Tout Recommence
Chapitre I


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Auteur: Aline

Date de création: mai-juillet 2002

Droits divers: Si par chance les personnages d'Urgences étaient les miens, et bien ni Susan, ni Doug, ni Carol, ni Anna, ni les autres… ne seraient partis, et en revanche le FinchBot n'aurait jamais été engagé. *soupir* Malheureusement, tout ce petit monde ne m'appartient pas, leur propriétaire est Michael Crichton, et même s'il laisse parfois (souvent ?) les scénaristes de la série faire n'importe quoi avec, il faut se faire une raison, c'est comme ça ;) Les seuls personnages qui m'appartiennent sont ceux n'étant pas issus de la série, c'est-à-dire les docteurs Miller et Smith, Joan Davis, ainsi que Tomas (mais concernant ce dernier, si jamais il prend à quelqu'un l'envie de lui mettre des baffes je le lui prête très volontiers ;).

Rating: PG

Spoilers: saison 4 (quelque part après l'épisode "Obstruction à la justice")

Personnages: MG/SL

Catégorie: drame/romance

Note de l'auteur: Ayant récemment eu la chance de commencer à revoir les épisodes des premières saisons de la série, je me suis rappelé à quel point Mark et Susan auraient formé un couple génial, et j'ai donc décidé d'écrire une nouvelle fanfic sur eux. Cette histoire se situe dans le courant de la saison 4, en décembre 1997 ; Susan a quitté Chicago depuis plus d'une année, Mark sort avec Cynthia, une folle qui bosse à l'accueil et dont il n'est pas amoureux, et Doug et Carol sont à nouveau ensemble. En revanche, on n'est pas au courant pour son gosse (je l'avais d'ailleurs un peu oublié celui-là ;), et Doug n'a pas demandé Carol en mariage (en gros l'épisode suivant, "Agitation de Noël", n'a pas eu lieu ;)

***

Un vent glacé balayait les rues de Chicago, soufflant avec lui des rafales de neige de plus en plus violentes, si bien que Mark eut à plusieurs reprises l'impression qu'il allait s'envoler tandis qu'il se rendait péniblement jusqu'à son lieu de travail. En descendant prendre sa voiture quelques minutes plus tôt, il avait eu la très agréable surprise de découvrire que les monticules de neige qui s'étaient formés autour et sur son véhicule l'empêchait complètement d'y avoir accès. Il avait alors couru jusqu'à la station de métro la plus proche, où on lui avait annoncé que toutes les lignes avaient été coupées en raison des précipitations qui rendaient dangereux le transport des passagers. Il s'était donc rabattu sur la dernière option qui lui restait : la marche. Lorsqu'il arriva finalement au County, totalement trempé et congelé, il aurait déjà dû s'y trouver depuis une demi-heure.

"Hé bien, on ne t'attendait plus !" s'exclama Doug lorsqu'il pénétra dans la salle de repos. "Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, tu es tombé dans le lac ?"

"Très amusant…" grommela Mark en réponse, tout en se dirigeant vers son casier. "Ma voiture était inaccessible, il n'y avait pas de métro…"

"Ne me dis quand même pas que tu es venu jusqu'ici à pied ?" s'exclama Carol, réprimant avec difficulté le sourire que lui provoquait l'image de Mark Greene arpentant les rues de Chicago tout en se transformant peu à peu en bonhomme de neige.

"C'était ça ou ne pas venir du tout !"

"C'est là qu'on reconnaît les braves types et les autres," fit remarquer Doug en riant. "A ta place, j'en aurais profité pour me faire porter pâle et rester au lit une journée entière avec ma douce moitié !"

Tout en disant cela, Doug avait tendrement passé un bras autour des épaules de Carol.

"Je te rappelle que si toi tu as une 'douce moitié', ce n'est malheureusement pas mon cas…" soupira Mark tout en refermant son casier après y avoir laissé son manteau détrempé et avoir enfilé sa blouse de médecin.

"Et Cynthia ?" s'étonna Carol, incapable de retenir une légère grimace à l'évocation de leur collègue.

"Oh, Cynthia est… gentille, mais je ne pense de loin pas finir mes jours à ses côtés…"

"Pourquoi, je croyais que vous vous entendiez bien, tous les deux…"

"Je te l'ai dit, elle est gentille et oui on s'entend bien, mais je ne pense pas être réellement amoureux d'elle… Bien sûr on passe du bon temps ensemble, mais honnêtement ça s'arrête là…" répéta-t-il, ponctuant sa phrase d'un soupir.

