XIV. Entraînement.

A

u bout de quelques minutes de mise au point, Harry se leva et regarda Ron.

_Je veux que toi et Hermione deveniez des animagi.

_Quoi ? s'exclama Ron. Mais tu es fou. Il faut des années d'entraînement. Enfin, normalement il faut des années d'entraînement. Nous n'y arriverons pas. Et puis est-ce bien utile ?

_Tu rigoles ? Mes pouvoirs ont considérablement augmenté depuis mon apprentissage. De toute façon, c'est le seul entraînement que j'ai prévu pour vous.

Harry semblait résolu.

_Tu ne veux pas être un animagus ? demanda-t-il.

_Oh que si, répondit Ron. Mais je me demande si j'en suis réellement capable. Il faut être très puissant.

_Ne me fais pas rire. Tu es natif d'une grande famille de sorcier. Et en ce qui concerne Hermione, il n'y a pas de soucis à se faire : travailleuse comme elle l'est, elle devrait réussir sans problème.

Ron se laissa convaincre après quelques arguments bien placés et au bout d'une heure, ils rejoignirent la salle de cours de Défense Contre les Forces du Mal. Il n'y avait plus qu'Hermione et Sirius dans la pièce.

_Alors ? demanda ce dernier.

_Je suis désolé Sirius, mais j'ai dû partir pour me métamorphoser, répondit Harry.

_Déjà ? demanda Hermione.

_Oui. Vous voulez que je vous montre ?

Sirius se leva et alla fermer la porte.

_Voyons ça, dit-il.

Harry recula et se mit au centre de la pièce. Il se concentra vers un seul et unique but : sa métamorphose. Aussitôt, il sentit son corps se raidir puis se détendre. Il était à quatre pattes et tentait à nouveau de sourire devant la mine ébahie des spectateurs. Il se transforma et constata avec satisfaction qu'il n'avait aucun mal à se métamorphoser dans les deux sens.

_Superbe, dit Hermione. Vraiment superbe.

_Etonnant, ajouta Sirius. Tu n'auras mis qu'un mois et demi pour devenir un animagus. Dommage que ce soit illégal, sinon ton record aurait été inscrit au guiness book des sorciers. Tu es très doué Harry.

_Merci, répondit-il.

_Bon, on m'a dit que vous auriez besoin de cette salle pour vous entraîner. Je vais donc vous laisser. De toute façon je dois prévenir Dumbledore de tes progrès.

_Euh Sirius ? demanda Harry.

_Oui ? Qu'y a-t-il ?

_Je ne vais pas tourner autour du pot. Comme vous désirez qu'Hermione et Ron s'entraînent avec moi, je veux qu'ils deviennent des animagi.

_Quoi ! s'exclama Hermione.

Mais Ron lui fit signe de se taire.

_Je m'attendais à ce que tu me demandes ça, dit Sirius. Mais Dumbledore a déjà pris de gros risque en m'autorisant à t'enseigner la métamorphose.

_Je sais, répondit Harry. Mais il n'est pas obligé de le savoir.

_Tu me demandes donc de cacher la vérité à Dumbledore.

_Sirius, tu sais aussi bien que moi que s'ils ne deviennent pas des animagi, ils ne pourront jamais suivre mon entraînement.

Sirius restait silencieux. Il savait tout ça.

_Et puis, continua Harry, tu n'as pas eu besoin de prévenir Dumbledore pour devenir un animagus avec mon père.

Harry venait d'utiliser son argument le plus solide. Ron et Hermione regardaient Sirius qui réfléchissait.

_C'est d'accord, finit-il par dire. Je vais chercher le livre qui vous permettra de commencer votre apprentissage. Harry prépare-les s'il te plait.

Sirius sortit de la salle de classe. Hermione et Ron explosèrent de joie.

_Tu crois que nous en sommes capables ? demanda Hermione.

_Sans problèmes. Bon, allongez-vous.

Les deux autres s'exécutèrent sans poser de question.

_Je vais vous répéter ce que Sirius m'a dit avant que je ne commence. L'entraînement est très simple mais difficile à réaliser. Il va réciter un certain nombre de formules pendant que vous penserez à une seule idée : devenir un animal. Vous devrez penser à des sentiments forts comme la colère ou le courage. Videz votre esprit et concentrez le vers des images d'animaux, c'est tout.

