XX. Ballade et déplacements.
Le blizzard s'était abattu sur la région en seulement quelques minutes. Il y avait peu d'habitants dans cette partie du pays. Quelques villages de paysans constituaient un rempart pour un immense château niché sur le haut d'une colline. Personne n'avait jamais vu le propriétaire. On savait juste qu'il avait réaménagé quelques mois auparavant. Selon certains, il y avait « des choses pas claires » qui se passaient là-haut. Parfois, des gens disparaissaient, mais la police ne trouvait rien. La superstition gouvernait la région et les mots « sorcellerie » ou « diablerie » meublaient les conversations. Là haut, loin de ces moldus, ce n'était pas la vie de château. Bien que leurs conditions de vie soient lamentables, les Mangemorts se faisaient de plus en plus nombreux. Les Détraqueurs, quant à eux, restaient dans les cachots où les rares prisonniers désespéraient. Tous les mois, les geôles étaient réapprovisionnées pour pouvoir les nourrir. Dans la plus grande salle, assis dans un fauteuil autour duquel tournait un énorme serpent, se tenait le maître des lieux. Ses yeux incandescents suivaient une belle écriture sur une page déchirée. Dans la nuit, Voldemort souriait. Harry se réveilla. Le simple picotement qu'il ressentait à sa cicatrice était un avertissement. Un événement important allait se produire. Peu à peu, le jeune sorcier reprit ses esprits et la tristesse revint. Après lui avoir raconté la légende des héritiers, Dumbledore lui avait expliqué que tous les héritiers n'étaient pas de force égale. Certains étaient plus puissants que d'autres, mais tous les millénaires, un héritier aussi puissant que son ancêtre apparaissait. Le directeur lui avait ainsi révélé qu'il était le second véritable successeur de Gryffondor et qu'il souhaitait procéder à la succession d'ici quelques mois. Depuis, Harry ne pensait qu'à cela. Il ne voyait pas son hallucinante promotion, mais la disparition prochaine de l'homme le plus puissant et le plus respecté de ce siècle. Et il en serait la cause. Dumbledore avait bien essayé de lui remonter le moral, mais en vain. Il aurait voulu ne jamais posséder de tels pouvoirs. _Bon ! s'exclama-t-il. Il faut que j'aille prendre l'air. Harry se leva et s'habilla. Il ne s'habituait pas à la solitude qui l'envahissait. Ses amis n'étaient partis que depuis quelques heures, mais il ressentait déjà un vide. Il regarda sa montre. _3H00 du matin, dit-il d'un air découragé. Je n'ai encore dormi que cinq heures. C'est désespérant. Malgré ce faible temps de repos, Harry ne ressentait aucune fatigue. Il prit sa cape d'invisibilité et sortit du dortoir. La Salle Commune n'était éclairée que par un petit feu de cheminée. Harry s'habilla du tissu magique et sortit. Le portrait de la grosse dame pivota. _Mais que se passe-t-il ? demanda-t-elle d'une voix ensommeillée. Elle se rendormit sans obtenir de réponse. Harry s'éloigna et se cogna bruyamment contre un mur. Il sortit sa baguette. _Omnivisio, marmonna-t-il. A présent, il voyait comme en plein jour. Il constata que, pendant les vacances, Rusard ne faisait pas de zèle, surtout s'il n'y avait qu'un élève. Il n'y avait pas un mouvement dans le château. Harry se dirigea vers l'entrée principale. Une fois à la porte, il pouvait entendre le vent qui soufflait à l'extérieur et sentir le froid se glisser à travers la pierre et le bois. Il frissonna en retirant sa cape d'invisibilité qu'il rangea dans un coin de la pièce. Il ouvrit la porte. Le vent glacial l'attaqua instantanément. Il ressentait le froid par tous les pores de la peau, ce qui lui donnait l'impression d'être piqué par des milliers de petites aiguilles. Harry ferma les yeux et se concentra. Son corps se réchauffa tandis que ses mains devenaient des pattes et ses cheveux une crinière. En ouvrant les yeux, il s'aperçut qu'il ne ressentait plus le froid de la même façon. C'était juste une information envoyée au cerveau. Il savait qu'il faisait froid, c'est tout. Il fit quelques pas dans la neige. Ses sens amplifiés lui permirent d'en apprécier toute la finesse et la légèreté. Au bout de quelques minutes, il s'élança à pleine vitesse vers la forêt interdite. Le sentiment de libération qu'il éprouvât alors était absolu. Le fait de ne pas avoir pu monter sur son balai depuis un moment accentuait sa sensation. Il s'aperçut que sa vitesse n'était pas négligeable car il atteignait déjà la forêt. C'est sans aucune crainte qu'il emprunta le sentier. Il continua de courir pendant quelques temps puis s'arrêta En regardant autour de lui, Harry constata que la forêt n'était pas vraiment touchée par la tempête. Les énormes arbres bloquaient une grosse quantité de neige au dessus du sol et la température était bien plus haute qu'en plein air. En revanche, la luminosité était nulle. S'il ne s'était pas métamorphosé, il se serait probablement perdu. Mais là, grâce à sa vision féline, aucun détail ne lui échappait. Harry continua sa marche vers le c?ur de la forêt. Allait-il revoir la voiture de Mr Weasley revenue à l'état sauvage, ou Aragog, l'araignée géante, amie d'Hagrid ? Peut-être verrait-il une licorne ou un centaure. Il se souvenait de sa rencontre avec Firenze en première année. Le reconnaîtrait-il sous cette forme ? Un bruissement de feuille attira son attention. Il y avait quelque chose à droite. Sans réfléchir, il s'élança vers le buisson et sauta par dessus. Il se retourna immédiatement après avoir atteint le sol et se prépara à bondir à nouveau. _Bonsoir Harry Potter, lui dit un centaure relativement jeune. Harry se métamorphosa. La forêt redevint obscure. _Firenze ? demanda-t-il étonné. _Heureux que tu me reconnaisses, Harry. _C'est bien normal. Mais toi, comment m'as tu reconnu ? _Tu es du signe du lion, Harry, répondit le centaure. Et puis, ton étoile brille totalement depuis peu. J'en ai conclu que tu étais devenu un animagus. Les centaures, ces êtres mi-hommes mi-chevaux, étaient réputés pour savoir parfaitement interpréter les signes du ciel. _C'était facile, continua-t-il. Tu dois être le seul lion avec Dumbledore à des dizaines de kilomètres à la ronde. _J'avais complètement oublié que Dumbledore pouvait se transformer en lion. Tu l'as déjà vu ? Comment est-il ? _Oui. Son pelage tend vers le gris. _Comment ? Il n'est pas de la même couleur que moi ? _Absolument pas. Toi, tu ressembles davantage à Godric Gryffondor. _Comment le sais-tu ? _Je vois que c'est ta première ballade dans la forêt. _Je ne comprends pas. Les centaures ne disaient les choses qu'à moitié, ce qui exaspérait Harry. Firenze ne répondait pas. _Tu me cherchais ? demanda le jeune sorcier résigné. _Je connaissais exactement l'instant où tu allais entrer dans la forêt, lui dit-il en souriant. Mais effectivement, je souhaitais te voir. Je voulais vérifier ce que j'avais lu dans les étoiles et ce sont tes yeux qui me le confirment. _Qu'as-tu lu ? _La fin d'un cycle, Harry Potter, et le début d'un autre. _De quoi parles-tu Firenze ? demanda-t-il alors que le centaure s'éloignait. _Tout évolue, Harry Potter ! Tout a un cycle ! lança-t-il avant de disparaître. Le jeune sorcier avait compris. Le cycle de Dumbledore allait se terminer et le sien allait commencer. Une larme coula le long de sa joue. Si Firenze avait