Blablabla, ou le courrier des lecteurs

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs... Merci à mes gentils reviewers (peu, il est vrai, mais je m'attache à la qualité plus qu'à la quantité, n'est-ce pas, Severogue-chou ?). Vous semblez apprécier ce que je fais, même si vous trouvez ça parfois « confus ». *renifle d'un air sarcastique*. Mais j'ai quand même quelques fans ! ^-^ (qui est bill.gates@microsoft.com ?)

Avant-propos

Voici le retour - je l'espère - tant attendu de Miss Morgane et de ses petits tracas personnels...

Oui, ça a mis un temps fou. Et non, je ne vais pas faire apparaître Harry tout de suite. C'est looong à se mettre en place, voyez-vous ? L'intrigue est, comme « on » me l'a déjà fait remarquer, plutôt compliquée ; mais il faut dire que j'ai besoin d'introduire les « pièces rapportées », comme dirait ma môman, avecque sensibilité et délicatesse... Et cela risque de prendre un peu plus de temps que prévu. Je sais que l'intérêt du rôle des de Karell ne paraît pas évident pour l'instant, mais la patience est une grande vertu... et puis une petite incompréhension par ci-par là n'a jamais fait de mal à personne, s'pas ?

Pour la mise en page, j'essaie d'arrêter de tripoter les terminaisons de fichiers, et je ne fais plus de bricolages idiots avec du préformaté HTML. Avec un peu de chance, mon texte sera centrera quand je lui dit. En attendant, lisez quand même Beaucoup de bruit pour rien, c'est court et mystérieux... et depuis que j'ai tripoté l'uploadage, ça manque sérieusement de reviews.

Disclaimer

Si mes souvenirs sont bons, il me semble avoir déjà que, je cite : « BORDEL DE MERDE , MAIS TOUT LE MONDE LE SAIT QUE CES FOUTUS PERSONNAGES NE SONT PAS A MOI !!! » Tout de même, tant d'histoires pour quelques taches sur un bout de papier...

Chantage

Comme vous l'avez remarqué, je manque toujours de reviews. Je suis une grande désespérée ! Alors j'ai décidé que le dixième reviewer gagnait un bô conte de Noël au pays d'Harry Potter, sauce Mélusine... (Severogue, mon chéri, je t'interdis de voter deux fois) Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour gagner la gloire, quand même. je me sens très Malefoy, tout d'un coup...

Et voici le plus important : laissez-moi vous souhaiter une bonne lecture...





- Equinoxe -



Chapitre Premier



Ce que vivent les roses.



« On me disait que quelques morts étaient nécessaires pour amener un monde où l'on ne tuerait plus. » (Albert Camus, La Peste)



**********



Le moment qu'Homère avait qualifié d' « Aurore aux doigts de roses » arrivait, dans un grand frisson matutinal. On avait la sensation que l'air humide en acquérait un parfum différent, plus fragile. L'air bruissait d'un ton mouillé et paresseux ; l'herbe cédait sous le poids de la rosée matineuse ; les fleurs penchaient joliment sous la brume légère. Quelques petits animaux couraient ça et là d'un air affairé, certains faisaient une courte halte pour épier les alentours.

Ainsi un tamia se figea au pied d'un chêne, humant la brise de son nez noir et minuscule. Penchant la tête avec curiosité, le petit écureuil observa un court instant deux congénères se poursuivre sur la branche d'un vieil orme ; puis son attention fut distraite par le son étouffé d'un fruit chutant quelque part...

Il ne tourna la tête que trop à temps pour voir fondre le chat noir.

Avec un petit cri de terreur, il fit un bond démesuré que ne laissait pas supposer sa taille réduite, puis s'enfuit en trois sauts agiles jusqu'à la plus haute branche. De là, il se mit à injurier le chat avec le vocabulaire le plus ordurier que peut posséder un rongeur, puis disparut sous le regard renfrogné du fauve en miniature. Quelques merles effrayés qui s'étaient envolés plus loin se remirent à chanter avec l'imperturbabilité que confère une longue habitude.

Bredouille mais impavide, le petit chasseur se dirigea vers la grande maison dans l'espoir d'un substantiel réconfort.