Sirius revint dans la pièce et constata avec plaisir que la scène lui en rappelait une autre. Il y a longtemps.

_Je vois que Harry vous a tout dit. Le point clef est la concentration. Bien je vais commencer. Je pense que tu dois partir Harry.

_Pourquoi ?

_Parce que si je suis déconcentré, le processus est enraillé.

_Bon, à plus tard alors.

Il sortit de la pièce et ferma la porte. A l'intérieur, Sirius commençait à réciter les formules. Hermione et Ron avaient vidé leur cerveau de toute excitation et se concentraient sur des animaux en action. Tout se passait normalement.

Harry, quant à lui, devait essayer de ne pas se faire voir par McGonagall ou Dumbledore, qui l'imaginaient en train de s'entraîner. Il se dirigea donc vers la tour des Gryffondors et entra dans le dortoir. Dans sa chambre, personne ne viendrait le déranger.

Il savait que le rapprochement des animaux d'Hermione et Ron était une étape fondamentale, mais aussi très longue. Il avait donc l'après-midi pour lui. Et pas question de se faire remarquer.

Il se leva et fouilla sa valise. Harry ressortit les cadeaux que ses amis lui avaient offerts. Parmi les présents, il y avait le nécessaire à baguette d'Hagrid et le livre sur les techniques de Quidditch d'Hermione.

De quoi tenir tout l'après-midi, pensa-t-il.

Il entreprit donc de nettoyer sa baguette qui en avait bien besoin. Un mode d'emploi était fourni avec le nécessaire à baguette. Il suffisait simplement d'appliquer une sorte de pommade et d'essuyer le manche avec un chiffon bien spécifique.

Harry regarda sa baguette et constata qu'elle paraissait plus fragile et plus frêle que la première fois qu'il l'avait saisie. Cela faisait cinq ans et Harry se souvenait de ce jour comme s'il sortait de chez Ollivander.

Déjà cinq ans, pensa-t-il en essuyant sa baguette tant bien que mal.

Il se remémorait les moments qu'ils avaient passé depuis. Tant de choses lui étaient arrivées. La pierre philosophale, le miroir de Rised, la chambre des secrets, le patronus, le Tournoi des Trois Sorciers étaient quelques uns de ses souvenirs. Il se rendait compte que tous les événements qu'il avait vécus depuis qu'il était à Poudlard, l'avaient davantage rapproché de lui-même et de sa famille. Son passé est devenu plus clair ces dernières années que pendant ses onze premiers printemps.

Harry pensait à tout cela pendant qu'il donnait son dernier coup de chiffon. Etonnamment, une fois le nettoyage terminé, sa baguette sembla beaucoup plus solide qu'avant. Il l'agita en pensant à la première fois qu'il l'avait tenue. Elle émit les mêmes étincelles rouge et or, ce qui étonna Harry. A l'époque, ces couleurs n'évoquaient absolument rien pour lui, mais aujourd'hui elles lui sautaient aux yeux. Il les avait vues s'agiter frénétiquement pendant ses match de Quidditch, ou pendant la remise de la coupe des quatre maisons. Il les voyait chaque matin et chaque soir. Il s'agissait des couleur de sa maison, les couleur de Gryffondor.

Quels rapports y a-t-il entre ma maison et les étincelles que fait ma baguette ? pensa le jeune sorcier.

Harry réussit à se convaincre qu'il s'agissait d'une simple coïncidence. Par acquis de conscience, il se dit qu'il en parlerai à Hermione et Ron.

Il oublia toutes ces pensées lorsqu'il posa les yeux sur son livre de Quidditch. Quel plaisir de retrouver cet univers. Il s'allongea sur son lit et aussitôt Pattenrond, le chat d'Hermione, s'installa sur son ventre en ronronnant bruyamment. Harry le caressa et alla directement au chapitre qui traitait des techniques de l'attrapeur pour constater que la Feinte de Wronsky avait une bonne position dans le classement. Il faut dire que la technique de Viktor Krum était excellente et très efficace. Elle consistait pour l'attrapeur à faire croire à l'attrapeur de l'équipe adverse que le vif d'or était près du sol en amorçant une course rapide vers le bas. Au dernier moment, l'attrapeur se redressait pour laisser l'autre s'écraser. Le livre détaillait chaque mouvement et les adaptait aux différents balais. Un chapitre entier était consacré à l'Eclair de Feu 2 dont les caractéristiques étaient étonnantes. Certaines techniques décrites dans le livre n'étaient réalisables qu'avec ce balai à cause du lien qui se crée avec le joueur. L'une d'elle se nommait la Chute Victorieuse et consistait simplement à se jeter sur le vif d'or en sautant du balai à pleine vitesse. Pendant la chute, le balai revenait chercher le joueur. Cette technique faisait rêver Harry et il se promit de l'essayer.