En réalité, il aurait vraiment souhaité que sa relation avec Cynthia ait une chance à long terme, après tout c'était quelqu'un de bien, et il était persuadé qu'il pourrait être heureux avec elle… Elle s'entendait même avec Rachel, ce qui représentait certainement déjà un plus. Mais il savait également que, même s'il voulait le contraire, leur liaison était d'avance vouée à l'échec, comme ça avait été le cas de toutes les relations qu'il avait entretenues avec des femmes depuis son divorce, deux ans plus tôt…

"Eh, ne fais pas cette tête !" s'exclama soudain Doug. "Je suis sûr que tu vas bien finir par trouver une fille qui ne soit pas aussi bizarre que Cynthia et avec qui tu pourras te pelotonner bien confortablement sous la couette tous les jours de ta vie où le temps t'empêchera de venir travailler !"

Mark ne put s'empêcher de sourire, tout en pensant avec une certaine tristesse qu'il avait peut-être déjà connu cette femme, et qu'il l'avait laissée s'en aller… Au même instant, la porte de la salle de repos s'ouvrit d'un coup sec, le tirant d'un seul coup de ses pensées.

"Mark, Doug, dépêchez-vous," ordonna Kerry Weaver d'une voix aussi sympathique qu'à l'accoutumée. "On a deux traumas qui arrivent, des gosses blessés dans une fusillade. Allez, on se bouge !"

"Eh bien, visiblement notre bien aimée cheffe a de nouveau passé une agréable nuit…" soupira Doug en se levant à contre cœur. "Je me demande si on ne devrait pas essayer de lui trouver un homme, ça la rendrait peut-être moins acariâtre !"

"Ce qu'il reste à se demander, c'est s'il aurait le courage de la supporter très longtemps…" répliqua Carol en se retenant d'éclater de rire.

"Oh, ça ne devrait pas poser trop de problèmes, il suffirait de lui dégotter un sourd !"

Les deux médecins quittèrent la salle de repos en riant, et rejoignirent Kerry et leurs autres collègues dehors, devant l'hôpital, où l'ambulance arriva quelques secondes plus tard, sirène hurlante.

***

"C'est fini, Mark… Ce gosse est mort, ça ne sert plus à rien…"

Mark tourna les yeux vers Doug, et reposa en soupirant les palettes de défibrillation. Son collègue avait raison, il n'y avait plus rien à faire…

"Heure de la mort : 8 h 22…" annonça-t-il tout en retirant sa blouse de traumatologie.

Il remonta le drap sur le corps désormais sans vie de son jeune patient, et suivit Doug à l'extérieur de la salle de trauma. Perdre un gosse de quinze ans n'était de très loin pas la meilleure façon de commencer la journée…

"Dr Greene ?"

Mark tourna la tête, et aperçut Anna, qui l'avait appelé depuis le bureau des admissions.

"Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Un appel pour vous," répondit la jeune femme en lui désignant le téléphone qu'elle tenait à la main.

"Pas maintenant," bougonna Mark, sans s'arrêter.

"C'est un appel longue-distance," insista Anna. "Ca à l'air important…"

A ces mots, Mark s'arrêta d'un seul coup, et se retourna lentement, avant de faire demi-tour.

"Un appel longue-distance ? De… d'où est-ce qu'il vient ?"

"D'Arizona, est-ce que vous le prenez ?"

Il fallut une minute à Mark pour être à nouveau capable de réagir. Un appel en provenance de l'Arizona… Il ne pouvait pas être sûr à 100% de l'identité de la personne se trouvant à l'autre bout du fil, mais il n'en connaissait qu'une seule qui vivait en Arizona… Cela faisait plus d'une année que Susan Lewis, sa meilleure amie et surtout la seule femme qu'il avait aimée depuis son épouse, Jennifer, avait demandé à être transférée dans un autre hôpital, à Phœnix. Depuis lors, il n'avait pas eu la moindre nouvelle d'elle, il n'avait jamais eu le courage de l'appeler, et visiblement elle non plus…

"Dr Greene ?"

"Oh, heu, oui, je le prends…"

Mark tourna la tête un instant dans la direction de Doug qui se trouvait toujours à côté de lui, et celui-ci lui lança un coup d'œil malicieux ; Mark n'était pas le seul à avoir fait le rapprochement entre ce téléphone pour le moins inattendu et Susan.

