-Wing à transporteurs. Quittez les véhicules." Heero continua froidement de lancer des ordres aux rebelles, leur commandant d'arrêter le convoi et de se mettre tous à couvert le plus rapidement possible.

-Roger.

-Ici Deathscythe. Quelqu'un a un plan?

-Ici Wing. On quitte la zone.

-On abandonne les rebelles?

-Wufei est avec eux. Duo, je répète, on quitte la zone immédiatement!

-Pas sans les autres.

-Ici Sandrock. Duo, obéis s'il te plait.

-Non.

-Il n'y a rien que tu puisses faire ici. Tu dois essayer de survivre, Duo." Sous l'effet de l'urgence, son ton se modifia: "Pour les colonies… S'il te plaît…"

Les images de la nuit de célébration parmi les maganacs revinrent alors à l'esprit de Duo. Ces gens les avaient célébrés, les acclamant et reposant tout leurs espoirs sur Quatre et sur lui… Sur eux tous.

Leurs derniers espoirs…

L'armure noire se leva du transporteur immobile, arrachant les sangles qui la maintenaient sur la plate-forme. Heero l'observa en accomplissant sa propre manœuvre pour désengager Wing de ses entraves. Il ne pouvait surveiller Deathscythe que par le biais du contact visuel direct. La technologie furtive l'équipant le rendait pratiquement indétectable par tout autre moyen et Heero tenait à ce que Duo s'en aille.

De gré ou de force.

Duo inspira péniblement avant de se résigner. Il lança un "Mission acceptée" mi-moqueur mi-grave puis détourna Deathscythe de la zone et s'éloigna rapidement vers l'arrière.

-"Merci." L'apaisement dans la voix de Quatre était évident.

-"Goodbye dudes". Duo leva une main et leur fit un rapide salut.

Wing le suivit un moment avant de prendre son envol et de s'éloigner à son tour.

Quatre et Trowa restèrent, Heavyarms se tenant debout auprès du Shenlong couché. Son système de détection lui indiquait que les forces ennemis se trouvaient encore à 27 miles de distance, mais se rapprochaient maintenant rapidement.

-Heavyarms?

La tête de la gigantesque armure se tourna vers Sandrock. Le mouvement suffit à Quatre pour savoir qu'il avait son attention. Aux commandes d'Heavyarms, Trowa se contentait souvent d'utiliser les maigres capacités d'expression de son armure pour communiquer. Cette aptitude à montrer des expression conférait à la machine une dérangeante humanité . S'il avait laissé derrière lui des survivants après ses combats, ils auraient pût témoigner du sentiment de malaise que l'armure rouge et blanche produisait.

-"Je vais me rapprocher des lignes ennemies. Cela laissera peut-être suffisamment de temps aux rebelles pour battre en retraite."

Il partit sans attendre de réponse.

Heavyarms resta figé un instant, tourné vers Sandrock alors que celui-ci se tournait pour faire face aux troupes ennemies et avançait. Le clignotement insistant de ses détecteurs radars alertaient Trowa que le temps lui restant diminuait rapidement. la tête de l'armure pivota, scrutant le sol aux alentours de Shenlong. Il ne disposait pas de détecteurs infrarouges pour s'assurer qu'il ne restait personne. Le périmètre semblait déserté. Il fit face à l'armure chinoise. Ses munitions étaient au complet. Suffisamment d'ogives et de projectiles pour balayer n'importe quelle armure. Même un autre gundam, si celui-ci n'en évitait aucun. Si le résultat ne le satisfaisait pas, sa propre autodestruction achèverait le travail.

Sandrock s'arrêta à une centaine de mètres des troupes d'Oz. Plusieurs vagues d'armures ennemies se dirigeaient vers lui, les silhouettes d'acier des Taurus facilement reconnaissables dans la pénombre au faisceau de lumière violette émis par leur casque et leur donnant l'aspect de cyclopes émergeant de la brume se formant dans la vallée.

Il ne fit aucun geste offensif, se contentant de se tenir entre la vague de Taurus en mouvement et ses alliés, bloquant le passage. Ils les observa tandis qu'ils s'arrêtaient tous simultanément. Ils pouvaient ressentir leur incertitude au-delà de l'immobilité des machines. Un courant d'émission de pensées et de paroles circulant de commandants à lieutenants à soldats. Il fallut peu de temps avant que les Taurus commencent à se regrouper puis à se séparer, se préparant à l'encercler de toute part.

Quatre reconnaissait les mouvements stratégiques de ses ennemis se mettant en position.

