IX. Une matinée bien chargée.

L

a nuit se passa plutôt bien pour Harry. Cependant il se réveilla à 4 heures 30 et n'arriva pas à se rendormir.

Il semble que je ne puisse définitivement plus dormir normalement, pensa Harry. Et le pire, c'est que je ne sais même pas ce qui me réveille. Manifestement Voldemort ne commet aucun crime lui-même sans quoi ma cicatrice me torturerait. Peut-être que ce sont seulement ses Mangemorts qui tuent. Il se réserve pour moi, pensa Harry. Eh bien au moment venu je serai prêt. Et puisque je me réveille tôt tous les matins, j'en profiterai pour m'entraîner.

Comme il aurait un temps dans la semaine pour améliorer ou créer des sortilèges avec Hermione et Ron, il décida de consacrer l'aurore à sa métamorphose.

Décidé, il ferma les yeux et se concentra sur des valeurs intangibles, comme il l'avait déjà fait plusieurs fois. Il fixa son esprit sur le lion, l'animal qui lui correspondait et sur ses caractéristiques. Le courage… Il pensa à son combat contre Voldemort…. L'agilité… Il pensa à ses matches de Quidditch… La force… Il se sentit courbaturé… Face à ces manifestations qui s'opéraient chez lui, Harry eut une soudaine envie de se métamorphoser.

Là tout de suite, pensa-t-il. Je veux être un lion, MAINTENANT !!!

Il se sentit alors tout bizarre. Sa vision changea, ses mains s'épaissirent, ses ongles se transformèrent en griffes, sa chevelure poussa en une grande crinière, et puis… Plus rien. Il était redevenu normal.

J'ai failli réussir, pensa-t-il avec émerveillement. Je n'en crois pas mes yeux.

Il vérifia ses mains. Elles étaient tout à fait normales.

Je suis sûr que j'ai failli y parvenir. Ou peut-être était-ce un rêve ? Non ! J'étais différent, j'en suis certain.

Il se leva et alla se regarder dans la glace. Il put constater que sa musculature était très soulignée. Elle n'était pas imposante, mais chaque muscle se distinguait. Quelque chose avait changé. Il se regarda de plus près et il vit… Ses yeux !!! Ses yeux étaient jaunes avec un trait noir au milieu, comme la pupille des félins. Il regarda autour de lui et s'aperçu qu'il y avait une foule de détails qu'il n'avait jamais vus. Tout était très clair et son attention était retenue au moindre mouvement. Harry n'en revenait pas.

_Ca alors, dit-il doucement. On va me poser des questions. Ah moins que…

Il se concentra et voulut redevenir tout à fait normal. Et comme s'il s'agissait d'un rêve d'où l'on sort brutalement, Harry retrouva sa vue antérieure et se rendit compte qu'il avait besoin de ses lunettes. Il les prit sur la table à côté de son lit et retourna devant la glace.

Tout est normal, pensa-t-il. Il voulut retrouver son regard de félin. Il se concentra et ses yeux se transformèrent. Puis il leur rendit leur forme initiale.

Pratique, pensa-t-il.

Il regarda par la fenêtre. Le jour était levé. Il fixa sa montre et pensa à l'heure. Aussitôt, la cadran blanc laissa place à quelques chiffres. 7H30.

Décidément le temps passe vite quand je m'entraîne. Il faudra que je fasse attention.

Harry s'habilla et descendit vers la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner. En chemin il rencontra plusieurs élèves qui le regardaient avec une mine soucieuse. Harry ne chercha même pas à leur parler. Depuis la parution de la menace de Voldemort dans le journal, de nombreuses personnes le regardaient ainsi. Heureusement, ses quelques amis ne laissaient pas paraître leur inquiétude.

Il arriva dans la Grande Salle et vit qu'il était un des premiers élèves à descendre.

Ce sera souvent comme ça, pensa-t-il tristement. Du moins, tant que je n'arriverai pas à dormir normalement.

Il commença à manger. Peu à peu, la salle se remplissait d'élèves et de professeurs. Vers 8H15, Hermione et Ron arrivèrent.

En même temps, pensa Harry en souriant.

Ils s'assirent en face de lui.

_Tu es débout depuis quand ? demanda Hermione.

_Debout ou réveillé ? répondit Harry.

_Réveillé, dit Ron inquiet.