vu la mort de Dumbledore, c'est qu'elle allait se produire. Il resta sans bouger pendant quelques instants, jusqu'au moment où il sentit le froid l'envahir à nouveau. Il regarda sa montre. _6H00 ! s'exclama-t-il. Il vaut mieux que je rentre avant que quelqu'un ne s'aperçoive de mon absence. Harry entama sa course. Au premier obstacle, il sauta et se métamorphosa pour atterrir sur ses deux pattes avant. Il accéléra tandis qu'il sentait la chaleur circuler dans son corps. Arrivé à l'entrée du château, c'est une main d'homme qui poussa la lourde porte. Rapidement, il récupéra sa cape d'invisibilité, l'enfila et se dirigea vers la salle de bain des préfets. Rien de tel qu'un bain chaud après une bonne ballade, pensa-t-il en souriant. Après avoir prononcé le mot de passe, le passage se libéra. Des dizaines de robinets entouraient la baignoire. Harry en ouvrit plusieurs avant de se déshabiller. Le bruit de l'eau aurait pu paraître assourdissant dans le silence actuel du château, mais les murs étaient assez épais pour qu'un troupeau de rhinocéros passe inaperçu. Harry retira ses lunettes et se glissa parmi les bulles de différentes couleurs. L'eau était à une température parfaite et le jeune sorcier eut l'impression de se trouver dans un énorme cocon. Sous l'effet relaxant, Harry ferma les yeux et repensa à son excursion dans la forêt interdite. Firenze lui avait confirmé la mort prochaine de Dumbledore. En ravalant ses larmes, il se remémora tous les instants qu'il avait vécus avec le directeur. Chaque fois qu'il s'était senti seul, le vieil homme avait été présent. Son regard réconfortant lui remontait le moral. Et dans peu de temps, il ne serait plus là. Harry ne put s'empêcher de penser qu'il était encore la cause d'une triste disparition. Ses parents, Cédric, Cho, et bientôt Dumbledore. Si je ne meurs pas naturellement en te léguant l'héritage qui te reviens, lui avait dit le directeur, c'est Voldemort qui me tuera et la succession se fera d'elle-même. Sincèrement Harry, je préfère m'éteindre en paix. Ces mots lui étaient récurrents. Les raisons invoquées par Dumbledore étaient bonnes : il fallait se plier à sa volonté. Curieusement, c'est à ce moment-là qu'Harry se souvint d'une phrase de Firenze. Le centaure avait parlé d'une « première ballade ». Cette remarque et la référence à Godric Gryffondor métamorphosé en lion, étaient une invitation à explorer la forêt. Harry s'exécuterait donc, bien décidé à résoudre cette nouvelle énigme. Au bout d'une bonne heure, Harry sortit de l'eau, se rhabilla et sortit de la salle de bain, non sans avoir répondu à l'aurevoir de la ravissante sirène qui ornait le plafond. Il était 7H30 et Harry n'entendait toujours aucun mouvement dans le château. Il descendit tout de même à la Grande Salle pour déjeuner. Lorsqu'il arriva, il vit qu'il n'y avait plus qu'une seule table placée au centre de la pièce. Le plafond magique montrait qu'il neigeait dehors, mais aucun flocon ne tombait sur le sol et la température ambiante était agréable. Harry s'assit et aussitôt, un pichet de jus de citrouille apparut ainsi que de nombreuses tartines. Vive les elfes de maison, pensa Harry après s'être servi un verre du liquide sucré. Il mangea en pensant aux divers sortilèges qu'il connaissait. Après une rapide énumération, il s'aperçut qu'il pouvait aisément se défendre contre les Détraqueurs mais pas contre les sorciers. Le seul sort de défense qu'il pratiquait était celui de répulsion qu'il avait créé. Ce sortilège n'était efficace que contre des sorts relativement faibles et nécessitait toute son attention. De plus, il ne connaissait pratiquement pas de sort offensif. _Ca me laisse pas mal de devoirs de vacances, dit-il. _Bonjour Monsieur Potter, fit une voix dans son dos. Harry se retourna et vit le professeur Rogue. _Bonjour professeur, répondit-il avec un sourire. Le Maître des Potions s'assit devant lui. _De quoi parliez-vous ? demanda-t-il. _Je vous demande pardon ? _J'ai entendu « devoirs de vacances » lorsque je suis arrivé et vu votre niveau actuel... Il y eut un petit silence. _Enfin, j'imagine que vous n'aurez aucun mal à les faire, reprit-il. Harry se sentit gêné par ce compliment déguisé. _En fait, professeur, je me rendais compte que je ne connaissais aucun sort offensif. _Pourquoi auriez-vous besoin d'en connaître ? demanda Rogue après avoir bu une gorgée du café qui venait d'apparaître devant lui. _Et bien, vous savez sans doute à quel point je désire ne plus être une cible pour mes ennemis. Et je ne crois pouvoir me sortir d'une attaque qu'avec des stupéfix. Rogue sourit. Il savait qu'Harry avait raison et où il voulait en venir. _Vous désirez savoir si je connais des sorts offensifs qui ne soient pas impardonnables ? lui demanda-t-il avec un air entendu. Le maître des potions avait vu juste et Harry fut surpris par ce ton direct. _Euh... Absolument professeur. Pouvez-vous m'aider ? _Nous verrons cela lorsque vous saurez transplaner. _C'est vous qui allez me faire passez mon permis ! s'exclama Harry. Comment cela va-t-il se passer ? Harry avait oublié les sorts et était excité à l'idée de maîtriser le moyen de transport le plus efficace qui soit. Le fait que ce soit Rogue qui le lui enseigne ne le dérangeait pas le moins du monde. _Je vais vous enseigner la théorie, puis nous passerons à la pratique. Tout se passera dans cette salle puisqu'elle est assez vaste. _Mais professeur, je pensais qu'il était impossible de transplaner à Poudlard. _Effectivement, répondit Rogue après avoir terminé son premier toast. On ne peut en aucun cas transplaner de l'extérieur vers le château et inversement. Néanmoins, le professeur Dumbledore peut agir de telle sorte que certaines personnes puissent le faire dans l'enceinte de Poudlard. Harry était estomaqué. Si Hermione entendait cela, pensa-t-il. _Comment croyez-vous que les professeurs puissent surveiller efficacement les élèves ? demanda Rogue en souriant. Naturellement, personne n'est au courant. Cela paraissait évident. L'espace était tellement important que les déplacements urgents étaient irréalisables sans une intervention magique. _D'ailleurs, reprit le sorcier, voici le professeur Dumbledore qui vient procéder à la liberté de mouvement. _La liberté de mouvement ? _C'est le nom du sort qu'il a créé. Vous êtes un privilégié Monsieur Potter, ajouta Rogue sans aucun sarcasme. Harry en avait conscience. Tant de confiance et de liberté lui étaient accordées. _Bonjour professeur, fit Harry lorsque le directeur arriva à la table. Les mots de Firenze lui revinrent en mémoire et la mine du jeune sorcier s'assombrit. Dumbledore le regarda avec un sourire bienveillant. _Bonjour Harry, bonjour Severus. _Bonjour professeur. Sans plus de cérémonie, Dumbledore sortit sa baguette et marmonna une série de formule incompréhensibles pour Harry. Au bout d'un certain temps, une faible lumière bleutée l'enveloppa, puis disparut. _Voilà, dit simplement Dumbledore. A présent tu peux transplaner où tu le souhaites dans le château, dés que tu sauras le faire, bien entendu. Tous les professeurs peuvent le faire ? demanda Harry. _Sans exception, répondit le directeur. Il n'y a que Rusard qui en est incapable et ce, pour les raisons que tu connais. Harry sourit. Il avait