Harry continua à regarder son livre tout le reste de l'après midi et bientôt le soir tomba. Il se leva, provoquant ainsi le mécontentement de Pattenrond, et sortit de la tour des Gryffondors. Il se dirigea vers la salle de cours de Défense Contre les Forces du Mal et frappa à la porte.

_Entrez, dit Sirius. Ah ! C'est toi Harry. Je viens juste de terminer.

Harry regarda son parrain qui semblait exténué, mais c'était rien comparé à la mine d'Hermione et Ron. Ils avaient l'air vidé de leurs forces mais ravis.

_Ca a marché ? demanda Harry.

_Oui, répondit Sirius. Tes deux amis sont très prometteurs.

Les deux intéressés sourirent du compliment.

_Je suis désolé, continua Sirius, mais je suis obligé d'y aller maintenant. Je dois voir Dumbledore pour l'informer de tes progrès. Quant à vous, ajouta-t-il à l'adresse du couple, je suis très fier de vous mais je vous recommande une très grande discrétion.

_Naturellement, assura Hermione.

Sur ces quelques mots, Sirius sortit et se dirigea vers le bureau de Dumbledore.

_Alors ? demanda Harry.

_Je ne sais pas pour Hermione, répondit Ron, mais pour moi c'était très dur. Mais qu'est-ce que le temps est passé vite ! J'ai l'impression que je me suis allongé il y a cinq minutes.

_Pour moi aussi ce fut difficile, confirma Hermione. Mais c'est une expérience époustouflante. Et puis, malgré ma fatigue, je me sens… je ne sais pas comment dire.

_Paisible ? demanda Ron.

_C'est ça. Je me sens paisible et très calme. Je me sens bien.

_Je connaîs cette sensation, répondit Harry. Sirius m'a expliqué que ce sont les pouvoirs qui commencent déjà à grandir. C'est la raison pour laquelle le ministère de la magie refuse que les sorciers deviennent des animagi. Mais au fait, quels sont vos animaux ?

_Je suis un chat, dit fièrement Hermione. Ou plutôt une chatte. Comme le professeur McGonagall.

Harry connaissait l'admiration qu'avait Hermione pour la directrice de Gryffondor.

_Et toi Ron ?

_Je suis un chien, répondit-il, comme Sirius.

Harry sourit à cette réponse. Une des caractéristiques du chien était la fidélité, le propre de Ron, de toute évidence.

_Je suis très fier de vous, finit-il par dire. Comme ça nous serons tous les trois de très grands sorciers. Par contre, vous devrez vous entraîner seuls pour la métamorphose d'animagus.

_Pourquoi ça ? demanda Ron.

_Tout d'abord parce que je ne vous serai d'aucune utilité, répondit Harry, et ensuite parce que nous devons apprendre ensemble de nouveaux sortilèges.

_Ca va nous faire beaucoup de travail, dit Hermione.

_Ne t'inquiète pas, répondit Harry. Si tu peux devenir une animagus, tu n'auras aucun mal à apprendre tes cours.

_Tu as sans doute raison, lui dit une Hermione peu convaincue.

_Qu'as tu fais pendant que nous étions ici ? demanda Ron.

_Je suis allé au dortoir et j'ai lu tout le livre sur les techniques de Quidditch. J'ai aussi nettoyé ma baguette avec le nécessaire à baguette qu'Hagrid m'a offert. Au fait, est-ce que vous vous souvenez du jour où vous avez reçu vos baguettes ?

_Bien sûr, répondit Hermione. Je m'en souviendrai toute ma vie.

_Moi, ma baguette était celle de mon frère, mais j'en ai eu une neuve depuis que l'autre à été cassée à la rentrée de notre deuxième année. Tu te souviens j'imagine.

_Et comment ! Je ne pourrai pas oublier le saule cogneur même avec un sort d'oubliette.

_Pourquoi nous as-tu demandé si on se souvenait de ce jour ? demanda Hermione.