_Ca va faire bientôt quatre heures. Je n'arrive pas à dormir plus longtemps. Alors j'en profite pour m'entraîner.

_Tu as raison d'utiliser ce temps à bon escient, dit Hermione. Mais peut- être devrions nous parler de ce manque de sommeil à Dumbledore.

_Pour quoi faire ? demanda Harry. De toute façon, ça ne changera rien. Et puis, je ne vais pas aller le voir dés qu'il y a quelque chose d'anormal.

_Mais…

_Et ton entraînement a apporté ses fruits ? coupa Ron qui sentait que la conversation allait s'envenimer.

_J'ai réussit à me transformer en partie les mains, les cheveux pendant un petit moment, répondit Harry avec fierté.

_Déjà ! s'exclama Hermione qui avait renoncé à ses conseils. Mais c'est formidable.

_Et je maîtrise la transformation des yeux, ajouta Harry qui gardait le meilleur pour la fin.

_Comment ça ? demanda Ron. Harry vérifia que personne n'écoutait.

_Eh bien regarde. Il retira ses lunettes et s'approcha de Ron et d'Hermione. Il se concentra et ses yeux retrouvèrent une apparence féline. Ses deux amis étouffèrent un cri en le voyant. Harry ferma les yeux et lorsqu'il les rouvrit, ils étaient à nouveau verts. Il remit ses lunettes.

_Si je ne l'avais pas vu, je n'y aurais pas cru, déclara Ron.

_Stupéfiant, ajouta Hermione. Que tu arrives déjà à un tel résultat en un peu plus d'un mois relève tout simplement du prodige. Te rends-tu compte que ton père et Sirius ont mis un an pour se transformer complètement ? chuchota-t-elle.

_Je sais, dit Harry en rougissant.

_Je pense que tu peux être fier, ajouta Ron qui gardait sa tartine à portée de la bouche mais qui n'arrivait pas à faire remuer le moindre muscle.

Pendant qu'ils parlaient, les élèves remplissaient la salle et bientôt tout le monde fut présent.

_Il faut que j'aille chercher les emplois du temps, dit Hermione en se levant.

_D'accord, dit Ron. A tout de suite.

_A tout de suite. Et elle quitta la salle en direction du bureau de McGonagall.

_Elle prend son rôle très à cœur, dit Harry.

_Et il lui va comme un gant, approuva Ron. Mais elle risque d'avoir de grosses crises de conscience les soirs où nous sortirons.

_Si elle vient avec nous, elle fera mine de nous surveiller et tout ira bien. Et puis si on se fait prendre, on la couvrira.

_Tu as raison. Mais avec les maraudeurs comme alliés et ta cape, je ne vois pas comment on pourrait se faire prendre.

_L'année dernière, j'ai failli y passer, dit Harry. Si Maugrey ne m'avait pas tiré d'affaire, Rogue m'aurait trouvé.

_Quand je pense que ce traître a passé son temps près de nous, je m'en voudrais presque de lui avoir fait confiance.

_Il n'y a pas de quoi. Tout le monde s'est fait avoir. Comment veux-tu que l'on sache qu'il buvait du polynectar ? C'est indécelable.

_Pas avec la carte, dit Ron. Si on avait été plus malins, nous aurions pu deviner. Surtout que nous connaissions les effets du polynectar pour l'avoir déjà essayé.

_Tu vas finir par me faire culpabiliser.

_Tu as raison, c'est inutile de se torturer avec le passé.

C'est à ce moment qu'Hermione revint chargée de plusieurs emplois du temps. Elle les distribua à chaque élève. Mais une fois à la hauteur de Ron et d'Harry, elle en donna un qui semblait différent des autres. Harry s'empressa de l'observer. La première chose qu'il vit fut l'importance du cours de Défense Contre les Forces du Mal. Il y avait quatre cours d'une heure. L'un d'eux ne concernait que les élèves de Gryffondors, le vendredi matin. Les autre cours de Défense Contre les Forces du Mal regroupaient successivement les Gryffondors avec les élèves de Poufsoufle (le lundi), de Serdaigle (le mercredi) et de Serpentard (le jeudi après le cours de Potion).

_Oh non ! s'exclama Ron. On a encore Divination le lundi matin !

_Par contre, on a Botanique avec les Poufsoufles cet après-midi, dit Neville joyeux.

