VII. La rentrée.
E
n chemin, Harry remarqua que la voiture de son parrain semblait dotée des mêmes caractéristiques que celles du ministère. En effet, à chaque feu rouge, elle se retrouvait en début de file et échappait à la circulation, ce qui leur permit d'arriver juste à temps pour le départ du train.
Une fois à King Cross, Harry chargea ses bagages ainsi que la cage d'Hedwige sur un chariot. Il se tourna alors vers son parrain.
_Au revoir Sirius, dit-il, non sans une certaine émotion dans la voix. Et merci encore pour ces vacances parfaites. Elles furent les meilleures de ma vie.
_Merci à toi Harry. J'ai moi-même passé de très bons moments. Nous nous reverrons bientôt, je peux te l'assurer.
_Mais…
_Tu verras, coupa Sirius. Dépêche toi, sinon tu vas rater ton départ.
Il embrassa son parrain et partit en direction du quai 9 ¾.
Une fois à la grille qui séparait les quais 9 et 10, il retrouva Ron et Hermione qui semblaient l'attendre.
_Ah, te voilà enfin, s'exclama Hermione. Tu as failli arriver en retard.
_Comment vas-tu ? demanda Ron.
_Je vais très bien, répondit Harry. Il faut que je vous raconte ce qui m'est arrivé tout à l'heure.
_Tu nous raconteras plus tard, coupa Hermione. Sinon, on va rater le train.
Ron souri à Harry d'un air qui se voulait compatissant et ils foncèrent tous les trois vers la grille de séparation. Une fois traversée, les trois amis se trouvèrent sur le quai 9 ¾, où un long train semblait sur le point de partir. Ils montèrent dans le dernier wagon et trouvèrent un compartiment vide où ils rangèrent leurs bagages et s'installèrent. La locomotive siffla et le train commença sa longue route vers Poudlard.
_Alors, qu'avais-tu à nous raconter ? demanda Ron avec un ton plein d'intérêt.
Harry se mit à décrire les évènements de la nuit passée sous les regards ébahis de ses deux amis.
_Vraiment, finit par dire Hermione sur un ton réprobateur, tu n'as pas du tout été prudent, comme d'habitude.
_Je dois reconnaître qu'elle a raison, ajouta Ron. Qu'aurais-tu fait si ton sort n'avait pas fonctionné ?
_J'étais sûr qu'il allait marcher. Et puis, il s'est lancé tout seul, si je puis dire, déclara-t-il sur un ton presque innocent.
_J'imagine qu'on ne peut que te féliciter, dit Ron. Tout comme l'a fait Sirius. Mais une ombre sombre et soucieuse passa sur son visage.
_Qui a-t-il ? demanda Harry. Tu es tout pensif.
_As-tu vu le journal ce matin ? demanda-t-il.
A ces mots Hermione parut également tendue.
_Comme vous avez pu le constater, je suis arrivé un tout petit peu en retard ce matin. Non, je n'ai pas lu le journal. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai raté de si important ?
Ron lui montra la première page de la Gazette du Sorcier où l'on pouvait lire en première page Vous-Savez-Qui est de retour ! en caractères gras. Harry prit le journal des mains de son ami et lut l'article :
C'est officiel ! Cornelius Fudge a fait une déclaration tôt ce matin, disant que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Jamais-Prononcer-Le-Nom, qui avait disparu depuis 14 années, était de retour. Il semblerait qu'il ait réussit à attirer vers lui les tristement célèbres Détraqueurs, qui étaient les gardiens d'Azkaban. Le ministre de la magie nous a déclaré que le Maître des Ténèbres avait envoyé un message au ministère disant qu'il allait finir son travail sur la famille Potter et ce dans les plus brefs délais. Le ministre a précisé par ailleurs, que le seul survivant de cette famille, qui n'est autre que le célèbre Harry Potter, serait parfaitement en sécurité à Poudlard, où le puissant Albus Dumbledore le protégeait. En attendant, les aurors se sont remis au travail, malgré le danger qu'ils encouraient. Allons nous de nouveau vers une époque terrible ? Seul le temps nous le dira. Quoi qu'il advienne, la Gazette du Sorcier vous tiendra au courant heure par heure.
Un envoyé spécial.
_Vous savez, commença Harry, j'étais vaguement au courant du retour de Voldemort.
_Oui, bien sûr, mais là c'est officiel, dit Ron.. Et puis savais-tu que les Détraqueurs l'avaient rejoint ?
_Je l'ai appris ce matin par Sirius. De toute façon, nous serons en sécurité à Poudlard.