_Je voulais savoir quelles avaient été les couleurs qui sont sorties de votre baguette lorsqu'elle vous a choisis.

Ses deux amis le regardèrent avec des yeux gros comme des soucoupes.

_J'ai dit une bêtise ?

_Mais enfin Harry, reprit Ron, les baguettes font toutes des étincelles blanches. Tu ne savais pas ça ?

_Non, pas particulièrement. Il n'en existe aucune qui fait des étincelles d'autres couleurs ?

_Absolument pas, dit Hermione. Ou bien je ne les connaîs pas. Pourquoi demandes-tu cela ?

Harry se sentait gêné à présent. Encore une particularité. Mais il pouvait au moins le dire à ses amis.

_Eh bien voilà pourquoi.

Sur ces mots il sortit sa baguette et l'agita machinalement comme il l'avait fait chez Ollivander. Aussitôt des étincelles rouges et ors sortirent de la baguette d'Harry. Harry savait que ce n'était pas normal rien qu'en regardant les têtes effarées de ses amis.

_Mais ce sont les couleurs de Gr… ! s'exclama Ron.

Il s'arrêta et regarda Hermione qui semblait aussi étonnée que lui.

_Je sais, dit Harry. Ce sont les couleurs de Gryffondor. Quelqu'un peut-il m'expliquer ?

Les deux amis semblaient encore plus gênés. Finalement, Hermione prit la parole.

_Tu te souviens de notre deuxième année, n'est-ce pas ? Tu te rappelles que tout le monde pensait que tu étais l'héritier de Serpentard parce que tu parlais le fourchelangue ?

_Oui, bien sûr que je m'en souviens.

Ce souvenir irrita Harry. Cette période avait été particulièrement désagréable pour lui.

_Eh bien selon moi, reprit Hermione, tu serais plutôt l'héritier de Gryffondor.

_Tu crois ? demanda Harry.

_Tu as raison Hermione, j'en suis absolument certain, intervint Ron. Et il y a de nombreuses preuves qui tendent à le confirmer.

_Mes étincelles rouges et or ? demanda Harry. Tu appelles ça une preuve ? C'est sans doute la plume de Fumseck qui fait cet effet.

Harry savait que ses amis avaient raison, mais il ne voulait pas les croire.

_D'accord pour les étincelles, reprit Ron. Mais te souviens-tu de l'épée que le choixpeau magique t'a donnée ? Elle appartenait à Godric Gryffondor.

_Et puis il me semble que nous n'avons même pas besoin de remonter aussi loin dans le temps, dit Hermione. Tu te transformes en quel animal ?

_En lion, dit timidement Harry.

_Et le lion est le symbole de Gryffondor, dit Ron. Ca ne fait aucun doute.

Harry se sentait attaqué de toute part. Il se sentait bien seul. Pourquoi y avait-il de telles charges sur ses épaules ? Il n'avait jamais rien demandé.

_L'héritier de Gryffondor, dit-il doucement comme si cela avait été une évidence depuis toujours. Pourquoi moi ?

Ses deux amis s'approchèrent de lui, compatissants.

_Nous sommes désolés, lui dit Ron. Je ne sais pas quoi te dire.

_Tu sais, reprit Hermione, au lieu de rejeter ce que tu es, accepte le et réalise toi. Tu es quelqu'un d'exceptionnel Harry. Reste fort.

_Elle a raison, dit Ron. Tu es le sorcier le plus puissant que j'aie jamais rencontré. C'est toi, et toi seul, qui peux débarrasser le monde de Voldemort. Alors utilise cet objectif pour t'accepter.

Harry regarda ses amis et leur sourit, signe que ces quelques mots avaient suffi et que d'autres seraient inutiles.

_J'irai voir Dumbledore demain, finit-il par dire. J'en parlerai avec lui.

Hermione et Ron ne dirent rien. Ce n'était pas nécessaire.

Les trois amis restèrent quelque temps silencieux.

_Bon, dit Harry, si on allait manger ? Je meurs de faim.

_Allons-y, dirent les deux autres, heureux de voir qu'Harry allait mieux.

Ils se levèrent donc et quittèrent la salle de cours pour rejoindre la Grande Salle.

Ils arrivèrent juste à temps.

_Tiens, dit Georges à Harry alors qu'il s'installait. Je pense que ce petit mot t'est destiné, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

Sur un morceau de parchemin, était griffonnés ces quelques mots : Je pense très fort à toi. Cho.