appris en deuxième année que le concierge de Poudlard était un cracmol, c'est à dire une personne née de parents sorciers mais dépourvue de pouvoirs magiques. C'était l'inverse de ce que Malefoy appelait sang-de-bourbe, un sorcier né de parents moldus. Le professeur Dumbledore s'installa pour prendre son petit déjeuner. _Monsieur Potter me disait tout à l'heure qu'il ne connaissait pas de sortilèges offensifs, lui dit Rogue. J'ai pensé que vous arrangeriez cela bientôt. _Vous pensez bien Severus, confirma le directeur. Cela fait partie de mes projets. Harry ne comprenait pas ce qui venait de se dire, mais il n'osa pas intervenir. Peu à peu, les professeurs vinrent s'installer à la table et lorsqu'un Sirius encore endormi arriva, tous étaient présent. Harry ne se sentait pas à l'aise parmi tous ces adultes, mais aucun ne remarqua sa gêne. Les discussions tournaient toutes autour des élèves qui venaient de partir, ce qui étonna le jeune sorcier. En effet, il était surpris de ne voir personne parler de Voldemort et de ses activités, ou même de la mort d'une élève au sein de Poudlard. Pour lui, ils étaient insouciants. Après une bonne heure, tous les professeurs retournèrent vaquer à leurs activités, laissant seuls Rogue et Harry. _Nous allons pouvoir commencer, dit le professeur tandis que les plats redevenaient étincelants comme s'ils n'avaient jamais servi. Tout d'abord, je dois vous dire que la pratique sera beaucoup plus laborieuse pour vous que la théorie. Harry fit un signe de tête pour dire qu'il ne craignait pas le travail. _Transplaner, commença Rogue, permet à un corps et à tout ce qu'il touche de se déplacer instantanément. On peut citer deux limites. La première condition est que l'on doit connaître le lieu où l'on souhaite transplaner. Ainsi, quelqu'un qui n'a jamais vu le ministère de la magie, ne pourra pas s'y rendre de cette façon. Néanmoins, un autre moyen nous permet d'accéder à un lieu inconnu. Il suffit de visualiser quelqu'un que l'on connaît pour se retrouver à ses côtés. Les Mangemorts utilisent ce procédé pour rejoindre Voldemort où qu'il soit. A ces mots, Rogue fit une grimace comme lorsque l'on évoque un mauvais souvenir. Sa main s'attarda sur son avant bras. La marque des ténèbres, pensa Harry. Elle doit le faire souffrir constamment. _Vous me suivez Monsieur Potter ? _Absolument professeur. Quelle est la deuxième limite ? _Elle concerne tous les sorciers pour n'importe quel sort. Il s'agit, vous l'aurez compris, de la puissance. Ainsi, plus un sorcier est puissant, plus la distance qu'il pourra couvrir en transplanant sera importante. Naturellement, la puissance joue également sur le transport d'objet ou de personne, la taille et le poids variant selon le niveau du sorcier. En ce qui concerne ces transports, les objets doivent être mobiles. On ne peut pas faire transplaner un arbre ou une maison car ils sont ancrés au sol. En revanche, on peut tout à fait transporter une table ou n'importe quoi de plus imposant, à condition d'être suffisamment puissant. Pour un transport, un simple contact physique suffit. Vous me suivez toujours ? _Toujours professeur Rogue. Quel a été le plus gros objet jamais transporté ? Rogue parut surpris de la question. _Eh bien... On vit Dumbledore faire transplaner avec lui une dizaine de personnes. Ils se tenaient tous la main. Par contre, il a mis quatre jours à s'en remettre. _Comment procède-t-on pour transplaner ? demanda Harry qui souhaitait poser cette question depuis le début. _J'y viens Monsieur Potter, répondit le Maître des Potions en souriant. On dirait que vous êtes pressé. _C'est exact. Le professeur Dumbledore m'a dit que j'aurais une certaine autonomie si je savais transplaner. _Je vois. Bon, continuons alors. Tout est lié à la concentration et à la volonté. L'esprit doit fixer le lieu ou la personne tandis que le corps doit vouloir se déplacer. C'est là que réside la difficulté. Chaque sorcier est apte à transplaner. Cependant, il faut une certaine puissance pour pouvoir inculquer au corps cette volonté de déplacement. C'est pourquoi on ne peut pas passer le permis de transplaner avant la majorité. Harry leva un sourcil. _Inutile de préciser que vous avez déjà cette puissance, ajouta Rogue. _Merci professeur, dit-il en rougissant. _Voilà, continua le sorcier en faisant comme s'il n'avait rien entendu, c'est fini pour la théorie. Vous avez compris ? _Oui monsieur. _Bien. Pour la pratique, je vais vous faire une démonstration et puis vous essaierez. Joignant le geste à la parole, il disparut pour réapparaître prés de la porte d'entrée puis revint à sa place initiale. _Vous voyez ? A présent, je vais aller dans mon bureau chercher quelque chose et vous allez vous rendre dans une autre pièce. Je vais ainsi vous montrer comment on suit une personne et comment on transporte des objets. Rogue disparut à nouveau et Harry alla dans la salle qui jouxtait la salle à manger, derrière la table des professeurs. On l'y avait invité l'année précédente, après que la Coupe de Feu eut prononcé son nom, l'inscrivant ainsi pour le tournoi des Trois Sorciers. A peine eut-il fermé la porte que le professeur réapparut sous ses yeux. Il tenait dans la main une fiole qui contenait une potion rougeâtre. _Satisfait de la démonstration Monsieur Potter ? _Absolument professeur. C'est impressionnant et très pratique. _N'est-ce pas ? Au fait, j'ai oublié de vous préciser que transplaner fatigue beaucoup. Là encore, la puissance du sorcier joue un rôle prépondérant. Plus un sorcier est puissant, plus grande sera son endurance.
Il eut un petit silence. _Vous avez des questions ? _Aucune, professeur. _Bien. Alors c'est à vous de jouer. _Pardon ? _Je ne peux plus vous aider. Vous avez apparemment tout compris et seule la pratique fera évoluer les choses. Lorsque vous serez prêt, trouvez moi et je vous ferai faire un petit test. A ce soir ou dans une semaine. Merci de votre attention. _Merci à vous professeur, répondit Harry surpris d'être ainsi laissé en plan alors que Rogue disparaissait. Le jeune sorcier retourna à la Grande Salle et réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre. _Il suffit de visualiser et de vouloir, dit-il tout haut. La difficulté est d'inculquer la volonté à son corps. Cette volonté, son corps la connaissait sous une autre forme. En effet, devenir un animagus c'est apprendre au corps la volonté et la force de se métamorphoser. C'est d'ailleurs la difficulté. _Je ne devrais pas avoir trop de mal, dit Harry. Enfin, j'espère. Il pensa à la salle où il se tenait quelques minutes auparavant et la visionna. Il l'avait bien en tête à présent. Ensuite il provoqua la même sensation qu'il avait lorsqu'il se métamorphosait et... il se transforma en lion. Ce n'est pas vraiment ce que je voulais, pensa-t-il. Il redevint humain. _Heureusement qu'il n'y a personne, dit-il. Bon, recommençons. Il pensa à la salle et cette fois, il eut la volonté de ne déplacer que les organes de son corps. Bientôt, après deux ou trois essais infructueux, il ressentit comme un glissement. Il avait eu l'impression de tomber dans le vide. Instinctivement, il avait fermé les yeux. En les rouvrant, il sourit. Cela avait marché. Il avait changé de salle. Harry était stupéfait. Non seulement