_Tu as sans doute raison, approuva Ron peu rassuré.
Hermione se leva d'un coup, à la grande surprise de Ron et Harry.
_Je ne peux malheureusement pas rester avec vous plus longtemps, déclara-t- elle. En tant que préfète, je dois vérifier que tout va bien avec les autres préfets. A plus !
_Tu nous rejoindras plus tard ? demanda Ron timidement.
_Oui, ne t'en fais pas, répondit-elle en rougissant.
Une fois partie, Harry se tourna vers son ami.
_Eh bien, je constate que tu ne te disputes plus avec elle, improvisa-t-il d'un air narquois.
_Ah bon ? Je n'avais pas remarqué. Et il se mit à rougir fortement.
_Ne te moque pas de moi, continua Harry. Il est évident que vous vous plaisez.
_Tu crois ? demanda Ron sur un ton plein d'espoir.
_Quoi ? Tu veux dire que tu ne remarques rien d'inhabituel dans sa façon de te regarder ?
_N…non, absolument pas. Elle me regarde comment ?
_Elle me regarde comment ? caricatura Harry. C'est simple, Hermione te regarde comme toi tu la regardes. Je ne pense pas pouvoir être plus clair.
_C… c'est plutôt une bonne nouvelle, répondit Ron en regardant ses chaussures comme si elles se mettaient à chanter. Je dois t'avouer que je suis amoureux d'elle depuis un petit moment déjà.
_Et bien fais quelque chose rapidement, parce que ça se voit beaucoup…vraiment beaucoup, précisa-t-il en riant.
Et Ron finit par rire à son tour. De toute façon, dans ce genre de situation, il n'y a que ça à faire.
C'est à ce moment là que la porte du compartiment s'ouvrit et laissa apparaître Malefoy, encadré par ses inséparables gardes du corps à cervelle de moineau, Crabbe et Goyle.
_Alors Potter, dit-il de sa voix traînante, toujours accompagné de ton petit rouquin à ce que je vois. Ses deux comparses s'esclaffèrent bêtement.
_Alors Malefoy, répondit Ron, toujours accompagné par les seules personnes plus stupides que toi ?
Les deux géants cessèrent immédiatement de rire et tâtèrent leurs gros poings d'un air menaçant.
_Je ne t'ai rien demandé Weasley ! Je ne parle pas à un pauvre crétin amoureux d'une sang-de-bourbe. Ron se leva rouge de colère mais il fut arrêté par les deux armoires à glace. Et toi Potter, tu ne peux pas te défendre tout seul ? Tu as toujours besoin de quelqu'un, hein ?
Il s'arrêta en voyant le journal sur la banquette.
_Tu vas faire comment sans Dumbledore ici ? reprit-il de sa voix traînante. Tu vas te mettre à crier ou tu vas t'évanouir?
_Méfie toi Malefoy, répondit enfin Harry. Tu risques de te retrouver avec des pustules sur le visage, comme l'an dernier. Tu te rappelles ?
A ces mots Malefoy sortit sa baguette mais les jumeaux Fred et Georges Weasley arrivèrent.
_Tiens, voilà les idiots de service ! lança Fred.
_C'est drôle. J'aurais plutôt dit les lâches, puants, stupides et bouseux de service, ajouta Georges.
_Oui, tu as raison Georges. Je me suis trompé.
Crabbe et Goyle sortirent à leur tour leur baguette mais Malefoy les rappela à l'ordre.
_Inutile de s'attarder ici ! dit-il. Mais vous ne perdez rien pour attendre. Les temps changent, vous savez.
_Alors c'est toi qui va bientôt te mordre les doigts répondit Harry. Maintenant, tire-toi avec tes gardes du corps, ou vous ressemblerez bientôt à des calculatrices de moldus.
Les trois serpentards partirent en marmonnant quelque chose et les jumeaux entrèrent dans le compartiment.
_Je suis stupide, dit Ron.
_Pourquoi dis-tu ça ? demanda Fred. Je pense que vouloir taper Malefoy est plutôt la preuve d'une grande intelligence.
_Il a dû m'entendre dire que je suis amoureux d'Hermione, répondit Ron.
_Bah, de toutes façons, il l'aurait appris tôt ou tard, rétorqua Georges.
_Parce que vous êtes au courant ? demanda Harry.
_Toute la famille l'est, dirent les jumeaux en riant. Tu aurais vu son comportement à la maison depuis qu'il a reçu une lettre d'Hermione lui disant que Krum était juste un ami. Il était tout le temps dans les nuages, même en s'entraînant au quidditch. Mais cela ne nous a pas empêché d'en faire un très bon gardien.