Il jeta un œil vers la tables des Serdaigles et vit Cho lui faire un grand sourire. Cette marque d'attention particulière lui remonta le moral.

Les élèves de sa classe le regardaient bizarrement et lui demandaient s'il allait bien. Après tout, il avait quitté le cours de Sirius assez précipitamment. Les Serpentards quant à eux s'en donnaient à cœur joie. En effet, Malefoy était persuadé qu'il avait fait peur à Harry.

Grand bien lui fasse, pensa-t-il. J'aurais bien voulu voir sa tête si je m'étais transformé devant lui.

Mais très vite, il chassa les Serpentards de son esprit et commença à discuter avec ses amis tout en mangeant avidement.

Le dîner se passa très bien et les élèves allèrent se coucher le ventre plein. Harry s'endormit que très tard tant il était perturbé par la nouvelle de la journée. Il était l'héritier de Gryffondor. Il ignorait ce que cela pouvait signifier. Quel était son rôle ? Comment se faisait-il que son père n'avait pas été lui-même cet héritier ? Si cela avait été le cas, pourquoi ne se transformait-il pas en lion ? C'est avec toutes ces questions à l'esprit qu'il s'endormit d'un sommeil sans rêve.

Le réveil fut le même pour Harry, c'est à dire trop tôt. Mais il n'y faisait même plus attention. Il se leva donc à 4H30 et se dirigea vers la Salle Commune avec le livre que Dumbledore lui avait offert. Il s'assit dans un grand fauteuil face à la cheminée et ralluma le feu à l'aide de sa baguette. Assis confortablement, il commença à feuilleter le livre sur la création ou l'amélioration de sortilège. A présent, il le connaissait pratiquement par cœur. Il referma le livre après une petite heure de lecture.

_Révisons un peu, dit-il. Ateme spero patronum, prononça-t-il doucement en pensant au moment où Cho l'avait embrassé.

Une belle bulle argentée l'entoura. Elle paraissait aussi solide qu'un roc et très dense.

_Omnivisio.

Il voyait la pièce comme en plein jour mais aussi à travers les murs. Plus il regardait loin, plus l'image était floue. Tout était calme dans le château.

_Finite incantatem.

La bulle disparut et la pièce redevint sombre.

_Accio fauteuil ate table, dit-il en pointant sa baguette vers le fauteuil sur lequel il était assis.

Ce dernier s'éleva et se dirigea vers la table qui était près de la fenêtre. Harry était assis sur la table, tout sourire.

_Accio fauteuil ate sol, prononça-t-il en désignant l'emplacement initial du fauteuil.

Il fit le même chemin en sens inverse. Si un élève avait été matinal, il aurait trouvé le spectacle plutôt étrange.

Harry se sentait toujours en pleine forme. Ses sortilèges ne le fatiguaient plus du tout. Il se mit à réfléchir à de nouvelles idées mais ne trouva rien. Il s'imagina alors être dans la même situation que la fin de l'année précédente, c'est à dire sans baguette. Le problème était simple : il était très puissant avec sa baguette, mais s'il en était séparé, il était aussi inoffensif qu'un nouveau-né.

_Comment puis-je faire pour récupérer ma baguette si on devait me la prendre ? murmura-t-il doucement.

Soudain, l'image de son balai lui revint en mémoire.

Il se crée un certain lien entre ce balai et son propriétaire, lui avait dit Sirius. Ce lien se fait grâce à un enchantement nécessitant le sang du propriétaire.

Harry se leva et courut vers le dortoir à une vitesse prodigieuse.

Pourvu que je n'aie pas jeté l'emballage et le mode d'emploi du balai, pensa-t-il.

Sans réveiller les autres, il fouilla dans sa valise et constata qu'il avait gardé tout ce qui touchait à son balai.

Génial, pensa-t-il. Je vais peut-être y arriver.

Il retourna dans la Salle Commune et commença à lire le petit livre qui avait été fourni avec l'Eclair de Feu 2. L'enchantement lui paraissait vraiment simple. Il suffisait de prononcer quelques formules en tenant le balai dans les deux mains.

Je me surestime peut-être mais je pense que je peux le faire assez rapidement, marmonna Harry. Voyons comment faire. Voilà.