Le son strident et familier de l'alarme s'éleva dans le cockpit avant que l'impact d'un tir ne frappe sa mécha. Au bruit, ses muscles s'étaient tendus et ses mains s'étaient serré sur les commandes de pilotage, le préparant à supporter le coups. Même s'il en avait eut l'intention, il n'aurait sans doute pas put l'esquiver. L'assaillant était trop proche et sa position était incertaine, à présent que Sandrock était presque totalement encerclé. Il fit faire à Sandrock un pas en arrière, les empêchant de refermer le cercle. Il devait garder le plus grand nombre possible d'armures ennemies concentrées sur lui seul et cela aussi longtemps qu'il pourrait. Tant que ceux-ci craindraient une réponse de sa part ils éviteraient de diviser leurs forces mais ils ne seraient pas dupes longtemps. Le tir fut suivit par un moment d'attente, ses ennemis attendant une réplique. Puis, soudainement, une pluie d'impacts s'abattit sur lui. Il serra les dents, peinant à empêcher sa tête de suivre le mouvement des impacts. Sans casque, il était sans protection lorsqu'un coups trop brutal et inattendu projetait son crâne contre un obstacle.

Le signal perçant de son système de détection de missiles assaillait ses sens. Le son était pénible et inutile. Ses réflexes étaient conditionné pour y réagir spontanément, aiguisant son sentiment d'impatience face à son immobilité forcée. Les impacts se succédaient, tous dirigé vers le thorax de Sandrock. Pas les jambes. Ni la tête. Vers son pilote.

Leur intention était d'essayer de le tuer avant qu'il n'active l'autodestruction de son armure.

Son système de communication s'arrêta soudain de fonctionner avec un sifflement suraigu. A présent, seule les lumières des écrans de contrôle de Sandrock le protégeaient de l'obscurité profonde menaçant d'envahir le cockpit.

Il alluma ses sabres thermiques. Rapidement, le rougeoiement de chaleur qu'ils émirent entraînèrent une réaction de repli des Taurus. Son répit fut de courte durée, les tirs reprenant bientôt avec une intensité accrue.

Au travers du son assourdissant des explosions, Quatre commença à percevoir la plainte du métal se tordant. Le bruit augmenta progressivement, impact après impact, jusqu'à devenir un hurlement insupportable pour les nerfs.

La cage thoracique de Sandrock allait céder.

Il ne pouvait plus voir ce qui se passait à l'extérieur, seulement entendre et ressentir les impacts. Ses forces faiblissaient à mesure que les chocs se succédaient et il lui devenait de plus en plus difficile d'empêcher son corps de suivre le mouvement des coups. Il commençait à se sentir désorienté, luttant encore pour ne pas être balancé sans ménagement comme une poupée de chiffon contre le tableau de bord et les parois.

Il était seul.

C'était la fin.

Il réunit ses dernières forces pour tendre une main vers la commande d'autodestruction. Le compte à rebours commença. "Cinquante-neuf, cinquante-huit…"

-"Sandrock…Sandrock…San… "

Sa voix était spasmodique, faiblissant à mesure que la réalisation qu'il allait mourir le submergeait.

-/Regarde maman, je sais voler ! / Des souvenirs se succédaient décousus, vivaces. Des émotions s'imposant à lui, se superposant les unes aux autres... Sept ans…

-/Regarde maman…/ Sa joie, ce soir-là, il y avait tellement longtemps, lorsqu'il avait prit les commandes de cette navette. Le pilote l'avait laisser prendre sa place, lui donnant l'illusion de piloter tout seul pendant quelques minutes, en le surveillant gentiment. Il se sentait si fier qu'il avait eu envie que quelqu'un le voit. Alors il avait imaginé sa présence auprès de lui. Le regard de sa mère, qui le regardait quel que soit l'endroit où elle était.

Cette voix d'enfant…comment pouvait-il se souvenir de cette voix-là ? Elle était heureuse et un peu étrange, celle d'un enfant faisant semblant s'adresser à une personne absente, sans être vraiment dupe.

Il haïssait la guerre.

Il laissa éclater sa rage, hurlant et frappant le tableau de pilotage de la machine de guerre de toute ses forces.

Il hurla à nouveau lorsque la paroi de la cabine de pilotage céda, essayant instinctivement de se reculer et de l'arrêter en même temps.

"…Onze, dix, neuf…"

Trowa regarda Sandrock s'affaisser avec une étrange grace. Comme un homme frappé en plein cœur. Un immense nuage de poussière et de terre s'éleva lorsqu'il toucha le sol, élevant un voile autour de la silhouette effondrée. Trowa s'arrêta et se baissa, posant un genou à terre et fermant les yeux.

Le souffle de l'explosion le frappa, lui arrachant un cri rauque lorsque ses poumons se vidèrent brutalement sous l'impact de l'air contre sa poitrine, recouvert, comme le bruit des moteurs des taurus par le sifflement de l'air. Ses jambes faillirent quitter le sol et il se retint à la terre de toutes ses forces, luttant pour ne pas se laisser trainer ou projeter sur plusieurs mètres. La poussière soulevée par le souffle irritait ses poumons et ses yeux, l'aveuglant. Le souffle coupé et les idées peinant à redevenir cohérentes après le choc, il lutta convulsivement pour forcer ses poumons à inspirer un peu de l'air abrasif. Sans succés. Un voile noir recouvrit finalement son champ de vision et il sombra dans l'inconscience.

-Euh… Les gars?

Cinq paires d'yeux (très mignons même avec cette petite pointe d' effarement dedans) se tournent vers bibiche qui tente un sourire innocent et une petite sortie en crabe…

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