, toujours main dans la main, étions ballottés dans tous les sens.

Un quart d'heure plus tard, le véhicule sortit des sentiers tortueux pour rouler lentement vers un petit port pittoresque et abandonné.

Nous étions en bord de mer, d'une mer aussi bleu que mon Aigue-marine.

Le véhicule se dirigea vers un ponton de métal, qui s'étirait vers le milieu de la mer profonde.

Il s'arrêta net.

Juste derrière nous, le second 4x4 fit de même.

Puis, le conducteur se tourna vers nous, arme en main, nous ordonnant de descendre.

Ce que nous fîmes.

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L'air frais marin raviva nos sens avec violence. Les deux autres kidnappeurs firent sortir à leur tour Alfred de leur voiture.

Nous étions tous sur le bord du ponton, des armes pointés sur nos têtes, attendant...

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« Níl sé ina lá, níl a ghrá,
Níl sé ina lá is ní bheidh go maidin,
Níl sé ina lá is ní bheidh go fóill,
Solas ard atá sa ghealaigh. »

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Un des ravisseurs ordonna sans détour :

- Sautez.

Alfred, Mick et moi tournâmes nos têtes vers lui, lâchant de concert :

- Quoi ?

L'homme chargea son arme d'un horrible 'clic', en réitérant avec machiavélisme :

- Sautez. Dans. L'eau. Maintenant.

Mick me jeta un regard que je compris facilement.

Il savait. Je savais.

Aucun de nous deux ne savaient vraiment bien nager.

Pourtant, nous n'avions pas le choix, et nous avons sauté dans la mer.

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L'eau n'était pas vraiment froide et le sel nous aida à rester plus ou moins à la surface. Les hommes sur le ponton avaient tous les cinq leurs armes braquées sur nous, dans l'eau. Ils nous ordonnèrent de quitter le pont et le bord, de nager loin sans quoi ils nous tireraient dessus.

Nager où ?

Il n'y avait rien !

Je suppose que c'était le but de leur torture...

Ainsi, Alfred, Mick et moi, nous nous sommes exécutés du mieux possible. Notre nage était chaotique à Mick et à moi. Je passais plus de temps à nager sous l'eau telle une sirène pour avancer, tandis que Mick essayait de prendre exemple sur la brasse parfait d'Alfred.

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« It's not day nor yet awhile,
I can see the starlight shining,
Níl sé ina lá is ní bheidh go fóill,
Solas ard atá sa ghealaigh. »

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Je ne saurais dire combien de temps nous avons survécu ainsi, à rester à la surface, tout en nageant droit devant nous. Mais, éventuellement, nous sommes arrivés vers des bords couverts de bouées et de cordages. Ce n'était pas une plage à proprement parler, juste un mur de pierre avec des balises flottantes. Inutile de vous expliquer à quel point nous étions heureux de nous raccrocher à quelque chose pour reprendre notre souffle et soulagé nos pauvres corps engourdis et fatigués !

Lentement mais sûrement, nous avançâmes devant nous en longeant le mur de bouées et de cordages. Alfred étaient en tête de file, moi en second et Mick juste derrière moi.

Nos vêtements nous alourdissaient, nous avions tous les trois décidé d'abandonner nos chaussures pour avoir un peu moins de poids à porter.

Au bout d'un moment, j'ai décidé de jeter un coup d'œil sur ce qui se trouvait de l'autre côté du mur gris. Mes yeux salés ont vu une chose étrange :

Une plage de sable fin, des tentes de pailles et de feuillages denses, et des dizaines et dizaines de personnes. Cependant, ces gens n'étaient pas comme nous. Ils avaient tous le teint basané, presque brûlé par le soleil, de la peinture sombre et écarlate sur le visage et quelques centimètres à peine de morceaux d'étoffes qui cachaient leurs parties intimes.

Ils ressemblaient à un peuple sauvage des îles perdues ou d'Amazonie, c'était époustouflant de voir ça en vrai. Mick et Alfred jetèrent aux aussi un coup d'œil à leur camp de fortune extrêmement bien conçu.

J'étais heureuse de pouvoir demander de l'aide à des Humains. Néanmoins, au moment où j'ai levé la main pour attirer leurs attentions, Alfred m'en a empêché, m'ordonnant de ne pas dévoiler notre présence ici.

Pourquoi ?

