Warnings: Violence gratuite (comme d'habitude)

-Avez-vous pu identifier le sujet ?

-Pas encore mon colonel. Mais nous avons bon espoir de parvenir à un résultat dans les prochaines heures. Les premiers éléments semblent indiquer des origines moyen-orientales terriennes pour une grande part de ses ascendants mais le taux de mutation de son génotype est relativement important. Il est peu probable que sa conception est eut lieu sur Terre et ses ascendants devaient déjà porter eux-mêmes un niveau de mutation élevé. Nous avons pour l'instant restreint le champ de nos investigations aux descendants de colons de la première génération nés entre 175 et 185.

-Rien ne prouve que ce pilote a une existence officielle.

-Mais… Sur les colonies, toutes les naissances sont obligatoirement enregistrées. Les procédures de contrôle de la population sont sérieusement observées.

-Bien sûr. Vous pouvez disposer.

-Bien mon colonel !

Taux de mutation élevé…

Probabilités…

Première génération…

Qu'est-ce que cela signifiait ? Les colons souffraient de leur milieu de vie. Les radiations spatiales entraînaient des malformations génétiques, des cancers. Les champs de protection de la plupart des colonies étaient suffisant pour arrêter les rayons nocifs, mais un grand nombre de colonies ne pouvaient pas s'offrir de tels boucliers. Et en attendant, les premiers colons avaient payé un lourd tribut lors de la construction des colonies. Le travail dans l'espace était difficile et dangereux. Les effets du rayonnement les rendaient malades et les enfants issus de cette première génération souffraient d'anomalies génétiques. A plus ou moins long terme, ces hommes et leurs descendants étaient condamnés à disparaître.

Mais les colons n'étaient-ils pas en train de devenir une espèce à part, instable et en rapide évolution ?

A quoi devraient-ils alors s'attendre à l'avenir ? Quelles autres armes humaines se dresseraient contre la Terre ?

Il alluma l'écran de contrôle posé sur son bureau et composa le code du système de surveillance du laboratoire n°7. L'écran se divisa en quatre sections, chacune correspondant aux prises de vue d'une caméra différente. L'un des écrans suivait les tracés des moniteurs de surveillance. Des lignes lumineuses aux vagues régulières se traçaient sur le fond noir au rythme des impulsions électriques parcourant son cœur et de son cerveau. L'une des trois autres caméras filmait les activités de l'équipe s'occupant du blessé, isolés dans leur salle de surveillance contiguë à la chambre où se trouvait le prisonnier. Les deux salles étaient seulement séparées par une épaisse vitre protégeant le blessé des bruits de l'équipe en plein travail et permettant à celle-ci de garder à chaque instant le prisonnier en vue. La troisième caméra montrait le pilote lui-même, grâce à une vue en plongée cadrée sur le lit. La dernière permettait de surveiller le reste de la pièce aux murs vert pâle. Il cliqua sur une touche, sélectionnant la prise de vue du lit qui remplit tout l'écran.

Mutation…

L'état du pilote était toujours critique. La majorité de ces fonctions vitales étaient assumée par des machines. Etrangement, malgré la gravité de son état et le bandage serré autour de son crane montrant que celle-ci n'avait pas été plus épargnée que son corps, le tracé de son activité cérébrale ne montrait aucune anomalie. Cela tenait du miracle. Plongé dans le coma, le jeune combattant avait toutes les chances de s'en tirer. Tant que les machines seraient capables de soutenir son organisme en attendant que celui-ci se rétablisse, il continuerait à vivre.

Mutation…

Il ressemblait tellement à un enfant meurtri, complètement déplacé dans cet endroit et dans ce conflit. Treize baissa les yeux vers les clichés du gundam piloté par cet étrange ennemi. La machine de guerre avait été transportée dans leurs hangars sous-terrains pour y être examinée en détail et les clichés avaient été pris par un ingénieur aux pieds de la machine redressée de toute sa hauteur.

La surface de l'armure mobile était terne et sombre, ternie par les impacts des missiles. Elle semblait sinistre et décadente, toujours aussi menaçante dans cet état de décrépitude.

/Ils nous ont envoyé un gamin ? …/

C'était incohérent. Un gosse ne pouvait avoir suffisamment d'expérience, ne pouvait avoir la formation suffisante pour se voir confier une machine aussi précieuse que l'une de ces atroces merveilles de technologie.

/Incohérent… A moins que quelque chose ne nous échappe… /

Les courbes des tracés de surveillance s'affolèrent. L'activité électromagnétique du cerveau du jeune captif venait de s'accroître sans raison décelable. Treize Khushrenada ne remarqua rien, les prises de vue des caméras auxiliaires étant toujours désactivées sur son écran d'observation.

*****

Depuis combien de temps marchait-il ? La nuit était tombée depuis longtemps et le froid s'était abattu dans la vallée, le pénétrant jusqu'aux os. A présent, ses jambes et ses bras tremblaients incontrôlablement. Il continuait d'avancer en direction des collines recouvertes de forêts dans lesquelles devaient s'être réfugiés les rebelles. Quelle que soit la douleur provenant de ses blessures ou sa lassitude, il se forçait à toujours poser un pied devant l'autre. S'il s'arrêtait il ne pourrait plus repartir. Ses muscles étaient déjà à la lisière de la contracture et son organisme avait trop subit pour lui permettre de résister s'il s'endormait avant l'arrivée du jour. Grâce à la chaleur des rayons du soleil, il aurait peut-être une chance…

*****

Wufei n'arrivait pas à trouver le sommeil. Etendu dans son sac de couchage, il contemplait pensivement les délicats nuages de vapeur qui se formaient lors de chacune de ses expirations. Au-dessus de lui, le ciel était dégagé et les étoiles scintillaient, froides et lointaines. Indifférentes… Il cligna des yeux pour les soulager un peu de la morsure du froid, quand le phénomène anormal qui venait de se produire le déconcerta. En fermant les yeux, son champ de vision avait semblé s'éclairer. Il les referma à nouveau, intrigué. Il ne distinguait rien. Rien d'autre que cette lumière aussi pure que celle du jour. Il sentait à présent quelque chose. Une essence à la fois familière et sinistre. Un parfum métallique…

/…Sang ? /

Du sang mêlé à l'âpreté de la combustion, de la poussière et de la terre mouillée… L'odeur de la guerre.

