VI. Une intrusion.

P

our la troisième nuit de suite, Harry se réveilla en sursaut avec un faible picotement à la cicatrice. Il était malheureusement habitué à ce genre de réveil, mais normalement il faisait toujours un cauchemar avant. Là, rien. Juste un réveil violent.

Qu'est-ce que cela peut signifier, pensa-t-il ? Jusqu'à présent, sa cicatrice « l'avertissait » lorsque Voldemort tuait quelqu'un ou lorsqu'il se trouvait près de lui. Mais habituellement c'était une douleur immense qu'il ressentait. Là, c'était un petit picotement. Ce qui est sûr, c'est que ça a un rapport avec Voldemort.

Bah, si ça se reproduit à Poudlard, j'en parlerai peut-être à Dumbledore, pensa Harry. Et encore, cela en vaut-il la peine ? Non ! Finalement je ne dirai rien. Inutile d'inquiéter tout le monde pour un léger picotement.

Il ne voulait surtout pas passer pour quelqu'un qui s'effraye pour si peu.

Quelle heure était-il ? Harry regarda sa montre et il vit toujours le même cercle blanc. Il se demanda s'il pouvait connaître l'heure avec sa montre de mage. Aussitôt la montre afficha 5H27. Vraiment, merci Ron. Il avait encore le temps de dormir.

Harry se tournait et se retournait dans son lit. Il ne parvenait pas à retrouver le sommeil et le picotement devenait plus pressant, ce qui l'agaçait prodigieusement.

Que puis-je faire ? se demanda-t-il. Je peux peut-être réviser mes nouveaux sortilèges. Ca me fera passer le temps.

Il prit sa baguette et commença par s'éclaircir la voix.

_Ateme spero patronum, prononça-t-il doucement en pensant au bonheur qu'il avait éprouvé en voyant entrer Sirius dans la cuisine des Dursley.

Aussitôt, une bulle argentée se forma autour de lui. Il l'étudia minutieusement sous toutes ses formes et constata avec plaisir qu'elle paraissait aussi solide et puissante que possible.

_Finite incantatem.

La bulle disparût rapidement et il attendit. Ni fatigue, ni courbature. Il ne put s'empêcher de sourire. Il maîtrisait son sort.

Au sort d'attraction maintenant. Harry voulut que la clef de sa porte aille sur son bureau.

_Accio clef ate-bureau.

La clef sortit de la serrure et alla se poser sur le bureau aussi silencieusement que possible. Décidément, Albus Dumbledore lui avait fait un cadeau précieux. Harry commença à croire qu'il était vraiment puissant. Les paroles de Ron lui revinrent en mémoire.

_Tu dois avoir confiance en toi.

Son ami avait raison. Il ne devait pas être gêné de sa puissance mais l'accepter comme il avait accepté depuis longtemps son combat contre Voldemort.

Il se demanda alors s'il pouvait déplacer les objet très lourds avec ce sortilège modifié.

Après tout, en y pensant fort, c'est peut-être possible, pensa-il. Je peux toujours essayer.

_Accio bureau ate-commode. Le bureau se souleva comme une plume et se posa silencieusement sur la commode. Harry n'en revenait pas. Bien sûr, il aurait pu réaliser ça en utilisant le sort ce lévitation, mais ça lui faisait plaisir de le faire avec un sortilège modifié.

_Wingardium leviosa. Le bureau se souleva et Harry le dirigea avec sa baguette vers sa place intiale.

Mon sortilège est plus pratique, pensa-t-il, car je peux me consacrer à autre chose pendant que le bureau se déplace, alors qu'avec le sort de lévitation, je suis obligé de le diriger et de continuer à me concentrer.

Harry était content, content et fier.

_Bon, un dernier sortilège et je me lève. Omnivisio, prononça-t-il.

Il voyait à présent comme en plein jour mais également à travers les cloisons de sa chambre. Il tourna la tête et soudain il aperçut une forme noire se diriger vers la porte d'entrée.

Harry savait que c'était pour lui que cette personne venait. Il savait également qu'il devait aller prévenir son parrain, mais il n'en fit rien. Stupidement, il voulait se débrouiller tout seul. Ca ne devait pas s'agir de Voldemort, sinon sa cicatrice l'aurait brûlé. En fait, ce picotement devait signifier qu'un Mangemort était dans les parages.

Il allait essayer de le vaincre seul. Sans s'en rendre compte, Harry se rapprochait de son animal et de son caractère. En plus du courage, il avait la volonté de faire ses preuves, et cela, le choipeaux magique l'avait deviné le jour de son arrivée à Poudlard, cinq ans plus tôt.

Harry observait la progression de la forme noire vers l'escalier.

« Finite incantatem », prononça-t-il doucement, et sa vision redevint normale. Il était à nouveau seul dans l'enceinte de sa chambre. Il se leva et se dirigea vers sa porte. Il l'ouvrit.

_Qui êtes vous ? cria-t-il. Et que voulez vous ?! 

Surpris, l'homme se redressa et esquissa un sourire vainqueur.

_Je vais t'amener à mon maître, Potter, comme il me l'a ordonné. Stupéfix !