"Allô ?" demanda-t-il en s'emparant du combiné et en le portant à son oreille. "Oh, oui, bien entendu, bonjour…"

Au même instant, une ambulance s'arrêta à l'extérieur, et le bruit empêcha Doug de saisir la suite de la conversation. La réaction qu'il put lire sur le visage de son ami ne fut toutefois pas du tout celle à laquelle il s'était attendu ; il n'y eut pas de teint rougissant, ni de rire gêné ou de sourire béat, ou même simplement ravi d'avoir des nouvelles de l'une des personnes ayant compté le plus dans sa vie. Au lieu de cela, il se contenta de hocher simplement la tête pendant la quasi-totalité de la discussion, et son visage blêmit jusqu'à atteindre une nuance de vert inquiétante.

"Quelque chose ne va pas ?" s'enquit Doug lorsqu'il eut finalement raccroché et qu'il l'eut rejoint dans le hall.

L'air totalement abattu, Mark ne répondit rien et se dirigea tout droit vers la salle de repos, suivit par Doug.

"Hé, Mark…"

"C'est Susan," répondit-il en se laissant tomber dans le canapé.

"Qu'est-ce qui ne va pas avec Susan ?"

"C'était Chloe… au téléphone… Susan est à l'hôpital…"

"Merde… qu'est-ce qu'il lui est arrivé, est-ce que c'est grave ?"

"Je ne sais pas exactement… mais d'après ce que Chloe m'a dit, ça a l'air sérieux… Elle aimerait que j'aille là-bas…"

"Susan ?"

"Chloe… elle… elle a dit qu'elle-même ne peut pas rester auprès d'elle autant qu'il le faudrait, et que Susan n'a pas vraiment d'autres amis à Phœnix…"

"Et qu'est-ce que tu comptes faire ?"

"Je ne sais pas… Honnêtement je n'en sais rien…"

Mark poussa un profond soupir. Ce n'était pas là une décision facile à prendre pour lui. Certes, Susan avait été sa meilleure amie depuis de nombreuses années, et il ne pouvait que reconnaître qu'elle avait toujours été là lorsqu'il avait eu besoin d'elle… Du moins presque toujours… Car quelques mois plus tôt, lorsqu'il avait été agressé dans les toilettes de l'hôpital, il n'y avait sans doute personne dont il aurait eu davantage besoin, et elle n'était pas là… C'est ridicule, pensa-t-il, si tu l'avais appelée, elle serait certainement venue… Elle n'était pas au courant de ce qui s'était passé, comment aurait-elle pu savoir ?… Mais il n'y avait pas que ça… En effet, il n'était pas encore tout à fait certain de lui avoir pardonné la manière dont elle était partie, même si cela remontait à plus d'un an. Elle avait décidé de quitter Chicago pour Phœnix afin de se rapprocher de sa sœur et de sa nièce, toutes deux domiciliées là-bas, et son premier réflexe, en tant qu'ami, avait été de l'encourager à faire ce qui lui semblait être le mieux pour elle. Il aurait réellement voulu avoir le courage de lui avouer les sentiments très forts qu'il éprouvait à son égard, mais il n'aurait pour rien au monde souhaité qu'elle reste à cause de lui et qu'elle ait par la suite à regretter sa décision. Cependant, plus le temps passait, plus son départ approchait, et plus il se rendait compte que l'idée de la perdre lui était tout simplement insupportable. C'était finalement Doug qui l'avait convaincu de lui avouer ce qu'il ressentait. Malheureusement, il s'y était pris trop tard et malgré une course effrénée à travers tout Chicago et une déclaration d'amour sur le quai de la gare, il n'était pas parvenu à la retenir. La période qui avait suivit son départ avait de loin été, avec son divorce et son agression, l'une des plus difficile de sa vie, et quelque part au fond de lui il lui en voulait toujours un peu.

"Mark ?"

"Quoi ?"

"Je sais que ce ne sont pas mes affaires et que tu ne voudras sûrement pas d'un conseil d'ami, mais si j'étais toi…"

"Tu irais ?"

"J'imagine que Chloe ne t'aurais pas appelé si ce n'était pas grave…"

"Je sais… c'est aussi ce que je me dis… mais en même temps…"

"Mais en même temps quoi ?"