Tout le monde savait que le cours du professeur Chourave était le seul où Neville parvenait à obtenir des points. Il y était très doué.

_Tu as vu Harry ? demanda Ron. Notre temps d'entraînement est prévu le vendredi après-midi.

_Je vois. Et il n'y a aucun cours après. Nous pourrons nous entraîner assez longtemps, répondit-il.

_N'oublie pas de prévoir un temps pour le Quidditch Harry.

_Tu as raison. Eh Georges ! appela-t-il. Comment se débrouillait Dubois pour les entraînements de Quidditch ?

_Il fixait les temps d'entraînement du trimestre sur le tableau d'affichage de la Salle Commune et nous les rappelait à chaque fois car personne n'allait voir ce qu'il affichait, répondit-t-il en riant.

_Je vois, dit Harry.

Il regarda sa montre et pensa à l'heure : 9H00.

_Nous ferions bien de nous dépêcher, dit-il à l'adresse de Ron. Le cours de Divination commence dans un quart d'heure et il faut monter jusqu'en haut du château.

_Allons-y alors.

Ils se levèrent, Ron embrassa Hermione sous quelques regards moqueurs, et ils montèrent en direction de la plus haute tour de Poudlard.

Depuis leur deuxième année au collège, Ron et Harry s'étaient aperçus que les cours de Divination de Trelawney étaient une grande farce. Une fois, Hermione s'était disputée avec le professeur et n'était plus jamais revenue au cours, étant donné que les « prédictions » de Trelawney étaient particulièrement tragiques, surtout à l'égard de Harry. Les deux amis, quant à eux, préfèraient jouer le jeu de leur professeur en imaginant les pires malheurs pour leur avenir. Cette méthode, certes peu orthodoxe, leur permettait de passer le temps, de s'amuser et surtout d'avoir d'excellents notes.

En montant les multiples escaliers du château, Ron et Harry croisèrent une classe de troisième année, qui regardait ce dernier comme s'il était un fantôme.

_Pourquoi cet air sombre en te croisant ? demanda Ron.

_Ce doit être cet article dans le journal, répondit Harry. Je déteste cette façon de me regarder. On dirait que je suis déjà mort pour eux. C'est révoltant cette façon de croire que le retour de Voldemort signe la fin des temps. Ils baissent tous les bras.

_Tu sais, tu n'as pas été éduqué dans cette peur. Eux ne connaissent que ça et n'ont pas forcément ton courage.

_Mais toi et Hermione par exemple, ou même tes frères, vous ne semblez pas me condamner à une mort certaine.

_Mais c'est parce que nous te connaissons, répondit Ron. Nous savons de quoi tu es capable. Et puis tu nous as rendus sans doute plus courageux que nous l'étions.

_Merci. Mais il faut qu'ils comprennent : cette peur ne peut jouer qu'en leur défaveur. La peur est la graine de la défaite.

_Jolie image, dit Ron en souriant.

_N'est-ce pas ? C'est sorti tout seul. Je m'étonnes moi-même en ce moment. Si ça continue je vais avoir la grosse tête.

_T'en fais pas, nous sommes là pour t'en empêcher. Ah ! Nous sommes arrivés.

Ils parvinrent à une échelle de corde qui montait vers une trappe dans le plafond. Ils la grimpèrent avec difficulté et pénétrèrent dans une salle où la lumière du jour n'avait pas du entrer depuis des années. L'atmosphère était suffocanteTout était rouge. Mais curieusement, cette couleur ne touchait aucun meuble. On aurait dit que l'air seulement était rouge ocre. Il y avait de petites tables entourées de chaises un peu partout et des étagères ornées de tasses de thé, de boules de cristal, de cartes et autres ustensiles pouvant servir à la divination. Un feu brûlait dans la cheminée et crépitait joyeusement. La pièce était si silencieuse que le moindre craquement du bois qui brûlait ressemblait à celui d'un arbre qu'on arrache. Un épais nuage d'encens planait à mi-hauteur entre le sol et le plafond.

Comme la majorité des autres élèves, Ron et Harry toussèrent abondamment au moment où ils arrivèrent dans la pièce.