Harry n'eut même pas le temps de réfléchir. Son instinct et ses réflexes décuplés furent plus rapides.

_Miroiros ! cria-t-il.

Aussitôt, une forme opaque apparut devant Harry et le sortilège se retourna contre l'homme, encore dans l'escalier, qui n'eût pas le temps de l'éviter. Il tomba jusqu'en bas, complètement inconscient.

C'est à ce moment là que Sirius arriva en courant, sa baguette à la main.

_Que s'est-il passé ? Tu vas bien Harry ? Pourquoi ne m'as tu pas appelé ?

_Calme toi Sirius, je vais bien. Tout à l'heure je me suis réveillé avec un picotement à la cicatrice. Comme je n'arrivais pas à me rendormir, j'en ai profité pour réviser mes nouveaux sortilèges. Lorsque j'ai essayé le sort de vision, j'ai vu à travers le mur de la chambre, cet homme qui ouvrait la porte. Là, j'ai compris que mon picotement signifiait qu'un Mangemort était tout près.

Harry se souvint soudain des paroles de Cornelius Fudge à la fin de l'année précédente : « je n'avais encore jamais entendu parler d'une cicatrice qui puisse jouer le rôle de signal d'alarme ». Décidément, quel idiot borné, pensa Harry.

_Manifestement, ça fait trois jours qu'il est là à attendre puisque ça fait trois nuit que je me réveil avec ce picotement. Alors, je me suis levé et je suis sorti. Il m'a attaqué et j'ai eu le réflexe de me protéger. Son sortilège de stupéfixion s'est retourné contre lui. Il est tombé, et là tu es arrivé.

_Mais pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Tu aurais pu échouer et être emmené à Voldemort !

_Je sais. Mais j'ai voulu essayer. C'est bizarre, mais j'étais sûr de réussir.

_Mouais. Sirius paraissait vraiment impressionné par son filleul. En tout cas, bravo pour les réflexes. Apparemment ton rapprochement avec ton animal est de plus en plus précis.

_J'imagine que tu as raison car je n'ai pas eu le temps de réfléchir. Le sortilège adéquat est partit tout seul.

_Bravo pour ton courage Harry, mais pas pour ton inconscience. C'était dangereux.

Sirius dévisagea le jeune sorcier avec sérieux.

_Tu lui ressembles beaucoup tu sais, reprit-il.

Son regard avait changé. Il était plus triste.

_Tu veux dire moi et mon… Harry n'arrivait pas à finir sa phrase.

_…et ton père, continua Sirius. Il aurait sans doute fait la même chose que toi. Il était aussi impétueux et tête brûlée que toi, mais sûrement pas aussi brillant. Ton sortilège de répulsion est très efficace.

_Merci Sirius. Merci beaucoup.

Harry ne savait pas quoi dire. Il pensa à un détail.

_Dis moi Sirius, reprit-il, la maison n'est pas sous la protection de Dumbledore contre Voldemort ?

_Contre Voldemort oui, mais pas contre les Mangemorts, répondit son parrain. Je vais transplaner avec lui au ministère de la magie pendant qu'il est inconscient. Inutile que tu viennes. Je ne tiens pas que Fudge t'interroge sur ton apprentissage. Moins il y a de monde au courant, mieux cela vaudra pour tous.

_C'est comme tu veux. De toute façon, je n'est guère de temps d'ici le départ du train.

_Prépare-toi. Je ne serai pas long.

Sirius transplana et disparut avec son prisonnier qu'il avait préalablement attaché et mis dans un sac à l'aide d'un sortilège.

Harry était très fier de lui. Il avait réussi à vaincre seul un Mangemort, et avec un sortilège qu'il avait créé en plus. Mais il n'avait pas le temps d'y réfléchir. Il s'habilla et mangea ce que Winky avait préparé pour le petit déjeuner. Il rassembla ses affaires et attendit Sirius, qui ne tarda pas.

_Voilà. Je leur ai dit qu'il était entré chez moi et que j'avais dû le stupéfixer. Ne m'en veux pas, mais c'était le seul moyen pour qu'ils ne t'interrogent pas. Ils ont dcouvert qu'il était une nouvelle recrue de Voldemort. Il fallait qu'il te ramène vivant pour faire ses preuves. Voldemort a sans doute voulu tester la protection qui existait autour de toi, et tant mieux si tout le monde croit que tu as besoin de quelqu'un pour te protéger.

_Que vont-ils faire de lui ? demanda Harry qui faisait semblant de ne pas entendre un autre compliment de son parrain.

_Ils l'emmènent dans une nouvelle prison. J'ai appris que les Détraqueurs s'étaient ralliés à Voldemort et que les prisonniers d'Azkaban s'étaient tous évadés.

_C'est plutôt une mauvaise nouvelle ça.

_En effet, répondit Sirius, mais n'y pensons plus. Ca ne changera rien si on s'inquiète. Tu es prêt ? Le temps presse et il faut encore arriver à la gare.

Ils chargèrent ses bagages dans la voiture et partirent pour King Cross. C'est enfin la rentrée, pensa Harry.