Il se mit debout et prit sa baguette dans ses deux mains. Il commença alors à prononcer diverses formules. Au fur et à mesure que les phrases sortaient de sa bouche, la baguette se mit à chauffer. Plus Harry approchait de la fin, plus la baguette devenait brûlante. Il ne lâchait pas le manche. Harry sentait la baguette fondre sa chair et il souffrait mille morts. Au dernier mot il lâcha prise alors que la baguette le brûlait encore davantage. Elle tomba sur le sol en faisant un bruit sourd. Harry regarda ses mains avec crainte. Curieusement, aucune marque n'était visible et il n'éprouvait plus de douleur.

Il prit une longue inspiration.

Harry ramassa sa baguette et la regarda sous toutes les coutures. Aucune marque, ni aucune bosse.

Parfaite, pensa Harry.

_Sanguis, dit-il en tapotant son doigt avec.

Une petite goutte de sang perla au bout de son doigt. Il la fit tomber sur sa baguette qui s'illumina un bref instant, puis redevint normale. Elle semblait respirer dans sa main.

Exactement comme pour le balai, pensa-t-il. Faisons un essai.

Harry posa sa baguette sur le fauteuil et marcha jusqu'à l'autre bout de la pièce. Là, il se concentra sur sa baguette. Il l'appela intérieurement. Aussitôt, sa baguette s'éleva dans les airs et vint se placer directement dans la main du jeune sorcier. Harry avait un sourire qui reliait ses deux oreilles.

_Honnêtement, je ne pensais pas que ce serait si facile, dit-il.

Il regarda sa montre et pensa à l'heure.

_7H30. Je me demande où est Cho en ce moment. Elle doit sûrement encore dorm…

Sa montre afficha « Grande Salle » avant qu'il ait fini sa phrase.

_Parfait.

Il alla ranger ses affaires dans le dortoir et quitta la tour des Gryffondors pour rejoindre la Grande Salle. Là Cho l'attendait.

_Vous êtes en retard Mr Potter, dit-elle en souriant malicieusement.

_Je suis désolé de vous avoir fait attendre Mlle Chang, répondit le jeune sorcier.

Il l'embrassa tendrement et s'assit en face d'elle. Ils discutèrent jusqu'à ce que les autres élèves arrivent, puis se séparèrent pour que chacun rejoigne sa table.

Hermione et Ron s'installèrent près de Harry.

_Bonjour monsieur le lève-tôt, lui dit Hermione.

_Bonjour, dit-il simplement. Avez vous bien dormi ?

_Nous oui, mais toi ? demanda Ron. Qu'as-tu fait ce matin ?

_J'ai révisé mes sortilèges, répondit Harry. C'est pour mieux vous entraîner cet après midi.

_J'ai hâte d'y être, dit Hermione.

_Je me demande quand nous pourrons poursuivre notre entraînement personnel.

_Nous le ferons ensemble, répondit Hermione à Ron. Ne t'en fais pas, nous y arriverons.

Harry sourit face à cette détermination. Il se demandait combien de temps cela leur prendrait pour devenir des animagi. Sûrement plus longtemps que lui. Mais il avait bon espoir que ce ne soit pas trop long. Après tout, Hermione était une excellente sorcière et Ron pouvait faire preuve d'une volonté étonnante lorsqu'il le désirait.

La matinée se passa le plus normalement du monde. Hermione, Ron et Harry étonnèrent le professeur Flitwick par leur réalisation des nouveaux sortilèges et Harry continua de conseiller les élèves au cours de Défense Contre les Forces du Mal. Ce cours ne concernait que les Gryffondors. Il n'y eut donc pas de problème, ni aucune allusion à la « fuite » d'Harry la veille.

Après le déjeuner, où Harry eut encore droit aux moqueries des Serpentards, il alla avec ses deux amis dans la salle de Sirius pour le véritable entraînement.

Harry ferma la porte à clef et se tourna vers ses deux amis surexcités.

_Alors ? demanda-t-il. Par quoi commençons nous ?

_Je pense que tu peux déjà nous montrer les sortilèges que tu connaîs, lui répondit Hermione.

_C'est d'accord. J'ai créé ou amélioré plusieurs sortilèges. Le premier que j'ai amélioré est le patronus. Vous avez vu qu'un patronus normal est une forme argentée qui fonce vers n'importe quel Détraqueur. L'inconvénient est qu'une fois lancé, on ne peut pas le contrôler et le diriger, ni se déplacer sans risques. J'ai remédié à ce problème en améliorant le patronus vers une bulle protectrice de taille et d'intensité variable.