_Meilleur que Dubois je pense, approuva Georges. Surtout avec l'Eclair de Feu que tu lui as donné Harry.
Ron semblait s'enfoncer dans son siège. Ses oreilles étaient fluorescentes.
Au moment où Hermione revint, les jumeaux s'échappèrent en se donnant ostensiblement des coups de coude.
_Pourquoi rient-ils bêtement ces deux là ? demanda-t-elle.
_Pour rien, répondit Ron en essayant d'être convaincant. N'est-ce pas Harry ?
_Bien sûr, tu as raison, répondit Harry dans un clin d'oeil. Tout va bien dans le train mademoiselle la préfète ?
_Tout va très bien, répondit Hermione sans relever l'ironie de la question. Les premières années sont un peu nerveux. Mais je les ai rassurés. C'est aussi mon rôle.
_Nous, nous avons eu la visite de Malefoy, dit Ron.
_Oui. Il t'a insultée et Ron a failli lui arracher la tête, ajouta Harry en exagérant juste ce qu'il fallait.
_Tu as fait ça ? demanda Hermione à Ron.
_O… oui. Mais c'était facile tu sais.
_Merci Ron. J'apprécie beaucoup tu sais, lui dit-elle en posant sa main sur celle de Ron, qui ressemblait à un grand feu rouge.
Un silence s'instaura pendant lequel ils se regardèrent intensément, oubliant complètement Harry.
_Un ange passe, dit ce dernier. Vous savez que vous êtes mignons tous les deux, ajouta-t-il en souriant.
_Merci, dit Hermione en retirant sa main.
Mais Ron, n'écoutant que son courage, ne voulut pas en rester là. Il se rapprocha d'elle et l'embrassa sous l'œil stupéfait de son meilleur ami. Ron s'éloigna et Hermione ouvrit les yeux.
_Désolé, murmura-t-il. Mais si je ne l'avais pas fait, je serais devenu fou.
_Tu as eu raison, répondit-elle. C'était parfait. Et si tu ne l'avais pas fait, c'est moi qui t'aurais embrassé.
Sur ces paroles il s'embrassèrent à nouveaux. Harry était de plus en plus gêné et il regarda par la fenêtre.
_Oh ! Une vache ! Vous avez vu ? s'écria-t-il sur un air passionné sur ce qu'il venait de dire. Vous croyez qu'elle est folle, celle-là ?
Ils éclatèrent tous les trois de rire.
_En tout cas, félicitations, ajouta Harry. Je suis sincèrement heureux pour vous. Je dois vous avouer que j'avais hâte de vous voir ensemble.
_Merci, répondirent-ils tous les deux, main dans la main.
Le reste du voyage ne fut que rire et tendresse. Une demi heure avant l'arrivée du train, ils se changèrent et mirent leur robe de sorcier. Bientôt l'immense château fut en vue.
_Enfin ! intervint Harry, j'étais pressé de revenir. Je commence à avoir très faim !
_Oui, moi aussi !
_Vous ne pensez donc qu'à manger tous les deux ! s'écria Hermione alors que son ventre émettait un gargouillement terriblement fort.
C'est dans un fou rire qu'ils quittèrent le train et virent Hagrid, armé d'une énorme lanterne.
_Bonsoir ! Comment allez vous tous les trois ?
_Bonsoir Hagrid, répondit Harry. Nous allons tous très bien. Il regarda Ron et Hermione et le géant suivit son regard.
_Oh ! Je vois. Bon, hem, je dois accompagner les premières années. On se verra plus tard. Bon ! Les premières années avec moi ! cria-t-il. Les autres, vous prenez les voitures.
Il s'éloigna vers le grand lac avec un groupe d'élève. Hermione, Ron et Harry montèrent dans la première voiture en compagnie de Fred, Georges et Ginny, qui ne semblait plus gênée de parler à Harry.
_Elle a passé l'été avec Neville, lui dit Ron. Depuis qu'ils sont allés au bal ensemble l'année dernière, ces deux là ne se lâchent plus.
_Tu ne vas pas le dire à toute l'école quand même ! cria Ginny. Il est très gentil avec moi, c'est tout, ajouta-t-elle en rosissant dangereusement.
Ils rirent tous de bon cœur. Décidément, cette année commence très bien, pensa Harry pendant que leur voiture faisait route vers le château.
_Quand vas-tu organiser la sélection pour le poste de gardien ? lui demanda Georges.