*****

Dans une grande chambre du Manoir, Morgane ôtait les bandages qui protégeaient son bras. La gaze était rougie, mais la chair était intacte. Avec un demi-sourire satisfait, la jeune femme jeta le pansement souillé dans une corbeille à linge et se dirigea, pieds nus, vers la penderie. Elle y choisit une robe d'un vert très sombre : ce jour-là, elle n'allait pas à l'Ecole. Brossant avec application ses longs cheveux noirs, elle les fit glisser sur ses épaules d'un air songeur. Son reflet, qui la considérait d'un ?il réprobateur depuis un bon moment, déclara d'un air boudeur :

« Si l'on continue à rentrer à point d'heure, l'on aura des cernes sous les yeux. Ce n'est vraiment ce que l'on veut, si ? »

Morgane se redressa, rejetant son épaisse chevelure brune en arrière. Levant un sourcil critique, elle répliqua :

« Si l'on a une remarque à faire, autant qu'elle ne concerne pas mes heures de sortie. Je rentre quand je veux, et rien de tout cela ne te regarde. Occupe-toi plutôt de tes problèmes d'intendance. A ce propos, je t'ai prise l'autre jour en train de refléter une ride inexistante. Je me demande bien qui dissimule quoi, ici. »

Le reflet lui rendit un regard fulminant. Monument de vexation intense, il croisa les bras, détourna la tête et tapa du pied, mais se tut. Morgane lui lança un petit sourire narquois, et s'en fut d'un pas léger après une horrible grimace. Elle dévala l'escalier jusqu'à la première salle à manger.

*****

Le Manoir de la famille de Karell tenait à la fois de la place forte, du châtelet et du labyrinthe. Selon Wilhelm, Thésée en personne ne s'y fût pas retrouvé, même avec l'aide de toutes les Ariane du monde. Cependant, après des années d'observation, d'exploration et d'imprudences, et en partie grâce à une éducation ponctuée de sermons sur le thème : « aucun-de-Karell- ne-saurait-se-perdre-dans-sa-propre-maison », les héritiers de la demeure en arrivaient à connaître (presque) toutes les pièces du Manoir, et pour peu qu'ils fussent curieux et dissipés, plus encore.

Il en avait été ainsi pour Morgane et Christophe, qui tour à tour et au fil de leurs années d'enfance avaient fait d'intéressantes découvertes. La dernière en date concernait les vestiges d'un cabinet noir empreint de magie, et révélateur d'expériences peu orthodoxes. L'enthousiasme des enfants ayant été à la mesure de l'indignation de leur gouvernante, la pièce secrète avait été condamnée par quelque charme de défense - au grand dam d'au moins une partie des témoins.

Certaines des pièces étaient communes et accueillantes - comprendre dans la majorité des cas : convenablement chauffées - ; elles étaient situées de plain-pied. A l'étage se trouvaient plusieurs chambres, dont celle du maître de maison et des enfants, l'une dans l'aile Est, les autres dans l'aile Ouest, comme les chambres d'amis. Au second étage se trouvaient des bureaux, des pièces de travail, des cabinets d'expériences, et une immense bibliothèque. A l'étage du dessus, le quartier des domestiques jouxtait un débarras ; sous les combles enfin. nul ne savait réellement : le grenier passait pour être hanté, du moins abriter quelque créature terrible et hybride. Les pièces en étaient interdites, peut-être à tort, mais nul ne s'y était risqué.

Morgane se dirigeait vers la première salle à manger, réservé à l'usage exclusif des membres de la famille ; parfaite pour le repas (simple.) du petit déjeuner. La seconde salle à manger était bien plus grande, elle était destinée à la réception ; y prenaient place une cinquantaine d'invités et un petit orchestre. Elle était peu utilisée, bien que le maître de maison ne fût pas misanthrope. Sans atteindre le degré de convivialité d'Amphitryon, Armand de Karell savait recevoir ; mais depuis de nombreuses années, il fallait se méfier de tout le monde. Et par les temps qui couraient, temps bien sombres lorsqu'on savait que Celui-dont-on- ne-devait-pas-prononcer-le-nom était de retour, le principe était malheureusement vérifiable. La troisième des salles à manger était de dimensions plus modeste que la précédente ; on y accueillait un nombre réduit de convives. C'est dans cette pièce que Morgane trouva attablés son père, son frère et un hôte supplémentaire : son propre parrain, le célèbre Maugrey Fol-?il, dont la jambe de bois et le caractère exécrable avaient au moins autant que le talent participé à la légende.