_J'imagine que seules les personnes qui ont le privilège et le don de double vue, peuvent supporter l'aura qui entoure mon sanctuaire, dit une voix qui sortait de l'ombre. Ces conditions sont favorables pour voyager dans les méandres compliqués de l'art de la divination.

Le professeur Trelawney venait de faire son apparition.

_Cette atmosphère est surtout favorable aux hallucinations, chuchota Ron à son ami, qui ne put s'empêcher de pouffer.

_J'ai dit quelque chose de drôle ? demanda le professeur outrée. Oh ! C'est vous mon garçon.

Le professeur venait de reconnaître Harry à travers le brouillard opaque. Elle le regarda comme on regarderait quelqu'un qui est en train de souffrir mille morts et pour qui on ne pourrait rien faire.

Harry en avait déjà assez. Il avait assez entendu de présage de mort tout au long des années précédentes pour en supporter davantage. Il allait répondre lorsque Ron le frappa du coude.

Harry soupira profondément et très longuement avec un air de fatalité.

_Je sais professeur, murmura-t-il. J'ai regardé les étoiles cet été et ma boule de cristal de poche, que je ne quitte jamais, m'a confirmé une mort atroce dans les prochaines semaines. Mais…(nouveau soupir) Je m'y suis résigné professeur, ajouta-t-il avec un air de tragédien grec.

Ron et quelques autres élèves étaient au bord de l'étouffement et le professeur Trelawney était émerveillée.

_Mon garçon, dit-elle sombrement, je ne peux qu'admirer votre résignation. Mais malheureusement vous avez tout à fait raison. Les feuilles de mon thé de ce matin m'ont une nouvelle fois révélé votre funeste destin. Quel poids est le mien de connaître l'avenir, ajouta-t-elle en soupirant. Je suis prisonnière de mon don. Vous ne pouvez comprendre ma souffrance.

Harry pensa qu'elle formerait un superbe couple avec Gilderoy Lockhart, leur ancien professeur de Défense Contre les Forces du Mal.

Tous les élèves étaient là à présent, et la majorité le regardait comme s'il allait être foudroyé dans les cinq secondes. Seuls Ron, Dean, Seamus et Neville étaient morts de rire, au grand dam de Parvati et Lavande, deux élèves admiratrices du professeur Trelawney. Elles regardaient les garçons avec un air qui disait « on ne rit pas avec ces choses là », qui eut pour effet d'aggraver dangereusement le fou rire des quatre amis. Harry avait lui aussi beaucoup de mal de garder son air de fataliste endurci.

_Nous ne pouvons malheureusement rien faire, ajouta le professeur.

_Malheureusement, murmura Harry avec un ton plein de larmes.

_Que tout le monde s'asseye, dit le professeur Trelawney qui n'avait pas entendu la dernière intervention de Harry. Aujourd'hui, nous allons étudier les cartes. C'est d'ailleurs la dernière fois que j'utiliserai ce terme pour les désigner. Nous les appellerons par leur vrai nom, soit "les lames du destin". Car elles sont un des instruments de prédiction de l'avenir.

_Ohhhhh, dirent Ron, Dean, Seamus, Neville et Harry.

_C'est intéressant n'est-ce pas ? demandad'un air entendu celle qui n'avait pas compris toute l'ironie que ses élèves manifestaient. Nous devront passer l'année sur cette étude, car les significations des "lames du destin" sont très nombreuses et complexes.

Le reste du cours fut aussi ennuyeux qu'on peut l'imaginer. Ron réussit à s'endormir pendant les nombreuses et assommantes explications du professeur Trelawney. C'est seulement à la fin du cours qu'Harry le secoua pour partir. Et Ron fit tellement de bruit en se réveillant que le professeur s'en aperçut.

_Je rêve ! cria-t-elle. Vous dormiez pendant mes explications Mr Weasley !

Ron était en mauvaise posture, si bien qu'il décida de jouer le tout pour le tout.

_Je ne dormais pas professeur, dit-il. Loin de moi cette horrible idée.

_Alors que faisiez vous ? tonna-t-elle.

_Je… je m'étais évanoui, répondit Ron. Je m'étais évanoui lorsque la carte mort est tombée devant Harry.

Ce dernier le regarda mi-étonné, mi-amusé.

La colère disparut du visage du professeur Trelawney, laissant place à un air tragique.