parce qu'il avait réussi, mais aussi par le procédé lui-même. Pour lui, qui avait vécu onze ans dans une famille moldue, transplaner était vraiment un phénomène impressionnant. En pensant à son enfance, il se souvint d'une des nombreuses fois où son cousin le poursuivait. Un jour, sous l'emprise de la peur, il avait fermé les yeux et s'était retrouvé sur le toit de son école. _J'avais dû transplaner, dit Harry. Il sourit. Il était content d'avoir réussi en si peu de temps. Mais curieusement, il ne s'en étonna pas davantage. Il avait déjà accompli tant de choses réputées impossibles qu'il avait acquis une grande confiance en lui. En fait, il aurait été déçu de ne pas y arriver en peu de temps. Harry fit quelques pas dans la pièce et constata avec plaisir qu'il ne ressentait ni fatigue, ni courbatures. _Continuons alors. Il imagina son dortoir et le visualisa. Il eut la même volonté de déplacer l'intérieur de son corps ; après la même impression de vide, le glissement se produisit. Instantanément, la salle disparut pour laisser place à sa chambre. _J'adore, dit-il. C'est parfait comme moyen de déplacement. Il était très excité. Cela signifiait en effet, une autonomie pratiquement totale pour lui. Il pensa à Rogue, provoqua une nouvelle fois le déplacement de ses organes et disparut. En réapparaissant devant son professeur de potion, il put voir se dessiner la surprise puis l'effarement sur son visage. Quel bonheur pour Harry. _Re-bonjour professeur, dit-il calmement. Je suis venu faire le test dont vous m'aviez parlé. _N... Naturellement Monsieur Potter, bredouilla-t-il. Manifestement, le sorcier ne s'attendait pas à revoir si rapidement son jeune élève. _Allons dans la Grande Salle, voulez-vous ? dit-il avant de disparaître. Harry le suivit et apparut à ses côtés. _Bien, Monsieur Potter. Je dois d'abord vous dire que je suis stupéfait. Je savais que vous y arriveriez aujourd'hui, mais je ne pensais vraiment pas que ça allait être si rapide. _Merci professeur. Je voulais justement vous demander si le fait d'être un animagus m'a facilité l'apprentissage. Le visage de Rogue s'éclaira. _Bien sûr. J'avais oublié que vous pouviez vous métamorphoser. Naturellement, pour un animagus, apprendre à transplaner est une partie de plaisir. C'est exactement ce qu'avait vécu Harry. Une partie de plaisir. _En quoi consiste mon test, professeur ? Rogue sourit. Il allait un peu corser les choses. _Vous allez me chercher plusieurs objets et les entasser ici, dit-il en désignant un coin de la salle. Je souhaite voir un jeu de cartes de Madame Trelawney, le gros chaudron qui est dans ma salle de cours, un hibou de la volière et votre parrain. _Mon parrain ? Sirius ? _Il est au courant. Il ne s'attend pas à vous voir si tôt, c'est tout. Vous avez cinq minutes. Harry écarquilla les yeux. Il reprit ses esprits, se concentra et transplana dans la tour de son professeur de divination. _Je vous emprunte ces lames du destin, professeur, dit Harry dans un sourire alors que Trelawney hurlait qu'elle avait une vision. Il transplana dans la salle de cours de potions où il vit le chaudron dont Rogue parlait. Il le toucha après avoir mis le jeu de cartes dans sa poche, et disparut. A son apparition, les hiboux sursautèrent tous en même temps. Il choisit un grand duc et le plaça sur son bras. De son perchoir, Hedwige ne semblait pas apprécier le spectacle, mais Harry n'y fit pas attention. Il toucha à nouveau le chaudron et fixa l'image de Sirius dans sa tête avant de transplaner. Plus il ramenait d'objets, plus la concentration devait être importante. Harry avait l'impression de peser deux fois plus lourd. En le voyant, Sirius lâcha son rasoir dans l'évier. Son parrain était dans sa salle de bain, torse nu et le visage encore à moitié couvert de mousse. _Salut Harry, dit-il. Je vois que... _Tu peux mettre ta main sur mon épaule ? coupa le jeune sorcier. Je n'ai plus beaucoup de temps. Sirius s'exécuta et Harry pensa à Rogue après avoir vérifié que tout était en place. En transplanant, il eut l'impression de faire un réel effort physique. Il apparut devant la Maître des Potions qui tenait toujours sa montre. La scène était étonnante. En effet, si un professeur était entré dans la Grande Salle, il aurait vu un adulte qui tenait sa montre devant un jeu de cartes, un chaudron, un hibou complètement affolé, un professeur de Défense Contre les Forces du Mal torse nu avec la moitié du visage barbouillé de mousse à raser, et un jeune sorcier essoufflé. _Vous avez ramené tous les objets d'un coup ?! s'exclama Rogue. _Merci de me considérer comme un objet Severus, dit Sirius. Le sorcier réprima un sourire et regarda Harry en attendant une explication. _Ce n'est pas comme ça que vous vouliez que je fasse ? demanda ce dernier entre deux fortes inspirations. _Eh bien, je m'attendais à ce que vous les rameniez un par un. _Tenez professeur, lui dit Harry en lui tendant le jeu de cartes. Pouvez- vous le rapporter à Madame Trelawney s'il vous plaît ? Je crains qu'elle ne fasse une attaque si elle me voit encore apparaître aujourd'hui. Rogue prit le jeu en souriant. _Félicitations Monsieur Potter, lui dit-il. Vous avez parfaitement réussi ce test. _Merci professeur. Il transplana en ramenant le chaudron. Le hibou, quant à lui, s'était déjà enfui par l'une des fenêtres. _Bravo Harry, lui dit Sirius. Je ne pensais pas que tu y parviendrais aussi rapidement. _Le fait d'être un animagus m'a beaucoup aidé. _Pas tant que tu le crois. Ton père et moi-même avons mis de longues heures avant de pouvoir transplaner sur de courtes distances. Et nous étions déjà des animagi. Harry semblait gêné. _De plus, Rogue ne te l'a pas dit, mais peu de sorciers peuvent transporter autant d'objets en si peu de temps. _C'est fatiguant, avoua le jeune sorcier en souriant. _Sans doute parce que tu n'as pas encore l'habitude, précisa son parrain. Bon, reprit-il après un certain temps, je vais retourner à ma toilette si ça ne te dérange pas trop. _Naturellement. A plus tard Sirius. Il le félicita une nouvelle fois avant de transplaner à son tour. Harry s'assit sur le banc. Il ne ressentait pratiquement plus l'effet de la fatigue. C'était comme s'il avait eu un kilomètre à parcourir en courant. Pendant les déplacements, il avait eu l'impression de tirer un immense poids avec lui. Mais la concentration aidant, il y était parvenu, forçant l'admiration de Sirius et Rogue. Il était assez fier de lui. Le reste de la journée ne fut que repos et flânerie. A la fin du dîner, Dumbledore le prit à part. _J'ai appris que tu avais réussi à transplaner en peu de temps. Félicitations. _Merci professeur. J'ai donc votre autorisation pour aller à Pré-au-Lard ? demanda-t-il avec précaution. _Tu peux aller où bon te semble. Je suis assez confiant pour te laisser une totale autonomie. Je souhaite juste que tu rentres au château chaque soir. Harry n'en croyait pas ses oreilles. Il pouvait aller voir les Weasley, il était libre. _Merci professeur ! s'exclama-t-il. _Oh, il n'y a pas de quoi. D'ailleurs, tu n'as pas eu vraiment besoin de mon autorisation pour ce matin, alors je me demande si celle-ci est nécessaire. Hum ? Dumbledore lui lança un regard complice et Harry sourit. Décidément, il ne pouvait rien cacher au vieil homme.