_Je ne sais pas encore, répondit Harry. Ce qui est sûr, c'est que ce sera dans le premier mois car la saison commence dans un peu moins de huit semaines, ce qui nous laisse peu de temps pour nous entraîner.
_Tu vas voir qu'il va devenir un capitaine encore plus obstiné que Dubois, dit Fred à Georges en riant.
Ils n'eurent pas le temps de discuter davantage car leur voiture venait de s'arrêter. Devant la gigantesque porte d'entrée du château, se tenait le professeur McGonagall qui semblait les attendre.
_Bonjour à tous ! Miss Granger, Mr Weasley et Mr Potter, suivez moi s'il vous plaît.
Etonnés, ils suivirent leur professeur de métamorphose jusqu'à son bureau.
_Asseyez vous, dit-elle en montrant trois chaises côte à côte.
_Excusez moi professeur, mais qu'avons nous fait, se risqua à demander Ron.
_Ne vous en faîtes Mr Weasley. Vous n'avez encore rien fait que je sache. Je suis pas là pour vous gronder, mais pour vous parler.
Les trois amis devinrent alors attentifs, s'attendant à une mauvaise nouvelle.
_Tout d'abord, allez vous bien, Mr Potter ? demanda-t-elle d'une voix douce et inquiète. J'ai lu le journal de ce matin et…
_Je vais bien, coupa Harry. Je vous assure que je vais bien, professeur.
_T…tant mieux, répondit la directrice des Gryffondors sur un ton étonné. J'ai appris que vous avancez très rapidement dans votre entraînement, continua-t-elle sur un ton plus relevé. Je vous en félicite mais je vous demande de continuer et de ne surtout pas relâcher vos efforts. Le directeur, moi-même et quelques autres personnes pensons que vous êtes une carte maîtresse contre V…Voldemort. Le professeur semblait lutter pour prononcer son nom, mais elle reprit vite de l'assurance.
Harry ne put s'empêcher de rougir.
« Quant à vous, Miss Granger et Mr Weasley, j'imagine que vous êtes naturellement au courant de tout ce qui touche votre ami, continua le professeur. » Les deux concernés firent un signe d'approbation. « Aussi, le directeur Dumbledore et moi-même avons pensé qu'il était très important de le soutenir dans sa tâche. Pour cela, je vous ai aménagé un temps dans votre semaine de cours pour que vous puissiez vous entraîner avec Mr Potter. A vous d'apprendre à vous protéger contre les forces du mal. Je pense que c'est la meilleure solution ».
Hermione, Ron et Harry n'en crurent pas leurs oreilles.
_Oh merci professeur, dirent-ils simplement.
_Il n'y a pas de quoi. Les temps vont être difficiles et je pense qu'il vaut mieux vous préparer car, puisque vous êtes très proche d'Harry, vous risquez d'être touchés, plus que quiconque à Poudlard. Vous pouvez rejoindre vos camarades dans la Grande Salle à présent.
_Oui professeur. Merci.
Et il quittèrent la pièce sous un l'œil compatissant du professeur McGonagall. En chemin, Ron ne pouvait plus se contenir.
_C'est super ! On va pouvoir s'entraîner avec un des plus grands sorciers de ce monde ! s'exclama-t-il.
_Ron ! Ne dis pas ça, protesta Harry. Ce n'est pas vrai.
_Ca doit l'être s'ils te demandent tous de t'entraîner ainsi, rétorqua Hermione. Et puis je dois avouer que je suis moi-même très contente de pouvoir travailler avec toi. Mais qu'as tu Harry ?
Leur ami s'était arrêté de marcher et semblait plus malheureux que jamais.
_Je m'en veux, dit-il. Vous êtes en danger à cause de moi. Vous n'avez pas l'air de vous rendre compte. Vous risquez de mourir. Et si c'est le cas, je ne me le pardonnerai jamais.
_Détrompes toi, répondit Ron. Je sais tout à fait quels dangers nous courons. Mais tu sembles oublier que cela fait quatre ans que nous le courons, ce danger. Rappelle toi. Et puis, de toute façon, ce n'est sûrement pas de ta faute. Ca ne sert à rien de culpabiliser.
_C'est vrai, approuva Hermione. En plus nous préférons lutter avec toi plutôt qu'attendre de savoir si tu survis à telle nouvelle épreuve, ou si…
_Merci, murmura Harry. Vous êtes de vrais amis.
_Bah, n'en parlons plus et allons manger, répondit Ron.
Il embrassa Hermione doucement et ils entrèrent tout souriant dans la Grande Salle.