L'Auror en retraite salua sa filleule d'un « salut gamine » joyeux, tonitrué entre deux bouchées d'un excellent bacon. Sarah, la gouvernante qui faisait aussi office de cuisinière, contemplait le non moins célèbre ?il artificiel d'un drôle d'air ; Armand feignait une impassibilité bienveillante et son fils tentait de ne pas s'étrangler avec sa tartine à force de rire. Alastor Maugrey, dont l'?il magique surveillait toute la scène en gigotant indépendamment du premier, affectait de ne rien voir. Après un baiser léger déposé sur la joue de son frère, Morgane finit par s'asseoir, entamant de bon appétit une crêpe fumante. La conversation portait sur une série de meurtres mystérieux. Christophe, la bouche pleine, n'en perdait pas une miette ; Morgane écoutait d'une oreille qui semblait distraite. Sarah, monument de réprobation vivant, faisait passer les plats brûlants d'un air renfrogné. A l'évidence, ce n'était pas le genre de conversations que l'on pouvait se permettre à table, et en particulier le matin de bonne heure.

« - ...être. Mais ça n'était pas un loup-garou.

- On en est sûr ?

- Affirmatif. La trace - enfin l'empreinte, appelle ça comme tu veux - de la mâchoire ne correspond pas. D'après les gars qui ont examiné le corps, et c'était des spécialistes, tu peux me croire (il eut un reniflement sarcastique), c'est beaucoup plus gros. Morgane fronça les sourcils.

- Mmu 'ros ?, interrogea Christophe fasciné, la bouche pleine (non sans s'attirer un regard scandalisé de la gent féminine)

- Exact, gamin, lui répondit son voisin, dont les cicatrices empêchaient toute interprétation d'attitude.

- Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être ? reprit Armand.

- C'est bien le problème : ils n'en savent fichtrement rien non plus ! Je vais finir par croire que ces types sont réellement des incapables...

- Je te ferais remarquer, parrain adoré, que tu « finis » tout le temps depuis des années, fit calmement observer Morgane.

Alastor se racla bruyamment la gorge. « Evidemment. Ils ne sont pas foutus (il eut droit à un regard sévère de la part de Sarah) de déterminer correctement les causes de la mort de ce pauvre type, et en plus il faudrait que l'assassin ne soit pas recensé dans leurs satanés (second regard meurtrier) bouquins ; et maintenant, ils m'annoncent tranquillement que je ne peux pas enquêter ! Trop vieux, qu'ils disent ! J'leur en... » Le reste se perdit dans un marmonnement continu qui ne s'interrompit que lorsque la gouvernante eût posé sous son nez une assiettée de crêpes fumantes. Il jeta à son tour un regard ronchon à Sarah qui levait les yeux au plafond tout en ramassant quelques assiettes, et n'en parut guère émue. Armand suivait la scène avec un flegme tout britannique, sans pour autant dissimuler un léger sourire. Christophe, qui avait depuis longtemps englouti sa part, était prêt à reprendre son activité préférée en la présence de son parrain : le bombarder de questions.

« - Comment un monstre quelconque peut-il être inconnu du Ministère ?

- Parce que cette bande de nouilles (Armand échangea un regard avec sa fille, lui-même travaillait au Ministère) s'attend toujours à tout trouver dans ses p... (il s'interrompit le temps d'observer furtivement Sarah) vieux bouquins. Et bien entendu, ils ne tiennent jamais compte des recherches des autres départements.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Armand prit la parole. « Un des problèmes les plus importants du Ministère anglais de la Magie est qu'il ne sait pas transmettre ses informations. Les départements se méfient les uns des autres, et gardent jalousement leurs secrets -

- Je croyais qu'il y avait un Département de la Coopération ?

- Il s'agit d'un niveau international, et donc diplomatique. Prend l'exemple de Durmstrang, l'école de magie des pays slaves : nul ne sait où elle se trouve. En Bulgarie, peut-être, en Biélorussie ? Ou ailleurs !. Très bien, mais comment veux-tu porter un quelconque secours ou espérer demander assistance à des gens qui s'enferment ?

- Pourtant tu tiens toi-même tes affaires secrètes...

- De mes affaires ne dépend pas le sort de milliers de personnes. » Morgane eut un regard qui exprimait son profond scepticisme, mais choisit de voler au secours de son père.