/Qu'est-ce que… ?/

Une image le frappa soudain et s'évanouit aussitôt, trop rapide pour qu'il puisse se rappeler de ce que c'était. Il ne lui restait que la certitude qu'il venait de voir quelque chose. Il pressa une de ses mains contre son front, essayant de se concentrer.

/Quoi ? …Qu'est-ce que c'est ? /

L'odeur de sang le rendait malade mais il avait la certitude qu'il devait continuer. Il ne devait pas se réveiller encore.

*****

Le scientifique se pencha vers les rubans de papier imprimés sortant de la machine. Les tracés des ondes d'activités cérébrales de son sujet étaient inexplicables. L'intensité de l'activité du cerveau du prisonnier était presque terrifiante. Cela défiait toute logique. Son cortex cérébral était parcouru par des vagues électriques semblables à celles d'un épileptique au cours d'une crise. Ses décharges neuronales semblaient être à la fois frénétiques dans leur fréquence et organisées dans leur synchronisation.

-"Professeur, que faisons-nous ?"

/C'est sa deuxième crise en l'espace de huit heures… A ce rythme, son cerveau risque de subir des dommages irréversibles…Si ce n'est pas déjà fait./

-"Administrez-lui un inhibiteur synaptique pour arrêter la crise. Continuer ensuite ce traitement en réduisant les doses pendant les prochaines quarante-huit heures."

*****

/Vite …/

Wufei ressentait un sentiment oppressant d'urgence. Le temps était compté. Il fallait qu'il saisisse quelque chose d'importance vitale. Il était angoissé, comme dans ces rêves où il devait rattraper une chose se dérobant sans cesse sous ses doigts.

/Je rêve ? …/

Pourtant la pression de ses doigts crispés sur son front était bien réelle, comme l'était la sensation de sa sueur glissant lentement sur son front jusque dans ses cheveux malgré la température nocturne.

Une image apparut à nouveau, encore trop fugitive pour qu'il en saisisse la nature. Une autre suivit, puis une autre, de plus en plus rapidement, mais toujours trop fugitives. La cadence s'accéléra encore, les images se succédant les unes aux autres de façon stroboscopique, formant comme un brouillard de formes vagues et mouvantes. Peu à peu, le brouillard sembla se dissiper, les contours des images se dessinant à mesure que les apparitions des flashs se succédaient plus rapidement. Une forme se mouvait, une silhouette humaine frêle se détachant dans une obscurité diffuse. Le rythme des images était devenu frénétique. Il lui semblait regarder un film dont on n'aurait gardé pas plus de deux images par secondes au lieu de vingt-quatre sans que le temps de la scène en soit altéré.

/C'est irréel…/

La personne de sa vision… C'était elle qu'il devait atteindre. C'était cela qui représentait une question de vie ou de mort. Il devait retrouver le marcheur coûte que coûte.

L'odeur s'évanouie abruptement. Les images cessèrent de l'assaillir, ne laissant après elle qu'une étrange empreinte dans son champ de vision comme celle qu'aurait laissée une source de lumière trop vive.

Il rouvrit les yeux, fixant le ciel étoilé sur lequel se détachait la trace de sa dernière vision. Cela n'était pas un rêve.

Il se releva et regroupa ses affaires qu'il entassa dans son sac. Il hésita un moment avant de partir sans prévenir personne. A quoi bon… Sans son armure, il ne leur était plus de la moindre utilité. Il avait échoué dans sa mission. S'il se montrait incapable d'accomplir celle-ci seul, alors il n'aurait plus de raison d'être.

*****

Le scientifique examina la bande de papier imprimé sortant de la machine avec attention. Les tracés du pilote étaient redevenus normaux après l'injection de son traitement. Proches de ceux d'une personne plongée dans le sommeil. Il observa le visage détendu du jeune blessé avec incrédulité.

/Monsieur se repose on dirait…/

Depuis quand les comateux alternaient entre des périodes de sommeil et des périodes d'éveil ?

Qu'est-ce que c'était que cette mascarade ?

Il s'approcha plus prêt du lit, attentif à la moindre réaction du blessé. Aucune… Pas le plus petit micro mouvement involontaire en réaction à son approche.

/Admettons que tu dormes vraiment./

Il voulait en avoir le cœur net. Observant le prisonnier avant de prendre une décision, son choix se porta sur l'une de ses épaules, disloquée et simplement retenue en place par un bandage serré. Il appuya contre sa poitrine d'une main pour l'immobiliser contre le matelas et commença à forcer l'articulation blessée à jouer en faisant bouger le bras en partie prisonnier d'un plâtre vers le haut.

Aucune réaction. Si le prisonnier faisait semblant, il était fort, mais il ne pouvait pas simuler le sommeil.

Il examina les bandes imprimées avec curiosité. Rien n'avait changé. Aucune altération de ces courbes de sommeil.

/Mhh…/

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