E
n chemin, Harry remarqua que la voiture de son parrain semblait dotée des mêmes caractéristiques que celles du ministère. En effet, à chaque feu rouge, elle se retrouvait en début de file et échappait à la circulation, ce qui leur permit d'arriver juste à temps pour le départ du train.
Une fois à King Cross, Harry chargea ses bagages ainsi que la cage d'Hedwige sur un chariot. Il se tourna alors vers son parrain.
_Au revoir Sirius, dit-il, non sans une certaine émotion dans la voix. Et merci encore pour ces vacances parfaites. Elles furent les meilleures de ma vie.
_Merci à toi Harry. J'ai moi-même passé de très bons moments. Nous nous reverrons bientôt, je peux te l'assurer.
_Mais…
_Tu verras, coupa Sirius. Dépêche toi, sinon tu vas rater ton départ.
Il embrassa son parrain et partit en direction du quai 9 ¾.
Une fois à la grille qui séparait les quais 9 et 10, il retrouva Ron et Hermione qui semblaient l'attendre.
_Ah, te voilà enfin, s'exclama Hermione. Tu as failli arriver en retard.
_Comment vas-tu ? demanda Ron.
_Je vais très bien, répondit Harry. Il faut que je vous raconte ce qui m'est arrivé tout à l'heure.
_Tu nous raconteras plus tard, coupa Hermione. Sinon, on va rater le train.
Ron souri à Harry d'un air qui se voulait compatissant et ils foncèrent tous les trois vers la grille de séparation. Une fois traversée, les trois amis se trouvèrent sur le quai 9 ¾, où un long train semblait sur le point de partir. Ils montèrent dans le dernier wagon et trouvèrent un compartiment vide où ils rangèrent leurs bagages et s'installèrent. La locomotive siffla et le train commença sa longue route vers Poudlard.
_Alors, qu'avais-tu à nous raconter ? demanda Ron avec un ton plein d'intérêt.
Harry se mit à décrire les évènements de la nuit passée sous les regards ébahis de ses deux amis.
_Vraiment, finit par dire Hermione sur un ton réprobateur, tu n'as pas du tout été prudent, comme d'habitude.
_Je dois reconnaître qu'elle a raison, ajouta Ron. Qu'aurais-tu fait si ton sort n'avait pas fonctionné ?
_J'étais sûr qu'il allait marcher. Et puis, il s'est lancé tout seul, si je puis dire, déclara-t-il sur un ton presque innocent.
_J'imagine qu'on ne peut que te féliciter, dit Ron. Tout comme l'a fait Sirius. Mais une ombre sombre et soucieuse passa sur son visage.
_Qui a-t-il ? demanda Harry. Tu es tout pensif.
_As-tu vu le journal ce matin ? demanda-t-il.
A ces mots Hermione parut également tendue.
_Comme vous avez pu le constater, je suis arrivé un tout petit peu en retard ce matin. Non, je n'ai pas lu le journal. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai raté de si important ?
Ron lui montra la première page de la Gazette du Sorcier où l'on pouvait lire en première page Vous-Savez-Qui est de retour ! en caractères gras. Harry prit le journal des mains de son ami et lut l'article :
C'est officiel ! Cornelius Fudge a fait une déclaration tôt ce matin, disant que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Jamais-Prononcer-Le-Nom, qui avait disparu depuis 14 années, était de retour. Il semblerait qu'il ait réussit à attirer vers lui les tristement célèbres Détraqueurs, qui étaient les gardiens d'Azkaban. Le ministre de la magie nous a déclaré que le Maître des Ténèbres avait envoyé un message au ministère disant qu'il allait finir son travail sur la famille Potter et ce dans les plus brefs délais. Le ministre a précisé par ailleurs, que le seul survivant de cette famille, qui n'est autre que le célèbre Harry Potter, serait parfaitement en sécurité à Poudlard, où le puissant Albus Dumbledore le protégeait. En attendant, les aurors se sont remis au travail, malgré le danger qu'ils encouraient. Allons nous de nouveau vers une époque terrible ? Seul le temps nous le dira. Quoi qu'il advienne, la Gazette du Sorcier vous tiendra au courant heure par heure.
Un envoyé spécial.
_Vous savez, commença Harry, j'étais vaguement au courant du retour de Voldemort.
_Oui, bien sûr, mais là c'est officiel, dit Ron.. Et puis savais-tu que les Détraqueurs l'avaient rejoint ?
_Je l'ai appris ce matin par Sirius. De toute façon, nous serons en sécurité à Poudlard.