Le blizzard s'était abattu sur la région en seulement quelques minutes. Il y avait peu d'habitants dans cette partie du pays. Quelques villages de paysans constituaient un rempart pour un immense château niché sur le haut d'une colline. Personne n'avait jamais vu le propriétaire. On savait juste qu'il avait réaménagé quelques mois auparavant. Selon certains, il y avait « des choses pas claires » qui se passaient là-haut. Parfois, des gens disparaissaient, mais la police ne trouvait rien. La superstition gouvernait la région et les mots « sorcellerie » ou « diablerie » meublaient les conversations. Là haut, loin de ces moldus, ce n'était pas la vie de château. Bien que leurs conditions de vie soient lamentables, les Mangemorts se faisaient de plus en plus nombreux. Les Détraqueurs, quant à eux, restaient dans les cachots où les rares prisonniers désespéraient. Tous les mois, les geôles étaient réapprovisionnées pour pouvoir les nourrir. Dans la plus grande salle, assis dans un fauteuil autour duquel tournait un énorme serpent, se tenait le maître des lieux. Ses yeux incandescents suivaient une belle écriture sur une page déchirée. Dans la nuit, Voldemort souriait. Harry se réveilla. Le simple picotement qu'il ressentait à sa cicatrice était un avertissement. Un événement important allait se produire. Peu à peu, le jeune sorcier reprit ses esprits et la tristesse revint. Après lui avoir raconté la légende des héritiers, Dumbledore lui avait expliqué que tous les héritiers n'étaient pas de force égale. Certains étaient plus puissants que d'autres, mais tous les millénaires, un héritier aussi puissant que son ancêtre apparaissait. Le directeur lui avait ainsi révélé qu'il était le second véritable successeur de Gryffondor et qu'il souhaitait procéder à la succession d'ici quelques mois. Depuis, Harry ne pensait qu'à cela. Il ne voyait pas son hallucinante promotion, mais la disparition prochaine de l'homme le plus puissant et le plus respecté de ce siècle. Et il en serait la cause. Dumbledore avait bien essayé de lui remonter le moral, mais en vain. Il aurait voulu ne jamais posséder de tels pouvoirs. _Bon ! s'exclama-t-il. Il faut que j'aille prendre l'air. Harry se leva et s'habilla. Il ne s'habituait pas à la solitude qui l'envahissait. Ses amis n'étaient partis que depuis quelques heures, mais il ressentait déjà un vide. Il regarda sa montre. _3H00 du matin, dit-il d'un air découragé. Je n'ai encore dormi que cinq heures. C'est désespérant. Malgré ce faible temps de repos, Harry ne ressentait aucune fatigue. Il prit sa cape d'invisibilité et sortit du dortoir. La Salle Commune n'était éclairée que par un petit feu de cheminée. Harry s'habilla du tissu magique et sortit. Le portrait de la grosse dame pivota. _Mais que se passe-t-il ? demanda-t-elle d'une voix ensommeillée. Elle se rendormit sans obtenir de réponse. Harry s'éloigna et se cogna bruyamment contre un mur. Il sortit sa baguette. _Omnivisio, marmonna-t-il. A présent, il voyait comme en plein jour. Il constata que, pendant les vacances, Rusard ne faisait pas de zèle, surtout s'il n'y avait qu'un élève. Il n'y avait pas un mouvement dans le château. Harry se dirigea vers l'entrée principale. Une fois à la porte, il pouvait entendre le vent qui soufflait à l'extérieur et sentir le froid se glisser à travers la pierre et le bois. Il frissonna en retirant sa cape d'invisibilité qu'il rangea dans un coin de la pièce. Il ouvrit la porte. Le vent glacial l'attaqua instantanément. Il ressentait le froid par tous les pores de la peau, ce qui lui donnait l'impression d'être piqué par des milliers de petites aiguilles. Harry ferma les yeux et se concentra. Son corps se réchauffa tandis que ses mains devenaient des pattes et ses cheveux une crinière. En ouvrant les yeux, il s'aperçut qu'il ne ressentait plus le froid de la même façon. C'était juste une information envoyée au cerveau. Il savait qu'il faisait froid, c'est tout. Il fit quelques pas dans la neige. Ses sens amplifiés lui permirent d'en apprécier toute la finesse et la légèreté. Au bout de quelques minutes, il s'élança à pleine vitesse vers la forêt interdite. Le sentiment de libération qu'il éprouvât alors était absolu. Le fait de ne pas avoir pu monter sur son balai depuis un moment accentuait sa sensation. Il s'aperçut que sa vitesse n'était pas négligeable car il atteignait déjà la forêt. C'est sans aucune crainte qu'il emprunta le sentier. Il continua de courir pendant quelques temps puis s'arrêta En regardant autour de lui, Harry constata que la forêt n'était pas vraiment touchée par la tempête. Les énormes arbres bloquaient une grosse quantité de neige au dessus du sol et la température était bien plus haute qu'en plein air. En revanche, la luminosité était nulle. S'il ne s'était pas métamorphosé, il se serait probablement perdu. Mais là, grâce à sa vision féline, aucun détail ne lui échappait. Harry continua sa marche vers le c?ur de la forêt. Allait-il revoir la voiture de Mr Weasley revenue à l'état sauvage, ou Aragog, l'araignée géante, amie d'Hagrid ? Peut-être verrait-il une licorne ou un centaure. Il se souvenait de sa rencontre avec Firenze en première année. Le reconnaîtrait-il sous cette forme ? Un bruissement de feuille attira son attention. Il y avait quelque chose à droite. Sans réfléchir, il s'élança vers le buisson et sauta par dessus. Il se retourna immédiatement après avoir atteint le sol et se prépara à bondir à nouveau. _Bonsoir Harry Potter, lui dit un centaure relativement jeune. Harry se métamorphosa. La forêt redevint obscure. _Firenze ? demanda-t-il étonné. _Heureux que tu me reconnaisses, Harry. _C'est bien normal. Mais toi, comment m'as tu reconnu ? _Tu es du signe du lion, Harry, répondit le centaure. Et puis, ton étoile brille totalement depuis peu. J'en ai conclu que tu étais devenu un animagus. Les centaures, ces êtres mi-hommes mi-chevaux, étaient réputés pour savoir parfaitement interpréter les signes du ciel. _C'était facile, continua-t-il. Tu dois être le seul lion avec Dumbledore à des dizaines de kilomètres à la ronde. _J'avais complètement oublié que Dumbledore pouvait se transformer en lion. Tu l'as déjà vu ? Comment est-il ? _Oui. Son pelage tend vers le gris. _Comment ? Il n'est pas de la même couleur que moi ? _Absolument pas. Toi, tu ressembles davantage à Godric Gryffondor. _Comment le sais-tu ? _Je vois que c'est ta première ballade dans la forêt. _Je ne comprends pas. Les centaures ne disaient les choses qu'à moitié, ce qui exaspérait Harry. Firenze ne répondait pas. _Tu me cherchais ? demanda le jeune sorcier résigné. _Je connaissais exactement l'instant où tu allais entrer dans la forêt, lui dit-il en souriant. Mais effectivement, je souhaitais te voir. Je voulais vérifier ce que j'avais lu dans les étoiles et ce sont tes yeux qui me le confirment. _Qu'as-tu lu ? _La fin d'un cycle, Harry Potter, et le début d'un autre. _De quoi parles-tu Firenze ? demanda-t-il alors que le centaure s'éloignait. _Tout évolue, Harry Potter ! Tout a un cycle ! lança-t-il avant de disparaître. Le jeune sorcier avait compris. Le cycle de Dumbledore allait se terminer et le sien allait commencer. Une larme coula le long de sa joue. Si Firenze avait vu la mort de