« Vois-tu Christophe, le problème avec notre actuel Ministère - et que cela reste entre nous, ce n'est pas politiquement correct - est qu'il est si jaloux et protecteur de son unité que paradoxalement il se divise lui-même. La coopération n'est possible que du moment que chacun donne un part égale d'informations. Mais les Langues-de-plomb refusent toute entente avec les « Moldus », qui pourraient divulguer leurs propres secrets ; d'un autre côté, eux-mêmes sont si bien renseignés qu'ils n'ont pas besoin d'une telle prostitution, comme ils la qualifient, pour parvenir à leurs fins. Le peuple n'a pas besoin de savoir ce qui se passe, même si c'est très dur à comprendre. Il refuse d'ailleurs toute compréhension, qui lui ferait voir sa vie autrement. Le peuple déteste la vérité, elle est souvent contraire à ce qu'il voit, et croit. Alors le Ministère s'adapte en conséquences : une partie de l'iceberg est visible et donne à ceux qui l'ont élu pain et jeux, tandis que l'autre partie, les trois-quarts immergés, règle les affaires comme bon lui semble... »

Maugrey Fol-?il hocha la tête. « Et c'est aussi pour ça que les p'tits gars chargés de l'enquête préfèreraient voir un loup-garou ou pire, un vilain partisan de Voldemort, mais pas autre chose -

- Comme quoi ?

- Oh, et bien ces sortes de choses qu'on ne trouve pas dans les pays civilisés - des expériences qui auraient mal tourné, de la magie noire, des créatures hybrides.

- Est-ce que la... chose qui a tué cet homme, la nuit dernière, était une créature de ce genre ?

- Peut-être. Peut-être aussi que c'était seulement un chien errant, un loup, pourquoi pas, ou un garou vraiment énorme. Mais bien sûr ce genre de créature est censé être couché sur un registre avec beaucoup de détails, et surveillé...

- Et ils n'admettront jamais qu'un de ces détails leur a échappé, » acheva Morgane. « Je crois, jeune homme, que tu as une journée à passer sur les bancs du collège... » Christophe se leva de table en maugréant. Sarah se dépêcha de passer derrière lui pour débarrasser son coin de table, tandis que la conversation continuait, à bâtons rompus.

*****

Quelque demi-heure plus tard, Armand de Karell, son ami Auror et sa fille se retrouvait dans le bureau personnel du maître de maison - une pièce aux murs lambrissés et meublée avec un goût, mais un goût sobre et masculin. Et la conversation du matin reprit, d'un ton plus soucieux.

« C'est vraiment inquiétant » dit Armand au bout d'un long silence. « Comment les gens réagissent-t-ils ?

- Les rares personnes qui sont au courant - et ça ne va pas s'arranger, croyez-moi - sont plus paniquées qu'autre chose, faut le dire.

- De qui s'agit-il ?

- Oh ! quelques apprentis, de ceux qui veulent devenir de grands Aurors mais qui n'ont pas assez de couilles - désolé, gamine - pour supporter la vue d'un macchabée.

- Est-ce que c'était si terrible ? Il était mutilé, selon...

- Mutilé ?! C'est pas le terme que j'aurais employé, mais. Disons que celui - ou « ce » - qui l'a attaqué lui a à moitié arraché la tête. Et je ne te parle pas, par respect pour la gamine, d'un bras littéralement broyé - ce qui n'est rien comparé à sa jambe gauche, retrouvée quelques mètres plus loin... Dire que le type était méconnaissable relève de ce que les gens cultivés dans ton genre qualifient de litote ! »

Morgane ouvrit la bouche d'un air horrifié. « Mais ce n'est pas... »

« Quoi ? Ah, ça... pour sûr, j'ai toujours dit que ça ne convenait pas à une jeune fille ! » dit Alastor sur un ton ironique.

Morgane paraissait avoir perdu de son souffle à l'usage de la parole. « Quel meurtre était-ce ? Je veux dire, qui, et pourquoi ? comment ? et... »

Armand l'interrompit sur un ton apaisant. « En fait, il y a eu deux meurtres.

« - Deux ?!

- Deux. Le premier tenait plutôt de l'exécution, un petit règlement de comptes entre Mangemorts - les marques étaient grosses, mais c'était probablement un molosse que de très ordinaire dans ce genre d'affaire ; et la victime n'était précisément un enfant de ch?ur, ni un dévoué serviteur de la cause du Ph?nix. Mais le deuxième...

- Le deuxième ?

- Ça s'est passé dans une maison de la banlieue de Pré-au-lard. Le type était un ancien du Ministère, un obscur chargé de mission - le genre d'« assis » qui donne des ordres du fond d'un fauteuil rembourré pendant que quelques malheureux encaissent à leur place. Mais un collaborateur précieux, qui possédait sans doute quelques secrets d'état - assez important pour qu'on les lui extorque, tout au moins.