_Tu as sans doute raison, approuva Ron peu rassuré.
Hermione se leva d'un coup, à la grande surprise de Ron et Harry.
_Je ne peux malheureusement pas rester avec vous plus longtemps, déclara-t- elle. En tant que préfète, je dois vérifier que tout va bien avec les autres préfets. A plus !
_Tu nous rejoindras plus tard ? demanda Ron timidement.
_Oui, ne t'en fais pas, répondit-elle en rougissant.
Une fois partie, Harry se tourna vers son ami.
_Eh bien, je constate que tu ne te disputes plus avec elle, improvisa-t-il d'un air narquois.
_Ah bon ? Je n'avais pas remarqué. Et il se mit à rougir fortement.
_Ne te moque pas de moi, continua Harry. Il est évident que vous vous plaisez.
_Tu crois ? demanda Ron sur un ton plein d'espoir.
_Quoi ? Tu veux dire que tu ne remarques rien d'inhabituel dans sa façon de te regarder ?
_N…non, absolument pas. Elle me regarde comment ?
_Elle me regarde comment ? caricatura Harry. C'est simple, Hermione te regarde comme toi tu la regardes. Je ne pense pas pouvoir être plus clair.
_C… c'est plutôt une bonne nouvelle, répondit Ron en regardant ses chaussures comme si elles se mettaient à chanter. Je dois t'avouer que je suis amoureux d'elle depuis un petit moment déjà.
_Et bien fais quelque chose rapidement, parce que ça se voit beaucoup…vraiment beaucoup, précisa-t-il en riant.
Et Ron finit par rire à son tour. De toute façon, dans ce genre de situation, il n'y a que ça à faire.
C'est à ce moment là que la porte du compartiment s'ouvrit et laissa apparaître Malefoy, encadré par ses inséparables gardes du corps à cervelle de moineau, Crabbe et Goyle.
_Alors Potter, dit-il de sa voix traînante, toujours accompagné de ton petit rouquin à ce que je vois. Ses deux comparses s'esclaffèrent bêtement.
_Alors Malefoy, répondit Ron, toujours accompagné par les seules personnes plus stupides que toi ?
Les deux géants cessèrent immédiatement de rire et tâtèrent leurs gros poings d'un air menaçant.
_Je ne t'ai rien demandé Weasley ! Je ne parle pas à un pauvre crétin amoureux d'une sang-de-bourbe. Ron se leva rouge de colère mais il fut arrêté par les deux armoires à glace. Et toi Potter, tu ne peux pas te défendre tout seul ? Tu as toujours besoin de quelqu'un, hein ?
Il s'arrêta en voyant le journal sur la banquette.
_Tu vas faire comment sans Dumbledore ici ? reprit-il de sa voix traînante. Tu vas te mettre à crier ou tu vas t'évanouir?
_Méfie toi Malefoy, répondit enfin Harry. Tu risques de te retrouver avec des pustules sur le visage, comme l'an dernier. Tu te rappelles ?
A ces mots Malefoy sortit sa baguette mais les jumeaux Fred et Georges Weasley arrivèrent.
_Tiens, voilà les idiots de service ! lança Fred.
_C'est drôle. J'aurais plutôt dit les lâches, puants, stupides et bouseux de service, ajouta Georges.
_Oui, tu as raison Georges. Je me suis trompé.
Crabbe et Goyle sortirent à leur tour leur baguette mais Malefoy les rappela à l'ordre.
_Inutile de s'attarder ici ! dit-il. Mais vous ne perdez rien pour attendre. Les temps changent, vous savez.
_Alors c'est toi qui va bientôt te mordre les doigts répondit Harry. Maintenant, tire-toi avec tes gardes du corps, ou vous ressemblerez bientôt à des calculatrices de moldus.
Les trois serpentards partirent en marmonnant quelque chose et les jumeaux entrèrent dans le compartiment.
_Je suis stupide, dit Ron.
_Pourquoi dis-tu ça ? demanda Fred. Je pense que vouloir taper Malefoy est plutôt la preuve d'une grande intelligence.
_Il a dû m'entendre dire que je suis amoureux d'Hermione, répondit Ron.
_Bah, de toutes façons, il l'aurait appris tôt ou tard, rétorqua Georges.
_Parce que vous êtes au courant ? demanda Harry.
_Toute la famille l'est, dirent les jumeaux en riant. Tu aurais vu son comportement à la maison depuis qu'il a reçu une lettre d'Hermione lui disant que Krum était juste un ami. Il était tout le temps dans les nuages, même en s'entraînant au quidditch. Mais cela ne nous a pas empêché d'en faire un très bon gardien.