"Ce n'est pas si facile… Je veux dire, je n'ai eu aucune nouvelle de Susan depuis qu'elle est partie, jamais un coup de fil, rien… Et voilà qu'il faudrait que je saute dans un avion et que je parcours passé deux mille kilomètres sur un simple coup de fil…"

"Tu ne l'as jamais appelée non plus," lui rappela Doug d'une voix posée. "Et j'imagine qu'après s'en être allée malgré la déclaration que tu lui as faite, elle a très bien pu penser que tu la détestais et que plus jamais tu ne voudrais avoir rien à faire avec elle…"

Mark tourna la tête vers son ami et lui jeta un regard étonné. C'était difficile à admette, mais il devait bien reconnaître que, quelque part, il n'avait sans doute pas tout à fait tord.

"Quoi ?" fit Doug.

"Oh rien," répondit Mark avec un léger haussement d'épaules et un sourire amusé, "j'essayais juste de me souvenir depuis quand tu t'y connais autant en psychologie féminine."

"Détrompe-toi vieux, je n'y comprends toujours strictement rien, mais quand je suis avec Carol je suis bien obligé de faire semblant, tout est une question d'entraînement !"

Les deux amis éclatèrent de rire, oubliant un court instant le sujet grave de leur conversation.

"Eh bien, je vois que tout le monde est heureux ici," fit remarquer Carol, qui entra au même moment.

Instantanément, les deux hommes retrouvèrent leur sérieux.

"J'espère ne pas avoir interrompu une blague lourde et grasse typiquement masculine, ce serait tout de même dommage !"

"Chloe vient de téléphoner…" fit alors Doug, tandis que Mark baissait nerveusement les yeux vers ses chaussures.

"Chloe ? Chloe Lewis ? Seigneur, dîtes-moi qu'il n'est rien arrivé à Susan ?"

Mark poussa un profond soupir et lui résuma brièvement la situation, du mieux qu'il le put. Car tandis qu'il parlait, son cerveau fonctionnait à deux cent à l'heure… devait prendre une décision, vite. S'il décidait d'y aller, il faudrait d'abord qu'il s'arrange pour obtenir quelques jours de congé, ce qui ne serait pas aisé dans la mesure où il s'était déjà absenté peu auparavant pour accompagner Doug en Californie lorsque son père était décédé. Il devrait également réserver un billet d'avion, trouver un hôtel où loger à Phœnix… Ce n'était sans doute pas dans une semaine que Susan avait besoin de lui, c'était maintenant, tout de suite…

"Est-ce que tu vas y aller ?" demanda Carol une fois qu'il eut terminé.

"Je…"

Qu'avait-il à perdre, après tout ? Il fallait qu'il parvienne à oublier ce qui s'était passé un an plus tôt, il fallait qu'il apprenne à aller de l'avant… Si son agression lui avait enseigné une chose, c'était bien celle-là. Il ne pouvait pas continuer à s'enfermer dans le passé. Oui, Susan l'avait fait souffrir lorsqu'elle était partie, mais il savait que ce n'était pas son intention, elle n'avait agi ainsi que par amour pour sa famille, cela n'avait rien à voir avec lui… Et si aujourd'hui elle avait besoin de lui, alors il serait là pour elle. Ce serait d'ailleurs aussi l'occasion simplement de la voir, et peut-être de retrouver cette amitié qui existait autrefois entre eux et qui lui manquait tant.

"Oui, je vais y aller."

Il avait relevé la tête d'un seul coup et énoncé cela sans que la moindre hésitation ne demeure dans sa voix. Après mûre réflexion, sa décision était prise : il irait, il serait là pour soutenir et aider sa meilleure amie comme elle avait si souvent été là pour lui auparavant.

"Il faut que j'aille en parler à Kerry, j'espère qu'elle comprendra et qu'elle me laissera prendre quelques jours de congé… Doug, tu veux bien me rendre un service ?"

"Bien sûr, je t'écoute."

"Est-ce que tu pourrais téléphoner à l'aéroport pour moi et me réserver une place sur le prochain vol pour Phœnix ?"

"Et si Kerry refuse de te donner congé ?" demanda Carol.

"Elle ne refusera pas. Et si elle le fait, tant pis, je partirai quand même… Susan est plus importante que n'importe quoi, particulièrement que ce Kerry peut bien penser…"

"Alors j'appelle l'aéroport," répondit Doug avec un hochement de tête. "Je savais que tu prendrais la bonne décision."

***

A suivre...