Dumbledore, c'est qu'elle allait se produire. Il resta sans bouger pendant quelques instants, jusqu'au moment où il sentit le froid l'envahir à nouveau. Il regarda sa montre. _6H00 ! s'exclama-t-il. Il vaut mieux que je rentre avant que quelqu'un ne s'aperçoive de mon absence. Harry entama sa course. Au premier obstacle, il sauta et se métamorphosa pour atterrir sur ses deux pattes avant. Il accéléra tandis qu'il sentait la chaleur circuler dans son corps. Arrivé à l'entrée du château, c'est une main d'homme qui poussa la lourde porte. Rapidement, il récupéra sa cape d'invisibilité, l'enfila et se dirigea vers la salle de bain des préfets. Rien de tel qu'un bain chaud après une bonne ballade, pensa-t-il en souriant. Après avoir prononcé le mot de passe, le passage se libéra. Des dizaines de robinets entouraient la baignoire. Harry en ouvrit plusieurs avant de se déshabiller. Le bruit de l'eau aurait pu paraître assourdissant dans le silence actuel du château, mais les murs étaient assez épais pour qu'un troupeau de rhinocéros passe inaperçu. Harry retira ses lunettes et se glissa parmi les bulles de différentes couleurs. L'eau était à une température parfaite et le jeune sorcier eut l'impression de se trouver dans un énorme cocon. Sous l'effet relaxant, Harry ferma les yeux et repensa à son excursion dans la forêt interdite. Firenze lui avait confirmé la mort prochaine de Dumbledore. En ravalant ses larmes, il se remémora tous les instants qu'il avait vécus avec le directeur. Chaque fois qu'il s'était senti seul, le vieil homme avait été présent. Son regard réconfortant lui remontait le moral. Et dans peu de temps, il ne serait plus là. Harry ne put s'empêcher de penser qu'il était encore la cause d'une triste disparition. Ses parents, Cédric, Cho, et bientôt Dumbledore. Si je ne meurs pas naturellement en te léguant l'héritage qui te reviens, lui avait dit le directeur, c'est Voldemort qui me tuera et la succession se fera d'elle-même. Sincèrement Harry, je préfère m'éteindre en paix. Ces mots lui étaient récurrents. Les raisons invoquées par Dumbledore étaient bonnes : il fallait se plier à sa volonté. Curieusement, c'est à ce moment-là qu'Harry se souvint d'une phrase de Firenze. Le centaure avait parlé d'une « première ballade ». Cette remarque et la référence à Godric Gryffondor métamorphosé en lion, étaient une invitation à explorer la forêt. Harry s'exécuterait donc, bien décidé à résoudre cette nouvelle énigme. Au bout d'une bonne heure, Harry sortit de l'eau, se rhabilla et sortit de la salle de bain, non sans avoir répondu à l'aurevoir de la ravissante sirène qui ornait le plafond. Il était 7H30 et Harry n'entendait toujours aucun mouvement dans le château. Il descendit tout de même à la Grande Salle pour déjeuner. Lorsqu'il arriva, il vit qu'il n'y avait plus qu'une seule table placée au centre de la pièce. Le plafond magique montrait qu'il neigeait dehors, mais aucun flocon ne tombait sur le sol et la température ambiante était agréable. Harry s'assit et aussitôt, un pichet de jus de citrouille apparut ainsi que de nombreuses tartines. Vive les elfes de maison, pensa Harry après s'être servi un verre du liquide sucré. Il mangea en pensant aux divers sortilèges qu'il connaissait. Après une rapide énumération, il s'aperçut qu'il pouvait aisément se défendre contre les Détraqueurs mais pas contre les sorciers. Le seul sort de défense qu'il pratiquait était celui de répulsion qu'il avait créé. Ce sortilège n'était efficace que contre des sorts relativement faibles et nécessitait toute son attention. De plus, il ne connaissait pratiquement pas de sort offensif. _Ca me laisse pas mal de devoirs de vacances, dit-il. _Bonjour Monsieur Potter, fit une voix dans son dos. Harry se retourna et vit le professeur Rogue. _Bonjour professeur, répondit-il avec un sourire. Le Maître des Potions s'assit devant lui. _De quoi parliez-vous ? demanda-t-il. _Je vous demande pardon ? _J'ai entendu « devoirs de vacances » lorsque je suis arrivé et vu votre niveau actuel... Il y eut un petit silence. _Enfin, j'imagine que vous n'aurez aucun mal à les faire, reprit-il. Harry se sentit gêné par ce compliment déguisé. _En fait, professeur, je me rendais compte que je ne connaissais aucun sort offensif. _Pourquoi auriez-vous besoin d'en connaître ? demanda Rogue après avoir bu une gorgée du café qui venait d'apparaître devant lui. _Et bien, vous savez sans doute à quel point je désire ne plus être une cible pour mes ennemis. Et je ne crois pouvoir me sortir d'une attaque qu'avec des stupéfix. Rogue sourit. Il savait qu'Harry avait raison et où il voulait en venir. _Vous désirez savoir si je connais des sorts offensifs qui ne soient pas impardonnables ? lui demanda-t-il avec un air entendu. Le maître des potions avait vu juste et Harry fut surpris par ce ton direct. _Euh... Absolument professeur. Pouvez-vous m'aider ? _Nous verrons cela lorsque vous saurez transplaner. _C'est vous qui allez me faire passez mon permis ! s'exclama Harry. Comment cela va-t-il se passer ? Harry avait oublié les sorts et était excité à l'idée de maîtriser le moyen de transport le plus efficace qui soit. Le fait que ce soit Rogue qui le lui enseigne ne le dérangeait pas le moins du monde. _Je vais vous enseigner la théorie, puis nous passerons à la pratique. Tout se passera dans cette salle puisqu'elle est assez vaste. _Mais professeur, je pensais qu'il était impossible de transplaner à Poudlard. _Effectivement, répondit Rogue après avoir terminé son premier toast. On ne peut en aucun cas transplaner de l'extérieur vers le château et inversement. Néanmoins, le professeur Dumbledore peut agir de telle sorte que certaines personnes puissent le faire dans l'enceinte de Poudlard. Harry était estomaqué. Si Hermione entendait cela, pensa-t-il. _Comment croyez-vous que les professeurs puissent surveiller efficacement les élèves ? demanda Rogue en souriant. Naturellement, personne n'est au courant. Cela paraissait évident. L'espace était tellement important que les déplacements urgents étaient irréalisables sans une intervention magique. _D'ailleurs, reprit le sorcier, voici le professeur Dumbledore qui vient procéder à la liberté de mouvement. _La liberté de mouvement ? _C'est le nom du sort qu'il a créé. Vous êtes un privilégié Monsieur Potter, ajouta Rogue sans aucun sarcasme. Harry en avait conscience. Tant de confiance et de liberté lui étaient accordées. _Bonjour professeur, fit Harry lorsque le directeur arriva à la table. Les mots de Firenze lui revinrent en mémoire et la mine du jeune sorcier s'assombrit. Dumbledore le regarda avec un sourire bienveillant. _Bonjour Harry, bonjour Severus. _Bonjour professeur. Sans plus de cérémonie, Dumbledore sortit sa baguette et marmonna une série de formule incompréhensibles pour Harry. Au bout d'un certain temps, une faible lumière bleutée l'enveloppa, puis disparut. _Voilà, dit simplement Dumbledore. A présent tu peux transplaner où tu le souhaites dans le château, dés que tu sauras le faire, bien entendu. Tous les professeurs peuvent le faire ? demanda Harry. _Sans exception, répondit le directeur. Il n'y a que Rusard qui en est incapable et ce, pour les raisons que tu connais. Harry sourit. Il avait appris en