- C'est ça. Quelqu'un que le Ministère avait tout intérêt à conserver, même s'il lui coûtait l'argent du contribuable...

- Mais aucun lien entre les deux meurtres ?

- Apparemment aucun. Sauf l'intervalle relativement court entre les deux - ça pourrait être un indice, et la similitude du... procédé.

Morgane hocha la tête et se mordit les lèvres. « Similitude ou pas, c'est trop risqué. Transplaner nécessite une grande concentration, éprouvante lorsqu'on est danger, car dangereuse quand on est nerveux ; sans compter le bruit, et sur qui l'on peut tomber en « atterrissant ». Dans le cas improbable où il aurait voulu se faire transporter, il aurait eu du mal à trouver un magicobus en forêt ; et si le crime « politique » a été commis en premier, et qu'il ait fallu faire le trajet inverse, le chauffeur du taxi aurait sans doute trouvé bizarre qu'on lui fasse faire une course de Londres à Poudlard en quatrième vitesse et en pleine nuit. et je crois qu'un cadavre supplémentaire aurait été de trop. Non, je ne crois pas qu'il y ait un lien entre ces meurtres.

- Peut-être, en revanche, intervint alors Armand, que le second a été inspiré du premier.

- Lequel. ?

- Le meurtre du rupin a été commis une demi-heure après celui du Mangemort, dit Maugrey.

- Donc beaucoup trop court pour un Poudlard-Londres, objecta Morgane.

- ...Mais faisable si tout était prévu, reprit son père.

- Des complices ?!

- Pourquoi pas ?

- Parce que ça n'a aucun impact. je veux dire, les meurtres devraient alors être identiques pour donner l'impression de toute-puissance - après tout, c'est essentiel ces derniers temps...

- L'ubiquité est un don reconnu en magie noire, remarqua Alastor.

- Mais rare ! répliqua sa filleule. Et pas très malin de l'exposer comme ça.

- Quoiqu'il en soit, conclut Monsieur de Karell, je compte sur toi, Alastor, pour me tenir au courant. J'habite trop près de cette maudite forêt pour ne pas m'inquiéter pour les enfants -

- Papa !

- ...et je tiens à ne pas être doublé par ces incapables de la Police magique. Je préfère d'ailleurs connaître tous les détails avant que mes fouineurs de rejetons (Morgane leva les yeux au plafond) ne mettent leur nez dans cette sale histoire.

- Oh ! ce sera fait. Mais je vais avoir besoin des méninges de cette gamine (il donna à Morgane une bourrade affectueuse d'oncle prodigue) pour me dépêtrer de ce mer... de cette affaire. Après tout, c'est une experte en arts occultes ! »

Tous se levèrent. Le vieux Fol'?il au visage couturé souhaita le bon jour, puis s'éloigna par une allée du parc d'une démarche claudicante. Sur son passage se faufila un petit chat noir, qui se pressa vers les cuisine d'un air alléché. « bonjour Cléo ! » jeta Armand sur un ton badin. « Bonne chasse ? » Mais le chat semblait trop affairé pour répondre ; il disparut, la queue agitée d'incessants soubresauts. « Pas assez d'oiseaux dans les branches, ce matin » commenta Morgane.

Christophe s'était pendant leur longue discussion rendu au collège, et Sarah s'apprêtait à partir en courses après avoir nettoyé quelques pièces (« Elle lui donnera bien quelque chose à manger, ce chat est plus gâté que nous »)

Morgane et son père restaient donc seuls à la maison.

La jeune femme arborait un air pensif et Armand se surprit à vouloir lire les esprits. De toute évidence, elle n'avait aucunement l'intention de divulguer quelque réflexion que ce fût sur un quelconque sujet. Il soupira d'un air fataliste ; elle finirait bien par lui parler, une fois son raisonnement abouti. Morgane possédait l'obstination d'une mule, et en l'occurrence de son père. Mieux valait attendre un moment plus propice. « Je vais faire un tour chez Amos Diggory. Il m'avait proposé de venir boire le thé il y a quelques temps, et je crois qu'en ce moment il doit avoir singulièrement besoin de compagnie. Tu veux venir ? »

Morgane secoua la tête. Une douleur qu'il ne connaissait que trop bien avait envahit les yeux verts. Armand n'insista pas, et se contenta d'une pression réconfortante, brève et douce, sur l'épaule de sa fille. Se saisissant d'une longue cape noire de belle facture suspendue à un crochet orné, il s'en vêtit. Après un dernier regard à Morgane, accompagné d'un sourire somme toute encourageant, il quitta la maison sans autre mot. Peu après, la lourde porte de la cuisine grinça, indiquant que la gouvernante désertait elle-aussi les lieux. La jeune femme demeurait seule.