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« Fill the glasses one more time,
And never heed the empty bottle,
Turn the water into wine,
And turn the party up full throttle. »

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J'ai vite compris pourquoi lorsque certaines personnes sur la plage ont commencé à souffler dans d'énormes sarbacanes et que des aiguilles piquantes se sont plantées dans mes doigts.

C'étaient des aiguilles très très fines et petites, à peine 5 cm de haut. Il y en avait 6 ou 7 sur chacun de mes doigts de ma main gauche. Rapidement, j'ai essayé de les enlever. C'était aussi difficile que de retirer des échardes à mains nues, surtout que les aiguilles étaient toutes recouvertes de glu poisseuse, ce qui ne m'aida absolument pas dans ma tâche.

Bien sûr, Mick essayait lui aussi d'enlever ces échardes de mes doigts, mais ça restait collé aux siens. Quelle misère !

Le pire arriva quelques minutes plus tard...

Je commençai à sentir ma tête tourner, mon cœur s'emballer et une vague de vertiges s'emparer de moi. Mick me vit tourner de l'œil et il comprit, comme moi, que les fléchettes étaient sûrement empoisonnées ou droguées.

Avec l'aide salvatrice de Mick et d'Alfred, je suis restée accroché le long du mur tout en avançant aussi rapidement que possible pour sortir de l'eau avec que je ne tombe dans les vapes.

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« Don't go out into the cold,
Where the wind and rain are blowing,
For the fire is flaming gold,
And in here the music's flowing. »

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Lorsque j'ai rouvert les yeux, j'étais allongé sur le dos au cœur d'une immense grotte. Je me suis relevée, encore groggy, avec l'aide de Mick pour admirer l'endroit.

Oui, c'était une magnifique grotte, haute et large. Si haute, qu'il était presque impossible de voir le plafond. À moitié porté par Mick, lui, Alfred et moi progressâmes lentement dans les couloirs labyrinthiques de pierre.

Il y avait des lueurs au loin et des échos de voix. De toute évidence, la grotte devait être habitée !

La progression fut si longue et si lente que nos vêtements étaient désormais pratiquement secs. Tant mieux. Même si nous marchions pieds nus sur le sol de pierres humides.

Finalement, au détour d'un corridor, nous avons découvert une ouverture géante dans la cavité avec, à l'intérieur, des dizaines et des dizaines de personnes travaillant dans tous les sens.

La salle ne ressemblait presque plus à une grotte, seuls les murs trahissait l'endroit dans lequel nous nous trouvions. Mais, il y avait des bureaux, des tableaux, des dressings croulants sous le poids d'imposantes robes et costumes.

En réalité, nous n'eûmes pas vraiment le temps de comprendre ce qu'il se passait, car un groupe de personnes se jeta littéralement sur nous.

Deux hommes attrapèrent Mick, deux hommes attrapèrent Alfred et trois femmes me prirent de leur côté, en hurlant presque :

- Ah ! Vous voilà enfin ! On vous attendez plus tôt !

- Q-Quoi ? Mais, qui... ?

- Oh, mon enfant ! me coupa la dame. On va s'occuper de toi, ne t'inquiète pas.

Quoi ?

Mais si, je m'inquiète !

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« Níl sé ina lá, níl a ghrá,
Níl sé ina lá is ní bheidh go maidin,
Níl sé ina lá is ní bheidh go fóill,
Solas ard atá sa ghealaigh. »

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Je perdis Mick et Alfred de vue.

Une femme se jeta sur mes mains pour les laver et faire... Une manucure ?!

Une autre s'occupa d'enlever la crasse de mes pieds, tandis qu'une autre défaisait ma tresse pour coiffer violemment mes cheveux et réaliser une coiffure un peu sophistiquée.

Le plus étrange arriva, lorsqu'une dame fit rouler un porte-vêtement devant moi.

Ce dressing était rempli de... Robes de mariée !

Oui, oui ! Des robes énormes, magnifiques, de plusieurs formes et tailles, avec ou sans dentelles, etc. Une femme me demanda :

- Alors, laquelle veux-tu essayer en premier ?

Choquée, je mis du temps à répondre.

Ou plutôt, à hurler :

- Quoi ?! Mais, aucune !

Elle sursauta :

- Comment ça ? Tu ne veux plus te marier à Mick ?