deuxième année que le concierge de Poudlard était un cracmol, c'est à dire une personne née de parents sorciers mais dépourvue de pouvoirs magiques. C'était l'inverse de ce que Malefoy appelait sang-de-bourbe, un sorcier né de parents moldus. Le professeur Dumbledore s'installa pour prendre son petit déjeuner. _Monsieur Potter me disait tout à l'heure qu'il ne connaissait pas de sortilèges offensifs, lui dit Rogue. J'ai pensé que vous arrangeriez cela bientôt. _Vous pensez bien Severus, confirma le directeur. Cela fait partie de mes projets. Harry ne comprenait pas ce qui venait de se dire, mais il n'osa pas intervenir. Peu à peu, les professeurs vinrent s'installer à la table et lorsqu'un Sirius encore endormi arriva, tous étaient présent. Harry ne se sentait pas à l'aise parmi tous ces adultes, mais aucun ne remarqua sa gêne. Les discussions tournaient toutes autour des élèves qui venaient de partir, ce qui étonna le jeune sorcier. En effet, il était surpris de ne voir personne parler de Voldemort et de ses activités, ou même de la mort d'une élève au sein de Poudlard. Pour lui, ils étaient insouciants. Après une bonne heure, tous les professeurs retournèrent vaquer à leurs activités, laissant seuls Rogue et Harry. _Nous allons pouvoir commencer, dit le professeur tandis que les plats redevenaient étincelants comme s'ils n'avaient jamais servi. Tout d'abord, je dois vous dire que la pratique sera beaucoup plus laborieuse pour vous que la théorie. Harry fit un signe de tête pour dire qu'il ne craignait pas le travail. _Transplaner, commença Rogue, permet à un corps et à tout ce qu'il touche de se déplacer instantanément. On peut citer deux limites. La première condition est que l'on doit connaître le lieu où l'on souhaite transplaner. Ainsi, quelqu'un qui n'a jamais vu le ministère de la magie, ne pourra pas s'y rendre de cette façon. Néanmoins, un autre moyen nous permet d'accéder à un lieu inconnu. Il suffit de visualiser quelqu'un que l'on connaît pour se retrouver à ses côtés. Les Mangemorts utilisent ce procédé pour rejoindre Voldemort où qu'il soit. A ces mots, Rogue fit une grimace comme lorsque l'on évoque un mauvais souvenir. Sa main s'attarda sur son avant bras. La marque des ténèbres, pensa Harry. Elle doit le faire souffrir constamment. _Vous me suivez Monsieur Potter ? _Absolument professeur. Quelle est la deuxième limite ? _Elle concerne tous les sorciers pour n'importe quel sort. Il s'agit, vous l'aurez compris, de la puissance. Ainsi, plus un sorcier est puissant, plus la distance qu'il pourra couvrir en transplanant sera importante. Naturellement, la puissance joue également sur le transport d'objet ou de personne, la taille et le poids variant selon le niveau du sorcier. En ce qui concerne ces transports, les objets doivent être mobiles. On ne peut pas faire transplaner un arbre ou une maison car ils sont ancrés au sol. En revanche, on peut tout à fait transporter une table ou n'importe quoi de plus imposant, à condition d'être suffisamment puissant. Pour un transport, un simple contact physique suffit. Vous me suivez toujours ? _Toujours professeur Rogue. Quel a été le plus gros objet jamais transporté ? Rogue parut surpris de la question. _Eh bien... On vit Dumbledore faire transplaner avec lui une dizaine de personnes. Ils se tenaient tous la main. Par contre, il a mis quatre jours à s'en remettre. _Comment procède-t-on pour transplaner ? demanda Harry qui souhaitait poser cette question depuis le début. _J'y viens Monsieur Potter, répondit le Maître des Potions en souriant. On dirait que vous êtes pressé. _C'est exact. Le professeur Dumbledore m'a dit que j'aurais une certaine autonomie si je savais transplaner. _Je vois. Bon, continuons alors. Tout est lié à la concentration et à la volonté. L'esprit doit fixer le lieu ou la personne tandis que le corps doit vouloir se déplacer. C'est là que réside la difficulté. Chaque sorcier est apte à transplaner. Cependant, il faut une certaine puissance pour pouvoir inculquer au corps cette volonté de déplacement. C'est pourquoi on ne peut pas passer le permis de transplaner avant la majorité. Harry leva un sourcil. _Inutile de préciser que vous avez déjà cette puissance, ajouta Rogue. _Merci professeur, dit-il en rougissant. _Voilà, continua le sorcier en faisant comme s'il n'avait rien entendu, c'est fini pour la théorie. Vous avez compris ? _Oui monsieur. _Bien. Pour la pratique, je vais vous faire une démonstration et puis vous essaierez. Joignant le geste à la parole, il disparut pour réapparaître prés de la porte d'entrée puis revint à sa place initiale. _Vous voyez ? A présent, je vais aller dans mon bureau chercher quelque chose et vous allez vous rendre dans une autre pièce. Je vais ainsi vous montrer comment on suit une personne et comment on transporte des objets. Rogue disparut à nouveau et Harry alla dans la salle qui jouxtait la salle à manger, derrière la table des professeurs. On l'y avait invité l'année précédente, après que la Coupe de Feu eut prononcé son nom, l'inscrivant ainsi pour le tournoi des Trois Sorciers. A peine eut-il fermé la porte que le professeur réapparut sous ses yeux. Il tenait dans la main une fiole qui contenait une potion rougeâtre. _Satisfait de la démonstration Monsieur Potter ? _Absolument professeur. C'est impressionnant et très pratique. _N'est-ce pas ? Au fait, j'ai oublié de vous préciser que transplaner fatigue beaucoup. Là encore, la puissance du sorcier joue un rôle prépondérant. Plus un sorcier est puissant, plus grande sera son endurance.
Il eut un petit silence. _Vous avez des questions ? _Aucune, professeur. _Bien. Alors c'est à vous de jouer. _Pardon ? _Je ne peux plus vous aider. Vous avez apparemment tout compris et seule la pratique fera évoluer les choses. Lorsque vous serez prêt, trouvez moi et je vous ferai faire un petit test. A ce soir ou dans une semaine. Merci de votre attention. _Merci à vous professeur, répondit Harry surpris d'être ainsi laissé en plan alors que Rogue disparaissait. Le jeune sorcier retourna à la Grande Salle et réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre. _Il suffit de visualiser et de vouloir, dit-il tout haut. La difficulté est d'inculquer la volonté à son corps. Cette volonté, son corps la connaissait sous une autre forme. En effet, devenir un animagus c'est apprendre au corps la volonté et la force de se métamorphoser. C'est d'ailleurs la difficulté. _Je ne devrais pas avoir trop de mal, dit Harry. Enfin, j'espère. Il pensa à la salle où il se tenait quelques minutes auparavant et la visionna. Il l'avait bien en tête à présent. Ensuite il provoqua la même sensation qu'il avait lorsqu'il se métamorphosait et... il se transforma en lion. Ce n'est pas vraiment ce que je voulais, pensa-t-il. Il redevint humain. _Heureusement qu'il n'y a personne, dit-il. Bon, recommençons. Il pensa à la salle et cette fois, il eut la volonté de ne déplacer que les organes de son corps. Bientôt, après deux ou trois essais infructueux, il ressentit comme un glissement. Il avait eu l'impression de tomber dans le vide. Instinctivement, il avait fermé les yeux. En les rouvrant, il sourit. Cela avait marché. Il avait changé de salle. Harry était stupéfait. Non seulement parce qu'il