_Vous aussi vous l'avez vu mon garçon, dit-elle sombrement. Je n'osais pas le révéler devant tout le monde. Mais votre ami a raison Mr Potter. Excusez mon erreur Mr Weasley.

_Ce n'est rien professeur, répondit-il. Au revoir.

_Au revoir, les enfants.

Elle semblait au bord des larmes lorsque les élèves descendirent l'échelle. Une fois loin de la trappe, Ron et Harry éclatèrent de rire.

_Tu as eu un sacré culot, avoua Harry.

_Bah, on peut lui faire croire n'importe quoi tant que ta mort est présente.

_Oui, ça va devenir trop facile.

_Ton petit numéro n'était pas mal non plus, ajouta Ron. Je n'avais jamais autant ri à un cours de Divination.

C'est en continuant à rire qu'ils se dirigèrent vers la salle de cours de Métamorphose de McGonagall. Après plusieurs minutes de marche dans les couloirs de Poudlard, Ron et Harry arrivèrent juste à temps pour le cours.

_Bien, commença le professeur McGonagall, je vois que tout le monde est ici. Nous pouvons donc commencer. Tout d'abord, je tiens à vous rappeler que vous êtes en cinquième année, ce qui signifie qu'à la fin de cette année, vous aurez vos BUSES. A obtenir.

Ces mots eurent un l'effet dévastateur sur les élèves. Bien entendu, ils avaient pratiquement tous oublié (tous sauf Hermione) un des examens les plus importants de l'école de sorcellerie.

_Aussi, continua le professeur qui n'accorda pas la moindre intention à la mine peu réjouie de ses élèves, je vous conseille donc fortement de vous mettre au travail le plus rapidement possible. En ce qui me concerne, l'examen de cette année sera aussi difficile que les années précédentes ; je ne vois d'ailleurs pas pourquoi il en serait autrement. Je vous rassure cependant, il s'agit sans doute de l'épreuve la plus complexe de votre cursus.

_Tu crois qu'elle cherche à nous remonter le moral ? demanda Ron à Harry.

_Je pense que oui, répondit-il.

_Aujourd'hui, nous allons essayer de métamorphoser vos bureaux en tortue. Le principe est le même que pour les métamorphoses que nous avons déjà apprises. L'exercice est juste plus compliqué. Vous pouvez commencer.

Chaque élève se leva et entreprit la transformation de son pupitre. Les résultats furent assez variés et à la place des tortues escomptées, le professeur put voir des tables avec une carapace, des tortues avec des pieds de tables et des tortues avec un encrier sur le front. En fin de compte, seuls Hermione et Harry, au grand étonnement de celui-ci, eurent chacun une tortue devant leur chaise.

Harry ne comprenait pas comment il avait pu réussir. Normalement, il n'était pas un élève très doué.

_Comment j'ai fait ? demanda-t-il à Hermione.

_Ai-je besoin de te rappeler pourquoi le ministère de la magie interdit aux sorciers de devenir un animagus ? lui souffla-t-elle.

_Je ne vois pas où est le rapport.

_C'est parce qu'en plus de pouvoir se métamorphoser, ils deviennent plus puissants. Et comme, tu n'es plus très loin de ta métamorphose, les effets doivent s'en faire sentir. Tu ne ressens rien de particulier ?

_Non, répondit Harry. Je me sens étrangement bien.

Et il souri.

Les autres élèves n'ayant pas réussi l'exercice, le professeur McGonagall le leur fit répéter plusieurs fois jusqu'au bon résultat. A cette allure, la fin du cours arriva rapidement. La première matinée de l'année était finie.

_J'ai encore du travail pour arriver à votre niveau, dit Ron à Hermione et Harry alors que les élèves descendaient vers la Grande Salle. Ma tortue avait un casier à la place de la carapace.

_Pour arriver à mon niveau, répondit Hermione, tu n'as pas vraiment beaucoup de travail à fournir. Mais celui de Harry va vite devenir inaccessible.

_Pourquoi dis-tu cela ? rétorqua l'intéressé. Je ne suis pas si bon que tu le prétends.

_Bah, nous verrons vendredi si Hermione a raison, dit Ron. Allons manger. Je meurs de faim.

Ils arrivèrent dans la Grande Salle où déjà de nombreux élèves se regroupaient autour des tables. Les trois amis s'installèrent et Harry eut le temps de voir Cho qui le fixait intensément.