- SI ! SI, bien sûr que si !

Elle sourit derechef et attrapa une robe.

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, deux dames enlevèrent ma veille robe de mon corps. J'étais désormais en sous-vêtements, le temps qu'elles enfilent la robe blanche sur moi.

- Mais, arrêtez ! hurlais-je.

Pourtant, elles continuaient.

J'étais tiré dans tous les sens, sans pouvoir me défendre. Je me débattais, mais trop de femmes me tenaient.

Quelques longues minutes plus tard, devant le miroir, j'ai pu voir la somptueuse robe que je portais. Il y avait une grande manche de dentelles et d'entrelacs celtiques sur mon épaule gauche, mais rien sur la droite. Un bustier en forme de corset retenait ma poitrine et le pan de la robe était magnifique, couvert de dorures argentée, jusqu'à mes chevilles. J'avais désormais les pieds propres, des souliers de verre, une coiffure relevée en haut avec de parfaites ondulations et un diadème de diamants.

Malgré cette allure de Princesse de Contes de Fées, j'ai recommencé à hurler :

- ARRÊTEZ ! Pourquoi vous faites ça ?! Qui êtes-vous ?

La couturière reprit sa question :

- Tu ne veux plus te marier à Mick ?

- SI ! Je veux me marier à Mick, mais pas comme ça et pas avec vous !

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« Until all the songs are sung,
Níl sé ina lá, níl a ghrá,
Níl sé ina lá is ní bheidh go maidin,
Níl sé ina lá is ní bheidh go fóill. »

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La couturière leva les yeux en l'air, en signe d'exaspération évidente. Elle maugréa plus pour elle-même que pour moi :

- Il nous avait pourtant dit que tu serais vindicative !

- Quoi ? Qui ça ? demandais-je, intrigué.

Ce fut à ce moment-là que l'homme en question entra dans la salle.

Et je n'avais pas besoin d'être aveugle pour savoir qui il était... Il avait une carrure affreusement imposante, faisait 4 têtes de plus que moi et 4 fois ma corpulence. Il était entièrement vêtu de blanc, de sa veste, à sa chemise, à son veston, jusqu'à son pantalon et ses chaussures.

Nom de Dieu...

C'était le Roi de la Pègre, Wilson Fisk !

De sa voix grave, il m'ordonna de le suivre car il allait me marier à Mick.

Sous le choc total, j'ai juste relevé les pans de ma robe pour ne pas qu'elle traîne sur le sol humide et j'ai suivi le Kingpin.

Toujours au cœur de la grotte, il y avait une immense arche de fleurs et en-dessous... Mick.

Mon Mick.

Mon souffle se coupa lorsque je le vis dans un splendide costume tout aussi blanc que ma robe. Il portait une veste blanche, un veston noir et un nœud de papillon noir également. Il était coiffé et rasé, propre et resplendissant.

Wow.

Malgré sa beauté, j'étais triste, car nous ne voulions pas nous marier comme ça avec des gens qui nous prenaient en otage.

Nous n'avions pourtant pas le choix, Wilson Fisk allait nous marier...

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Puis, je me suis réveillée...

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« Solas ard atá sa ghealaigh,
Níl sé ina lá, níl a ghrá,
Níl sé ina lá is ní bheidh go maidin,
Níl sé ina lá is ní bheidh go fóill. »

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23.10.2022

Chanson : 'Níl Sé'n Lá' parCeltic Woman

Copyright © 2022 by Alisone DAVIES - All rights reserved.

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BONUS :

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Portons nos songes ailleurs, viens, le temps est arrivé,

Laisse partir ton esprit, derrière cette porte de cellier,

Par l'amour, gageons que la chasse soit close,

Mais je vois ton retour, couvert d'ecchymoses.

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Mes yeux reverront nos larmes, dans l'océan azur,

Et le son d'un refrain mélancolique et pur,

Sonnant le début et l'éternité de notre rencontre,

Qu'à jamais les souvenirs nous montrent.

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Je les entends ces chansons, le jour comme le soir,

Elles accueillent nos âmes dans les cauchemars,

Nous considérant tantôt de Monstres, de Chasseurs,

Tantôt de Fantômes, dans nos échos de pleurs.

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Écrit par moi-même, le 18.08.2022

Inspiration : Lord Alfred Tennyson 'In Memoriam A.H.H.'