_Meilleur que Dubois je pense, approuva Georges. Surtout avec l'Eclair de Feu que tu lui as donné Harry.
Ron semblait s'enfoncer dans son siège. Ses oreilles étaient fluorescentes.
Au moment où Hermione revint, les jumeaux s'échappèrent en se donnant ostensiblement des coups de coude.
_Pourquoi rient-ils bêtement ces deux là ? demanda-t-elle.
_Pour rien, répondit Ron en essayant d'être convaincant. N'est-ce pas Harry ?
_Bien sûr, tu as raison, répondit Harry dans un clin d'oeil. Tout va bien dans le train mademoiselle la préfète ?
_Tout va très bien, répondit Hermione sans relever l'ironie de la question. Les premières années sont un peu nerveux. Mais je les ai rassurés. C'est aussi mon rôle.
_Nous, nous avons eu la visite de Malefoy, dit Ron.
_Oui. Il t'a insultée et Ron a failli lui arracher la tête, ajouta Harry en exagérant juste ce qu'il fallait.
_Tu as fait ça ? demanda Hermione à Ron.
_O… oui. Mais c'était facile tu sais.
_Merci Ron. J'apprécie beaucoup tu sais, lui dit-elle en posant sa main sur celle de Ron, qui ressemblait à un grand feu rouge.
Un silence s'instaura pendant lequel ils se regardèrent intensément, oubliant complètement Harry.
_Un ange passe, dit ce dernier. Vous savez que vous êtes mignons tous les deux, ajouta-t-il en souriant.
_Merci, dit Hermione en retirant sa main.
Mais Ron, n'écoutant que son courage, ne voulut pas en rester là. Il se rapprocha d'elle et l'embrassa sous l'œil stupéfait de son meilleur ami. Ron s'éloigna et Hermione ouvrit les yeux.
_Désolé, murmura-t-il. Mais si je ne l'avais pas fait, je serais devenu fou.
_Tu as eu raison, répondit-elle. C'était parfait. Et si tu ne l'avais pas fait, c'est moi qui t'aurais embrassé.
Sur ces paroles il s'embrassèrent à nouveaux. Harry était de plus en plus gêné et il regarda par la fenêtre.
_Oh ! Une vache ! Vous avez vu ? s'écria-t-il sur un air passionné sur ce qu'il venait de dire. Vous croyez qu'elle est folle, celle-là ?
Ils éclatèrent tous les trois de rire.
_En tout cas, félicitations, ajouta Harry. Je suis sincèrement heureux pour vous. Je dois vous avouer que j'avais hâte de vous voir ensemble.
_Merci, répondirent-ils tous les deux, main dans la main.
Le reste du voyage ne fut que rire et tendresse. Une demi heure avant l'arrivée du train, ils se changèrent et mirent leur robe de sorcier. Bientôt l'immense château fut en vue.
_Enfin ! intervint Harry, j'étais pressé de revenir. Je commence à avoir très faim !
_Oui, moi aussi !
_Vous ne pensez donc qu'à manger tous les deux ! s'écria Hermione alors que son ventre émettait un gargouillement terriblement fort.
C'est dans un fou rire qu'ils quittèrent le train et virent Hagrid, armé d'une énorme lanterne.
_Bonsoir ! Comment allez vous tous les trois ?
_Bonsoir Hagrid, répondit Harry. Nous allons tous très bien. Il regarda Ron et Hermione et le géant suivit son regard.
_Oh ! Je vois. Bon, hem, je dois accompagner les premières années. On se verra plus tard. Bon ! Les premières années avec moi ! cria-t-il. Les autres, vous prenez les voitures.
Il s'éloigna vers le grand lac avec un groupe d'élève. Hermione, Ron et Harry montèrent dans la première voiture en compagnie de Fred, Georges et Ginny, qui ne semblait plus gênée de parler à Harry.
_Elle a passé l'été avec Neville, lui dit Ron. Depuis qu'ils sont allés au bal ensemble l'année dernière, ces deux là ne se lâchent plus.
_Tu ne vas pas le dire à toute l'école quand même ! cria Ginny. Il est très gentil avec moi, c'est tout, ajouta-t-elle en rosissant dangereusement.
Ils rirent tous de bon cœur. Décidément, cette année commence très bien, pensa Harry pendant que leur voiture faisait route vers le château.
_Quand vas-tu organiser la sélection pour le poste de gardien ? lui demanda Georges.