Elle exhala brusquement, comme si une pression sur la poitrine l'en avait empêchée jusqu'à ce moment. Lentement, comme glissant sur le sol dallé de marbre, elle rebroussa chemin vers la volée de marches qui menaient à l'étage. Le chat noir, un morceau de poisson dans la gueule, la suivit en quelques bonds sur la rampe de métal ouvragé.



*****



« - Alors ?

- Il y a eu un deuxième meurtre, Monsieur.

- Deux meurtres ?

- Oui, Monsieur.

- Qui ? Eux ou nous ?

- Nous n'en savons rien, Monsieur. A priori, pas nous. Mais eux. cela reste à prouver, Monsieur.

- Alors prouvez-le !

- Bien, Monsieur.

- Vous pouvez disposer. Vous, Noxan, approchez.

- Monsieur ?

- Je ne dirais pas que vous avez échoué, Noxan. mais j'en suis fortement tenté.

- Mais -

- Silence ! Vous n'avez pas accompli correctement votre travail. Une bavure. gênante, en réalité. Maintenant, parlez. Qu'avez-vous à m'expliquer ?

- Tout, semble-t-il. Pour commencer - Monsieur - le. suspect n'était pas à l'endroit prévu.

- Expliquez ?

- Le Mangemort semblait avoir été prévenu. Au lieu dit de Têtafouine, il n'y avait personne, Monsieur. Seulement quelques hommes postés en surveillance.

- Qui étaient-ils ?

- De simples partisans du Seigneur des Ténèbres. Personne d'important mais de simples aspirants Mangemorts destinés au front.

- Hum. De la chair à canon, en somme.

- C'est le terme que j'emploierais. Ils ont été « récupérés » par les gars de la Police Magique.

- Encore ! Ils ne cessent de mettre leur nez dans nos affaires. Raison de plus pour que « votre » éclat n'aie pas passé inaperçu ! Enfin... poursuivez.

- L'homme que je ... que nous recherchions avait pris la fuite en direction de la forêt qui fait face à Poudlard -

- Pour quelle raison ?

- Sans aucun doute, il devait avoir un contact à cet endroit. Je... nous supposons qu'il s'agissait de cet homme assassiné plus loin.

- Mmmh... un lien entre eux, alors ?

- Probablement.

- Bien, poursuivez.

- ... Le fuyard avait semé mes... collègues, et j'ai dû improviser -

- De l'improvisation ? je crois en effet que c'est exactement ce dont il s'agissait !

- ... en tout cas, c'était la seule solution : il fallait empêcher tout contact avec ses semblables, et tout quiproquo avec d'éventuels courageux idiots venus lui porter main forte.

- Y en a-t-il eu ?

- Fort heureusement, pas le moindre, Monsieur.

- C'est déjà ça !

- Je suppose que oui. Personne ne l'a... ne nous a suivis. J'ai usé des... moyens du bord pour l'éliminer. Nous avions déjà tout planifié, et il ne nous était plus utile ; s'il ne l'avait pas déjà fait, il fallait l'empêcher de prévenir ses complices. Et dans le cas contraire...

- ... l'empêcher d'augmenter les dégâts. C'est bien, Noxan, vous pouvez vous retirer. Je vous contacterai en cas de besoin, si d'autres de nos... camarades font du zèle. Ayez des oreilles partout ; nous verrons bien ce que votre bévue nous coûtera. Leur enquête semble pour le moment patauger quelque peu. espérons que cela durera un temps. Après...

- Après, Monsieur ?

- A Son retour, nous aurons du travail, croyez-moi... Et le Seigneur des Ténèbres n'est pas réputé pour son immense indulgence, n'est-ce pas ? Les temps sont durs, pour nous, mais nous nous devons de préparer la grande rentrée de Lord Voldemort... »



**********



(A suivre)

ah... mais qui donc sont ces étranges personnages qui discutent du sort des hommes ? et quel lien peut avoir la famille de Morgane avec quelques meurtres ? et pour qui donc travaillent-ils tous ?

en somme, ne rien savoir est parfois dangereux... mais en d'autres temps, tout à fait passionnant : après tout, ce n'est que le début de l'histoire...

j'autorise toutes les spéculations ! ^-^

Mélusine.