Hermione et Ron étaient bouche bée devant les propos d'Harry. On aurait pu entendre une mouche voler. Harry sourit et continua.

_Cela donne ceci. Ateme spero patronum, prononça-t-il en se concentrant sur la journée de son anniversaire.

Aussitôt une bulle argentée entoura le sorcier.

_Impressionnant, dirent les deux spectateurs.

_Je peux la faire grandir en fonction du besoin ou y inclure d'autres personnes. Regardez. Finite incantatem.

La bulle disparut et Harry s'approcha de ses amis.

_Ate Hermione, Ron, Harry spero patronum.

La bulle argentée se reforma autour des trois sorciers et grossit en fonction des déplacements de chacun.

_Finite incantatem. Evidemment, je me fatigue plus vite si la bulle est plus grande, mais j'ai quand même acquis une certaine endurance.

En effet, Harry semblait frais comme une rose.

_J'arrive pas à croire que tu sois capable de faire une chose pareille ! s'exclama Ron.

_Tu pourras en faire tout autant dans peu de temps, crois moi.

_Quels sont les autres sortilèges ? demanda Hermione qui ne tenait absolument plus en place.

_Le second est une amélioration du sort d'attraction. Normalement, il permet d'attirer un objet relativement léger vers soi. Mon amélioration consiste à déplacer un objet de n'importe quelle taille vers n'importe quel endroit. Cela donne ceci. Accio bureau ate armoire, prononça-t-il en effectuant divers mouvements de sa baguette.

Le bureau s'éleva dans les airs et alla se poser délicatement sur l'armoire sous l'œil ébahi des deux autres sorciers. Harry remit le bureau à sa place.

_C'est incroyable, dit simplement Ron.

_C'est vrai que c'est bien, dit Hermione. Mais le sort de lévitation peut faire la même chose, non ?

_C'est exact, mais tu es obligée de guider l'objet de ta baguette et ta concentration doit être parfaite, tandis qu'avec mon sort, il suffit de prononcer la formule.

_Je n'ai rien à répondre à cela, dit Hermione stupéfaite.

_Les deux autres sorts, reprit Harry, sont des sorts que j'ai créés. L'un sert à repousser les sortilèges, tandis que l'autre me permet de voir dans le noir ou à travers les murs.

_Et tu as réussi à faire tout cela en un peu plus d'un mois ! s'exclama Ron.

_Oui, mais je ne faisais que ça, répondit Harry qui se sentait rougir.

_Tu es époustouflant, lui dit Hermione. Mais nous allons te montrer que nous ne sommes pas mauvais non plus, n'est-ce pas Ron ?

_Exactement ! Que nous conseilles-tu d'apprendre en premier ?

Harry était heureux de voir ses amis aussi déterminé.

_Je pense que vous devriez commencer par apprendre le patronus. Vous en êtes capables et c'est la base nécessaire à mon sort le plus efficace.

_Qu'attendons nous alors ? demanda Hermione impatiente. Au travail !

Harry continua donc à conseiller ses amis et à les guider comme l'avait fait le professeur Lupin avec lui deux ans plus tôt. Au bout de quelques heures de travail acharné, Hermione et Ron donnaient de très bons résultas.

_Je suis très impressionné par vos progrès, dit Harry. Allez, un dernier essai.

_Spero patronus, prononcèrent les deux sorciers.

Aussitôt deux lions argentés sortirent de leur baguette et se dirigèrent vers le mur avant de disparaître. Harry était très flatté de cette manifestation. Il ne faisait aucun doute qu'il représentait beaucoup pour ses amis pour que leur patronus prenne cette forme.

_Bravo, dit-il. Bravo et merci.

_Merci à toi, répondit Ron. C'est chouette qu'ils aient cette forme.

_Oui, approuva Hermione. Un hommage que tu mérites bien.

Harry restait sans voix. Ses deux amis n'ajoutèrent rien de plus. Ils s'entraînèrent encore un peu, et puis, exténués, ils s'assirent dans un coin.

_Félicitations leur dit Harry. Vous avez réussi. Je pense que ce sera tout pour aujourd'hui, vous avez été parfaits.

_Merci monsieur le professeur, répondirent moqueurs les deux sorciers.

Ils rangèrent la salle avant de partir. Tous allèrent se coucher à la fin du dîner. Ils s'endormirent sans aucun mal.