_Quand te décideras-tu à lui parler ? demanda Ron. A mon avis, elle attend ça depuis un petit moment.

_Tu me connais, non ? répondît Harry. Je suis incapable de prendre une décision intelligente lorsqu'elle me regarde comme ça.

_Il ne s'agit pas de prendre une décision, intervint Hermione, mais de laisser faire les choses. Je pense que le meilleur exemple à suivre est Ron.

Ce dernier ne put s'empêcher de rougir. Il était content d'entendre ça. Pas seulement parce que ça venait de sa petite amie, mais aussi parce qu'Harry devait prendre exemple sur lui. Ils n'étaient pas en compétition, tous les deux. Ils étaient amis, mais Ron avait toujours vécu dans l'ombre de Harry et enfin il s'en détachait.

_Vous avez raison tous les deux. Au cours de Défense Contre les Forces du Mal en commun avec les Serdaigles, j'irai m'asseoir à côté d'elle.

_Mouais, dirent Hermione et Ron. Ce sera déjà un début.

C'est sur ces quelques paroles que les jumeaux arrivèrent.

_Bonjour tout le monde, lancèrent-ils. On vient d'avoir cours de Défense Contre les Forces du Mal avec les Serpentards.

_Alors ? demandèrent Hermione, Ron et Harry en même temps. Comment est-il ?

_On n'a jamais eu un cours aussi cool depuis qu'on est ici, répondit Georges. Les Serpentards ont essayé de le déstabiliser mais il n'a pas bronché et leur a clairement exprimé qu'il n'était pas du genre à se laisser faire.

_Et en plus c'est un très bon prof, ajouta Fred.

_Qu'avez-vous étudié ? demanda Hermione.

_Il nous a expliqué que puisque les Détraqueurs avaient rallié Voldemort, on devait apprendre à se défendre contre eux.

_Quoi ! s'exclama Harry. Vous apprenez le pa…

Ron donna un coup de pied à Harry. Personne ne devait savoir qu'il maîtrisait ce sort.

_Mais comment avez-vous fait ? demanda Harry qui ne comprenait pas pourquoi Ron l'avait frappé. Il faut un Détraqueur pour pouvoir s'entraîner.

_Pas forcément, répondit Fred. D'ailleurs il nous l'a démontré en faisant ce qu'on appelle un patronus.

_Vous avez réussi ? demanda Ron. Il paraît que c'est très dur.

_C'est très dur, confirma Fred. D'ailleurs personne n'a réussi. Le professeur Black nous a dit que cela prendrait au moins la moitié de l'année.

_Bon, on vous laisse, on va s'asseoir la-bas.

Les jumeaux s'éloignèrent vers l'autre côté de la grande table. Les plats commençaient déjà à apparaître et les élèves se mirent à manger.

_Pourquoi m'as-tu frappé Ron ? demanda Harry en se massant le tibia. Tout le monde sait que je connais ce sort.

_Personne ne le sait, rectifia Hermione. Et il vaut mieux que cela reste un secret.

_Mais je m'en suis servi pendant le match de Quidditch, il y a deux ans !

_Personne ne t'as vu à part le professeur Lupin, dit Ron. D'ailleurs si tu ne nous l'avais pas dit, nous ne l'aurions jamais su. 

_Je me demande ce que je ferais sans vous, ajouta Harry.

_Des bêtises, répondit Ron en souriant.

_A propos de bêtise, dit Hermione. Tu en ferais une énorme si tu oubliais la sélection pour l'équipe de Quidditch.

_J'y pense, répondit Harry la bouche pleine. Ce soir je mets une annonce. La sélection se fera ce week-end.

_Ce week-end ! s'exclama Ron. Mais ce n'est pas un peu tôt ?

_Le plus tôt sera le mieux. Il faut commencer à nous entraîner très rapidement car je tiens à gagner la coupe cette année. Pourquoi as-tu peur ?

_J'ai le trac.

_Tu seras parfait, lui dit Hermione. Je suis sûre que la sélection sera un parcours de santé pour toi.

_Merci, dit Ron. Tu as le don pour me remonter le moral.

Harry souri. Ils étaient mignons et quelque part il les enviait. Le déjeuner se passa le plus normalement du monde et c'est le ventre plein que chacun se dirigea vers sa salle de cours.