avait réussi, mais aussi par le procédé lui-même. Pour lui, qui avait vécu onze ans dans une famille moldue, transplaner était vraiment un phénomène impressionnant. En pensant à son enfance, il se souvint d'une des nombreuses fois où son cousin le poursuivait. Un jour, sous l'emprise de la peur, il avait fermé les yeux et s'était retrouvé sur le toit de son école. _J'avais dû transplaner, dit Harry. Il sourit. Il était content d'avoir réussi en si peu de temps. Mais curieusement, il ne s'en étonna pas davantage. Il avait déjà accompli tant de choses réputées impossibles qu'il avait acquis une grande confiance en lui. En fait, il aurait été déçu de ne pas y arriver en peu de temps. Harry fit quelques pas dans la pièce et constata avec plaisir qu'il ne ressentait ni fatigue, ni courbatures. _Continuons alors. Il imagina son dortoir et le visualisa. Il eut la même volonté de déplacer l'intérieur de son corps ; après la même impression de vide, le glissement se produisit. Instantanément, la salle disparut pour laisser place à sa chambre. _J'adore, dit-il. C'est parfait comme moyen de déplacement. Il était très excité. Cela signifiait en effet, une autonomie pratiquement totale pour lui. Il pensa à Rogue, provoqua une nouvelle fois le déplacement de ses organes et disparut. En réapparaissant devant son professeur de potion, il put voir se dessiner la surprise puis l'effarement sur son visage. Quel bonheur pour Harry. _Re-bonjour professeur, dit-il calmement. Je suis venu faire le test dont vous m'aviez parlé. _N... Naturellement Monsieur Potter, bredouilla-t-il. Manifestement, le sorcier ne s'attendait pas à revoir si rapidement son jeune élève. _Allons dans la Grande Salle, voulez-vous ? dit-il avant de disparaître. Harry le suivit et apparut à ses côtés. _Bien, Monsieur Potter. Je dois d'abord vous dire que je suis stupéfait. Je savais que vous y arriveriez aujourd'hui, mais je ne pensais vraiment pas que ça allait être si rapide. _Merci professeur. Je voulais justement vous demander si le fait d'être un animagus m'a facilité l'apprentissage. Le visage de Rogue s'éclaira. _Bien sûr. J'avais oublié que vous pouviez vous métamorphoser. Naturellement, pour un animagus, apprendre à transplaner est une partie de plaisir. C'est exactement ce qu'avait vécu Harry. Une partie de plaisir. _En quoi consiste mon test, professeur ? Rogue sourit. Il allait un peu corser les choses. _Vous allez me chercher plusieurs objets et les entasser ici, dit-il en désignant un coin de la salle. Je souhaite voir un jeu de cartes de Madame Trelawney, le gros chaudron qui est dans ma salle de cours, un hibou de la volière et votre parrain. _Mon parrain ? Sirius ? _Il est au courant. Il ne s'attend pas à vous voir si tôt, c'est tout. Vous avez cinq minutes. Harry écarquilla les yeux. Il reprit ses esprits, se concentra et transplana dans la tour de son professeur de divination. _Je vous emprunte ces lames du destin, professeur, dit Harry dans un sourire alors que Trelawney hurlait qu'elle avait une vision. Il transplana dans la salle de cours de potions où il vit le chaudron dont Rogue parlait. Il le toucha après avoir mis le jeu de cartes dans sa poche, et disparut. A son apparition, les hiboux sursautèrent tous en même temps. Il choisit un grand duc et le plaça sur son bras. De son perchoir, Hedwige ne semblait pas apprécier le spectacle, mais Harry n'y fit pas attention. Il toucha à nouveau le chaudron et fixa l'image de Sirius dans sa tête avant de transplaner. Plus il ramenait d'objets, plus la concentration devait être importante. Harry avait l'impression de peser deux fois plus lourd. En le voyant, Sirius lâcha son rasoir dans l'évier. Son parrain était dans sa salle de bain, torse nu et le visage encore à moitié couvert de mousse. _Salut Harry, dit-il. Je vois que... _Tu peux mettre ta main sur mon épaule ? coupa le jeune sorcier. Je n'ai plus beaucoup de temps. Sirius s'exécuta et Harry pensa à Rogue après avoir vérifié que tout était en place. En transplanant, il eut l'impression de faire un réel effort physique. Il apparut devant la Maître des Potions qui tenait toujours sa montre. La scène était étonnante. En effet, si un professeur était entré dans la Grande Salle, il aurait vu un adulte qui tenait sa montre devant un jeu de cartes, un chaudron, un hibou complètement affolé, un professeur de Défense Contre les Forces du Mal torse nu avec la moitié du visage barbouillé de mousse à raser, et un jeune sorcier essoufflé. _Vous avez ramené tous les objets d'un coup ?! s'exclama Rogue. _Merci de me considérer comme un objet Severus, dit Sirius. Le sorcier réprima un sourire et regarda Harry en attendant une explication. _Ce n'est pas comme ça que vous vouliez que je fasse ? demanda ce dernier entre deux fortes inspirations. _Eh bien, je m'attendais à ce que vous les rameniez un par un. _Tenez professeur, lui dit Harry en lui tendant le jeu de cartes. Pouvez- vous le rapporter à Madame Trelawney s'il vous plaît ? Je crains qu'elle ne fasse une attaque si elle me voit encore apparaître aujourd'hui. Rogue prit le jeu en souriant. _Félicitations Monsieur Potter, lui dit-il. Vous avez parfaitement réussi ce test. _Merci professeur. Il transplana en ramenant le chaudron. Le hibou, quant à lui, s'était déjà enfui par l'une des fenêtres. _Bravo Harry, lui dit Sirius. Je ne pensais pas que tu y parviendrais aussi rapidement. _Le fait d'être un animagus m'a beaucoup aidé. _Pas tant que tu le crois. Ton père et moi-même avons mis de longues heures avant de pouvoir transplaner sur de courtes distances. Et nous étions déjà des animagi. Harry semblait gêné. _De plus, Rogue ne te l'a pas dit, mais peu de sorciers peuvent transporter autant d'objets en si peu de temps. _C'est fatiguant, avoua le jeune sorcier en souriant. _Sans doute parce que tu n'as pas encore l'habitude, précisa son parrain. Bon, reprit-il après un certain temps, je vais retourner à ma toilette si ça ne te dérange pas trop. _Naturellement. A plus tard Sirius. Il le félicita une nouvelle fois avant de transplaner à son tour. Harry s'assit sur le banc. Il ne ressentait pratiquement plus l'effet de la fatigue. C'était comme s'il avait eu un kilomètre à parcourir en courant. Pendant les déplacements, il avait eu l'impression de tirer un immense poids avec lui. Mais la concentration aidant, il y était parvenu, forçant l'admiration de Sirius et Rogue. Il était assez fier de lui. Le reste de la journée ne fut que repos et flânerie. A la fin du dîner, Dumbledore le prit à part. _J'ai appris que tu avais réussi à transplaner en peu de temps. Félicitations. _Merci professeur. J'ai donc votre autorisation pour aller à Pré-au-Lard ? demanda-t-il avec précaution. _Tu peux aller où bon te semble. Je suis assez confiant pour te laisser une totale autonomie. Je souhaite juste que tu rentres au château chaque soir. Harry n'en croyait pas ses oreilles. Il pouvait aller voir les Weasley, il était libre. _Merci professeur ! s'exclama-t-il. _Oh, il n'y a pas de quoi. D'ailleurs, tu n'as pas eu vraiment besoin de mon autorisation pour ce matin, alors je me demande si celle-ci est nécessaire. Hum ? Dumbledore lui lança un regard complice et Harry sourit. Décidément, il ne pouvait rien cacher au vieil homme.