_Je ne sais pas encore, répondit Harry. Ce qui est sûr, c'est que ce sera dans le premier mois car la saison commence dans un peu moins de huit semaines, ce qui nous laisse peu de temps pour nous entraîner.
_Tu vas voir qu'il va devenir un capitaine encore plus obstiné que Dubois, dit Fred à Georges en riant.
Ils n'eurent pas le temps de discuter davantage car leur voiture venait de s'arrêter. Devant la gigantesque porte d'entrée du château, se tenait le professeur McGonagall qui semblait les attendre.
_Bonjour à tous ! Miss Granger, Mr Weasley et Mr Potter, suivez moi s'il vous plaît.
Etonnés, ils suivirent leur professeur de métamorphose jusqu'à son bureau.
_Asseyez vous, dit-elle en montrant trois chaises côte à côte.
_Excusez moi professeur, mais qu'avons nous fait, se risqua à demander Ron.
_Ne vous en faîtes Mr Weasley. Vous n'avez encore rien fait que je sache. Je suis pas là pour vous gronder, mais pour vous parler.
Les trois amis devinrent alors attentifs, s'attendant à une mauvaise nouvelle.
_Tout d'abord, allez vous bien, Mr Potter ? demanda-t-elle d'une voix douce et inquiète. J'ai lu le journal de ce matin et…
_Je vais bien, coupa Harry. Je vous assure que je vais bien, professeur.
_T…tant mieux, répondit la directrice des Gryffondors sur un ton étonné. J'ai appris que vous avancez très rapidement dans votre entraînement, continua-t-elle sur un ton plus relevé. Je vous en félicite mais je vous demande de continuer et de ne surtout pas relâcher vos efforts. Le directeur, moi-même et quelques autres personnes pensons que vous êtes une carte maîtresse contre V…Voldemort. Le professeur semblait lutter pour prononcer son nom, mais elle reprit vite de l'assurance.
Harry ne put s'empêcher de rougir.
« Quant à vous, Miss Granger et Mr Weasley, j'imagine que vous êtes naturellement au courant de tout ce qui touche votre ami, continua le professeur. » Les deux concernés firent un signe d'approbation. « Aussi, le directeur Dumbledore et moi-même avons pensé qu'il était très important de le soutenir dans sa tâche. Pour cela, je vous ai aménagé un temps dans votre semaine de cours pour que vous puissiez vous entraîner avec Mr Potter. A vous d'apprendre à vous protéger contre les forces du mal. Je pense que c'est la meilleure solution ».
Hermione, Ron et Harry n'en crurent pas leurs oreilles.
_Oh merci professeur, dirent-ils simplement.
_Il n'y a pas de quoi. Les temps vont être difficiles et je pense qu'il vaut mieux vous préparer car, puisque vous êtes très proche d'Harry, vous risquez d'être touchés, plus que quiconque à Poudlard. Vous pouvez rejoindre vos camarades dans la Grande Salle à présent.
_Oui professeur. Merci.
Et il quittèrent la pièce sous un l'œil compatissant du professeur McGonagall. En chemin, Ron ne pouvait plus se contenir.
_C'est super ! On va pouvoir s'entraîner avec un des plus grands sorciers de ce monde ! s'exclama-t-il.
_Ron ! Ne dis pas ça, protesta Harry. Ce n'est pas vrai.
_Ca doit l'être s'ils te demandent tous de t'entraîner ainsi, rétorqua Hermione. Et puis je dois avouer que je suis moi-même très contente de pouvoir travailler avec toi. Mais qu'as tu Harry ?
Leur ami s'était arrêté de marcher et semblait plus malheureux que jamais.
_Je m'en veux, dit-il. Vous êtes en danger à cause de moi. Vous n'avez pas l'air de vous rendre compte. Vous risquez de mourir. Et si c'est le cas, je ne me le pardonnerai jamais.
_Détrompes toi, répondit Ron. Je sais tout à fait quels dangers nous courons. Mais tu sembles oublier que cela fait quatre ans que nous le courons, ce danger. Rappelle toi. Et puis, de toute façon, ce n'est sûrement pas de ta faute. Ca ne sert à rien de culpabiliser.
_C'est vrai, approuva Hermione. En plus nous préférons lutter avec toi plutôt qu'attendre de savoir si tu survis à telle nouvelle épreuve, ou si…
_Merci, murmura Harry. Vous êtes de vrais amis.
_Bah, n'en parlons plus et allons manger, répondit Ron.
Il embrassa Hermione doucement et ils entrèrent tout souriant dans la Grande Salle.
